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[Rp] L'âge, quelle importance..

Kar1
[..Mais le reste, c'est une autre histoire.]


« BurriiiIIIIiiiiich’!!! »

Ah bah quand ça gueule.. Ca gueule. Normal, la blonde avait espéré toute la journée que son bougre de compagnon lui souhaite son anniversaire en bonne et due forme. Que nenni, môsieur avait préféré conter fleurette à chaque chopine qu’il avait ingurgitée pendant tout le voyage. Une grande histoire d’amour entre ces blondes et lui. Heureusement, il ne peut pas encore coucher avec celles-ci. Les hommes ne semblent pas encore avoir trouvé soluce à ce problème d'une importance capitale. Et sinon, la blonde l’aurait super mauvaise. Oui, l’est persuadée qu’il irait baisser braies pour elles. Pire que les chèvres à qui il apprend les rudiments de la drague vachement lourdingue.

Mais sinon, ben la blonde est méga, super, ultra de mauvais poil. Quand on aime, tout homme qui se respecte devrait connaitre les moindres détails de la personne concernée. De plus, elle est persuadée de lui avoir donné sa date de naissance. Karine irait même jusqu’à mettre un bout de téton à couper pour prouver sa bonne foi. Paillasse en fait un peu trop, comme toujours. Surtout qu'à part le jour et le mois, l'année c'est mystère et boule de gomme. Elle ne sait donc même pas quel âge ça lui fait tout ça. Compter les printemps, c’est trop dur y en a trop.


« Bonjour, moi c’Germaine du Verger, suis née l’vingt sept mars mille quatre cent.. Mmmh.. Peu importe! »

Normal quoi, tout le monde fait ça. C’est surement à la mode dans les rues de Paris de se présenter de cette manière à tout bout de champ. Karine ne serait pas étonnée du tout que les bonnes manières aient traversé les frontières de la Cour pour aller s’immiscer petit à petit dans les provinces du Royaume. Et puis, la blonde étant toujours au gout du jour et extrêmement in, l’a attrapé le coche rapidement.

Pour en revenir à notre jour présent avec une Barrique à la place d’un homme, la blonde se postiche devant lui, toute droite, menton en avant prête à faire une tronche de dix kilomètres de long. En fait, elle croise même les bras, pour faire plus vrai parce qu’il faut rester crédible, c’est très important. Pis, si on se concentre sur ses pieds, on remarque aisément qu’ils sont pliés, pointe au sol et talons relevés. Blondine essaye vainement de le dépasser. Monde cruel. Un regard noir en plus peut être? Nan, pas assez approprié. Faut rester naturel quand même parce qu’il pourrait aussi décider de prendre la poudre d’escampette sans tarder, et secouer une main nonchalante en guise de « Pfeu.. ‘merdeuse. » Sans compter qu’elle le mérite amplement Karine. Mais médème considère que c'est tout à fait normal de subir les caprices d’une donzelle. Il faut rester persuadé que les hommes se foutent avec les femmes en grande partie pour ça, ce qu'elle fait sans difficulté. Et le premier qui désillusionne la blonde aura affaire à.. La blonde tout simplement.


« T'as pas oublié un truc.. Mmmh? »

Karine n’y va pas de main morte en plus. Deux solutions. La première et sa préférée, serait qu’il culpabilise à mort. C’est un peu ce qu’elle recherche la Paillasse, ne soyons pas leurré juste parce que ça lui arrive d’avoir une gueule d’ange. Tututut.. Rien n’est innocent. S’il culpabilise.. Il essayera de se faire pardonner avec des yeux amoureux. Elle en bave déjà de plaisir -frissonne c’est peut être plus adéquat. Toujours est-il qu’elle n’a qu’une envie, celle de profiter de lui ad vitam. Et que cette partie de gueulante n'est autre que pour..
D’ailleurs, elle lui fait quand même un tendre baiser parce que c’est le matin et qu’il est très important de se dire bonjour en douceur malgré tout.

Vicieuse..

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Burrich
[A que quoi quoi..?]


-BurriiiIIIIiiiiich’!!!

C'est lui! Planquer les cadavres de bouteilles dans un coin de la charrette, sauvé. Enfin presque, le poivrot tient à peine debout, subissant les bourrasques d'une houle que lui seul peut sentir. La Blonde, sa Blonde se plante devant lui alors qu'un vacarme de vaisselle cassée retentit l'arrière du véhicule. Que lui veut elle ainsi dressée sur ses pattes arrières la mignonne?

-T'as pas oublié un truc.. Mmmh?


Lui? Si, une bouteille de gnôle à moitié pleine coincée entre le bras et le flanc gauche. Sans doute aurait il fallu cacher celle ci avec les autres. Arf quel imbécile! En plus, il s'en est choisi une perspicace qui a tout suite découvert le poteau rose. A contre cœur, le rustre compagnon capitule.

-Tss c'pas c'que tu crois... tiens prends la, j'en ai gardé un fond rien qu'pour toi.

Capituler mais sans y laisser sa fierté. Un habile petit mensonge de rien du tout qui peut lui sauver la peau, pas fou l'autre. Le Burrich n'a pas son pareil quand il s'agit de mauvaise foi. Pourtant, sa Paillasse n'a pas l'air satisfaite du présent. Du sacrifice même. L'ingrate...

Mais que cherche -t-elle à la fin? C'est elle la cervelle de moineau, lui n'oublie jamais rien. Ou alors elle le teste, pour mieux le prendre au piège. Le torturer de ce petit nez divin, pointé sur lui, inquisiteur. Est elle à ce point sadique? D'apparence inoffensive, comme beaucoup de femmes mais redoutable dans le fond comme peu d'entre elles. C'est bien là qu'est le hic. Ce contraste le charme et l'attire inlassablement comme un ours sur un pot de miel. Il en redemande l'animal, persiste et signe. Depuis le temps qu'on vous dit qu'il est maso.

