Fauconnier
- " Du jarret, bon sang ! Ou nous allons encore être en retard ! "
La voix retentit, aigrelette, sinusoïdale, sur les dalles luisantes de propreté d'une chapelle Sainct-Antoyne antique. S'avançait ainsi un petit groupe de personnes dans lequel l'on pouvait reconnaitre le jeune Faucon, habillé cette fois-ci en habits de noblesse, paraissant petit par rapport à la plupart des hommes présents. On y trouvait Rufus, son bras-droit au visage chevalin, grand et élancé, qui tenait l'épée du Vicomte comme si elle était une relique antique. Ce qu'elle était, d'ailleurs, ayant appartenue à Bralic Fauconnier. Tumnufengh était ainsi une splendide bâtarde à la lame fort sombre, la garde constituée d'une croix ankh qui avançait sur la lame pour mieux unifier l'épée, les deux bras de la croix formant ses quillons. Sertie de deux émeraudes et d'un rubis, l'épée à elle-seule aurait pu valoir la rançon d'un noble.
Adrian s'avançait ainsi, botté de bottes à revers de cuir sombre qui étaient fonctionnelles, la qualité du cuir conférant à elle-seule l'élégance de la tenue. Une tenue de bleu et de noir complétait son attirail, la seule note négligée de sa tenue se trouvant à ses avants-bras, dans les vieux bracelets de force de son père, en cuir bouilli.
Bracelets qui étaient assez laids, il fallait le dire. Mais qui avaient l'avantage de dissimuler une dizaine de dagues de jet...
Adrian, ainsi, s'avançait sans armes mais confiant. A sa suite venait Rufus, ainsi que le clerc qui portait son nécessaire à écriture, et la jeune Alterac, flanquée de sa camériste. Camériste qui, il fallait le savoir, l'avait dépucelé voilà quelques mois, lorsqu'il avait annoncé vouloir anoblir sa maitresse à Concèze(1). Le trajet jusqu'à Paris avait ainsi été tendu. En effet, l'Alterac et le Faucon ne pouvant se supporter, on avait ainsi décidé d'un cessez-le-feu temporaire, pour que le trajet soit vivable. Cessez-le-feu qui était sur le point de se finir.
En effet, la chiotte sur pattes dénommée Fiora qui tenait lieu de chien à la jeune fille trouvât le moyen de sortir des bras de celle-ci et de descendre, pour se dégourdir les pattes. Adrian, tendu et peu à l'aise dans ce lieu où était réunis ceux qui évaluaient la noblesse, renifla bruyamment devant la sale bête, se contentant d'avancer. Mais voilà que celle-ci ne l'entendait pas ainsi ! Et ce sac à puce bientôt volant de venir se presser contre la jambe du Vicomte, pour recevoir caresses et signes d'affection.
- " Mordiable, Concèze, virez-moi direct cette diarrhée pileuse de devant ma botte, ou j'en fais un COUSSIN ! " Le ton était vif, haché, pointu, comme à chaque fois qu'il parlait à Aléanore. Cette fille avait ainsi un don inné pour le faire sortir de ses gonds, et s'énerver. Elle était une sorte de mouche, le genre de mouche qui se plaisait à piquer les vaches, et que ces dernières désiraient tuer à tout prix...
Oui. Une mouche à marde.
Cela avait-il une raison ? Le jeune Faucon n'en savait encore rien. Mais l'animosité entre les deux jeunes gens était telle qu'elle était presque découpable au couteau, pour peu que l'on se trouvât en leur présence. Le jeune chien fut rattrapé, et l'équipage recommença donc à avancer à grands pas à travers Saint-Antoine, à la recherche d'un seul homme.
- " Rufus ?
- Oui, Seigneur ?
- Dès que tu aperçois Orléans, fais-moi signe. Qu'on en finisse au plus vite.
- Entendu, Seigneur. Je me mets à l'avant-garde. "
Et le vieux bras droit d'avancer un peu plus avant, scrutant les visages de la foule de commis, de copistes, de clercs, d'érudits, de marchands, de bonnes femmes, de gosses, de chiards, de dones de mal viure, de nobles, qui déambulait dans l'immense chapelle, à la recherche d'un héraut royal. Mieux, d'un maréchal.
