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[RP] Le déclin ...

Pouilleux
Antoine rouvrit les yeux sur une éblouissante lumière blanche, et dut ainsi les refermer. Après plusieurs essais, il s'était habitué à cette onirique lueur.
Que faisait-il là ?

Etait-ce ce boeuf aux épices qui lui éveillait les sens ?
Non, il n'y avait aucune assiette devant lui. En fait, il n'y avait rien devant lui. Ni derrière lui, ni encore au dessus, ou en dessous. Il flottait au centre d'un paysage uni, habillé d'une étrange toge qui se fondait dans la blancheur de l'environnement.

Il ne se rappelait que d'avoir goûté à ce met qu'il avait tant attendu. Qu'était-il arrivé ensuite ? Comment s'était-il retrouvé là ? Comment pouvait-il en sortir ?
Le Seigneur de Sinard tenta de lever un bras. Rien ne se produisit. Il était condamné à l'immobilité, condamné à rester spectateur de cette pièce monochrome.
Bien que paralysé, Antoine se sentait étrangement bien. Il nageait dans une béatitude totale, ne subissant aucune contraction. Ses muscles, sa chair, ses os, tous étaient enveloppés dans une confortable aisance.
Plus surprenant encore, sa poitrine ne le démangeait plus. Pour la première fois depuis des mois, ses poumons le laissaient en paix.

Où donc pouvait-on se sentir mieux encore que dans le ventre de sa mère. Quelle contrée pouvait-elle donner à un homme la sensation que toute souffrance allait désormais être prohibée, inexistante, factice ? Quelle place pouvait donc faire jouir son visiteur d'une inconditionnelle félicité ? Quel théâtre était synonyme d'une béatitude éternelle ?

Non ...

C'était terminé ...

Il s'envolait à coup sûr vers le paradis. Il avait abandonné subitement amis, famille, biens ...
La petite Romane ne l'enchanterait plus de son rire léger.
Le vieux Phelim ne serait plus là pour l'écouter et le conseiller.
La brave Nynaeve ne lui apprendrait plus les mécanismes de la société qui lui restaient obscurs.
La bienveillante Arwel ne serait plus là pour lui rappeler par sa présence l'excellence de l'humanité.
Le méticuleux Mirandor n'aurait plus à lui administrer ses meilleurs traitements.
Et tant d'autres précieux amis dont il était séparé.

Il baignait dans l'aisance alors que, plus bas, tous restaient pour encore longtemps.
Que devait-il lui arriver désormais ?
Quand arriverait-il au Soleil ?
Tout restait encore inlassablement blanc autour de lui. Rien ne changeait.

Soudain, il put lever le bras.
Ses jambes s'engourdirent.
Ses cuisses s'humidifièrent.
Son estomac gronda.
Sa poitrine le brûla.
Son cou s'ankylosa.
Sa tête le gratta.
Sa toge se désagrégeait peu à peu, remplacée par la tenue qu'il portait sur lui au moment de l'accident.
Le blanc qui l'entourait se souilla peu à peu. Il devint bien vite marron. Boisé, plus précisément.

Le décor s'était rapidement changé. Il était de nouveau sur terre, dans la maison de ses amis.
Le rire léger de la petite Romane éblouirait encore ses oreilles.
Les conseils du vieux Phelim limiteraient encore ses bêtises.
Les leçons de la brave de Nynaeve pourraient encore être nombreuses.
La présence de la bienveillante Arwel attiserait de nouveau sa foi en l'humanité.
Enfin, les traitements du brillant Mirandor lui offriraient encore de nombreux instants de bonheur.

Il était allongé sur une couche. Les couvertures s'accumulaient sur son corps étendu.
A ses côtés, la Vicomtesse dormait telle un ange. L'intrépide avait tenu à rester à son chevet. Finalement, elle n'avait pas tenu.
Cela ne manqua pas de rassurer Antoine qui avait longtemps cru que la demoiselle ne dormait jamais.
Il resta là, étalé sur sa couche, veillant malgré sa faiblesse sur le sommeil de celle qui symbolisait pour lui la réussite.

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Mirandor
Mirandor était réveillé... La faim lui tiraillait le ventre, et le morceau de pain qu'il avait mangé dans la nuit n'avait pas suffi... Le boeuf aux épices était froid... Les assiettes étaient intactes, les deux fiancés n'avaient pas eu le coeur à manger après l'attaque d'Antoine... Mais ils avaient veillé sur lui, attendant avec appréhension son réveil...

