Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5, 6, 7   >   >>

[RP] Le déclin ...

Arwel
Alors que Romane tendait les bras vers elle, son fiancé faisait celui qui ne voulait pas la lui donner !

J'sais pas ! J'crois qu'elle préfère rester avec moi, hein ? ... Non ? Comment ça non ?

Arwel rit doucement en entendant la petite protester... Elle finit par venir se jeter dans ses bras alors que Mirandor la poursuivait de ses chatouilles. La jeune femme la serra contre elle et l'embrassa tendrement... Elle adorait les enfants et en regardant celle de son ami, elle pensait au bonheur qui serait le sien si elle pouvait un jour annoncer à l'homme qui se trouvait à ses côtés qu'elle portait le fruit de leur amour... Ses yeux s'assombrirent d'un léger voile de tristesse... Cela faisait tant de temps que la vie lui refusait ce présent...

Elle tourna alors son doux regard émeraude vers son futur époux, il semblait boudeur parce qu'elle lui avait repris la petite... Son coeur fut pris d'un irrépressible élan d'amour pour lui... Il était si attachant lorsqu'il avait un enfant entre les bras... Elle l'imaginait déjà avec leur propre bambin entre les bras... Pût Aristote leur accorder cette joie un jour ! Elle décida de le taquiner un peu, pour se détourner de ses pensées mélancoliques...


Ne bois pas trop ! Sinon, je garde Romane pour moi toute seule !!!

Histoire de le narguer un peu, elle commença à s'amuser avec la petite, lui courant après dans le salon au grand dam d'Antoine qui les suivait des yeux en poussant des soupirs à fendre l'âme... Lui aussi, Arwel aimait bien le tourmenter gentiment...
_________________

Pouilleux
Antoine écouta avec une attention émue le discours de son amie.
Il trouva ce dernier d'autant plus étrange que la Vicomtesse ne s'était jamais étendue sur son passé devant lui. Il savait certes déjà ce qu'elle venait de dévoiler, par le bouche à oreille et la rumeur publique, mais une telle transparence de la part de cette femme qui cachait tant de mystères le troubla.
Elle lui fit ensuite une proposition qu'il s'empressa de décliner.


"Non, j'ai déjà tant abusé de votre hospitalité pendant mon sommeil imprévu mais importun, que je ne voudrais pas m'installer chez vous encore une fois. J'ai une maison, à Dié, après tout. Je n'ai qu'à envoyer quelques expéditions pour la meubler, et je pourrais y séjourner quelques temps."

Le manège répétitif, et pourtant tellement attendrissant, des deux fiancés avec sa fille lui fit percevoir un nouvel aspect de la proposition d'Arwel.

"Mais dis-moi, ne serait-ce pas surtout pour Romane que tu me proposes de venir habiter chez vous ?"

Il lui sourit. Après tout, lui aussi avait le droit de taquiner ses amis. Le couple s'émerveillait tant du moindre geste de la petite qu'il était impossible de ne pas voir un dessein caché dans toute proposition de ces derniers.

"Je crois que vous avez assez bu. Je vous propose de gagner la salle à manger. Je l'ai toujours mauvaise de ne pas avoir eu le temps de goûter ton boeuf aux épices, aussi, j'ai décidé de faire mieux. Vous allez voir."

Il se leva, et incita ses convives à faire de même, après quoi il se dirigea vers la porte menant à la salle à manger qui se trouvait adjacente à celle où ils se trouvaient.
Lorsqu'ils pénétrèrent dans la pièce, quatre assiettes était déjà disposées, accompagnées de verres et de couverts. La chaise de l'enfant était si astucieusement rehaussée qu'il aurait fallu un examen poussé pour percer la manoeuvre à jour.
Enfin, au milieu de la table, un plat ovale était recouvert d'une cloche en argent. Un mince filet de fumée s'en échappait, laissant discernable un fin arôme orangé.

Le Seigneur de Sinard s'assit devant l'assiette en bout de table, et invita ses invités à faire de même.

_________________
Mirandor
Mirandor dégustait son délicieux verre de Clairette, regardant Arwel le narguer en jouant avec la petite... Il sourit, rêvant qu'un jour il reverrai la scène avec leur propre enfant... Lorsque l'une d'elles regardait en sa direction, il prenait un air mêlé de dédain et d'indifférence... Bien sûr, il n'en était rien...

