[RP] La cavalerie gasconne en plein excès de zèle.

Espace herbeux quelque part en Guyenne, entre deux bleds.

Des arbres à gauches, des arbres à droite, une route au milieu et du gazon partout.
Le grand échalas donne les ordres, réorganise la cavalerie :
Tu quittes la lance …
Quitter la lance ? Se retrouver affectée au flutiau ? Soit. Elle sait déjà qu'elle va morfler, pourvu que la gamine au poney fasse pas de zèle. Ils ont testé en taverne hier, ça leur a valu de se faire jeter dehors avec un coup de balais au cul. Conseil d'ami les voyageurs, rangez votre langue dans votre poche si vous passez par la plume enchantée.

Elle décale Infortune du côté d'Eilith et met pied à terre, ils vont passer la journée à attendre la chaland autant commencer à rendre l'attente vivable en dépit d'agréable.
Une barque en guise de table et banc histoire de pas avoir les fesses dans la neige.
Une pomme et un bout de pain, quand on est sur les routes on mange rarement de la barbaque, les feux c'est bon pour les ost guindés. La cavalerie gasconne sait faire preuve de frugalité.
Elle tire des fontes un couteau et commence à faire des rondelles de l'une tout en rompant machinalement l'autre.

Un pigeon qui s'amène, un jour les gens réaliseront qu'elle sait pas lire …

Quelqu'un pour me le lire ?



Elle lève le bout de parchemin, sans vraiment savoir la bombe qu'il contient. Pour une fois qu'elle croyait être peinarde faut que deux amies se disputent le même bout de viande. Un chieur en plus …
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Libre vagabonde et Fleur d'échafaud
Enseigne Moufette, cavalerie Gasconne.

Dans un nuage de poudreuse, les chevaux s’arrêtent, les sabots s’enfonçant dans la neige. L’Emmerderesse saute à terre et s’y laisse tomber, le cul dans la neige, négligeant la barque d’Ardath.

Raah… Entre les coups de balai de c’te folle de tavernière hier, et les cahots aujourd’hui, on morfle… J’en ai le cuir tanné. Alors comme ça on quitte la lance. Le Périgord ne nous vaut pas ? Parfait, c’est donc l’heure de mon baptême de péage.

Elle se relève, revigorée par cette perspective et le froid de la neige. Eilith, qui paraît surexcitée, court en tous sens pour tendre rets et lacets en travers du chemin. Stupéfaite par sa célérité, Simone reste bras ballants à l’observer et le guet-apens est monté avant qu’elle ait levé un doigt pour l’y aider. La petite infirmière ne se calme pas pour autant et à force de s’agiter trébuche, s’empêtre dans ses propres pièges, tombe dans sa propre fosse. Simone se prend la tête entre les mains tandis qu’une petite voix résonne dans la cavité.

Ah...j'avais oublié que j'avais creusé ce trou, aussi...

Elle se campe au bord du trou, se penche pour y tendre une main secourable, un léger sourire en coin.

Pas de mal… ? Et si notre unique infirmière se fait bobo, qui donc la soignera ?

Si elle n’insiste pas ce n’est pas par bonté d’âme mais parce que, quand la gamine est vexée, elle joue de la flûte. Fort. Et faux.

De même, lorsque, toujours aussi motivée, elle se met à gribouiller sur la bannière, l’Emmerderesse ne lui fait-elle pas remarquer que son message est incompréhensible de par son illisibilité.

Tu sais, je n’crois pas qu’il soit besoin de tant de précisions. La bannière suffit bien à nous annoncer, et si les voyageurs s’emmêlent dans les pièges ils n’auront de toute façon plus les mains libres pour nous montrer eux-mêmes le contenu de leurs malles. On se servira, voilà tout. Tiens, et si tu veux, tu pourras même nous annoncer en musique, si tu vois ce que je veux dire. Ce sera charmant, j’en suis sûre.

Un rire intérieur la secoue en imaginant par avance la réaction des malheureux voyageurs. Sans doute n’avait-elle jamais autant mérité son surnom de cruelle jouvencelle.

Quelqu'un pour me le lire ?

Ardath agite un parchemin. Elle a visiblement passé plus de temps à s’exercer à trancher quarante-six pommes en même temps qu’à apprendre à lire. Simone en rirait bien si Eilith, qui s’est emparée de la missive, n’avait eu ce rictus en la déchiffrant. Des mauvaises nouvelles sont à craindre. Elle se tait donc, tâchant de prendre un air de circonstance tandis que la jeune fille commence d’ânonner à voix haute…
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Dans la journée d'hier.