Salut à toi, Antoine... On peut dire que tu nous as fait une belle frayeur... lui dit-il doucement, prenant garde à ne pas réveiller Arwel...

Il s'assit sur la couche de son ami, regardant en souriant la belle endormie...


Elle est restée là toute la nuit, mais la fatigue a été plus forte...

Après une pause, il reprit en fixant Antoine :

Comment te sens-tu ?
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Pouilleux
Très tôt arriva Mirandor, qui semblait tout aussi fatigué, mais qui était parvenu à veiller.
Il semblait rassuré de voir Antoine éveillé.


"Elle est restée là toute la nuit, mais la fatigue a été plus forte..."

Le Seigneur de Sinard ne put s'empêcher de sourire.

"C'est une véritable perle que tu as là. Prends-en bien soin."

Naturellement, le médecin s'enquit ensuite de sa santé. le contraire aurait été vraiment étonnant.

"Comment te sens-tu ?"

Cette fois-ci, il grimaça. Il se sentait bien mieux dans son court séjour au paradis. Mais devait-il croire à un rêve ou à une passagère erreur divine ?

"J'ai mal, comme d'habitude. Et j'ai du mal à bouger."

Il fit une pause afin de s'adonner à une courte réflexion, puis reprit.

"Tu penses qu'il est possible de me mener chez moi ?"
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Phelim
Une lettre scellée aux armes de Tassin la Demi Lune fut remise par un messager au Seigneur de Sinard.


Citation:
A mon filleul Antoine de Navarre, Seigneur de Sinard.

Cher fillot,


A force de regards noirs qui me sont régulièrement lancés et de marmonnements du genre "parrain indigne" qui parviennent souvent jusqu'à mon ouïe fine, j'ai pris la plume pour t'écrire, bien que je déteste cela, afin d'avoir la conscience tranquille.

J'aurais voulu pouvoir venir à ton chevet .. je préfère encore voyager que faire travailler mon poignet sur un parchemin, mais comme tu le sais, j'ai mon armée à Lyon et je ne peux bouger sans l'autorisaton du capitaine.

Bref ! J'ai appris que tu étais mourrant mon fillot, est-ce vrai?
Tu vois, j'avais raison de dire qu'à force de semer ta semence dans n'importe quel ventre cela finirait par t'apporter des misères. C'est surement parce qu'Aristote n'est pas content de tes cachoteries qu'il te punit aujourd'hui. Tu aurais du penser à te confesser enfin !
Je ne saurai que trop te conseiller de faire comme moi, d'avoir un carnet pour noter par ordre alphabétique chaque pêché que tu commets, et ce enfin d'en oublier aucun à la confession ensuite.
Tu veux que je demande à Monseigneur Oiselier s'il peut te rendre visite?

Je suis persuadé que l'air des montagnes te ferait du bien, et te requinquerait. Tu veux que j'écrive à ta marraine Nynaeve voir si elle peut te recevoir?

Ou tu préfères que je te forge une hache? Cela te remonterait le moral l'idée d'avoir une nouvelle arme non?

Tu souffres beaucoup?

Hum, vaut mieux que j'arrête là, l'odeur de l'encre me monte à la tête je crois.

Je te souhaite un bon rétablissement,
Ton parrain qui t'aime bien.

PS : Pense à mettre ma missive à un endroit où on ne pourra pas manquer de l'apercevoir, afin qu'on voit bien que je suis un parrain soucieux.


Faict à Lyon le dixième jour du mois d'Avril de l'an mil quantre cent cinquante et huit.

Phelim de Tassin la Demi Lune dit l'Imprévisible.

Mirandor
[Quelques jours plus tard]

Malgré son refus catégorique au départ, Mirandor avait finalement cédé : Antoine fut ramené chez lui à Sinard... Pas facile de laisser partir un patient dans son cas sans surveillance... Une autre crise comme la dernière pouvait lui être fatale... Néanmoins, il avait pu donner quelques instructions aux domestiques, qui avaient pour mission de ne pas le lâcher d'une semelle, et de veiller à ce que le traitement prescrit était respecté...

