Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Du Limousin en Maine, Emmène-moi.

Fauconnier
- " Du jarret, bon sang ! Ou nous allons encore être en retard ! "

La voix retentit, aigrelette, sinusoïdale, sur les dalles luisantes de propreté d'une chapelle Sainct-Antoyne antique. S'avançait ainsi un petit groupe de personnes dans lequel l'on pouvait reconnaitre le jeune Faucon, habillé cette fois-ci en habits de noblesse, paraissant petit par rapport à la plupart des hommes présents. On y trouvait Rufus, son bras-droit au visage chevalin, grand et élancé, qui tenait l'épée du Vicomte comme si elle était une relique antique. Ce qu'elle était, d'ailleurs, ayant appartenue à Bralic Fauconnier. Tumnufengh était ainsi une splendide bâtarde à la lame fort sombre, la garde constituée d'une croix ankh qui avançait sur la lame pour mieux unifier l'épée, les deux bras de la croix formant ses quillons. Sertie de deux émeraudes et d'un rubis, l'épée à elle-seule aurait pu valoir la rançon d'un noble.

Adrian s'avançait ainsi, botté de bottes à revers de cuir sombre qui étaient fonctionnelles, la qualité du cuir conférant à elle-seule l'élégance de la tenue. Une tenue de bleu et de noir complétait son attirail, la seule note négligée de sa tenue se trouvant à ses avants-bras, dans les vieux bracelets de force de son père, en cuir bouilli.

Bracelets qui étaient assez laids, il fallait le dire. Mais qui avaient l'avantage de dissimuler une dizaine de dagues de jet...

Adrian, ainsi, s'avançait sans armes mais confiant. A sa suite venait Rufus, ainsi que le clerc qui portait son nécessaire à écriture, et la jeune Alterac, flanquée de sa camériste. Camériste qui, il fallait le savoir, l'avait dépucelé voilà quelques mois, lorsqu'il avait annoncé vouloir anoblir sa maitresse à Concèze(1). Le trajet jusqu'à Paris avait ainsi été tendu. En effet, l'Alterac et le Faucon ne pouvant se supporter, on avait ainsi décidé d'un cessez-le-feu temporaire, pour que le trajet soit vivable. Cessez-le-feu qui était sur le point de se finir.
En effet, la chiotte sur pattes dénommée Fiora qui tenait lieu de chien à la jeune fille trouvât le moyen de sortir des bras de celle-ci et de descendre, pour se dégourdir les pattes. Adrian, tendu et peu à l'aise dans ce lieu où était réunis ceux qui évaluaient la noblesse, renifla bruyamment devant la sale bête, se contentant d'avancer. Mais voilà que celle-ci ne l'entendait pas ainsi ! Et ce sac à puce bientôt volant de venir se presser contre la jambe du Vicomte, pour recevoir caresses et signes d'affection.


- " Mordiable, Concèze, virez-moi direct cette diarrhée pileuse de devant ma botte, ou j'en fais un COUSSIN ! " Le ton était vif, haché, pointu, comme à chaque fois qu'il parlait à Aléanore. Cette fille avait ainsi un don inné pour le faire sortir de ses gonds, et s'énerver. Elle était une sorte de mouche, le genre de mouche qui se plaisait à piquer les vaches, et que ces dernières désiraient tuer à tout prix...

Oui. Une mouche à marde.

Cela avait-il une raison ? Le jeune Faucon n'en savait encore rien. Mais l'animosité entre les deux jeunes gens était telle qu'elle était presque découpable au couteau, pour peu que l'on se trouvât en leur présence. Le jeune chien fut rattrapé, et l'équipage recommença donc à avancer à grands pas à travers Saint-Antoine, à la recherche d'un seul homme.


- " Rufus ?

- Oui, Seigneur ?

- Dès que tu aperçois Orléans, fais-moi signe. Qu'on en finisse au plus vite.

- Entendu, Seigneur. Je me mets à l'avant-garde. "

Et le vieux bras droit d'avancer un peu plus avant, scrutant les visages de la foule de commis, de copistes, de clercs, d'érudits, de marchands, de bonnes femmes, de gosses, de chiards, de dones de mal viure, de nobles, qui déambulait dans l'immense chapelle, à la recherche d'un héraut royal. Mieux, d'un maréchal.

Orléans.

_________________
Aleanore
La Chapelle Saint Antoyne.. Combien de nobles arpentent ses couloirs, ses alcôves comme on traverserait un vulgaire marché, réclamant ça et là, ce qu’il manque pour faire la soupe du soir, comme de vulgaires paysans venant s’enquérir de la meilleure courge pour la potée du soir ? Combien d’entre eux glissent sur ses dalles en se demandant encore comment faire, comment se présenter, l’angoisse au ventre, la peur d’être jugé comme le Faucon ? Combien ? Quand elle-même s’avance, la joie visible jusqu’au sourire qui s’étire, ravi, sur les lèvres légèrement mordues pour ressortir plus rouges, la joie, oui, car la Chapelle est l’aboutissement, la joie, une aspiration, une inspiration, un réel besoin, porter ces caducées, fièrement comme l’avait fait bien avant certains, Marc Ulrich Adrien de Lasteyrie, désormais décédé, oui, porter fièrement ces caducées que le vassal de sa mère avait porté fièrement lui aussi, le champion de sa flamme, le modèle des jeunes filles, religieux, héraut.. Mort ? Non ! Au Paradis Solaire, alors le sourire s’étire quand elle imagine un des rares sourires qu’elle a pu apercevoir sur le visage du vassal de sa mère, lui étant destiné, parce qu’elle portera les caducées à son tour. Encore un peu d’espoir adolescent, encore un peu..

-« Mordiable, Concèze, virez-moi direct cette diarrhée pileuse de devant ma botte, ou j'en fais un COUSSIN ! »


Et comme une râpe, la voix du Faucon de la ramener sur terre, les noisettes fusillent, foudroient, alors même qu’une Clarisse rougissante, récupère vivement la chienne qu’Aléanore a daigné laisser descendre pour qu’elle se dégourdisse un peu après le trajet éprouvant pour tous les habitants du coche. Et où la voix qui mue du jeune faucon s’était élevée quelques instants auparavant en hurlant et maintenant, en jurant, la voix suave de la jeune limousine de la remplacer.

-« Ne connaissez-vous point la devise de la chapelle, Vicomte ? L'éclat des voix n'a point place où seul l'éclat des hauts-faicts importe. Prenez garde de ne point faire trop de bruit, on ne pourrait guère entendre les échos de vos maigres exploits si tant est que vous en ayez un jour réalisé. »

Intérieurement dans la liste des choses à faire, une croix s’affiche en face de : Fermer son clapet au moineau. Suivant ! Et la jeune fille de dépasser avec un sourire narquois aux lèvres, le jeune vicomte occupé à donner des ordres à son valet qui la dépasse, essayant de distinguer dans la foule qui pourrait être Orléans, le port de tête se fait altier sous la huve délicate qui recouvre l’épaisse chevelure brune, héritage maternel au même titre que les noisettes malicieuses qui déjà laissent transparaitre l’envie d’exaspérer plus encore le Faucon. Car oui, c’est bien cela la raison de leur mésentente, une exaspération commune, mais si elle est naturelle pour le Faucon, elle est feinte pour elle, on ne gagne rien à s’attacher aux gens, on gagne tout à se les attacher et c’est la raison de sa présence. Elle sait qu’il ne l’aime pas, mais elle sait qu’il a besoin d’elle, alors elle suit. Et là, où le Faucon est bleu et noir comme la nuit, elle se fait bleu et or comme le jour.

Et si les bracelets de force bien vieillots au goût d’Aléanore détonnent de la tenue du Faucon, c’est son éventail à elle, écru et rehaussé d’ambre qui tranche sur la tenue bleue foncée où sont brodés quelques motifs au fil d’or, et plus encore, parce qu’elle est en sa compagnie, elle se rassérène en déployant devant elle son éventail contenant de fines dagues dans chacune des branches. Adorable jeunesse.. Et soudain, l’idée lui vient.. Comment l’énerver plus encore ? Facile ! Le déstabiliser. Alors, elle inspire, pense à Alycianne et Cassian qu’elle amènera voir Thias, et se retourne, offrant au vicomte, un sourire tendre comme elle n’en offre qu’aux gens qu’elle aime.


-« Vous ai-je dit merci ? Non.. N’est-ce pas ? Merci Vicomte. »

Et l’Etincelle de se retourner pour fouiller du regard les allées et venues de la chapelle, dissimulant derrière l’éventail, un sourire de sale peste. Touché ! Coulé ?
_________________
Fauconnier
A sort of revolution.

Error data. System failure. Crash disk.

Et le grand adolescent que de rester coi un temps, un très court temps, devant quelque chose de si inattendu. Un sourire comme celui-ci, et si... authentique, au demeurant, ne pouvait que sur les lèvres d'Aléanore le déstabiliser. Le visage de cette gamine débile illuminé lui fit prendre conscience un temps que oui, celle qui serait sa vassale dans peu de temps était bel et bien désirable. Que même... Sur certains points... A en crever. L'angoisse du ventre et les grands airs montrés pour épater la galerie fondent comme neige au soleil devant un simple signe de sympathie, et d'empathie. Ce gamin, qui s'est forgé son image de noblesse sur le principe de ce qu'étaient Coluche, Bralic, Sirius, n'était en fait rien de plus qu'une baudruche gonflée d'air.
Une grenouille qui voulait se faire plus grosse que le boeuf.
Car au final, avait-il jamais eu d'autres modèles que ces personnages hauts en couleurs, effrayants, qui terrorisaient en leur temps les allées de Saint-Antoine de par leurs éclats de voix, et la puissance de leurs personnes ? Non. Et le masque mutuel entretenu par les deux adolescents que de s'abaisser un temps, un très court temps, un laps infime d'éternité, un battement de coeur. Elle, elle s'est déjà retournée. Elle ne le verra pas rougir. Elle ne verra pas ce grand faux-con se gorger de cette image, avant que de remettre ses défenses en place. Ce grand gamin qui, une fois ce masque retiré, n'était que douceur, amabilité, et manque de confiance en soi. Oui. Un adolescent comme elle, tout juste un peu plus broyé qu'elle par un nom et des ascendants qui ne lui laissaient place qu'à l'excellence ; à rien d'autre.