Lecture du pigeon de Karine et mauvaises nouvelles. Sur tous les hommes qu'elle aurait pu trouver et mettre dans sa paillasse il avait fallu que ce soit celui de la Nys ? La Moufette est impardonnable, les deux blondes lui avaient déjà parlé de ce Liamchaa mais elle n'avait jamais fait le lieu entre le chieur de l'une et le Liam de l'autre. Et dire qu'à l'origine Karine n'était partie avec lui que pour ficher en rogne Maïryan.
'tain de chienne de vie …
Et forcément la tavernière du Bon Coup avait tout entendu.
Et elle avait disparue.

Ça fait déjà 20 minutes maintenant que l'ancienne Enseigne Sauterelle creuse des sillons à coups de bottes dans la neige toute fraîche.
Nyyyyyysss ! Revient ! T'es où Nys ?
Le refrain change pas des masses, mais elle n'arrive pas à lui mettre la main dessus. Le cheval n'est pas entravé avec les autres. L'Ardath se passe la main dans les cheveux d'un air songeur et se rend à l'évidence, Alanys est partie … Angoulême sûrement.
Retour à la barque pique-nique où l'attend un mot. Pas besoin d'Eilith pour en deviner le contenu mais elle le tend à la cantonade autant pour que les deux autres soient au courant que pour le savoir.



Le reste de la journée est morose, sur le profil de la colline il y a bien une troupe de voyageurs aux poches pleines qui s'avancent en rang d'oignons mais ils ont l'air trop fort pour eux. Le gascon l'a dit : seulement s'ils sont moins forts que vous.
Grognement de la bourguignonne, elle se renfonce un peu plus dans sa barque.

Y'aura plus personne aujourd'hui, on a qu'à faire un fichu feu, je préfère crever trouvée par une faucheuse que de froid.

Elle souffle sur ses mains dans un grand nuage blanc pour joindre le geste à la parole.
Nouvelle troupe sur la colline, c'est la cavalerie gasconne qui s'éloigne. Elles sont toutes seules maintenant.
Elle a à peine retrouvé ses compagnons de PIER angevin qu'ils s'éloignent déjà.

Nouvelle journée.

Du soleil, juste assez pour ne pas perdre un orteil en lézardant sur une barque un oeil fermé et l'autre ouvert. Elle attend, il y passe bien des péquenauds de temps en temps sur cette route nan ?
De mauvaise humeur la Moufette.

Eilith ! Dégage moi toutes ces cordes ! Tu veux qu'on tombe dans tes trous ? T'as un flûtiau* foutredieu, t'as pas besoin de tout ça !
Ça se voit à des kilomètres, un peu de professionnalisme que diable !


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Libre vagabonde et Fleur d'échafaud
Enseigne Moufette, cavalerie Gasconne.

Troisième jour sur la route

Elle avait passé toute la nuit à enlever les cordes, à la demande d'Ardath.
De toute façon, il reste les trous.
Et son chalumeau.
Ses deux comparses ont l'air persuadées qu'il lui suffit de faire quelques notes pour que les écus tombent entre leurs mains. Elle n'en est pas convaincue, pour sa part. Ou alors, elle a vraiment une flûte magique, finalement. Mais qui a des pouvoirs différents de ce qu'elle pensait.

Ses yeux se ferment un peu. Faudrait vraiment qu'elle pense à avoir une vie un peu plus saine, un de ces jours, histoire de pas être fatiguée aussi souvent.
Elle se réveille lorsque Simone se redresse et arrivent vers elles, toute émerveillée, en faisant de grands signes. Sauf que ça peut vouloir dire tout et son contraire, ce qu'elle fabrique.
Enfin, elle s'exprime à voix basse.

Laissez-le moi, laissez-le moi ! C’est mon baptême !
Puis elle fait la moue en regardant l'adolescente, qui lui sourit en retour. Bah oui, c'est aussi le sien, de baptême.

Bon… Siffle un grand coup, et quand il en sera tout étourdi, j’irai le voir ! D'acc' ?
Eilith acquiesce en silence, et se rapproche de la route. Il arrive bientôt à côté d'un fossé, qu'il évite. Tss, sont vraiment trop visibles, ses pièges. Pas grave.
Elle porte l'instrument à ses lèvres.
Une flûte.
Un trou.
Un piège parfait.

Une trille suraiguë retentit, assommant à moitié tout le monde.
Y compris le voyageur, qui en fait tomber ses affaires.

Quelques minutes après.

