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Avril 1458, Un mois après le drame sémurois qui les a séparé, Karyl revient chercher Félina à Saumur. Le petit magicien aura-t-il encore en lui assez de magie pour aider sa mère? Nul ne peut le dire...

[RP] Mon petit magicien...

Karyl
La route du retour avait été longue depuis la Bourgogne pour le jeune Karyl pressé de retrouver celle qu’il avait abandonné à sa tristesse suite au drame de Sémur. Joyeux d'arriver enfin, il s’était dès l’aube échappé seul dans le village saumurois arpentant les ruelles à la recherche de celle qu’il voulait revoir pour demander à tous où la trouver. Fougue enfantine exaltée qui disparut cependant lorsque l’enfant se trouva enfin devant la porte de Félina. Une boule d'appréhension venue se loger dans son ventre le fit rester de très longues minutes immobile avant qu’il ne se décide à frapper à la porte et affronter la femme qui se trouvait derrière...

Un coup à la porte, seulement un...

La Féline étendue sur le dos, bouteille de vin vide sur le chevet venait quant-à-elle de passer une nouvelle nuit blanche semblable à toutes les autres. Le teint livide, le regard creusé de cernes, elle fixait le plafond quand le coup se fit entendre à la porte. Réponse ne se fit pas attendre :
Va au diable l'aubergiste ... J'te payerai quand j'voudrai ! Réponse qui fit naître une grimace sur la trogne du môme et le voilà qui songea à tourner les talons. Mais il avait fait une promesse, une de celle dont un homme ne peut se détourner. Il resta donc, chausses clouées au sol, immobile, avant d’oser rappeler sa présence une seconde fois. Pas de coup porté à la porte mais une petite voix à peine audible qui se fit entendre dans le couloir pour dire simplement un mot, un sésame : "C'est Karyl"

La mercenaire ne put retenir un hoquet de surprise lorsqu'en lieu et place de la voix de saoulard de l'aubergiste, c'est une voix enfantine qui répondit. Karyl ... Elle avait du rêvé ... c’était impossible, pas déjà, pas maintenant. Malgré elle, elle grogna avant de décider à se lever. Son regard balaya la chambre ou régnait un désordre à faire peur, puis se posa sur son reflet renvoyé par le miroir posé sur la commode. Pitoyable ... effrayant presque. Passant une main dans ses cheveux mêlés, elle s'avança vers la porte. Long soupir avant qu'elle ne se décide à l'ouvrir, onyx fuyant.
Entre ...

Le petit, lui, ne put cacher sa surprise en découvrant Félina. Sans vraiment le vouloir, il la détailla, dessina ses traits, nota ses cernes, son teint pâle, sa coiffure toute emmêlée et le ton employé. "Entre..." Un seul mot qui glaça le sang du minot mais celui-ci ne se démonta pas. On lui avait expliqué combien tout cela devait être dure pour elle, il connaissait cette douleur et était là pour l'aider. Prenant une petite inspiration pour se donner du courage, il entra donc alors que la Félina s’effaçait de l’entrée pour le laisser passer indiquant la seule chaise de la chambre de sa main valide. Il parcourru un instant des yeux la pièce ravagée avant de prendre place et de se retourner vers la jeune femme restée un peu en retrait, dos au mur. Il lui offrit un sourire sans parole qui disait à lui seul qu’il était là si elle avait besoin, rien de plus. Mais dans les yeux de la brune il n’y avait que vide dénué de toute émotion pour réponse.

De longues minutes passèrent dans le silence le plus complet. La mercenaire ne réagissait pas à son sourire, comme si elle voulait se laisser le temps de réaliser qu'il se trouva de nouveau devant elle. Puis les premiers mots sortirent, sans qu'elle ne semble les contrôler, comme s'il fallait qu'elle les prononce.
C'était bien ton ptit voyage ... T't'es bien amusé avec l'Alterac ?

Nouveau choc, nouvelle surprise pour le bonhomme qui tenta de ne pas s’en formaliser. A la froideur des yeux félinien, il opposa des onyx pétillant en guise de réponse. Son sourire ne se ternit pas, il est heureux de la retrouver malgré la circonstance et se devait de le lui montrer. Mais ses bonnes résolutions étaient confrontées à rude épreuve et c'est une voix plus timide qu'il ne l'aurait voulu qui répondit laissant sa voix s'envoler dans la pièce :
Je ai tenu la promesse ... Tu as dis que faut que je fais... Et maintenant je suis là...

Félina hochement de tête sans cesser de le regarder, bras croisé sur sa poitrine. Le sourire enfantin l'agaçait autant qu'il la désarçonnait, mais elle tentait de n'en rien montrer. Dans son esprit, une voix lui murmurait de cracher sa haine au visage de l’enfant, mais elle parvient à la retenir et à rester le plus calme possible, traits de son visage impassibles. Seule la vibration d'une veine sur sa tempe pouvait montrer la tempête intérieure qui l'assaillait. C'est bien ... faut toujours t'nir ses promesses. Et maint'nant que tu es là hein ... T'vas faire quoi ? M'dire bonjour, m'dire que tu es désolé de ce qui m'arrive et r'partir faire ton aventurier sur les routes ?

Ben non hein moi je suis la pour que tu sois pas toute seule, répondit l'enfant du tac au tac dans un haussement d'épaule. Des fois les adultes disent vraiment des bêtises. Je suis là parce que je te ai promis que je serai là pour toi alors je fais et pi en plus tu me aimes beaucoup alors je crois que c'est moi qui faut que je suis là. Je sais que tu es triste et je sais c'est un peu ma faute mais je crois que faut que je suis là quand même. Tu veux bien? La question fut posée avec un sourire renaissant, ni rassurant ni menteur, juste présent comme toujours sur les lèvres enfantines au seul l’espoir d’une réponse par l’affirmative pouvait être trahit par l’éclat de l’onyx.

Un soupir vînt répondre aux réponses naïves de l'enfant tandis que le poing valide de féline se crispait et qu’elle se décollait du mur pour avancer d'un pas vers lui. Elle roula des épaules, nuque surement douloureuse de tant de tensions.
Ah oui ... Tu es là pour moi ... Pour qu'j'sois pas seule ... Tu t"fous moi l'môme ou bien? Et où étais tu y a un mois lorsque j'avais besoin de toi ? Où étais tu quand on m'a annoncé sa mort ... Où te terrais tu quand j'ai du, toute seule, m'occuper du corps de Jules ... Elle passa à ses cotés, regard furieux posé sur lui, mais l'évita pour aller se poster face à la fenêtre lui faisant dos. Tu as choisit de partir avec eux Karyl ... Tu as choisis ton camp et ta famille ...

Et le silence se fit. Un silence alors que la dureté des mots venaient heurter l'esprit du gamin. Parce que voulais que il soit mon papa et que il voulait pas de moi, commença-t-il simplement. Que il me a dit de dégager et que il voudrait jamais que je sois là. Je sais que tu le aimes et il est mort à cause de moi, il est mort sous mes yeux ... Je crois tu me aurai fait très mal si je étais resté... Les mots claquèrent et le sourire du mioche s'effaça tandis qu’il revoyait l'horreur de cette journée. Et la peur, sournoise compagne qu'il avait ressentie, qui revint lui murmurer à l’oreille sa douce mélodie … Fuis gamin, fuis pendant qu’il en est encore temps.

Mais Karyl n’en fit rien, si Félina ne voulait plus de lui, il lui devait au moins la vérité.


*****
RP écrit à quatre mains avec LJD Félina

_________________
un simple gamin des rues...
Felina
Suite du Texte écrit à 4 mains.


[Parce qu’il y a des blessures que même un petit magicien ne peut pas guérir …]

Pourquoi … Pourquoi a-t-il fallu qu’il vienne en fin de compte ? Elle l’a appelé dans sa réponse à son vélin pourtant, un mot un seul ... "Viens ..." Mais maintenant qu’il se trouve en face d’elle, elle le souhaiterait loin d’elle … Paradoxe d’une mère qui a réalisé ces dernières semaines que Marie Alice avait raison et qu’elle n’apporterait que le malheur à celui qu’elle considérait comme son fils. Jamais elle ne pourrait le rendre heureux, la mort rôdant de trop près autour d’elle, et fauchant quiconque a le malheur de s’éprendre d’elle. Devil … Jules … C’est si douloureux.
Karyl serait il le prochain ? Non … elle ne le permettra pas … Jamais. Il devra vivre, même si cela signifie qu’elle doit le chasser de sa vie.

