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[RP] Quand le passé rattrape le présent et détruit le futur.

Sindanarie
[Mais que diable allaient-ils faire dans cette galère...]

Quelques phrases, rapides, précises, jaillirent des lèvres d'Aldraien. Par le Diable et tous ses diablotins... En fait, la situation qui avait été évoquée au Mans était moins désagréable que celle que sa Soeur lui décrivait, à chaud manifestement. Sindanarie tressaillit quand elle remarqua le sang sur la cape que portait la rousse. C'était un début d'enfer qu'elle lui montrait. Quelque chose qui réveillait tous les cauchemars, toutes les ombres, tous les fantômes. Le sang. Ils avaient tous quelque chose à voir avec le fluide vital. Halte aux pensées. Concentre-toi, Sindanarie. Ecoute tout. Note tout dans un coin de ta tête. Et montre que tu as suivi. D'où un marmonnement, pour ponctuer la tirade d'Aldraien :

La forêt en direction du Mans. D'accord.

Deux jours de chevauchée pas trop forcée pour faire le trajet du Mans à Laval en passant par Mayenne. En coupant par la forêt, on devait pouvoir être plus rapide, beaucoup plus rapide. Si Arminus était parti par là, vers Le Mans, il avait dû être freiné par Antlia. Surtout s'il l'avait blessée. Et ça ne pouvait pas être autre chose, ce sang. Si l'Errante n'avait pas été blessée, elle n'aurait jamais abandonné ses vêtements. Elle était tout sauf folle. Alors tout devait avoir une signification. Les vêtements ensanglantés abandonnés. La forêt. Prendre la direction de la capitale Mainoise. Aldraien avait raison, mille fois raison. Si Antlia mourait, ce ne serait pas seulement la mort de l'Errante. Il y avait probablement autre chose. Quelque chose de terrible, au-delà de ce que son agresseur pouvait faire à la Lyonnaise. Un frisson glacé parcourut l'échine de Sindanarie. Un anti-Licorne avait osé sortir de l'ombre pour frapper directement l'Ordre. Le bon sens avait-il donc à ce point déserté ce monde ?

Elle aurait voulu pouvoir glisser quelques mots de réconfort à sa Soeur, mais les mots restaient coincés dans le fond de sa gorge. Cela ne l'aiderait sans doute pas. Cela ne les aiderait ni l'une ni l'autre. Pas tant qu'il y aurait une incertitude sur le sort d'Antlia. Il leur faudrait d'abord être fixées avant de pouvoir réellement communiquer. Il leur faudrait mener leur quête et porter leurs fardeaux. Chacune le sien, avec un but commun : retrouver la disparue. Mais pour cela, il fallait trouver celui qui l'avait fait disparaitre. Et il fallait le garder en vie, ce qui risquait d'être difficile au vu de la rage bouillonnante qui dansait pratiquement sans relâche dans les yeux de la rousse. Un murmure passa finalement les lèvres de la Limousine, à peine audible :


Je te jure qu'il ne nous échappera pas.

Promesse d'une chasse sans merci. Presque inconsciemment, les pensées de l'Ecuyère brune s'évadèrent vers un temps qui n'était plus, vers son enfance et, surtout, vers ceux qui l'avaient peuplée, en une supplique muette mais non moins fervente. Lames Brisées, réveillez-vous, sortez de vos tombes, ranimez en moi le souvenir de vos enseignements... Vous les mercenaires, vous les assassins, vous qui m'avez appris à tenir une arme et à m'en servir, revenez me hanter, revenez souffler à mon oreille les gestes et les attaques, joignez vos yeux aux miens pour cette traque, prêtez un peu de votre force passée à mon bras déjà endurci. Vous m'avez connue dès mes premiers jours, vous avez su cultiver en moi l'amour de suivre une piste, la passion des armes, la solidarité d'une troupe. Aujourd'hui, réveillez-vous, et venez avec moi, à l'opposé de ce que vous avez été de votre vivant. Rachetez votre âme en m'aidant à racheter la mienne... J'aborde un chemin qui me mènera Aristote sait où, et j'ai une promesse à honorer. Même si je dois finir dans un état plus mauvais que celui de la Maistre d'Armes. Je ne veux pas faillir une nouvelle fois.

On partira quand tu voudras.

Et ce n'étaient pas que des mots de courtoisie. Oh non. En l'occurrence, il ne pouvait pas y en avoir. Vengeance attendait, sellée encore, prête à repartir. Et Sindanarie, prête à braver encore une fois les impératifs de son corps, ne l'était pas moins. Ce qui l'inquiétait, ce n'était pas elle, c'était sa Soeur. Elle n'y avaut pas prêté attention dans l'immédiat, mais le constat avait fini par s'imposer. Elle avait l'air épuisée. Comme vidée. Et si elle n'était pas en état de se lancer dans leur quête ? Le temps pressait, le temps manquait, et elles avaient déjà tant de retard sur celui qui, dans l'esprit de la Limousine, était devenu la Proie.
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Bess.scte.merveille
Si galère m'était contée

Les explications étaient venues, brèves d'abord aprés la tirade de Bess. Elle regardait ses deux soeurs s'éloigner, l'une soutenant l'autre. Toutes ses pensées allaient vers elles pour l'instant.

Elle doutait qu'il n'y ait vengeance, Ald semblait trop ... touchée, trop proche. Peut être était-ce une erreur de l'avoir nommée, mais en même temps elle n'avait pas d'autre choix. Soit Ald en était par ordre...soit elle désobéirait. Alors autant mettre toutes les chances du bon côté non ? De plus ils avaient trouvé des indices et pas des moindres. Le destin en avait-il décidé ainsi ? peut être... allez savoir. Elle lança un regard peu amène à son Loup, pincement des lèvres caractéristique soulignant que l'explication bien que valable n'excusait en rien un départ si précipité. Bon oui elle devrait faire amende honorable, ils n'étaient pas sortis pour rien mais quand même !


Je veux un rapport un peu plus complet pour tout à l'heure ... histoire que je tienne Cerrid au courant. Nous on va rester ici pour la mission initiale et je vais demander en même temps qu'on m'envoi une lance de renfort. Ca ne nous fera pas de mal et nous permettra de faire des roulements tous les soirs.

Regard qui se porte à nouveau vers les Licornes un peu plus loin. Bordel ! s'ils avaient retrouvé des effets d'Antlia c'est que le pire était sans doute arrivé. Non elle n'est pas pessimiste la Bessou, seulement réaliste. Et là les seules images qui lui venaient en tête c'était un amas ensanglanté, ou l'odeur de putréfaction se faisait déjà sentir. Le corps n'avait pas été épargné par les loups et ils avaient eut bien du mal à l'époque, pour mettre le corps en terre. Elle eut un haut le coeur en revoyant la scène. Shiska était présent à cette époque, et bien qu'elle n'en ai quasi jamais reparlé, à cet instant précis elle se souvenait de tout, comme si cela c'était passé hier. Cette même mission les avait amenés tous les deux à prendre des décisions contraires à ce qu'elle avait exigé à l'instant d'Ald et Sinda. Pourtant ils l'avaient fait pour des étrangers eux ... ce qui n'était pas le cas aujourd'hui. Peut être qu'Aristote met parfois ce genre de personne sur votre chemin pour justement les châtier, exécuter les basses oeuvres parce qu'il faut bien que quelqu'un le fasse ici bas.

Une main se pose sur le bras de son Loup, un bref signe de tête avant de héler les deux licornes qui s'apprêtent à franchir les portes de l'auberge. Se rapprochant d'elles, elle les pousse légèrement à l'extérieur, avant d'ajouter sur le ton de la conversation


Vous avez carte blanche ... quoi qu'il ait fait à Antlia il paiera, mais gardez à l'esprit que vous êtes Licorne avant tout ... ne bafouez aucun des préceptes de l'Ordre et surtout gardez en tête votre serment... je suis certaine qu'Antlia ne voudrait pas qu'il en soit autrement. Mais j'exige en retour un rapport régulier de tout ce que vous trouverez. Des indices, des témoignages, et si ... Elle bute sur les mots parce qu'elle même n'y croit pas un instant si vous la retrouvez je veux être avertie dans l'heure.
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Aldraien


Transparente. Elle était transparente face à Sinda. En cet instant, l’expression « le regard est le miroir de l’âme » était plus qu’appropriée en ce qui la concernait, ses yeux transpiraient la rage et c’était ce sentiment qui la portait encore, lui permettait d’aller au-delà de ses forces. Eteinte. Vide. Mais elle tiendrait, jusqu’à ce qu’elles aient trouvé quelque chose, un indice, un corps. A l’idée, un violent tremblement s’était emparé d’elle : plus le temps passait, plus l’image du corps de l’Etoile sans vie se faisait nette dans son esprit.
Elle avait peur, terriblement peur de ce qui lui était arrivé et, même si elle tentait de mettre cette hypothèse qui serait la pire de toutes dans un coin de sa tête, la réalité apparaissait de plus en plus fréquemment devant ses yeux, éclatante, aveuglante, épuisante. Comme un violent coup de poignard dans son cœur à chaque fois qu’elle avait le malheur de laisser une brèche dans la coquille qu’elle s’était faite pour contenir la douleur.
S’envelopper dans une carapace pour ne pas faiblir et continuer à avancer malgré le trou béant dans son âme, parce que même s’il n’y a plus d’espoir, il fallait la retrouver.

