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"Au bout de 9 mois, le petit d'homme vient au monde. L'accouchement est douloureux. Heureusement, la femme tient la main de l'homme. Ainsi, il souffre moins."

[RP]Ca pond, chez les Tri(s), et ça va en baver, aussi !

Erikdejosseliniere
C'est pas banaaaaaaal !

Mais que fait-elle ? Mais où est-elle ? Mais quel manque de tact ces femmes supposées sages ! Comment ne pas comprendre à quel point l'homme souffre tandis que la mise bas... Le poulina... Le véla... Zut... C'est comment déjà, pour un rejeton ? Un rejetonnage ? Il souffre, le Pair, il souffle, il respire fort, il a bien fait sa couvade -depuis le temps, faut dire, c'est plus une couvade, c'est une paire de jumeaux qu'il s'est mangé-, il a touché le doux bidou de sa Fitz, il a senti l'machin bouger, il s'est émulsionné de sensations z'inconnues, il a vécu la grossesse de sa femme comme s'il y était, d'ailleurs, il a même songé qu'il y était plus qu'elle... De toute manière, c'est bien connu, la femme n'est qu'un réceptacle et le mâle y verse -comme il est bon, le mâle- sa semence, laquelle est Pairesque et Corbignesque, tout de même ! Il souffre, vraiment, nul pé-Pair n'a ainsi souffert d'un accouchement. Pour un peu, il lui faudrait les médicastres de Son Altesse Médecins Utiles (SAMU, quoi). Pas qu'il se sente nerveux, le Pair, non, non, si peu... Marmonne tout de même :

Qu'il y vienne pas, l'artésien... Suis pas en état là !

Mais que pouvait bien faire sa Reyne d'Anjou ? Franchement, un tel manque d'égard, même pour une Tri avec son Tri... Comme si elle pouvait oublier à quel point il n'était que douleur, en ces heures de contraction ! Des questions aussi :

Une fille ou un garçon ? Un garçon aux cheveux longs, une fille en pantalon ?

Et de se remettre au tissage aussi : Bon, d'accord, ce n'était point vivre noble que de travailler mais il n'allait pas laisser des imbéciles coudre à sa place, non plus ! Doués comme ils étaient, ces cancrelats risquaient de mal lier le lin, de ravauder comme des branquignoles, de gratter le cucul deux fois tri-ducal, et cela, c'était absolument insupportable !
Un cri, venant de l'intérieur :


ALORS ??? Il est né, le divin enfant ?

Et les cent pas de creuser leur sillon Pair-idurale...
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Duc Consort d'Anjou, s'il y va. Duc de Corbigny, de Chateau-Gonthier,etc. Pair de France, à l'occasion.
Fitzounette
C’est animaaaaaal !

La petite mère a fait charger toute la marmaille dans un carrosse, pour les mener à leur Pair Sévère. Le mâle s’impatiente, mais qui lui en voudrait ? Il veut pouvoir rencontrer sa géniture. S’assurer qu’elle est saine, s’enorgueillir de sa réussite. Et pourtant, Yolanda Isabel est si jeune ! A peine quelques jours. Il faudra bien qu’elle s’habitue à la dure vie de bohème, cette petite Duchesse en devenir… D’Angers à Paris, de Sémur à Saumur. Etre une buse ou un bisounours, composer avec ce drôle de patrimoine, ce métissage aussi rare qu’incongru. Elle passa doucement les doigts sur le front encore tendre de l’enfante, sur lequel se battaient quelques mèches follettes blondes. Elle priait intérieurement pour ne pas avoir à lui donner le sein, ayant dû faire charger la replète nourrice dans le carrosse voisin. Elle était déjà plate comme une Limande, s’il fallait sacrifier ses quelques formes à ce petit être vorace.
Regard qui se porte à présent vers les mèches brunes du Nain. Ce qu’il peut ressembler à son père, qu’il est beau. Ce même air outrecuidant, ce regard presque trop sérieux pour son jeune âge, cette posture altière, et ce caractère bougon et râleur. Fin sourire qui se dessine sur le visage de la Duchesse alors qu’elle observe les moindres mimiques du garçonnet, qu’elle avait bien crû perdre. Il n’en était devenu que plus précieux, et le moindre de ses caprices était exhaussé dans l’instant.