Pourtant, dans cette chambre, la Rastignac écoute l’enfant, mais les mots semblent glisser sur elle, comme si son corps était là, mais son esprit définitivement dérangé lui se trouvait à dix mille lieues de là. Soudain .... une phrase la fait frémir et se retourner aussitôt qu'elle en saisit le sens. Ses yeux s'écarquillent d'horreur alors qu'elle réalise ce qu'il vient de dire.


Comment ça ... tu étais là ... D'quoi tu parles ... ??!!

Féline qui s'approche de lui, et pose une main sur son épaule, la serrant sans douceur aucune.

Qu'est ce tu m'racontes là ??? !! Parle !

L’enfant essaye alors de se dégager de son emprise, protestant vigoureusement.

Tu me fais mal, arrêtes!

Au cri de l'enfant elle recule d'un pas, le lâchant comme s'il venait de la brûler.

Ce est ma faute si Jules est mort!

Et le blondinet de la regarder droit dans les yeux, visage devenant presque aussi inexpressif que celui de la mercenaire quelques minutes plus tôt. Et dans sa tête d'enfant raisonne sûrement ce drame qu'il revit chaque nuit depuis un mois maintenant... Comment lui dire qu'il était parti car il avait le sang de Jules sur ses mains ? "

Ce est moi...

Dans les ébènes une lueur d'incompréhension s'allume soudain, pourtant elle ne cille pas devant le regard de Karyl, essayant de digérer comme elle peut les mots entendus.

Toi ... ? Ta faute ... Mais que ...

La Féline perd ses mots et bégaye avant de lâcher un profond soupir et de s'asseoir lourdement sur le lit, regardant son fils comme jamais elle ne l'a regardé, mi effrayée, mi dégoutée ...

Maleus m'a dit que c'était lui qui l'avait tué ... Lui et personne d'autre ... Il ne m'a jamais parlé de toi ...

Le regard se détourne de lui alors qu’elle baisse la tête, visage qui vient s'enfouir dans la main valide.

Explique toi ... raconte moi Karyl ... Maintenant !


Malgré son jeune âge et sa naïveté, Karyl semble ressentir le lourd regard de Félina sur ses épaules. Et son esprit fonctionne tout à coup à toute allure : "Ainsi Maleus à dit que c'était moi pour nous protéger? " Et soudain les mots des autres prennent tout leur sens " Félina voudra sa venger de Maleus tu sais..."
C'est un regard étrange qu'il porte alors sur la femme qui lui fait face. Il ne veut pas, il refuse cette vengeance et c'est avec un naturel déconcertant, et presque dérangeant pour la mercenaire, qu'il lui répond d'une voix calme.

Il a menti Maleus pour me protéger... Il avait peur de ce que tu allais faire... Alors il a dit c'est lui mais il a menti...

L’enfant pense tout à coup à Maeve, au pacte qu'il a fait et tandis qu'il se perd à la contemplation de celle qui aurait du être sa mère, il se dit qu'il vient peut être de perdre encore une fois sa famille. Alors, n'ayant plus rien a perdre il poursuit :

Ce est pas Maleus .... ce a jamais été lui

La Rastignac accuse le coup, et chaque mot de l'enfant semble comme l'atteindre au plus profond de son âme tourmentée. Cette vengeance, c'est ce qui la maintient en vie depuis des semaines, c'est ce qui l'a empêché de sauter dans le bucher qui emportait le corps de Jules. Impossible ... Non ... C'est impossible... Les paupières se ferment et dans son esprit elle les voit tous : Maleus ... Lucie, Maeve ... Karyl ... Tous contre elle ... Tous contre eux ... Et soudain elle se lève d'un bond, regard semblant comme lancer des flammes.

Tu mens !!! Tu cherches à l'protéger ... Je sais que c'est lui l'unique responsable !! Tu es contre moi ... Vous êtes tous contre moi ... Vous n'avez jamais supporté Jules ... Vous n'avez pu accepter que je l'aime et que je sois enfin heureuse ... Va t-en Karyl ... Laisse moi seule ... J'veux être seule !! Toute seule !!!


Et l'enfant de reculer tout en se cramponnant à sa chaise. Il écoute cette mère qui déverse sa haine sur lui. Il semble alors comprendre certaines choses tandis que d'autres lui échappent sûrement encore et se sont des yeux interrogateurs qui se posent sur elle. Faisant fit de l'invective il pose une question, en réponse à une lettre qu'il n'aura pas eu le temps d'envoyer... Celle qu'elle aurait du recevoir ce soir là, si jules n'avait pas été blessé, celle qui expliquait plus que tout autre mot son départ, et dont elle ne saura jamais rien désormais.

C 'est lui que tu aimais... pu moi?

Le regard furieux ne le quitte pas une seconde, et ne s'adoucit qu'à peine en le voyant reculer. La Féline que l'enfant a connut n'est plus dans cette pièce et ne reste que la femme blessée, trahie qui en veut à la terre entière. Aveuglée de colère et tristesse ... elle sombre et met toute la force de sa volonté pour ne surtout pas appeler à l’aide. Pourtant lorsqu'il pose cette question, elle frémit et toute sa belle assurance vacille un moment, une larme semblant même naître au coin de ses yeux. Mais elle choisit de ne pas répondre alors qu'en elle deux voix lui hurlent deux réponses contraire.
"Dis lui que tu l'aimes comme ta propre chair ... Dis lui !!! "
"Dis lui ce qu'il veut entendre, laisse le partir, libère le de toi et de la malédiction !! Sauve lui la vie."

Mais non ... rien, aucune des deux réponses ne vient ... Elle a besoin d'air, elle se sent mal d'un coup et finit par se retourner de nouveau, ne lui montrant pas son regard empli de doutes. La voix est plus douce ... presque suppliante.


Laisse moi Karyl ... J'ai besoin d'être seule ... Reviens plus tard ... plus tard ... Je …

Les derniers mots meurent étranglés au fond de sa gorge.

Et les paroles que Jules avait prononcées cette soirée viennent soudain trouver un écho muet dans cette chambre, dans l'esprit du blondinet. « A quoi donc pouvais-tu t'attendre petit homme? Tu sais que tu as faillis en te laissant entrainer en Lorraine, en fuyant une fois de plus. » Oui l'enfant croit avoir compris qu'il a perdu cette mère qu'il avait espérée, mais il lui sourit quand même car malgré tout il lui reste cette amie qui lui a appris à "daguer" cette femme qui a su lui redonner le gout de l'aventure et pour elle il se doit d'être là. Il se lève alors, tachant de prendre un air aussi enjoué que détaché. Il est un homme et les hommes ne montrent pas leurs blessures alors, la regardant avec un sourire il lui dit seulement :


Je comprends, Alors je reviendrais demain. Faut que tu te reposes moi je vais aller discuter avec Georges je ai pas eu le temps de le voir encore.


Puis, doucement l'enfant rejoint la porte... réalisant qu’il n'est plus magicien.

Pardonne moi Karyl …

Un effort ultime pour ne surtout pas tourner le visage vers l'enfant, qu'il ne voit surtout pas son visage désormais ravagé de larmes. Elle qui n'en avait plus versé depuis le jour du bûcher ressent de nouveau cette douleur dans sa poitrine, ce cœur qu'elle croyait mort et qui saigne de nouveau ... Pour les beaux yeux d'un enfant, de son enfant. Mais elle tient bon, car elle sait que si elle parle, elle le fera souffrir plus encore, incapable encore de s'ouvrir à lui. La blessure est trop récente, trop profonde, et même son petit magicien n'y pourra rien cette fois ci. Seul le temps et la patience pourront peut être la ramener dans le monde des vivants ... Peut être. ... D'une voix étranglée, elle lui répond pourtant.


A demain Karyl ... fait attention à toi ...


Avant de soupirer de nouveau, elle cogne un poing rageur contre le mur, en espérant qu'il n'est plus là pour la voir.