Mêmes les paroles de Sinda avait quelque chose de creux à ses oreilles, et pourtant elle savait sa Sœur sincère, ça se voyait rien qu’en la regardant, elle souffrait elle aussi. Mais Ald était incapable de la regarder dans les yeux à présent, se renfermant dans un monde sans visage pour tenter de garder l’esprit clair. Car deux forces tentait d’obtenir l’avantage dans son esprit : d’un côté, cette rousse qui avait prêté serment envers la Licorne, qui savait que son désir de vengeance, que son envie de tuer étaient mal, qu’il ne fallait pas tomber si bas pour ne pas se mettre à la hauteur de celui qui avait fait du mal à Antlia et, de l’autre côté, la folie incontrôlable qui ne demandait qu’à la contrôler pour faire souffrir le plus possible, le plus longtemps possible. Celle qui ne demandait que la vengeance, que la barbarie.
Cet homme le méritait après tout, et peu à peu c’était cette idée qui prenait le dessus, comme lors du duel qui avait eu lieu entre Tlia et elle, au cours duquel elle l’avait blessé bien contre son gré. Mais il était arrivé un moment où elle s’était rendue compte du mal qu’elle lui avait fait. C’était une chose qui n’arriverait pas cette fois ci, car ce n’était pas contre une personne qu’elle aimait qu’elle allait se battre. Ce n’était plus un simple duel mais un combat à mort qui allait avoir lieu.
Partir quand on voudra…
Elle lâche le bras de Sinda pour se redresser et rassembler les quelques forces qui lui restaient.


On part maintenant Sinda…Je n’ai pas l’intention de perdre encore plus de temps.

Oui, on partait maintenant. Sa jument était aux écuries, prête à partir ou presque. Elle ne laisserait pas sa Tlia s’éloigner encore plus d’elle, pas question de perdre encore des heures à se reposer ou à manger. Resserrant la cape de l’Etoile sur ses épaules, elle se dirigea d’un pas lent vers la porte de l’auberge, sa Sœur sur ses talons. Mais alors qu’elle s’apprêtait à franchir le seuil aux côtés de Sinda, une main se posa sur son épaule, et les dernières recommandations jaillirent de la bouche de Bess. Se rappeler de son serment…Licorne elle l’était, mais elle était aussi vassale, et au-delà de ce lien de suzeraine à vassale, elle était avant tout son ami, et dévouée à elle comme à personne d’autre. Aujourd’hui, c’était sa sœur qui avait disparu, sa sœur de cœur, lien encore plus fort que celui qui transparaissait lorsque l’on appelait un autre membre de l’Ordre, Frère ou Sœur. Un hochement de tête de la rousse pour montrer qu’elle a entendu et la voilà qui continue d’avancer sans un mot, se rendant aux écuries pour préparer Destinée…la jument bien sûr ravie de pouvoir enfin sortir pour se dégourdir les pattes, Ald qui aurait préféré que ce soit dans d’autres circonstances mais elle n’avait pas le choix, à pieds elles mettraient trop de temps, à cheval elles avaient une chance de rattraper le malfaiteur même si ce serait sans doute plus loin que le Mans. Même s’il fallait interroger chaque habitant, elles continueraient de le chercher. Il était hors de question d’abandonner Tlia à son sort. Quelques minutes plus tard, l’Ecuyère était montée sur sa jument, prête à partir.

Sur les routes, un certain temps plus tard, en tout cas un temps certain.

Elles avaient avancé un certain temps, chevauchant côte à côte tant que la largeur du chemin le permettait, l’une dernière l’autre quand la route se faisait trop étroite. Ald savait vers où elle allait, ce qu’elle avait trouvé la première fois avait profondément marqué son esprit et gravé en elle le chemin pour y retourner. Les montures avançaient à un rythme soutenu mais néanmoins les maîtresses respectives ne les poussaient pas au maximum, imaginant ce qui pourrait se passer par la suite et songeant au fait qu’elles pourraient avoir besoin des forces des chevaux plus tard.
Enfin, elles pénétrèrent dans la forêt, suivant prudemment le sentier puis, au bout d’un moment, Ald mit pied à terre, tenant Destinée par la bride, son visage se fermant à l’idée de revoir le spectacle auquel elle avait assisté plus tôt et qui avait déjà été éprouvant pour elle. Faisant signe à Sinda de la suivre, elle s’engagea dans la forêt en direction de là où elle avait trouvé les derniers indices dont-elles pourraient se servir pour tenter de retrouver Tlia.
Silencieusement, elle montre du doigts les vêtements ensanglantés, détournant le regard comme pour nier l’existence de ces vêtements alors même qu’elle en portait un sur ses épaules. Elle aurait pu continuer vers le Mans directement, mais elle se devait de montrer ce qu’elle avait découvert à Sinda, ne serait-ce que pour voir si elle pouvait trouver des indices qu’elle aurait loupé, ou pour voir si elle était d’accord avec la direction vers laquelle elle pensait qu’ils étaient partis. En attendant que Sinda fasse le tour, la rouquine se tourna vers l’opposé, son regard se perdant dans le vide.

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--Joan_


[ Et sur les routes du Maine - J+4]

L'angoisse en allant voir le corps et un arrêt devant le spectacle offert: effrayant.
ça devait être une belle femme à n'en pas douter mais dans quel état ! Du sang séché sur son corps, entre des plaies noirâtres des cheveux collés .


Par Aristote !!

Son sang ne fit qu'un tour, elle était vivante ! Il fallait l'emmener fissa vers un médicastre .Son cerveau commençait à s'emballer, le Mans était un peu éloigné et bon ... ils en venaient . Il y avait un couvent sur leur route avec une femme d'Aristote connue pour ses remèdes. Oui fallait la conduire là . Mais en attendant fallait faire quelque chose .
Ses bras la déposèrent avec toute la précaution dont il pouvait se munir afin de déposer le corps sur le bois de la charrette.
Il entendit un faible gémissement dans une expiration tout aussi faible.

Hâtons nous ... il y a un point d'eau non loin, faut la faire boire et enlever déjà cette terre !

Il fit attention de bien fermer le battant de la charrette, il n'allait pas non plus perdre en route, par maladresse les deux femmes!
Alors en démarrant le plus doucement possible, le cortège prit la route sans qu'il en fit une course effrénée . Les bosses ou trous du chemin auraient pu avoir raison de la femme a l'arrière.
Bien sur , il tendait l'oreille afin d'entendre Flora : au moindre signe il aurait sauté de la charrette et se serait précipiter à son aide. Mais rien pour l'instant .

Un bras de rivière, il s'arrête. Sans perdre un instant, il prit son nécessaire, pendant que Dame Flora descendait et prenant dans ses réserves du tissu pour en faire une couche . Il grommelait .

Du si bon tissu , même si il était en second choix il aurait trouvé preneur! Un gobelet qu'il rempli d'eau courante qu'il déposa à terre, puis il remplit une grande camelle d'eau lorsqu'il vit Flora déposer son trésor de tissu en bouts plus ou moins grossiers !

Malheureuse !!! Que faites vous?
Joan, pensez vous que je fais nettoyer la pauvre avec le de tissu en entier ? je pense que vous seriez encore moins enclin a accepter !
Le ton de Flora était ferme et sans appel , Yoan ne trouvant rien à redire sur cette logique féminine alla auprès de l'arrière de la charrette . Ses yeux se portèrent sur les traits du visage de la malheureuse dont la couleur faisait penser à ceux des cadavres.
Il ne fit aucun cas de sa nudité, passa ses bras forts sous le corps de elle ci et l'amena sur les peaux de bêtes que Flora avait étendues.
Il alla ensuite ramasser du petit bois, des branchages et herbes sèches et allumait un feu avec tout ce qu'il avait pu amasser .
Il fallait faire chauffer cette eau pour la nettoyer .. oui mais comment . Il aurait fallu la plonger entièrement dans un baquet! L'eau de la rivière était gelée et la tuerait à coup sur.
Alors ils avaient opté pour la solution de " je laisse couler l'eau bouillir et chaude mais non brulante sur le corps nu de la femme ."


L'eau avait bouilli, il ôta le récipient du feu pour en placer une autre, puis Flora commença à faire couler l'eau sur la peau de l'infortunée allongée sur "ses" peaux de bêtes- soupir-.
Le feu quant à lui tiendrait le corps de la femme au chaud pendant cette opération .
Il prit du recul sur la scène qui se passait puis à l'écart ne pu s'empêcher de frapper du poing un pauvre arbre .

Mais quel homme pouvait faire ça !


Sindanarie
[« C’est un trou de verdure »*]

Dernière recommandation de Bess avant de les laisser partir : carte blanche. Un sourire, le dernier un tant soit peu joyeux avant un bon moment sans aucun doute, avait étiré les lèvres de Sindanarie. Une nouvelle fois, compris, Bess. Ca se passera bien. Autant que possible. Je veillerai sur elle. Pas un mot de plus. Elle avait pris la route avec Aldraien, qui semblait plus pressée encore qu'elle de partir à la recherche de leur Soeur. Et la rousse l'avait guidée, au prix d’une chevauchée longue mais calme, pour autant qu’il y ait encore du calme en elles, jusque dans les bois, jusqu'au lieu où elle avait récupéré la cape d'Antlia. Sindanarie avait mis pied à terre et suivi Aldraien, tenant Vengeance par la bride avant de la jeter (la bride, pas la jument) autour d’une branche quand elles furent arrivées à destination. Un geste de sa Sœur attira les émeraudes sur ce qui avait amené la preuve du rapt de l’Errante.