Non de dieu, on arrive quand ? J’mal au séant moi, c’pas humain d’faire voyager une femme qui vient d’engendrer. J’vais vous faire une descente d’organes, on va pas y couper…

Soupir de soulagement quand le Louvres se dessine enfin au loin, véritable îlot immaculé perdu au milieu des ruelles crasseuses et de toute cette fange accumulée dans les rigoles. L’envie pressante de sauter au dehors, dans la cour pavée, ballotant un peu le nourrison pelotonné au creux de son corsage, et voix qui intime à son fils, sur le ton de « attention mon pote, va falloir voir à pas déconner ».

Aimbaud tu t’accroches aux jupons de Maman. Et je ne veux pas entendre de « Mais Mômaaaaannn, je suis grannnnnddd ! ».

Elle le singe un peu moqueuse, et attendrie à la fois, alors qu’elle se doute bien que le visage de l’enfant risque de se tordre de contrariété, et le petit corps se raidir, tout à la fois de déplaisir. Elle poursuit, le regardant droit dans les yeux, pour lui faire comprendre l’importance de la requête.

Et tu ne lâches pas, parce que c’est plein de couloirs ici, et quand on se perds, on risque de ne jamais être retrouvé. Ja-mais.
Je suis sérieuse Aimbaud, une fois je me suis fait très peur. Heureusement, Papa m’a retrouvée sous le bureau du Primat !


Elle s’assure qu’il est bien amarré au précieux tissu, et commence à trottiner en direction du lieu de rendez vous, une salle de réunion destinée aux Feudataires, et sensée être désertée au profit d'une autre. Petits signes de tête de la meneuse de cet étrange cortège en direction des gardes et divers valets, alors que l’épopée ne fait que commencer. Faites des enfants qu’ils disaient ! Ils n’avaient pas préciser que ce n’était pas pratique de se déplacer en troupeau...
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En mémoire des joueurs de Fablitos et Zoko33.
Yolanda Isabel, Fifille., incarné par Erikdejosseliniere
es

[Visez la Lune, si vous ne l’atteignez pas, vous tomberez surement sur une étoile.]

De l’Anjou à Paris, du sein maternel aux appartements paternels, de la tendre et bucolique Anjou à la grande et cynique Capitale, de tout là-bas à juste ici, combien de lieues parcourues, combien de personnes croisées, autant de souvenirs qu’on ne peut retenir quand on a que – l’amour – quelques jours et que même la finalité du voyage vous échappe.

Alors Elle bave, Elle babille, Elle joue avec un rayon de soleil qui se reflète dans les boucles d’or maternelles et qu’Elle pense pouvoir attraper même si Elle n’a pas encore bien compris comment fonctionnent tous ces doigts bien inutiles hormis : Le pouce ! Pouce qu’Elle enfourne copieusement dans sa bouche, pressée contre le sein de Maman à tel point qu’Elle arrive à se souvenir du temps pas si lointain – quelques jours, rappelons le – où Elle était non seulement contre le cœur de Maman mais surtout juste en dessous, confinée dans l’espace sécurisant du ventre, à l’abri du bruit, des courants d’air et de la vie en générale. Si lointain malgré tout..

Et dans les bras de Maman, sous la caresse délicate de Maman, Elle soupire d’aise, profitant du roulis récurrent du carrosse pour rêvasser à plus tard. Plus tard, ce sera mieux, parce que plus tard, Elle pourra la rendre fière cette Maman qui la regarde avec tendresse, alors le sourire se fait léger, un sourire de bébé rêveur, aimant sans bien savoir pourquoi mais en sachant pour qui. Jusqu’au moment où tout bascule et surtout l’assise parfaite qui était la sienne, et la voix de Maman s’élève pour parler à cet Autre. Lui. Le trop grand mais pas encore assez puisqu’il y en a d’autres plus grand que lui. Lui. Le si brun quand Elle est si blonde. Lui. Un nom : Aimbaud. Et Maman de cesser de s’occuper d’Elle pour parler à cet Autre. Alors les pensées deviennent incohérentes dans la petite tête blonde de la busounours – j’savais que je le placerai – et le manque de parole se fait dur, cruel, et Elle hurle son désespoir.


_ Ouin.. Oui-ouiin.. OUINNNNNNNNNNNNNNNNN !!!!!(*)

Oui, Elle, Yolanda Isabel de Josselinière, fille cadette de Fitzounette de Dénéré-Penthièvre et d’Erik de la Josselinière, future duchesse et surtout.. Surtout.. Future capricieuse. La mine se fait chiffonnée et rouge alors que les poings s’agitent vigoureusement pour tenter d’expliquer à Maman qu’elle doit l’aimer maintenant, souvent, tout le temps, toujours. Que diable, elle est une future étoile, il faut donc la choyer !

