Axel songeait qu'elle devrait lui faire payer tous ces déplacements au capitaine elle n'en pouvait plus de ces voyages et était littéralement épuisée, la veille elle n'avait pas pris le temps de manger et se sentait lasse , affaiblie même. Elle avait quitté Briançon le 9 au soir pour se diriger à Gap de là, elle avait coupé à travers la montagne de nuit et par des chemins dont elle n'imaginait pas l'existence, elle avait rejoint la vallée et Die dans la journée du 11 mars. A peine le temps de se refaire une beauté, qu'il lui fallait repartir: deux jours de trajet pour relier Vienne! Et pour un mariage en plus , alors bien entendu elle n'avait pas la prétention d'être plus belle que la mariée, cela ne se faisait pas outre mesure, mais il lui fallait être plus que présentable, elle était première conseillère du duché tout de même et il s'agissait du mariage du capitaine. Alors, pour être au mieux de sa(ses) forme(s) elle avait décidé de prendre une chambre dans la meilleure auberge et de faire une nuit complète dans un lit et pour une fois pas dans un coche aux cahots effarants comme c'était le cas depuis près d'une semaine.
Le mariage s'était parfaitement déroulé, le Thib semblait heureux et la jeune Sabine, dont elle espérait qu'elle savait dans quoi elle avait mis les pieds en épousant le bourru, aussi. Tout allait bien dans le meilleur des mondes...
Mais voilà ce n'était pas fini!! A peine la cérémonie finie, une "légère" collation, si légère qu'elle n'était que liquide à vrai dire, leur fut servi et on remit à la plupart des invités un vélin d'invitation, et oui encore un , pour un anoblissement cette fois... et toujours ce fichu Capitaine... . Axel souffla et bougonna quand elle vit la destination qu'elle devait prendre.
*Pffffff OIngt, autant dire le bout du monde*
Aller chez Phelim, ne l'aurait pas réjouie quelques mois auparavant mais ils avaient mis les choses au clair depuis qu'ils avaient été obligés de travailler ensemble et la bonne humeur d'antan était revenue entre eux. Mais Oingt... au moins la demi-lune était tout près de Lyon, ce qui n'était pas le cas de cette vicomté aux portes bourguignonnes. Elle retourna au relai pour réclamer un cheval, elle avait décidé de chevaucher doutant que les routes menant à Oingt soient un temps soit peu carrossables. La monture choisie, elle installa avec précaution dans un bât de cuir épais, la magnifique robe qu'elle avait prévu pour l'anoblissement de Cyanne, elle changerait quelques rubans ainsi que deux trois petits détails et personne n'y verrait que du feu . Elle vérifia que son collier de l'ordre était bien dans son écrin et le fourra au cur de l'étoffe pour l'y cacher. Ensuite elle confia sa malle et une bourse pleine d'écus à celui qui l'escortait depuis Briançon, le brave montagnard que Ka devirieux lui avait détaché pour son service. Et elle prit la route en compagnie de tout un groupe d'invités qui faisaient un cortège aux époux.
Il lui sembla qu'ils tournaient un peu en rond après avoir dépassé Lyon mais ayant un sens de l'orientation des plus restreint, elle n'intervint pas dans les décisions de trajet. Oingt fut finalement en vue, il s'agissait d'un joli petit village, un sentiment d'effroi lui traversa l'échine. Phélim avait donc la responsabilité d'être humains sur ses terres!!! Jusque là, elle espérait qu'on lui avait confié des terres désertes où seuls quelques cochons et quelques poules s'y promenaient en toute liberté... PAuvres gens songea-t-elle, véritablement peinée pour eux. Elle quitta alors le cortège et se mit en quête d'une taverne, car puisque village il y avait taverne ou auberge il y avait sans nul doute. Après un petit tour rapide des lieux une seule enseigne lui sembla convenir. Elle mit enfin pied à terre après de longues heures de chevauchée, accrocha l'hongre paisible que le relai lui avait confié, puis elle poussa la porte de cette étrange taverne aux rideaux rouge pourpre.
*SAINT ARISTOTE!!!!!!*
Axel crut défaillir, une maison close... elle se serait presque giflée de ne pas y avoir pensé plus tôt... Elle serra plus fort encore le bât de cuir contre elle et s'avança tout de même car il fallait bien se décrasser et se changer pour être présentable.
Ben alors on est perdue , on cherche un peu de travail la belle!! Une femme d'âge mûr s'était approchée d'elle et lui tournait autour la touchant du bout des doigts.
Je... Je.. Je suis Axel Rouvray et je voudrais louer une chambre pour une heure ou deux , afin de me délasser dans un bain et de me changer car je suis attendue chez le Vicomte d'Oingt . Elle avait prit le ton le plus assuré possible et prononcé le nom du juge espérant que ça l'aiderait. A ces mots la femme ne parut nullement surprise et s'inclina avec un léger sourire en coin puis cria à la cantonade.