En cette belle matinée de printemps, Arwel et Mirandor avaient décidé de lui rendre visite en son domaine... Ils devaient arriver pour le déjeuner, puis passer quelques jours en compagnie de leur ami...

Ils chevauchaient côte à côte, tranquillement, profitant du paysage et du soleil qui chatouillait leur peau... De temps à autres, et lorsque le chemin n'était pas trop mauvais, ils poussaient leur monture à plus vive allure, avant de ralentir lorsqu'ils croisaient paysans ou voyageurs...


Tu sais si Romane est au domaine ? demanda Mirandor à sa belle fiancée... Cela fait tellement longtemps que je ne l'ai vue... Et à cet âge là, ça grandit vite !

Au même instant, Mirandor aperçut les vignes de Sinard, qui offriraient sans aucun doute une Clairette délicieuse l'année suivante...
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Nynaeve87
[Dans le cours d’une journée ordinaire]

La maison s’était éveillée bien tôt ce matin là comme chaque matin d’ailleurs avec les premiers rayons du soleil. Le vicomte étant absent depuis quelques jours, Nyna se faisait un devoir de visiter leurs terres chaque jour avec Alexian, pendant que Margaux régissait la vie domestique du château.
La journée se promettait d’être ensoleillée et calme, Dauphiné ne se rendrait pas à Lyon pendant quelques jour, afin de s’occuper du domaine et de profiter un peu de Rémi qui grandissait à vu d’œil sans qu’elle ne s’en aperçoive vraiment.
Alors qu’elle était attablée avec lui dans la salle à manger, devant un petit déjeuner des plus copieux où rivalisaient brioches en tout genre, l’intendant vint lui murmurer quelques mots à l’oreille qui lui firent froncer le sourcil.


Tu es sûr ? Il était si mal en point ?

Nynaève regardait le garçonnet qui jouait à promener sa tartine autour de l’assiette que Margaux avait posé devant lui.
Le regard de la brune s’était assombri, l’état de santé d’Antoine l’inquiétait depuis un moment déjà et de le savoir de retour alors qu’il avait prévu de passer quelques jours en ville, l’alarma au plus haut point.


Bon…

Sa voix se fit posée et grave.

Tu vas faire seul ce que nous avions prévu aujourd’hui. Tu n’oublieras pas de passer chez le garde-chasse afin d’éclaircir ces histoires de braconnage que l’on est venu me souffler à l’oreille dernièrement…
Moi, je vais aller à Sinard voir ce qu’il en est…

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Pouilleux
[Quelques jours après l'accident, mais quelques jours avant la visite de Mirandor et Arwel]

Deux hommes parcouraient le jardin du Castel de Sinard. L'un, un peu plus grand, soutenait l'autre, qui semblait ressentir quelque difficulté pour marcher.
Ce dernier était vêtu de bleu et de jaune, comme à son habitude, serrait de sa main droite l'épaule de son domestique, qui s'efforçait de ne pas avancer trop vite.
L'autre main du Seigneur était posée sur sa poitrine, depuis longtemps douloureuse. S'il n'avait plus autant mal que lors de son accident, la situation avait toutefois largement empiré par rapport aux mois précédents.
Il soufflait difficilement, longuement, consciencieusement. La respiration n'était plus pour lui un automatisme mais un combat régulier. Si, lorsqu'il était allongé, il pouvait aisément s'approvisionner en air, l'opération était bien davantage délicate lorsqu'il marchait.

Son médecin lui avait fortement déconseillé de bouger. C'est d'ailleurs pour cela qu'il l'avait acheminé vers Sinard en calèche, au lieu de le laisser, comme il le désirait, chevaucher comme à son habitude.
On lui avait déconseillé de bouger, mais Antoine n'appliquait cette consigne qu'en de rares occasions. Il aimait en effet se promener dans ses jardins, resplendissants avec le printemps.

Les fleurs avaient déjà bourgeonné depuis quelques semaines, et s'étendaient majestueusement.
L'herbe verdoyante se trouvait, grâce à des soins infinis, dépourvue d'impuretés.
Les arbres fleuris croissaient impérialements, recouvrant certaines fractions des jardins d'une ombre protectrice.