Il n'y avait pratiquement rien à voir là. Des arbres, un tas de vêtements sur le sol. Un frisson parcourut Sindanarie. Il l'avait dévêtue avant de l'emmener ? Par ces températures ? S'il ne l'avait pas massacrée rapidement, elle risquait d'avoir attrapé une sacrée crève. Et ce ne serait sans doute pas le moindre de ses maux, vu la description du ravisseur qu’Aldraien lui avait esquissé. Récapitulant mentalement ce qu’elle avait avec elle, Sindanarie grommela légèrement. Car, en parlant de massacre... Elle n’avait pas gardé dans sa besace la sacoche qui contenait son nécessaire de barbière. Elle était restée à l’auberge… Brillant, Sindanarie, brillant. Bravo. Tu pars chercher une de tes Sœurs qui est peut-être dans un état critique, et tu n’as strictement rien pour l’aider. N’importe quoi, franchement…

Par acquis de conscience, doutant que les vêtements abandonnés lui apprendraient quoi que ce soit, la brune s’accroupit à côté d’eux. Un frémissement la parcourut toute entière. Elle avait remarqué la tache de sang sur la cape azur. Son pendant s’étalait sur la chemise qui reposait au sol. Le reste des vêtements n’avait pas recueilli une grande quantité de sang. Quand elle en avait été dépouillée, Antlia n’était probablement blessée qu’à la tête. Pas de trous ou de déchirures sur la chemise, pas assez de sang pour que le cou ait été touché. Dans l’absolu, c’était plutôt rassurant, puisque la blessure n’était probablement pas mortelle… Mais il l’avait emmenée après l’avoir blessée légèrement. Il voulait autre chose. Il y avait un message dans cet acte. Ca ne pouvait pas se conclure si bien… Le sol se mit à tourner autour de Sindanarie. Ce n'était pas le sang en soi qui lui faisait de l'effet, non. C'était ce sang-là, ce sang en particulier, et les perspectives que sa découverte ouvrait. Le sang d'une Soeur. Et il y avait autre chose qui achevait d’arracher la Limousine au strict présent. Le sang et l’herbe. Combinaison néfaste s’il en était dans l’esprit de la jeune femme. Si seulement cela pouvait ne pas finir de la même manière… Pour une fois, si quelqu’un qu’elle appréciait pouvait échapper à la Faucheuse… Une fois, juste une fois.

Un haut-le-coeur la secoua. Clignant des yeux, la jeune femme tenta d'éloigner la vision qui menaçait de s'imposer. La tête de son Lieutenant, nimbée de son sang dans la forêt proche de Tulle. Et quand elle y parvint, ce fut pour voir Antlia se vider de son sang par le visage. Le carmin envahissait son champ de vision, suintant de la plaie de l’Errante, se répandant à partir de ses habits, comme par capillarité, vers le reste de ce qu’elle voyait. Le monde lui semblait teinté de pourpre, le ciel rempli de sang caillé, la forêt colorée d'un rouge dégoulinant. Et dans cet environnement, les ombres revenaient, plus nombreuses que jamais. Des ombres rougeâtres. Folles. Qui dansaient une danse démente. Au milieu d'elles, Antlia. Une Antlia qui n'avait plus rien de celle que Sindanarie avait rencontrée. Une Antlia au visage lacéré, aux cheveux collés en mèches brunies par son sang.

Un frisson parcourut tout le corps de l'Ecuyère. S'arracher à l'hallucination. C'était la première chose à faire. Se courber, baisser les paupières ensuite. Et hurler. Hurler pour chasser tout ce qui essayait de l'envahir. Hurler pour dégager son horreur, sa répulsion, sa rage. Hurler jusqu'à en perdre le souffle. Hurler pour se vider de toute émotion, pour ne plus être qu'une enveloppe de chair pantelante, pour oublier que ce n’était que la première fois qu’elle se trouvait dans pareille situation. Hurler pour chasser l'image de sa Soeur suppliciée que son esprit avait spontanément élaborée. Hurler pour s'éclaircir les idées. Et enfin, quand la voix se tait, reprendre la maîtrise de ce corps qui tremble d’impuissance.


[« J’irai par la forêt, j’irai par la montagne »**]

La forêt avait repris ses véritables couleurs quand Sindanarie, toujours accroupie, releva le regard. La clarté réelle revenait. Et une obsession, terriblement proche de celle qui la hantait à son entrée dans l’Ordre, naissait. Je ne sais pas exactement ce que tu as fait à ma Soeur. Je ne sais pas ce que tu lui fais en ce moment même, si tu ne l’as pas encore achevée. Mais si je te trouve, et je te trouverai, crois-moi, je me ferai une joie de t'envoyer dans l'Autre Monde. Sauf si Aldraien t'attrape avant moi. Et pour ce que tu lui as fait, tu paieras au centuple. J'en suis sûre. Surtout si elle t'a avant moi. Tu n’aurais jamais dû t’en prendre à une Licorne, parce que tu t’en es pris à la Licorne toute entière. Je ne connaitrai pas le repos avant de te retrouver.

Un sourire sans joie vint se former sur les lèvres de la brune. Fixant Aldraien de ses prunelles durcies, elle grinça, d'une voix encore éraillée :


Tu aimes la chasse ?

C'était sa façon de demander à sa comparse si elles voyaient de la même manière la traque à venir. En hommage à cette phrase prononcée par Elric, le jour où il lui avait montré comment il venait à bout ses cibles. C’était assez simple, en fait. Il suffisait de chercher toute trace qui pouvait indiquer un passage. Une empreinte, une branche cassée, un buisson dérangé. N’importe quoi. Il appelait ceux qui ne laissaient pas de trace des fantômes. Pour Sindanarie, le problème était clair. Elles chassaient un homme encombré, alourdi, retardé dans sa progression. Et, en chassant cet homme, elles espéraient retrouver du même coup son fardeau, leur Soeur. Vivante... Aristote seul pouvait le savoir. Combien de temps d'avance exactement il avait sur elles, impossible à dire. Le sang avait, semblait-il, bruni. Plusieurs heures, en tout cas. Et il y avait une forêt entière à explorer… Rien que ça.

Sindanarie se redressa et balaya l'endroit du regard. Quel genre de trace avait-il pu laisser ? Des branches n’étaient pas des indications suffisantes. Il y en avait partout, et n’importe quel animal aurait pu les laisser. Pas assez caractéristique, donc. Une empreinte de pas, peut-être. Antlia, si elle était consciente, n’avait pas pu semer quoi que ce soit derrière elle puisqu’elle n’avait plus rien. Alors quoi ? Inspirant profondément pour tenter de reprendre totalement prise sur elle-même, la brune fit quelques pas, les yeux rivés au sol. En quête d’une idée. Se tournant finalement vers Aldraien, elle articula tant bien que mal :


On n'a plus rien à faire ici. Tu as sans doute raison. Il a dû repartir d'ici vers Le Mans.

Et c’est à ce moment qu’une tache sombre attira son regard. Presque imperceptible sur la terre. Ce n’était guère qu’une petite tache brune et séchée que Sindanarie désigna, sans un mot, à Aldraien. Mais c’était une indication. En fait, si elles ne pouvaient pas déterminer avec certitude quel chemin avait pris le ravisseur, elles pouvaient en revanche suivre le chemin qu’avait suivi Antlia. Car leur Sœur avait encore un moyen de les aider à la retrouver. Le fluide vital qu’elle perdait, goutte après goutte.



* « Le dormeur du val », Arthur Rimbaud
** « Demain, dès l’aube »Victor Hugo

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Aldraien


« C'est un petit val qui mousse de rayons » *

Finalement, c’était un endroit plutôt reposant cette forêt.
Les arbres les entouraient, protecteurs, alors que la vie autour d’elles continuait à fourmiller. Personne n’était mort non, la vie continuait son cycle. Oublier. Tenter de faire abstraction de ce qui se passe derrière elle en fermant les yeux, en coupant son esprit de la réalité. Mais c’était trop dur, elle aurait juré que l’odeur qui arrivait à ses narines était celle du sang de sa Tlia, c’était l’odeur de la torture, celle du sadisme pur, celui où l’on prend plaisir à faire du mal sans se soucier des conséquences ou des douleurs que l’on provoque.
C’était là un spectacle qu’elle ne souhaitait pas voir et pourtant qui, à chaque gorgée d’air qui pénétrait en ses poumons, revenait douloureusement hanter son esprit. Toujours les mêmes questions, pourquoi avoir fait ça, pourquoi l’avoir choisi, elle. Et toujours la même absence de réponse qui enserrait son cœur, la rendant de plus en plus impuissante à mesure qu’elle resserrait son étau sur lui, dévastateur.
[De battre mon cœur s’est arrêté.]
Où était donc passée la raison de vivre, l’Etoile à suivre ? Disparue, envolée. Il n’avait pas le droit de lui faire du mal. Elle tenait trop à elle pour qu’elle disparaisse elle aussi, elle avait déjà perdu sa fille, c’était bien suffisant…Secouer la tête, se débarasser des images du corps de la blondinette mutilé et ensanglanté, la pire vision pour elle d’imaginer qu’il ait pu profiter d’elle avant de la faire souffrir ainsi…et comme pour faire écho à l’horreur de la situation, un cri lui perça le cœur.