(*) Qu’on pourrait traduire par : Maman .. Ma-mamaan.. MAMANNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN !
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Aimbaud,Trioliste


Quand on voyait Aimbaud - si tant est qu'on puisse s'approcher d'assez près du carrosse sans se faire décapiter par la lance d'un garde ou piétiner par les sabots crantés des chevaux, et qu'on parvienne à écarter le rideau de feutre de la fenêtre sans se heurter les doigts sur la sécurité enfant - alors, quand on voyait la trogne de ce petit morceau de chair et de soie, posé sur le siège de la voiture, dans son complet blanc cassé relevé de rubans proprement ajusté, les mains dédaigneusement posés sur le bouffant de ses cuissières, penchant sagement la tête vers l'ouverture de la portière pour respirer à son aise, et laisser voleter la frange de ses cheveux... Quand dis-je, l'on voyait ce garçonnet, tel que le voyait sa mère, on avait d'autre choix que de le trouver délicieux.

Aimbaud de Josselinière, incarnation idéale de la noblesse de France en devenir, était joli comme une image.
A vue de nez, il était parfait.

Comme mon introduction.
Hu hu.

La vie d'Aimbaud de Josselinière avait été dernièrement secouée de péripéties patentées, pas très tentantes. Son arrière grand-père Dix-Neuf l'avait arraché à sa culture pacifiste de troubadour errant, expulsant ses amis ménestrels aux frontières de l'Anjou : "Qu'ils soient trépanés s'ils osent reparaître sur mes terres" avait ajouté l'aïeul en jetant un filament de viande trouvé entre ses molaires, tel une malédiction. Les frusques du jeune Josselinière avaient été immolées, sa cythare, son sarouel ainsi que ses dreads. Il s'était accoutumé à porter des poulaines de marque, à gominer ses cheveux. Il devait apprécier le poids de l'or entre ses mains. On lui fit arracher des encyclopédies les mots "altruisme", "hippie", "donation", ou encore "bisou". Il lâcha par terre ses couronnes de fleurs, les piétina, et comme les enfants noble de son âge il se mit à collectionner les cartes "Chevalier du Chaos" et à catapulter ses petits soldats. La nuit, enfiévré, il rêvait de conquêtes et de massacres de dragons.

Un jour, un cauchemar se réalisa.

Sa Grasce sa Mère avala une graine qui faisait pousser des bébés. Elle enfla comme une bombe à eau en vessie de porc, et peu s'en fallut qu'elle n'éclate pour arroser tout le monde.
Au lieu de ça, elle dégonfla et cracha une boule de dentelles dans laquelle "Une Sœur" faisait pipi et caca, pleurait, et mangeait les tétés des Dames nourrices. Yolanda, comme on l'appelait, n'était évidement pas sa vraie sœur. Elle venait probablement d'un pays chaud où elle avait attrapé d'ardents coups de soleil qui lui avaient tanné la peau comme du gratte-cul, et l'obligeaient à fermer constamment les yeux. Pour l'heure, il avait très peu d'affinités avec cette immigrée clandestine et souhaitait vivement son rapatriement.

En guise de reconduite à la frontière, Sa Grasce Maman annonça la matinée dernière "Allez les choupis, demain on va à Paris !".

Paris ?

Aimbaud ouvrit son guide du Cheminard 1458. Il observa les gravures pour touristes et surligna le nom des auberges réputées. Mais Sa Grasce Maman vint à ajouter "Oui les choupis, vous allez voir papa !". Le guide manuscrit tomba mollement sur le parquet.

Papa ?

Encore une péripétie péripatétique pas très éthique. Aimbaud de Josselinière allait rencontrer son père, Pair, Hors-pair, Extraordinaire, Erik de Josselinière. Sa salive devint bourdonnante, ses oreilles déglutirent. Quel était-il cet homme dont il ne connaissait que scel et blason ? Son père, ce héros. Ce Bourguignon tant imaginé, tant dessiné au pastel dans ses manuscrits de brouillon. Serait-il fier de l'enfançon qu'il était, lui, chétif bambin, le métisse (un mélange de duchés, ho ho), petit Roy de l'Anjou ?

Tout à ces pensées, il dévale l'escabeau pour poser pied sur le sol parisien, serrant d'une main moite la grosse fleur de soie qui relevait les jupes de Fitzounette, pour ne pas se perdre.

Il ne moufte pas.
Il pétoche.

Erikdejosseliniere
Quand nous serons Z'unis, ça va faire maaaaaaal !