Pourquoi se détestaient-ils, au final ? Pour Adrian, sans qu'il le sache, encore une fois c'était une histoire de masques. Ces masques auxquels on s'accroche, qui nous définissent en tant que personnes. Ces masques qui font nos êtres sociaux, qui montrent une parcelle de nous au monde pour mieux en préserver un jardin secret, plus ou moins attrayant en fonction des personnes. Ces masques grecs, ces "personas", que les acteurs s'apposaient sur le visage avant que d'entrer en scène. Personnages affichés et qui ne correspondent bien souvent pas à la réalité... Celui de l'Alterac ? Il la voyait comme une gamine capricieuse, comme une foutue écervelée, juste une sorte de fleur qui suivait le soleil et le vent sans se préoccuper d'autre chose que de savoir si elle plaisait. Une potiche Ming ; une amphore ; une patère grecque ; juste un vase, et rien de plus. Une jolie enveloppe d'albatre, d'argile, de terre cuite, décorée, mais sans rien dedans. Il voyait en elle tout ce qu'il détestait de la noblesse, et qu'il détestait chez lui ; tout ce qui le débectait dans son attitude face à la noblesse, et auquel il ne tenait pas. Tous ces faux-semblants, ces simagrées, ces prises de positions égocentriques, hypocrites... Mais les gens ne sont pas que ce dont ils ont l'air, jeune Faucon. Et tu en étais peut-être la preuve la plus parfaite. De cette dichotomie des personnes. De cette dissymétrie des attitudes, qui laissait les hommes se gorger d'illusions sur le monde, sur la vie, sur Dieu, sur les autres, sur eux-même. Oui, jeune Faucon. Un jour, tu aurais à apprendre que les personnes sont autre chose que des masques, qui peuvent ou non t'être utiles. Une personne n'a rien d'un objet. Et Aléanore, oui, n'avait rien d'une cruche. Mais il te faudrait grandir encore, avant que de pouvoir faire ce constat. Adrian, inconsciemment, était un jeune homme qui cherchait à être aimé, et à rencontrer l'amitié et le bonheur. Comme toute personne, au final. Mais l'avouerait-il jamais ? Cela, probablement, était une autre paire de manches...

Ils auraient pu s'aimer, tous les deux. Si leurs conditions avaient été différentes, s'il avait été juste un petit nobliaud sans envergure, il aurait pu. Si elle avait été aînée, ou si elle avait eu plus de titres, elle aurait pu. Deux adolescents au final pas tellement différents, qui se détestent parce qu'ils ne peuvent pas s'aimer. Parfois, dans nos vies, les apparences font-elles ainsi beaucoup plus de mal que de bien. Ils auraient pu être amis. S'apprécier. Mais la vie n'a rien de simple, et de facile. Aussi n'étaient-ils que deux jeunes gens jouant à chien et chat, tentant bon an mal an de faire l'un avec l'autre, puisque c'était leur destin que de se retrouver unis par ce lien de vassalité.

Et Adrian rêvât un temps.

Une vie différente serait-elle possible pour lui ? Ne pourrait-il opérer une sorte de révolution dans ce qu'il était ? Au final, avait-il besoin de devenir Licorne, de devenir Comte, de se marier, d'avoir des enfants, d'avoir la responsabilité de gérer une vingtaine de villages ? Il vit un instant une superbe maison, au toit de paille, faite de torchis et de terre. Il vit une forêt, emplie de rais lumineux faisant étinceler les fougères de poussières d'or. Il vit un petit lac, avec un ruisselet s'y rendant, chantonnant d'un glou-glou paisible. Il vit un joli pont de bois, et un soleil radieux. Il vit des poules, des oies, des canards, s'égayant devant ses pas alors qu'il rentrait à la maison. Il vit des dépendances bien entretenues, des bêtes à l'étable, à l'écurie, des poules qui s'égaillaient dans la basse-cour. Il vit une femme radieuse et belle, un sourire immense au visage, qui poussait vers lui des enfants pétillants et pleins de vie. Il vit des visages sur le palier de la maison, qui l'attendaient. Des visages bienveillants, souriants, qui ne demandaient qu'à faire la fête. Il vit les visages de Luthi', de Laïs, de Tristan, de sa soeur, celui de son Chevalier, son père, sa mère, son oncle, toutes les personnes appréciées croisées dans sa vie. Il vit une table chargée de victuailles. Il vit du vin. Il vit des danses. Il vit la vie, telle qu'elle devrait être, telle qu'on la rêverait. Et Aléanore y était très probablement. A quelle place ? Cela, aussi, était une autre question...

Mais la vie n'était pas un rêve. Et à quoi bon la rêver, si c'était pour avoir mal ? C'est vrai... Pourquoi imaginer pouvoir un jour vivre en paix ?


- " Seigneur ? Vous avancez ? "

La voix du clerc de le réveiller après un petit temps des rêveries de ce promeneur solitaire. Le masque de se rabaisser, pour ne laisser aucune place. Seul... demeurât un petit sourire. Un faible rictus, accroché à un coin de sa bouche. Mais un petit sourire qui en disait peu, et beaucoup à la fois.

Et Adrian de reprendre sa marche, à travers une chapelle séculaire de Hérauts qu'il aurait aussi pu admirer, mais qui ne lui apparaissaient que comme des incompétents arrivistes bercés de douces illusions sur la noblesse. Tous les masques étaient à nouveau en place. La pièce pouvait reprendre.

Tout était rentré dans l'ordre des choses.


- " Bon... Où peut bien se cacher Orléans ? "
_________________
Rhân
Où pouvait donc se cacher Orléans?
Très certainement dans la chapelle même s'il avait quelque peu passé l'âge de jouer à cache-cache, surtout avec les deux adolescents qui l'attendaient. Encore avec Renaud, il pouvait encore disparaître derrière une tenture ou dans la pièce à côté pour qu'il le recherche au lieu de crier même s'il n'avait guère de temps pour ces jeux. Le vicomte d'Avize n'était donc pas en train de se cacher quelque part sous les voûtes séculaires et parfois sombres des recoins de la chapelle de Saint-Antoine-le-Petit de Paris mais plutôt de finir quelque travail sans trop se soucier de l'heure.

Puisqu'il avait reçu la charge du Limousin et de la Marche où il n'y avait à ce moment point de héraut attitré, même s'il espérait qu'elle serait rapidement pourvue, c'est à lui que le jeune vicomte d'Isle s'était adressé pour l'octroi de fiefs vassaux de ses terres à deux demoiselles et à un jeune homme. Malemort, Alterac, Vergy... c'était des noms qu'il connaissait, même si c'était celui naturellement d'Alterac qu'il connaissait le mieux et de loin. La bâtarde de Rochegarde et de Marie... cela ne le rajeunissait guère. Il avait connu ses deux parents à peu près en même temps, il y a bien longtemps. Un repas de Pâques en Bretagne où non loin lui revenait en mémoire, que, chef de l'armée orléanaise, il avait partagé avec Rochegarde qui commandait la limousine et où il avait été question d'échanger des femmes, dont entre autre la jeune baronne d'Eymoutiers. Il n'y avait plus qu'à espérer que la jeune fille serait digne de ses ascendants ce qui ne serait sans doute pas facile. La jeunesse, de nos jours....

Enfin les blasons avaient été préparés comme il le fallait, les patentes bien reçues, tout était donc prêt pour la cérémonie pour laquelle il servirait de témoin héraldiques afin de valider l'existence des liens vassaliques qui uniraient bientôt les quatre protagonistes et de mettre à jour les différents nobiliaires de France où apparaissaient les futurs vassaux. Le maréchal avait donc revêtu son tabard bleu fleurdelysé, insigne de son office et son caducée de velours aussi bleu et du même motif et était sorti de son alcôve et de la salle des caducées pour essayer de trouver ceux qui devaient surement l'attendre, les jeunes étant impatient devaient forcément être en avance alors que lui avait bien tout son temps. Les hurlements peu fins provenant du milieu de la salle le guidèrent vers le groupe qui l'attendait. Il s'y dirigea donc, croisant sûrement un quelconque sous-fifre qui se retourna à son passage pour faire des signes derrière lui et arriva devant le vicomte d'Isle et la dame de Concèze qui se chamaillaient gentiment. Il les salua tout deux de la tête.


Bien le bonjour vicomte, et à vous aussi demoiselle.


Ils ne semblaient être toutefois que deux présent alors qu'il avait bien compté trois patentes ce qui avec un suzerain faisait quatre personnes, soit le double des personnes présentes

Il nous en manque encore n'est-ce pas?
_________________

Sur ma bannière, vous voyez 3 gentils lapins dans un champs, hein?.. Bah vous avez tort
Alienaure
Bon... Elles avaient dû quitter Ségur et le fourmillement des préparatifs pour les fiançailles. Plus que le mariage, sa mère avait fait de cette étape un moment grandiose, conviant moult personnes -qu'elle ne connaitrait sûrement pas. La Malemort ne lésinait sur aucune dépense. Meilleurs crus français, meilleurs gibiers, meilleurs poissons, meilleur tout.
Elle avait été intarissable tout le long du chemin. Comment devrait-elle se coiffer, comment devrait-elle se tenir, à qui sourire, quelle robe avait-elle envie de porter, quelles fleurs souhaitait-elle pour décorer, etc, etc.

Si Aliénaure n'avait pas vraiment posé de question sur la nature de leur voyage à Paris, c'était sûrement parce qu'en bonne fifille Malemort, elle pensait que sa mère voulait l'emmener choisir sa robe de mariage. Rien de mieux dans une conversation que de dire "oui, très chère, nous l'avons commandée à un tisserand parisien".
Mais entre deux recommandations, la reyne des chieuses avait fini par lâcher le morceau comme si de rien n'était: elle l'accompagnait pour son anoblissement. Gage de terres de la part d'un homme qu'elle n'était même pas sûre d'avoir croisé un jour le regard.
Alors la Mini avait cherché le pourquoi du comment. Et un éclair avait traversé son esprit quand, à force de tourner et retourner la question, le nom s'était imprimé: Fauconnier! ... Bralic! L'amant de sa mère! Celui dont elle avait longuement pleuré le souvenir après sa mort. Le père d'Arnaud...

Elle en était là de ses pensées quand le carrosse s'était arrêté devant une large avenue bordées de boutiques de tisserands. Incorrigible maman qu'était la Malemort...

