Inauguration du pilori Savoyard

Skull s'était porté volontaire afin de tester l'appareil que Samo venait de dévoiler à tout les habitants. Bien sûr, il était plus que fier de faire avancer la justice, mais avait un étrange sentiment...

-Chers concitoyens, je me présente aujourd'hui comme testeur officiel de ce joli instrument qui servira à faire régner la justice.

Il se laissa donc enchaîner au pilori, Samo prenant bien soin de tout verrouiller. Après deux minutes, Skull avait une main libre, montrant à Samo qui était parti se réfugier derrière les caisses, que son jouet était défectueux.

-HUmmmmmmmm Samo? Revient par ici s’te plaît…

Il agitait sa main libre pendant qu’il lui parlait, montrant à tous que son jouet n’était pas au point….
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Dans la foule, Maewinda, souriante, appréciait le spectacle non pour se moquer de Skull, mais parce qu'un pilori permettait de jeter la honte sur les marauds et autres vilains.
Elle fut amusée de voir que les fines mains du maire de Bourg parvenaient à passer à travers les trous.

Bravo !! A quand le premier condamné?!! cria-t-elle.
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Grandgousier traversait la grand place quand il découvrit la nouvelle attraction: un pilori ! Aussitôt lui revinrent en mémoire les heures passées bambin en place d'Yenne, sa ville natale, à essayer de toucher les pauvres bougres condamnés à cette exhibition avec des œufs vidés de leur contenu et remplis par ses soins de purin de porc...

Et justement, ce pilori-là était occupé par quelqu'un qu'il ne connaissait pas, n'étant jamais allé en Bresse. Il supposa qu'il s'agissait d'un condamné de droit commun. N'ayant rien sous la main à lui jeter à la face, il se contenta de l'abreuver d'injures et de menaces:

- Et vois-doncques, vil faquin ! Porte-bouse ! Vois-doncques où tes activités licencieuses t'ont mené ! Si j'estois Prévost je t'aurois attaché au pilori et mis sur une chariotte puis conduit à la place Saint François, et ordonné qu'au cours du transport on t'infligea cinq coups de tenailles rougies au feu. Une fois arrivé, qu'on te coupa la main la plus valide et qu'on te la pendoit au cou, puis que tu sois traisné, attaché à la queue d'un cheval à la place Saint Léger, où on te couperait l'autre main et on te la pendrait itou au cou, puis que tu sois traisné à Saint Helme, et qu'entre les deux colonnes, on te tranchoit la tête, qu'elle soit séparée du corps et que tu en mourrois, puis que ton cadavre soit coupé en quatre morceaux, qui seraient exposés dans les endroits habituels jusqu'à ce qu'ils pourrissoient. Ainsi, tu aurais pu visiter Chambéry aux frais du Duc... héhéhé...

Tout cela était fort divertissant, mais ne valait point un bon jeté d'œuf "spécial G.G.". Justement, les quelques litres de vinasses avalés par Grandgousier à la taverne du coin ne demandaient qu'à sortir par en bas... il ne restait donc plus qu'à trouver des œufs, et une grosse aiguille...
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Riant plus qu'autre chose, il réussit à dire:

-Faudra améliorer ton talent de crieur, autrement, je donne pas cher de ma peau!
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Maewinda, devant le cirque provoqué par les actions de Grandgousier, ne put s'empêcher de rire, et son rire de se transformer en fou-rire. Avisant quelques enfants, elle leur donna quelques menus fruits qu'elle paya à un marchand cis à côté d'elle.

Tenez, vous voyez le môssieur qui essaie de libérer le malotru enfermer sur le pilori?? Si le malotru est sur le pilori, c'est qu'il y a une bonne raison, non? Alors, il ne faut pas essayer de le délivrer, d'accord? Donc, ce que fait le môssieur est un acte vilain ! Vous m'aidez à le disputer??
Regardez, faites comme moi !

Et, d'un geste du bras, elle lance une belle poire dans la direction de Grandgousier.

