Arielle_de_siorac

Avec un peu de chance, vous pourriez même retrouver mes premiers rapports diplomatiques. Leur lecture doit être des plus divertissantes! s'exclama Arielle au mieux de sa voix assassinée. Car voyez-vous, je ne sais si ce fut à cause du fameux charisme français ou de mon dévouement à m'investir dans ces nouvelles tâches, mais je fus reçue en véritable reine chez les Anglais. Moi qui n'étais qu'une petite Angevine à peine débarquée de son village, on me célébra partout où je passai; même que les habitants de Bath, après avoir donné un bal pour souligner ma visite chez eux, firent de moi leur première citoyenne d'honneur en me remettant les clefs de la ville.
C'est de cette façon que me suis liée d'amitié avec moult personnalités de là-bas, allant du simple paysan jusqu'au Régent d'Angleterre en personne, en passant par de vagues mais puissants cousins anglais de Sébastien Deldor de Plantagenest: les Tudor. Je devins rapidement non seulement la coqueluche des salons à la mode, mais aussi une figure politique connue. Pendant un temps, j'ai même eu une petite entreprise d'événements mondains, L & D, avec ma défunte amie Malachia Lancaster Tudor.
Un sourire amusé étirait les traits de la comtesse à l'évocation de cette période 'glamour' de sa carrière.
Ma cousine Paquerette, élue duchesse d'Anjou, jugea opportun de décréter l'indépendance le 23 septembre 1454, si je me souviens bien. C'était la première fois que l'Anjou tentait de le faire, quelques temps après la même déclaration du côté breton. Sa Majesté, alors représentée par le prince Héraklius, répliqua en retirant à l'Anjou tout accès à ses propres coffres, l'empêchant par le fait même de payer les salaires des armées et des mineurs. L'argument avancé par la Couronne n'était même pas d'ordre politique; l'Anjou étant en dette de 20 000 ou de 200 000 écus, je ne sais plus, on lui disait qu'elle ne pouvait se séparer de son débiteur.
En tant qu'Ambassadrice d'Anjou, j'ai frappé à toutes les portes anglaises pour tenter de trouver de l'aide, qu'elle soit militaire ou financière. J'en ai déniché, bien sûr, mais trop peu et trop tard. Après une semaine à suffoquer, l'Anjou avait dû faire volte-face, utilisant le prétexte d'une faute de procédure pour clore l'épisode sans perdre complètement la face.
Tout cela était si loin... Était-elle si exacte dans les détails? Rendait-elle justice à ceux qui avaient partagé ces aventures? Arielle l'ignorait. Cependant, puisqu'il s'agissait là de sa mémoire et non d'un traité historique, elle s'accordait le droit de se tromper.
Le temps passa. Je me suis retirée chez moi, malade. Lorsque je suis sortie de ma léthargie, j'ai appris qu'Ashram était parti se battre en duel contre... Une hésitation, suivie d'un froncement de sourcils. Oh, j'ai oublié le nom de ce chien poitevin! Il avait craché sur l'Anjou et mon fiancé était allé lui faire ravaler ses paroles. À son retour, victorieux mais blessé, Ashram fut accusé de haute trahison dans une affaire douteuse, très certainement calomnieuse. On le jeta en prison, pratiquement sans soins. Sa blessure s'infecta...
Elle se revoyait en compagnie de Kask, l'oncle d'Ashram. Ils étaient partis à la recherche du duc à sa sortie de prison. Ils l'avaient trouvé, mort, sur la route de La Flèche. Elle en avait été folle de chagrin.
Il en mourut quelques jours après. Je... Un soupir. Eh bien, j'ai pu compter sur le soutien de mon parrain Lamfhad d'Ys, bien sûr, mais surtout sur la tendre amitié de Sébastien Deldor qui... qui devint bientôt mon second fiancé.
En effet, au-delà de l'affection qui le justifiait, la grossesse d'Arielle, récemment découverte par icelle, commençait à devenir par trop évidente. Il convenait d'épouser le père de l'enfant.
La Dénéré préféra ne pas trop s'étendre sur le sujet.
Nous avons été unis le 4 janvier 1455. En guise de cadeau de mariage, ma cousine Paquerette, devenue duchesse du Lude, m'a offert le fief de Dissé-sous-le-Lude. Sébastien, de son côté, avait reçu Azé des mains de sa cousine Ksandra de Plantagenest.