...

Le soucis avec les femmes, c'est que quand elles partent faire du shopping, on ne sait jamais quand elles vont revenir. Et deux Malemort lâchées en plein Paris, c'est terrible. Un douzaine de robes avaient été commandées - dont la fameuse robe des noces-, ainsi qu'un trousseau complet.
Et le cocher avait dû redoubler l'allure pour qu'elles ne rejoignent pas la chapelle plus en retard qu'elles ne l'étaient déjà.

A leur arrivées, Aliénaure put découvrir que des personnes étaient déjà présentes.
Un homme d'âge sans doute similaire à celui de sa mère, et deux jeunes gens, sans doute proche du sien. Une jeune femme qu'elle ne connaissait pas, et un jeune homme.
Sans ne l'avoir jamais rencontré, elle sut que c'était lui.
Redressant le menton, elle combla la distance qui les séparaient d'eux, s'abaissant en une légère révérence.


Bonjour...
_________________
Aliénaure de Malemort
Dame de La Tour du Chavant et de Versannat
Guilhem_de_vergy
Missive reçu quelques jours plus tôt de la part de son bien aimé ami... Non mais de qui se fout-on là? Une missive d'un blaireau qui pète plus haut que son cul ouais... Donc missive qui laisse sous entendre au jeune Comte qu'il est attendu la semaine suivante à Paris... Plus particulièrement à la chapelle Saint Antoine... Rien de plus... Mais cela lui suffisait,il savait pertinemment de quoi il en retournait... Il parlé au calme des murs de Beaumont... Trouvé un accord... Et les deux compères allait s'y tenir...

Donc, Paris... Des mois que Guilhem n'y avait plus mis les pieds... D'ailleurs la dernière destination où il s'était rendu était celle où il allait désormais... Petit pincement au cœur, puisque c'était la fois où toute la noblesse Mainoise était venu lui demander le sacrifice ultime... Jouer sa potentielle future place à l'hérauderie pour venir publier une demande d'exclusion du héraut du Maine, qui n'avait eu au final comme répercussion que l'exclusion de Nebisa... Allez savoir le pourquoi du comment, lui même ne comprenait pas... C'était donc devant Saint Antoine qu'il allait devoir poser pied à terre... Tendant les rennes de sa monture à l'un des palefreniers qu'il connaissait de vue, de par les nombreux mois qu'il avait passé ici... Pénétrant d'un pas décidé dans la chapelle à la recherche de son cher et tendre... ami... Il salut au passage certaines des personnes qu'il connait... et d'autres qu'il ne connait pas du tout... Mais comme la politesse est de rigueur dans ce coin de Paris... Autant s'y plier...

Des paroles plus fortes que d'autres... Une voix... Éraillée... Reconnaissable entre mille... Il tenait son homme... Les pas se font de plus en plus rapide... Il époussette au passage ses vêtements d'un noir... noir... Bah ouais parce que plus noir que le noir j'voit pas... Alors que plus blanc que le blanc... Enfin je m'égare... Il s'avance donc vers la petite troupe qui c'est réuni pour l'occasion... Regard vers ses derniers pour les reconnaître... Adrian... Toujours aussi laid... Rhân... Toujours aussi... Bleu... Le truc en vert qu'il avait vu aux joutes maritales de sa sœur... Et une autre demoiselle qui semblait faire un peu bande à part...

Toussotant bruyamment pour bien montrer qu'il était là...Il s'avance tout d'abord vers Adrian, auquel il viens administrer une énorme claque dans le dos, résonnant dans tous les couloirs de la chapelle...


Fauconnier... C'est toujours un réel... Plaisir... Que de vous voir... Vous m'aviez presque manqué...

Regard et sourire vers Rhân...

Orléans... Toujours plaisant de pouvoir vous compter parmi nous... J'espère que le nouveau Montjoie ne vous en fait pas trop baver...

Léger sourire en coin... Il connaissait Llyr, et savait de quoi il pouvait être capable... Certains l'adulait... D'autre le conspuait... Et à vrai dire Guilhem était légèrement mitigé sur ce choix... Le Duc avait de bon coté... mais d'autres bien moins bons... Enfin comme n'importe qui me direz vous... Cette fois-ci ses yeux se tourne vers l'ancien Leprechaun... Le sourire se fait charmeur... Les yeux plus bleu que jamais (oui Guilhem à la capacité de pouvoir rendre ses yeux plus bleu... Pas logique? C'pas grave c'est moi qui décide...)... il saisit sa main et viens y déposer un léger baiser... De quoi faire fondre la moitié des femmes du Royaumes (en gros les jeunettes...)

Donaisèla... Ravi de pouvoir revoir votre si charmant minois... J'oserais presque vous dire qu'il m'a manqué...

Lorsqu'il relâche la main, il tourne la tête vers la quatrième personne... Sourcil qui se lève... Regard vers le lutin... Il s'approche de son oreille et viens lui susurrer...

La chose derrière... C'est votre servante?

Nouveau regard vers la Malemort... Puis la bouche viens à nouveau se coller à l'oreille de la demoiselle...

Si c'est le cas, vas falloir lui apprendre les manières... Elle se prend pour une grande dame visiblement...

Il se redresse et sort à nouveau son sourire charmeur... Dans l'attente peut-être d'une réponse... Voir pourquoi pas du début d'une cérémonie qui doit surement se faire attendre...
_________________
Aleanore
Et l’éventail de s’agiter, hésitant entre se fermer, se rouvrir, claquer sur le museau d’une Clarisse à la mine éberluée par tant de .. Noblesse peut être ? Elles ne sont pas à la campagne, que diable, et il y a un rang à tenir. Irréprochable ? Loin de là, mais même Aléanore a ses limites, et les limites de se faire sentir quand elle aperçoit le Maréchal fendant la foule pour s’approcher d’eux, alors le soupir se fait discret mais clair. Enfin un adulte responsable, le ciel soit loué, elle va pouvoir se décharger de la tache pesante que représente le gardiennage du Faucon. Alléluia mes sœurs, alléluia mes frères, le messie est arrivé, et c’est avec un grand sourire que la jeune fille accueille le Maréchal avant d’esquisser une petite révérence, loin de se douter que l’homme la connaît et pire encore, connaît les conditions de sa naissance. Etre bâtarde, oui, mais la bâtarde du Limousin, la bâtarde de Rochegarde et de la Violette, d’un Comte et d’un Pair de France, comme elle aurait pu ne pas avoir à rougir, comme elle aurait pu lui rabattre son caquet au Faucon, si elle n’était pas née illégitime. Et paf dans ta face ! Mais non, la vie et ses parents en ont décidé autrement, et paf dans sa face à elle.. Alors, elle se fait discrète mais point trop, orgueilleuse s’il en faut, et la voix feutrée de murmurer.

-« Le bon jour Orléans. Oui, il en manque.. »


Comme un ton de reproche dans la voix, comme si déjà le Faucon n’arrive pas à se faire obéir de ses vassaux, alors qu’elle-même a du se le farcir dans le coche pour arriver à Paris, foutue vie, c’est toujours pour les mêmes, tiens ! Et alors même qu’elle admire son éventail de plus près pour passer le temps, coulant de temps à autre un regard vers Adrian, voilà qu’une arrivée se fait entendre.. Sourcil qui se hausse tandis que l’éventail se garde bien de s’abaisser toujours planté devant les lèvres, tapotement discret sur lesdites lèvres pensives et surtout, méchantes, oui, méchantes lèvres qui s’étirent dans un sourire en coin et mauvais, un nom : Malemort. Ainsi, il lui a fait cet affront, faire venir la femme qui avait écarté les cuisses pour se faire fourrer par son père. Rochegarde, Rochegarde .. Père que n’as-tu eu de meilleurs goûts.. Pensées indulgentes pour le défunt méconnu mais qu’elle adore pour tout ce que sa mère lui en a dit, et pour le peu de souvenir qui lui reste de ce père, alors lentement la main gauche vient glisser contre son buste pour sentir sous la robe, le relief rassurant du pendentif paternel. Rassérénée, la jeune fille observe les deux brunes, mère et fille, s’étonnant même de voir la mère puisqu’on la disait dans des préparatifs festifs, un énième mariage de sa part ? Ou bien, est-ce la raison de la venue de la mini-chieuse, récupérer un titre dans la foire aux couronnes pour s’en ceindre et pouvoir prétendre épouser un noble que sa mère aura daigné lui laisser. Générosité maternelle sans faille .. Et enfin de poser les yeux sur le Faucon, essayant de comprendre le pourquoi du comment, voulant lui crier .. Quoi ? Aléanore ? Que tu la hais ? Que tu voudrais la tuer de ta main pour avoir gémi le nom de ton père ? Il y a de ça.. Contiens-toi enfant, tu as la vie devant toi pour y songer.. Alors le regard se fait moins vif, moins investigateur, moqueur surement, mais pas méchant, et la nuque se courbe gracieusement pour saluer les Malemort avant de reporter son attention sur le Faucon, ses vêtements, ses bottes, regard appréciateur, au moins a-t-il fait un effort et c’est un sourire presque amical qui étire les lèvres de l’Etincelle quand l’attendu du jour se fait entendre, toussotement tout sauf discret qui vaut un regard courroucé de la part de la jeune fille avant de fixer celui qui toussote et de sourire vraiment pour la première fois de la journée.