Tandis qu'elle l'asticote cruellement de son œil fixe surmonté d'une fine virgule dorée, le Gascon ne peut se résoudre à perdre la face. Sa solution? La gasconnade bien sur!


-Pff non j'oublie jamais rien, tu l'sais bien. Un vrai journal d'bord sur pattes. Jamais rien oublié d'ma vie moi, j'm'en souviendrais quand même! D'ailleurs tout est prêt, fait et refait... j'suis laaarge.

La gorge s'assèche. Pris d'une soudaine urgence, le Brun commence sérieusement à se demander de quoi veut elle parler pour insister à ce point. A trop s'avancer le tout venant peut penser que l'histoire risque fortement de lui péter à la tronche mais bizarrement pas lui. Pourtant c'est fou ce que ça peut le travailler. Qu'est ce qu'un grossier goujat de compagnon comme lui aurait il bien pu oublier? La saint Valentin, passée. Foutues tantouses de saints à la con! C'est le tour du quel aujourd'hui?! Z'allez voir qu'elle est allée lui chercher la saint Glinglin rien que pour l'emmerder celle là.
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Kar1
[Ah ouai.. Il la joue comme ça.]


Et de se mordre la joue jusqu’au sang. Rouvrir une plaie qui ne se cicatrise jamais à force d’être laminée par des dents aiguisées. Elle n’y va pas de main morte pour s’empêcher de lâcher un rire bien trop expressif. Normal il reste irrésistible envers et contre tous. Karine pourrait se laisser aller là, pendant qu’il ment comme un arracheur de dents. Heureusement, elle s’est retenue à temps. D’yeux furieux, elle serait passée à amandes étincelantes, la ride au coin. Surtout quand il s’enfonce, elle aime ça. Les conneries du Burrich’ ne passent jamais juste pour s’amuser, parce que c’est si bon. Et pourtant, elle est ce genre de donzelle qui s’en tape éperdument. Pas jalouse pour un sou, Blondine lâche toujours du leste. Qu'il vaque là où le vent l’emporte. Conscience ou inconscience. Paillasse n’en sait rien. Tout un art qu’elle connait sur le bout des doigts. C’est dit, elle le sait. Tout ça pour un irrésistible minois même à l’heure des tempêtes. Mais Karine joue quand même sa carte « chiante » parfois. Celle que l’on utilise de temps à autres, quand l’ambiance est propice à l’heure du vice. Elle reste femme, on ne peut pas être plus clair.

Mais personne n’est dupe. La blonde, c’est plus que ça. Chiante elle l’est tout le temps. Insistante, pareil. On peut continuer comme ça pendant des heures. Râleuse officielle, grogneuse invétérée, vieille conne aux seins qui pendent, archi névrosée absolument intenable. Tout pour plaire. Et ça marche en plus. Pour tout ça, pour tout ce qu’elle cache en elle. Une vie pleine de rebondissements. Une vie où l’on ne s’ennuie que très peu, parce que le temps est compté. On fait la girouette, on rebondit grâce aux échecs avant le mat et on se relance. La deuxième est toujours la meilleure, et beaucoup plus crédible aussi.

Karine attrape la bouteille car elle sait qu’il ne faut jamais refuser une offrande qu’il pleuve ou qu’il vente. Mais le visage reste ferme, les yeux se font noirs. Burrich’ est radin qui plus est. Il ne va pas quand même essayer de faire croire à la blonde que la bouteille est pour elle. Et ben si, fallait s’en douter. Il aurait au moins pu souffler un « bon anniversaire » et ça serait passé comme une lettre à la poste. Ils auraient pu fêter ça dignement dans la charrette en vrac, entourés de cadavres de bouteilles toutes plus jalouses les unes que les autres. Elle le tient son homme.

Mais contrairement à ça, môsieur continue et fait revenir le naturel au galop en lançant une gasconnade en pleine tronche de la blonde. Forcément, son sang ne fait qu’un tour. L’était pas vraiment énervée, non non pas encore, mais de là à raconter que tout est fait et refait, ya un fossé. Ça a le dont de la mettre dans tous ses états, surtout lorsque l'on entend les cadavres s'entrechoquer à l'arrière de la charrette. Forcément, de son pied des plus agiles, un coup part en plein dans le tibia de son interlocuteur.


« Et t’essayes d’m’embobiner en plus ‘spèce d’alcoolo d’mes deux!
Corne de bouc, ‘merdeur va..! »


Paillasse le toise du haut de ses grandes gambettes ravie que le coup porté lui remette les idées en place. Décision implacable, lui tourner le dos une bonne fois pour toute. Même plus besoin de faire vrai. Elle est complètement dans le vrai d’un coup.

« Ouai t'large com’ un mammouth sortie d’son élément mon pauv’ gaillard.
Quand y s’agit d’faire aut’ chose que d’t’occuper d’ tes boutanches, ya plus personne. Et encore.. T'les collectionn'rais s'tu pouvais. »


Et c’est parti pour le gros scandale. A la base, elle n’avait pas prévu qu’il faille en arriver jusque là. Mais maintenant qu’il a fait appel à sa mauvaise foi légendaire, Karine n’a aucune raison de rester muette face à cette avalanche de mensonges. Ils sont comme tous les autres couples. Des jours avec et des jours sans. Il était censé se finir en beauté celui là, mais Paillasse s’échappe, un pied avant l'autre, et marmonne laissant une main insolente brasser du vent.

« C’tait mon anniversaire hier, pauv’ cloche. »
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