Une rumeur... Sourde d'abord, quelque chose qui vient de l'intérieur, une profonde douleur, un abyssal sentiment de peur. Mais d'où lui vient donc cette pâleur, à notre Pair siffleur ? Avant que d'aller plus avant dans notre narration, nous tenons à prévenir les âmes sensibles et délicates ainsi que nos plus jeunes lecteurs de prendre un peu de recul, pour ne pas dire d'éteindre immédiatement leur machine infernale, la suite, quoi que tenant plus de la nature intrinsèque de l'homme -et de la femme, aussi, parfois- que d'un gout immodéré pour l'horrible, le terrifiant ou l'insupportable, pourrait provoquer des hauts le coeur pour lesquels nous tenons à décliner toute responsabilité, passé, présente ou future. Bref, notre Tri, allant jusqu'au bout de sa couvade, laquelle s'était rassasiée la veille d'un gueuleton digne d'un Gargantua des temps modernes, avait eu, d'évidence, quelques difficultés à digérer l'ensemble.

Pourtant, rien qui eu dû effrayer un bourguignon convenablement constitué : C'avait commencé par un chapon à brouet de canelle, du blanc de poule aux herbes accompagné de ses choux nouveaux sur une sauce blanche aux morilles. La suite, tout aussi aérienne, avait ragaillardi les papilles du Pair, s'engraissant des meilleures pièces de rost dont il avait eu à dîner depuis longtemps, de quatre ou cinq cuisses de paon, d'un pâté de chapons -dans le seul but de faire passer, élégamment, une fouace de Lerné légèrement trop sèche mais convenablement fraiche- l'ensemble accompagné, avec une désinvolture qui confinait au divin, d'une fourmentée lardée et d'une cretonnée de pois nouveaux. Le tierce épisode de ce souper n'était plus, dès lors, qu'une simple formalité. Quelques perdrix à la trimolette, cinq ou six pigeons à l'estouffade -rien de mieux pour faire patienter le plus rude des appétits, tout en lui permettant une manière de second souffle-, un simple, modeste mais fort agréable pâté de venaison ainsi que diverses gelées et leschées, lesquelles, ainsi qu'il est communément admis, augurent d'une excellente digestion tout aussi bien qu'elles offrent à celui qui les goute une meilleure pénétration bucco-stomacale. S'offrant une brève pause avant la suite et fin, Corbigny se permit une bonne bouteille du vin de la colline Montmartre (l'auberge qu'on lui avait recommandé ne se nommait-elle point : Au Montmartrois Rassasié ?), liqueur dont il n'avait jamais tasté jusqu'alors, tandis que son repas fut plutôt accompagné de saugé, d'hypocras blancs et rouges (rien ne bouge) et d'un vin framboisé dont le tavernier lui avait vanté tous les mérites comme sublimation à l'accompagnement de la quarte et ultime saison de cette humble partie de bouche : une délicieuse crème au safran, des pâtes de coing irréellement light -comme il serait certifié sur les emballages d'ici quelques siècles-, un sublissime taillis au miel et aux noix, un blanc-manger de deux couleurs ayant pour touche finale quelques massepains, macarons et autres succulentes oublies, en manière d'amuse gueule conclusives. Ainsi que nous pouvons l'apprécier, le repas était resté frugal, tout de douceur, de finesse et de légèreté...
[NDLR : Menu librement inspiré d'un repas de banquet donné à la Cour de Charles VI]

La nuitée qui s'ensuivit avait laissé notre mangeur aussi tranquille
qu'un agapeur sachant agaper mais, comme nous l'allons bientôt voir, il n'en était désormais plus de même depuis que l'instant fatal des retrouvailles approchait ! Les traits de l'homme étaient donc crispés, tirés, la mine rougeoyante de mille feux, le fond de l'oeil jaune et absent, la lèvre inférieure tremblotante comme angloy ayant à affronter la chevalerie françoyse, les poings se contractant immodérément mais sans aucun contrôle. Le pire se situait pourtant ailleurs : des douleurs de plus en plus fortes au niveau du bas ventre et des reins ne cessaient de lui appuyer sur tous les organes et autres boyaux, tandis que de mauvais frissons se succédaient tout le long de sa colonne vertébrale, provoquant sueurs froides sur sueurs froides à notre Pair, foré. Les contractions abdominales se rapprochaient, se succèdaient, se suivaient de plus en plus vitement, de plus en plus aiguës, de plus en plus malignes, obligeant notre gourmand à se cambrer outrageusement, pour plus vite encore se plier en deux, une main toute napoléonienne sur le replet de sa boutonnière. Sa chemise ample, coupée dans le meilleur tissu d'Italie, ne parvenaient pas plus à absorber les litres de sueurs qui s'écoulaient de sa gorge, de son torse, de ses aisselles, Corbigny passant, en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, des pires bouffées de chaleur aux suées glaciales les plus intenses, alors même que son col (de chemise) ne cessait de s'ouvrir largement, sous les assauts répétés de sa respiration saccadée et de sa main restée libre. Soudain, n'y tenant plus :


SERVITEUUUURS ! DE GRAAAAACE !