Et quand la claque part dans le dos d’Adrian, l’Etincelle regrette vivement de n’être pas né mâle pour pouvoir faire preuve de ce genre de familiarité et la jeune fille de s’imaginer jeune homme pour pouvoir décocher une claque pareille et décrocher un ou deux poumons du Faucon, derrière l’éventail, la mine se fait mutine et hilare. Toussotement discret pour reprendre une certaine contenance tandis que le Mainois s’adresse au Maréchal, ainsi donc, il connaît des hérauts, intéressant ce jeune comte, très intéressant. Et alors qu’elle s’attend à ce qu’il salue la comtesse comme il se doit, elle n’entend rien, aucune salutation, ne voit rien, aucune signe prouvant qu’il l’a remarquée. Etincelle qui savoure avec ravissement le spectacle un comte ignorant une comtesse et toute à sa rêverie magique, elle ne remarque pas qu’il la rejoint, c’est seulement quand sa main se retrouve dans la sienne et qu’il la baise qu’elle réagit. Elle pourrait retirer sa main vivement, mettant la chose sur son dégoût des attouchements physiques venant des mâles, et pourtant, c’est le sourire qui la retient.. Charmeur. Les noisettes à la lueur moqueuse, se font surprises puis amusées, ne voit-il pas qu’elle n’a rien de ce qu’un homme peut attendre d’une jeune fille ? Pas de ventre promettant de nombreuses et heureuses grossesses, rien qu’une platitude déprimant Lison et Clarisse, là, où certaines se plaisent à afficher des encolures arrondies ou carrées dévoilant sinon la poitrine au moins une gorge, la sienne est cachée derrière un col montant, puisqu’il n’y a presque rien à mettre en valeur, et la petite taille la faisant passer pour une enfant n’en attire pourtant pas énormément, alors, le sourire charmeur et le regard troublant la font sourire, oui, d’un sourire amusé mais sincère. Et quand la haute stature du Mainois se penche pour baiser sa main et la saluer, la jusqu’alors très maussade Aléanore, se fend d’une gaieté qui l’étonne.


-« N’osez pas, vous nous mentiriez. Je ne me souviens pas vous avoir félicité pour les joutes à l’occasion des noces de votre sœur.. Vous vous êtes démarqué de tous vos comparses de votre âge, Vostre Grandeur, de ma sœur et même de notre .. futur suzerain. »

Et paf dans tes dents, le faucon. Et c’est à regret qu’elle sent sa main quitter la sienne, pas qu’elle se sente d’humeur légère, ou que l’envie de flirter la prenne, non, elle lui aurait bien proposé de quitter cette farce ridicule et d’aller boire une coupe ailleurs. Et comme il reste stoïque, elle sourit de plus belle, et se redresse à ses côtés, rajustant le masque des mondanités, se fendant même d’un sourire encourageant à l’égard du Faucon. Vois, gamin, tes futurs vassaux se lient d’amitié, futurs voisins en devenir et déjà près à rire. Le profil de l’Etincelle se pose, qui sur le maréchal, qui sur le futur suzerain quand les mots viennent couleur à son oreille, et l’éventail rabaissé pour un temps de revenir glisser devant son visage pour dissimuler un sourire moqueur.

-« La chose derrière n’est pas ma servante, c’est la fille de la Reyne des Chieuses, notre bien aimée Nebisa de Malemort. Et pour ses grands airs, je n’y peux rien, elle a du les emprunter à sa mère, elle aurait mieux fait de s’abstenir, la mère a au moins la couronne comtale pour y ajouter de la classe, celle-ci n’a rien. Pauvre enfant. »

Et comme un tintinnabulement, le rire de l’Etincelle de résonner dans la chapelle avant de reculer d’un petit pas pour être plus près du Mainois, discrétion oblige.

-« Et moi qui pensait que vous alliez offrir une putain à notre futur suzerain comme gage de bonne foi, vous m'en voyez navrée, mais on peut toujours lui proposer n’est ce pas ? »

Sourire candide de la poupée avant de reporter son regard sur le Faucon et d’avancer d’un pas pour ne plus être si près du jeune comte, et enfin, l’éventail tombe, replié et raccroché à la ceinture dans l’attente de la suite, et la voix jusqu’à présent murmurante, se fait claire et distincte.

-« Nous sommes tout à vous, Vicomte. »

Et les noisettes de se poser sur le Faucon, sourire encourageant aux lèvres. Joues moineau, tes petits soldats sont rassemblés.
_________________
Nebisa
Il lui était étrange de revenir en ces lieux aujourd'hui, c'était comme visiter un "chez soit" devenu un "chez les autres", pourtant les pierres étaient demeurrées les mêmes, l'odeur de cire, de parchemins et d'encens qui se mélangeaient dans l'air n'avait pas changé et même les gardes en faction devant le couloir menant aux alcôves de travail, cette salle des caducées, véritable cénacle aux plus grandes intrigues, étaient toujours là, la Chieuse avait d'ailleurs laissé Aliénaure s'avancer le temps de les saluer, d'échanger quelques nouvelles quant à la santé de leurs mesnies et de recueillir quelques ragots sur l'actualité héraldique et, finalement, elle avait poursuivi sa route, entre émotion et nostalgie pour gagner l'une de ces petites salles communes, sans office particulier autre que ce que le hasard leur voulait parfois pourvoir, notamment, quand comme aujourd'hui s'y dérouller une réunion particuliére...

Rejoignant sa fille, elle adresse un sourrire marqué à Adrian, l'un de ses rares sourires francs et sincéres, non ces grimaces mondaines qu'elle affiche sur commande, salut d'un hochement de tête la donzelle, le damoiseau et le représentant héraldique local, celui là même dont elle attendait des nouvelles depuis qu'il l'avait menacé de vil procés, mais il est vrai que son maitre trépassé, il avait peut être vu ses crocs tomber... amen...

Affichant, comme toujours une assurance tranquille, pouvant paraitre pour autant dédaigneuse sans qu'elle n'en ait le prime dessein, mais c'est là un suplément gratuit et non la volonté premiére, elle adresse à son ainée un regard qui se passe de mots, laquelle enfant comprenant sans qu'il est besoin de traduction que sa mére va, encore une fois, faire sa chieuse, dans le but manifeste de donner à ses malpolis une leçon de savoir vivre, à sa façon... las, en plus d'être d'une extréme charité, la Malemort est pédagogue à ses heures perdues... Aussi, ignorant complétement les deux rejetons, elle s'adresse à Aliénaure, à haute et intelligible voix...


Aliénaure, je ne pense pas que tu connaisses déjà Aléanore Rochegarde ? Ou Alterac, plutot, puisqu'elle ne daigne porter le nom de son géniteur, lequel l'a pourtant reconnue dans sa prime enfance... Elle est la fille de Marie Alice et de Feu le Comte de Carboniére, et semble, tout comme toi, peu marquée par l'héritage paternel, cependant que son pére fut un des plus grands hommes qu'il m'ait été donné de connaitre en ce monde, un de ceux qui inspirent un respect et une affection indéfectible... un être d'une rare franchise et qui n'avait pas besoin de chuchoter pour oser s'exprimer. Ce jeune garçon est un Vergy, il a hérité au trépas de ses parents de quelques terres en Domaine Royal, il était bien plus avenant du temps ou la couronne de seigneur coiffait son chef, mais avec l'âge, il se rendra compte que la noblesse que l'on hérite n'a jamais prouvé la moindre valeur et qu'il convient de faire ses preuves comme n'importe qui d'autres au sein de la véritable noblesse, celle qui se gagne... Et voilà bien sur Adrian Fauconnier, Vicomte d'Isle et d'autres terres ... en Teutonie... le pauvre... ceci étant, il est doté d'une grande lucidité puisqu'il a choisit de s'installer en terre de France .

Avec un soupir un rien exagéré, elle se tourne vers Adrian, sa voix se muant naturellement pour devenir chaude et affectueuse, tant il est vrai que dés qu'elle pose les yeux sur le Vicomte d'isle, elle revoit l'enfançon qu'il était quand, du temps des allégeances limousines, il se glissait parmi la foule pour s'installer sur ses genoux, à réclamer quand un sucre d'orge, quand une bise, quand de jouer avec ses caducées... mais l'enfant était devenu grand et pendant un temps, de leur sorte d'amitié spéciale, était née une rancoeur haineuse d'Adrian envers elle, dont elle était finalement, et non sans soulagement, venue à bout... ne pouvant admettre, alors qu'elle vivait comme une malédiction de survivre à la perte de tant d'êtres chers, de voir leurs descendances repousser son affection et ayant au coeur le devoir d'honnorer, à travers ces reliquats là les mémoires de ses chers disparrus... Que faire d'autres quand vos amis, vos amants, ceux qui se pouvaient prévaloir de vous connaitre réellement se rangeaient dans les cimetiéres et vous abandonnaient lachement, seule, sur le champ de batailles, avec pour seule armure le poid d'une réputation, d'un nom et d'un caractére taillé au couteau dans les larmes et l'adversité ? Les morts sont d'un égoisme vraiment...

Je suis toujours en joie de te revoir, Adrian, au gré de tes pérégrinations et de mes péripéties, ce n'est jamais chose aisée que de supputer ces retrouvailles... Comment te portes-tu ? Toujours occupé à sauver le Maine de ses tourmenteurs pour les belles couleurs de la Licorne ? Point n'as-tu été navré au combat ?

Et la Malemort de se retenir au dernier moment de lui demander s'il était correctement nourri et assez chaudement vétu dans ces campagnes militaro-salvatrices... C'est que, tout de même, il ne le faudrait pas offenser le Vicomte, en le traitant comme un enfantelet fragile ... mais tout de même...
_________________
Alienaure
A peine avait-elle salué qu'un autre homme arriva. Un brin sûr de lui, prétentieux au possible. Tout ce qu'elle exécrait... Il salua celui qui semblait être le futur suzerain, puis s'adressa à la demoiselle, en la regardant elle.
Et s'il y avait quelque chose dont Aliénaure était persuadée, c'est que quand deux personnes se faisaient des messes basses en fixant une personne, ce n'était jamais pour dire de bonnes choses.

Sa mère arriva derrière elle et combla les manques de connaissances qu'elle avait. Et un sourire presque carnassier naquit sur les lèvres malemortiennes.
Alterac... Encore une dinde qui n'avait que son nom pour prouver le bienfondé de son existence. Jamais entendu parlé en Limousin. Même pas comme simple nettoyeuses d'égouts. Par contre, elle se souvenait d'une soirée où mère et fille avaient échangé des confidences. Et le nom du paternel avait été évoqué. La pintade pouvait se gausser d'elle pour elle ne savait qu'elle raison, elle ne valait pas un pet de nonne. Aussi bastarde qu'elle, née d'une simple liaison, n'ayant rien fait de ses dix doigts, anoblie par le mari de sa mère, sans doute pour pouvoir trouver un époux qui voudrait bien d'elle. Quette sans doute dure pour elle, puisqu'il semblait que le Fauconnier lui en offrit une autre. Deux seigneuries attireraient sans doute plus le mâle à venir fricoter avec elle...
Quant au type aussi désagréable que peu avenant au regard, il ne valait pas mieux. Un fils de. Encore un qui était devenu Comte sans mérite...