Cette promenade qui devenait quotidienne était pour lui d'un immense réconfort dans sa vie de douleurs. Parfois, sa fille aimée l'accompagnait. C'était alors des moments magiques.
Cette fois-ci, elle n'était pas là. Le Seigneur de Sinard avait décidé qu'il était égoïste de l'obliger à satisfaire ses derniers jours en lui faisant chaque jour répéter la même sempiternelle balade dans les jardins, alors que cette petite fille avait tant d'avenir, et tant de talent à perfectionner.
Ce jour là, elle apprenait les lettres. Il était important pour une femme de savoir manier le verbe à la perfection. C'était là la preuve d'une éducation et d'une culture sans faille.

Les rêveries du malade furent interrompues par l'arrivée d'un second domestique, qui les appelait déjà depuis quelques mètres.


"Messire, une lettre portant le scel de votre parrain vient d'arriver."

Il sourit à cette agréable nouvelle. Ainsi donc, Phelim ne l'avait pas oublié. Il lui avait même écrit une lettre, sans doute de réconfort.

"L'avez-vous sur vous ?

- Oui, messire."


S'étant sans doute attendu à une telle configuration, le domestique sorti du sac qu'il transportait la lettre encore scellée, un velin, une plume, ainsi qu'une tablette.
Antoine sourit de la satisfaisante initiative. Il enjoignit celui sur lequel il s'appuyait à s'assoir sur le banc qui se trouvait là, et demanda à recevoir la lettre et le matériel d'écriture. Le domestique lui tendit, puis reprit, l'air hésitant, ayant au passage sorti une petite feuille de buisson.


"Messire, selon les instructions de votre médecin, vous devez mâcher quelques minutes cette feuille séchée."

Il leva les yeux au ciel, grommelant contre le cocoonage dont il était l'objet, puis se saisit de la fameuse feuille qu'il mit dans sa bouche avant de mâcher.
Puis, ceci fait, et toujours ruminant tel une vache, il brisa le scel et entreprit la lecture de la lettre.
Au fil de sa lecture, son visage s'illumina. Il reconnaissait bien là le style épistolaire de son parrain, ainsi que toutes les idées dont ce dernier s'entourait. Le seul doute qui lui parut à l'issue de cette lecture fut celui de l'identité de celui qui qualifiait abusivement Phelim de mauvais parrain.
Le Seigneur de Sinard se saisit de son matériel calligraphique, et se mit à écrire.




A Phelim "l'Imprévisible",
Seigneur de Tassin-la-Demi-Lune,
Vicomte d'Oingt,
Parrain merveilleux.

Cher parrain,

C'est avec une joie non dissimulée que j'ai lu ta lettre sur un banc des jardins de Sinard. Te savoir à mes côtés lors de cette douloureuse épreuve m'est d'un grand réconfort.

Je te remercie pour cette idée de carnet. Cela occupera efficacement mes jours de retraite, et me durera certainement jusqu'à ma mort.
Je contactera certainement Monseigneur Oiselier, mais je ne compte pas voir d'Evêque avant l'Extrême-onction. Je n'ai pas besoin de cela.

Je me suis déjà retiré à Sinard, ou je jouis de l'air frais qui y règne avec ma fille. Les arbres sont en fleurs. Tu devrais venir un jour les admirer.

Je ne sais pas trop ce que je pourrais faire d'une arme dans mon état. Cependant, je serais ravi de l'exposer sur un des murs de Sinard, s'il s'agit d'un cadeau offert de bon coeur, afin de montrer à tout visiteur quel parrain formidable tu es.

Je ne veux pas trop parler de ma souffrance, que je vis chaque minute et que j'essaie pourtant d'élaguer dans mon esprit. J'espère que tu me comprendras. Aussi, écris plutôt à Mirandor pour ce genre d'information.

Antoine, ton filleul qui souhaite te voir dès que possible.
A Sinard, le dix-septième jour du mois d'avril de l'an mil quantre cent cinquante et huit.


Après avoir dûment scellé son courrier, il tendit le matériel, ainsi que les deux lettres.

"Vous remettrez mon velin, ma plume et mon scellier sur mon bureau, ainsi que la lettre de mon parrain. Je compte écrire dès mon retour. Par ailleurs, vous enverrez ma lettre le plus rapidement possible, et vous veillerez à faire savoir que le Vicomte d'Oingt a envoyé un courrier à son filleul pour s'enquérir de sa santé."