De longues minutes passent alors, pendant lesquelles elle reste immobile, laissant le flot de ses larmes se tarir et se maudissant de sa lâcheté. Mais toute raison semble avoir définitivement quitté son esprit, malgré la discussion avec Eikorc quelques jours plus tôt, malgré les révélations de Karyl il y a quelques minutes. La Féline reste sourde et aveugle, murée dans son chagrin et sa colère. Soudain, l’air semble lui manquer, aussi s’empare t-elle de sa cape et de son épée, sortant en trombe de cette chambre dans laquelle elle étouffe en claquant la porte. Il lui faut sortir, s’éloigner de là, et hurler sa rage de la seule manière qu’elle connaisse, en frappant tout ce qui croisera sa lame.

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
--Haine_ecarlate
RP à quatre mains... Merci à LJD Felina.





[ Il y a la magie blanche, enfantine et naïve… Puis les arcanes vraies de la pourriture humaine. ]


Féline qui claque la porte de sa chambre, épée remise au fourreau et cape sur les épaules, elle descend quatre à quatre l'escalier avant de sortir dans la ruelle, non sans vérifier auparavant que Karyl ne s’y trouve plus. Monture sifflée et enfourchée, elle galope sans se retourner vers les bois les plus proches, ne s'arrêtant que dans une clairière éloignée de la cité saumuroise.

Lui … Il ne l'a pas quitté, sourire sadique aux lèvres. Quel met de choix pour Léviathan ! Elle aura bien le temps de faire couler assez de liquide carmin pour sa vénération. Et jusqu'à ce qu'elle soit en parfaite symbiose avec sa vengeance... Il ne la lâchera pas, comme un corbeau impatient de dévorer la chair putride... Mais ce plat, le fantôme l’a maintes fois savouré un temps, vivant... Il vole, flotte l'ectoplasme, prêt à insuffler la rage à son lien terrestre. Une main éthérée vient effleurer avec froideur le cou du zombie en plein apprentissage.


Le voyage te plait j'espère ?

Rire narquois qui ne cesse qu’après de longues secondes dans la tête de la tourmentée. Jusqu’ici, il n’avait été que spectateur, prêt à gronder et rappeler à la vivante qu’ils débutaient à ne faire qu’un depuis ce brasier flamboyant… Mais à son plus grand plaisir, il pût voir toute la détresse d’un morveux et sentir toute la tristesse qui émanait du corps en pleine croissance. Alors petit, tu perds pieds en voyant celle que tu considères comme ta « mère » ?... Au fond, le môme n’aura que fait un pas dans les ténèbres et amener plus rapidement la Veuve Noire aux côtés des affres de la rage. Alors il rit le Fou, tellement amusé par la naïveté écrasée et le spectacle pitoyable de l’espoir de ceux qui pensent pouvoir changer l’inexorable… Et insuffle son venin.

Je me demande qu'est-ce que tu espérais... Une aide ? Une branche ? T’oublier dans les bras d’un gamin ?

Encore ce contact froid sur sa nuque, comme ce jour là à coté du bucher, et cette voix dans sa tête. La Veuve Noire ? Non ... Ce n'est pas elle ... C’est autre chose … C’est quelqu’un d’autre … Cette présence … Après un geste rageur pour tenter de le faire partir, sans succès, elle descend de cheval, posant enfin pied à terre … perdue. S'approchant de l’arbre le plus proche, elle commence alors à en marteler le tronc de ses poings ... Comme toujours ... Pour évacuer cette colère et cette peine …

Hinhinhinhinhinhin… Ouais... Frappe... Jusqu'au sang... C'est tout ce que t'as su faire... Même pour ton rouquin. Te lamenter sur ton sort.

Il laisse un temps d'accoutumance à la pseudo-vérité... Avant de revenir de plus belle, débitant un flot de mots sans attaches, ni queue, ni tête, digne d’une camisole.

Non tu n'as pas oubliée. Tu ne fais juste que retarder l'inévitable. Malédiction comme ton frère… ? Pfinh, toujours pareil, tu n'as pas changé. A chercher des raisons logiques ou profondément stupides. Morfonds-toi... Même celui que t'as cru ton gosse en voulait à celui qui ne souhaitait pas être maintenant son père. Ouvre les yeux… Est ce que tu vois maintenant... Jusqu'où l'égoïsme de tous mène ?

Les pensées insufflées font leur chemin dans son esprit, alors qu'elle frappe toujours plus fort, jusqu'à se faire saigner les mains. Et elle lui répond, ne réalisant pas qu’elle parle seule… Vraiment seule pour quiconque assisterait à la scène.

Va au diable ... Tais toi ... Tu n'sais rien... Personne ne sait rien ... Fous-moi la paix comme les autres !!!

Et ces maudites larmes de couler de nouveau, abîmes qui s'ouvrent et Féline qui s'accroche à ce qu'elle peut. Plus rien, plus rien pour la ramener ... Il ne lui reste rien ... Alors elle frappe plus fort, avoir mal pour se sentir en vie. Rire désincarné en réponse... Rappel à un colosse qui a déjà fait un pacte démoniaque. L'ectoplasme vient se planter devant elle, contre cet arbre qu'elle déchiquette et frappe à se détruire. Il est temps de monter d’un cran.

Je ?... Tu ?... Mais qui suis-je Felina Rastignac...? Te rappelles-tu m'avoir vu en flammes ?

Murmure transcendant, aussi brûlant que la neige trop longtemps en main. En frémirais-tu ?

Qu’est-ce que Semper........................ ?

Comme l'image, lentement, se dresse devant elle, elle recule, lueur effrayée dans les ébènes. C’est Lui ... Mais si ... Différent ... Désincarné ... Fou à lier ... Que lui veut-il ? Pourquoi est il là ?... Semper ... Même dans l'au-delà ... Après la mort. Impossible ! Encore un pas en arrière ... Lit-il en elle, sait il ce qu'elle pense en cet instant ... ?

Toi ... Lui ... Tu es ... Lui ... Nous ... VA T'EN !!

Voix rauque mais d’un autre monde qui continue de marteler l’esprit de la femme, en bon chemin d’emprunter la voie de la folie.

Ainsi donc tu me vois… Enfin... J’avais l’impression de ne pas être écouté pourtant…

Sourire carnassier qui dévoile un visage sombre et écarlate. Mortel... Immortel ?... Qui sait ?

Partir ? Mais tu m'as appelé... Une promesse.

Il ne bouge pas, se délectant de ce visage féminin zombifié, aussi surpris que terrifié... Horrifié.

Tu l'as vu « ton petit »... Il a fuit, préféré ne rien te dire... Juste t'écrire pour venir te voir. Il a choisit comme la petite Alterac de partir... Tous contre toi maintenant que je suis mort.

Elle sait tout ça la Rastignac, oh oui elle le sait et il met le doigt pile où ça fait mal, comme il l’a toujours fait, mettant des mots sur les pensées qui l’assaillent depuis sa mort,... Solitude qui la ronge depuis des semaines, ce gout immonde dans la bouche qui ne quitte plus, cette envie de rien, sauf de tuer, à commencer par elle-même. Les barrières de sa résistance tombent, mais elle ne sombre pas ; Restant sur ses appuis, bien que vacillante …

Pourquoi ... Pourquoi ne m'as-tu pas laissée te rejoindre ?... A quoi bon rester ici ? Si seule ...

Rire cinglant qui traverse sans peine l'esprit fatigué et faible de la chatte humiliée. L’habituelle demande de l’amour vivant face à la dureté de la mort de son autre. Pathétiques humains…

Tu gémis encore... Tu veux donner raison à Maleus ou bien l'écarteler comme il le mérite... Zoko... Reste la Zoko. Des monstres pour tous. Karyl n'a rien à faire et restera près de sa « gentille » rouquine. Et toi ? Tu vas chialer. Mais pas montrer à tous combien tu as souffert... Nous avons souffert.

Des monstres oui .... Comme toi ... Comme moi ... Ma rédemption, ma seule survie possible.

Long soupir qui s’échappe, mais le poing valide se crispe contre sa cuisse, comme pour lui redonner un peu de ses forces qui l'abandonnent.

Karyl ... Il a choisi, je le sais très bien et il a fait le seul choix intelligent. Je me suis trompée ... Il n'a rien à faire avec moi et je ne serai jamais sa mère. Il l'a compris aussi ... Mais alors pourquoi est ce si dure de le laisser partir ... Pourquoi ?

Par les Enfers qu’il s’amuse… Rédemption. Beau mensonge. Karyl comprendre qu’il a perdu ? Es-tu devenue complètement crétine la Féline ?