La bienséance ne s'apprend pas auprès d'un précepteur, maman. Cela se saurait, sinon...


Ignorer parfaitement ces deux personnes, désormais. Le mépris était tout ce qu'elle avait à leur offrir.
Juste être polie, aimable, agréable avec celui qui avait décidé de la prendre pour vassale.

_________________
Aliénaure de Malemort
Dame de La Tour du Chavant et de Versannat
Fauconnier
- " Orléans. Le bonjour.

...

- Vergy ! Toujours en forme(s), dirait-on !

...

- Ma tante ! Un plaisir de vous compter parmi nous. Et une fille charmante, dirait-on... "


Par-fait. Tout se déroulait comme prévu. Le masque était en place, et le personnage politique était bien là.

Adrian étouffa au plus profond de lui le sourire qui lui montait aux lèvres, et qui annonçait un certain triomphe. Triomphe non de quelque fait accompli, mais surtout de la tournure que les évènements prenaient, et qui conviendrait particulièrement à ses plans.

Pourquoi ces trois personnes avaient-elles été choisies pour être annoblies par lui ? Parce que leurs familles étaient de première importance pour lui, tout d'abord.
Ensuite parce qu'Adrian était joueur, et savait jouer aux échecs.
L'un des premiers enseignements qu'il avait reçu à Condé, lorsqu'on lui avait appris à jouer en cours la comédie des puissants, avait été que chaque personne, en politique, était à considérer comme un objet, et non comme une personne. Plus exactement comme un pion déplaçable sur un échiquier. Une personne représente une part émotionnelle et affective qui peut affecter le jugement, qui peut faire perdre les pédales, évincer la bonne décision, gripper un plan, et... Causer plus de mal que de bien. Aussi lui avait-on appris qu'il y avait deux mondes, voire trois : la vie publique, où tout serait toujours jugé, pesé, analysé, évalué, et la vie privée, où tout était relativement possible. Voire, dans une moindre mesure, la vie politique, qui devait en plus comporter les deux faces. Les gens étaient des pions, classables en deux sortes "utilisables"-"inutilisables". A partir de là, on devait baser son comportement là-dessus : les utilisables devaient être contrôlés, encadrés, quasi-tenus en laisse. Les inutilisables étaient futiles et insignifiants ; on pouvait presque considérer qu'ils n'existaient pas. Pour des aspects totalement différents, ces trois personnes étaient, pour lui, des pions utilisables. Du genre que l'on fait avancer pour parvenir à ses fins.
Guilhem était un jeune queutard obnubilé par ses hormones, et Adrian savait via Cerridween que le jeune homme avait déjà eu des problèmes à cause de cela. Il savait donc que le jeune Comte était manipulable par ce biais. Manipulable par le bout de la queue. Pour cela, il avait compris que le mariage prévu avec sa soeur, Bérénice de Jeneffe, était une aubaine : car en faisant de sa soeur l'épouse de Guilhem, Adrian avait déjà un premier pied de biche enfoncé pour défoncer la porte. C'était Aléanore qui constituerait le deuxième.
Aléanore n'était rien d'autre qu'une adolescente futile, une gamine pourrie gâtée qui ne savait rien faire d'autre que jouer à la cruche en ne regardant pas au-delà des apparences. Mais elle était belle : et Adrian espérait bien qu'elle serait au goût de Guilhem. Oh oui... Bien que non-manipulable en apparence, Adrian trouverait, quelques mois plus tard, un moyen de pression qui serait parfait pour elle : les meurtres dont Aléanore s'était rendue auteur, vis à vis d'un enfant, d'une femme enceinte et d'un vieillard.A travers elle, Adrian espérait acquérir des liens avec les milieux anti-royalistes angevins que la jeune fille avait déjà côtoyée.
Aliénaure était là pour tout simplement remplacer sa mère. Adrian savait très bien que le Vergy et l'Alterac ne pouvaient supporter la Malemort, et ce pour des raisons bien différentes : le Vergy par délit de faciès, et la jeune fille parce qu'elle avait eu vent des rumeurs disant que Jacques Rochegarde aurait eu des rapports avec elle. Adrian espérait ainsi hâtiser une animalité entre les trois personnes, dont il aurait pu se poser en "gentil arbitre". Un gentil arbitre qui aurait permis de calmer Nébisa, de le faire passer pour un suzerain agréable et responsable.

Chose qu'il n'était pas du tout.

Si Aliénaure avait été choisie, c'était pour récupérer dans la figure les myriades de piques que ne manqueraient pas les deux autres vassaux de lui expédier, pour récupérer, pour subir. Adrian la voulait vulnérable. Il la voulait faible et sans défense. Pour, là, se poser en gentil suzerain. Chose qu'il n'aurait pu faire avec Nébisa, qui avait beaucoup plus de charisme, de bases politiques que sa fille. Adrian voulait plomber les Malemort.

Parce que non, il n'avait pas pardonné à Nébisa.

Il s'était radouci parce qu'il n'avait pas le choix ; en Limousin, ne pas être avec Nébisa c'était être contre elle ; être contre elle, c'était être avec Dragonet. Et cela, Adrian ne pouvait le supporter. Alors il s'était adouci, pour profiter de la bonhommie de la Malemort, en rongeant son frein. Il avait toujours autant envie de la tuer. Il avait toujours autant envie de lui faire la peau. Il avait simplement décider de le faire de façon élaborée, en lui faisant le plus de peine possible. Et l'anoblissement n'était alors qu'un commencement. La Malemort s'avançant, il l'avait salué comme il convenait, avec le sourire, s'autorisant un signe de familiarité en la prenant dans ses bras. Epreuve difficile au demeurant, par rapport à celle qui avait bafoué sa mère et qui lui avait volé son père. Il avait tenté d'être jovial, attristé par l'attitude du Vergy et de l'Alterac. Le fait qu'Aléanore soit elle aussi un enfant bafoué par la Malemort était involontaire de sa part, mais ajoutait du piment à la chose...

Alors qu'il avait été celui qui avait décidé de la rencontre.

Se forçant à répondre à la gouge, il répondit tout bas :


- " Je vais bien. Le Maine aussi. Pour le moment... " accompagnant ces mots d'un regard qui voulait bien dire que des temps sombres étaient probablement à venir pour le Royaume. Au final, malgré les railleries du Vergy sur lui, malgré leurs mines de conspirateurs malicieux avec Aléanore, malgré sa tension... Oui, tout se passait comme prévu. Haussant très légèrement le ton par rapport à la discussion animée qui s'engageait, Adrian parla simplement fortement, annonçant :

- " PAIX. "

Puis, faisant un regard d'excuse à Orléans, de lui déclarer :

- " Il semblerait que tout soit prêt. "

Ou pas vraiment. Mais cela, seule la suite le dirait. N'est-il pas vrai ?
_________________
Berenice_de_jeneffe
-Je pense qu'une tenue plus féminine serait de rigueur, demoiselle.
-Personne ne te demande de penser, Bertille, répondit la jeune demoiselle en s'entêtant à vouloir enfiler ses habituelles braies et chemises d'homme qui, niveau confort ne trouvaient nulle concurrence digne de ce nom.
-Vous feriez pourtant honneur à votre frère en revêtant cette houppelande, digne de du rang qui est le votre.
Encore cette notion d'honneur. Depuis que le démon aux yeux bleus avait osé lui en parlé, elle ne pouvait plus entendre ce mot. Tout le monde avait ce mot au bord des lèvres. Devoir se marier pour l'honneur d'une famille qui n'était plus que lambeaux. Devoir faire honneur à un frère qui ne lui avait pas écrit depuis belle lurette, seulement pour la faire venir à Paris dans elle ne savait quel but. Enfin si, elle savait, mais elle avait décidé, par pur esprit de contradiction que non, elle ne saurait pas pourquoi il l'avait ainsi mandée. Devoir faire honneur à son rang, parce que même si pour beaucoup elle n'était que demoiselle, elle avait été élevée en future Comtesse, et que bientôt, si Dieu le voulait enfin, elle serait doublement titrée – pour apporter dote à son futur époux, mais ça, elle ne le savait pas encore. Devoir faire honneur, à tous et tout le temps parce que c'est là le lot d'une jeune fille née dans les hautes strates de la noblesse. Et elle dans tout ça? Elle, elle n'était finalement rien, qu'un pion que l'on déplaçait selon son bon vouloir, sans lui demander son avis. Même pour ce fichu morceau de tissu qui aurait permis à une famille de paysan de se nourrir pendant des mois, on ne le lui avait pas demandé. De même pour ces petites ballerines de cuir ouvragé assortie qui aurait permis à cette même famille d'acquérir bêtes et matériel de qualité pour labourer ses champs pendant des années. De toute façon, bientôt tout cela n'aurait plus d'importance et ne la concernerait plus. Mais cet avenir radieux, tenait dans la main d'un seul homme : le Grand Maistre de la Licorne. Tout n'était qu'une question de temps. Tout est toujours une question de temps, sauf que la demoiselle n'était pas des plus... patiente. Que c'était dur d'attendre!
- Et que sais-tu de l'honneur toi?
- Que c'est un précepte bien difficile à concevoir pour une jeune fille de votre âge, mais que vous finirez bien par comprendre un jour ou l'autre, sourit Bertille en tendant à la jeune lionne une fine robe de velours noir. D'ailleurs, pour votre bien, le plus tôt serait le mieux.
- Que tu brûles en Enfer, Bertille, répondit la petite brune en attrapant d'un air perplexe, la tenue que lui tendait sa chaperonne. Mais quel était l'idiot qui avait inventé un truc pareil? Comment courir ou monter à cheval avec une chose aussi longue sans se prendre les pieds dedans? Avant qu'elle n'échappe à son vieux précepteur fanatique, elle en avait eu sa dose de jolies robes spécialement coupées et taillées pour elle. Certes, elle ne pouvait pas renier que les ouvrages étaient beaux et soignés. Mais quand même. Existaient-il certaines femmes en ce bas monde qui appréciaient porter ce genre d'accoutrement? Ce genre de femme ne devait pas exister ou alors elles devaient avoir un sérieux problème mental. Rappelons que la demoiselle avait une vision du monde des plus restreinte et qu'elle ne pouvait se douter que oui, des femmes se perdaient dans le péché du luxe vestimentaire.