La nouvelle catin du vicomte est arrivée préparez-lui la chambre de celui-ci et apportez-lui de quoi se laver qu'elle puisse être présentable pour le château!! La nouvelle... catin ... les mots raisonnèrent dans la tête d'Axel ,elle voulut crier et rétablir la vérité, mais à quoi bon, au moins elle allait disposer d'une chambre avec une baignoire, ou tout du moins un broc d'eau pour se rafraichir, et elle pourrait être à l'heure pour la cérémonie. Elle suivit donc une jeune femme aux rondeurs dénudées qui la conduisit jusqu'à une porte frappée d'un blason. Phelim avait sa chambre réservée... elle n'en revenait pas il devait être des plus habitués à ,n'en pas douter. La jeune femme aux cheveux rouges lui confia une clé dorée qu'elle inséra avec précaution dans la serrure celle-ci céda facilement et Axel pénétra dans une chambre très richement décorée, elle reconnaissait bien là les gouts de Phélim , elle allait fermer la porte quand une autre jeune femme apporta un plateau qui donna la nausée à la dame de Roynac. Voyant sa mine défaite la serveuse, ajouta d'un air dédaigneux:
Tu ferais mieux de t'y habituer, les poussins farcis c'est le pécher mignon du vicomte et il adore en déguster à même la peau de ses "amies".
Axel frissonna et chassa vite l'image qui venait de lui venir à l'esprit elle s'empressa de fermer la porte à double tour et se débarrassa en vitesse de ses habits de cavalière. Un pot d'eau tiède lui avait été apporté et elle s'en servit pour se décrasser, son dernier bain remontait à deux jours à peine mais les heures de monte lui avait conféré un parfum particulier...
Lorsque tout son corps d'albâtre fut rafraichi , elle s'aspergea de quelques goutte d'eau de rose, puis se saisit de ses beaux atours et enfila bas, chemise de lin finement tissée et surtout la robe. Cette robe pourpre et or qui serait en parfaite harmonie avec les couleurs du vicomté. Elle noua quelques rubans supplémentaires et fixa sur son cur une broche en forme de rose blanche. Elle songea qu'il valait mieux ne ceindre son cou du collier de saint-George que lorsqu'elle serait dans un lieu plus conventionnel. Elle brossa sa chevelure et les remonta comme elle l'avait fait la veille pour les épousailles. Puis se mira dans la psyché fixée face au lit, un sourire se dessina sur son visage. Elle était plutôt satisfaite d'elle, elle tourna un peu pour défroisser et redonner du gonflant à l'étoffe. Elle rassembla ensuite ses affaires enfouissant l'écrin de velours tout au fond de la sacoche, puis prit une longue inspiration avant de faire à nouveau pivoter la clé dans la serrure.
Elle traversa le couloir sans trop regarder ce qui se tramait autour d'elle. Les gémissements et les corps dénudés s'adonnant à des plaisirs interdits par le livre des vertus la choquaient au plus haut point. Elle tomba enfin sur la marâtre de l'entrée et lui remit la clé sans mot dire.
Et bien il fait dans le genre nobliaute le vicomte à présent, on aura tout vu, en général il les préfère moins apprêtées, mais bon chacun ses goûts. En tout cas, quand il en aura marre de toi et qu'il aura fait le tour de tes charmes, tu pourras revenir, tu n'es pas assez grasse à mon goût mais je suis sure que tu pourrais passer sans problème pour une jeune vierge, et ça ça plait les vierges..tu sais alors n'oublie pas tu es la bienvenue Axel Rouvray.
Vite sortir , Axel ne pensait plus qu'à ça , elle hocha la tête en un semblant de salut et s'élança dehors . Elle reprit son souffle comme si elle avait été en apnée depuis de longues secondes, puis récupéré son cheval, elle passa la main sur son toupet et le fourragea du bout des doigts . Elle avait prévu de se diriger vers le château rênes en mains mais son désir de s'éloigner au plus vite fut le plus fort elle fit glisser le bât sur le dos de la monture et s'installa ensuite sur la selle . Il ne s'agissait pas d'une selle de femme mais peu importait elle s'y installa en amazone et rejoignit vite la sentier qui menait à la demeure de Phélim. C'est le rouge aux joues, qu'elle se présenta au garde de la grille qui l'aida à descendre et prit en charge l' hongre. Elle fit glisser le collier autour de son cou puis s'avança vers la grand porte de bois, elle s'inclina devant l'intendant qui accueillait les invités et se dirigea vers la salle désignée. Les jeunes mariés étaient en pleine discussion avec le maître des lieux, il y avait également la jeune Sacha ainsi que le soldat Maximien et sa douce qu'elle avait rencontrés à Lyon.
Elle s'avança alors gracieusement et fit une belle révérence dévoilant quelque peu le contenu (menu contenu mais contenu tout de même) de son corsage.
Monsieur le vicomte, je vous remercie pour cette invitation, et je tiens à vous féliciter pour ce fief des plus étonnants...