Il continuèrent la promenade quelques minutes. Après quoi, Antoine décida de rentrer.
Il passa le reste de la journée à écrire sur un petit carnet. Il en fit de même le lendemain.


[Le jour de la visite tant attendue]

Le bout d'un morceau de bois s'écrasa sur le sol de pierres du Château de Sinard. En remontant, on pouvait distinguer que ce bois sculpté s'enroulait au bout.
Une main s'appuyait dessus. En suivant cette main, on voyait un bras, puis un corps droit.
Les efforts qu'appliquait Antoine pour ne pas se courber lui avait coûté cher en bois, mais, même devant l'adversité, il devait rester digne.

Il souleva sa canne, la reposa plus loin, puis s'avança en s'en aidant. Quelques répétitions de la même manoeuvre plus tard, la crosse vint frapper contre une porte.


"Romane, es-tu prête ?"

Ce fut la nourrice qui répondit.

"Plus que quelques minutes, Messire."

S'attendant à attendre encore un certain moment, car connaissant la coquetterie de sa fille, le Seigneur de Sinard s'assit avec difficulté sur la chaise qui se trouvait là. Il avait en effet multiplié l'ameublement en parsemant chaque pièce, chaque couloir, chaque jardin de fauteuils et de bancs. Il lui devenait en effet de plus en plus douloureux de rester dressé sur ses deux pattes arrières.
Ce fut au bout d'une vingtaine de minutes que la petite Romane ouvrit la porte de ses appartements.

Elle avait encore grandi. C'était impressionnant. Antoine se demandait souvent comme se pouvait-il que sa fille grandisse à grande allure alors que lui devait chaque jour redoubler d'efforts pour ne pas rapetisser.
Les cheveux châtains de la jeune fille étaient retenus par une petite coiffe, tandis que la robe blanche la recouvrait des épaules aux chevilles. Le résultat, bien que longtemps attendu, était plus que satisfaisant.


"Tu te rappelles de ce que nous avons dit. Tu vas accueillir nos invités comme il se doigt, et ainsi que ton professeur te l'a appris. Puis tu les dirigeras vers le salon, où un domestique leur prendra leurs manteaux. N'oublie pas de leur manifester tout le respect dont ils sont dignes. Il s'agit du Gouverneur et de son fiancé."

Romane acquiesça, tandis qu'Antoine se rappelait comment le dit Gouverneur l'avait bercée et comment le dit fiancé l'avait portée sur son dos. Cependant, elle n'était plus un bébé, et devait apprendre à témoigner aux importantes personnes de la considération au delà de l'amitié.
Et puis, de plus, il savait pertinemment que la jeune Navarre allait avoir à fréquenter encore davantage ce charmant couple dans les années à venir.

Le père et sa fille se dirigèrent au salon, attendant avec impatience l'arrivée des deux amis.

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Arwel
[Jour de visite chez un ami]

Alors qu'ils chevauchaient vers Sinard, Mirandor lui posa une question :

Tu sais si Romane est au domaine ? Cela fait tellement longtemps que je ne l'ai vue... Et à cet âge là, ça grandit vite !

La jeune fille se tourna en souriant vers son fiancé :

Bien sûr qu'elle sera là ! Antoine ne jure plus que par sa fille ! Moi non plus, je n'ai pas eu l'occasion de la voir ces derniers temps... On va la trouver changée !

Ils arrivaient enfin en vue du Domaine. Arwel était pressée de revoir Antoine et sa fille. Posant son regard sur Mirandor, elle lui lança un défi :

Le premier arrivé aura le droit de prendre la petite dans ses bras ! Même si Antoine est très strict sur son éducation et lui refuse déjà toute familiarité avec ses amis !

A peine eut-elle terminé sa phrase qu'elle lança son cheval au galop... Les gardes du Domaine la laissèrent passer, habitués aux extravagances de la Vicomtesse de Clérieux, accessoirement Gouverneur du Lyonnais Dauphiné à ce moment-là... Elle laissa sa monture aux mains du premier valet qu'elle trouva et monta les marches en courant, regardant tout de même derrière elle, pour s'assurer que son amour l'avait suivie... Entrant dans le salon avec sa spontanéité habituelle, Arwel appela :

Antoine ! Romane ! Vous êtes là ???