Parce que tu penses que le gamin comprend ? Il a la trouille, il pue la peur et est rongé par le remord. Le Borgne quand à lui est resté tel qu'il a toujours été. Et pendant ce temps il se repose et crois avoir le droit d'être père avec une femme... Où est ta justice à toi ? Aucune. Il n'y a jamais eu de malédiction, mais juste des pourris. La compagnie rejette... Il n'y a pas de rédemption. Ils doivent tous souffrir. Maleus en premier pour le bonheur que tu n’as pas...

Et j'y gagne quoi quand je l'aurai fait ? J'ai tué l'assassin de Devil et puis après ? Rien ... Nada ... Toujours aussi mal ... Ce n'est pas si facile …

Les prunelles brillantes de la colère se plantent dans le regard félinien, jugent sans pitié.

Le mieux est de le laisser vivre ? Je vois... Tu n'as donc rien compris. Faible, faible faible faible fuyarde...

Facile de parler de faiblesse alors que tu n'es plus là ... Je n'ai pas voulu ta mort, je n'ai pas demandé à me retrouver seule. Je dois faire mes choix, sans toi, comme je peux. J'voulais mourir, tu m'en as empêché. Maintenant je cherche à survivre et tu veux m'en empêcher ... Que cherches-tu à travers moi que tu n'as pas pu faire de ton vivant ? Qu'attends-tu de moi ... Que je tue pour toi pour ensuite trouver enfin ta rédemption ... Et après ... Tu me laisseras encore ... Semper ... Du vent !!

Féline qui tente comme elle peut de retourner ce combat inégal a son avantage, s'accrochant comme elle peut à la raison pour réfléchir, ne cédant pas malgré les assauts et les coups portés.

La mort est ta récompense. Haïs ce monde comme je l'ai détesté quand le borgne a mis un terme à ma vie sans regrets. Qui crois-tu qui va ensuite te finir hein...? Qui est le maitre que tu respectes encore ? Tu es aveugle. La Zoko entière n'est plus avec toi. Et si tu la blesses elle te tuera... Il n'y a toujours eu que des monstres... Et tu en fais partie. Mais au moins avant de mourir... Tu auras montré ce que vaux ta souffrance.
Il n'y a jamais eu de rédemption… Juste la mort. Et ta vengeance. Regarde Eikorc.


Je le regarde et je lui parle même, il n'a personne à haïr lui, il a décidé de vivre et de tuer, parce que personne n'est responsable et tout le monde en même temps. Il n'a pas plié, il avance, il ne se lamente pas, il ne juge pas, il condamne directement ...

L'ectoplasme sourit, mystère palpable...

Et qu'est ce qui t'empêche de faire comme lui ?... Avant que le colosse ne t'efface. Reste à te lamenter et il t'écrasera... Tue le borgne et il t'empalera pour avoir osé te retourner... Tu es incapable... Incapable de montrer ta force. Vas-y, geins... Tue-moi... Mais ne m'appelle pas.

Elle l’ignore, ou essaie de le faire, allant jusqu’à fermer les yeux pour ne plus voir cette image, résistant autant que possible à l’envie de hurler …

Je-Je dois parler a Karyl ... Une dernière fois ... Tu l'as entendu comme moi ... Ce n'est pas Maleus ... Je dois savoir ce qui s'est passé ce soir là. Il faut que je sache.

Et soudain les mots prononcés par Maleus mais qu’elle avait jusque là éludés s’imposent à son esprit dérangé.

- Maeve ! La rouquine, la gamine ! C'est elle !

- Pourquoi pas l’homme avant les enfants ?…

-Je te le dis, le tuer lui ne te ramènera pas ... Jamais !!!

- Mais qui te tuera et t'approchera de moi ?

- Lui si j'échoue ou Eikorc…

- Tu réfléchis encore…? Va donc lui parler à ton blondinet… L’histoire t’amusera… Certainement.

- Laisse moi seule toi aussi, tu m'rends cinglée, vous m'rendez tous folle à lier !!! J'ai besoin d'air, j'ai besoin d'être seule ici ... Dans ma tête ... J'sais pas, j'sais plus ... !!

Ectoplasme qui s'évapore lentement, empreint de son sourire monstrueux. Puis ce rire, encore et toujours le même rire dérangé.

De TÊTE... AH ! Hinhinhin… Tu n'en as plus depuis que je suis MORT... Tu parles à un ARBRE pour tout le MONDE ! Hinhinhinhinhinhin…

La Féline s'effondre sur le sol en percutant le sens de ces mots et le regarde disparaitre pour ne laisser place qu'à ce tronc, ensanglanté de son propre sang. Mains qui se portent à son visage alors qu'elle hurle comme un animal blessé, incapable d'aligner un mot … Seule, si seule …

_____________________________________

Karyl
Trois jours. Contrairement à ce qu’il avait pu promettre, Karyl n’était pas retourné voir Félina. Il avait préféré occuper son temps à la ferme tâchant tant bien que mal de sauver la grange qui tombait en ruine faute d’entretien. Il faut dire que depuis son départ en octobre dernier personne n’avait prit soin des lieux et l’hiver passé par là n’avait évidement rien arrangé à l’état de délabrement dont souffrait déjà la vieille ferme du temps de Georges. Les nombreux travaux à entreprendre l'avaient tout d’abord fait grimacer mais le mioche avait finalement trouvé en eux le moyen de ne plus penser à Félina, cette seconde mère qui, tout comme la première, ne voulait plus de lui.

Karyl au travail, la ferme avait prit des allures de champs de bataille. La cour se joncha de bois, de chaume, d’outils divers et variés tandis que la grange avait été entièrement vidée. Le foin précédemment entreposée dans cette dernière volait quant à lui un peu partout sans la cour accentuant d’autant l’impression de chaos ambiant. Perché sur une échelle, marteau et clous en mains, Karyl, lui, ne semblait pas s’en soucier. Toute son attention semblait s’être portée sur les poutres de ce toit de grange qu’il fallait réparer et sur la façon dont il devrait surement s’y prendre pour les remplacer. Dur labeur pour un mioche haut comme trois pommes mais comme il n’avait dit à Pétronille avant de commençait, il y arriverait.

Trois jours passèrent ainsi, bienfaiteurs certes mais tout de même éreintant. Aussi, à l’aube du quatrième jour de travail, le gamin avait décidé de s’octroyer une journée de repos bien mérité selon lui. Georges ne s’en formaliserait surement et pas et puis de toute façon du ciel il n’était pas en mesure de la gronder. Le marmot avait dès lors laissé tout en plan et était retrouver Louis, son vieil ami saumurois pour une nouvelle partie de chasse et de lancer de dagues comme au bon vieux temps.

Sourire retrouvé et sombres pensées balayées, c’est guilleret que Karyl avait finalement laissé Louis après une bonne journée d’entrainement à l’ancienne comme il disait. Quittant la boucherie du père de son ami, le petit blond avait prit la direction du marché duquel il en revînt après une bonne vingtaine de minutes les bras chargés de victuailles et de quelques nouveaux outils surement indispensables pour son travail à la ferme. Ainsi chargé il décida de rentrer chez lui, arpenta les ruelles saumuroises, traversa la rues des tavernes et… se stoppa !

Taverne…traverne… une moue d’intense réflexion naquit sur le visage du minot alors que ses yeux naviguait de celles-ci à ses victuailles. Planté au milieu de la route, Karyl hésitait et puis finalement c’est dans un haussement d’épaule qu’il fit le choix de s’amuser encore un peu et ouvrit la porte du lieu de beuverie déposant son bardas à côté de celle-ci. Occupé à poser ses nombreuses affaire, la môme ne fit pas attention tout de suite à la scène qui se jouait ni aux personnes présentes. Et ce que lorsqu’il releva la tête qu’il reconnu les différents protagonistes parmi lesquelles…. Félina.

Une moue étrange assimilable à une réelle grimace semblait flottert sur les traits de la jeune femme ce qui eut pour effet immédiat de glacer le sang du môme. Mais pas question de se laisser démonter, Karyl décida alors de jouer au petit dur et de tout bonnement l’ignorer. Son attention se porta alors sur Eikorc et laudanum occupés à converser. Il s’avança vers eux ais n’eut pas le temps d’émettre le moindre son qu’une main puissante vient lui enserrer le bras.