Amusés, les enfants font de même.

Au diable le malandrin !! Il est interdit de libérer un vilain si l'on n'est point juge de Savoie ou au moins lieutenant de police ! Tâtez donc des chairs de ces fruits, elles vous feront passer le goût du pain !!
Taïaut !!
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Une pomme bien blette vint s'écraser aux pieds de Grandgousier qui faillit lâcher l'enclume sur la tête du bourgmestre de Bourg. Il reposa alors du plus vite qu'il put son lourd fardeau au sol, non sans essuyer une poire trop mûre sur l'épaule, une prune moisie sur la cuisse et un coing défraîchi sur le fessier. Devant telle mitraille dont il n'eut guère le temps de chercher la provenance, mais entendant des rires d'enfants, il se réfugia courageusement derrière le pilori, laissant Skull en première ligne, tout en criant:

- Aux douves, aux douves ! On nous bombardoit !!! M'sire Samo !!! Rescousse !!! Rescousse !!!
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Voyant que Gaieté et Rire frappaient aux coeurs des Savoyards, la Baronne prit sur elle d'en offrir davantage et, dépensant ses écus, elle paya grassement le marchand pour que chacun puisse venir empoigner ses fruits et les lancer en direction de l'échafaud (et des personnes qui, par-delà, se trouvaient en vis-à-vis).

Ce que chacun s'aperçut au fur et à mesure des lancers, c'est que les fruits, dans le bas des paniers, étaient encore moins mûrs et surtout plus ramollis que ceux du dessus, ayant supporter longtemps le poids de leurs congénères.

Sus aux criminels ! Sus à ceux qui croient que le crime paie en Savoie ! Et surtout sus aux complices qui tentoient ainsi de les libérer aux yeux des honnêtes fils de Savoie !!
Lancez, amis, lancez ces foudres pour qu'ils en soient tout maculés, comme leur âme doit l'être aux yeux d'Aristote !!
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À la toute première salve, celle où Grandgousier réclama l'aide des autorités, Samo pouffa de rire, car à cet instant il n'avait pas encore été atteint. Mais lorsque la Baronne de la Ravoire lança la foule en renfort de tir, une pomme vint terminer son existence contre le coude de Samo, qui se tenait un peu en retrait du pilori, où Grandgousier allait maintenant s'installer. Samo fit quelque pas et leva les bras en l'air

STOOPPPP!!! J'AI DIT PAS DE LANCER!!! ARR...

Ses paroles furent interrompue rapidement lorsqu'une poire cette fois, pour changer, vint se scinder en deux sur son nez... Le jus lui coulant dans les yeux et dans les narines, il crachota, tentant maintenant de se couvrir de la pluie allant croissante.

Argg... Stop... STOP...

Il s'abrita les yeux et recula, puis lança à l'adresse de GrandGousier qui se tenait assis en équilibre au dessus de Skull

Cachez-vous, sinon vous allez basculer sur le dos sous cette pluie nutritive!
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Ordre du lac d'amour
Grand-Maistre de l'Ordre du Lac d'amour,
Capitaine de Savoie,
Seigneur d'Excevenex.

- Foutremouise, moi ? Malade ???

Grandgousier rugit-il en attrapant la prune qui s'écrasa dans sa poigne avec un grand splotch, dégoulinant sur le crâne de ce pauvre Skull toujours prisonnier du pilori.

- Malade, m'dame ? Et mesme si c'estoit le cas, je préférerais aller visiter un rebouteux qui ne savoit mesme pas pourquoi il me soigne, qu'un médecin de vostre trempe qui lui ne savoit pas pourquoi il me tue !!! Allons, bonnes gens, braves savoyards, voyez-doncques maintenant duquel bord la justice se trouvoit ! Haro ! Haro sur l'usurpatrice !!! A moi montagnards !!!