Puis, beaucoup plus discretement, vers un huissier ayant accouru aussi rapidement que possible :

Une chaise percée... Je me meuuuuuurs !

Le sus-nommé meuble fut apporté avec une célérité proportionnellement égale aux éructations gastriques de notre infortuné Pair, qui, incapable du moindre mouvement, s'y laissa brutalement choir, accomplissant ce qu'il avait à accomplir dans un brouhaha indescriptible -que la morale et les bonnes moeurs de notre ère si emplie de civilités et totalement détachée de ce genre de problème technique nous empêche de décrire avec plus d'acuité ni de précision-, l'accouchement avec douleur s'achevant dans un immense râle de soulagement, sorte de cri primal que seules les mères en plein travail peuvent exprimer, juste avant que leur époux ne tourne de l'oeil d'avoir tant souffert, lorsque...

Lorsqu'Erik, revenu très de loin, pestant qu'on ne l'y reprendrait plus à boire de cette vinasse parisienne forcément frelatée, seule cause possible, en l'esprit du Josselinière, des contractures intestinales du jour -Où a-t-on vu que les parigots savaient ce qu'était du vin, du vrai, du goutu, du sereinement assimilable ? Bon becs, sans nul doute, mais piteux vignerons ! - perçu les pas nerveux d'un petit groupe en approche, les babils d'un enfant, aussi, et quoi que les couloirs du Louvre fussent immenses, il n'eut point de peine à reconnaitre sa sublissime épouse, accompagné d'un bien beau garcet -Une lueur de fierté éclaira le regard Pairesque un peu moins jaunasse que quelques minutes auparavant. Aimbaud, premier fils du nom, fabuleux espoir de toute une famille et d'un nom... Leur prime rencontre... Quel instant frétillant d'émotion ! Mais que faisaient donc la valetaille du Palais à ne point venir retirer la chaise maudite ? On peut ne pas être trop bégueule et avoir un minimum de gout, tout de même !-, et sa moitié, donc, belle comme au premier jour, comme cette fois où ils s'étaient perdus dans le bureau du Prélat primatique, toujours plate comme une limande même si Erik s'en moquait, quoi que tastant fort peu du poisson, plus blonde que jamais, éblouissante, rayonnante, ensorcellante, busesque à ravir, angevine, toujours, mais tellement plus que cela...


- Ouin... Oui-ouiin... OUINNNNNNNNNNNNNNNNN !!!!!

Elle était là aussi, cette petite chose à peine née, cette autre morceau de lui, cette excroissance bouleversante de son être, la chair de sa chair, le sang de son sang, l'âme de son âme, le nouvel espoir de sa race. Elle était là, confinée précautionneusement entre les bras de sa mère, la nourrice reléguée à l'arrière ban, elle était là, s'exprimant déjà fort et clair, comme il se devait de tout Corbigny-Penthièvre, elle était là, cette petite forme grouillante de vie qu'il avait encore grand peine à deviner avec la distance et sous son enrobage exubérant de langes. Erik, transpercé de part en part par les criaillements de l'infant, fut incapable du moindre mouvement, du moindre geste hormis les mouvements alternatifs de ses cils qui s'agitaient comme un éventail espagnol entre les menottes d'une belle gitane, et son pauvre petit coeur de re-père qui battait une chamade syncopée par l'émoi dans lequel il se trouvait... Une intuition, comme une évidence absolue : Une garcette... Ce ne peut définitivement être qu'une garcette ! Et notre Tri de fondre en larme, alors que la petite meute se rapprochait de notre grand sentimental en totale dépossession de ses moyens. Il put tout juste bégayer :

Ma Mie... Mes Z'enfants...

Rien d'autre ne s'hexala de sa gorge rendue subitement aphone par ce trop plein de joie et d'orgueil mêlés... Un coup à infarctusser, ça, n'était la nature généreuse de notre bi-papa...
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Duc Consort d'Anjou, s'il y va. Duc de Corbigny, de Chateau-Gonthier,etc. Pair de France, à l'occasion.
Fitzounette
[Ca se sent que c’est toi !]

