Aleanore
Sentiment diffus dallégresse à Concèze, que traduit bien la chansonnette poussée en chur par Clarisse et Lison, et sous les rires des servantes, la petite levrette sen donne à cur joie en essayant dattraper les draps quelles déplient pour faire les lits des chambres. La raison de la joie latente dans le petit manoir limousin où tout un chacun devrait être épuisé par les récents travaux aux champs et le soin que réclament les vergers et les framboisiers ? Le matin-même en cuisine alors quau même titre que la dernière de sa servante, la damoiselle de Concèze prépare de la confiture sous les conseils avisés de Lison, Aléanore a laissé filer une information de taille, elle va faire revenir Alycianne, et si le fait que la petite damoiselle de Concèze revienne parmi eux, enchante la grosse Lison, cest lidée que peut être Cassian accompagnera sa sur qui réjouit la blonde Clarisse qui du coup, sempresse de ranger la chambre prévue pour son petit seigneur.
Et alors que tous chantent et rient en préparant le manoir, lEtincelle, elle a gagné le banc devant le manoir, son nécessaire à écrire sur les genoux, les noisettes posés sur ses terres, espérant que les pommiers auront fleuri pour accueillir les enfants, mais dabord les faire venir envers et contre Lui, et pour cela, elle a une idée, la jeune fille. Comprenez que depuis quelle ne fume plus que pendant la veillée du soir, elle a de plus en plus didées, lair du Limousin laide là où latmosphère étouffante de lArmagnac lavait enfoncée plus encore dans ses vices. Et les idées affluent dans le cerveau de la jeune fille, démêlant les informations quelle a réussi à se faire parvenir jusquici. Les enfants sont avec Karine et un autre quelle ne connaît pas après avoir été jusquen Lorraine avec Maeve. Lui est devenu Duc de Bourgogne, un instant, la pensée furtive que si tout cela nétait pas arrivé, elle aurait pu être à lheure quil est Duchesse consort de Bourgogne leffleure, un instant, et déjà les pensées se remettent en ordre chassées par le bon sens. Pourquoi toujours penser à lui, alors quil lui a fait tant de mal, et comme pour confirmer ses pensées, dans les champs, un paysan chasse les corbeaux qui senvolent en croassant. Toujours présent, dans son esprit, dans son cur, dans son corps, un sceau laissé à vie par une ombre, oui, une ombre et comme une ombre, un homme grand et brun ressort de lécurie puis disparaît de son champ de vision tandis quun gémissement échappe des lèvres de la jeune fille, persuadée de voir son bourreau ressortir de derrière un arbre et arriver droit sur elle, la main fine se plaque contre la gorge essayant de desserrer le col de la chemise de lin. Sortant de lécurie, un homme sapproche à grands pas, plus rapidement encore en voyant la jeune fille haleter, la main forte de lhomme se porte à son front, à son cou pour tirer un peu sur le col pour laider à respirer mais en lieu et place du profil taillé à la serpe et des onyx, cest un visage cousu et des yeux gris qui la fixent, inquiets. LAraignée, elle devra sy faire à cette présence masculine, sécurisante, effrayante. Sourire qui se veut rassurant tandis que la main de lhomme sôte delle-même.
-« On dirait que vous avez vu un fantôme ou quelque monstre sorti dun conte pour enfants. »
-« Un monstre.. Cest tout comme.. Il était là. Ce nétait pas toi .. »
-« Je crois que vous avez confondu ma Dame. »
Et déjà, lassassin-intendant-garde du corps amorce un départ pour aider aux préparations, la main fine vient agripper le bras encore blessé de celui qui a été torturé par le même homme quelle, celui quelle a envoyé vers lui et qui en est revenu perclus de douleur et de plaies. Et le regard quil pose sur elle, lincite à resserrer sa prise sur le bras, ce regard quon jette à une enfant apeurée pour un rien, une enfant quon voudrait pouvoir consoler sans trop savoir comment. Et cest cela qui leffraie, cest quil ne sait pas, il ne peut pas le tuer, et ce quelle sapprête à faire, signera le début de la guerre ouverte entre elle et Lui. Eusaias.. Entre amour et haine, entre rires et peines, la frayeur, les erreurs, la rancur, tout cela porte un nom. Eusaias.
-« Ils doivent revenir auprès de vous. Ils ne gagnent rien à vivre à ses côtés ma Dame. »
-« Il se vengera Roland.. »
Car lAraignée a un nom et tressaille de lentendre de la bouche de celle qui la envoyé vers lEnfer, et qui la soignée elle-même quand il en est revenu. Lenfer et ses démons, un sourire moqueur à la jeune fille qui a le visage dun ange et lesprit dun démon. La main cousu vient se poser sur lépaule frêle de la jeune fille et déjà, lassassin quitte les lieux, laissant quelques mots dans son sillage.