Bon, faut bien qu'elle pense à manger, tout de même. Heureusement, le messire avait un peu de pain frais.
C'est la bouche pleine qu'elle demande aux autres :
Et maintenant, on fait quoi ?

Le voyageur détroussé fila sans demander son reste, sans une plainte, ni un remerciement de lui avoir laissé la vie, ni même une insulte… Ç’en était presque inquiétant. Et si la flûte l’avait rendu sourd ? Simone haussa les épaules. Si elles s’en étaient remises, il s’en remettrait, il n’y a pas de raison… Un grand gaillard comme lui. Elle ricana fièrement, tandis qu’Ardath émettait un curieux gloussement étouffé. Simone lui lança un regard vaguement inquiet, des fois qu’elle s’étranglerait avec un pépin de pomme, comme la pâle donzelle du conte que lui racontait sa mère pour l’endormir.

Il ne l’a pas empoisonnée, au moins ? Remarque il paraît que c’est une bonne technique pour trouver un fiancé. On te mettra dans un cercueil en verre et un prince charmant viendra te bécoter pour te faire cracher l’morceau…

Il est probable que son acolyte n’ait pas compris un traître mot de son amphigouri, d’ailleurs elle l’interrompit, l’air satisfait.

Joli baptême, c'est l'sac d'os qui va être content d'vous !

Simone hocha la tête en silence, le visage fendu d’un large sourire. La fine équipe décida de bouger un peu. Deux jours d’immobilité à guetter dans la neige, c’est mauvais pour la circulation. Elles contournèrent donc les trous, cheminèrent quelques heures, évitèrent une ville, se postèrent dix lieues plus loin.

Alors Eilith reprit sa respiration et se tourna solennellement vers Simone, qui haussa un sourcil intrigué.

Alors alors : j'ai pas de jambon à portée de main, ni de bouquet de fleurs…

Simone pouffa, avec un regard ironique alentour. Ce n’étaient pas les fleurs qui les étouffaient, en effet. Mais qu’est-ce qui lui prenait tout à coup, de parler de fleurs ?

Et puis, de l'argent, je vais pas en donner, hein, faut que je pense à embaucher, et tout.

Simone s’étrangla. À peine venaient-elles de gagner un peu d’argent qu’elle parlait d’en donner. Quelque chose lui échappait, décidément.

Donc, regarde le beau cadeau que j'ai trouvé au bord du chemin ! Il est joli, hein ? Il brille, et tout. Ah, et puis surtout : bon anniversaire !!!

Elle agitait sous son nez un galet qu’elle fait miroiter à la blême lueur du soleil d’hiver. Un instant interdite, Simone sentit ses lèvres s’étirer en un mince sourire. Son anniversaire. Elle y avait pensé.

Il est magnifique.

Elle le lui prit des mains, le tourna entre ses doigts. Il était noir, lisse, glacé. Elle sentit une curieuse sensation lui nouer la gorge. Il y avait longtemps qu’on ne lui avait pas fait de cadeaux. Elle hocha la tête, déglutit, battit des paupières.

M’ci… Ça me sera sans doute bien utile, si l’on croise des malfrats malintentionnés. Ou si on apprend que Cymoril empoisonne tout le monde avec mes herbes, et qu’on me condamne à l’ordalie. Ou qu…

FFFFrrrroutchhhh.

Sursaut. Les regards se lèvent.

Fffffrrrrrrroutchhhh !! FFFRRROUTCHH !!!

Un pigeon, deux pigeons, trois pigeons…

Fffffffrrrou… Rou, rrrou… FFFRRROUTCH ! Rourrou, rou…

Vraisemblablement, elles se sont installées par hasard à un QG de pigeons, cinq minutes avant le début de la pigeon-party hebdomadaire.

Rha mais barrez-vous, sales bêtes…

Ça vole en tous sens en roucoulant à qui mieux mieux. Simone croise les bras sur la tête en pestant. Un des volatiles se niche au creux de son aisselle en agitant la patte. Apparemment quelque chose le gêne. Elle le délivre de sa bague et déroule le parchemin qu’attachait celle-ci.



Nathan de La Tendresse ! Elle sourit en parcourant la lettre des yeux. Eilith n’était pas la seule à avoir pensé à elle. Elle renroula la missive, la rangea soigneusement dans sa besace, et attrapa un autre oiseau par le cou, à présent très enjouée.



Le sourcil se fronce. Changé d’année ? N’est-ce pas en mars, que l’on change d’année ? Enfin bref, c’est l’intention qui compte. Elle lui répondrait bien immédiatement, malgré le lieu peu approprié, mais un troisième pigeon la regarde d’un sale œil. Il paraît étrangement moins sympathique que les premiers. Elle approche prudemment la main, des fois qu’il mordrait, l’attrape par le cou, le poing serré de peur qu’il se débatte. Sa missive est elle aussi bien moins aimable que les autres.