Son regard tomba sur Antoine et sur une adorable enfant qui lui fit une petite révérence... Les yeux d'Arwel s'emplirent de larmes en voyant cette petite poupée déjà si bien rôdée aux mondanités... Pas un instant elle hésita sur ce qu'elle ferait... Elle s'accroupit en relevant légèrement sa robe et tendit les bras à la petite fille qui s'y précipita... Arwel se releva en la brandissant et en la faisant tournoyer prudemment, riant aux éclats avec elle... A cet instant, Mirandor pénétra à son tour dans le salon... La jeune fille lui fit un éclatant sourire, lui montra Romane et exulta :

J'ai gagné ! Elle est à moi pour la journée !

Arwel alla alors s'installer près d'Antoine, la petite Romane toujours nichée dans ses bras. Elle planta une grosse bise sur la joue de son ami et lui dit, légèrement taquine :

Alors Antoine, c'est ainsi que tu apprends à ta fille à accueillir tes amis ! En leur faisant de distantes révérences !
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Pouilleux
Ladite arrivée ne se fit pas attendre. Elle fut d'ailleurs représentative de la pire configuration qui était jusqu'ici née dans l'esprit du Seigneur de Sinard. Toutes les recommandations portées à sa fille s'envolèrent donc dans un océan de papouilles ridicules et de câlins puérils.
En fait, il n'avait jamais douté, connaissant ses deux invités, que cela se déroulerait ainsi. Il dut donc se résigner, voyant sa fille bien plus heureuse nichée entre les bras d'Arwel qu'assise sur une chaise trop haute à appliquer des courbettes trop matures.

Quelques secondes plus tard, ce fut Mirandor qui parvint, essoufflé, au salon, alors qu'Arwel était déjà prête à s'assoir.


"J'ai gagné ! Elle est à moi pour la journée !"

Connaissant ses amis farfelus, le Seigneur de Sinard ne chercha même pas à comprendre de quelles loufoques manigances ils s'étaient cette fois-ci constitués coupables, et se contenta de répondre à la bise de la Vicomtesse, invitant son ami à s'assoir.

"C'est ainsi que j'essaie de l'élever, afin de la faire évoluer dans une société respectable, mais avec un entourage tel que vous, il n'y a pas de chance que cela réussisse un jour !"

Il leur sourit avant de servir à chacun un verre de la clairette qui était posée sur la table.

"Mirandor, j'ai vu que tu avais recruté des nourrices parmi mes propres domestiques ! Pas une seule de tes corvées ne m'a été épargnée ces derniers jours !"
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Mirandor
Le premier arrivé aura le droit de prendre la petite dans ses bras ! Même si Antoine est très strict sur son éducation et lui refuse déjà toute familiarité avec ses amis !

Un défi, un de plus ! Le problème, c'est qu'à chaque fois sa facétieuse fiancée partait avant même d'avoir fini sa phrase... Mirandor talonna rapidement sa monture, mais les gardes n'avaient pas l'air d'être aussi amicaux qu'avec Arwel... Ils la laissèrent passer avant de bloquer le passage au poursuivant... Avait-il l'air d'un brigand ??? Fort heureusement, ils s'aperçurent rapidement de leur erreur, mais l'homme était déjà bien ralenti... Il les salua tout de même, avant de repartir...

Arwel rentrait dans le salon au moment où Mirandor posait pied à terre... Il se mit à courir pour ne pas arriver trop en retard, avec un peu de chance Romane n'était pas encore présente... Mais lorsqu'il entra, c'était trop tard ! Arwel lui montra la jeune enfant et lui lança, triomphante :


J'ai gagné ! Elle est à moi pour la journée !

Mirandor sourit, et haussa les épaules en regardant Pouilleux... Il se dit qu'en effet, Antoine n'était pas très satisfait des manières d'Arwel... N'étant pas noble, Mirandor trouvait ces manières déplacées en pareille occasion... Toutefois, c'était ce qu'avait choisi son ami, et il ne fit aucune remarque...

Bonjour Antoine, content de te voir... Heureux de constater que tes nourrices se sont occupées de toi !

Il lui fit une légère accolade avant de se tourner vers Romane...

Et bonjour jeune damoiselle ! Que vous avez grandi !!! Tu viens me voir un peu ???

