Amusé, le gitan regarda le jeune homme s'envoyer le liquide pourpre dans le fond du gosier tel un assoiffé. C'était un gouffre ce gosse! Il claqua des doigts pour interpeller l'intention d'une serveuse et lui demanda deux pichets supplémentaires. Au rythme de son invité importun, mieux vallait prévoir large.
Vous jouez vraiment bien. Je le dis sincèrement.
A dire vrai, il n'y'avait rien que detestait plus le gitan que la solitude. Sans doute trop habitué à la vie communautaire. La présence du jeune homme, toute innatendue et surprennante soit elle était donc bienvenue. Et surtout... si il appreçiait sa musique.
Mouai... 'paraît. Et toi tu sais jouer?
Il appuya son regard sur le jeune homme pour tenter de déchiffrer ses attentions. Aucun inconnu n'approchait jamais Juan, sans une attention derrière la tête. Il jetta un coup d'oeil a ses bagues. Peut être vennait il pour tenter de lui en dérober une? Mais il serait bien mal avisé de tenter cela dans un lieu bondé et clôt. Il n'irait pas loin et faudrait déjà parvenir ne serait qu'a effleurer sa main.
En fait, je mennuyais et je suis très curieux de nature, trop peut être.
L'homme à la peau brune allongea un sourire.L'ennui, il connaissait que trop bien... C'était une reponse pour lui satisfaisante. L'ennu poussait souvent à faire des choses etranges. Trés etranges. Il poussa alors un pichet qu'on vennait de servir vers lui en silence. Et se mit à jouer à nouveau quelques notes tout en discutant en même temps:
La curiosité est le plus utile des defauts tu sauras. Il cala un pied sur le barreau de la chaise a côté et commença un rythme plus enjoué.
Y'a une soirée ce soir. J't'invite. A l'ouest du quartier basilik. Suffira d'suivre la musique.
Puis, il haussa le ton suffisemment fort pour interpeller la demoiselle qui lui avait offert un duo improvisé. Il était à peu prés sûr qu'elle gardait malgrés tout une oreille sur tout ce qui se disait dans cette taverne.
Et vous aussi la chanteuse! Et faites nous l'plaisir d'mettre une robe bon sang!
Il eclata doucement de rire et bu quelques gorgées tout en marmonnant:
"Une danseuse sans volant est comme un musicien sans instrument..." Puis, il posa à nouveau son regard sombre sur son invité.
Embarquez votre boisson. On bouge.
Là, c'etait un ordre. Narco allait comprendre ce qu'il en coûtait de fréquenter les gitans. Puis Juan passa la bretelle en cuir de sa guitare sur son torse pour la maintenir dans le dos et attrappa sa besace. Avant de prendre l'un des pichets et d'attendre que Narco fasse de même pour le talonner jusqu'à la sortie. La certitude... que ce ne serait pas la dernière fois qu'il verrait la chanteuse.