L'Assassin inspiré, incarné par Moomin
L'homme ne comprenait pas l'obstination farouche dans le regard de l'inconnue, mais soit, ce n'était qu'un être faible, il n'avait en rien peur d'une éventuelle confrontation. Il devait juste s'assurer que tout se fasse dans le silence. N'ayant jamais vraiment tué pour rien, il laissa une chance à la femme et se dirigea vers la porte.
Je vous réitère mon offre. Je m'en vais et nous en restons là. Ne bougez pas.
Passant près d'elle, celle-ci ne suivit pas ses conseils et le frappa de sa dague. L'homme, expérimenté à l'art du combat, esquiva mais quelques gouttes de sang perlèrent sur le sol en bois de la caravane trop petite pour qu'il puisse s'y soustraire d'avantage. L'homme la regarda incrédule. Son visage avait changé d'expression et devenait dure. Le sang... Ce sang lui en rappelait tellement d'autres qui avaient coulé entre ses mains. Cette vue lui faisait tout revivre. Il plongea ses yeux noirs ébènes dans ceux de la jeune femme. Un sourire se dessina alors sur son visage tandis qu'une de ces lames glissait de sa manche pour en ressortir.
Pauvre idiote... Que pensais-tu faire? Me matter, peut-être?
Un petit rire lui échappa, presque amusé par l'inconscience suicidaire de cette femme devant lui. Sa voix restait douce et calme. Il chuchotait presque mais restait audible. Il fut près de Marie en un éclair. A peine s'était-il arrêté que la lame transperçait déjà son flanc droite. De son autre main il saisit le bras blesseur de Marie au poignée. Tout contre son oreille, il murmura:
Comment punit-on une inconsciente?
Le poignée craqua en signe de réponse, ne permettant plus à la jeune femme de tenir en main sa dague qui frappa le sol. Ayant ressorti sa lame du corps de la femme, il avait placé son autre main sur sa bouche pour contraindre tout cri. Pourtant, malgré le silence, le chien revint dans la caravane ; sans doute le bruit de la dague tombée au sol l'avait-il intrigué. L'animal commençait à aboyer. Certains bohémiens étaient costauds et, à plusieurs contre lui seul, il y aurait des dommages des deux côtés. Il préférait donc partir sans plus de casse.
Il regarda l'inconnue une dernière fois.
C'est de ta faute tout ça... Regarde ce que tu me fais faire.
Il relâcha sa pression et laissa le corps de la femme retomber comme un poids mort sur le sol. En quelques enjambées, il était à la porte et descendait l'escalier lorsqu'il bouscula une autre demoiselle. Par réflexe il la saisit, parant une éventuelle attaque, mais la demoiselle était plus surprise que belliqueuse. Leurs regards se croisèrent. Là, il reconnut la femme de la seconde roulotte, il sut qu'elle connaissait sa dernière victime à l'intérieur et que, bientôt, elle saurait que c'était lui l'agresseur. Il profita de cet instant où le regard de cette inconnu ne reflétait encore pas l'hostilité et la haine car bientôt ce ne serait plus le cas. Mais, trop loin serait-il pour en voir d'avantage à ce sujet.
Il relâcha donc la demoiselle, sans dire mot, et reprit sa route dans la forêt sombre où les autres sacs remplis de son butin attendaient, pensant que dans cette vie il y avait bien des fous cherchant à tout compliquer.