Leandre
- Allez Alcalnn, dépêche-toi ! Tu ne vas quand même pas t'arrêter tous les dix pas ! L'importance de mes affaires ne nous permet pas de faire des pauses aussi souvent. Je suis un homme avec des responsabilités maintenant, je ne peux pas céder à tes caprices, sous peine de ne pas pouvoir écouler ma marchandise assez rapidement. Je sais, le soleil vient à peine de se lever, mais c'est le moment le plus propice pour conclure de grosses transactions. Et puis... l'après-midi, j'ai d'autres chats à fouetter. Tu comprends ce que je veux dire ?
- Hi-han !
- Non, évidemment, tu ne peux pas...
- Hi-han !
- Ferme là, et avance !
- Hi-han !
- Si tu n'es pas content, c'est la même chose.
- Hi-han !
- Tu m'énerves, on dirait Calyce quand elle râle !
- Hi-han !
- Hum...
Le bâtard de Valfrey s'arrête, posant la main sur la croupe de l'âne.
- Tu as de la chance, nous sommes arrivés. Tu es vraiment pathétique... la cargaison n'est pas si lourde.
Joignant le geste à la parole, il se saisit de l'un des paniers rempli à ras bord d'épis de maïs, et manque de s'écrouler sous son poids.
- Humpf. Pas la peine de me regarder comme ça, avec ton air triomphant...
Le fond du panier claque sur le sol de la grande place de Saumur, et le jeune adulte entreprend de faire la même chose avec le second. Une fois fait, il observe les alentours, poings sur les hanches. Comme chaque matin, le marché prend forme, les commerçants déchargent leur monture, installent leur étal, avec application et rigueur. Pour Leandre, c'est devenu un rituel depuis son installation dans la cité angevine. Peu à peu, sa fortune grandit, sa notoriété de marchand avec, preuve s'il en est de la missive reçue de la maréchaussée saumuroise. Décrêt blablabla, article trois blablabla, escroquerie blablabla, prix du pain blablabla. Du coup, il a arrêté temporairement le pain pour se concentrer sur le maïs. Plus que 2463 épis, d'ailleurs.
Après avoir correctement attaché son âne - il n'est pourtant pas maltraité, m'enfin, l'envie de liberté peut subvenir chez chacun -, il installe ses paniers côte à côte. Ainsi débute le pénible mais tellement fructueux travail de commerçant. Lorsque ses finances le lui permettront largement, il engagera une femme pour aller au marché à sa place, tandis que lui profitera de ses écus en taverne, à boire jusqu'à plus soif, et manger jusqu'à temps que son estomac le supplie d'arrêter. Pour l'heure, les premiers écus tombent dans sa propre main, et la journée commence seulement.
...
Le soleil atteint enfin son zénith, il est temps de remballer. Les paniers sont vides, et les bourses pleines à craquer. Il les attache d'ailleurs à sa ceinture, avant de charger de nouveau l'âne des paniers ; bien moins lourds, dorénavant. Leandre croit voir la monture sourire de toutes ses dents.
- Tu vois, nous pouvons tous les deux être satisfaits maintenant. C'est moi qui suis chargé comme une mule, un comble tout de même...
Soupesant les bourses de cuir pleines à craquer, un large sourire vient pourfendre son visage.
- En route, le repas nous attend. Je t'ai gardé deux épis de maïs.
Et les voilà quittant la grande place de Saumur, s'enfonçant dans les ruelles largement plus étroites que celles menant à la place. Direction : "Chez Jacky". Il y retrouvera, comme d'habitude, quelques une de ses connaissances et amis. Aujourd'hui, ce sera Calyce. Abandonnant l'âne à l'entrée de la taverne du fameux duc chiffré, qu'il a eu l'honneur de rencontrer, il pousse la porte de bois, après avoir nourri Alcalnn. Il y retrouve la digne fille de sa mère, alcoolique notoire et amatrice de mirabelle.
- Ah Calyce ! Tu tombes bien ! La matinée ne fut pas mirobolante, et les bénéfices pas si extraordinaires. Tu offres le repas, pour une fois ?