Et alors que le petit groupe avance doucement mais surement, Yolanda se met à vagir comme un chaton qu’on égorge. Elle ne va pas bien, ou alors, elle est contrariée, allez savoir... Mais que veut-elle ? Quelles sont les raisons de ses soudains et bouillonnants émois ? Comment appréhender les désirs, voire les délires d’un poupon à peine expulsé du ventre grouillant de sa génitrice ?

Nom d’une catin unijambiste !

Eructe la Duchesse sous le regard réprobateur d’un valet.

La petite Reyne sent un long frisson de fatigue et d’ulcération lui grimper le long de l’échine. Elle tente de calmer l’enfante, en la berçant, lui parlant doucement, et lui susurrant des mots doux, mais rien n’y fait. La micro duchesse castafiorisante a décidé de tester sa puissance vocale, et en bonne Angevine butée, rien ne la fera changer d’avis… A moins que… Un dernier recours… Faire confiance à ses instincts, et à l’hérédité.

Yolanda, si tu te tais, Maman t’offre une rivière de diamants !

Autant parler à un mur, ou à un baudet (du Poitou of course). Et puis, quelle idée de tenter de communiquer avec elle et de l’acheter si tôt ? Si ça se trouve, ses humeurs internes ne sont même pas stabilisées, ce qui signifierait qu’elle est aussi éveillée qu’un bulot avarié. Petit soupir désespéré, et souvenir de quand Aimbaud avait le même âge. D’ailleurs, en parlant du garçonnet…

Le regard de la Blonde des bords de Maine glisse vers son ainé. Quel calme ! Quel visage grave, quelle mine assidue. Nouveau frisson mais cette fois ci d’inquiétude. Sa main libre vient effleurer le front habillé de boucles brunes. Et bien non, pas de fièvre, rien qui ne puisse l’alarmer. Elle tapote doucement la petite mimine crispée sur ses jupons, et accélère le pas, pour enfin passer la ligne d’arrivée !


Et là. C’est le drame. Alors qu’elle entrevoit le visage de l’être aimé, et lui sourit, les prunelles pétillantes, et le sourire ultra bright, un fumet abominable vient lui chatouiller le tarin (qu’elle a joli, d’ailleurs). Quelqu’un aurait abusé de choucroute aux fruits de mers ? Elle flanque en un éclair Yolanda dans les bras de son père, se penche vers Aimbaud et lui murmure, bienveillante.

Allons mon biquet, va te présenter au Duc… à ton père et lui adresser tes respects. Ne sois pas timide. Et rend moi fière.

Avant de foncer vers une fenêtre et l’ouvrir en grand. C’dingue ça, faut tout faire soi même dans ce foutu palais !
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En mémoire des joueurs de Fablitos et Zoko33.
Yolanda Isabel, The Star, incarné par Fitzounette


J’en vois dans le fond qui s’offusquent des propos tenus par Fitzounette, parce que vous croyez vraiment qu’à quelques jours, un bébé sait ce que c’est une catin unijambiste ? Déjà qu’à la vingtaine, j’ai du mal à imaginer la chose, allez, allez, on se ressaisit et on passe à la suite.

Diamants ? C’est quoi ? Aucune idée, mais Maman prend la peine de s’adresser à elle, qu’à elle, rien qu’à elle, alors Yolanda continue de brailler de plus belle pour qu’elle ne s’arrête pas, tout est bon pour attirer l’attention quand on est frustrée à cet âge là. Et à peine le temps d’entamer de nouvelles vocalises que la voilà dans les bras d’un autre, le souffle se fait court, les paupières clignotent, les poings commencent à se crisper et .. Wahou l’odeur ! Passée l’envie de gueuler plus fort, elle en reste coite de cette odeur qui pourrait rivaliser avec ses plus parfaites œuvres d’art – autrement dit ses langes, oui, les bébés ont ça de merveilleux qu’ils arrivent à s’extasier de tout ce qui sort d’eux-mêmes – et les azurs cristallins de se poser sur le grand-elle qui la tient dans ses bras, tandis qu’un babillement s’échappe de ses lèvres.


