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Becs et ongles à la Hérauderie

Beatritz de Tapiolie


Alors qu'elle avait trouvé une occupation fabuleuse en salle des caducées - compter ses doigts, mais ne le dites pas au Roy d'Armes - la Blonde prêtait une oreille distraite au tapage que donnaient deux jeunes femmes dans la greffe des héraut ès généalogie. Ces deux femmes quémandaient Sylvestre...Pourquoi auraient-elles Mnémosyne ? Elles voulaient un homme et non pas une Blonde ! Alors, se sentant peu concernée elle s'était occupée de ses familles tranquillement après avoir vérifié une bonne quinzaine de fois qu'avec ses deux mains elle pouvait se targuer d'avoir dix doigts. Et puis... Tourraine était venu demander à ce qu'une des deux généalogistes présentes s'en occupe ; Mnémo s'était proposée... C'est donc de bonne humeur qu'elle passe la porte ô combien protégée de la salle des Caducées pour se rendre à la greffe et y trouver... La rousse ! Cette rousse qui s'était acoquinée avec son frère ! Seigneur devait-elle vraiment traiter avec une rousse ? Alors qu'elle envisagait de faire demi-tour son serment passa en boucle entre ses deux oreilles... Abnégation.

- Bonjour mes dames ! Je suis Mnémosyne, pour vous servir. Comme l'a demandé l'homme qui va faire le bonheur de vos palais, je vais m'occuper de vos requêtes. Sans trop prêter d'attention aux dames et en essayant de ne pas trop faire attention aux cheveux de la baronne de Lignières elle s'empara des documents puis, avec une légère inclinaison du buste les regarda avant de s'éclipser ; vite fait bien fait, pas trop de roux dans le regard. Je vais remplir vos demandes le plus rapidement possible et vient vous voir dès que ce sera fait. En attendant, je vous laisse vous régaler avec les merveilles de notre Maréchal.
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Beatritz de Tapiolie
Froncement de sourcil rageur, du côté de la Tapiolie.

-« Ah oui, festivités de la Nativité ? Il y a un mois aussi, c'étaient les festivités de la Nativité ? Ce n'est pourtant pas sorcier... Dans sa MaiSoN même, Monseigneur Azdrine de Vissac m'avait dit que cela serait fait dans les meilleurs délais. Ajouter une ligne dans un registre, grand dieu ! Est-ce donc si long ? »

Mais Béatrice de Tapiolie finit par s'arrêter de pester. Somme toute son interlocuteur venait de l'assurer qu'il allait chercher un héraut compétent pour cela, et qu'importait que ce fût "Sylvestre" ou un autre.
A l'ouïe des mots "poulardes", "chouquettes", "macarons", ses yeux brillèrent, même si elle tâcha de les garder dans leurs orbites. Gourmande, hélas pour ses hanches, qui devaient devenir dans les années qui suivraient plus larges que celles de sa mère ne l'eurent jamais été.

Alors arriva une blonde qui avait déjà vu passer bon nombre d'années, en regard de la jeune Béatrice de Tapiolie.
Malgré sa hauteur et sa prétention, face à cette femme qui prétendait régler, enfin, son problème, la jeune fille aux cheveux de jais s'inclina.


-« C'est un honneur, dame Mnémosyne, de constater que là où les hommes se font désirer, les femmes sont à l'œuvre et les suppléent mieux qu'il n'auraient fait. »

Et une flamme de fierté toute féminine s'était allumée dans son cœur. Oui, son père l'avait préférée à son frère, pour l'héritage, lors qu'il l'avait si longtemps négligée dans son couvent, sans même un regard, dans l'attente de cet héritier mâle qu'il voulait tant.
Elle l'avait emporté sur son frère... Et les généalogistes lui donnaient lieu de penser qu'il n'y avait vraiment qu'aux femmes que l'on pouvait se fier. Ses doigts se fermèrent sur une chouquette, et elle la porta à ses lèvres purpurines.