Elle examina d'un air dubitatif la houppelande. Que ne ferait-elle pas pour lui faire plaisir? A son frère, pas à sa camériste, bien sûr, bien qu'il fut loin et des plus silencieux. Elle avait décidé qu'elle le détesterait, le haïrait. N'était-ce pas ce qu'elle avait prévu? Au départ si. Mais le Faucon est figé pour l'éternité sur son piédestal, et il est peu probable qu'il en descende un jour. Et ainsi avait-elle cédé. Cela lui ferait-il vraiment plaisir? Elle se faisait l'espoir secret que oui, peut-être que...peut-être que ça lui plairait oui. Soupirant de regret en se déshabillant, elle tomba nez à nez avec son reflet que lui renvoyait un miroir bancal. Était-ce vraiment elle? Fine silhouette n'ayant pas encore atteint sa maturité, à la peau blanche et laiteuse, qui n'avait connu que le seul regard d'une servante trop dévouée. Il n'y avait dans ce corps, qu'incompréhension. Elle savait les hommes différents des femme, mais elle ne savait pas en quoi, du moins corporellement parlant. Pour ce qui était du mental, il était certain qu'ils étaient plus que différents : stupides, bornés et prétentieux. Les femmes étaient plus réfléchies, plus sérieuses, plus intelligentes, plus toussa toussa... Elle laissa vagabonder son regard sur sa poitrine encore bien menue, comparée à celle de certaines femmes qui évoluaient dans ce bas monde et qui semblaient aimer la montrer outrageusement à travers des décolletés plus que plongeants. Vraiment, quel intérêt? En plus ça devrait être drôlement gênant et lourd. Au moins, avec le peu qu'elle avait – elle n'était pas non plus comparable à une planche à pain, n'abusons pas- elle pourrait plus facilement se comporter comme un homme, surtout pour devenir chevalier. Et cette chose en dessous de son ventre? Elle savait que c'était par ce biais que s'évacuaient les déchets du corps, mais elle ne savait rien du reste. Les grands mystères restent souvent sans réponse, au moins pour un temps. Et celui là ne serait malheureusement détruit que contre son gré.

- Elle vous ira à merveille.
– Comment peux-tu le savoir? .
- Elle a été faite à vos mesures, spécialement pour vous.
– Tu m'en vois ravie. , rétorqua Bérénice en prenant le vêtement à contrecoeur. Aidée de Bertille, elle l'enfila et se put s'empêcher de se mirer dans la glace, tandis que la camériste arrangeait les derniers plis, serrait le corset pour mettre en valeur taille et poitrine, bref pour qu'elle ressemble plus que moins à une jeune fille élégante. Il ne restait plus qu'à la coiffer et à ajouter juste ce qu'il faut de bijoux. Rien n'était dans l'excès, crinière aux boucles domptés dans une tresse parsemée de ruban noir, un pendentif présentant une rose ayant appartenu à la Rose ainsi qu'une chevalière aux armes paternelles. Bertille connaissait sa protégée certainement mieux que quiconque et savait qu'il était encore tôt pour lui faire arborer plus; mais c'était déjà un bon début.
- Nous allons être en retard.
-Parce qu'en plus il y a un horaire à respecter?
-Oui. Si nous voulons être un tant soit peu à l'heure, il nous faut partir. Êtes vous prête?
– Et bien, il attendra.
-Vous ne le pensez pas. N'êtes vous pas pressée de revoir le Vicomte?
-Arrête de penser Bertille! Tu n'es pas payée pour ça et ça m'énerve! .
- Bon, j'en déduis que vous êtes prêtes. Allons, le coche nous attends.
-Le coche? Nous n'y allons pas à cheval?
-Je doute qu'avec cette tenue il vous soit possible de monter à cheval, demoiselle.

Garce. Mais elle n'avait pas fondamentalement tord. Elle avait d'ailleurs rarement tord la chaperonne, et ça c'était vraiment des plus déplaisants. Mais la donzelle se refusait à reconnaître que sans elle, elle ne ferait pas grand chose. Mais quel noble oserait reconnaître que sans ses serviteurs, il ne serait rien? Bérénice jeta, poussée par un inconscient soucieux, un dernier coup d'oeil dans le miroir pour vérifier que tout était parfait. Tout semblait l'être, de toute façon l'heure tournait déjà à son désavantage et la jolie demoiselle brûlait de revoir son Faucon. Le cocher fut d'ailleurs mit direct au diapason de bouger son séant et de faire rouler carrosse prestement, à moins qu'il ne désire finir avec les tripes à l'air [NB : version light de la conversation d'origine]. Sans doute que cela eu son effet, puisque l'héraldique chapelle se présenta bientôt au convoi. Mais la jeune lionne ne put s'empêcher de lâcher un «c'est pas trop tôt» lorsqu'elle mis pied à terre, dédaignant l'aide du pauvre cocher qui ne faisait que le travail pour lequel il était payé, rémunération calquée sur les rémunérations minimales conventionnelles de l'époque.

-Tu vois nous ne sommes pas en retard.
-Vous pourrez dire cela lorsque nous serons réellement arrivées à destination.
-Et bien? Qu'attends tu pour nous y conduire? Ne reste pas plantée là et va te renseigner!
Nerveuse la de Jeneffe. Bien sur que non, voyons. Poussant dans le dos Bertille pour qu'elle presse le pas, Bérénice traversa divers couloirs. Si elles se perdaient, la brune servante irait retrouver le Très-Haut rapidement. Ce qui n'était pas à souhaiter, car elle préférait de loin aller retrouver son frère. Heureusement que les lieux regorgeaient de serviteurs! Du moins, heureusement que quelques-uns d'entre eux trainaient dans les parages.
Donc en retard. Mais pas trop.
Il était là, juste là. N'était-ce pas sa voix qu'elle avait entendu? Elle avait changé, muri, mais elle était sure que c'était là sienne. Courage, courage, il ne va pas te manger.

-Suis-je présentable? , murmura Bérénice à sa suivante.
-Parfaitement présentable. Je vous attendrais dehors, vous n'avez nul besoin de moi à l'intérieur, je n'y ai de toute façon pas ma place., s'écarta Bertille, en poussant la jeune fille à entrer.

Trop tard pour reculer, trop tard pour faire marche arrière. Elle ne l'aurait pas voulu de toute façon. Il disait quoi déjà le vieux fou dans ses leçons? Ah oui, on redresse les épaules, on rentre son ventre et on prend une grande respiration. Dans le monde de la noblesse, il faut toujours paraitre sur de soi. Pour une fois que des leçons de bienséance pouvait lui servir. Et ainsi la demoiselle de rejoindre la petite assemblée, avançant sur la pointe des pieds, comme si elle ne voulait pas faire de bruit.

-Haem... Bien le bonjour... Pas mal pour une première approche non? D'abord commencer soft, les choses auront bien le temps de se complexifier.
Et accessoirement on ose. Ou pas. Ou si? Et s'il ne la voyait pas? Tant pis on se jette à l'eau.

-Bonjour Adrian... et on a d'yeux que pour lui, avant que réaliser qui compose le reste de la foule.
_________________
Aleanore
Comme le sourire est prévisible, ce sourire que sa mère déteste voir sur son visage, ce sourire qui peut clairement exprimer mépris, joie furieuse, ce sourire qui est au rire, ce que les préliminaires sont à l’orgasme, un long chemin qui mène à un final explosant. Elle écoute avec amusement la Malemort faire son petit discours, tranquillement même, profitant de l’enseignement dispensé avec aigreur mais lui permettant de rire silencieusement des piques lancées autant pour elle que pour les autres, elle se repait avec délectation de la mièvre tendresse à l’égard du Faucon, et plus que tout, c’est la réponse de la fille Malemort qui l’enchante, la ravit, la jette aux confins du plaisir quand enfin, ce sourire s’accroche aux lèvres de l’Etincelle. Etincelle qui prend la parole, voix suave comme on caresserait un amant avant de lui dire que c’est la fin, qu’on s’en va, qu’on s’est bien amusée mais qu’on a déjà vu mieux ailleurs.

-« Effectivement, nous ne nous connaissons pas, et même si la bienséance veut que quand on arrive en second, on se présente, permettez que je rectifie la présentation faite par vous, Vostre Grandeur, car vous omettez un détail qui a son importance, et qu’en votre qualité de héraut fut un temps, vous devriez connaître, n’est-ce pas ? Je m’appelle Aléanore Jagellon Alterac, de part la volonté de mon père légitime, Jacques Rochegarde qui souhaitant que l’époux de ma mère m’élève comme sa fille, renonça à ses droits parentaux à mon égard, je ne puis donc pas porter son nom, et non, ne le refuse tout comme mon feu jumeau Arthur. Jumeau qui est mort, au même titre que mon oncle et pourtant qu’elle ne fut pas ma surprise, Vostre Grandeur quand j’ai constaté que dans votre petite salle en Limousin où vous gériez les familles nobles limousines, vous n’aviez même pas pris la peine de le noter. Oui, mon frère est mort depuis six années, déjà.. Que faisiez-vous pendant ce temps ? Appreniez-vous l’art de bien présenter les gens ? »

Le sourire se fait plus présent encore, affable, comme pour excuser à une femme qui a d’autres soucis en tête que les familles des autres, puisqu’elle doit gérer la sienne qui est bien assez nombreuse. Mais pourtant la rancœur est là, oui, Aléanore avait du elle-même, six années après, porter la nouvelle de la mort de son frère, de son frère qui aurait du vivre à sa place, parce que le héraut du limousin n’avait pas été capable de se charger de sa charge, tout bonnement. De nombreuses raisons de la mépriser, autant de la haïr. Et enfin, elle daigne quitter la mère du regard pour se repaître du faciès de la fille, la même en plus jeune, deviendra-t-elle comme sa mère ? Elle n’en sait rien et s’en fout, et pourtant la phrase d’Aliénaure lui revient, alors toujours avec le sourire, Aléanore de reprendre.

