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[RP] La juge d'Anjou enlevée!!!

Linon
Masquée par l'épaule de son valeureux compagnon, Linon au comble du trouble baissa la tête. Le choc était rude, Kles était le dernier homme qu'elle s'attendait à voir en cet instant pourtant si parfait jusqu'à son arrivée. Que faisait-il là, après tant de temps? Elle s'était persuadée qu'il était mort pendant la dernière guerre des comtés du nord. C'était la seule explication supportable à l'époque. Et voilà qu'il débarquait au moment où sa vie prenait un tournant aussi décisif que définitif.

L'échange entre les deux hommes lui fit relever le regard, juste à temps pour voir le géant blond faire demi-tour. Kles... elle eut presque un mouvement pour le retenir, mais son présent incarné par Titi faisait barrage. Ne restait plus que son parfait et si courageux Maje-philosophe qui s'inquiétait, et le passé dont elle ne lui avait pas parlé. Que penserait-il d'elle? L'idée de le décevoir et de perdre son estime lui fit manquer un battement de coeur. Forçant un sourire rassurant, Linon hocha légèrement la tête pour acquiescer.


Oui... c'est fini.


Une cavalcade qui se rapprochait annonçait les invités décrits par Kles et la fin du répit. Quelle idée avait-il eu de faire croire à un enlèvement ! La petite juge songea brièvement à se placer dans le chemin pour les arrêter et leur expliquer, mais elle n'avait jamais aimé les hommes d'armes et se méfiait d'eux, particulièrement quand ils étaient en groupe et surexcités.

Elle parcourut les alentours du regard à la recherche d'une idée, puis glissa sa main sous le bras de Titi pour l'attirer.

Viens..! Vite... je ne veux pas qu'ils t'attrapent !

Et elle l'entraîna en courant vers la tour aux corneilles qui représentait leur avenir... s'il voulait encore d'elle.
Letiti
Enfin elle retrouvait le sourire. Le philosophe maudissait le brigand blond de l’avoir ainsi terrorisée. C’était terminé, sa douce avait retrouvé le sourire, malgré tout une insidieuse petite voix lui martelait qu’il avait raté quelque chose. Il avait beau tourner et retourner sa mémoire sur les derniers évènements, il ne trouvait pas. Une main enserrant son bras le ramena à la réalité.
L’enlèvement…les gardes…
Une grimace parcourut son visage réalisant les conséquences de son acte. Tu parles d’une idée romantique à la mord moi l’nœud.


T’as raison mon Trognon. Planquons-nous avant qu’ils ne débarquent.

Décidément son sourire était de courte durée, et pas question d’être tranquille deux minutes. Jurant dans sa barbe, le petit bonhomme fut en deux pas au niveau de la mule. Il la remit dans le sens du chemin et lui flanqua une claque sur la croupe.
La bestiole protesta bien évidemment mais se mit en route. En deux temps trois mouvements, le bocal de prune et la couverture furent remis dans le panier, celui-ci attrapé d’une main, et celle de Linon de l’autre. Lui lançant un regard complice, il tenta de faire passer le malaise qu’il devinait dans son regard :


Impec ! Plus une trace des deux amoureux en fuite.
T’as pas peur que je profite de la situation une fois caché aux yeux du monde dans la tour.


Au petit trot, les voila arrivant devant la porte d’entrée…barricadée. Sourcils froncés et menton qui remonte. Il aurait pu s’en douter. Une demi-seconde de réflexion et il l’entraine tout autour cherchant une autre entrée… trouvée derrière : une fenêtre à mi-hauteur dont les volets semblent avoir souffert.
Clin d’œil adressé à la juge et soupir de soulagement. Le vagabond glisse une extrémité de son bâton dans l’interstice, attrape l’autre et tire de toutes ses forces. Le bois vermoulu ne résiste guère et le volet s’ouvre dans un :


CRAC !

Grimpe ! On est quasiment tiré d’affaire.