Il regardait Antoine qui constatait, impuissant, le désordre dans cette demeure, où le calme et les bonnes manières régnaient en temps normal... Mais malgré tout, leur hôte lança à Arwel :


Mais dis-moi, ne serait-ce pas surtout pour Romane que tu me proposes de venir habiter chez vous ?

Mirandor rit doucement à cette remarque... Antoine était peut-être malade, mais il n'avait pas perdu son bon sens... Il y avait sûrement du vrai là dedans, bien que recevoir leur ami était un grand plaisir... Il le regarda et prit un air innocent, lui confirmant ainsi qu'il avait vu juste... Finalement, Antoine proposa de passer à table...

Je crois que vous avez assez bu. Je vous propose de gagner la salle à manger. Je l'ai toujours mauvaise de ne pas avoir eu le temps de goûter ton boeuf aux épices, aussi, j'ai décidé de faire mieux. Vous allez voir.

Mirandor se leva à son tour, et suivit son ami, intrigué par la surprise qu'il leur réservait...

Hmmm, ça sent bon en tout cas... Qu'est-ce que c'est ?

Il s'installa à son tour, mais pas à la place qui lui était attribuée... Il prit la plus haute chaise, pour taquiner l'enfant... Il était bien ridicule, les genoux touchant la table, mais il était satisfait en voyant la petite mine de Romane...
_________________
Arwel

Arwel haussa les épaules quand Antoine lui fit remarquer qu'elle l'invitait pour profiter de sa petite fille... ça n'était pas vrai, mais elle préférait jouir des quelques instants d'amusement qu'il lui accordait avec l'enfant que de disputer avec lui de ce sujet... Il était son ami, elle l'aimait mais elle n'en était pas encore arrivée au point de pouvoir le formuler à haute voix... Elle espérait qu'il le savait déjà sans qu'elle ait besoin de parler...

Pendant ce temps, Mirandor jouait l'indifférent lorsqu'elle croisait son regard... Elle rit doucement, il n'avait jamais su dissimuler et elle ne croyait pas du tout à son attitude détachée...

Antoine estima qu'ils avaient assez bu... Arwel jeta un regard un peu étonné sur son verre qui était à peine commencé, cependant, elle ne fit aucune remarque.

Elle prit Romane par la main et emboîta le pas aux deux hommes dans la salle à manger... Une étrange odeur vint chatouiller ses narines... Elle allait demander ce que c'était lorsque Mirandor la devança :


Hmmm, ça sent bon en tout cas... Qu'est-ce que c'est ?


En effet... Elle aussi aurait aimé le savoir... Antoine s'était déjà installé à table, Arwel se dit alors qu'elle allait monter la petite sur sa chaise réhaussée, sinon, elle ne voyait pas comment l'enfant aurait pu le faire par elle-même... Elle fut arrêtée net par son fiancé... Un instant stupéfaite, il lui fallut quelques instants pour réaliser l'incongruité de la situation... Romane resta un moment aussi interdite qu'elle... Les regards de l'enfant et de la Vicomtesse se croisèrent alors et elles furent secouées d'un fou rire irrépressible...

Une fois calmée, la jeune femme décida de piéger son fiancé et déposa Romane sur ses genoux, ajoutant, taquine :


Puisque tu as décidé de prendre le siège destiné à cette jeune enfant, tu vas devoir te charger d'elle !

Elle gloussa en examinant le tableau qu'offraient Mirandor et l'enfant qui lui jetaient tous deux des regards surpris... Elle se demandait comment son compagnon allait se sortir de cette situation inconfortable en allant prendre place à table...
_________________

Mirandor
Il avait produit l'effet attendu... Arwel et Romane restèrent stupéfaites, avant d'éclater de rire... Mirandor fit mine de ne pas comprendre la raison de leur hilarité, ne faisant qu'amplifier le phénomène... Mais une fois leur rire maîtrisé, sa fiancée fit une chose qu'il n'attendait pas... Avant qu'il ne puisse réagir, il se retrouva avec la petite sur les genoux, coincé sur cette chaise ridicule pour quelqu'un de sa taille...

Puisque tu as décidé de prendre le siège destiné à cette jeune enfant, tu vas devoir te charger d'elle ! lui lança-t-elle d'un air malicieux...

