Adso
Adso arriva en s'affairant (comme... d'habitude !) à la cathédrale de Besançon : Pons lui avait demandé au dernier moment de s'occuper des funérailles d'un polinois, Thybault. Ah, elle était belle, la relève ! quel manque d'organisation ! Depuis la démission d'Adso du poste de Vicaire Général, Pons avait été nommé Vicaire Diocésain, ce qui impliquait qu'il n'avait qu'un diocèse à gérer, et on voyait le résultat... Et comme d'habitude, qui est-est qu'on appelait à la rescousse ? Ghos... euh... Adso !
Il se plaça sur le parvis pendant que le cercueil était amené devant l'autel par les proches, tout en psalmodiant :
Après tous nos regards qui ont croisé le sien, quil puisse enfin voir le tiens, Seigneur.
Après lamitié quil a reçu et qui a guidé sa vie, accorde lui lamitié ultime quest la tienne, Seigneur.
Après les peines et les larmes qui ont obscurci sa vie, illumine sa route pour léternité.
Seigneur, nous tournons vers toi nos espoirs à lheure où disparaît le corps de lami qui nous est cher.
Accorde-nous lespérance de le revoir auprès de Toi pour les siècles des siècles.
Après chaque phrase, les fidèles pouvaient répondre "Seigneur, ne détourne pas ton regard de notre ami."
Il laissa une corbeille à l'entrée pour recueillir les dons pour les mendiants, puis attendit que les proches aient fini de disposer des fleurs et des cierges autour du cercueil, avant de procéder aux quatre signes.
Tout d'abord, il alluma en silence les cierges autour du cercueil, puis :
LAmitié est la lumière du monde cest la flamme qui réchauffe notre cur.
Quelle éclaire maintenant la route de Thybault qui le conduit maintenant au Royaume de Dieu !
Voilà pour le signe de la lumière. Venait ensuite le signe de la foi :
Thybault, nous déposons cette croix aristotélicienne sur ton cercueil.
Cette croix est le signe qui relie Aristote et Christos, qu'elle soit pour toi signe de salut et de vie éternelle.
Il fit signe ensuite à l'un des proches de s'avancer avec la corbeille de l'amitié, pour procéder au "signe des amis" :
Thybault, nous déposons ces présents sur ton cercueil, signe de notre amitié, signe de notre prière, signe de notre cur.
Et pour finir, venait le signe de la mémoire :
Nous venons ici pour célébrer le souvenir d'un Ami aristotélicien qui vient de nous quitter. D'un homme qui avait une histoire, unique, avec Dieu. Qui était entouré de tendresse par Dieu. Qui a fait, ou non, l'expérience de cette tendresse.
Nous voici nombreux dans cette chapelle, autour de Thybault, pour prendre conscience de ce lien d'amour qui l'a toujours uni Dieu, qui unit Dieu à chacun de nous, à tout instant.
La mort viendra pour chacun de nous. pour les uns tôt, pour les autres plus tard. Pour les uns dans leur jeunesse, pour d'autres dans leur vieillesse.
Le Seigneur nous prévient : "Soyez prêts, soyez toujours prêts car vous ne savez ni le jour ni l'heure".
Aristote nous a guidé et Christos nous invite à prendre exemple sur lui, à trouver notre joie à vivre pour les autres, à aimer comme ils nous ont aimés.
Notre présence ici est prière. Nous invoquons Aristote quil mesure les péchés de notre frère et que Christos intercède auprès du Seigneur pour quil le reçoive en son Paradis.
Pour donner l'exemple, demandons pardon pour nos péchés. Répétez après moi :
Je confesse à Dieu Tout-Puissant, à tous les Saints, et à vous aussi, mes Amis, parce que j'ai beaucoup péché, en pensées, en paroles, en actions.
Je supplie tous les Saints, et vous, mes Amis, de prier le Créateur pour moi. Que le Très Haut nous accorde le pardon, l'absolution et la rémission de tous nos péchés. Amen !
C'était toujours la même chose : bien obligé de la réciter, alors qu'évidemment, lui, il n'en avait pas besoin. Mais sinon, les fidèles auraient toutes les difficultés à la réciter eux-même, et s'ils ne demandaient pas pardon pour leurs fautes, ils risquaient de manquer le Paradis comme lorsqu'Adso manquait la corbeille quand il essayait d'y envoyer un caillou, les rares fois où il avait du temps libre, dans la cour du presbytère (Fssssssshhhhh paf ! encore râté !) Mais bien sûr, le Paradis, on ne pouvait pas se permettre de le rater, une fois qu'on avait accepté que nos péchés soient pesé dans la balance : il n'y avait pas la possibilité de recommencer pour réussir son coup la fois d'après...
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