Un hurlement, déchirant le silence de l’Ecuyère et de ses pensées, effrayant hurlement qui lui glaça le sang. Lentement, elle se retourne, tentant de faire passer l’angoisse qui lui avait pris la gorge en tenaille, et découvre sa Sœur, recroquevillée sur elle-même pour reprendre le contrôle. Elle comprenait le geste, elle aurait aimé pouvoir faire de même, se vider de tout ce qui la rongeait mais dans son cas, ses émotions étaient bien trop ancrées au fond d’elle pour sortir aussi facilement. Dans tous les cas elle devait les garder en elle encore un peu. Se débarasser d’elles signifiait perdre la force qui la faisait avancer encore, signifiait s’écrouler de fatigue et ne plus pouvoir continuer les recherches : c’était hors de question. Pour le moment, se réfugier dans son silence, se barricader derrière la folie qui lui servait de bouclier, s’imaginer qu’on est forte, se persuader qu’elles vont retrouver l’Etoile vivante et en pleine forme. Se faire des illusions pour tenir le coup.
Le regard fou se pose sur sa Sœur, penchant légèrement la tête sur le côté à sa question. Rester silencieuse, plus besoin de paroles, les émeraudes étincelantes de rage en disent bien assez. Oui, elles le chasseraient, elles le trouveraient, et elles l’étriperaient, et Ald prendrait autant de plaisir à le saigner à blanc que lui en avait pris à torturer Antlia.
La question était maintenant de savoir comment réussir à le rattraper, alors qu’il avait une avance considérable sur elles. Trouver une piste déjà, Sinda semblait bien connaître la façon de faire et commence rapidement à chercher minutieusement un indice avant de vite se rendre à l’évidence, rien ne pourrait leur indiquer vers où il était parti, sauf la direction vers laquelle menait la forêt, Le Mans.


On n'a plus rien à faire ici. Tu as sans doute raison. Il a dû repartir d'ici vers Le Mans.

Hochement de tête. Silence de Sindanarie alors qu’elle fixe un endroit du sol, puis le montre du doigt. Ald s’approche, observe, et déglutit. C’était la blessure de sa Tlia qui allait les mener à elle…drôle d’ironie du sort. Celui qui l’avait enlevé avait été négligent, à moins que…qu’il voulait que ses poursuivants soient menés à Tlia. On met cette idée très loin dans son esprit et on regarde la suite de la piste : cette fois, plus de doute, il est parti vers Le Mans avec sa captive. Demi-tour de la rousse qui se remet à cheval, caressant l’encolure de la jument qui a eu le temps de se reposer et de se restaurer un peu, attendant que Sinda soit elle aussi en selle pour reprendre la route vers Le Mans. Elles avaient une piste à présent, il leur suffisait de la suivre. Facile à dire, car la piste n’était plus toute fraîche, mais de toute évidence, elle irait à présent dans la bonne direction et chaque mètre parcouru serait un mètre de moins qui les séparerait de leur Sœur. Chaque pas sera douloureux, épuisant, les forçant à aller au-delà de leurs limites, mais elles feraient ce pas avec dans le cœur une détermination sans faille et l’espoir de retrouver l’Etoile en vie. Sinda avait compris rapidement, et elles se mirent en route.

« Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. » **

Elle n’avait pas compté les heures durant lesquelles elles chevauchèrent pour se rendre jusqu’à leur destination, elle était bien trop épuisée sur cela. Dans l’esprit vague du demi-sommeil, seule comptait la direction que le cheval prenait, il ne fallait pas qu’elle dévie, il fallait aller par là. Seul un miracle peut expliquer comment elle pouvait encore tenir sur sa selle tant son esprit ballotait entre le conscient et l’inconscient, entre tenir prise et chuter. Parfois, elle se souvient que Sinda, qui chevauchait à côté d’elle, prenait les brides de sa jument et la menait à côté de la sienne, au pas. Parfois, dans un éclat de lucidité, Ald faisait de même avec la monture de Sinda. Leur état d’épuisement mutuel était un sacré handicap pour l’avancée des recherches, elles étaient obligées de ralentir, de perdre du temps, et l’Ecuyère rageait intérieurement sans prononcer la moindre parole, toujours plongée dans un mutisme parfait.
A pieds, il aurait sûrement fallu pas loin de deux jours pour arriver à destination. Les Ecuyères mirent plus ou moins une journée et demi pour abattre la distance qui les séparait du Mans et, lorsqu’elles arrivèrent enfin non-loin de la ville, ce fut dans un état d’exténuation que la rouquine n’avait jamais connu. Elles avaient trop poussé, et Ald en était consciente, si un combat venait à éclater même à deux contre un, elles seraient dans une très mauvaise posture. Mais elles étaient loin d’imaginer ce qui allait se passer.

Alors que la végétation se faisait de plus en plus rare et qu’elle ne suivait plus la piste du sang absente depuis un moment mais leur propre instinct, le regarde d’Ald fut attiré par un détail. Quelque chose que quelqu’un passant rapidement par là aurait de toute évidence loupé. La jument se mit à ralentir jusqu’à s’arrêter totalement, et la rousse descendit prudemment, manquant de se rétamer au sol à cause de jambes qui ne voulaient plus la porter. Elle continua de tenir la bride de sa monture, plus pour s’y raccrocher et tenir debout que pour l’empêcher réellement de s’enfuir, et s’approcha des marques qui avaient attiré son attention. De toute évidence, il y avait eu un corps ici.
Les yeux de l’Ecuyère s’écarquille en découvrant le spectacle de ce qui, visiblement, n’était pas le résultat d’une simple blessure à la tête. L’étendu de la tâche au sol était sans appel : même si elle était brunie par le temps, on voyait clairement que beaucoup de sang avait coulé.
Mouvement de recul de Ald qui se met à trembler de tout son corps devant cette horrible réalité, il y en avait trop, bien trop…Pas un mot ne sort, mais l’expression sur son visage ne laisse aucun doute : pour elle, c’est à ses pieds la preuve que Tlia a été torturée, et qu’elle en est morte. Pas un son, pas une larme, juste son visage qui exprime bien plus qu’un simple cri, qu’un simple hurlement. C’est tout son monde qui vient de s’effondrer devant elle sans lui laisser d’autre alternative. En elle, quelque chose vient de casser, de se briser en mille morceaux, alors qu’elle ne peut détacher ses yeux de ce qu’elle vient de découvrir.


* Le dormeur du val, Arthur Rimbaud
** Demain dès l’aube, Victor Hugo
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--Dame_flora


Après de très nombreux grommèlements, Joan avait fini par s’exécuter et, après avoir allumé le feu, avait mis de l’eau à bouillir. Pendant ce temps, Flora observait le corps de la pauvre femme : contusions nombreuses, entailles encore plus nombreuses et présentes partout, elles étaient profondes, mais pas assez pour tuer. Elles l’étaient pas contre pour faire couler beaucoup de sang, le liquide même qui semblait recouvrir totalement la femme et faisait comme une sorte d’habit. Une autre blessure, grave elle aussi et qui l’inquiétait fortement, était celle que la pauvrette avait reçu à la tête. D’après ce qu’elle voyait, elle avait reçu une sorte de coup, très violent et la plaie n’était vraiment pas belle à voir, d’ailleurs elle fit même grimacer la jeune Flora qui n’avait pas l’habitude de voir de telles atrocités. Elle se demandait qui avait bien pu faire une telle chose et se prit de compassion pour la femme qui devait être très belle avant d’être découpée ainsi et frappée sans pitié. Peut-être était elle mariée, peut-être avait elle des enfants, des amis, une vie bien remplie et pourtant elle était à présent dans cet état.
Finalement, l’eau se mit à bouillir et Joan posa le récipient près d’elle tandis qu’il en remettait un autre à chauffer. Flora, prenant son courage à deux mains, attrapa un morceau de tissu et attendit quelques minutes que l’eau soit un peu moins chaude avant de la faire couler lentement sur la peau de l’infortunée, puis de passer son bout de tissu afin de retirer le sang du corps et le nettoyer le mieux possible.

L’opération dura de longues minutes, bien trop longues alors que la femme ne revenait toujours pas à elle-même. Etant elle-même une femme et connaissant l’importance qu’avait l’apparence pour les membres de la gente féminine, elle mit tout son cœur à l’ouvrage afin de rendre à nouveau l’allure de la blonde plus digne. Blonde elle l’était assurément, et lorsque la marchande retira le sang qui avait bruni et collé entre eux les cheveux, elle s’en rendit bien compte. Un beau blond, qui rappelle le soleil en été ou les champs de blé et qui brille au soleil. Digne, elle ne réussit pas franchement à le redevenir car, même propre, subsistait toutes les entailles qui marquaient la peau comme le fer rouge. C’était bien beau de la nettoyer, encore fallait il la soigner car dans le cas contraire, elle mourrait, propre ou non.
De la voix, elle interpella donc Joan, l’enjoignant à se rapprocher d’elle pour lui exposer la situation.


Il faut trouver quelqu’un pour la soigner, le plus rapidement possible. Sinon, j’ai bien peur que cette femme n’ouvre plus jamais les yeux. Un couvent, peut-être, ou un monastère ? Préparez la charrette…je finis de m’occuper d’elle et nous pourrons l’y transporter pour la mener dans un endroit plus approprier pour pratiquer des soins.

Se penchant à nouveau vers la femme, elle dégagea les mèches de ses cheveux avant d’aller à la recherche de tissus plus grands pour pouvoir en envelopper au maximum le corps de la femme. Elle ne savait pas si en les passant autour d’elle elle lui faisait mal, ni si elle sentait réellement le froid, en tout cas même si le tissu ne valait pas de vrais habits, ça la protégerait au moins de la nudité le temps de lui trouver un endroit au chaud. Faisant signe à Joan, qui la souleva doucement pour la mener dans la charrette, Flora s’occupa rapidement d’éteindre le feu à l’aide de ce qui restait d’eau avant de prendre les peaux et de monter dans la carriole, posant les dites peaux sous la tête de la femme blessée afin de rendre sa position un peu plus confortable. A présent, ils pouvaient se mettre en route et la marchande espérait que Joan connaitrait le chemin le plus rapide et le moins désagréable pour se rendre chez quelqu’un capable de soigner toutes les blessures dont avait été victime la blonde. A coup sûr cela allait prendre beaucoup de temps, beaucoup d’énergie, et beaucoup de prières.
--Joan_


Rah les femmes! Elles savaient mettre en boite comme il faut, mais en regardant Flora, il lui aurait tout cédé. Elle était bien agréable et comptait bien lui compter fleurette. Mais bien après... oui après.
Après s'être occupé de la malheureuse et ce sont les propos de Flora qui le tirèrent de ses douces pensées.