Mirandor et Romane se regardèrent, surpris... La pauvre gamine était ballotée de toute part ! Ils finirent par rire de la situation, qui finalement était à l'avantage du médecin... Il s'adressa à la fillette :


Tu vois, finalement elle t'abandonne... Heureusement que je suis là, hein !

Il ponctua sa phrase en faisant claquer une grosse bise sur la joue de Romane, si grosse qu'il eut peur un instant qu'Antoine ne fasse une attaque face à tant de familiarité... Mais fini de jouer, il avait faim et hâte de voir la surprise que leur réservait leur hôte... Il souleva la petite le temps de se dégager de la place, puis l'installa confortablement sur sa chaise réhaussée... Il s'assit finalement au bon endroit, prêt à faire un bon repas...

Hum, bien, je crois que nous sommes prêts ! Tu comptes nous faire languir encore longtemps ?
_________________
Pouilleux
Antoine observa derechef avec attention le manège du joyeux couple. De vrais gamins, lorsqu'un charmant enfant était présent. Plus que ridicule, c'était attendrissant.
Peut-être remplaçaient-ils l'amour maternel qui manquait à la jeune fille. En somme, ils étaient indispensables. D'ailleurs, il ne souhaitait pas du tout s'en dispenser, en fait.

Une fois que chacun ait regagné la place qui lui était octroyée, en râlant ou en riant, ils purent débuter le repas. Enfin. C'était qu'il faisait faim, par ces collines.
C'est fièrement que le Seigneur de Sinard releva la cloche qui masquait jusqu'alors le repas. Alors qu'un nuage de fumée, enfin libéré, sur répandait au-dessus de la table, accompagné par un recrudescence du délicat arôme qui flottait depuis un moment dans la pièce, l'hôte annonça la couleur.


"Canard à l'orange et sauce de clairette !"

La fumée se dissipa peu à peu, laissant voir le canard luisant de clairette et de jus, reposant sur un lit de morceaux d'oranges.

"C'est la première fois que je mange de l'orange, et ça m'a coûté une fortune ! Alors j'espère que c'est bon. Arwel, ton assiette ?"

Il servit un par un ses invités et sa fille, donnant à cette dernière un morceau de blanc, toutefois accompagné de plusieurs quartiers d'oranges.
Il s'octroya ensuite la seconde cuisse, s'accordant un supplément de sauce, mais en limitant la dose d'orange, puisque ne lui faisant pas encore totalement confiance.


"Bon appétit !" clama-t-il avec un soupçon de fièreté, tout en plantant allègrement sa fourchette dans un morceau de canard.
_________________
Arwel
Arwel fit un petit sourire contraint... Elle jeta un regard inquiet à Mirandor, se demandant si Antoine ne cherchait pas à les empoisonner ! Cependant, ne voulant le vexer, elle tâcha de faire bonne figure lorsqu'il lui demanda son assiette afin de la servir... Elle pinaillait dans son assiette, cherchant une excuse pour ne pas toucher à la nourriture sans pour autant blesser Antoine... Une nausée subite ? Des maux de tête lancinants ? Une invasion brigande ? Une tempête effroyable ?

Non, non, non... Elle ne pouvait faire une telle chose... Courageusement, après avoir coupé sa viande en morceaux très petits, afin de retarder le moment de les porter à sa bouche, elle se décida à goûter... Avaler sans mâcher peut-être ? Rhoo Wel !

Finalement, la jeune femme trouva que ça n'était pas si mauvais que cela et lentement, parce que ce que lui cuisinait Mirandor était bien meilleur, elle arriva au bout de son plat, n'ayant pipé mot, de crainte de ne pouvoir s'extasier si son ami lui demandait son avis sur sa recette... Elle se dit qu'au pire des cas, elle pourrait penser à un des plats que Mirandor réussissait, au moins, elle aurait l'air sincère !

Une fois sa part terminée, Arwel posa sa main sur son ventre pour montrer qu'elle était repue, afin qu'Antoine évite de lui proposer à nouveau du plat servi... En même temps, elle regardait Romane, Antoine et Mirandor, puis elle pensa qu'ils passaient des moments merveilleux ensemble...