Après l’avoir aidé à enjamber la fenêtre, il lui fait passer le panier et son bâton puis saute à l’intérieur à son tour. Les volets sont à nouveau tirés et maintenus fermé avec le manche.
Il se retourne vers elle, un grand sourire aux lèvres. L’excitation de leur petite aventure lui a fait momentanément oublier les récents désagréments. La poussière récupérée sur ses braies lors de la petite acrobatie est rapidement frottée. Perfidement il fait de même au niveau de la chute de rein de sa compagne. Il lui adresse un sourire taquin et des yeux pétillant:


J’allais pas te laisser comme ca quand même…
On jette un coup d’œil maintenant qu’on est la ?!


La base de la tour se résume à une grande pièce de réception aux dalles froides et à l’immense cheminée. Une odeur de renfermé prédomine les quelques meubles couverts de poussière. Le plafond en bois maintenu par de solides poutres et un escalier taillé dans la pierre dans un coin de la pièce laisse supposer un ou plusieurs étages plus confortable.

Clé ?...Clèsse ?....

Allez comprendre la mémoire. Alors qu’il y a quelques minutes, il la sollicitait sans résultats, maintenant qu’il avait oublié sa gêne, la réponse à ses interrogations. C’était ça qui le dérangeait : Linon l’avait appelé par son prénom. Elle connaissait le brigand. Des scénarii plus ou moins horribles fulgurèrent dans sa tête. Il n’y a pas que des avantages à l’imagination débordante. Il prit la main de linon dans la sienne, l’autre se serrant progressivement en un poing.

Tro…Trognon… Ce brigand… T’as déjà eut affaire à lui…
Il t’a… fais du mal ? Dis-moi. Je m’arrangerai pour que tu n’aie plus jamais rien à craindre de lui.
N’ai pas peur. Tu peux me raconter.

_________________
Linon
Titi avait immédiatement réagi et tous deux se retrouvèrent vite fait devant la tour carrée. Pendant que l'homme cherchait un moyen d'entrer, Linon renversa le visage vers le sommet de la massive tour qui se détachait sur le ciel bleu. Elle se mordit la lèvre d'enthousiasme en imaginant son Titi en seigneur des lieux, occupé tout en haut à ses expériences de Majie...

Mais pour l'instant, la majie se résumait à un bâton pour forcer les volets. Linon rouspéta un peu à l'idée de devoir faire de l'escalade dans son état et dans sa robe de tribunal qui n'était pas faite pour, mais la cavalcade se rapprochait et elle finit par enjamber le rebord de la fenêtre avec l'aide de Titi.

Une fois à l'intérieur, elle observa les nouveaux lieux en serrant les bras autour d'elle, légèrement frissonnante. Ça devait être fermé depuis fort longtemps à en juger par la poussière accumulée et la fraîcheur conservée par les murs que ce début de printemps n'avait pas encore réchauffés.

Titi s'occupa de remettre un peu d'ordre dans sa tenue à sa manière, ce qui arracha un rire léger à la jeune femme. Elle faisait un pas vers la cheminée en songeant aux lettres pas encore ouvertes qui se trouvaient dans sa poche et pourraient servir à allumer un feu, quand les paroles de Titi l'arrêtèrent. Ainsi, il voulait savoir... Mais pour quoi faire? Elle leva vers lui un regard empli de désarroi, laissa passer quelques secondes, puis baissa les yeux pour lui répondre.


Oui mon aimé... je le connais. Ce n'est pas un brigand. Il s'appelle Klesiange, il est flamand...


La main de Titi gardait la sienne bien au chaud.

Je l'ai connu en Bourgogne. Tu sais, quand j'ai été poutrée là-bas? Je... j'étais seule et gravement blessée... j'ai cru mourir de solitude et de désespoir. Et c'est lui qui... enfin... je ne suis pas morte, quoi... Quand j'ai été rétablie, je suis rentrée en Anjou, il est reparti chez lui... Nous nous sommes un peu écrit, puis il a ... disparu. Je le pensais mort jusqu'à aujourd'hui. Ensuite, je t'ai rencontré.