_ Kiaa.. reuuh.. blll blll (*)


Le pouce vient se nicher dans la bouche alors même que les yeux se fixent de leur mieux – essayez de garder le regard fixé sur quelque chose quand vous êtes même pas capables de tenir vot’ tête droite, naméoh ! Vils moqueurs – sur le Grand-Elle que Maman appelle Papa. Donc, c’est donc lui, tout s’explique ! Les paupières papillonnent, et la future Etoile de baver de contentement, collée contre le torse imposant de .. PAPA ! Révélation qui a son importance ! Jusque là, elle ne connaissait que Maman, l’Autre et toutes les nourrices, domestiques, maintenant, elle connaît Papa ! Ô Joie ! Ô Emerveillement ! L’Alpha et l’Oméga, le Yin et & Yang, le Noir et le Blanc, la couche et la .. Ahem.. Pardon ! Donc Papa dis-je, quel bonheur, quel plaisir intense. Elle en rêvait, Maman l’a fait. Oh adorable Maman qui pourvoit à tous ses besoins, à tous ces petits bonheurs de la vie qui comblent un nourrisson, Maman est belle, parfaite. Et maintenant qu’elle voit Papa, elle sait que Papa est parfait aussi. Déjà, il est grand, plus grand qu’Aimbaud, et toc dans tes dents, l’Autre ! Et en plus, il pue tout comme elle, c’est un signe du destin. La petite main qui n’est pas collée contre la bouche baveuse vient accrocher le pourpoint et le pouce s’ôte de lui-même, et le babil de reprendre.


_ Blliii ..kuiiii (**)


Et le sourire de se faire rêveur sur la petite bouche de la future Etoile. Plus tard, elle fera bien attention de bien écouter comme Maman dit pour pouvoir dire ce mot : Papa.


______
(*) Autrement dit & puisque vous n’êtes pas capables de traduire le bébé : Toi, je te kiffe à mort !
(**) Vous pourriez vous sortir les doigts du fondement un peu, y a pas de raison que j’traduise tout ! Bon, d’accord si vous insistez : Te aimes Papa.

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Aimbaud, l'Anarchiste, incarné par Fitzounette


Mon papa à moi est un vrai Pair !

Moult kilomètres plus tard — car Aimbaud vous prie de croire que ce n'est pas de tout repos de gravir ces escaliers de marbre, d'enchaîner boudoirs sur salles des glaces, de longer ces couloirs moulus de fresques interminables et tapissés à n'en plus finir — ainsi qu'un nombre incalculable d'erreurs d'appréciation (le pauvre héritier en venait à prendre tous les serviteurs du castel pour un père potentiel, il faut dire qu'ils étaient bien fringués, ces laquais parisiens), le petit groupe angevin déboucha — enfin ! — dans une agréable pièce dont l'étendue aurait fait se pâmer un agent immobilier instruit du prix du mètre carré en plein centre de la Capitale, où pendaient des lustres exquis, flottaient des tapisseries sublimes, trônaient des meubles rares : notamment une chaise posée là en plein milieu, une sculpture moderne à n'en pas douter.

Mais le plus étonnant, c'était encore l'odeur.

Le côtoiement rapproché de la Seine avait vraisemblablement ses petits désagréments. Quelque carcasse de bouc en putréfaction dans les eaux boueuses du fleuve venait à souffler sont haleine fétide jusqu'en ces lieux ? A moins que les éviers du castel soient complètement obstrués par des immondices. Un peu de vécénette-canalisation n'aurait pas été du luxe... D'autres suppositions pires encore vinrent chatouiller l'esprit fertile du jeune Josselinière, car en Province l'on racontait mille chimères à propos de l'hygiène douteuse des gens de Paris qui, selon les dires, ne s'embarrassaient pas de mouchoirs puisqu'ils avaient des rideaux.
Il s'en tint coi, et retroussa seulement les narines.

Enfin, les yeux de l'enfançon tombèrent sur une immense draperie bleue-roy ourlée d'hermine dedans laquelle roulaient des vagues de velours où pétillaient des boutons dorés, deux troncs puissants comme des mâtures formaient des jambes, une bedaine apparaissait jalonnée d'un plastron terrible, bombé de fierté, le tout flanqué d'une figure de proue héroïque : en plus, il y avait de la barbe. Il sembla à Aimbaud que cette figure glorieuse dégageait un fort rayonnement, tandis qu'un choeur de gospel médiéval chantait à l'unisson dans ses oreilles. En un clin d'oeil, une nouvelle religion venait de naître sur la Terre : Josselinière-père en était le Dieu, Josselinière-fils en était l'adepte.

Fortuitement, une parole de sa mère dans son oreille ainsi qu'un vent subit lui ébouriffant la crinière, lui rappelèrent qu'il n'était pas bienséant de garder bêtement le bec ouvert. Il ravala un disgracieux filet de salive, et ploya dans une révérence qu'il avait étudiée à la baguette de son précepteur.


Bonjour. Votre Grasce.