_________________

Pouilleux
[Quelques jours plus tard, à Sinard]

Antoine entra en rechignant dans la voiture qui était censée l'amener jusqu'à Lyon. Il grommela naturellement. Il aurait pu s'y rendre à cheval, il n'était pas infirme.
Son médecin soutenait le contraire. S'appuyant sur des détails fallacieux, tels que ses difficultés à respirer ou à marcher, il avait conclu que le pauvre Seigneur de Sinard ne pouvait plus monter à cheval. Pire que ça, Mirandor avait derechef engagé les gens de Sinard pour s'en assurer. Encore une fois, ceux qui étaient censés être ses domestiques étaient devenus ses nourrices. Risible.

En vérité, le malade savait pertinemment que son médecin avait tenu à rallonger le voyage, et ce pour la seule et vile raison que, alors qu'il parcourait les routes, les deux fiancés avait reçu la garde de Romane.
Cette dernière était partie la veille pour Dié, accompagnée de son précepteur. Le pauvre instituteur, qui, pendant des semaines, allait devoir batailler avec le couple pour imposer son point de vue sur l'éducation, celui pour lequel il était payé.
Sachant que le pédagogue ne pourrait jamais prendre le dessus, le Seigneur de Sinard aurait bien pu suspendre son engagement pendant la période de son voyage. Cependant, il n'aurait pour rien au Monde raté le récit de cet affrontement légendaire.

C'est donc finalement le sourire aux lèvres qu'Antoine sentit le coche s'activer, puis partir. Le décor défilait lentement. Le somptueux paysage de ces collines verdoyantes allait bientôt s'écarter, pour faire place à la ville. Lyon.

_________________
Arwel
[Quelques jours plus tard, à Dié... Quand Romane et son fameux pédagogue arrivent...]

Arwel était intenable... Elle allait avoir Romane pour elle seule... Enfin... Presque, il lui faudrait composer avec son fiancé mais surtout avec le redoutable précepteur de l'enfant... La jeune femme n'avait fait que le croiser, mais elle n'appréciait guère sa rigidité... Certes, la noblesse exigeait quelques principes, mais la Bienveillante ne supportait pas qu'on tue l'enfance de la petite fille... Elle serait bien assez tôt confrontée à la dure réalité de la vie... Et puis Arwel savait ce que c'était, une enfance malheureuse, après ce qu'elle avait vécu suite à la mort de ses parents... Alors ce pédagogue la révoltait !

L'homme devait arriver à Dié avec l'enfant, ensuite, ils iraient tous ensemble à Clérieux... La Vicomtesse était bien décidée à montrer son domaine à la petite et le précepteur n'aurait qu'à bien se tenir et à suivre... Et vu l'énergie dont Arwel pouvait faire preuve, il serait certainement fatigué avant elle... Elle sourit à cette pensée...

Elle tournait en rond dans la maison sous l'oeil désespéré de Mirandor qui avait renoncé à la faire tenir tranquille... Enfin, elle entendit les sabots des chevaux de la voiture résonner dans la rue... Un sourire éclatant illumina son visage et elle se tourna vers son fiancé pour s'exclamer :


La voilà ! Vite, allons l'accueillir !

Mirandor était aussi heureux qu'elle qu'Antoine leur ait confié Romane, il prit donc la main qu'elle lui tendait et suivit le rythme effréné d'Arwel...

La voiture était à peine arrêtée qu'Arwel en ouvrit le battant pour prendre Romane dans ses bras et l'étreindre tendrement, ignorant l'air réprobateur et rébarbatif de son précepteur.


Romane, bienvenue chez nous !

Après ces retrouvailles, la jeune femme adressa un bref salut au pédagogue... Un léger sourire sur les lèvres, il valait mieux ne pas le braquer tout de suite...
_________________

--Bonnet
[Le même jour, près des portes de Dié]

"Redressez-vous ! Seules les paysannes ont le dos ainsi courbé ! Vous n'êtes pas une paysanne, n'est-ce pas ?"

La petite fille obéit, épousant de tout son long la forme de la banquette de la voiture.
Ne laissant cependant rien paraître, elle sourit intérieurement. Bientôt, ils arriveraient à Dié. Arwel la prendrait dans ses bras, et Monsieur Bonnet ne pourrait rien contre ça.
Elle riait surtout à la pensée de l'affrontement futur entre la Vicomtesse et l'enseignant. Le combat promettait d'être acharné. L'identité du vainqueur ne faisait cependant, dans l'esprit de Romane, aucun doute.

La voiture s'arrêta. Ils devaient être aux portes de Dié, désormais. Il ne restait plus longtemps, désormais. Bientôt, elle serait libre.
Cette fois-ci, elle ne put réprimer un sourire satisfait, que Bonnet ne put ignorer.