Elle bougea un peu les doigts pour s'assurer qu'il tenait toujours sa main, hésita à continuer.

Risquer de le perdre en lui avouant qu'elle avait aimé cet homme? Qu'elle l'avait attendu désespérément chaque jour? Même Kles l'ignorait... ils n'avaient pas eu assez de temps pour se dire tout ça, et Linon n'avait découvert qu'elle était enceinte que bien après son retour en Anjou. Elle l'avait supplié par courrier de venir l'épouser. Lettre restée sans réponse... heureusement le Très-Haut avait entendu ses prières affolées et finalement, aucun enfant n'était né. Et la blessure avait fini par se refermer grâce au merveilleux Titi qu'elle avait ébouillanté en guise de premier bonjour. A quoi bon lui dire tout ça ?


C'est tout mon aimé, ne t'inquiète pas... J'ai été surprise, c'est tout.


Oui, à quoi bon lui dire? Les femmes gardaient pour elles ces secrets intimes et douloureux qui les faisaient sangloter la nuit dans leur oreiller. Comment un homme pourrait-il comprendre?

Elle serra un peu la main. Ne me quitte pas...
Letiti
Finalement le poing se relâche, mais la main reste serrée dans la sienne. Il n'avait pas vraiment imaginé ca... plutôt l'inverse. On ne peut pas vraiment dire que ca lui plait beaucoup plus.
Au fur et à mesure qu'elle raconte difficilement son histoire, il repense à la sienne, à son retour définitif sur Saumur après un rapide et douloureux passage en Touraine. Une période houleuse, où le philosophe perdu errait émotionnellement. Il s'était abandonné dans les bras d'une rouquine, le coeur fermé par ses dernières désillusions.
Sa main reste fermement accrochée à la sienne. Le silence s'impose avant qu'elle ne mette un point final. Des images fusent dans sa tête, lui remémorant tout ce qu'elle lui a apporté. Les changements dans sa vie. Il n'a qu'une peur, qu'elle le rejette. Après tout si elle le pensait mort... elle risquait de vouloir revenir vers lui.

Ne souffrant plus de la voir comme cela, il tire un peu sur sa main pour la rapprocher. L'autre remonte vers sa joue et guide sa tête contre lui. Il dépose un tendre baiser sur son font.


D'accord mon adorée.
Excuse mes questions.

Viens! Continuons notre exploration!


Un sourire lui est adressé. Il n'est pas question de la laisser partir. Les morts peuvent bien réapparaitre, il ferait tout pour la garder.
Il l'entraina vers l'escalier qui montait vers l'étage. Ils s'arrêtèrent au premier étage tandis que l'escalier continuait de monter vers le sommet de la tour. Un plancher, quelques ouvertures barricadées, la pièce semble agréable avec une autre cheminée, une grande table centrale, des bancs en pierre sous chaque fenêtre.
Mais il fait sombre, seule une petite brèche dans un volet abimé laisse passer un rai de lumière. Le Maje lache la main de Linon et fouille dans le panier, trouvant deux espèces de peigne qu'il avait préparé.


Bouge pas mon Trognon.
J'ai préparé un nouveau sort.


Il file rapidement vers le volet et fixe les deux peignes l'un conte l'autre devant l'ouverture. Se dégageant du rai de lumière, il fait glisser un peigne contre l'autre jusque...
Le Maje est tout sourire, il se glisse derrière son adorée et l'enlace.


Alors? t'en pense quoi?
C'est pas mal hein.


La lumière blanche, franchissant le double obstacle des deux peignes, se décompose et empli la pièce d'un multitude d'arcs en ciel verticaux.
Calculateur le Maje? pas complètement faux. Il espère bien que son dernier tour de manche remettra Linon dans de bonne dispositions pour répondre de la bonne facon à sa question.