-« Ils seront heureux, cela vaut toutes les vengeances, non ? »
Heureux, et à ses côtés, loin du monstre qui leur sert de père. Innocents chérubins.. Et les noisettes se font déterminées quand la plume est attrapée et commence à scarifier le vélin.
Et alors que tous chantent et rient en préparant le manoir, lEtincelle, elle a gagné le banc devant le manoir, son nécessaire à écrire sur les genoux, les noisettes posés sur ses terres, espérant que les pommiers auront fleuri pour accueillir les enfants, mais dabord les faire venir envers et contre Lui, et pour cela, elle a une idée, la jeune fille. Comprenez que depuis quelle ne fume plus que pendant la veillée du soir, elle a de plus en plus didées, lair du Limousin laide là où latmosphère étouffante de lArmagnac lavait enfoncée plus encore dans ses vices. Et les idées affluent dans le cerveau de la jeune fille, démêlant les informations quelle a réussi à se faire parvenir jusquici. Les enfants sont avec Karine et un autre quelle ne connaît pas après avoir été jusquen Lorraine avec Maeve. Lui est devenu Duc de Bourgogne, un instant, la pensée furtive que si tout cela nétait pas arrivé, elle aurait pu être à lheure quil est Duchesse consort de Bourgogne leffleure, un instant, et déjà les pensées se remettent en ordre chassées par le bon sens. Pourquoi toujours penser à lui, alors quil lui a fait tant de mal, et comme pour confirmer ses pensées, dans les champs, un paysan chasse les corbeaux qui senvolent en croassant. Toujours présent, dans son esprit, dans son cur, dans son corps, un sceau laissé à vie par une ombre, oui, une ombre et comme une ombre, un homme grand et brun ressort de lécurie puis disparaît de son champ de vision tandis quun gémissement échappe des lèvres de la jeune fille, persuadée de voir son bourreau ressortir de derrière un arbre et arriver droit sur elle, la main fine se plaque contre la gorge essayant de desserrer le col de la chemise de lin. Sortant de lécurie, un homme sapproche à grands pas, plus rapidement encore en voyant la jeune fille haleter, la main forte de lhomme se porte à son front, à son cou pour tirer un peu sur le col pour laider à respirer mais en lieu et place du profil taillé à la serpe et des onyx, cest un visage cousu et des yeux gris qui la fixent, inquiets. LAraignée, elle devra sy faire à cette présence masculine, sécurisante, effrayante. Sourire qui se veut rassurant tandis que la main de lhomme sôte delle-même.
-« On dirait que vous avez vu un fantôme ou quelque monstre sorti dun conte pour enfants. »
-« Un monstre.. Cest tout comme.. Il était là. Ce nétait pas toi .. »
-« Je crois que vous avez confondu ma Dame. »
Et déjà, lassassin-intendant-garde du corps amorce un départ pour aider aux préparations, la main fine vient agripper le bras encore blessé de celui qui a été torturé par le même homme quelle, celui quelle a envoyé vers lui et qui en est revenu perclus de douleur et de plaies. Et le regard quil pose sur elle, lincite à resserrer sa prise sur le bras, ce regard quon jette à une enfant apeurée pour un rien, une enfant quon voudrait pouvoir consoler sans trop savoir comment. Et cest cela qui leffraie, cest quil ne sait pas, il ne peut pas le tuer, et ce quelle sapprête à faire, signera le début de la guerre ouverte entre elle et Lui. Eusaias.. Entre amour et haine, entre rires et peines, la frayeur, les erreurs, la rancur, tout cela porte un nom. Eusaias.
-« Ils doivent revenir auprès de vous. Ils ne gagnent rien à vivre à ses côtés ma Dame. »
-« Il se vengera Roland.. »
Car lAraignée a un nom et tressaille de lentendre de la bouche de celle qui la envoyé vers lEnfer, et qui la soignée elle-même quand il en est revenu. Lenfer et ses démons, un sourire moqueur à la jeune fille qui a le visage dun ange et lesprit dun démon. La main cousu vient se poser sur lépaule frêle de la jeune fille et déjà, lassassin quitte les lieux, laissant quelques mots dans son sillage.
-« Ils seront heureux, cela vaut toutes les vengeances, non ? »
Heureux, et à ses côtés, loin du monstre qui leur sert de père. Innocents chérubins.. Et les noisettes se font déterminées quand la plume est attrapée et commence à scarifier le vélin.