Elle la relit quatre fois. Relève la tête, pour constater que ses associées ont reçu les mêmes.

Ardath, demande pas qu’on te la lise, c’est illisible… Fin en gros j'crois qu'on est accusées de troubles graves donc on a un procès grave qui commence grave.
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Eilith s’empare d’un calame et commence à écrire comme si elle voulait faire mal au parchemin. Ce qui donne à Simone une nouvelle idée de blague : le prochain sorcier qu’elles croiseront, elles lui écriront dessus. Ça lui apprendra à faire commerce avec le Sans-Nom, tiens. Par association d’idée, elle se demande si la sorcière de Bazas tient toujours son poste de douanière où si les flammes rédemptrices lui lèchent déjà les orteils.

La tête penchée par dessus l’épaule d’Eilith, elle jette un coup d’œil à la lettre, railleuse.

Tu devrais rajouter quelques « cu » et « grave » de temps à autre, des fois qu’ils ne comprennent le langage normal.

Soudain elle remarque un dernier pigeon. Paisiblement pelotonné dans l’herbe gelée, il semble plus sage que les autres. Elle l’approche toutefois avec circonspection, mais il ne semble pas décidé à lui voler dans les plumes. En se dandinant, il s’avance vers elle et s’arrête à ses pieds, visiblement mieux éduqué que les pigeons du tribunal. Elle lui soustrais la lettre qu’il transporte, et jette un œil dessus.



Ah, flûte (haha) La missive ne lui était pas destinée. Les sourcils haussés, elle regarde les deux autres.

« Wolfie l'occitane », vous connaissez ? Ça n’vous dit rien ? Mince alors, le pigeon s’est gouré. Bon, on va le lui renvoyer, il devrait bien arriver à rentrer chez lui, tout d’même. Eilith, file-moi un bout de ton pain au pavot, qu’il se requinque… Avec ce froid, il n’a pas dû avoir la force d’aller jusqu’au bout.

Elle replie la lettre, la coince de nouveau dans la bague, puis, impulsivement, décide de répondre à l’inconnue. Au moins le pigeon n’aura-t-il pas fait l’aller-retour pour rien. En tailleur dans la neige, elle s’appuie sur un rocher pour écrire.



Elle glisse la lettre avec la première, attachée à la patte du pigeon à présent rassasiée, qu’elle renvoie d’où il vient. Et tant qu’elle y est, elle décide de répondre à ses autres courriers.





Quant au tribunal, il attendra, tant qu'il n'aura pas répondu au premier pigeon. Elle lève le nez de sa correspondance.

Eiliiiiiith… J’crois que j’vais avoir besoin de pain au pavot.
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Ce jour-là, un blizzard digne des pays nordiques s'abattait sur la Guyenne, porté par une vague de froid telle que le royaume n'avait pas connu depuis quatre générations. Xael avait beaucoup voyagé au cours de sa vie, mais il songea tout en marchant que jamais encore il n'avait vu une tempête de cette ampleur dans cette région-ci. Chaque pas en avant se faisait au prix d'un effort surhumain, et le jeune Tsigane n'était même plus sûr d'être sur la route: peut-être passait-il à travers un champ, tant la neige était épaisse. Il avait depuis longtemps perdu toute notion du temps et de la distance, et maintenant son avancée était devenue une lutte pour la survie. Sans ses gants et son chapeau, l'aventurier serait sans doute mort depuis longtemps.

Avec le sifflement du vent et la visibilité à peu près nulle, Xael n'aperçut les trois femmes que lorsqu'elles surgirent d'un fossé pour se dresser juste devant lui. Pendant un moment il crut halluciner: que faisaient trois demoiselles dehors par ce temps? Lorsqu'il plissa les yeux pour mieux les observer, il comprit qu'il ne s'agissait point là de jeunes filles perdues: chacune d'entre elles brandissait une épée nue.
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Ardath, qui les avait laissé scribouiller leur paperasse, revient en trombe pour les avertir de l’arrivée d’une cible.

Payer notre amende, ou l’alourdir. Baste, on est pas à ça près… Allons-y.