« On sort Karyl suit moi !! » La voix de Félina vint gronder dans la taverne tandis que le môme la regardait d’un air hagard surpris de l’empoignade. «hein... ? » fut le seul mot qui sortie de sa bouche alors qu’il tentait de se dégager, lançant un regard noir à la féline.

- Tu me fais mal !
- La ferme suis moi je te dis on reviendra !
- Mais tu es folle ou quoi?
- Je t'expliquerai !

Sans rien comprendre à la scène qui se jouait entre la colosse et la brune pas plus qu’au comportement des plus étranges de Félina, Karyl se mit à se débattre comme il put tachant de se soustraire à l’emprise de sa « mère » qui le trainait vers la sortie, direction la ruelle.

De toute évidence, leur seconde rencontre depuis le drame n’allait pas être plus brillante que la première.


[Autre taverne, quelques instants plus tard]

Lâches-moi!!! Pestait le gamin tentant vainement d’échapper à sa mère qui ne le libéra qu’en arrivant dans la nouvelle taverne disant qu’elle agissait pour son bien. Tu parles, comment imaginer que les personnes présentes à côté puissent lui faire le moindre mal ? Décidément Félina perdait la boule !

« Eikorc va ... régler ses comptes, t'as déjà vu assez de sang ! » lança-t-elle alors agacée par l’attitude de Karyl qui ne put empêcher une expression de surprise peindre sa trogne. « Il va… il va faire du mal à laudanum? » demanda-t-il incrédule plongeant déjà dans une instance réflexion pour trouver le moyen d’empêcher le colosse de faire «une bêtise ».

«Mais tu ne t’interposeras pas ! Pas cette fois !» Gronda la mercenaire comme si elle avait lu en lui. Une joute verbale commença alors entre eux, un rapport de force que karyl provoquait volontairement pour attirer l’attention de celle qu’il avait choisi pour mère et qui donna lieu à une discussion qu’ils auraient avoir depuis longtemps déjà :

- Les hommes écoutent ... ne font pas que foncer bêtement dans le tas. Alors soit un homme et la ferme ! Ca ne te regarde pas ... Lauda est assez grande, et elle sait très bien ce qu'elle risquait. Que tu sois là ou pas ne changera rien, ou si ... ca fera comme l'autre fois ...
- Tu étais pas la l'autre fois, tu sais rien de ce qui y s'est passé!
- Peut être, mais je te laisserai pas te remettre entre deux personnes qui se battent, parce que ce n'est pas ta place !
- Si parce que ce sont des nuls, et moi je veux pas ils font.
- Et alors ? Tu te penses meilleur Karyl ? Tu crois pouvoir tous les sauver ? Tu l'as sauvé lui ??? !!!
- Moi au moins je ai essayé
- Pour quel résultat ... Tu n'as fait qu'empirer les choses, tu comprends ça ?
- Pourquoi tu dis ca?
- Tu n'es qu'un enfant Karyl ... Tu ne peux pas changer le monde. Tu veux apprendre ? Tu veux grandir ? Alors suis moi et apprend…

Et voilà la mère empoignant de nouveau son fils pour une nouvelle leçon. Leçon qui tuera un peu plus son innocence enfantine pour faire de lui l’homme qui deviendra surement un jour…
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un simple gamin des rues...
Felina
[Suis moi et apprend ….]

Retour dans la taverne qu’ils ont quitté sous l’impulsion de la Rastignac il y a quelques instants. Devant l’enfant et la mercenaire, le Poison semble en mauvaise posture, pliée en deux et les deux mains prisonnières de la pogne colossale d’Eikorc. La Féline suppose parfaitement la suite, et n’a plus qu’un seul but : laisser Karyl regarder sans intervenir, et prendre une nouvelle leçon sur ce qu’est vraiment la vie au sein de la Zoko … qu’il comprenne enfin que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, que tout n’est pas rose en ce monde … Leur couleur à eux serait plutôt le rouge …le rouge sang …

C’est d’une poigne de fer qu’elle retient donc le blondinet contre elle, quand soudain le Mini Nerra s’ajoute à la scène. Manquait plus que lui tiens … L’ordre claque, sans appel :
« Gaspard, éloigne toi aussi !! » Dans ses bras l’enfant se tortille pour tenter de se soustraire à la Rastignac, mais elle tient bon et Karyl ne peut que crier à l’encontre d’Eikorc … Les paroles ricochent alors sur une colosse indifférent aux jérémiades du petit magicien, tout concentré sur son du et la leçon que lui aussi est en train de donner à Laudanum, et qui pourrait se résumer en ces quelques mots : « On ne quitte pas la Zoko sans y perdre des plumes … »

A défaut de plume, le choix se portera cette fois sur un doigt, un annulaire gauche, celui même qui quelques mois auparavant arborait la chevalière zokoïste. Ainsi donc le Poison ne pourra plus jamais se marier, tout du moins l’afficher au monde … Cela la changera-t-elle, rien n’est moins sûr, et d’ailleurs la Rastignac s’en contrefout. Pour elle, cette femme a cessé d’exister le jour où elle les a lâchement abandonné par excès d’orgueil. A l’instant même ou la lame Crokienne entame les chairs de Laudanum, la Féline lâche l’enfant … A quoi bon le retenir maintenant alors qu’il ne pourra plus rien faire pour s’interposer ? Karyl semble alors comme pétrifié, et si les traits du visage de la Panthère sont fermés et impassibles, en elle la tempête fait rage lorsqu’elle voit dans quel état il se trouve. Léger soupir contenu, mais aucun regret. Il devait assister à ça, comprendre que du haut de ses 8 ans il ne pourra pas sauver le monde ni changer les gens. La magie a ses limites. S’ensuit alors une tentative d’explication entre le colosse et l’enfant, à laquelle la Féline ne participe pas. Elle a fait ce qu’elle avait à faire et ne regrette rien, si ce n’est peut être de n’avoir pas pu le faire en une autre taverne, à Sémur … Le poison continue de déverser son fiel, mais elle ne l’entend pas, ne l’écoute pas … son regard et son attention entièrement sur cet enfant qu’elle vient définitivement et volontairement de perdre. Pour son bien … pour sa survie.


Gaspard … j’te confie là le bien l’plus précieux au monde ...

La Licorne, voilà un monde qui conviendra bien mieux à Karyl que la Zoko, la décision paraît la plus juste et la plus sensée . Il deviendra chevalier, et non mercenaire. Il tuera pour l’honneur et le roy et non pour le simple plaisir de tuer… Oui … c’est le mieux pour lui … Mais pourquoi alors est ce si dur de le laisser partir … Tiens bon ! Et Gaspard de lui répondre, comme une promesse :

Maeve, Alycianne, Cassian, Karyl et moi avons un... pacte. Quoi qu'il fasse nous serons avec lui.

Hochement de tête de la Rastignac qui glisse son regard vers Karyl, alors même qu’il se retourne vers elle.

Et toi tu seras ou?

Moi ... en enfer .... avec eux ...

Souvenir de cette phrase qu’elle lui avait écrit il y a déjà longtemps « Tu passeras toujours après la Zoko », et le poing se crispe pour ne pas lui hurler le contraire en cet instant. Non c’est faux, il passe avant tout le reste et c’est paradoxalement pour cette seule raison qu’elle l’éloigne d’elle, d’eux, qu’il ne devienne pas comme eux. Pour elle il est déjà trop tard … Soudain une voix reconnaissable entre toutes s’élève à son encontre, la faisant presque sursauter : Eikorc …


Dis pas de connerie toi ! Tu sais aussi bien que moi que t'as besoin de lui. T'as l'interdiction de virer comme moi.

Grognement qui ponctue ses mots, azurs flamboyant fixés sur elle et qui la font frémir, comme à chaque fois qu’elle les croise.

S'il reste avec moi ... il mourra ... Je le veux vivant ! Même si c'est loin de moi ...

Réponse implacable de logique :

Alors garde-le, pour le voir en vie.

P’tain Eik … tu m’aides pas là … Pourquoi tiens tu tellement à me contredire devant lui et à faire s’ébranler mes certitudes déjà trop fragiles … Pourquoi ne me facilites tu pas la tâche … Tu devrais comprendre pourtant, toi mieux que personne. Les onyx soutiennent comment ils peuvent les azurs, flammes de colères dansant dans les prunelles sombres. Mais soudain un sifflement métallique trop bien connu la fait se retourner de surprise et de peur alors qu’un cri s’échappe malgré elle.