Un silence.
Entre temps, j'avais rencontré Juliano di Juliani au bal masqué de la Sainct-Nicolas, à Paris, et j'avais été nommée Ambassadrice royale en Angleterre par Nakuneuil d'Azayes, en janvier 1455. Je travaillais toujours pour l'Anjou mais j'étais aussi désormais au service de la Couronne.
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C'est de cette façon que me suis liée d'amitié avec moult personnalités de là-bas, allant du simple paysan jusqu'au Régent d'Angleterre en personne, en passant par de vagues mais puissants cousins anglais de Sébastien Deldor de Plantagenest: les Tudor. Je devins rapidement non seulement la coqueluche des salons à la mode, mais aussi une figure politique connue. Pendant un temps, j'ai même eu une petite entreprise d'événements mondains, L & D, avec ma défunte amie Malachia Lancaster Tudor.
Un sourire amusé étirait les traits de la comtesse à l'évocation de cette période 'glamour' de sa carrière.
Ma cousine Paquerette, élue duchesse d'Anjou, jugea opportun de décréter l'indépendance le 23 septembre 1454, si je me souviens bien. C'était la première fois que l'Anjou tentait de le faire, quelques temps après la même déclaration du côté breton. Sa Majesté, alors représentée par le prince Héraklius, répliqua en retirant à l'Anjou tout accès à ses propres coffres, l'empêchant par le fait même de payer les salaires des armées et des mineurs. L'argument avancé par la Couronne n'était même pas d'ordre politique; l'Anjou étant en dette de 20 000 ou de 200 000 écus, je ne sais plus, on lui disait qu'elle ne pouvait se séparer de son débiteur.
En tant qu'Ambassadrice d'Anjou, j'ai frappé à toutes les portes anglaises pour tenter de trouver de l'aide, qu'elle soit militaire ou financière. J'en ai déniché, bien sûr, mais trop peu et trop tard. Après une semaine à suffoquer, l'Anjou avait dû faire volte-face, utilisant le prétexte d'une faute de procédure pour clore l'épisode sans perdre complètement la face.
Tout cela était si loin... Était-elle si exacte dans les détails? Rendait-elle justice à ceux qui avaient partagé ces aventures? Arielle l'ignorait. Cependant, puisqu'il s'agissait là de sa mémoire et non d'un traité historique, elle s'accordait le droit de se tromper.
Le temps passa. Je me suis retirée chez moi, malade. Lorsque je suis sortie de ma léthargie, j'ai appris qu'Ashram était parti se battre en duel contre... Une hésitation, suivie d'un froncement de sourcils. Oh, j'ai oublié le nom de ce chien poitevin! Il avait craché sur l'Anjou et mon fiancé était allé lui faire ravaler ses paroles. À son retour, victorieux mais blessé, Ashram fut accusé de haute trahison dans une affaire douteuse, très certainement calomnieuse. On le jeta en prison, pratiquement sans soins. Sa blessure s'infecta...
Elle se revoyait en compagnie de Kask, l'oncle d'Ashram. Ils étaient partis à la recherche du duc à sa sortie de prison. Ils l'avaient trouvé, mort, sur la route de La Flèche. Elle en avait été folle de chagrin.
Il en mourut quelques jours après. Je... Un soupir. Eh bien, j'ai pu compter sur le soutien de mon parrain Lamfhad d'Ys, bien sûr, mais surtout sur la tendre amitié de Sébastien Deldor qui... qui devint bientôt mon second fiancé.
En effet, au-delà de l'affection qui le justifiait, la grossesse d'Arielle, récemment découverte par icelle, commençait à devenir par trop évidente. Il convenait d'épouser le père de l'enfant.
La Dénéré préféra ne pas trop s'étendre sur le sujet.
Nous avons été unis le 4 janvier 1455. En guise de cadeau de mariage, ma cousine Paquerette, devenue duchesse du Lude, m'a offert le fief de Dissé-sous-le-Lude. Sébastien, de son côté, avait reçu Azé des mains de sa cousine Ksandra de Plantagenest.
Un silence.
Entre temps, j'avais rencontré Juliano di Juliani au bal masqué de la Sainct-Nicolas, à Paris, et j'avais été nommée Ambassadrice royale en Angleterre par Nakuneuil d'Azayes, en janvier 1455. Je travaillais toujours pour l'Anjou mais j'étais aussi désormais au service de la Couronne.
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