La minuscule silhouette apparaît au loin, et le temps qu’elle parvienne à leur hauteur, le vent s’est levé, faisant voler la poudreuse en tous sens. De la neige dans les yeux, Simone plisse les paupières, la main crispée sur l’épée dont elle sait à peine se servir. Dans tout ce blanc, elle se sent soudain très seule, et distingue à peine ses acolytes toute proches. Alors le profil de leur victime en puissance se découpe brutalement devant elles, et elle se sent toute chose. De près, il est beaucoup plus grand que prévu, très brun, costaud, armé d'une épée et d'un bouclier, et il n’a pas l’air commode.

Elle entend vaguement quelques paroles échangées, sans savoir de qui d’Ardath ou d’Eilith elles émanent, mais la voix est sans doute trop claire pour être celle de l’inconnu. À tout hasard, elle renchérit donc, d'une moins assurée qu'elle le voudrait.

Cavalerie gasconne… Péage de la Cavalerie gasconne. La taxe ou la vie.

Et elle brandit son épée, incertaine qu’il l’ait remarqué, dans cette tourmente.
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La Moufette fronce les sourcils, elle ne se sent pas proche du tout de l'Armée Noire, c'est pas le genre de la maison Cartel de vider les caisses d'un duché sans rien laisser à ses habitants pour vivre. Nop, ici quand on péage on vérifie qu'on laisse un petit quelque chose au pauvre hère qui traîné au mauvais endroit au mauvais moment.
Le vent siffle mais elle a connu pire, à force de vivre dans le Sud les gens se sont ramollis, elle a une pensée émue pour les chalonnais qui doivent regarder leurs cultures geler là-haut en Bourgogne.

La voix se fait dure.

La ferme ! Évite de trop me raconter tes grandes aventures de feu et de sang, j'pourrais avoir envie de voir comment tu réagirais si c'était ta roulotte qu'on cramait …
Tout le monde porte pas l'armée noire dans son coeur ici.

Roulotte oui, devant elle ça pue le gitan à plein nez, pas ceux qui vivent tranquilou dans leurs chariots et qui vous lisent le destin dans la paume de la main. Le Xael lui a tout l'air d'être de ceux qui ont claqué la porte familiale pour vendre son épée au plus offrant.
Les deux demoiselles à côté rentrent dans le métier, elle y est un peu plus ancienne. La sauterelle se sent investie de la mission divine de remettre tout ça sur de bons rails. Si elle lâche prise, elle se dit que tout va partie à vaux l'eau.

Tu as entendu ce qu'elles ont dit, péage gascon, tu vides tes poches, avec un sourire s'vous plaît.

Pas née de la dernière pluie nan, elles sont trois, il est seul, un cavalier passerait à deux mètres de là qu'il ne verrait pas la scène se dérouler. Faudrait être une buse pour laisser passer l'occasion.
Quoique, les buses ont été très portes dans le péage aussi.

L'épée est sortie du fourreau, négligemment y'a rien qui presse pour l'instant.
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Libre vagabonde et Fleur d'échafaud
Enseigne Moufette, cavalerie Gasconne.

C'est moins l'odeur du sang que le tourment des belliqueux se préparant au combat qui attire Draugar l'implacable. Une appellation risible pour un corvidé si sa corpulence ne dégageait pas cette impression sidérante de puissance à défaut de majesté.

En effet, son plumage est grossier, mais au contraire de ses frères, il ne renvoie aucun éclat particulier sinon le funèbre reflet d'une noirceur abyssale. Au terme de son chef, pointe un bec massif et acéré comme un poignard, donnant la très nette impression qu'il pourrait transpercer un heaume.

Reconnaissable entre tous les freux par l'imposante marque blanchâtre qu'il porte sur le front, l'implacable assistait à la scène du haut de la branche qu'il savait solide sous ses griffes. Il ne s'était pas trompé. Le groupe n'en était qu'à ses premiers échanges, et déjà palpait-il dans l'atmosphère la concentration altière de ceux qui arborent la menace sous le prisme du détachement et de la sympathie, rendant la dite menace plus redoutable encore. De l'autre côté, il ressentait très nettement l'angoisse enfantée du voyageur, terrifié de voir ses craintes latentes se matérialiser; sous un jour agréable, certes, mais non moins plus écrasant.

Point d'impatience chez le volatile. Point de parti pris non plus. Le freux ne s'est pas installé sur une rampe de lancement, il a pris place sur les gradins. Quand on perd la prédation, il est souvent encore possible de gagner la charogne. Et ce jeu là, avouons le, est nettement moins éprouvant pour qui sait attendre.

Alors qu'il pare avec une certaine aisance l'attaque hésitante de la première assaillante, qui n'a manifestement pas autant d'entraînement que lui, Xael accorde un coup d'oeil négligent à la forme sombre qui vient de se poser sur une branche non loin de là. Puis il porte à nouveau son attention vers l'ennemie, dont la lame nue décrit des arcs légèrement maladroits mais non moins mortels.

