D.shaggash
A l'intention de tous, ceci est un RP fermé, aucune intervention externe ne sera autorisée. Si besoin est, nous ferons appel aux bienveillants censeurs en charge de ce forum afin qu'ils nettoient des éventuels posts indésirables. Merci d'en tenir compte...
Montpellier, XVIIe jour de mars MCDLVIII, milieu de matinée :
Reposant sa plume, le Baron s'étira longuement tout en fixant le vélin. Les lignes, écrites de sa main tremblante n'étaient pas vraiment droites et quelques gouttelettes d'encre avaient marqué le support sans pour autant en faire un torchon. Un torchon, oui, c'était le mot...
Le mot pour définir la lettre à l'origine de la réponse qu'il venait de composer, une lettre de la Comtessa...
Une lettre qui intimait de rejoindre l'armée. Une lettre qui ne tenait pas compte des réalité, un ordre de se suicider, voilà ce qu'était l'écrit de Laurine. Bouchère, bien plus qu'un métier, une passion. Mais ce n'était pas de ses lames qu'elle causait la mort, insidieuse, sournoise, elle laissait agir la faim. Les sommes dues par le comté s'accumulaient, croissaient, mais sans réelle volonté de résoudre le problème de la part du Conseil. Et pendant ce temps, l'hiver était arrivé...
Les Shaggash, leurs greniers vidés pour nourrir leurs gens, avaient du contracter des emprunts pour continuer à maintenir les dépendances et les domaines en état.
Et l'hiver qui ne finissait pas, et le comté qui ne payait pas...
Même pour des nobles, la faim sévissait. Depuis quand n'avaient-ils pu manger un vrai repas ? Envoyer leurs gens travailler à la mine ne suffisait plus, les marchés saturés ne permettaient nulle vente et malgré la froidure, les habits rendus inusables par leur trop grande qualité, ne se vendaient plus depuis longtemps. La faim, tout comme la mort et la maladie, ne connaissait pas les classes sociales établies par l'homme. La faim les tenaillait, la faim et cet étrange mal qui les avait pris alors qu'ils semblaient se remettre entièrement de l'attaque dont ils avaient été victimes il y a quelques mois de cela...
Cela ressemblait à quelque mal des entrailles, mais résistait aux herbes et potions utilisées dans ce genre de cas. Douleurs abdominales, crampes et tremblements, le tout accompagné de bile verte parfois. Pendant plusieurs semaines, le Maure avait omis d'en parler à son épouse, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'elle aussi en était affectée et le lui avait caché pareillement...
Leurs traits, déjà marqués par l'age est les épreuves, progressivement avaient changés. Des visages tirés, aux yeux rougis, voici ce qu'ils voyaient dans le miroir. Marie en devenait diaphane et Djahen prenait la teinte des cendres...
Était-ce la faim qui empêchait toute guérison ?
Était-ce autre chose ?
Faisant fondre un peu de cire a la flamme de sa bougie, le Baron scella la lettre et chargea un serviteur, dont la livrée jadis vive faisait grand peine à voir aujourd'hui, de faire parvenir la réponse au château dans les plus bref délais. Et avec un peu de chance, ce brave homme aurait droit à un bol de soupe en attendant qu'on lui confie une éventuelle missive à rapporter...
C'est en songeant à cela avec amertume, que Djahen souffla la bougie pour aller prendre un peu de repos. Il leur faudrait prendre la route dans quelques heures pour parvenir à Narbonne où se tenait une réunion entre eux et le conseil. Son mal de tête le reprenait à cette idée. Dormir un peu devrait aider à chasser la douleur...
_________________