Le bon Gustave, caché derrière un bosquet, grelotant, se glissa discrètement, traînant sa bedaine, auprès de la duchesse d'Ancenis, pour lui remettre un billet. Si la cérémonie se voulait discrète, pour ne pas dire secrète, rien n'échappait à la connaissance et à la vigilance du prince breton, si ce n'est la comptabilité publique. D'autant que depuis l'affaire du duc de Brocéliande, le suzerain aimait savoir où son chambellan traînait.
De la part de sa Majesté le Grand Duc, lui murmura-t-il, à lire aux deux amoureux quand vous le jugerez bon, précisa-t-il.
S'étant fait remarqué, il s'inclina respectueusement devant le couple et sans mot dire se replaça en retrait.
Le billet, soigneusement plié, contenait le message suivant, à l'intention des deux tourtereaux.
Citation:Magnifique Gwenn, dont la beauté m'apparaît malgré ma cécité,
Fier et honorable monsieur d'Ysengrin, à qui je ne souhaite pas le même sort que le loup éponyme du roman de Renart, bien malheureux en ménage,
Je tiens à vous adresser tous mes voeux de bonheur personnellement. Votre union, fruit d'une heureuse passion, est aussi un beau symbole pour notre époque, où la gracieuse Bretonne se lie avec le farouche Français aux idées libres. Vous êtes mes enfants, un signe enthousiasmant.
Blanche, jolie fleur, vous m'aviez entretenu assez tôt de vos projets, craignant pour la Bretagne qu'une union avec un noble français ne cause des tracasseries. Je ne regrette pas d'avoir, ce jour là, donner ma bénédiction. Votre bonheur, rappelez vous en, doit primer sur les convenances et votre honneur, sachez le, sert de lui même, par sa moralité immaculée, la grandeur du pays. Soyez certaine de mon affection à votre égard et comptez, pour toujours, sur ma protection et ma bienveillance.
Monsieur d'Ysengrin, je vous connais peu, mais si vous êtes parvenu à dérober le coeur d'une de nos plus charmantes demoiselles, cela signifie que vous devez être un homme de bien, un sacré chapardeur, ou même les deux, qui sait. Vos idées et vos amitiés dérangent en France, elles seront les bienvenues en Bretagne. En vous unissant à l'une de nos filles, vous avez la chance de pouvoir devenir l'un des fils de notre patrie, et si de compatriote vous préférez toutefois demeurer simple invité, sachez que vous n'aurez pas à vous plaindre de notre hospitalité.
[Hrp : si pour plus de cohérence vous préférez que je fasse parvenir ce mot plus tard, prévenez moi et je supprimerai ce texte.]
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Maro neb a gare he vro,
Hag her grez beteg ar maro.