Embrouille made in Empire, il lui sourit et s'installe à la table, espérant que le plat du jour soit à la hauteur de ses espérances, et de sa faim.
- B'jour, au fait. Je vais bien, merci. On part ce soir, alors ?
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Bâtard de Valfrey.
- Hi-han !
- Non, évidemment, tu ne peux pas...
- Hi-han !
- Ferme là, et avance !
- Hi-han !
- Si tu n'es pas content, c'est la même chose.
- Hi-han !
- Tu m'énerves, on dirait Calyce quand elle râle !
- Hi-han !
- Hum...
Le bâtard de Valfrey s'arrête, posant la main sur la croupe de l'âne.
- Tu as de la chance, nous sommes arrivés. Tu es vraiment pathétique... la cargaison n'est pas si lourde.
Joignant le geste à la parole, il se saisit de l'un des paniers rempli à ras bord d'épis de maïs, et manque de s'écrouler sous son poids.
- Humpf. Pas la peine de me regarder comme ça, avec ton air triomphant...
Le fond du panier claque sur le sol de la grande place de Saumur, et le jeune adulte entreprend de faire la même chose avec le second. Une fois fait, il observe les alentours, poings sur les hanches. Comme chaque matin, le marché prend forme, les commerçants déchargent leur monture, installent leur étal, avec application et rigueur. Pour Leandre, c'est devenu un rituel depuis son installation dans la cité angevine. Peu à peu, sa fortune grandit, sa notoriété de marchand avec, preuve s'il en est de la missive reçue de la maréchaussée saumuroise. Décrêt blablabla, article trois blablabla, escroquerie blablabla, prix du pain blablabla. Du coup, il a arrêté temporairement le pain pour se concentrer sur le maïs. Plus que 2463 épis, d'ailleurs.
Après avoir correctement attaché son âne - il n'est pourtant pas maltraité, m'enfin, l'envie de liberté peut subvenir chez chacun -, il installe ses paniers côte à côte. Ainsi débute le pénible mais tellement fructueux travail de commerçant. Lorsque ses finances le lui permettront largement, il engagera une femme pour aller au marché à sa place, tandis que lui profitera de ses écus en taverne, à boire jusqu'à plus soif, et manger jusqu'à temps que son estomac le supplie d'arrêter. Pour l'heure, les premiers écus tombent dans sa propre main, et la journée commence seulement.
...
Le soleil atteint enfin son zénith, il est temps de remballer. Les paniers sont vides, et les bourses pleines à craquer. Il les attache d'ailleurs à sa ceinture, avant de charger de nouveau l'âne des paniers ; bien moins lourds, dorénavant. Leandre croit voir la monture sourire de toutes ses dents.
- Tu vois, nous pouvons tous les deux être satisfaits maintenant. C'est moi qui suis chargé comme une mule, un comble tout de même...
Soupesant les bourses de cuir pleines à craquer, un large sourire vient pourfendre son visage.
- En route, le repas nous attend. Je t'ai gardé deux épis de maïs.
Et les voilà quittant la grande place de Saumur, s'enfonçant dans les ruelles largement plus étroites que celles menant à la place. Direction : "Chez Jacky". Il y retrouvera, comme d'habitude, quelques une de ses connaissances et amis. Aujourd'hui, ce sera Calyce. Abandonnant l'âne à l'entrée de la taverne du fameux duc chiffré, qu'il a eu l'honneur de rencontrer, il pousse la porte de bois, après avoir nourri Alcalnn. Il y retrouve la digne fille de sa mère, alcoolique notoire et amatrice de mirabelle.
- Ah Calyce ! Tu tombes bien ! La matinée ne fut pas mirobolante, et les bénéfices pas si extraordinaires. Tu offres le repas, pour une fois ?
Embrouille made in Empire, il lui sourit et s'installe à la table, espérant que le plat du jour soit à la hauteur de ses espérances, et de sa faim.
- B'jour, au fait. Je vais bien, merci. On part ce soir, alors ?
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Bâtard de Valfrey.