Citation:Mon cher d'Arquian,
Je prends enfin plume afin de répondre à ta missive. Je t'ai dis, dans la précédente, que j'avais eu écho de la déshérance dans laquelle se trouvait la Bourgogne depuis quelques mois. Je t'ai aussi précisé que ces échos m'avaient d'autant plus inquiétés qu'ils provenaient de personnalités fort differentes de notre Duché. Ce que tu m'en dis n'est donc, malheureusement point une surprise.
Je suis loin, tu sais... Loin et las de toutes ces vicissitudes... Loin et las... Las de Pignon -puisque tu m'en as parlé- qui se réclame du sang de la terre tandis qu'il apporte autant de cicatrices qu'il croit -de bonne foi- amener du bien. Je suis las de ces élus -pas tous, mais combien sont-ils qui travaillent sans rechigner, sans chercher à toujours se mettre en avant ?- qui preferent se perdre dans les meandres de leur petit orgueil plutot que de songer avant tout à la seule chose qui devrait importer : leur Duché. Je suis las de ce monsieur propre d'Aoiren, donneur de leçon patenté et tellement plein de ses délires de pureté que c'est une ambiance d'hospice qu'il propose pour tout avenir. Je suis las des rodomontades de certain ex duc récent qui se prend pour ultime donneur de leçon. Je suis las de cette noblesse qui regarde les coups se porter sans rien d'autre que d'ajouter : "Et moi, et moi, et moi ?", je suis las d'ouir ici et là que l'actuelle duchesse n'est pas à la hauteur. Je suis las d'apprendre à quel point l'ambiance au conseil est détestable. Je suis las de découvrir, presque chaque jour, que tel ou telle, moins orgueilleux, moins prompt à la joute oratoire sans interet, cessera toute activité politique pour longtemps apres que ce mandat fut achevé... Je suis las de ces inutiles qui se battent pour obtenir une toison qui ne signifie plus rien, las de ces quelques militaires depuis trop longtemps gradés qui se pensent etre un corps constitué à la solde d'eux-mêmes, las de sentir qu'en tout cela, ce sont les bourguignons les plus humbles qui paient les pots cassés de toutes ces inepties, de toutes ces vanités !
Je suis las de ces jeux de sales mouflets mal torchés seulement motivés par l'etat de leur nombril sacré !
Puisque ton courrier était porteur d'une question franche, je vais te repondre, apres ceci : Je suis las de BOUM, ce parti que j'ai créé mais dont j'ai été fichtrement incapable de faire quelque chose de bien apres mon départ, le laissant sans aucune ligne directrice entre les mains de qui voulait bien s'en occuper. Lequel n'est plus -par ma faute pour une immense part- que l'ombre de lui-même, ayant d'ailleurs désormais en son sein certaines des personnes pour lesquelles j'ai la plus grande détestation tant certains ou certaines me semblent totalement dénués de tout ce que les premiers boumistes voulaient, de concert avec moi...
Pour tout te dire, je suis las de moi-même qui ne sait plus guere que suivre ce Roy muet, comme un toutou de cour, parce que je ne sais trop que faire d'autre, que je ne sais si j'ai envie de faire quoi que ce soit de plus, et que, bien que vous soyez dans la detestation l'un de l'autre, j'apprécie la compagnie de la Princesse, et que, toujours, à ses cotés, j'apprends... Voila où j'en suis des autres et de moi-même. Rien de bien reluisant, n'est-ce pas ?
Tu me demandes de soutenir le parti que tu souhaites créer -qui le sera sans nul doute déjà, le temps que mon fidele coursier n'arrive-, or, je ne le puis. Ce n'est point contre toi, d'Arquian, bien que nos differences soient, sur certains point, fondamentales. Je ne soutiendrai pas plus BOUM, me contentant de souhaiter bonne chance à ceux qui se presentent sous sa banniere. Je ne soutiendrai par ailleurs aucun parti, fut-il sous l'égide d'un ou d'une amie. Au-dela de ce que je t'ai avoué de mes ressentiments plus haut, et de ma profonde lassitude misanthropique, je suis bien trop peiné de tout cela pour avoir quelque recul nécessaire que ce soit... A moins que je n'en aie trop ! A toi comme à d'autres -toujours les mêmes semble-t-il, mais quel jeune et naïf fol voudrait s'engager dans un tel foutoir ?- je souhaite donc bonne chance... Pourvu que la Bourgogne finisse par en sortir grandi. Qui sait ?
Voila ce que je tenais à te dire. J'espere que ma réponse ne te fache point, cela n'en vaut pas la peine.
Pourras-tu saluer Clothylde et Sombernom de ma part si l'occasion t'en est permise au cours des allegeances ?
Bien cordialement,
Erik de Josseliniere,
Duc de Corbigny.
PS : Si tu avais la gentillesse de proposer gite et couvert pour une nuit ou deux à mon coursier, je t'en serais gré.
PS 2 : Appelle moi comme tu m'as toujours appelé. Je suis Pair, et alors ? Erik ou, si tu insistes, Corbigny, seront bien suffisant entre nous. Je ne suis à cheval sur mes titres qu'avec les imbéciles ou les fats.
PS 3 : Ce courrier, tu peux le transmettre comme tu le veux. Je n'ai strictement rien à cacher à qui souhaite m'entendre !
Le ducal coursier attendit une réaction du baron, laquelle se faisait atten,dre mais le courrier semblait long et l'ecriture d'Erik n'était pas toujours des plus aisée à suivre..._________________
6 fois Maire d'Autun
3 fois Duc de Bourgogne
Tutélaire de la Toison d'Argent (en dépot)
Tutélaire de l'Etoile d'Aristote
Duc de Corbigny
Pair de France
Chevalier Errant de la Licorne
Fondateur de BOUM