Navigius
Le Soleil déclinait lentement, se réfugia petit à petit derrières les collines ceinturant la capitale de l'Armagnac-Comminges, Auch. Le ciel était dégagé en cette fraîche journée de printemps si bien que de nombreux citoyens en avaient profité pour pointer le bout de leur nez hors des murs, afin d'arpenter les campagnes avoisinantes pour dégourdir des muscles ankylosés par les froideurs de l'hiver. Ça et là, marchaient des badauds et des jeunes couples, des enfants en pleine course ou des vieillards qui avaient connus moult printemps. C'est cette scène bucolique qui s'offrait aux yeux du prélat auscitain, qui observait le tout de par l'une des fenêtres de son bureau, ou régnait comme à l'accoutumée une activité sans égal. Il ferma les yeux un instant, laissant le vent lui caresser le visage de sa bise fraiche. Une bouffée d'air frais, et c'était déjà l'heure du retour aux affaires courantes. Délaissant la fenêtre, il s'affaira à ses conseillers.
- Monsignore, voici comme vous les attendiez, les devis pour la stèle dédiée à Saint-Valentin, qui sera construite en bordure de la route reliant Auch et Lectoure. Souhaitez-vous y jeter un oeil tout de suite?
Le prélat rejeta l'idée du revers de la main, désignant une pile de documents qui commençait à prendre des airs d'une tour inclinée, de quoi inspirer quelques architectes italiens. Un autre dossier qui serait vu pendant la nuit, puisqu'il était désormais de commune connaissance que l'italien ne dormait que quelques heures par jour, au grand détriment de sa santé. Un autre conseiller s'approcha, et après une courte révérence, fit son annonce au prélat.
- Monsignore, une jeune demoiselle dénommée Dame Sabiha est arrivée. Elle aurait une audience avec vous concernant une possible carrière dans les ordres.
L'italien sourit faiblement, se retournant vers la demi douzaine de personne présentes en son bureau. D'un large geste de la main, il les libéra de son office pour la journée.
- Ce sera tous pour aujourd'hui messieurs, nous recevons une amie et si tout se déroule bien, une future collègue. En sortant, cher Thomas, veuillez à vous assurer qu'elle trouve le chemin jusqu'ici, et faites préparer quelques grignotines aux cuisines. Par ailleurs, aillez l'obligeance d'aller porter un panier contenant un jambon chez Madame Duquet, son mari s'étant blessé à la mine, ils en auront bien besoin pour les quelques jours où il ne pourra travailler.
D'un pas nonchalant, claudiquant à l'aide de sa canne, le prélat se dirigea vers l'âtre, attisant le feu du bout du tisonnier. Il avisa un fauteuil, situé tout près de l'endroit, allègrement à portée du nécessaire à tisanne. Là, il s'assied, et attendit que Dame Sabiha arrive, un toquement à la porte sera révélateur de son arrivée.
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