"Ne vous faites pas d'illusions. Ce n'est pas parce que vous allez habiter avec des nobles, qui, pour en avoir le statut, n'en ont certainement pas l'attitude, que nous allons relâcher votre éducation. Les différents enseignements se dérouleront aux heures qui ont été fixées à mon arrivée dans la maison, et tout écart de comportement de votre part sera appris à votre père dès notre retour."

Bonnet, bien que simple roturier, avait toute sa vie fréquenté la noblesse, éduquant les jeunes gens au sang bleu depuis longtemps. Il enviait tout naturellement ces gens qui avaient eu la chance de posséder des terres.
En revanche, il haïssait les nobles qui ne s'assumaient pas. Tous ces nobliaux qui se comportaient comme le plus rustre des paysans et qui affichaient publiquement leur respect pour le tiers-état le débectaient.
Ils étaient pourtant nombreux. Politiciens, ou simples benêts, tous les prétextes étaient valables. Certains mêmes travaillaient dans des champs, ou aux mines. S'ils tenaient tant que ça à se comporter comme des paysans, pourquoi alors accepter des titres et des terres ? C'était là encore finalement une démonstration de l'hypocrisie humaine. Tout comme les Gouverneurs qui annonçaient fièrement refuser leur futur Vicomté pour le réclamer ensuite dès la fin de leur mandat.
N'importe qui pouvait devenir Seigneur, ou Vicomte. Et finalement, le n'importe qui n'était pas prêt. Il ne le méritait pas. La Hérauderie était véritablement le bras chancelant de la Couronne.

Sur ce, le coche s'arrêta de nouveau, cette fois devant la maison de la "Vicomtesse". Avant que l'instituteur ait pu faire quoi que ce soit, la jeune fille était déjà sortie, et s'adonnait à des ridicules représentations d'affection en pleine rue.
Bonnet intervint, sortant de la voiture, malheureusement trop tard.
Il se plaça le plus vite possible entre Romane et la "bienveillante" - encore un pléonasme que de nommer une Vicomtesse "bienveillante" et de considérer cela comme un compliment. Il lui rendit rapidement et froidement son salut, et prit la parole.


"Je pense qu'il faut que nous parlions au plus tôt des horaires qui seront réservées à l'éducation de Mademoiselle, afin d'éviter tout malentendu."
Pouilleux
[Sur les chemins, près d'Oingt]

Le paysage qui se dispersait autour du coche était aisément reconnaissable. Il s'agissait bien entendu du Vicomté d'Oingt.
Celui-là même où se déroulaient, paraissait-il, des pratiques aussi nettes que convenables.
Après une courte réflexion, le Seigneur de Sinard décida que, comme de toutes façons, il devait voir son parrain, mieux valait se rendre là où il risquait davantage de se trouver, et là où il risquait davantage de le trouver.
Il sortit donc la tête du véhicule et indiqua au cocher de se diriger en définitive vers le Castel d'Oingt.

Celui-ci obéit. Ils changèrent donc de direction, traversant les terres d'Oingt. Forêt, champs, village ...
Le Château paraissait peu à peu à l'horizon. Imposant, comme on ne pouvait en attendre autrement du Vicomte, qui n'avait pas l'air d'investir des fortunes dans la décoration de son extérieur.

Antoine s'imagina un instant que, son parrain n'ayant pas été prévenu de la visite, il pouvait - exceptionnellement, bien sûr - se trouver en telle compagnie, que toute arrivée supplémentaire pouvait être fâcheuse.
Il bannit rapidement la chose, ne voyant absolument pas le Vicomte faire une infidélité à ses maîtresses.

Ils arrivèrent alors devant les portes du château. Un garde, vêtu de blanc, de rouge et d'or, s'avança afin de lui demander de plus amples précisions sur sa personne.
Le Seigneur de Sinard répondit en souriant, ne pouvant s'empêcher d'imaginer quel traitement était réservé aux employés de ce domaine.


"Veuillez annoncer au Vicomte que son filleul Antoine est à ses portes."
_________________
Arwel
Dès son arrivée, le pédagogue avait décidé de mettre les nerfs de la Vicomtesse à l'épreuve... Cependant la jeune femme était bien décidée à lui faire clairement comprendre qu'elle avait déjà eu la bonté de l'accueillir chez elle et qu'il ne valait mieux pas pour lui qu'il tentât quoi que ce fût pour l'empêcher de traiter Romane avec toute la bienveillance qui la caractérisait.