Si le corbeau a faim, songe-t-il, je lui donnera un festin royal.

Il grimace lorsqu'une seconde brigande se lance à l'assaut avec quelque chose qui ressemble presque à de la bravoure. Il aurait facilement pu vaincre ces trois femmes l'une après l'autre, mais il doutait pouvoir se défendre contre toutes les trois en même temps.
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Le malsain ne remplacera jamais le morbide.

Pour le moment, c'est l'unique chose qui intéresse notre freux. Le seul témoin de la scène a ses petites complicités. Mais il n'est pas un délateur. Cela ne lui procure aucun intérêt. Il sait qu'un jour ou l'autre, il retrouvera ces dames sur une potence et pourra à loisir s'imposer devant ses frères pour goûter au liquide cristallin de leurs yeux savoureux.

La perspective est agréable mais fort éloignée. Pour l'implacable, la satisfaction de sa curiosité et la projection de jours idylliques ne suffisaient pas à rassasier son corbeau dans l'immédiat. Du haut de ses gradins, il attend patiemment que victoire soit consommée par ce trio original, afin qu'il puisse à son tour picorer les quelques chairs durcies par la rigueur hivernale qu'il estime lui revenir de droit.

Même si au palais princier de Draugar, le gitan, même palpitant, est toujours un délice trop faisandé. Qui mieux que lui pourrait appuyer avec plus de conviction le choix des vampires pour les pucelles diaphanes ?

Comment les appelle-t-on déjà ?
Ah oui.
...
Cadavres exquis.

Service terminé. Taxe payée. Braves péageuses ?

Bien entendu, il l'avait facilement esquivée. Il aurait pu fermer les yeux et être unijambiste qu'il l'aurait esquivée sans souci aussi. Elle se maudit intérieurement, y a pas idée d'être aussi imprudente.

Et voilà Simone qui s'élance à sa suite. Avec le même résultat, cependant.
Sauf que le messire s'écroule ensuite, laissant place à une Ardath qui vient de lui flanquer un bon coup sur la caboche.

Wouah, t'es trop forte Ardath, t'as même pas eu besoin de t'y reprendre à plusieurs fois!
Eilith est sincèrement admirative. C'est pas elle qui arriverait à faire ce genre d'exploit.

Cherchez les marchandises, on traîne pas dans le coin.

La jeune fille s'exécute et fouille rapidement le corps, pour ensuite s'élancer sur la route à la suite des deux femmes. Même s'il avait l'air fort, la rencontre avait été rapide. Net et sans bavure, y a pas à dire, Ardath, elle est efficace.

Après un regard compatissant au messire étalé au sol qui en sera sûrement quitte pour une grosse bosse, et un autre regard au corbac à l'air affamé, elle se détourne de la scène, et s'intéresse au chemin qui s'élance droit devant elle.
La route leur ouvre les bras, les dirigeant vers la ville la plus proche.

"Tu peux lutter intérieurement Bébert. Ça n'regarde que toi."

L'implacable jette un petit coup d'oeil vers le morceau de barbaque salée que la veuve a laissé sur une pierre avec une espèce de pomme qui devait sans doute grouiller de petits vers. De quoi s'payer une formidable formule midi plat et dessert pour le corvidé.

Mais que sont ces friandises en comparaison du corps inanimé du gitan dont les chairs tendues par le froid suffiraient à le nourrir durant des jours, voir des semaines ... Snobant les maigres offrandes, le volatile descend de son perchoir et se pose à quelques mètres du malheureux qui a perdu connaissance. Sautillant prudemment en sa direction, à fréquence espacée, Draugar gigote sa grosse tête de vilain sous tous les angles pour mieux s'assurer que le bateleur ne faisait pas semblant. Avec les bohémiens, on sait jamais. Faut se préparer à tout. Ces gars là ont la rapine dans l'sang. Faut s'méfier, toujours.

Mis en confiance par une observation de plusieurs minutes, le puissant freux se décide à grimper sur sa victime, et commence prudemment à lui picorer le tissu du froc en vue de mettre à nu ses petites fesses lorsqu'une pierraille lui vole à quelques dizaines de centimètres de la caboche.


- Casse-toi oiseau d'malheur ! Ouste ! Va t'en ! Bouh ! Ah ! Vilain !


Ridicule.
Déjà parce que faire exprès d'le rater avec une pierre à la con, c'était pas l'genre de trucs à lui faire fondre les rouflaquettes.
Et ensuite parce qu'avec un langage pareil le type devait certainement être issu d'un club de célibataires qui payait vraiment pas de mine.

