- Ces roses sont là, je suppose, l'une de vos délicates attentions Mathieu ? Sybille lui sourit. Quelle prévenance ! Elle s'empara doucement de la fleur et en huma le délicat parfum en prenant soin de ne point s'écorcher les doigts sur les épines accérées. Jamais encore un homme ne lui avait offert quoique ce soit, fusse même une fleur. Elle la reposa sur la table, impatiente qu'enfin le dîner touche à sa fin. Ce petit mot était au centre de toute ses pensées et elle bouillonait d'en connaître le contenu.
Le désert était certes exquis mais le temps passé à le déguster semblait interminable. Elle observait chacune des personnes présentes, se demandant quand tout cela prendrait fin. Mais petit à petit, bouchée après bouchée, les douceurs disparurent et les convives laissèrent les assiettes vides. Toutefois les jeunes gens ne quittèrent pas la table. Pour cela il fallait que la Maîtresse de maison les y invite. C'était une règle de la bienséance à laquelle on ne dérogeait pas. Sybille trépignait...
Une conversation s'engagea alors sur Paris, ses monuments, le Louvre, les lieux à visiter. Mais la Comtesse, las, décida de prendre congés invitant les jeunes gens à rejoindre leurs appartements. Le coeur battant, la jeune damoiselle s'en retourna par de longs couloirs... Elle vérifia que personne ne pouvait la voir et, glissa un doigt dans sa manche pour récupérer le petit papier. Elle le déplia, fébrile, presque tremblante...
Citation:Douce Sybille,
Vous me feriez un véritable honneur si vous consentiez à venir me rejoindre dans la bibliothèque aux environs de minuit.
Votre dévoué,
Mathieu
Etonnée, presque suffoquée, elle s'arrêta net et prit une profonde inspiration. Il lui demandait, à elle, Sybille Von Frayner, de le rejoindre dans la bibliothèque... en pleine nuit de surcroit !
Elle se ressaisit et, se voulant discrète, rejoignit ses appartements au plus tôt. Elle sauta sur sa couche et s'y allongea, songeuse, les yeux pétillants de joie. Elle sourit, seule... Béatement...
Mais déjà, elle songea à la tenue qu'il lui faudrait arborer... Resterait-elle ainsi vêtue ou convenait-il de changer de mise ? Il attendrait d'elle sans doute un effort... Mais un effort ne serait-il pas mal perçu au contraire ?
Elle se mit en quête d'une tenue digne de ce nom. Elle ouvrit les grands battants de sa garde-robes et, insatisfaite, rejeta toutes les robes qui s'offraient à sa vue. Elle soupira et prit place devant le grand miroir... Finalement cette robe-ci ferait l'affaire ! Tant pis... Et puis, après tout, elle ne savait ce qu'il lui voulait... Hum... Elle en avait une vague idée mais son inexpérience la laissait dubitative.
Bientôt il serait temps de se faufiler sans bruit, dans la pénombre. Elle était surexcitée, tant et si bien qu'elle ouvrit la fenêtre et prit une bouffée d'oxygène pour se calmer. Elle vibrait sans pouvoir le contrôler... Elle lança un regard songeur à l'astre lunaire et referma finalement la fenêtre. Il était temps... Temps de le rejoindre...
Elle prit une profonde inspiration et se saisit de la poignée de la porte. Elle ferma les yeux quelques instants et se décida enfin. Elle tourna la poignée et se glissa dans le couloir simplement éclairé par les rayons de lune filtrant au travers des immenses fenêtres...
A petit pas, elle rejoignit la bibliothèque. Un peu de lumière filtrait sous la porte... Doucement, elle entrouvrit celle-ci et prénétra dans la pièce, prenant soin de bien refermer derrière elle. Il était là, assis dans un fauteuil, un ouvrage à la main. Elle s'adossa à la porte et n'osa dire mot, comme tétanisée...
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