Et il renvoya dans la direction de la baronne ce qu'il restait de la prune, c 'est à dire le noyau. Bien sûr il ne visa pas vraiment, conscient que si elle se le prenait dans l'œil il pourrait estre jugé pour fronde, et ceste fois pour de vrai. Le noyau de la discorde passa donc largement au dessus de la dame.
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Se secouant un peu il répondit

J'en pense, madame la baronne, que je préfère les fruits pas trop mûrs dans une assiette... Et que bien entendu, notre pilori est à la disposition de tout agitateur publique... Et nous serons ravis d'y mettre toute personne coupable de ce crime!

Cherchant des yeux un abris hors d'atteinte d'une éventuelle nouvelle attaque fruitière, il rajouta

Néanmoins, l'attaque de représentants du duché, et de dirigeants de ville, à coup de fruit, mis à part les bananes, peut également être interprété comme de l'agitation publique...

S'apercevant alors de l'état de Skull, qui se noyait presque dans le jus de fruit, entre les jambes de Grandgousier, se dit qu'il serait peut-être temps de le détacher... Comme il n'avait réellement rien fait...

Il tâtonna à sa ceinture, et fouilla dans sa bourse. Ses yeux s'agrandirent lorsqu'il réalise avoir perdu la clé dans son affolement d'un abris...

Non de... Aidez moi vite! La clé a disparue! Le maire de Bourg ne doit pas rester coincé là!!
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Ordre du lac d'amour
Grand-Maistre de l'Ordre du Lac d'amour,
Capitaine de Savoie,
Seigneur d'Excevenex.

HRP: désolé de poster en retard, j'étais en vacances

Hico regardait la scène de loin en souriant mais voyant l'a détresse de Samo, il s'en mêla...
Samo je crois que Grandgousier va le libérer.
Hico acquiesça de la teste à Grandgousier pour lui dire de délivrer le maire.
Samo, tu devrais plus longuement préparer la démonsatration la prochaine fois... Et...
Hico montra les enfants calmés à Samo
...Maintenir le calme dans l'assemblée...
Enfin bon, cela est passé.
Puis il lui murmura
Et travaille ta voix, on t'entends presque pas avec tout le raffut, moi je n'ai entendu que "c'est...un...malfrat..."
Cela peut porter à confusion.

Ce fût le Sieur Hico qui fit signe à Grandgousier de faire son office. Il prit donc sa respiration, puis se saisit de l'enclume par ses deux extrémités. Avec un hurlement digne des meilleures séances de torture publique, il la souleva jusqu'au dessus de sa tête, et fit deux pas pour se placer au dessus d'un des côtés du pilori.

- Rotugnu... chhhh... fermez les yeux m'sire Skull... chhh... grmpfff... j'envoie l'bestiau...

Il lâcha sa lourde charge, qui vint rebondir sur le bord du pilori avant de s'écraser sur l'estrade, passant au travers et se retrouvant sur les pavés de la grand place. Les fers du pilori giclèrent dans les airs et le carcan supérieur se souleva pour retomber sur le côté. Le bourgmestre de Bourg était libre.

Grangousier se retourna alors avec un air désolé vers le Prévost des Maréchaux:

- Ben forcement, maint'nant il va bien moins marcher...
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Grandgousier répondit aux félicitations de la baronne d'une courbette assortie d'un revers de manche.

- Aaahhhh... mais c'est que je n'ai fait qu'obéir aux injonctions du Sieur Connétable, m'dame la baronne. Quand un valet commettoit sur ordre un impair, il faut accuser son maître, pas le pauvre bougre. De même que quand un pays alloit à val l'eau, il faut s'en prendre à sa noblesse et point à son peuple, sauf vot'respect m'dame.

Il ramassa une des rares pommes dans un état assez décent pour être mangée, et d'un geste la lança à Maewinda.

- Acceptez ma dame ce bien modeste présent d'un homme du terroir à une dame du manoir, sans y voir autre chose qu'une marque d'admiration pour le brio avec lequel vous avez su mener vos troupes au combat. Et signons là la paix des braves savoyards, pour que pour une fois ce fruit soit la pomme de la concorde.
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