Furieux d'être dérangé en plein hors d'oeuvre, le sinistre corvidé se prépare à faire face, poussant les nombreux cris revêches dont il a le secret. Hélas, en plus d'une tête hirsute à la face rubiconde et au nez camus, c'est une énorme fourche aux reflets scintillants qui émerge des fourrés.

Les croassements s'estompent. Draugar de son regard perfide réévalue les risques du combat. Vite vu. D'expérience, il sait qu'avec les hommes, quoi qu'il advienne désormais, il ne pourra plus festoyer en paix. Écumant de rage, il projette son corps dans un décollage immédiat, prenant pour cible la viande salée laissée à l'abandon sur le rocher, avant de reprendre la route des cieux à destination de Cahors.

Au moins la péripétie n'aura pas été vaine.

Quand il reprit conscience quelques heures plus tard, Xael fut stupéfait de constater qu'il était toujours en vie. Ouvrant les yeux, la première chose qu'il vit fut un plafond. La deuxième fut un feu brûlant dans l'âtre. La troisième fut un vieux paysan barbu, assis à son chevet en fumant sa pipe.

Comment suis-je arrivé ici? interrogea le Tsigane.

Je vous ai retrouvé inconscient sur la route, répondit l'inconnu. Vous avez pris un sale coup à la tête, mais je vous ai soigné aussi bien que j'ai pu. Vous étiez presque mort gelé quand je vous ai retrouvé. Heureusement, ceux qui vous ont attaqué ont eu la générosité de vous laisser deux miches de pain...

Je ne vais point les remercier pour cela, murmura l'Oiseau de Proie en tâtant sa bourse vide. Y a-t-il un village à proximité?

Il y a Bazas, dit le paysan. À peine trente minutes de marche.

Xael hocha la tête. L'incident le retarderait de quelques jours, ce qui était fort agaçant. Il aurait aimé dénoncer ses trois assaillantes, mais n'étant lui-même pas innocent de brigandage, faire cela aurait été hypocrite. Il devrait donc laisser cet affront impuni, du moins pour le moment. Tant pis.

Une heure plus tard, il était déjà sur la route, marchant vers Bazas. La tempête s'était calmée.


(HRP: Et me voici hors de ce topic.)
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L'oiseau passa par là
l'oiseau fut amusé.

En voila une menteuse...

c'est pas vrai du tout ce que tu dis! Je ne t'ai pas percuté, je n'étais pas ivre...


Je ne suis pas un oiseau supersonique!!!
D'ailleur c'est quoi un oiseau super so ni, jamais entendu parlé de ca

L'oiseau se demanda si ce n'était pas celle qui disait qui l'était? Ivre....

J'ai bien envie de te faire un procès pour injures et mensonges au tribunal des oiseaux de mauvaises augures....

Puis le bel oiseau s'envola tout en lachant une fiante sur la tête de cette dernière...

edit couleur par inferno

Sur un autre chemin

Enfin, elle arrive à l'endroit prévu. Légèrement en avance, elle commence à creuser les trous et préparer les pièges. Le terrain commence déjà à être un peu mieux quadrillé, et, pour la première fois, elle n'est victime d'aucun de ses propres pièges. Ce serait vraiment merveilleux s'il n'y avait ce petit détail.

Juste une épine dans le pied.
L'oiseau poivrot la suit depuis tout ce chemin. Et c'est qu'il la regarde bizarrement en plus.
On pourrait presque croire qu'il pense, l'ivresse initiale ayant disparu.
Elle chope un caillou discrètement, tout en le surveillant du coin de l'oeil.
C'est alors qu'il lui lâche une fiente sur la tête.
De juste assez près pour qu'elle sente les relents de soufre qui émane du sale piaf. Il lui fournit ainsi la preuve de ce qu'il est.
La réaction est immédiate, le caillou part de suite assommer l'oiseau.

Il s'est approché trop près d'un sorcier pour s'en sortir indemne, et vaut mieux le purifier tant qu'il est temps.
Elle profite du fait de l'avoir bien assommé pour allumer un feu, et l'y plonge dedans.
Il était peut-être déjà mort, mais on n'est jamais trop prudent.

Enfin, le cadavre étant rôti, elle le sort du feu.
Hésite à en faire son repas, mais le laisse finalement de côté. On sait jamais, ça pouvait être toxique, un truc aussi mauvais.
Elle laissera le soin aux charognards de se charger de ce déchet, histoire de débarrasser la route d'un aussi mauvais représentant de leur espèce.

