Luciedeclairvaux
Elle était blonde, elle était belle. Elle sentait bon le sable chaud. Bref, pas le profil pour être le rejeton d'un tel monstre. Même si en matière de monstruosités, elle tenait le haut du pavé, elle aussi.
Ou alors, il eut fallu que l'homme culbuta la mère de Lucie, vers 1430 et des poussières, et ne lui transmît pas ses traits abrupts et son poil noir, car la donzelle était pâle et délicate. Ses cheveux presque blancs tant ils étaient blonds trahissaient ses origines nordiques, et son regard avait le bleu de la glace et vous transperçait jusqu'à l'âme, pour peu que vous le souteniez un peu (un jour où vous n'auriez rien d'autre à faire) malgré la vision peu ragoutante de la balafre qui lui fendait le visage.
Elle était là depuis un petit temps, à flâner entre les échoppes, jetant un œil parfois sur le roux qui tournait. Il ne faisait pas bon naître roux. Il y a des époques, comme ça ... cela nous passera-t-il un jour ? Le père adoptif de Lucie avait lui aussi cette douce répulsion et leur faisait endurer mille tourments sur ses terres de Gennes. Il faudrait qu'elle lui raconte qu'à Paris, on procédait à leur torture en place publique, il n'en croirait pas ses vieilles oreilles et serait vert de jalousie.
Cela lui redonnerait jouvence.
Lucie souriait à demi, en pensant à Finam, quand lui vint peu à peu l'idée qu'elle pourrait tirer profit de la chose. En effet, cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu de cobaye à se mettre sous la pogne. Mercenaire sans bataille fait chirurgien sans ouvrage. Car les deux allaient de paire chez la blonde. Ses "clients" lui étaient offerts par les guerres, ou plus récemment, par les duels que le roy avait autorisés.
Allier la jouissance de s'offrir au combat et prolonger un peu le plaisir en farfouillant les chaires ...
Alors, elle pouvait se mettre à observer le dedans, inspecter les entrailles, et tester moult techniques de couture pour refermer tout ça. Un cierge à Sainte Lucie et hop, les Dieux faisaient le reste la plupart du temps.
Elle s'approcha donc, les yeux brillants, guettant la première victime du jeu, une jeune demoiselle au supplice. Visiblement, l'homme était l'époux ou le fiancé. Lucie haussa des sourcils surpris au nombre de coups de fouet annoncé. Ils allaient la tuer, la douce enfant ! C'était fâcheux pour ses affaires, car elle, elle préférait des patients vivants. Mort, ça marchait moins bien pour faire des expériences.
La reformulation du vieux ne se fit pas attendre et arracha un sourire à Lucie. Espiègle amuseur. Si le mari n'avait que vingt écus, peut-être pouvait-elle espérer un seul coup de fouet. Malheureusement, il semblait argenté. Pas grave, en trainant dans les parages, elle finirait bien par ramasser un blessé à ... chérir.
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Ou alors, il eut fallu que l'homme culbuta la mère de Lucie, vers 1430 et des poussières, et ne lui transmît pas ses traits abrupts et son poil noir, car la donzelle était pâle et délicate. Ses cheveux presque blancs tant ils étaient blonds trahissaient ses origines nordiques, et son regard avait le bleu de la glace et vous transperçait jusqu'à l'âme, pour peu que vous le souteniez un peu (un jour où vous n'auriez rien d'autre à faire) malgré la vision peu ragoutante de la balafre qui lui fendait le visage.
Elle était là depuis un petit temps, à flâner entre les échoppes, jetant un œil parfois sur le roux qui tournait. Il ne faisait pas bon naître roux. Il y a des époques, comme ça ... cela nous passera-t-il un jour ? Le père adoptif de Lucie avait lui aussi cette douce répulsion et leur faisait endurer mille tourments sur ses terres de Gennes. Il faudrait qu'elle lui raconte qu'à Paris, on procédait à leur torture en place publique, il n'en croirait pas ses vieilles oreilles et serait vert de jalousie.
Cela lui redonnerait jouvence.
Lucie souriait à demi, en pensant à Finam, quand lui vint peu à peu l'idée qu'elle pourrait tirer profit de la chose. En effet, cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu de cobaye à se mettre sous la pogne. Mercenaire sans bataille fait chirurgien sans ouvrage. Car les deux allaient de paire chez la blonde. Ses "clients" lui étaient offerts par les guerres, ou plus récemment, par les duels que le roy avait autorisés.
Allier la jouissance de s'offrir au combat et prolonger un peu le plaisir en farfouillant les chaires ...
Alors, elle pouvait se mettre à observer le dedans, inspecter les entrailles, et tester moult techniques de couture pour refermer tout ça. Un cierge à Sainte Lucie et hop, les Dieux faisaient le reste la plupart du temps.
Elle s'approcha donc, les yeux brillants, guettant la première victime du jeu, une jeune demoiselle au supplice. Visiblement, l'homme était l'époux ou le fiancé. Lucie haussa des sourcils surpris au nombre de coups de fouet annoncé. Ils allaient la tuer, la douce enfant ! C'était fâcheux pour ses affaires, car elle, elle préférait des patients vivants. Mort, ça marchait moins bien pour faire des expériences.
La reformulation du vieux ne se fit pas attendre et arracha un sourire à Lucie. Espiègle amuseur. Si le mari n'avait que vingt écus, peut-être pouvait-elle espérer un seul coup de fouet. Malheureusement, il semblait argenté. Pas grave, en trainant dans les parages, elle finirait bien par ramasser un blessé à ... chérir.
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