-« Je n’ai pas appris la bienséance auprès d’un précepteur, puisque je n’en ai pas eu. Ce sont les sœurs du Couvent des Carmes de Limoges qui m’ont élevée, auriez-vous quelque chose à redire à leur enseignement ? Vous auriez peut être du y passer un peu de temps, cela vous aurez évité d’être engrossée et d’engendrer une bâtarde, non ? Mais bon, une enfant reste une enfant et nous sommes bien placées pour le savoir, espérons qu’elle deviendra aussi belle que sa mère et sa grand-mère. »

Car c’est parce qu’elle a passé un temps certain – ou un certain temps – le nez dans le registre généalogique de la noblesse pour parfaire ces connaissances de la noblesse en vue de se présenter à la charge de Phylogène, qu’elle sait cela, et oui, elle est sincère quand elle espère qu’elle sera aussi belle que les autres Malemort, on ne peut pas être bâtarde et moche, trop lourd fardeau que celui-ci. Et alors qu’elle se perd dans ses réflexions sur la bâtardise, oubliant tout à fait le lieu, la voix du futur suzerain retentit. Paix ? Mais pourquoi donc ? Et pour qui ? Le sourcil se hausse tandis qu’il se tourne vers Orléans, vers qui elle aussi se tourne, attendant un signe annonçant le début de la cérémonie. Et la voix du maréchal de résonner dans la chapelle.

-« Allons-y puisque tout le monde est là ! »

Phrase accompagnée d’un signe de tête en direction d’elle-même pour l’inciter à avancer. Alors la lèvre est mordillée, tandis qu’elle réfléchit rapidement aux mots qu’elle dira, qu’elle doit dire quand une arrivée imprévue se fait entendre. Une jeune fille inconnue d’elle-même et donc forcément pas détestée – ça s’appelle la logique mes bonnes gens – mais pas inconnue du futur suzerain puisqu’elle l’appelle par son prénom, sourire discret, pas trop tendre, elle ne la connaît pas, pas hautain, elle ne la connaît pas, et un signe de tête pour l’effet, avant d’effectuer une jolie volte-face pour faire face justement au futur suzerain, avant de relever quelque peu ses jupes pour mettre genou à terre devant ledit suzerain. Soupir expiré, les noisettes du Papillon se plantent dans les onyx du Faucon, on y est, on est juste là, à l’orée de la plus grosse connerie de notre vie, et un instant, elles sont sincères ces noisettes, elles supplient avec honnêteté, elles pourraient même verser des larmes de dépit, si elles se souvenaient de comment on fait, Adrian, fais quelque chose, arrête-moi, arrête-nous, il y a du mensonge dans ces vœux que nous allons échanger, jamais tu ne me protègeras, n’est ce pas ? Faible femme ? Jamais. Les noisettes se ressaisissent, il n’y aura que lui qui aura vu le doute, la peur et la déception dans les yeux de l’orgueilleuse poupée, et enfin le regard se fait plus droit, plus fier, et la voix qu’elle aurait voulu plus franche, se fait murmure.

-« Nous aurions été bien mieux au Limousin.. »

Elle regrette à cet instant, l’intimité chaleureuse de Concèze, comme chaque fois qu’elle s’en éloigne, la douleur la taraude, la rappelle à elle. Et dans les noisettes de l’Etincelle, les flammes du petit salon de Concèze revivent, imagine moineau, comme nous aurions été bien, au chaud, ailleurs, dans un autre endroit, mais le moineau n’imagine pas, et Aléanore se fait à l’idée qu’il n’est pas plus moineau qu’elle n’est fragile, alors elle se ressaisit et le doudou qu’est Concèze est enfin lâché. Ils sont à Paris, et elle doit faire ce serment devant témoins, mais serait-elle elle-même si elle ne s’amusait pas un peu ? Un souffle, une folie, un plaisir.

-« Qui êtes-vous Vicomte ? Je vous croyais le fils de Bralic.. Le simple fils de.. Et je découvre un horrible individu pétri de vulgarité et de bêtise, unique en son genre.. Oui, unique. J’aime les gens uniques. » Plus qu’elle ne le croit même. « Aussi, est-ce parce que vous êtes unique, Vicomte, que je, Aléanore Jagellon Alterac, vous assure de mon soutien indéfectible, je jure de vous apporter conseil, et aide quand vous jugerez bon de me les demander. Ma fidélité quant à elle, vous a été toute acquise dès lors que vous avez eu le courage de venir me trouver en ma terre perdue de Concèze, et je vous l’assure de nouveau. »

Et pour la première fois, Aléanore offre un vrai sourire à Adrian, pas doux, juste sincère, parce qu’un serment se veut sincère et qu’à ces yeux, il l’est.

(*) Le passage avec Rhân a été fait avec son accord & sa participation
_________________
Nebisa
jaugeant l'Alterac d'un regard détaché, la Malemort prend le tend de peindre sur ses lévres un sourrire mondain avant de se tourner tout à fait vers la donzelle, qui ignore encore quelles foudres vont s'abattre sur elle...

La bienséance ? Je ne sais ce qu'on put vous enseigner vos religieuse, le temps devait être à l'économie suremment, mais il est des plus vulgaire qu'une personne inférieure tant par le rang que par l'âge prenne l'initiative de la conversation. Apprenez donc, jeune fille, à n'ouvrir vostre bouche que lorsqu'on vous y invite et contentez vous de sourrire et d'être jolie, la plus part des femmelles de noble maison sont mise au monde à cette fin, il n'y a pas là de honte à avoir.

Concernant votre frére, s'il fut enterré comme un chien, dans le plus grand secret, je n'y suis pour rien, n'ayant pas la charge de la généalogie limousine et n'ayant point été conviée aux funérailles... s'il y en eut... économies là encore ?... je ne pouvais deviner l'état de la mesnie Jagellon... Ceci étant, quand Kazert mourrut, sa famille eut au moins la décence de l'annoncer... son fils allant au devant de la noblesse limousine, pour se faire connaitre autant que pour rendre hommage à son pére.

Alors ne venez pas, péronnelle ignorante, me donner des leçons de vie, j'en maitrise les contraintes et les aspects à un point que vous ne pouvez même pas envisager dans vos rêves .

Abandonnant là sa proie, comme un jouet cassé et dépourvu d'intérêt, elle se tourne vers sa fille, lui adresse un clin d'oeil et lorgne du coté du couloir menant aux bibliothéques héraldiques... rêvant à l'alcove sur la hérauderie teutonne, pesant le pour et le contre, n'osant pas... pas encore... s'y plonger...
_________________
Fauconnier
-Haem... Bien le bonjour...

Le jeune homme tourne alors la tête, de façon très légère, d'environ 45° sur sa gauche, pour voir celle qui vient d'arriver. Il regarde celle qui n'est que sa demi-soeur par le sang, mais qui par le coeur l'est bel et bien à part entière. Il regarde ce petit bout de jeune fille, rousse à en faire peur, qui allait devenir probablement très belle. Il était amusant de constater que l'enfant que Bralic aurait probablement chéri était venu de l'union du Chevalier de Jeneffe avec sa mère. Et que le Destructeur n'avait eu qu'un fils, moche celui-ci, et qui n'avait pas l'once, à l'heure actuelle, du dixième du charisme de son père. On pouvait comprendre alors, pourquoi son fantôme n'avait guère apprécié son fils lors de leurs rencontres successives...

Adrian la regarda, et un air de joie transparut un instant dans ses yeux. Un écarquillement très léger, de ceux des surprises que l'on apprécie tout particulièrement. Surprise, ce n'en était pas exactement une. La jeune Jeneffe était bel et bien sensée être là, aux côtés de son frère. D'une part parce que c'était bel et bien sa famille ; d'autre part pour qu'elle voie à nouveau le Vergy, qu'elle épouserait ; enfin, pour que les termes du contrat soient connues de eux trois. Adrian était surpris de combien sa soeur avait grandie. La dernière fois qu'il l'avait vue, elle n'avait encore que six ou sept ans, et il se présentait à Ryes pour devenir l'écuyer de Cerridween de Vergy. Un épisode de Sang et de Furie(1) qui s'était achevé, pour le jeune Vicomte, avec le goût de la boue dans la bouche, et une belle leçon reçue l'arme au poing de la part du Maistre d'arme de l'Ordre. Elle lui avait ainsi montré que les apparences sont parfois trompeuses ; et que les grands hommes peuvent parfois être de petites rouquines maigrichonnes et couturées, combattant l'arme à la main.

Adrian, une fois la surprise de son arrivée récupérée, reprit contenance, et un masque neutre.


- Bonjour Adrian...

- " Bonjour, ma soeur... " Et le regard d'accrocher celui de sa soeur, charbons et émeraudes qui s'accrochent, s'entrelacent, se mêlent, s'embrassent. Parfois, à plusieurs mètres de distance, les retrouvailles n'ont pas besoin de bras ; et des yeux savent aussi bien s'étreindre que des corps. Mais Adrian a un rôle, ici-bas. Il se doit de le tenir. Alors les charbons, bien qu'adoucis un instant, se redurcissent, redevenant obsidienne, redevenant cette pierre dure où l'on peut parfois au soleil voir sa propre image. Fin des retrouvailles.

- " Tu es en retard. " Simple phrase annoncée sur le ton du constat, qui vaut autant qu'une réprimande dans sa bouche. Il ne demande pas d'explications, parce qu'il n'en a cure. Il ne la réprimande pas publiquement ; elle est sa soeur, et la cérémonie doit avancer. De plus, les retrouvailles sont importantes, et il ne veut pas les gâcher. Aussi se contente-t-il de ce simple constat qui, il le sait, mettra d'entrée de jeu mal à l'aise la jeune fille.

- " Nébisa, Aliénaure, Aléanore, Guilhem... Je vous présente Bérénice Elissae Albane de Jeneffe. Ma soeur. "

Qui était, au final, cette jeune fille pour lui ? Simplement une enfant qu'il avait tenue dans ses bras peu après sa naissance. Simplement celle qui avait partagé l'épreuve de l'éclatement de la famille à ses côtés. Elle avait connu elle-aussi l'éparcellement de la famille Margny, la mort de l'oncle, du cousin, des jumeaux Gawen et Eiddinn. Elle avait connu la disparition du père, et cette absence qui creuse les psychismes. Elle avait reçu en pleine figure, comme lui, la folie de leur mère ; une mère qui n'avait pas hésité à leur jeter à la figure qu'ils devaient se tromper, qu'elle n'avait pas d'enfants ; qu'ils étaient de simples palefreniers, et qu'ils devaient lui apporter à boire.
La jeune fille n'avait probablement pas compris à ce moment ce qui se jouait. Mais son frère avait pris en pleine figure cette claque de sa mère, de sa mère qu'il chérissait plus que tout au monde ; de ce déchet qui pourrissait, quelque part en Rouergue ou en Empire, ou à Condé.
Adrian était son second père. Celui qui avait pris soin d'elle. Enfants sans parents, ils avaient parcourus les routes de France, avant d'échouer à Ryes, où Adrian était devenu écuyer, et où elle avait été prise en charge dans son éducation. Enfants seuls au monde, ils avaient dûs se séparer pour mieux savoir exister l'un sans l'autre. Et Adrian ne savait pas si son agacement face à sa soeur était dû à son retard, ou au fait qu'elle soit une belle jeune fille...