Mirandor espérait que sa fiancée serait indulgente, mais il n'était pas si sûr qu'elle laisse partir une petite fille aussi adorable...
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Arwel
"C'est ainsi que j'essaie de l'élever, afin de la faire évoluer dans une société respectable, mais avec un entourage tel que vous, il n'y a pas de chance que cela réussisse un jour !"

Arwel hassa un sourcil en entendant les paroles de son ami... Elle avait bien envie de lui dire qu'il devenait un vieux bougon guindé mais bon, il fallait faire attention à ne pas le contrarier au risque de voir son état empirer... Elle se contenta de marmonner :

Dis qu'on n'est pas respectables...

Pendant ce temps, leur hôte leur servit un peu de clairette... Il discutait nourrices avec Mirandor et la jeune femme avait du mal à comprendre si ces nourrices étaient destinées à la petite ou à son père... Elle n'écoutait que distraitement leur échange, préférant dorlotter honteusement Romane. Cependant, son fiancé ne semblait pas vouloir la laisser profiter de sa victoire, il s'approcha d'elles et commença à parler à l'enfant :

Et bonjour jeune damoiselle ! Que vous avez grandi !!! Tu viens me voir un peu ???

Comment résister ? Il était tellement attendrissant quand il s'adressait ainsi à la petite... Arwel ne pouvait que lui tendre l'enfant...

Grrr... tu as de la chance que je n'arrive jamais à rien te refuser... Mais tu ne la gardes pas trop longtemps... C'est moi qui ai gagné !!!

Arwel l'observait alors qu'il avait la petite dans les bras, attendrie, en fait, elle la lui laisserait toute la journée s'il le demandait mais il n'était pas question pour elle de l'avouer !

Pendant ce temps-là, elle se tourna vers Antoine, l'examinant attentivement, légèrement inquiète pour lui mais essayant de le masquer... Prenant le verre qu'il lui avait servi, elle but un peu du nectar qu'il contenait et se mit à bavarder avec Antoine :


Comment te sens-tu depuis ton retour ici ? Mieux, j'espère... Humm, elle est délicieuse cette clairette... Et ta fille !!! C'est un amour d'enfant !

Arwel s'interrompit, confuse, s'apercevant qu'elle n'arrêtait pas de parler pour ne pas avoir à entendre la réponse de son ami... Il n'avait pas l'air d'aller mieux...
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Pouilleux
La remarque d'Antoine ne sembla pas plaire à son invitée, qui lui répondit assez froidement. Il se reprit donc bien vite.

"Dis qu'on n'est pas respectables...

- Ah non, je n'oserais pas ! C'est justement parce que vous êtes respectables que ça me gène de voir ma fille vous faire des câlins ! Mais bon, je m'y ferais, je ne crois pas que tu aies l'intention de supporter ses révérences."


Il sourit derechef, et continua ses discussions à propos de ses soins. Soudain, Mirandor, tout fourbe qu'il était, décida manifestement de renverser le pari dont le couple semblait s'être faits les joueurs. Il s'empara de Romane.
Alors qu'il s'émerveillait de cette petite fille, Arwel s'adressa au Seigneur de Sinard, très joyeusement d'abord, puis confusément.
Sans doute ce sujet la gênait-il toujours. Il était temps de remettre les choses à leur place.


"Tu sais, ma maladie est un sujet que je ne crains plus du tout d'aborder. Depuis le temps, je m'y suis fait. Tu n'as donc pas être te sentir gênée d'aborder ce sujet !
Pour te répondre, je ne vais pas mieux qu'il y a quelques semaines, mais je vais mieux qu'il y a quelques jours. L'air de Sinard me réussit visiblement. Le traitement de ton génie de fiancé y est peut-être aussi pour quelque chose.

Mais je dois t'avouer que cette inactivité me pèse, à la longue. Je passe mes journées à me promener dans les jardins, à lister mes pêchés comme me l'a conseillé parrain, et à ordonner tout et son contraire afin que le domaine soit parfait.
Je n'ai pas encore trente ans, et je me trouve déjà tel un vieux décrépis qui ne sait rien faire d'autre que tailler des haies.

Et ça, ça me déprime. Je pense que je vais quitter Sinard quelques jours et retourner à Dié. Là-bas, il doit y avoir quelque chose à faire ..."