Orléans.
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La voix retentit, aigrelette, sinusoïdale, sur les dalles luisantes de propreté d'une chapelle Sainct-Antoyne antique. S'avançait ainsi un petit groupe de personnes dans lequel l'on pouvait reconnaitre le jeune Faucon, habillé cette fois-ci en habits de noblesse, paraissant petit par rapport à la plupart des hommes présents. On y trouvait Rufus, son bras-droit au visage chevalin, grand et élancé, qui tenait l'épée du Vicomte comme si elle était une relique antique. Ce qu'elle était, d'ailleurs, ayant appartenue à Bralic Fauconnier. Tumnufengh était ainsi une splendide bâtarde à la lame fort sombre, la garde constituée d'une croix ankh qui avançait sur la lame pour mieux unifier l'épée, les deux bras de la croix formant ses quillons. Sertie de deux émeraudes et d'un rubis, l'épée à elle-seule aurait pu valoir la rançon d'un noble.
Adrian s'avançait ainsi, botté de bottes à revers de cuir sombre qui étaient fonctionnelles, la qualité du cuir conférant à elle-seule l'élégance de la tenue. Une tenue de bleu et de noir complétait son attirail, la seule note négligée de sa tenue se trouvant à ses avants-bras, dans les vieux bracelets de force de son père, en cuir bouilli.
Bracelets qui étaient assez laids, il fallait le dire. Mais qui avaient l'avantage de dissimuler une dizaine de dagues de jet...
Adrian, ainsi, s'avançait sans armes mais confiant. A sa suite venait Rufus, ainsi que le clerc qui portait son nécessaire à écriture, et la jeune Alterac, flanquée de sa camériste. Camériste qui, il fallait le savoir, l'avait dépucelé voilà quelques mois, lorsqu'il avait annoncé vouloir anoblir sa maitresse à Concèze(1). Le trajet jusqu'à Paris avait ainsi été tendu. En effet, l'Alterac et le Faucon ne pouvant se supporter, on avait ainsi décidé d'un cessez-le-feu temporaire, pour que le trajet soit vivable. Cessez-le-feu qui était sur le point de se finir.
En effet, la chiotte sur pattes dénommée Fiora qui tenait lieu de chien à la jeune fille trouvât le moyen de sortir des bras de celle-ci et de descendre, pour se dégourdir les pattes. Adrian, tendu et peu à l'aise dans ce lieu où était réunis ceux qui évaluaient la noblesse, renifla bruyamment devant la sale bête, se contentant d'avancer. Mais voilà que celle-ci ne l'entendait pas ainsi ! Et ce sac à puce bientôt volant de venir se presser contre la jambe du Vicomte, pour recevoir caresses et signes d'affection.
- " Mordiable, Concèze, virez-moi direct cette diarrhée pileuse de devant ma botte, ou j'en fais un COUSSIN ! " Le ton était vif, haché, pointu, comme à chaque fois qu'il parlait à Aléanore. Cette fille avait ainsi un don inné pour le faire sortir de ses gonds, et s'énerver. Elle était une sorte de mouche, le genre de mouche qui se plaisait à piquer les vaches, et que ces dernières désiraient tuer à tout prix...
Oui. Une mouche à marde.
Cela avait-il une raison ? Le jeune Faucon n'en savait encore rien. Mais l'animosité entre les deux jeunes gens était telle qu'elle était presque découpable au couteau, pour peu que l'on se trouvât en leur présence. Le jeune chien fut rattrapé, et l'équipage recommença donc à avancer à grands pas à travers Saint-Antoine, à la recherche d'un seul homme.
- " Rufus ?
- Oui, Seigneur ?
- Dès que tu aperçois Orléans, fais-moi signe. Qu'on en finisse au plus vite.
- Entendu, Seigneur. Je me mets à l'avant-garde. "
Et le vieux bras droit d'avancer un peu plus avant, scrutant les visages de la foule de commis, de copistes, de clercs, d'érudits, de marchands, de bonnes femmes, de gosses, de chiards, de dones de mal viure, de nobles, qui déambulait dans l'immense chapelle, à la recherche d'un héraut royal. Mieux, d'un maréchal.
Orléans.
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