Karyl !!!


Et le regard d’apercevoir cette dague filer vers le Poison et la manquer de peu, puis le regard glacial qui s’ensuit.

Toi je te crèverai !!

En réflexe, Felina se place aussitôt devant l'enfant.

Tu devras me passer sur le corps avant le Poison !

Laudanum crie alors vengeance et toute sa hargne dirigée contre l’enfant, elle se saisit d’une bouteille qu’elle brise pour la pointer vers le groupe, s’élançant vers eux et ramassant sa dague au passage. Le colosse et Gaspard s’interposent, et la Rastignac en profite pour repousser l’enfant loin de la fureur du Poison. Tu n’y toucheras pas !
Cernée, acculée, et blessée, Laudanum n’a alors plus d’autres choix que de tourner les talons et de quitter la taverne, sa main pissant le sang tout contre elle. En d’autres circonstances elle l’aurait surement plainte, seule contre tous, isolée et sans aucun appui. Mais là, sa colère contre elle est trop intense pour que le moindre sentiment de pitié ne viennent l’attendrir. Elle sait désormais que Karyl s’est fait une ennemie et pas des moindres. Malgré son envie de prendre l’enfant dans ses bras, elle a besoin d’air, et de sortir de là rapidement, aussi se dirige-t-elle vers le porte.


Tu pars... sans moi?

Je ... j'vais ... juste prendre l'air ... Pis tu veux plus m'voir après ça j'suppose ?


Sourire enfantin :
Ben si t'es bête.

Tu sais où m'trouver, mais là, j'dois respirer un peu... Tu veux bien ?


Et la Féline de s’accroupir devant lui et lui sourire légèrement :


Et puis, toi tu vas devoir m'apprendre quelque chose Karyl ...


Quoi?

Tu lances mieux les dagues que moi maintenant ... Elle lui ébouriffe les cheveux et le gamin se met alors à rire, pour la première fois depuis longtemps aux oreilles de la mercenaire.

Tu as vu que je suis pareil que toi !

Soupir …

Ne deviens pas comme moi Karyl ...

Mais n’est ce pas déjà trop tard ?
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Karyl, incarné par Felina

Karyl


Un après-midi comme d’autres.
Une taverne.


    « Je espère je vais voir mam… enfin que Félina elle va venir »

C’est avec cette idée en tête que le minot avait poussé la porte de la taverne. Aussi, quand celle-ci se mit à grincer, le sourire enfantin de karyl s’élargit. Espoir et impatience entremêlés le firent se retourner promptement pour découvrir, dans l’encablure de la porte, une silhouette… inattendue.

Surprise.
Sourire qui se fige.
Moment de latence, temps en suspend.
Peur…


« Si tu me fais mal je te fais aussi »
« Sale gamin! »

Le ton est donné, les mots claquent, le rapport de force entre l’enfant et l’ancienne zokoïste peut alors débuter. Ils se jaugent, se scrutent, s’invectivent. Et dans la tête du petit gars, les pensées s’entrechoquent. Fuir, reculer, crier… Il recule le môme alors que son regard se pose sur la porte laissée entre ouverte. Il suffirait de quelques pas, de quelques instants… Mais elle est là, il est prit au piège, il le sait. Sa main se porte alors sur la garde de sa dague, il recule encore. Et puis, la voix de Félina résonne à ses oreilles, son image se dessine. Ce qu’il aimerait la savoir près de lui, la voir franchir le seuil de la porte. Il espère. Si seulement…

Mais la mercenaire ne viendra pas et l’enfant doit assumer seul le prix de ses actes. Toi je te crèverai !! Les mots raisonnent dans sa tête. Promesse ou simple menace ? Il n’en sait rien le mioche mais ce qu’il sait, c’est qu’il ne se rendra pas sans lutter. S’il doit mourir dans cette taverne, il veut être sur qu’Eikorc et Félina seront fier de lui. Pensée pour le colosse qui lui redonne courage et sa lame retrouve l’air libre en dehors de son fourreau de même que sa jumelle.


«Je ai appris à la lancer hein et je sais faire l'épée.. »
«Si tu avais su lancer, tu ne m'aurais pas ratée...il aurait mieux valu pour toi.
C’est facile de lancer une dague à un adversaire qui a le dos tourné. Tu n'es qu'un trouillard et tu n'as fait que le démontrer par ta lâcheté. Mais moi j'me fiche de savoir ce que tu es ou non, j'suis là pour te faire passer l'envie de recommencer à pointer des objets vers moi c'est tout… »
« Tu es même pas cap et je ai pas peur de toi !
»

Elle parle trop, elle n’osera pas, il en est certain, il provoque. Et la colère prend le pas sur la peur le temps d’un instant. Lui lâche ? Jamais ! La blesser, il ne l’a jamais voulu, il voulait qu’il n’était pas différent… Et pour cela, il allait découvrir qu’à huit ans l’on n’est pas grand-chose face à une mercenaire confirmée. Petit bout de rien, à peine plus fort qu’une brindille, il se fait désarmer avec une facilité déconcertante. Sa dague change de mains, il n’est plus le temps d’avoir peur. « Lâches-moi !» L’ordre gronde en même temps que le pied du môme heurte le tibia de l’assaillante la faisant lâcher prise.

Liberté est retrouvée mais la partie n’est pas terminée.

« Tu es désarmé, et ce n'est pas en battant des jambes que tu viendras à bout de moi ! »

Et tout s’enchaîne alors si vite. Une vive douleur à la jambe et une rencontre trop brutale avec un mur glacé. La douleur irradie dans tout son être et la peur reprend ses droits lorsque l’acier froid de sa propre lame vient caresser la peau trop tendre de sa gorge. Il suffirait d’un geste et le carmin inonderait la pièce. « Je te tuerai si je te revois !», Impuissant, il ne lui reste que les mots et une rage de vivre pour survivre. Et l’enfant se débat comme un diable, l’on ne meurt pas sans combattre lors qu’on est un futur très grand aventurier. Il résiste le môme, il lutte, il invective, mais la mercenaire presse son corps de tout son poids et un nouveau coup le fait se crisper de douleur offrant plus de prise à la brune pour le maitriser.

« Moi je te regarde en face morveux, et là tu vois...je m'amuse »

Petite poupée de chiffon, Il a peur, il a peur Karyl. Et dans sa nuit, Il continue d’espérer. « Viens me chercher, vient me aider s’il te plait, viens… » Mais la porte ne bouge pas. Et c’est la morsure de la lame sur sa gorge qui vient répondre à sa supplique silencieuse. A la trouille vient alors se mêler la douleur d’une chair qui s’ouvre à peine apaisée par la douce chaleur du carmin qui s’échappe. Il veut être fort mais comment empêcher les larmes de mouiller ses joues ?

« La prochaine fois que tu joueras avec une arme, tu sauras qu'elle a toujours un double tranchant! »

La leçon est donnée, la dague rangée. Le petit homme ne mourra pas aujourd’hui, elle en a décidé autrement. Il gardera cependant à vie une cicatrice à sa gorge qui lui rappellera chaque fois qu’il regardera son reflet dans le miroir que l’on paye toujours le prix de ses actes.
Un dernier coup, poing qui s’abat violemment sur la joue enfantine dont le crâne vient heurter le sol. Karyl est s’en va rejoindre le pays des rêves sur la violence du coup. La mercenaire tourne les talons. Ne reste plus alors dans taverne déserte que le corps inanimé de ce petit garçon qui à voulu trop tôt jouer à des jeux de grands.

Fin de la leçon….


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Un simple gamin des rues…
Felina
Un après midi comme tous les autres, et la Panthère traîne son ennui dans les ruelles maintenant trop bien connues de Saumur. Depuis la dernière animation en taverne et le tranchage de doigt en règle d’un colosse envers un poison, rien de vraiment palpitant à se mettre sous les griffes pour la Rastignac. Alors elle pousse à tout hasard la porte d’une des auberges de la cité angevine, sans se douter un instant que quelques minutes avant son entrée s’y est joué un drame.
Insouciante et détachée, elle entre donc, et ne met guère plus de deux secondes à comprendre que rien ne va en ce lieu. Sur une chaise, Karyl, son fils, son blondinet, le visage tuméfié et la gorge sanguinolente. A ses côtés, Gaspard, le Mini Nerra. Le sang de la brune ne fait qu’un tour et en un éclair elle se retrouve auprès de l’enfant, hurlant déjà jeune brun de lui expliquer ce qui s’est passé ici. Pour la Rastignac, Karyl s’est fait molester, cela ne fait aucun doute, mais Gaspard et lui commencent pourtant à lui monter un mensonge digne des meilleurs avocats véreux.

