Rhuyzar
Un éclair traverse son esprit embrumé par ce soudain malaise. Un éclair qui jaillit à l'instant précis où cette bouteille entre dans son champ de vision. Aussitôt c'est son esprit tordu qui se met en branle, comme lorsqu'il lit un texte, comme lorsqu'il écoute un discours, formé à lire les fils plutôt que la marionnette, il croit en déceler dans chaque geste que chacun fait.
Sait-elle ? A-t-elle compris, ou perçu ? Ne jamais sous-estimer une Licorne de sa trempe, car cette erreur ne peut se reproduire. Trouver, vite, faire appel à cet instinct forgé dans les couloirs où les tentures sont pire que les hallebardes des gardes. Ne pas s'enferrer, un pas de côté, une feinte, esquiver. Et ne pas frapper, ne pas engager de lutte ou il se trahira.
Non... je te remercie Pivoine. Je n'ai plus vingt ans, une veillée à tenir et j'ai déjà fait deux haltes dans une taverne ce jour. Je ne tiens pas à offrir l'image d'un Chevalier roupillant contre les murailles. J'en connais qui seraient trop heureux de croquer la scène.
Trop tard pour reculer, il faut maintenant garder la cohérence. Nul besoin de simuler la fatigue, elle fait désormais partie de lui, au même titre que cette noirceur qui fane les fleurs près desquelles ses pas le portent.
Nul doute qu'il aurait apprécié le geste de la rouquine si son cerveau malade n'avait pas déclenché l'urgence et l'instinct de préservation de ses honteux secrets. Ce qui faisait autrefois sa force est aujourd'hui son pire ennemi. Il va devoir y remédier, s'il veut lutter encore, il doit subir ce choix fait des années auparavant.
Au moins ils te donnent un surnom Pivoine. Moi ils ne me connaissent pas, et ne m'ont jamais connu. Qui dans l'Ordre peut affirmer avoir été proche de moi ? Avoir partagé avec moi de ces instants qui créent les liens et forgent les amitiés ? J'ai fait peur, j'ai formé, j'ai impressionné, mais guider et accompagner, ça, je m'y suis essayé deux fois et le résultat fut déplorable...
Une autre plaie qui se rouvre. Brulante depuis quelques mois, maintenant qu'il côtoie de nouveau ses deux échecs. Il constate amèrement ses fautes et s'adoucit pour l'un autant qu'il se met en colère pour l'autre. Mais au fond, il les aime tous deux, de cet amour qui nait de l'impossibilité à détester ce dont on est responsable.
La chance tourne, un peu. Tourné, déjà, il ne distingue plus les formes que l'on aperçoit parfois la nuit. Tout est noir, même les chaumières devant lui. Tout est noir, et silencieux. Comme, éteint... il sent son coeur battre à un rythme effréné, le sang couler dans ses veines, chaud et puissant. Il pourrait se dresser, tirer sa lame et hurler son serment. Il pourrait. Il pouvait. Il est vieux à nouveau et les formes reviennent. Décidément, la potion n'est pas au point...
Sait-elle ? A-t-elle compris, ou perçu ? Ne jamais sous-estimer une Licorne de sa trempe, car cette erreur ne peut se reproduire. Trouver, vite, faire appel à cet instinct forgé dans les couloirs où les tentures sont pire que les hallebardes des gardes. Ne pas s'enferrer, un pas de côté, une feinte, esquiver. Et ne pas frapper, ne pas engager de lutte ou il se trahira.
Non... je te remercie Pivoine. Je n'ai plus vingt ans, une veillée à tenir et j'ai déjà fait deux haltes dans une taverne ce jour. Je ne tiens pas à offrir l'image d'un Chevalier roupillant contre les murailles. J'en connais qui seraient trop heureux de croquer la scène.
Trop tard pour reculer, il faut maintenant garder la cohérence. Nul besoin de simuler la fatigue, elle fait désormais partie de lui, au même titre que cette noirceur qui fane les fleurs près desquelles ses pas le portent.
Nul doute qu'il aurait apprécié le geste de la rouquine si son cerveau malade n'avait pas déclenché l'urgence et l'instinct de préservation de ses honteux secrets. Ce qui faisait autrefois sa force est aujourd'hui son pire ennemi. Il va devoir y remédier, s'il veut lutter encore, il doit subir ce choix fait des années auparavant.
Au moins ils te donnent un surnom Pivoine. Moi ils ne me connaissent pas, et ne m'ont jamais connu. Qui dans l'Ordre peut affirmer avoir été proche de moi ? Avoir partagé avec moi de ces instants qui créent les liens et forgent les amitiés ? J'ai fait peur, j'ai formé, j'ai impressionné, mais guider et accompagner, ça, je m'y suis essayé deux fois et le résultat fut déplorable...
Une autre plaie qui se rouvre. Brulante depuis quelques mois, maintenant qu'il côtoie de nouveau ses deux échecs. Il constate amèrement ses fautes et s'adoucit pour l'un autant qu'il se met en colère pour l'autre. Mais au fond, il les aime tous deux, de cet amour qui nait de l'impossibilité à détester ce dont on est responsable.
La chance tourne, un peu. Tourné, déjà, il ne distingue plus les formes que l'on aperçoit parfois la nuit. Tout est noir, même les chaumières devant lui. Tout est noir, et silencieux. Comme, éteint... il sent son coeur battre à un rythme effréné, le sang couler dans ses veines, chaud et puissant. Il pourrait se dresser, tirer sa lame et hurler son serment. Il pourrait. Il pouvait. Il est vieux à nouveau et les formes reviennent. Décidément, la potion n'est pas au point...