Il me semble qu'il y a un couvent non loin .On va pouvoir la mener là bas
.

Coup d'oeil sur l'infortunée, puis il vient muni d'une tasse qu'il fait couler dans la marmite d'eau refroidie . Doucement il souleva la nuque de la blonde dont le visage avait été épargné par l'arme et approcha l'eau de ses lèvres entrouvertes.L'eau s'y déversa , faisant des rigoles également de ses lèvres sur sa peau .Elle devait ne pas avoir bu depuis si longtemps ...
Une fois terminé, il vida le restant de l'eau dans l'herbe, raccrocha sa timbale a sa ceinture puis glissa ses bras sous la femme .
Quel poids plume ce petit bout de femme.
Elle avait un joli visage malgré le masque de souffrance d'absente. Elle avait morflé et Yoan se demandait ce que sa vie serait plus tard ... si elle s'en sortait.
L'homme la transporta contre lui , sa tête contre son large torse et il la déposa précautionneusement sur les peaux que Flora avait ramassées et préparées sur la charrette.
Il la calla tant bien que mal afin qu'elle ne souffre le moins possible du voyage puis s'installa devant.

Allons y, hâtons nous. Elle a assez eprdu de temps !

Yeah ! Claquement des rennes et la caravane démarre . Le pas des chevaux est rapide et le geste de Yoan sur et sans appel. Il sait à peu près ou se trouve le couvent, il y a souvent amené quelques produits aux soeurs qui lui avaient fait un très bon accueil.
Jour déclinait, l'équipée filait droit vers une bâtisse imposante à la porte de bois fermée. Elle s'arrêta devant elle, Yoan en descendit puis avança prestement vers la porte pour y abattre son poing plusieurs fois.
Quelques minutes à attendre, jusqu'à ce que la trappe s'ouvre.
Une soeur apparut dans l'ouverture, ton jovial air ni avenant, ni méchant.


Bonjour mon fils. Que me vaut ta venue en ces lieux?

Bonjour ma Soeur, je me prénomme Yoan et je vous amène une femme qui a de multiples blessures sur le corps , pas beau à voir.
j'sais que vous soignez les gens, alors je me suis précipité à vous l'amener .


Yoan eut un sursaut en arrière, la soeur ayant fermé la trappe avec promptitude, ouvrant alors la porte en grand.
De nombreuses soeurs en sortirent, Yoan allant alors ouvrir la charrette . Avec précaution elles prirent en charge l'infortunée alors que la mère supérieure arrivait vers Yoan .


Vous venez avec nous vous reposer mon fils, vous en avez bien besoin. Ainsi en vous restaurant, vous me conterez comment vous avez trouvé cette jeune femme .


Ce faisant, toute la caravane entra au sein du couvent, les lourdes portes de bois se refermant derrière eux .
Sindanarie
["Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées"*]

Ah ça, pour aimer la chasse, elle devait l'aimer... Le regard qu'Aldraien lui avait lancé en guise de réponse valait tous les discours du monde. Elle traquerait celui-là comme elle n'avait jamais rien traqué auparavant. Rien, ni personne. C'était une évidence. Un aveugle l'aurait vu. Un sourd l'aurait entendu. Et, une fois que la rousse eut repéré la direction globale de la piste, elles s'étaient remises en selle et avaient suivi le chemin de douleur d'Antlia. Destinée et Vengeance côte à côte.

Combien de temps la chevauchée durait, Sindanarie ne le savait pas. Elle s'en moquait. Tout ce qu'elle voulait, c'était retrouver l'Errante en un seul morceau et vivante. C'était en finir avec ce marasme. Et c'était mettre la main sur le responsable de la disparition d'Antlia. La Proie. Son nom, elle l'avait refoulé dans un coin de son esprit. Et, alors qu'elles chevauchaient, la brune luttait contre le sommeil, sombrant parfois dans la somnolence, guidée alors par Aldraien. La nuit tomba une fois, longtemps, une éternité après leur départ, lui sembla-t-il, puis l'aurore vont de nouveau teinter de gris les arbres au milieu desquels elles cheminaient. Parfois, quand elle parvenait à repousser les ombres inquiétantes qui peuplaient son demi-sommeil, Sindanarie guidait à son tour la jument de la rousse. Et ainsi elles voyagèrent, épuisées, sans manger ni se reposer.

Parfois, pour se tenir tant bien que mal éveillée, elle fredonnait mentalement les chants qu'elle avait appris tout au long de son encore courte vie, laissant son esprit vagabonder sur les chemins de ses souvenirs dans un état intermédiaire entre veille et sommeil. Du chant des Lames Brisées à celui de la Licorne. Un monde de différences. Un point commun au moins. L'indéfectible solidarité. S'en prendre à une Lame Brisée, c'était s'en prendre à toutes. Attaquer une Licorne, c'était attaquer l'Ordre entier. C'était assez ironique, en y repensant. Passer des mercenaires à un Ordre Royal pour se rendre compte qu'au final, il y avait partout une valeur fondamentale. Je te protège parce que je sais que tu me protègerais. Je te venge parce que je sais que tu me vengerais.


["Les parfums ne font pas frissonner sa narine"**]

Le jour est levé depuis plusieurs heures déjà. Soudain, Aldraien laisse sa jument s'arrêter et met pied à terre. Elle a remarqué quelque chose. Luttant pour garder les paupières levées, Sindanarie se secoue et suit du regard les mouvements de sa Soeur, immobilisant Vengeance. Elle les suit jusqu'à ce qu'elle aperçoive ce que la rousse a déjà vu. Bien vite, bien trop vite, Aldraien se fige et reste face à l'immense tache de sang. La brune, elle, est secouée d'un frisson et d'un violent haut-le-coeur. Qui est ce monstre ? Comment a-t-il pu ?... Tout ce sang... Il l'a massacrée. Il a dû ouvrir toutes les veines de son corps pour en tirer pareille quantité. Elle ne peut articuler, elle ne peut murmurer que quelques mots. Un juron, avant de mettre pied à terre.

Par tous les diables des enfers...

Et, tenant Vengeance par la bride, s'avançant quelque peu, elle pose sa main libre sur l'épaule de sa Soeur. Elle garde la face tournée vers le sol, le temps de réprimer la grimace de rage, le sanglot qui monte, la larme qui menace de perler. Elle reste visage tourné vers la terre, comme déjà devant la sépulture d'Antlia. De l'Errante disparue. Comme devant ceux à qui elle rendra des comptes. C'est une immense tristesse, une immense fatigue qui l'envahissent. Si cela n'avait tenu qu'à elle, elle serait volontiers restée là, assise en tailleur, à attendre que la mort vienne la prendre parce qu'elle n'avait pas été suffisamment rapide pour retrouver à temps sa Soeur. Mais elle est aussi envahie par une immense haine, et c'est ce sentiment, jusqu'alors une fois seulement ressenti, qui la tient debout à cet instant. Un sentiment qui se résume en une phrase. Je t'aurai. Même si je dois y laisser ma peau.

Mais avant tout, en ce moment d'abyssale solitude, elle doit veiller sur sa Soeur. Celle qui vit encore. Celle qui reste terriblement calme en surface, quand mille autres se seraient effondrées corps et âme. Celle qui fixe la mare coagulée à leurs pieds. Celle qui vient de perdre sa suzeraine, son amie, sa presque soeur. Ou plutôt, la soeur dont elle était la plus proche. Pas une soeur de sang qu'elle n'avait pas choisi, non, mais une soeur d'esprit et de coeur. S'il fallait tenir, encore à présent, c'était pour elle. Pour Aldraien. Il fallait tenir pour la mener ailleurs, l'arracher à cette vision de cauchemar. L'emmener vers un lieu où elles pourraient réfléchir. Sindanarie, en tout cas, ne réfléchit plus. Elle agit inconsciemment, comme un pantin. Doucement, comme une mère enlacerait son enfant au bord de la mort, elle l'a prise contre elle pour l'obliger à détourner les yeux de cette flaque séchée qui attire son regard comme l'aimant le fer. Et elle écrase d'un geste rapide l'unique larme qui parvient enfin à rouler de ses émeraudes. Puis, la relâchant, elle lui murmure :


Viens.

La voix est rauque des émotions contenues. Le ton est monocorde. Vers où peuvent-elles se trainer ? D'un coup, la Limousine se sent plus morte que vive. Elles sont deux cadavres, deux coquilles vides ou presque, deux brasiers qui vacillent et chancellent. Qu'est-ce qui est le plus proche ? Le Mans, sans aucun doute. A combien de temps ? Une heure, deux heures ? Plus, moins ? Elle est comme morte, la forêt s'estompe comme dans un rêve. Elle ne sent rien, elle évolue dans un monde feutré. Les sons s'assourdissent. Elle ne sent même plus l'odeur de mort qui plane sur le lieu où elles se tiennent. De son mieux, elle essaie de ramener, doucement mais fermement, Aldraien et sa jument vers Le Mans. Elles ne peuvent pas rentrer comme ça à Laval. Et peut-être que quelqu'un, au Mans, a vu ou entendu quelque chose. Et l'Ecuyère se hisse de nouveau, péniblement, sur le dos de Vengeance, pour une dernière tirée dans cette forêt maudite, mille fois maudite, jusqu'à la capitale mainoise. En espérant trouver une lumière au bout des ténèbres dans lesquelles elle sent qu'elle s'engage. Et elle se raccroche, pour contrer la douleur, à un souvenir. Ô vous, qui m'avez battue au cours de ce duel amical il y a de cela quelques mois à proximité de cette ville que nous défendions tous deux, sauriez-vous me sauver de mes démons ?

