--Anaislafolasse
Poussière je suis née, Poussière je mourrais.
La jeune femme essuyait les verres derrière le comptoir.
Les habitués n'étaient pas encore arrivés, et elle profitait de ce moment de calme pour contempler son domaine.
Cette taverne crasseuse constituait sa seule richesse et elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux.
L'établissement possédait des tables de jeu pour les cartes et les dés.
Les servantes qui y officiaient, étaient souvent conviées à l'étage pour les besoins du service. Étage qui possédait cinq ou six chambres pour les voyageurs de passage ou les étreintes furtives.
Dans la salle, se trouvaient trois alcôves légèrement surélevées où certains qui ne se seraient risqués dans cette partie de la ville au grand jour, venaient la nuit, régler certaines affaires qui demandent de la discrétion et une main d'uvre qualifiée.
Anaïs, observant son domaine, retint un sourire de satisfaction. avoir son propre établissement à 25 ans était un gage de réussite. Son ambition ne se limitait pas là, mais ses années de galère lui avait appris la vertu de la patience, seule vertu d'ailleurs qu'elle n'avait pas renoncé à appliquer.
Elle sourit franchement à cette pensée. Oui, elle pouvait être fière d'elle.
La petite catin s'était sortie de la rue à la force du poignet(entre autres). Et après quelques années à suivre les armées à droite et à gauche, elle était retournée dans sa ville natale, ouvrant sa taverne avec le pécule amassée. Elle avait trop vu de ses consurs mourir avant l'heure où disparaitre parmi les mendiants des rues pour ne pas savourer sa victoire, surtout qu'elle savait que rien ne dure jamais, et était bien décidée à en profiter.
Elle ne faisait plus travailler ses fesses que rarement maintenant, plus par tocades subites soupçonnait son amant du moment que pour l'argent.
Elle faisait quelques extras pour Alazaïs qui tenait un claque de luxe quelques rues plus haut, dans l'espoir de récupérer l'établissement quand la vieille maquerelle passerait la main.
Un courant d'air froid la ramena au moment présent. Son regard se porta sur l'entrée, un sourire commercial sur les lèvres et la main tâtonnant vers une matraque dissimulée: On ne sait jamais qui va passer la porte.