Et puis, c'est pas tout ça, mais elle a des trous à finir de creuser, là.

Le jeune homme a entendu parler de la cavalerie Gasconne.
A ce qu'il parait elle écumerait les chemins Guyennois.

Il n'a que seize ou dix-sept printemps, mais il rêve de liberté, d'aventure.
Il a quitté ses parents depuis quelques jours, il sert pour la journée chez le premier paysan voulant bien l'accueillir, tirant au flanc autant que possible, couchant dans des ruines ou squattant la douce paille des grenier lorsqu'il le peut.
Trop de la misère, de soumission.
Trop souvent il a vu ces maréchaux racketter ses parents, trop souvent ces militaires réquisitionner leur maigre troupeau.
Sa mère doit-être morte d'inquiétude, mais l'insouciance et l'égoïsme de la jeunesse le protège de ces considérations sentimentales. A l'occasion il leur écrire un mot, quoiqu'il ne sait pas écrire, eux ne savent pas lire. Bon, il passera peut-être les voir. Si le temps lui est accordé.

L'esprit farci de l'histoire des Cadets de Gascogne et de leurs folles aventures, le jeune et fougueux Cornelio se promet qu'un jour, il chevauchera ou bon lui semble, alimentant palabres et suppositions chez ces bourgeois, ces nobles, et leurs laquais de l'Ost.

Un jour il rejoindra la Cavalerie Gasconne.
Un jour il ne se brisera plus le dos à ces taches ingrates et humiliantes.
Un jour il sera son propre maître.

Parait que leur capitaine, un certain Falco est un peu timbrée.
Juste ce qu'il faut pour prendre un gamin rêveur et fainéant pour écuyer ?
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La Butte rouge c'est son nom l'baptème s'fit un matin,
Où tous ceux qui grimpaient roulaient dans le ravin,
À présent y'a des vignes il y pousse du raisin,
Mais moi j'y vois des croix portant l'nom des copains.

Arrivée à Blaye



Crevé, le Gali.
Il vient de se coltiner toutes les routes entre le Périgord et la Guyenne, et rien, pas une seule trace de son humaine !
Il a fait en long en large et en travers les routes boueuses de la région, même allé jusqu'à Saintes, pour elle. Si jamais il la retrouve, il lui fera regretter de l'avoir abandonné pour un vulgaire étalon de course !

Et en plus, y a rien à manger.
Les quelques herbes qu'il déniche au bord de la route ont un goût salé des plus désagréables.
Tout son corps se met à trembler, secoué par une jalousie dévorante.
A qui elle donne les fruits, vu qu'elle les déteste ? Qui en profite, qui ose s'emparer de ce qui lui revient de droit ?! A coup sûr, ce fichu palefroi doit se régaler, profitant de tout ce dont la bipède ne veut pas !
Et à part la viande, elle ne veut pas grand chose, celle-là.
Mais c'est SA bipède !!
Que l'autre aille se faire chevaucher par des soldats rustiques et bourrins !!
Qu'il aille parader avec une donzelle qui irait minauder et faire sa précieuse sur sa croupe, mais celle-là, pas touche !

Il enrage, seul.
Inutilement, il le sait.
Il est devenu efflanqué, à force d'errer sur les routes, à la recherche de son humaine.
Le poney sait bien qu'il pourrait bien dégotter un autre serviteur, mais c'est elle qu'il veut, la seule qui le laisse tranquille et prend soin de lui en même temps.
La seule qui se plie à ses caprices plus qu'elle ne lui donne des ordres.

Une odeur emplit ses narines. Un verger.
Son estomac lui fait rapidement oublier tout le reste, le traînant jusqu'à la limite de Blaye, là où les arbres laissent pendre de quoi le requinquer un peu.
Il se goinfre des fruits tombés à terre, et réfléchit rapidement.
D'abord, se remplumer.
Ensuite, arrêter d'errer n'importe où.
Dès qu'il ira mieux, il retournera l'attendre en Gascogne.
Le poney martyrise le sol à petits coups de sabots, nerveux.
Et si elle revient pas, il fera en sorte de la faire se bouger un peu.
Faire vivre un enfer à tous ceux qu'il croise, histoire de la forcer à venir le chercher.

Ça lui apprendra à le laisser tomber, lui, Gali, le poney de course et de combat hors pair, lui qui est inégalable en n'importe quel domaine ! Elle va bien être forcée d'admettre qu'il est le meilleur.
Mais d'abord, se reposer.
On va pas vendre la carotte avant de l'avoir regardée pousser tranquilou.