Puis se relevant bien vite sur la pointe des pieds, il sautille aussitôt pour tendre le front et les bras au héros, fanatique au dernier degré. Sa joie se gâte quand il voit que l'infâme Yolanda a déjà avancé ses troupes et planté son campement jusque sur le sein paternel. Nous savons de source sûre que ce forfait fut la cause, jusqu'à bien des années plus tard, de représailles en règle telles que le fameux massacre de poupées-princesses, accidentellement balancées du haut des remparts de Corbigny.
Parenthèse close.


Erikdejosseliniere
M'en fiche si elle râle !

Bonjour votre Grâce, bonjour votre Grâce... Mais il débarquait d'où, le mouflet ? Et "Papa", enfin, "Père"... Je ne sais pas, moi : quelque chose d'un rien affectueux, ça lui aurait arraché la langue, au petit ? C'était bien la peine de le laisser entre les douteuses mains de la belle-famille, quoi ! Si c'était pour en faire un coincé de plus... Le vieux Pair-ternel- jeu de mot douteux s'il en est- n'en menait pas bien large, en réalité. Un fils lui était né -quelques années auparavant- qu'il ne connaissait point, sur lequel il misait tout son avenir familial, sa succession, les notaires, le choix du chêne plutôt que du sapin, une belle tombe orientée est-ouest parce que le Feng-Shui c'est important, toutes ces sortes de choses en quelques mots. Le fils et le Pair. Le big-bang et le Country Penthos Club. Le début et l'infant. Josselinière-Père était heureux comme un pape, bien qu'il ne voulait trop le montrer. Josselinière-Fils se comportait comme s'il avalait sa croix, et Dieu le Père vit que cela était bon, il n'avait donc plus qu'à aller dormir. Hum... Le Tri, c'est pas le moment ! Toute la petite famille est là, rien que pour tes yeux, fais un effort tout de même.

Mon Fils, je te salue.

Qu'ils sont beaux... Pensée fugace d'un Pénible certifié sang pour sang tandis qu'il contemple -de la même manière qu'un car de touristes japonais devant la Joconde- ces trois irrédentistes apparitions. L'oeil se fait subitement plus serein, le pire étant passé -un geste énervé en direction des valets qui s'empressent enfin d'ôter la chaise à l'odeur douteuse-, la mine moins tendue, la chemise moins tendue, les poulaines, pure laine, la mine moins plomb bien que d'aplomb. Les bras corbignyiens se tendent en direction de son aimée, le mot tendre fuse... Plus fort que lui :

Ma fifille ! Comme elle te ressemble, Fitz !

Remarquons, au passage, que notre Pair, comme tous ceux de son genre-de père- voit dans les formes poupinnes ce que seuls des géniteurs, y compris de race, peuvent découvrir sous traits d'un bambin : telle ressemblance avec le grand-père, tel regard de la tante qui pique, tel sourire de la petite cousine au 20ème degré, tel vomi du tonton bourré. Magie de la filiation... Erik n'était plus tout à fait lui-même, oubliant totalement l'indigestion de la veille, le Louvre, les passants qui passent, sa femme, la Bourgogne, Levan, le meilleur Nuits St Georges. Fasciné il était. Son bébé, son rêve, sa pitchoune, sa fée, sa perlounette, sa crottàlui, son...

Mon Etoile !

C'est l'entame d'une histoire d'amour, de la définitive absence de raison, des poupées qui battent toujours -par la grâce du sus nommé- les petits soldats de plombs, de l'attirance vers le coté obscur de la force yolandesque, de la Loire vers l'Atlantique -même si cela n'a rien à voir- du coeur versus devoir, de Casimir contre Mr Du Snob, de tous les antagonismes : Je t'aime, mon fils, mais toi, la petite chose, là, ma popounette à moi, ton tri truc de rien de tout, rosificatrice des mes pensées et de ta future chambre, bienfaitrice de mon domaine, pour le pire et forcément le meilleur, punaise, tu me fends le coeur, et ce n'est pas qu'un vieux film hors d'âge ! Chosifiant un peu plus les choses, Erik acheva par ces quelques mots :

Tu me la prêtes, dis ???

Mais nous sommes au Louvre, et entre gens de bonne compagnie, et un papa en face de son fils, et pas de tarte à la crème dix-neuvième dans les parages, et une épouse qui vient d'enfanter, et, et, et. Faudrait quand même pas voir à passer pour un bouseux... Même si... Punaise, qu'il est fier comme un camion neuf, le Pair... Il en perd ses braies. [/i]
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Duc Consort d'Anjou, s'il y va. Duc de Corbigny, de Chateau-Gonthier,etc. Pair de France, à l'occasion.
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