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Beatritz de Tapiolie


Alors qu'elle venait juste de classer le testament du Castelmaure la Blonde s'empara d'un velin, d'une plume et d'encre pour coucher son écriture si petite que peu lisible a l'attention de la demoiselle de Tapiolie. Tandis que son buste se penchait sur la table de chêne, son esprit voguait vers la jeune femme ; enfin une jeune noble montrait cette prestance si caractéristique due aux augustes familles de grande noblesse. Le nouveau cru d'héritiers était-il plus raffiné que le précédent ?

Citation:
A la Dame Béatrice de Tapiolie,
Salut et Paix.

Par la présente missive, je vous informe que vos souhaits quant à la généalogie Castelmaure ont été réalisés. Désormais, vous tenez votre place légitime dans la fiche généalogique de votre famille et de même, le titre d'héritière. En outre, le testament de votre père que vous nous avez transmis est aussi duement classé dans nos resgistres du Scriptorium.
Toutefois, pour plus de légalité je ne saurais que trop vous conseiller de nous faire parvenir rapidement votre certificat de baptème. Dès que nous l'aurons, il sera ajouté à nos dossiers.

Encore de nombreuses excuses pour l'attente que ces simples démarches ont occasionnées,
Qu'Aristote veille sur vous et votre famille.

Estelle de Varenne - Mnémosyne.

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Beatritz de Tapiolie


Citation:
Sous l’œil du Très Haut,

Ce jour d’hui, le vingt-troisième jour de décembre de l’an mil quatre cent cinquante six, nous, Carles de Castèlmaura, sain de corps et d’esprit, mais conscient de la brièveté de la vie, dictons notre testament au notaire de aurac, en présence de Phelipe de Saunhac, notre frère, Jehanne de assagnes-Begonhès, notre mère, et Bernard, notre fils.

S’il nous restait des dettes, au jour de notre décès, qu’elles soient payées.

Qu’ensuite tous nos biens, meubles et immeubles, nobiliaires et honorifiques, soient légués à notre aînée, Beatritz, issue de notre union légitime avec feue Lhise de Tapiolie.

Qu’il soit rendu à Beatritz de Tapiolie tous les égards dus au prestige de la maison de Castèlmaura que nous représentons, et qu’elle soit bénéficiaire par quiconque, administrations royales comme interlocuteurs, des honneurs qui doivent être rendus à ceux membres d’une famille qui s’est illustrée dans le service du bien de la Couronne au sein de la Pairie de France ;

Qu’ainsi ladite nouvelle Duchesse du Nivernais, Comtesse du Lauraguais, Vicomtesse de Chastellux, Baronne de Chablis et de Laignes, Dame de Castèlmaura, Béatrice, prenne la direction de la maison Castèlmaura et la tutelle de son frère, Bernard, issu de notre union légitime avec feue Maialenn de Mazerolles, jusqu’à sa majorité, et que durant toute sa vie, elle veille à pourvoir aux besoins de notre fils.

Qu’à ces fins, notre héritière octroie une seigneurie sise en Nivernais audit Bernard, son frère, et que la non application de cette clause soit motif de dénonciation du présent testament, au profit dudit Bernard, notre fils.

Que pour veiller à la bonne application de nos dernières volontés, Phelipe de Saunhac, notre frère, soit fait exécuteur testamentaire.

Suivant la coutume, révoquant tous autres testaments que nous pourrions avoir faits avant le présent testament ci-devant et même ceux que nous pourrions ci-après faire, à moins que ces mots, in cana domini, n'y soient insérés par clauses et marques de révocation du présent testament.

Lequel a été ainsi dicté et nommé par nous, Carles de Castelmaura, Duc du Nivernais, Comte du Lauraguais, Vicomte de Chastellux, Baron de Chablis et de Laignes, audit notaire et en présence desdits témoins sans suggestion d'aucune personne, lu et relu par le notaire de Laurac susdit en présence aussi desdits témoins, que nous avons dit bien entendre et voulons qu'il soit exécuté selon sa forme et teneur.

Fait et passé au château de Laurac, signé desdits témoins et de nous.

Carles de Castelmaurà


Phelipe de Saunhac


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