Citation:
A Karine de Pommières,
A mon apprentie brodeuse,
Je prie pour que le messager vous trouve où que vous soyez, et que tout va bien pour vous. Vous devez vous demander pourquoi je vous écris, alors, je ne vais pas tergiverser plus longtemps sur ce qui me pousse à vous écrire.
Voyez-vous, jai entendu des rumeurs comme quoi vous aviez enfin monter votre compagnie, comme vous le clamiez alors dans les tavernes saumuroises, mais aussi, comme quoi vous seriez accusée de brigandage. Vous ? Je ne crois pas à ces rumeurs-ci, néanmoins, lhistoire nous mène donc à un bâtiment au fond de mon jardin, très grand, en bon état, et pouvant accueillir plusieurs personnes dans des conditions plus que respectables. Ce que je vous offre Karine, cest un toit, un repli quand les choses tourneront mal pour votre compagnie.
Mais jai un service à vous demander en échange, jai appris que vous escortiez Cassian et Alycianne pour suivre Maeve en Lorraine. Ces enfants me manquent comme jamais personne ne ma manquée, car leur père mempêche de les voir, vous savez, vous, Karine ce que cela fait dêtre séparée dun être aimé ou chéri. Vous pourriez, je ne sais pas, prétexter quil y a des brigands sur les terres de Concèze, que je vous ai chargé de men débarrasser, que je veux les voir, que je suis malade, très malade, nimporte quel mensonge, pourvu que je les revoie encore un instant, une minute, une seconde. En gage de remerciement, je vous offrirai à votre compagnie et vous-même, un gite mais aussi un couvert, le temps de votre séjour parmi nous quand vous aurez ramené les enfants. Et ma gratitude éternelle..
Dans lattente de votre réponse, je prie pour que le Très-Haut vous garde, que leau-de-vie portée par le messager vous conviendra Karine et je vous embrasse. Donnez donc le sceau qui est en pâte de fruits à la framboise à Alycianne, en espérant que cela lui fera plaisir.
Faict ce 20ème jour de mars de l'an de pâques mil quatre cent cinquante huit à Concèze.
Aléanore Jagellon Alterac,
Dame de Concèze.
A mon apprentie brodeuse,
Je prie pour que le messager vous trouve où que vous soyez, et que tout va bien pour vous. Vous devez vous demander pourquoi je vous écris, alors, je ne vais pas tergiverser plus longtemps sur ce qui me pousse à vous écrire.
Voyez-vous, jai entendu des rumeurs comme quoi vous aviez enfin monter votre compagnie, comme vous le clamiez alors dans les tavernes saumuroises, mais aussi, comme quoi vous seriez accusée de brigandage. Vous ? Je ne crois pas à ces rumeurs-ci, néanmoins, lhistoire nous mène donc à un bâtiment au fond de mon jardin, très grand, en bon état, et pouvant accueillir plusieurs personnes dans des conditions plus que respectables. Ce que je vous offre Karine, cest un toit, un repli quand les choses tourneront mal pour votre compagnie.
Mais jai un service à vous demander en échange, jai appris que vous escortiez Cassian et Alycianne pour suivre Maeve en Lorraine. Ces enfants me manquent comme jamais personne ne ma manquée, car leur père mempêche de les voir, vous savez, vous, Karine ce que cela fait dêtre séparée dun être aimé ou chéri. Vous pourriez, je ne sais pas, prétexter quil y a des brigands sur les terres de Concèze, que je vous ai chargé de men débarrasser, que je veux les voir, que je suis malade, très malade, nimporte quel mensonge, pourvu que je les revoie encore un instant, une minute, une seconde. En gage de remerciement, je vous offrirai à votre compagnie et vous-même, un gite mais aussi un couvert, le temps de votre séjour parmi nous quand vous aurez ramené les enfants. Et ma gratitude éternelle..
Dans lattente de votre réponse, je prie pour que le Très-Haut vous garde, que leau-de-vie portée par le messager vous conviendra Karine et je vous embrasse. Donnez donc le sceau qui est en pâte de fruits à la framboise à Alycianne, en espérant que cela lui fera plaisir.
Faict ce 20ème jour de mars de l'an de pâques mil quatre cent cinquante huit à Concèze.
Aléanore Jagellon Alterac,
Dame de Concèze.
Le nécessaire à écrire est rangé, la missive tendue à un valet tandis quelle donne lordre de charger le messager qui la remettra à la blonde de quelques flasques deau-de-vie en gage de bonne volonté à la blonde et déjà, la jeune fille rentre dans le manoir pour joindre sa voix à celles de ses servantes.
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