Qu'il se mette entre l'enfant et elle, passait encore, mais qu'il se permit d'user de ce ton avec elle, elle ne pouvait l'accepter...


Afin d'éviter tout malentendu, je vais vous rappeler que vous vous trouvez ici en la demeure de messire Mirandor et en la mienne... Vous ne devez qu'au respect que nous avons pour le Seigneur de Sinard de vous trouver ici... J'attends donc que vous vous pliiez aux règles de notre demeure, sinon, je serai au regret de devoir me passer de votre présence...

Tout en disant ces mots, elle prit l'une des mains de la petite fille et plaça l'autre dans celle de Mirandor. Ainsi entourée, l'enfant pénétra dans la maison dioise du couple, laissant le temps au précepteur de décider s'il resterait ou repartirait derechef...

Une fois à l'intérieur, elle demanda à son fiancé de s'occuper de l'enfant et ressortit pour voir ce que faisant Bonnet et l'avertir qu'il devrait se tenir prêt à les suivre à Clérieux, s'il désirait demeurer avec eux...


J'avais oublié... Nous avons décidé de mener Romane à Clérieux afin de lui faire découvrir le domaine... Je suis certaine qu'elle appréciera cette visite... Il va sans dire que cela laissera peu de loisirs pour parfaire son éducation... Par contre, je ne doute pas qu'elle aura tout le temps de se distraire, comme il sied à une enfant de son âge...

Un sourire moqueur sur les lèvres, elle retourna vers la maison...
_________________

Phelim
[Dans la cour]


Messire, un homme vous demande aux portes ...

Raaaaaa, mais on ne peut plus tricoter tranquille ici ?

Devant le Vicomte armé de deux aiguilles à tricoter dirigées vers ses yeux comme s'il allait les crever, le garde eut un mouvement de recul.
Phelim n'aimait pas interrompre ses activités, aussi regardait-il le soldat d'un air courroucé, attendant qu'il lui en dise plus, que l'Imprévisible réponde "non, je ne veux pas le voir lui" et qu'il reprenne là où il en était.


Il a dit être votre filleul ....

A nouveau, l'homme d'Oingt fut coupé par le Lyonnais qui s'esclaffa.

Mouhahahaha, c'est un piège, allez l'arroser d'huile bouillante ce rigolo. Tout le monde sait que je déteste les gamins et que je refuse en conséquent toute demande pour être parrain. Comment a t-il dit qu'il s'appelait déjà?

Antoine

Sa trogne se fendit d'un sourire.

Ah oui, j'ai bien un filleul tiens ...

C'était vrai que dans un moment de bonté, le Seigneur de Tassin la Demi Lune avait fait une exception pour De Navarre et cédé à sa demande. Mais il était à ce moment là un homme fait, qui avait juste besoin d'avoir ses ardeurs contenues et qu'on lui répète sans cesse les conseils que l'ancien gouverneur recevait lui même régulièrement concernant ses moeurs.
Finalement, le maitre des lieux décida donc de le recevoir.


Bien, faites le patienter dans le salon, j'arrive.

Mais messire, vous n'avez plus de salon, vous l'avez transformé en armurerie.

Ses doigts vinrent gratter son cuir chevelu, signe de perplexité chez le Seigneur de Stigny. C'est vrai qu'il avait fait ça, mais où avait-il donc la tête en ce moment? Et où allait-il accueillir le Diois du coup?

Ben installez le dans la salle des gardes, et évacuez les hommes pour qu'on soit tranquille. Je finis, je le rejoindrais bientôt.

Ses yeux suivirent satisfaits le garde qui s'éloignait en maugréant, avant d'en revenir à son affaire du moment. Ainsi donc, il dévisagea Mathilde assise sur un mouton immobilisé sur le coup par le poids du mastodonte et s'il fut un instant découragé, il se reprit vite, une promesse était une promesse. Aussi poursuivit-il ses explications, sans tenir compte des cris d'agonie de la bête qui menaçait de mourir d'un instant à l'autre étouffée.
C'est ainsi que froidement la pointe de l'aiguille à tricoter fut placée contre la carotide de l'ovin, alors que l'Imprévisible poursuivait son cours, imperturbable.