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Linon
A peine le temps de poser la tête sur l'épaule de Titi et de recevoir un tendre baiser que le tourbillon joyeux qui anime ce fabuleux homme reprend. Il l'entraîne à l'étage et bricole quelque chose sur un volet, pendant que Linon parcourt la pièce du regard. Ses pensées sont à nouveau entièrement concentrées sur eux deux, et elle cherche à se rappeler si elle a dit oui, si ça compte encore, ou si la demande de Titou est juste annulée. Comment faire pour lui dire?

Le voilà qui revient et l'enlace pour lui montrer sa nouvelle invention. La jeune femme se laisse aller contre lui et ouvre de grands yeux devant le spectacle incroyable qu'il a créé avec deux bouts de bois.


Oooohh... Titou.... C'est magnifique ! Mais comment tu fais tout ça? C'est aussi beau que les étoiles que tu as fabriquées l'autre soir sur la Loire...

Elle pose les mains sur les bras qui l'enlacent et dans une douce caresse, les fait la serrer un peu plus fort. Vivre sans lui lui est devenu tout simplement inimaginable. Alors bravant la gêne qui s'est installée entre eux, elle murmure

Tu.. tu veux toujours de moi?


Heureusement, la pénombre de la pièce malgré les arcs-en-ciel et la position de Titi derrière elle, l'empêchent de voir les larmes sourdre de ses paupières closes.
Letiti
Délicieux moment, l'avoir contre lui, pour lui. Et elle demande pourquoi il fait tout ca. N'est ce pas évident?! Quel intérêt pour lui même que d'éclairer une pièce d'arcs en ciel?
Sa joue vient se poser contre la sienne. Un sourire s'étire sur son visage tandis que le murmure parvient jusqu'à ses oreilles. Avec l'"apparition", il n'avait osé réitérer sa demande. Mais elle voulait toujours de lui. Son cœur se mit à battre plus fort.
Bien à regret il enleva un de ses bras pour glisser sa main dans sa poche.


Mon adorée...
C'est toi qui devrait répondre à cette question.
Je te l'ai déjà dit, je te veux à mes côtés et rien ne pourra changer cela.


La main ressort de la poche non pas cette fois avec des prunes mais bel et bien avec une bague en or. Faut pas croire, il ne commet pas vingt fois la même erreur le philosophe. Elle est sertie de trois petites pierres précieuses: une rouge, une verte, une bleu. Ouvrant la paume de sa main il lui tend la bague, son autre bras la serrant toujours contre son coeur:

Voila pourquoi j'ai tenu a racketter Réré après son retour.
Je voulais quelque chose à ta mesure.
Mon aimée, prend cette bague... si tu veux devenir ma femme.

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Linon
La joue de Titi venue se poser contre la sienne provoqua l'exhalaison d'un soupir. Linon sans s'en rendre compte avait retenu sa respiration un court instant. Tout était renoué, rien n'avait changé, et la jeune femme adressa un remerciement muet au Très-Haut qui veillait sur eux. Elle rouvrit lentement les paupières et baissa les yeux sur l'objet que lui tendait Titi. Un sourire illumina son visage alors qu'elle se tournait doucement dans ses bras pour lui faire face. Elle tendit gracieusement la main pour qu'il puisse glisser le bijou à son doigt et au milieu des scintillements des pierres précieuses provoqués par les arcs en ciel qui les éclairaient, prononça enfin les mots que leurs deux coeurs espéraient tant.

Ici, chez toi... ou sur les chemins... oui Titou, je veux être toute à toi, rien qu'à toi, jusqu'à notre mort.

Elle lui laissa le temps de glisser l'anneau sur son doigt avant d'ajouter malicieusement

Et pour une fois que les écus d'Auré serviront à une action qui plaît à Dieu, il devrait te remercier... et t'en donner plus...

Et la jeune femme aux yeux pétillant de bonheur se mit à rire d'un rire clair et joyeux comme cette merveilleuse journée.
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