* Demain, dès l'aube, Victor Hugo
** Le Dormeur du val, Arthur Rimbaud

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--Soeur_clemence


[ Le Mans - Couvent J+4]


La mine de l'homme l'avait inquiétée. Non pas peur pour elle même , mais messager d'une mauvaise nouvelle.


Bonjour mon fils..

Et en effet, il la conduisit à la charette ou elle découvrit la pauvre femme .
Elle se signa puis déposa une main sur son front réconfortante tout en tranchant de sa voix:

Je suis la responsable de ce couvent, Soeur Clémence. Nous allons faire notre possible pour cette femme.
Soulevez la avec précaution et menez la dans l'infirmerie en prenant bien garde de ne pas contorsionner son corps.


Elle avait aperçu des traces de sang sur le tissu qui recouvrait la pauvre femme et la pâleur de celle ci ne lui dit rien qui vaille . Une batterie de petites ou plus grandes femmes s'empressèrent autour du corps, et la caravane humaine prit le chemin de l'intérieur du couvent. Soeur Clémence se retourna vers les deux voyageurs.

Suivez moi! Vous allez me raconter tout ce que vous pourrez me raconter afin que nous puissions prévenir ses proches.


Ils firent entrer la charrette et les portes se refermèrent, couvant en son sein les dévouées d'Aristote.



A l'intérieur, telle une fourmilière qui reprenait vie aux beaux jours, toutes s'affairaient. Beaucoup eurent une grimace d'effroie en voyant le corps mutilé de la femme, mais elles ne dirent rien . A la tête du corps allongé sur une table propre, une femme récitait le credo comme une lithanie tout en caressant le visage de la Blonde, seul endroit épargné par le fou.
Trois autres nettoyaient les plaies le mieux possible, sans les rouvrir, examinaient toute trace d'infection .
Une cinquième préparait un onguent.


Il faudra la faire boire, de quoi laver son corps et apaiser son âme. Les prochains jours seront très durs .


Elles firent tout leur possible, dans cette pièce, ni trop petit, ni trop grande jouxtant une salle de dimensions beaucoup plus importantes de lits alignés.
Les soeurs étaient efficaces et semblaient connaitre parfaitement ce qu'elles faisaient sans aucune hésitation, ce qui soulèverait l'admiration. Une machine efficace et bien rodée, des gestes étudiés précis, tel un ballet répété maintes fois.

Et dans le bureau de Soeur Clémence, Le Marchand ambulant conta l'histoire ne manquant pas de répéter le message aux lettres de sang qui recouvrait la malheureuse.


je vous invite à vous reposer car vos émotions ont été grandes. Je vais m'occuper de cette femme et de trouver qui avertir. En espérant qu'elle se réveillera , ce qui nous simplifiera la tâche.


Elle le raccompagne, lui montra les cellules destinées aux visiteurs puis se dirigea vers l'infirmerie d'un pas décidé. Elle passerait la nuit près d'elle
Lady_antlia


[Couvent du Mans J+4]


Le bord d'un abime ou celui d'un précipice ...
C'est là que se trouve l'esprit de la Belle: un sentiment de vide, d'oubli, en errance .
Corps frêle d'une femme à l'agonie, qui se réfugie dans ce monde sans Hommes afin de se protéger de la douleur. Ce cocon qui l'entoure et la maintient en vie, combien de temps va t il durer? Combien de temps va t elle en profiter?
La pâle Etoile n'est plus que corps qui passe de bras en bras. ON aurait pu croire à un corps qui venait de perdre la vie, chevelure défaite et tombante, tête qui ne se portait plus, inerte ne grimaçant même pas lorsqu'on la bougeait malgré toutes ses blessures.
Elle restait là, entre deux mondes, blottit dans cet autre parallèle ouaté. Aucune pensée ne traversait cet esprit en berne. Aucun rêve, aucun souvenir ne venait combler le vide dans lequel elle s'était réfugiée.

Le sang séché sur ses cheveux blonds attestait de la blessure à la tête. Quant à son corps... On aurait pu croire à un jeu, des dessins faits sur le corps à la vue du nombre de saignées qui s'y trouvaient. Lacérés de haut en bas, son buste, ses cuisses portaient un nombre de plaies les unes a coté des autres tellement important...
Son corps de femme porterait à jamais les stigmates de cette rencontre avec ce fou...

Tlia n'avait pas senti lorsque Flora lui avait lavé le corps, ni même l'eau que Yoan lui avait faite boire. Elle n'avait pas senti le trajet vers le couvent.Dans la salle de l'infirmerie où les soeurs s'activaient autour d'elle, son corps restait inerte. Mais si l'on avait pu voir son esprit, celui ci se faisait happer par la monotonie et la redondance des paroles du Credo que la soeur lui murmurait à l'oreille. Les battements de son coeur variaient alors avec la longue litanie de la femme assise à ses côtés jusqu'à ce que Tlia prenne conscience.... Conscience du touché sur sa peau à vif. Elle aurait hurlé si elle avait pu mais l'onguent qu'on lui appliquait radoucissait la brulure de sa peau, la douleur qui en émanait .
Tlia écoutait tous les bruits autour d'elle, pensant quelques fois que celle qui récitait le Credo pouvait aller faire cela ailleurs car elle cachait l'autre fond sonore, celui qui lui aurait donné des renseignements.


Musique d'ambiance
Une main lui soulève la tête alors qu'une étoffe glisse sur son corps afin de le recouvrir. La main sure lui prend la nuque, soulève la tête. Le contact froid d'un récipient fait frémir légèrement sa lèvre inférieure et un liquide s'insinue en sa bouche. Elle se remplit cette bouche, pas de déglutition jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus respirer. Sensation d'étouffement qui fait sursauter son corps. Une toux involontaire se fait entendre , elle avale légèrement de travers ce liquide qui finalement finit sa course en elle.
Et la toux la tire, la happe à son tour vers le monde des vivants sans plus de ménagement que la douleur. Elle entrouvre les yeux et ses lèvres libérées du verre frémissent.
Son esprit s'affole, entrevue avec le réel qu'il a essayé de fuir, peur de cette douleur qui torture l'enveloppe de cet être.
Tlia distingue des formes floues, des mouvements, des odeurs caractéristiques, identiques à l'infirmerie où elle étudiait les onguents en l'Ost du Lyonnais Dauphiné.
Et des images, un sentiment de panique s'insinuent en elle, perfides. Ses lèvres tremblent et un gargouillement sort de sa bouche. Elle ne contrôle plus rien, son corps reprend le dessus sur son esprit comme une volonté de vivre. Un soupire alors telle une ouverture de l'esprit sur le monde qui l'entoure. On s'affole autour d'elle, on entend, on voit la blonde bouger.

L'une des soeurs part de suite prévenir la mère supérieure qui ne tarde pas, tandis que Tlia essaie de rassembler son esprit encore diffus, qui résiste visiblement. mais au fur et à mesure qu'elle se remémore qui elle est, ce qu'elle est et les derniers évènements de sa vie, des larmes perlent sur ses joues alors qu'elle ferme les yeux.
L'horreur lui revient, la peur, le souvenir de la douleur, douleur atténuée par les onguents des soeurs, la course, Lui et ses menaces. Puis la Licorne vient occuper sa vision, elle doit prévenir !
Une main prend la sienne, chaleur qui adoucit sa peur, et qui amène son esprit a s'éveiller davantage et son regard se tourner vers la forme qui se tient près d'elle .



Vous n'avez plus rien à craindre, vous êtes au couvent et nous vous soignons.


Apaisement supplémentaire, des femmes d'Aristote. Elle prit sur elle, rassembla ses maigres forces et ferma les yeux. Elle essaya de faire sortir un son de sa voix mais un deuxième gargouillement prit naissance.


N'essayez pas de parler, reposez vous.

Non elle voulait prévenir et menait un autre combat contre ce corps qui ne voulait rien savoir.

Ordre de la Licorne, prévenir .... un souffle ... Laval, Tlia... Une respiration, deux... elle recommence alors : Prévenir Bess de la Licorne. danger .

Elle ne put plus ..le mot danger lui avait pris tant de force dans l'émotion qui y était passé. Tlia ferma les yeux alors puis replongea dans un sommeil qui cette fois ci serait réparateur si l'on omettait la fièvre qui commençait à se déclarer. La mère supérieure le constatait, les joues de la femme blonde rosissait contrastant avec la pâleur de sa peau.

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--Soeur_clemence
[ Couvent du Mans, J+4]

Soeur Clémence se releva tout en regardant le visage pâle de la femme allongée devant elle. Les joues rouges l'inquiétaient, signe évident de fièvre.Les prochaines heures seraient décisives.
Il allait falloir prévenir ces gens, Licornes . Tout en laissant la femme aux bons soins des soeurs du couvent, elle prit le chemin de son bureau. Il lui semblait bien avoir entendu parler d'un Ordre Royal de la Licorne. En ferait elle partie cette femme ?
Elle ouvre la porte et s'assied a son lourd bureau.
Aucun age ne pouvait être donné à Soeur Clémence, du fait sans doute de son habit strict et de ses cheveux cachés par la coiffe. Mais elle inspirait respect,onaurait même pu dire de la crainte mais nous étions en maison d'Aristote.
Assise à son bureau, elle prit le temps de rassembler ses esprits, les informations qu'elle avait obtenue et de les mettre en ordre. Soeur Clémence prit alors son necessaire à écrire, lissa un vélin puis trempa sa plume. Les mots commencèrent alors à s'aligner, lettres régulières ..