C'est ici que vous devrez la planter sans vous tromper Mathilde, si vous souhaitez prétendre devenir ma garde du corps un jour. Bien sur, vous aurez tout le temps de vous entrainez sur des animaux, et quand vous serez prête, je vous prendrais peut-être à mon service.
Comme vous voyez donc, l'aiguille à tricoter est une arme idéale à qui sait s'en servir, car bien placée, ça ne pardonne pas.


Son regard braqué sur la cuisinière pour voir si elle comprenait bien, le Vicomte vit que cette dernière l'écoutait bouche béate, bien que son regard bovin comme d'habitude n'exprimait aucune émotion, mais il fut cependant assez satisfait pour poursuivre.

Bien sur, c'est la rapidité du mouvement et l'effet de surprise qui priment dans ce genre d'utilisation, car qui se méfie d'une femme qui tricote? Comme je dis toujours d'ailleurs, on ne tient jamais suffisamment ses distances avec les grands mères tricoteuses. Si on en croise autant dans les foyers, c'est bien qu'elles sont utiles. Et puis, tant que vous y serez Mathilde, vous apprendrez à faire des couvertures. Je les donnerai ensuite aux pauvres, ça fera bon genre et puis, si vous les tenez bêtement sans vous en servir, on finira par se douter de quelque chose.

Sur ce, alors qu'un coin de bave avait commencer à couler sur la bouche de la femelle, ce qui fit se demander à Phelim avec un frisson si cette bécasse l'écoutait vraiment ou buvait ses lèvres, il lui donna les dites aiguilles en lui demanda de faire des essais et s'en alla vers la salle où devait se trouver son fillot.


[Salle des gardes]


Coin austère, sentant un peu fort, cette pièce n'en dégageait pas moins une ambiance chaleureuse et bon enfant où les gardes passaient le temps régulièrement en attendant leur tour de grimper sur les remparts.

Le Lyonnais alla vers son fillot qui était déja installé, lui tapota l'épaule amicalement et pris place à son tour en face de lui, ne s'étalant point en discours de bienvenue vu que ses pensées étaient encore préoccupée par le carnage que devait faire Mathilde avec les aiguilles si elle avait mal compris ses explications.

Finalement, l'image de la cuisinière bouchère fut chassé par ses soins de son esprit alors qu'il interrogeait Antoine.


Alors, as-tu fait bonne route?
Tu te sens mieux?
Qu'est-ce qui t'emmène?


Les questions s'enchainaient, mais la visite du Diois était une surprise ...
--Bonnet
Visiblement, la gueuse refoulée avait l'air d'ignorer la noble tâche du précepteur.
Après avoir encore une fois démontré son mépris flagrant pour l'évolution sociale et intellectuelle de la fille qu'elle semblait pourtant aimer. Encore une fois, l'hypocrisie de la noblesse qui ne s'assumait pas était démontrée.

Ne considérant visiblement sa première et stupide intervention comme suffisante, elle décida d'en rajouter une couche.


"J'avais oublié... Nous avons décidé de mener Romane à Clérieux afin de lui faire découvrir le domaine... Je suis certaine qu'elle appréciera cette visite... Il va sans dire que cela laissera peu de loisirs pour parfaire son éducation... Par contre, je ne doute pas qu'elle aura tout le temps de se distraire, comme il sied à une enfant de son âge... "

- Vous semblez oublier que le même Seigneur de Sinard dont vous invoquer ici le respect est celui qui m'a confié l'éducation de sa fille. Pensez-vous qu'il m'a fait venir ici pour me tourner les pouces au soleil en regardant une fille de sang bleu gambader dans la forêt, brûlant du même coup tous ses espoirs pour l'avenir ?
Je ne compte pas faillir à ma tâche simplement parce qu'une inconsciente, n'ayant de surcroit aucun droit sur la Demoiselle de Sinard, l'a décidé !

Je viendrai donc à Clérieux, afin de voir de mes propres yeux le domaine de feus de vrais nobles qui ont toujours eu mon respect. Mais je viendrai surtout afin de continuer mon travail, que vous le souhaitiez ou non ! Je ne pense pas que le Seigneur de Sinard apprécie, de toutes manières, que vous mettiez à la porte un enseignant qui lui coûte une fortune."


Suivant les inconscients dans leur ridicule maisonnée, il reprit à destination de la Vicomtesse.