« On s’est battu »
« Ce était pour jouer »
« C’est rien, c’est rien »
« Je suis tombé ...»


Fadaise ! On ne la lui fait pas à la mercenaire, mais l’heure n’est pas encore à poser des questions. Félina s’agenouille alors près de Karyl, stoppant d’un regard noir la moindre de ses protestations et employant les minutes qui suivent à vérifier l’état des blessures et surtout vérifier qu’il vivra … Si elle ne fait que survivre depuis des mois, lui, il doit vivre, elle s’est jurée de ne pas le laisser mourir, jamais. Luttant de toutes ses forces pour contenir la colère qui déjà lui irradie les sens, la Féline s’emploie à désinfecter la plaie à la gorge à grand renfort d’eau de vie, et lui apposant un bandage de fortune issu de ses jupons plus très propres. On fait avec ce qu’on a hein … Puis le regard s’attarde sur la jambe, dont le genou semble avoir triplé de volume. A peine y pose-t-elle sa main valide que le blondinet, malgré tout son courage, se crispe et pousse un gémissement de douleur.


C’est rien hein … même pas mal que tu dis ... ?


Réfléchissant à toute vitesse, la Rastignac essaie de se rappeler les gestes de son frère, il y a de cela quelques années, lorsqu’après une chute de cheval, elle s’était brisé la jambe. D’un ton peu aimable envers le Jeune Nerra elle lui ordonne d’aller trouver un pain de glace dans la réserve de l’auberge et de le briser en morceaux. Dans le même temps, elle s’emploie avec toute sa douceur à briser une chaise, sous les yeux incrédules d’un Karyl dont la surprise semble avoir remplacé les plaintes de douleur … C’est toujours ça de gagné pour l’instant. Une fois la glace demandée à sa disposition, c’est un nouveau morceau de son jupon qui disparaît pour en faire un cataplasme qu’elle place sur le genou enflé. D’une phrase elle explique à Gaspard qu’elle a besoin de deux pieds de chaise, qui lui serviront à maintenir la jambe du blondinet en place et l’empêcheront de la plier. Encore deux larges bandes de jupon en moins, et désormais le jeune adolescent peut à loisir admirer le galbe d’une cuisse plus du tout dissimulée, pendant que la Rastignac s’emploie à bricoler cette attelle de fortune, sous les protestations d’un Karyl moyennement, voire pas du tout d’accord.

Mais d’un regard entendu elle lui fait bien comprendre qu’il n’a guère son avis à donner et l’enfant semble s’apaiser. Légèrement rassurée par l’état moins alarmant de son fils, elle entraine alors le Mini Nerra à l’écart, le questionnant sur les véritables raisons des blessures du blondinet. Tenace, le brun ne semble pas très enclin à lui révéler la vérité, lui parlant de ce fameux pacte entre eux. Pourtant, il finit par céder, sous la promesse qu’elle ne dira pas à Karyl qu’elle sait … ce qu’elle lui jure. Tombe alors l’évidence qu’elle avait déjà devinée … et un nom … Laudanum … Tellement facile de s’en prendre à un enfant plutôt qu’à elle-même. Le poing se crispe et le visage se fait aussi froid que son regard … Noir comme rarement, mais la Rastignac se reprend rapidement pour revenir au chevet de Karyl.


Toi … tu vas aller chez Eikorc … Avec Gaspard … Lui il te surveillera, n’est ce pas Mini Nerra ?? Et il devra te porter partout où tu iras. Je t’interdis de poser le pied par terre pendant au moins une semaine. C’est vu ?


De nouveau le regard et le ton ne souffrent aucune négociation. Elle sait que le colosse ne sera pas ravi de l’intrusion, pourtant elle doit le mettre à l’abri. Le temps de retrouver le Poison et de lui faire payer son geste, si tant est qu’elle soit encore là. Un nom de plus sur la liste de la Panthère … Les vengeances s’accumulent, et à ce compte là il ne lui suffira pas d’une vie pour toutes les exécuter.
Mais alors qu’elle donne ses consignes, son regard croise celui de l’enfant, ce dernier redevenu le bavard aux yeux rieurs, comme ayant déjà oublié toute la frousse de son règlement de compte avec Laudanum, et qui la questionne pour connaître les raisons de ses gestes envers lui. Pourquoi diable faut il donc que cet enfant ait un tel pouvoir sur elle? Incapable ni même désireuse de lui mentir, la Rastignac cède alors sans combattre, lâchant entre soupir et sourire :


Tu es mon fils Karyl et j't’aime … J’serai toujours là pour toi …

Les mots sont purs, sincères, comme rarement elle ne l’est. Mais à quoi bon nier l’évidence, à quoi bon vouloir faire croire qu’elle pourra l’oublier et faire comme s’il n’existait pas ? Malgré ses peurs de le perdre comme elle a perdu Jules, rien n’y fait … Elle l’a dans la peau, et elle tuera quiconque s’attaquera à lui … Pour lui … Pour son petit.Une étreinte alors, qui en dira plus que tous les mots qu’elle ne peut formuler, et la Rastignac prend le gamin sur son dos, direction la demeure d’Eikorc. Une autre aventure s’annonce alors : expliquer au colosse qu’il va avoir deux invités surprises.

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Karyl
[Quelques jours plus tard, chez Félina]

Lorsque la mère et l’enfant se trouvent enfin,
Il est déjà temps de se quitter...

Toc Toc Toc…

Trois petits coups raisonnèrent à la porte faisant froncer les sourcils à la Rastignac. « Qui cela peut-il être ? » se demanda-t-elle surement en allant ouvrir à son visiteur qui se révéla être une petite tête blonde des plus familières. «
Tiens tiens Karyl ... Entre donc ... » fit-elle en pour accueillir le petit homme qui, vous vous en doutez bien, ne se le fit pas dire deux fois. Lançant un : « c'est vrai je peux entrer? » le voila déjà qui se faufilait à l’intérieur de la chambre, sourire charmeur aux lèvres, sous le regard amusé de sa mère, quel chenapan celui la ! « Tu es ici chez toi ... T'veux boire un truc avant de me raconter le pourquoi d'ta visite bonhomme ? » poursuivit la mercenaire tout en refermant la porte tandis que le môme avait déjà prit possession des lieux.

«
Moi je aime bien le jus de orange si tu as et tu si tu as des gâteaux moi je veux bien aussi » Répondit-il avait malice faisant naître une grimace sur le visage maternel. « Du jus d'orange heu ... du lait tu prends ou pas ? Et des gâteaux ça j'ai » répliqua Félina tout en remerciant mentalement la voisine de lui en avoir donné la veille.

«
Oui moi je aime bien le lait alors je veux bien tu me donnes et en plus moi je ai soif parce que je ai beaucoup fait la pêche alors faut je ai » Expliqua alors Karyl très sérieusement tandis que sa mère filait vers le coin de la pièce qui faisait office de « cuisine » dans sa modeste chambre d'auberge. Tasse de lait prête elle la tendit à son fils qui la prit aussitôt à deux mains avant de prendre une boite de biscuit et de poser le tout sur l'unique table. « Je peux dormir avec toi ce soir ? » Demanda l’enfant une fois une belle moustache blanche de lait formée au bord de ses lèvres. « Tu peux bien sûr ... Ainsi que toutes les autres nuits si tu le désires ... D'ailleurs tu vis où depuis ton retour ? »

«
Ben dans la ferme tiens! » lui répondit le gosse en haussant les épaules devant l’évidence tout en tendant une main vers un premier biscuit qu’il enfourna dans sa bouche avant d’en reprendre un second dans la foulée qu’il glissa dans sa poche. «Moi che trouffe ché bon les gâteaux! » fit-il alors en rigolant, amusé de parler la bouche pleine, sous le regard attendrit de sa mère qui allait s’asseoir sur le bord du lit sans le perdre des yeux, visiblement une idée en tête. « Hum ... c'est bête de se tasser à deux dans cette minuscule chambre alors que la ferme est plus grande et aurai bien besoin de bras supplémentaire pour la tenir en état. T'veux pas embaucher ta maman manchote ? » lui lança-t-elle en souriant.