Citation:

Couvent du Mans ,
le 7 avril 1458



Au responsable de l'Ordre de la Licorne,

En ma qualité de Mère supérieure du couvent du Mans, j'ai accepté de recueillir une femme au sein de nos murs.
Une femme, blonde, cheveux longs, à la peau très blanche m'a été confiée ce jour par des marchands ambulants.
Celle ci, dans un espace de réveil m'a demandé de vous prévenir. Ses mots que je ne peux interpreter, je vous les confie.

Elle a demandé de prévenir Bess de l'Ordre de la Licorne d'un danger. Elle a également prononcé "Tlia".
Nous n'avons aucune indication quant à son identité car celle ci a été retrouvée nue. Il est évident qu'elle a subit des violences puisque son corps est recouvert de cicatrices.
Mais sur son corps,les marchands ambulants ont découvert ces mots écrits à l'aide de son sang :" Une licorneuse de moins, les autres suivront."
Si vous avez une idée sur son identité, nous aimerions la connaitre afin de faire prévenir ses proches si elle en a. Je n'oserais pas si le temps était compté. Je bn'ai aucune certitute quant aux heures qui vont venir, mais je prierai pour l'âme et la guérison de cette femme.


En attendant de vos précieuses nouvelles

Qu'Aristote vous garde,

Soeur Clémence.

Elle prit le temps de se relire, repensant alors aux blessures de la femme .. Elle soupira se demandant ce qu'Aristote pouvait faire d'une telle âme et se jura de prier pour l'âme perdue du ou de la responsable.
Sceau coulé, lettre cachetée, elle alla la confier à un jeune homme qui la confierait à qui de droit, en toute confiance.
Maintenant, il allait falloir attendre, le plus dur à supporter .
Aldraien


« Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit »*

Vide. Affreusement vide.
En moins de dix secondes, la vie de l’Ecuyère venait de basculer emportant avec elle le peu de raison qui lui restait. En elle, une tempête se levait, un furieux dialogue intérieur se préparait à éclater contre lequel elle n’avait pas l’intention de lutter. Pourquoi, après tout, tenter de se contrôler quand on sait qu’il n’y a plus de raison de le faire. Elle le sent, l’autre est là, dans sa tête. Voix insidieuse qui se faufile partout et prends possession de tout ce qu’elle touche, y compris une âme faible et à vif qui vient de perdre une sœur. Dire que d’un regard, elles pouvaient se comprendre, qu’elles n’avaient pas besoin de paroles pour savoir ce que l’autre avait dans la tête. L’Ecuyère avait toujours été réconfortée par sa Suzeraine, toujours elle avait continué à avancer en repoussant ses idées noires, pour lui faire honneur. Elle avait juré un soir, à genoux devant elle, de toujours la protéger et veiller sur elle : elle avait lamentablement échoué. Qui maintenant la protégerait d’elle-même ?
Brisée, la femme pleine de bonne volonté qui aurait tout fait pour mener sa mission à bien. Détruite, celle qui s’était relevée de si nombreuses épreuves pour continuer à vivre dans un monde étrange, qui a survécu à un incendie par on ne savait quel miracle.

De retour, l’ombre d’elle-même.

« Tu n’as pas pu la sauver. » Ricanement de l’autre, trop contente de pouvoir blesser encore plus la rouquine et de remuer le couteau dans la plaie. L’ombre sait qu’elle touche, elle a accès directement au cœur tourmenté. Mettre en évidence une réalité qu’elle se forçait à se cacher pour qu’elle ne puisse voir qu’elle. Regard fixe, combat intérieur qui recommence, comme lors de ce fameux duel. « Tu n’es plus là, tu n’as jamais été là, va-t-en… » Elle chasse l’autre de la main, sans conviction, comme si on pouvait repousser une ombre. Vidée, elle n’a plus la force de combattre cette chose qui rôde aux limites de son esprit depuis des mois mais qu’elle avait jusque là réussit à tenir à l’écart. Pourquoi faire, de toute façon, elle avait échoué dans tous les rôles de sa vie. Licorne et Vassale, Sœur et Amie : elle était une incapable dans tous les domaines. « Tu l’as abandonné… » , « Non !!»Pourquoi donc ne pouvait on pas tuer une ombre…Elle aurait aimé pouvoir passer toute la rage qui l’habitait sur cette autre, lui enfoncer sa dague dans le ventre, encore et encore jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien pour enfoncer. « Je fais partie de toi. », « … » La conscience se fait plus effacée, laissant la place à cette autre présence qui l’enveloppe d’une sorte de chaleur apaisante, qui lui donne envie de dormir profondément…très profondément, très longtemps. « Oui, comme ça, laisse toi aller… »

« …et le jour pour moi sera comme la nuit. »**

Le noir, néant. Absence de tout.
Juste une silhouette recroquevillée là, dans un coin de l’esprit, pleurant des larmes salées et silencieuses alors qu’autour d’elle, des mains l’entourent complètement, empêchant toute tentative de fuite. Voilà qu’elle était prisonnière d’elle-même, de sa propre rage et de sa propre tristesse, de sa haine et de son combat. Prisonnière volontaire, elle n’avait pas l’intention de se battre pour résister à cette mise en cage, captive de son propre gré. Qu’elle devienne folle, qu’elle se consume toute seule, de toute façon elle se foutait de tout ça maintenant.
A l’extérieur de cette âme brisée, c’est la réalité qui suit son cours. Sinda a rejoint le coquille vide qui continue de fixer la flaque de sang coagulé sans vraiment la voir. Elle ne voit plus rien, aveugle qu’elle est, sa vision obstruée par l’autre. Et Sinda la berce comme une enfant, elle qui ne ressent rien sinon le vide béant dans son cœur, elle la détourne de la dépouille ensanglantée comme on détourne l’attention d’un enfant d’un jouet cassé ou d’une blessure qui saigne un peu. Mais celle là avait trop saigné pour qu’on puisse faire comme si de rien n’était, apaiser simplement avec des gestes…docilement, la coquille vide obéit et remonte à cheval, chancelante, un regard gris et vide, sans l’étincelle émeraude qui le caractérisait d’ordinaire.

Les juments avançaient d’un pas lent, comme ralenties par la funèbre nouvelle qui leur était tombée dessus, dévastatrice. Le Mans, une ville où elles étaient passées, pas longtemps. Une ville qui avait vu partir une Ecuyère au cheveux flamboyants et à l’âme tout aussi enflammée, et qui allait voir revenir une femme terne et en miettes. Les flammes ? Parties, éteintes, soufflées par la Mort. Une femme entourée d’une sorte d’aura où se mêlait détresse, tristesse et ténèbres. Plus un mot ne sortirait de sa bouche, pas une larme ne s’échapperait de ses yeux. En était elle seulement capable ?
Alors que les maisons mainoises se profilaient devant les cavalières, une chose plutôt prévisible se préparait. Si Sinda, elle, semblait tenir le coup par un miracle qui lui avait été très certainement accordé, Ald pour sa part ne tenait plus rien. Toute trace d’énergie l’avait abandonné après la découverte, après le cloisonnement de son âme entre les griffes de l’autre, et les effets s’en faisaient sentir maintenant. Privé de raisonnement, le corps de l’Ecuyère ballotait dangereusement de tous les côtés, le cheval avançant sans réelles commandes le long du chemin. Elle ne tombait pas sans doute grâce à ses pieds bien callés dans les étriers mais, une chose était sure, elle avait lâché prise.
Noir.


*/** : Demain, dès l'aube, Victor Hugo
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Bess.scte.merveille
[Laval - Dans ce qui lui sert de bureau / J + 5 aprés l'enlèvement]

La petite routine qui s'était installée à leur arrivée avait prit un sale coup aprés la disparition de Tlia. Peu ... en fait pas de nouvelle de la disparue, malgré les recherches que faisaient Sinda et Ald. Les mots qui lui parvenaient étaient laconiques. Au début c'était du "nous avons été là et là et n'avons rien trouvé de probant, on continue ver.... " la dernière c'était un "Rien" signé d'un "Sinda".

Bess se doutait que pour les filles c'était encore plus dur que pour elle. Facile pour elle de penser à autre chose alors que sa tête était occupée par tout un tas de petits soucis, importants ou non. Par contre pour les deux jeunes femmes sur les routes c'était autre chose. Alors oui Bess se doutait que c'était pas facile pour elles, mais elle ne pouvait malheureusement rien y faire.

Le temps lui semblait filer à toute allure, bientôt une semaine que Tlia à disparu et rien ... depuis les loques trouvées à l'orée du bois il n'y avait rien ... pas la moindre trace, comme si elle n'avait pas été là, et s'il n'y avait eut ces loques ensanglantée justement, elle aurait pu parfois douter.

Cinq jour ...ça faisait maintenant cinq jours, et plus le temps passait plus elle doutait qu'on retrouve leur soeur vivante ...voir même qu'on la retrouve un jour. Et le dernier petit mot de Sinda lui laissait présager qu'elles étaient pas loin de perdre espoir.

Mais aujourd'hui tout est changé ... tout a changé... Elle venait de recevoir une missive via un coursier. Une missive d'un couvent situé prés du Mans. Bess gardait le message à la main, l'air de pas y croire. Lisant et relisant, essayant d'en savoir plus que ce qui était simplement inscrit. Signé par une soeur Clémence. Avant même de lire la description de la femme en question elle savait déjà qu'il s'agissait de Tlia ... elle qui n'y croyait plus....

Elle ne perdit pas plus de temps, repoussant le courrier de côté, d'abord missive pour ses soeurs, qu'elles sachent et surtout que leur esprit soit libéré de cette tension qu'elles devaient accumuler... ensuite réponse à la soeur Clémence.


