--Dorilys
Ne pas paniquer, qu'elle avait dit, maman. C'est ça! Oui! Bien sûr!
Depuis qu'elle savait ce qui allait arriver à sa mère, Dorilys ne pouvait s'empêcher d'être inquiète. Elle allait avoir un bébé, d'accord. Mais par où il allait sortir, d'abord? Et pourquoi elle avait mal? Et pourquoi il fallait un adulte?
La rouquine courrait donc pour chercher de l'aide, mais elle ne trouva personne. Tout le monde semblait bien occupé. En désespoir de cause, elle alla tambouriner au couvent. Quand la mère supérieure vint ouvrir, elle recula d'un pas.
- Tient! Mais c'est la petite fille qui avait peur des portes!
Ben voyons! Elle se souvenait de ça, la nonne! Elle en avait de la mémoire! Chez Dory, c'était un lointain souvenir que son jeune âge lui avait permis d'oublier. Dans la confusion, elle réussit à bafouiller:
- Heu! C'est ma maman, elle va avoir son bébé, et il faut un adulte, il parait.
La mère supérieure porta les mains à son visage et écarquilla les yeux!
- Par Aristote, mais fallait le dire plus tôt!
Et voilà la nonne en train de courir dans les couloirs du couvent pour ordonner qu'on prépare la charrette. La fillette ne put retenir un rictus de sourire. Une nonne paniquée qui relève sa robe pour se dépêcher, c'est assez marrant à voir!
Paniquée, mais efficace! En moins de temps qu'il ne fallut pour le dire, la charrette s'ébranlait déjà vers la chaumière au rythme du galop maladroit de la mule.
Ensuite tout se passa très vite. Reléguée dans la cuisine, Dorilys entendait des bribes de discussion. Puis elle vit sa mère sortir de la chambre soutenue par les religieuses. Après une brève explication nonnale* sur le fait que leur mère était encore transportable, la rouquine et sa sur assistèrent à son départ vers le couvent. Elle reviendrait avec son bébé.
- Emmène ta sur et allez chez quelqu'un que tu connais. Soyez deux petites filles courageuses et bien sages. Tout se passera bien.
Les deux fillettes regardèrent donc la charrette s'éloigner avec leur mère couchée à l'arrière. Puis la rouquine pris sa sur par les épaules et la fit rentrer à l'intérieur. Aller chez quelqu'un! Pis quoi encore! Elle était assez grande pour s'occuper de sa sur! Et puis, il y avait Jade qui passait les voir de temps en temps. Alors ça irait!
- Viens Cyrielle, ne t'inquiète pas. Je vais te donner du lait!
Et tandis que la brunette buvait tranquillement son bol, Dorilys en profita pour chiper un parchemin et de l'encre. Maman avait dit que papa serait bientôt là, alors elle il fallait le prévenir. Tant pis pour les fautes. Elle n'en faisait pratiquement plus, de toute façon.
Citation:Cher papa,
Les nonnes ont emmené maman au couvent pour que le bébé arrive. Je m'ocupe de Cirielle.
T'inquiète pas pour nous. On va bien.
Je suis pressé que tu soit là.
Gros bisous
Dory
D'après les dernière indications de sa mère, et si son père était régulier, il devait se trouver vers Lectoure. Avant ou après, le pigeon trouverait bien sa route. L'essentiel était de l'envoyer dans la bonne direction.
* néologisme voulu