Comme un Salve Regina.


- " Aléanore Jagellon Alterac. "

Les quelques mots claquent, se répercutant sur les voûtes de la chapelle, et le jeune homme est tout entier à l'acte qu'il s'apprête à faire. Il se tourne vers cette jeune fille, cette enfant avec qui il joue à chien et chat, et la regarde, attentivement, pendant un instant. Il sait que le lien qu'il va créer sera indéfectible, ou par des évènements d'une grande gravité. Il sait que même alors, les deux jeunes gens se retrouveront unis par serment devant Dieu. Et même si Adrian sait qu'un serment se respecte, il n'est pas assez psychorigide pour le suivre à la lettre ; il sait que le moment venu, il saura se parjurer à bon escient. Il la regarde. Elle est mal à l'aise. Elle serait presque sautillante, à peu de choses près. Il n'y a jamais de mensonges ; hormis dans les intentions.
La protègera-t-il jamais ? Bien sûr que si. Pas envers et contre tout. Pas contre elle-même. Mais il ferait son devoir de suzerain. Et il était bien placé pour savoir qu'un serment devait être suivi...

Au final, Adrian, quel est ce qui te dérange le plus chez elle ? Est-ce cette façon frivole et hautaine de se comporter avec toi ? Ou bien le fait que, malgré cela, tu saches inconsciemment que vous êtes peu différents ? Enfants tâchant de garder la barre de leur embarcation dans un monde hostile ? Ou, pire encore... Que tu aies voulu l'anoblir pour des raisons un peu plus nobles que celles que tu t'avances à toi-même ? Et si tu avais voulu l'anoblir pour qu'elle ne risque pas de basculer dans la misère si MarieAlice venait à mourir, et ta soeur à récupérer le domaine ? Et si elle venait à perdre Concèze si cette soeur était exaspérée par son comportement ? Et si, Adrian... Et si tu voulais t'en faire une amie ? Plutôt qu'un pion dont tu te servirais ? Comment vivrais-tu le fait d'être plus blanc que tu ne le crois ? Il n'y a qu'à Othello que les pions passent de noir à blanc dans un soupir sur le plastique.


- " Malgré vos frivolités qui sont une injure quasi-permanente à l'image que je me fais de la noblesse,
Malgré l'envie quotidienne que j'ai de vous décoller la tête par une claque monumentale et effrayante... "


Les yeux de charbon se fixent dans les noisettes. Qu'y voient-ils, Faucon ? Qu'y voient-ils, ces yeux qui fouillent jusqu'au tréfond de ton âme ? Tu baisses ta garde, Faucon. Un vrai sourire s'échappe de ses lèvres à elle. Tu y réponds par un vrai sourire qui vient de toi. Un vrai sourire qui parait illogique, presque étranger chez ce jeune gamin orgueilleux, grossier, intolérant, colérique, avare, qui n'a eu que le mérite de bien naître, mais que sa bonne naissance a plombé de l'un des fardeaux les plus lourds du monde : le poids de ses ancêtres. Ce gamin qui fait de la politique comme on joue aux échecs, méprisable, hautain, pathétique, grande gueule, faiblard. Le visage crispé, contracté du Vicomte s'adoucit à cet instant. Un adoucissement brutal, qui tombe comme une météorite sur le plancher de Saint-Antoine. Un masque vénitien qui choit de son visage en se brisant à grands fracas sur les dalles de la Chapelle. Est-il plus beau lorsqu'il sourit vraiment ? Probablement. Vous me direz qu'on peut difficilement faire pire...

Mais ne serait-ce une peau d'adolescent et une allure déguinguandée, des cheveux gras qui auraient pu appartenir à Kurt Cobain, le jeune Faucon n'a pas du tout un visage disgracieux. Un visage qui aurait pu avoir un charme certain, s'il avait connu un peu plus les sourires, la joie, et le bonheur...

Il achoppe sur les mots, avant que de poursuivre. Un sourire contre un sourire. Oeil pour oeil, dent pour dent.


- " Je... "Toussote. " Je, Adrian Fauconnier, Vicomte d'Isle et de Montbarrey, déclare qu'il m'est néanmoins bon et juste que de recevoir votre fidélité, votre aide, et votre conseil. Ma protection vous est dorénavant toute acquise, et celle de ma maisnie avec elle. Ma justice sera toujours disponible pour vous si vous en éprouviez le besoin, et... Votre subsistance passera par l'aménagement de Thias, dont je vous fais dès à présent Dame. Soyez en la garante. Et que les framboises pullulent sur le bas-côté de la route qui va de Limoges à Périgueux. Vous me rendriez heureux par ce biais. "

Et vient le moment tant attendu, Adrian... Le baiser de paix. Elle s'agenouille face à toi, et tu apposes tes mains sur les siennes. Adrian se penche en avant, et... une longue hésitation s'ensuit. Les yeux ne se lâchent pas. Ils se fixent. Ils s'épient. Dois-tu prendre l'initiative, Faucon ? Cela doit-il venir d'elle ? C'est finalement toi qui prends l'initiative, suzerain. Tes lèvres s'apposent sur les siennes, un court instant, un très court instant. Saint-Antoine ne bouge plus. La terre ne bouge plus. Le monde ne tourne plus. Et tes yeux se ferment, assez stupidement, alors qu'un souffle, un seul souffle, un si petit souffle, suit tes lèvres posées sur les siennes. Est-il agréable, ce baiser de paix ? Est-ce bon ? Qui peut savoir ? Adrian est loin. Loin de Paris. Loin des mondanités. Il est à Concèze ; il est entre les bras de la jeune camériste d'Aléanore, nue à côté de lui, et se dit que cette nuit pourrait durer une éternité qu'il n'y verrait pas d'inconvénients.

Les lèvres se relâchent. Le souvenir retourne au second plan. La mémoire à long terme, cet ensemble de coffres avec des retables, des manuscrits, des enluminures, qui constitue la mémoire d'Adrian, se referme. On retourne dans le monde réel.

Et Aléanore, quand elle se relève, a entre les mains une clé ; celle de sa demeure de Thias. Les choses sont retournées à leur place. Les mécanismes du temps reprennent leur course.


- " Guilhem de Vergy. "

__________________________________________________________________________________________________________________________

(1) : Voir "Sangre y Furia", sur RPartage, pour le RP mentionné.
_________________
Guilhem_de_vergy
Ah tiens... Voilà Marche... Enfin... Nebisa simplement maintenant... Elle n'avait pas changé d'un poil... A croire que le temps n'avais aucune emprise sur elle... Mais là n'était pas le sujet initial pour lequel on l'avais convié... Si il était présent ce jour, c'était pour.. Ah les mot volent dans tous les sens... On croirait une nuée d'hirondelle aux premiers rayons de soleil du printemps... Regard vers les principales intéressées... Décidément ces deux là ne cesserait jamais de ce faire remarquer... Mais au moins l'une d'elle laissé de plus en plus une marque indélébile dans l'esprit du jeune Comte... L'Alterac... Sacré répartie...

PAIX.

La voix du Faucon s'élève dans la quiétude, enfin ce qu'il en restait, de la chapelle... Un peu plus et Guilhem aurait fini par sursauter... haussement de sourcil quand il se retourne vers Adrian... Puis soudain la mine se fait plus sombre tandis que les deux commères de services continuent à débattre de celle qui à les plus grosses mamelles, une dernière personne fait son apparition... Sa promise... Enfin... Celle qu'il ne voulais point... La jeune Jeneffe... Aucune salutation... Il garde en mémoire leur dernière rencontre dans une taverne à Mayenne... Têtu comme une Riddermark qu'elle était, elle n'avais pas voulu répondre à ses questions... Enfin... Il fallait oublier et se concentrer sur le moment présent... Les yeux se pose sur la scène qui se déroule devant lui... L'Alterac, à genoux devant le Faucon... Sérieusement... Vous croyez que c'est le moment pour faire ça...? Nan? C'est pas ce que je pense? Ah bon... Le jeune Comte regard donc la scène... Écoute les moindres mots prononcés comme il les a si souvent entendu déjà malgré son jeune age...

Aléanore se relève... La voilà Dame... Une fois de plus...


Guilhem de Vergy .

Son nom... Prononcé de la manière la plus désinvolte qui soit... Les yeux azurs deviennent aciers... Sache jeune Faucon que tu payera cela... Ne te sent pas si puissant aujourd'hui alors que tu es si faible... Les bottes résonnent sur le sol de pierre tandis qu'il s'avance... L'épée cogne le sol lorsqu'il pose un genoux à terre...Les yeux restent toujours fixés dans ceux d'Adrian... Sourire carnassier aux lèvres... Sourires des De Vergy lorsqu'ils ont une idée derrière la tête qui ne plaira pas forcement à celui que cela concerne... Profonde respiration tandis qu'il médite ce qu'il vas dire... Avant de finalement se lancer...

Je, Guilhem de Vergy, vous jure, devant cette assistance, fidélité, aide militaire et conseil... Bien que je sache pertinemment que vous fichez éperdument de tout cela...

Il laisse planer quelques secondes de silence avant de reprendre d'une voix un peu plus faible, comme pour imiter un conspirateur...

Et si l'Alterac a le droit aux framboises sur ses routes... Je veux des distilleries à Calva...

Pourquoi rester sérieux jusqu'au bout... C'est fatiguant de toujours agir ainsi... Alors autant s'amuser... Le regard défie toujours celui d'Adrian, tandis que le sourire s'agrandit de seconde en seconde... Profite bien de ce moment jeune faucon où tu te trouve plus haut que lui... Cela ne se reproduira peut-être plus jamais... Savoure ce moment et grave le dans ta mémoire...
_________________
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)