Citation:
Sinda, Ald,

Vous pouvez arrêter vos recherches, Tlia est prés du Mans, au couvent. Je ne connais pas son état, mais il semble plus que préoccupant.

Je vous demande à toutes deux de ne pas chercher plus avant aprés ce Arminus, Tlia à besoin de vous et de votre force. La vengeance viendra en son temps.

Je compte sur vous pour m'informer de son état dés que vous l'aurez vu.

Faites pas de bêtises.
Bess


Citation:
De Bess Saincte Merveille
Chevalier Errant de l'Ordre Royal de la Licorne
Responsable des opérations en Laval,

A Soeur Clémence,
Couvent du Mans,

Ma soeur, j'ai bien reçu votre missive qui ôte un poids bien lourd de nos poitrines, alors que nous cherchons notre Soeur depuis plusieurs jours déjà. Antlia est son nom, Licorne elle est.

Deux soeurs Licornes vont venir frapper à vostre porte, répondant au nom d'Aldraien et Sindanarie. Je vous demande de les laisser approcher de notre soeur d'arme, nous sommes sa famille et Aldraien s'occupera de prévenir ceux qui doivent l'êtres.

Je vous remercie pour vos prières et vos soins à notre soeur, et je joins mes prières aux votres, en espérant qu'elles ne seront pas vaines.

Avec tout mon respect
qu'Aristote vous garde
Bess Saincte Merveille

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Sindanarie
[Arrivée de deux loques humaines au Mans]

Sa Soeur lâchait prise. C'était évident. Car à l'épuisement mental, à l'atroce douleur qui devait la tenailler, s'ajoutaient des contraintes physiques énormes. Au moins deux jours d'épisodes de vague sommeil interrompu et jamais réparateur, deux jours sans manger ni boire. Deux jours de chevauchée, deux jours à voler de sinistre découverte en plus sinistre encore découverte. Et la rousse ballotait de plus en plus dangereusement. Sa solide assiette la tenait encore en selle, mais pour combien de temps encore ?

Ce n'était pas la peine de perdre une autre de ses Soeurs pour cause d'épuisement. Non. Il fallait qu'elles arrivent entières au Mans. Ah, si l'Arminus avait encore été dans les parages, quelles proies de choix il aurait vu... Deux Licorneuses, l'une défaillante, l'autre au bord de défaillir, incapables de se défendre, incapables de tout, sauf de se trainer jusqu'aux maisons de la capitale mainoise, désormais si proches... Et si lointaines encore. Plus elles avançaient, plus il semblait à la jeune femme que sa compagne d'infortune menaçait de tomber. Alors, arrêtant Vengeance, elle mit pied à terre, prenant appui sur chacune des juments pour éviter que ses jambes ne se dérobent et pour éviter de chuter, et se hissa, tant bien que mal, en croupe sur Destinée. Récupérant les rênes de la jument, guidant la sienne par la bride, la brune soutint et maintint la rousse jusqu'à ce qu'elles pénètrent dans la ville, jusqu'à ce qu'elles s'arrêtent devant une auberge.

Dans les brumes qui menaçaient d'envahir son esprit, la jeune femme avait en effet encore quelques réflexes de logisticienne. Il leur fallait prendre du repos. D'où l'auberge. Mais il fallait aussi trouver une auberge qui soit dans ses moyens... Quand elle était partie de Laval, elle n'avait conservé que les quelques écus qui garnissaient sa bourse, en cas d'extrême urgence. Pour un cas comme celui-ci, en fait. Bref, pour répondre à l'impératif d'économie, cette auberge-là était la meilleure. Il était possible d'y avoir une paillasse pour pas grand chose, si les souvenirs datant de quelques jours plus tôt étaient encore valables... Et ils l'étaient sans doute. Le plus délicat restait à faire. Démonter sans qu'Aldraien tombe. Plus elles avançaient, en effet, plus Sindanarie avait eu l'impression de la sentir peser contre elle. Au bord de l'inconscience. Elle-même ne comprenait pas comment elles avaient pu supporter les derniers jours. Elle ne comprenait pas non plus comment on pouvait infliger pareil sort à une femme.


Eh ! Ca va ? Vous voulez d'l'aide ?

L'aubergiste se tenait à côté de Destinée, une main sur les rênes de Vengeance. Hochement de tête de la brune exténuée. Oui, besoin d'aide. Besoin d'une chambre, d'un bout de pain pour plus tard. Voilà que l'aubergiste, refilant les rênes puis les juments à sa femme qui était sortie en catastrophe aux mots de son homme, aidait Sindanarie à faire mettre pied à terre à Aldraien et soutenait la rousse jusqu'à une chambre qu'il n'avait pas encore louée. Dans la chambre, un seul lit, étroit, peut-être inconfortable. Qu'importe. C'était un lit. Et des deux, celle qui en avait le plus besoin, c'était Aldraien. Un signe d'approbation quand l'aubergiste commença à l'installer sur le lit. Peu après, il revint, une cruche de vin et une miche de pain à la main, et la déposa sur le coffre qui complétait le mobilier spartiate de la chambre avant de se retirer, jetant un regard inquiet en arrière. Allait-il avoir deux macchabées à évacuer le lendemain ?

Non. On ne se débarrassait pas ainsi de Licornes. Jetant un oeil à sa compagne, la brune vacilla. Elle était étendue de tout son long et lui sembla pâle comme la mort. Seul le léger frémissement de ses narines assurait qu'elle était toujours vivante. Mais au moins, elle était bien installée. C'était parfait. Sindanarie tira une couverture sur la rousse pour s'assurer qu'elle soit aussi confortablement installée que possible, et se roula en boule sur le sol, à côté du lit, enveloppée dans une autre couverture auparavant posée sur le coffre. Et elle s'effondra à son tour, s'abandonnant enfin au noir qui voulait l'engloutir depuis qu'Aldraien avait découvert la mare brune.


[Le Mans, à l'auberge, J+6 - Renovatio]

Depuis combien de temps étaient-elles là ? Un jour, deux jours ? Dans sa torpeur, Sindanarie n'y avait pas fait attention, pas plus qu'au goût du pain et du vin que leur avait apportés l'aubergiste et qu'Aldraien et elle avaient fini par attaquer, pour achever de se remettre à peu près sur pied. Pour, en tout cas, s'empêcher de mourir de faim. Elle n'aurait pas su discerner le jour de la nuit. Elle n'aurait pas su dire si c'était le soir ou le matin quand deux coups furent frappés à la porte de la chambre. Derrière la porte, une Sindanarie encore chancelante quoique moins exténuée physiquement découvrit l'aubergiste, porteur d'un message. "Il vous est adressé". Au premier coup d'oeil, elle avait reconnu l'écriture de Bess, de son ancienne Capitaine. Si tu savais, Bess, si tu savais... Si tu avais vu cette mare, tu comprendrais pourquoi je ne t'ai pas encore écrit. Il n'y a plus d'espoir, Bess. Nous avons perdu Antlia. Elle ne peut qu'être morte. Si tu avais vu tout ce sang... Bess, même pendant la guerre de Bretagne je ne crois pas avoir vu autant de sang versé par une seule personne. Elle ne peut pas avoir survécu.

Comme un automate, adossée au chambranle de la porte, elle avait déplié la missive. Il était laconique, délivrait son message en peu de mots. Premier réflexe : il fallait répondre à Bess, lui confirmer qu'elles étaient arrivées, l'informer de leur découverte... Elle n'avait pas encore eu le courage de prendre la plume pour lui répondre. Non. Ce n'était pas la peine de lui répondre encore, avec ce nouveau message... Du moins, pas avant d'avoir vu Antlia. A quoi bon lui envoyer un message pour lui dire qu'elles avaient bien reçu le sien ? Il mettrait un temps fou à parvenir à Laval pour ne rien lui apprendre. Mieux valait donc qu'elles se rendent d'abord à ce couvent.

Et soudain, l'essentiel du message frappa Sindanarie. Oh mon dieu. Oh. Mon. Dieu. Par Aristote, malgré la peste et malgré tous les diables des enfers... Antlia était dans un couvent. Antlia était dans un sale état. Mais elle était... La voix s'étrangla dans la gorge de la brune quand elle appela sa Soeur.


Ald.

Reprends-toi. Reprends-toi, boudiou. C'est une bonne nouvelle. C'est la meilleure nouvelle qui puisse arriver. C'est ce que tu n'espérais plus. C'est la fin d'une partie de ton cauchemar. Elle est retrouvée. Elle est soignée. Forcément, elle était soignée, les soeurs ne l'auraient pas laissé crever sans lui procurer de soins. On veillait sur elle. On priait pour elle. Oh, les vertus de la prière, Sindanarie restait un brin sceptique quant à eux. Mais pouvait-on être si sûr que c'était inutile... En l'occurrence, cela tenait déjà du miracle qu'on ait retrouvé Antlia en vie et qu'on la soigne. Raclement de gorge, pour chasser l'émotion. La brune ne relève pas la tête, elle la garde penchée sur la lettre qu'elle tient. Le soulagement est pourtant presque palpable quand elle reprend la parole.

Elle est vivante.

Soudain, ce sont deux émeraudes ravivées qui cherchent celles de la rousse. Elle est vivante. Amochée, peut-être, mais vivante. Et si elle a résisté jusqu'à maintenant à sa perte de sang, elle survivra. D'un coup, l'Ecuyère en eut l'intime conviction. Sans un mot de plus, un sourire radieux naissant sur ses lèvres, Sindanarie tend la lettre à Aldraien. Vois par toi-même. Et déjà, elle rouvre la porte. Il faut qu'elles repartent vite, qu'elles trouvent ce couvent, et qu'elles voient leur Soeur.
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