"Dans une heure débutent les cours de lettres. Si nous sommes alors déjà partis, j'enseignerai dans le coche."

Il était définitivement décidé à faire son devoir, quels que soient les obstacles.
Pouilleux
Le garde s'absenta, et revint quelques minutes plus tard, affichant un sourire amusé, lequel eut le don d'inquiéter plantureusement le Seigneur de Sinard, qui se demandait quelle absurdité son parrain avait encore pondue.
Avait-il prévu de lui faire boire quelqu'excécrable substance ?
Comptait-il se présenter en caleçon, venant de se réveiller ?
Avait-il l'intention de lui présenter ses nouvelles conquêtes ?
Avait-il disséminé des pièges à l'entrée ?
Avait-il vendu les fauteuils afin de pouvoir acheter une nouvelle hache ?
Voulait-il lui faire une démonstration de ses tout nouveaux talents de ménestrel ?
Lui avait-il donné rendez-vous dans la plus haute salle de la plus haute tour, tout en connaissant ses difficultés à marcher ?

Tant d'alternatives plus loufoques les unes que les autres se succédaient dans l'esprit du pauvre Antoine. Et pourtant, il n'avait même pas trouvé.
Décidément, on pouvait attendre du Vicomte d'Oingt n'importe quelle ânerie, mais il trouvait toujours quelque chose pour surprendre.

Après avoir, tant bien que mal, repris son sérieux, le garde lui annonça :


"Le Vicomte vous invite à entrer. Cependant, le salon n'étant pas disponible, vous êtes convié à la salle des gardes."

A ces mots, l'homme ne put contenir un nouveau rictus.

"Je vais vous y conduire."

Alors que le carrosse s'avançait dans l'allée du château, Antoine leva les yeux au ciel. C'était donc là la nouvelle invention de l'Imprévisible. Le Seigneur de Sinard ne voulut même pas savoir quels rites étranges s'exerçaient au salon en ce moment.

"Et que se passe-t-il au salon ?"

Ah oui, peut-être voulut-il le savoir, tout compte fait. La curiosité était un vilain défaut, mais tellement amusante, lorsqu'il s'agissait du Seigneur de Tassin.

"Le Vicomte l'a transformé en armurerie."

L'infirme leva derechef les yeux au ciel, tandis que le garde rit de nouveau.
Ils arrivèrent devant la porte. S'appuyant sur la poignée, il descendit du coche. Précédé de sa canne, elle même précédée du garde, il entra dans le bâtiment.

La décoration n'était pas surprenante. Des haches et autres objets métalliques étaient exposés sur les murs. Pas de tableau, pas de sculpture.
Après quelques minutes de déambulation dans ces couloirs austères, Antoine pénétra dans la salle des gardes, vide pour l'occasion.
Il s'assit, ayant de plus en plus de mal à rester debout, même aidé.

Attendant son parrain, il regarda autour de lui. Cette salle ne faisait pas exception à la rigidité qui couvrait, semblait-il, tout le château.
Après quelques minutes, le Vicomte entra, salua amicalement son filleul, puis s'assit. Quelques secondes plus tard, il prit la parole.


"Alors, as-tu fait bonne route ?"

- Non, un voyage bien trop mou. Mirandor a refusé que je vienne à cheval. Même si j'ai du mal à rester debout, j'ai horreur de rester assis. Surtout avec plus d'une journée de route.

- Tu te sens mieux ?

- Non, malheureusement, ça empire. Je ne le dis pas à Wel, et j'évite même d'en parler à Mir. J'ai de plus en plus de mal à marcher, à respirer, et même à manger. Ce qu'on me donne n'a aucun effet ...

- Qu'est-ce qui t'emmène ?

- J'en avais assez de rester à ne rien faire, à Sinard. J'avais envie de bouger un peu. J'ai donc voulu voir mon parrain, profitant de ma prochaine visite chez Plume et Geoffroy, que je n'ai pas encore pu féliciter pour leur union."


Il fit une pause afin de reprendre sa respiration, et reprit.

"J'ai commencé le carnet de pêchés que tu m'as conseillé d'entretenir. Finalement, c'est un peu plus dur à venir que ce que je pensais."

Pour conclure sa phrase, il toussa légèrement. C'était une toux rauque et glaireuse, qui le caractérisait alors depuis plusieurs mois ...
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5, 6, 7   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)