«
Ohhhhh ouiiiiiiiii.... c'est vrai tu veux bien? » répondit alors l’enfant dont le visage s’éclaira à la proposition, visiblement excité par la simple idée d’emménager à la ferme avec sa mère. « Et moi je pourrais te apprendre à faire pleins de choses dans la ferme? Tu sais faire les carottes? » Prit par l’excitation le gosse se lança dans une de ces tirades dont lui seul avait le secret avant de se raviser grimaçant. « Mais... tu vas être fâchée si je vais voir laïs pendant la semaine? » murmura-t-il faiblement redoutant la réponse de sa mère, c’est qu’il ne voulait pas la décevoir, encore moins la fâcher. « Ce est la fille de Cerridween, elle sait faire plein les choses avec les serrures et tout a ce que on me a dit et moi je la connais pas encore mais je ai promis de aller la voir. Pas longtemps je promets, tu veux bien? S’il te plaiiiiiiiiiit ? Et après moi je reviens et on fait la ferme tout le temps et je ai presque plus mal à la jambe en plus alors je peux hein. Tues d'accord? Hein dis ? Et si tu veux tu peux venir avec moi hein ! » Enchaina rapidement le gosse sans laisser à sa mère le temps d’en placer une. Pour sur qu’avec tel argumentaire tenant du génie, sa mère ne pouvait qu’accepter, du moins l’espérait-il.

Attentive, la Féline s'approcha de son fils, l'air très sérieux, se mettant à sa hauteur. «
Karyl écoute moi ... Oui je veux bien aller t'aider à la ferme mais je te répète, tu es libre de faire ce que tu veux, je tiens bien trop à ma propre liberté pour t'emprisonner près de moi. Mène ta vie comme tu l'entends et nous passerons le plus de temps possible ensemble ... Ça te convient ? »

«
Mais je veux pas tu crois je te abandonne » fit le garçonnet en se dandinant, les onyx plongés dans les yeux maternels. « Toute façon moi je te monterai tout ce que je ai appris. Et, dis, tu voudras bien me montrer comment on fait bien la bagarre quand on sera dans la ferme? » Rétorqua l’enfant, détournant légèrement la conversation au passage, tout en prenant un nouveau gâteau, puis un autre, avec un petit air de chien battu pour la faire céder à ses caprices.

La mère, pas dupe des manœuvres sournoises de son fils, se retient de rire difficilement en réponse à son air craquant et lui ébouriffa les cheveux. «
Mon p'tit magicien ... Jamais je ne penserais que tu m'abandonnes ... J'serai bien mal placée pour penser une chose pareille. On va s'amuser toi et moi et je serai là pour toi quand tu le souhaiteras ... d'accord ? Et je t'apprendrai tout ce que tu veux. »

«
Ouaissss !!! » fit le gosse en sautillant de joie avant de prendre une attitude « de grand » et de poursuivre : « Moi je étais sure que tu allais dire ça hein... même que je le ai dit à Calyce ». Petit regard malicieux, large sourire aux lèvres et au minot de reprendre encore deux gâteaux et d’ajouter : « Et il faut que on arrange bien la ferme tous les deux moi je ai plein les idées et après on fait le entrainement le matin et on pourra demander à Eikorc aussi, tu crois on peut? »

«
Tu peux toujours essayer oui ... » Lui répondit sa mère tout en lui piquant un de ses gâteaux. « Dis moi karyl, Tu es venu me voir pour me parler non ? Que voulais-tu m'dire de si important ? » demanda-t-elle finalement étonnée visiblement d’avoir trouvé son fils sur le pas de sa porte d’aussi bon matin. « Ben je voulais savoir si tu étais que je vais voir Laïs parce que moi je ai envie de aller jouer un peu avec elle et de apprendre tous pleins les choses » expliqua l’enfant tout en lui faisant les gros yeux noirs en voyant son gâteau lui être subtilisé avant de rigoler et de venir s’asseoir tout près d’elle. « Je suis content que on es encore tout le deux et moi je te abandonnerai plus je promets ».

La mère se mordit la lèvre pour ne pas éclater de rire devant la mine outrée de son fils devant la prise du gâteau. Quel gourmand il faisait ! A se demander où il pouvait mettre tout ce qu’il avalait tant il restait fin et petit. Prit à la rêverie elle sursauta, surprise, lorsque le petit vînt se blottir contre elle avant de fermer les yeux et de le serrer dans ses bras. «
J'veux que tu sois heureux Karyl ... Et j'ferai tout pour, avec mes moyens ... J'te le promets aussi ... ».

«
Ben moi je suis très content parce que je aime bien manger les gâteaux et avec toi c'est mieux. Ce soir on ferra le cheval encore? Et moi je me en occupe bien hein. Et faut que tu viens jouer avec lui et moi où alors on fait le entrainement des dagues parce que tu as dis je fais mieux que toi alors il faut je te entraine pour tu sais faire mieux. » enchaîna karyl d’un air taquin provoquant une ébouriffage de cheveux en règles de la part de sa mère qui se mit à rire de bon cœur. « On fera tout ce que tu veux, mais ménage moi, j'n'ai pas ta fougue et ta jeunesse. J'm'installe quand alors ? ».

«
Moi je trouve c'est bien à la fin de la semaine comme ca je ai le temps de voir Laïs et après je peux ranger la maison et on ferra de la bataille avec les oreillers moi je suis sur que je vais gagner en plus parce que je ai l'entrainement hein alors si tu as peur tu peux dire tout de suite que je ai gagné... ». Et voila le minot qui tend la main pour prendre encore un gâteau mais vit son geste arrêté par une petite tape de la part d’une mère qui essaie en plus de lui faire les gros yeux. « Je crois que tu as assez mangé pour un milieu d'après midi, il me semble que si tu continues tu vas vraiment devenir trop lourd pour monter sur mes genoux », fit-elle avec un sourire en coin cherchant à taquiner elle aussi le petit blond. « Et va pour la fin de semaine, ça m'convient et je te remercie de m'héberger », termina-t-elle faisant rire son fils aux éclats tellement il était heureux. « Moi je suis tout mince hein pas comme Cassian alors je crois il faut que tu te fais les muscles hein parce que moi je suis encore tout petit donc si tu peux pas me porter c’est que ce est toi ». Voilà une déduction des plus logiques, du moins du point de vue du petit homme qui fit rire de nouveau sa mère qui referma tout de même la boite de biscuits à son plus grand désespoir. « Oui je me ramollis en plus en ce moment, je ne me suis plus entrainée depuis la mort ... depuis un long moment ... ».

Soudain elle porta sa main à ses lèvres et prise d'un haut le coeur elle détourne le visage, tentant de faire passer le mal. «
Ca va pas? » s'inquiéta aussitôt le petit homme. « Tu es malade? Si tu es malade moi je sais faire la potion magique et je te guéris hein, je sais faire parce que je ai appris mais peut- être c'est parce que tu as mangé trop les gâteaux alors il vaut mieux que c’est moi qui les mange... » enchaîna-t-il, ne perdant pas le nord, sacré bonhomme.

«
Ca va t'en fait pas, et non les gâteaux on les garde pour demain. J'ai juste du manger un peu trop vite ... », lui rétorqua sa mère songeant qu’elle devrait vraiment aller voir Brigide ou un autre herboriste pour faire passer ces nausées incessantes. Décidant cependant de ne pas y accorder plus d’importances pour le moment, elle offrit à son fils un sourire qui se voulait rassurant et ajouta : « On va se promener un peu ? » Insouciant, le mioche oublia aussitôt son inquiétude au profit de nouveaux projets pour la journée. Il tendit ainsi la main à sa mère et reprit : « Et si tu veux sur la route je te raconte la histoire du vilain méchant de la Provence que me a raconté le chevalier avec les cheveux bien, tu vas voir ce est trop bien et moi je sais raconter alors hein… »
La mère et l’enfant venait de se retrouver, nouvelle chance pour eux de reconstruire ce lien qu’un drame bourguignon avait faillit rompre à jamais ? Le petit homme lui, en tous les cas, était bien lui de se poser ce genre de question… Il avait enfin retrouvé sa mère et comptait bien ne profiter.

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un simple gamin des rues...
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