Lorsqu'il eut finit, il ne put s'empêcher de tousser plutôt longuement. Puis, une fois son souffle repris, il observa avec tendresse son ami s'occuper de sa fille. Il était chanceux, après tout.
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Mirandor
Mirandor était aux anges... Il avait réussi à l'avoir malgré tout ! Il adorait cette gamine, et ne le cachait pas... Il s'amusait avec la petite fille sur ses genoux, et Mirandor appréciait qu'elle soit très naturelle avec eux... Il la taquinait, la chatouillant discrètement et prenant un air innocent lorsqu'elle se retournait pour le surprendre... Et lorsqu'elle tentait de s'échapper pour se réfugier dans les jupons d'Arwel, Mirandor la rattrapait sans mal pour la remettre sur ses genoux...

Non mais, tu ne crois pas m'échapper, jeune fille ! lui dit-il avant de lui déposer un baiser sur le front...

Elle riait doucement avec Mirandor... Ils continuèrent à s'amuser plus calmement, ce qui permis à Mirandor d'écouter la conversation entre Antoine et Arwel... Alors que Romane tentait de le chatouiller discrètement à son tour, l'homme n'y prêtait que peu d'attention, troublé par ce que disait son ami... Son moral ne semblait bien bas...

Mirandor tourna brusquement la tête en direction la petite fille, qui prit à son tour un air innocent... Il ne put s'empêcher de sourire en voyant le petit minois de la "Princesse" de Sinard... Mais leurs deux sourires s'éteignirent lorsqu'Antoine toussa bruyamment, leur regard rivé vers le malade...

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Arwel
La belle Vicomtesse écoutait son ami Antoine tout en observant son fiancé s'occuper de la petite Romane... Il l'attendrissait, il avait toujours été si attentif avec les enfants... Mais il ne semblait pas décidé à permettre à l'enfant de la rejoindre... Avec un bref soupir, Arwel répondit à son ami :

Tu ne crains peut-être pas d'aborder le sujet de ta maladie mais moi si...

Un léger voile de tristesse s'abattit sur le visage de la jeune fille avant qu'elle continue après un court silence :

J'ai perdu ma famille entière lors d'une épidémie... Je ne supporterai pas qu'il t'arrive quelque chose à toi aussi... ça a déjà été tellement difficile pour moi...

Je suis heureuse de t'entendre dire que tu te sens mieux et si je puis faire quoi que ce soit pour que cela continue, tu n'as qu'à le dire... Je serai toujours là pour toi... Toujours à tes côtés, parce que tu as été l'un des premiers à placer ta confiance en moi... Jamais je ne pourrai oublier cela...

Si tu veux revenir à Dié, tu pourras t'installer chez nous, nous t'accueillerons avec plaisir, ainsi que ton enfant...


A ce moment-là, elle jeta un regard à la petite qui jouait avec Mirandor et tendit les mains vers elle pour la faire venir, disant à son fiancé :

C'est mon tour maintenant ! ça fait déjà longtemps que tu l'as !!!
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Mirandor
La toux d'Antoine avait enfin cessé... Il sourit, se voulant probablement rassurant... Mais Mirandor était loin d'être rassuré... Il s'entreprit tout de même à divertir la fillette, mais Arwel tendait déjà les bras pour la reprendre :

C'est mon tour maintenant ! ça fait déjà longtemps que tu l'as !!!

Longtemps, longtemps, ça faisait à peine cinq minutes ! Il fronça les sourcils, prenant un air hésitant, et serrait contre lui Romane qui tendait les bras vers la belle Vicomtesse...

J'sais pas ! J'crois qu'elle préfère rester avec moi, hein ? ... Non ? Comment ça non ?

Alors que la petite fille s'échappait de son emprise pour rejoindre les bras salvateurs d'Arwel, Mirandor faisait mine de la rattraper, la chatouillant pour retarder sa fuite...

Hep ! Reviens là !

Romane riait et se jeta dans les bras d'Arwel, avant de se retourner vers l'homme en lui adressant un large sourire satisfait... Mirandor fronça les sourcils de nouveau, les bras croisés, et regarda boudeur les deux complices... Mirandor jeta alors un oeil sur la table, et s'aperçut que son verre était encore plein...

Et bien puisque c'est comme ça, je bois ! s'exclama-t-il, en portant le verre à ses lèvres...
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