Griotte
Il était une fois un Géant des Plaines du Nord, vivant dans un Royau...
- T'es sure qu'il v'nait des plaines ? Nan, pacqu'on sait pas ça en fait...
Oui, ch'uis sure !... Puis commences pas à me casser les pieds, sinon j'te fais crever !
- M'en tamponne l'coquillage ! C'est toi qui s'ra triste après ! Puis faut pas raconter n'importe quoi aux gens, hein !
Mais on s'en fiche d'savoir s'il vient vraiment des Plaines ou pas ! C'est juste qu'un "Géant du Nord" ça fait moins classe qu'un "Géant des Plaines du Nord".
- Mouai... je vois pas trop de différences, moi ! Et pourquoi y viendrait pas d'la Grotte du Nord ? Ou bien du Lupanar dans l'Nord ?
T'as vraiment aucune sensibilité... Puis c'est moi qui raconte ! Alors tais-toi maintenant ! J'disais donc : Il était une fois...
- Nan mais ça, c'est trop pourrav'! Recommences ! Et tu parles d'moi en prem's, s'non je joue pas dans cette histoire !
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La nuit étendait lentement ses voiles sombres sur le paysage printanier, chassant les dernières lueurs orangées qui baignaient lhorizon dun halo lumineux. La lune, dune pâleur diaphane, se détachait avec grâce des nuages duveteux parsemant le ciel nocturne. Régnant en maître sur les ombres qui prenaient doucement possession des lieux, le croissant blanc éclairait de sa lueur blafarde les silhouettes qui se découpaient sur le petit sentier séchappant du village de Sémur, pour sétirer jusquà lorée des bois et finir par se perdre dans ses profondeurs. Les arbres biscornus, bordant le chemin, étendaient vers les cieux leurs ramures échevelées et sélevaient au dessus des promeneurs telles des ombres menaçantes aux serres effilées. La gamine gringalette aurait du frémir en cur avec le froissement des branchages entre lesquels la brise se faufilait, mais elle n'avait pas peur, non. - Et même si cétait le cas, elle ne lavouerait pas ! - La présence rassurante de la rouquine et du géant blond suffisaient à la mettre en confiance et à dissiper les craintes quelle aurait pu ressentir si elle sétait retrouvée seule en cet instant. Dailleurs, il y a fort à parier quelle ne se serait pas aventurée en solitaire en dehors de lenceinte du village alors que la nuit pointait le bout de son nez. Pas après la mauvaise rencontre quelle avait faite sur les routes Limousines, alors qu'elle marchait sur les traces de la Paillasse et du Pouilleux.
La môme, encapuchonnée de rouge, rongeait son frein pour ne pas cavaler en tête, pressée quelle était datteindre la lisère de la forêt se profilant au bout du chemin. Les émeraudes, étincelantes de plaisir anticipé, ne cessaient daller du blond à sa compagne. Tous deux donnaient la fâcheuse impression de trainer la patte. Rien de plus agaçant pour la morveuse dont le peu de patience qu'elle possédait était mise à rude épreuve !
- Alleeeer ! Plus viiite ! On dirait des viocs tout rabougris ! Vous marchez comme des escargots ! Dvraies limaces ! Si vous vous grouillez pas un peu les miches, on va les rater ! Après y vont scacher dans la forêt et on les verra pu ! Et de baisser un peu le ton pour ajouter : - Moi jvais pas dans la forêt, hein Cest tout pourri là-bas ! Et y a des animaux ! Des biches, des renards, des gros sangliers puants vec de grandes dents brrr ! Pas question qu'elle s'aventure dans les sous-bois ! Même si c'est pour voir des elfes ou des lucioles !
- Alleeeer, Milo ! 'vec tes grandes pattes t'vas quand même pas m'dire qu'tu peux pas marcher plus vite !
N'y tenant plus, la môme attrapa la main du géant et fit mine de l'entrainer sur le sentier pour qu'il accélère un peu le pas. Ce soir, elle n'était qu'une gamine comme tant d'autres, souriant à ses rêves d'enfant, que quelques mots échangés avec un grand blond ont refait miroiter dans ses yeux désenchantés, alors qu'une vie de misère a essayé de les lui arracher bien trop tôt. Elle veut juste continuer à rêver, quelques instants encore, pour oublier qu'elle a si peu pour elle. Elle prend les petits bonheurs à la volée, avec le sourire aux lèvres et le cur léger, comme si on lui accordait une faveur, sans trop se poser de questions ni oser en attendre plus, de peur de voir ses illusions voler en éclats. A trop vouloir toucher les cieux, on finit par tomber de haut. La gamine l'a bien compris, mais en cet instant, elle veut juste se laisser aller et tout oublier, le temps d'une soirée. Elle veut juste continuer à rêver encore un peu. C'est tout ce qui lui reste...
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- T'es sure qu'il v'nait des plaines ? Nan, pacqu'on sait pas ça en fait...
Oui, ch'uis sure !... Puis commences pas à me casser les pieds, sinon j'te fais crever !
- M'en tamponne l'coquillage ! C'est toi qui s'ra triste après ! Puis faut pas raconter n'importe quoi aux gens, hein !
Mais on s'en fiche d'savoir s'il vient vraiment des Plaines ou pas ! C'est juste qu'un "Géant du Nord" ça fait moins classe qu'un "Géant des Plaines du Nord".
- Mouai... je vois pas trop de différences, moi ! Et pourquoi y viendrait pas d'la Grotte du Nord ? Ou bien du Lupanar dans l'Nord ?
T'as vraiment aucune sensibilité... Puis c'est moi qui raconte ! Alors tais-toi maintenant ! J'disais donc : Il était une fois...
- Nan mais ça, c'est trop pourrav'! Recommences ! Et tu parles d'moi en prem's, s'non je joue pas dans cette histoire !
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La nuit étendait lentement ses voiles sombres sur le paysage printanier, chassant les dernières lueurs orangées qui baignaient lhorizon dun halo lumineux. La lune, dune pâleur diaphane, se détachait avec grâce des nuages duveteux parsemant le ciel nocturne. Régnant en maître sur les ombres qui prenaient doucement possession des lieux, le croissant blanc éclairait de sa lueur blafarde les silhouettes qui se découpaient sur le petit sentier séchappant du village de Sémur, pour sétirer jusquà lorée des bois et finir par se perdre dans ses profondeurs. Les arbres biscornus, bordant le chemin, étendaient vers les cieux leurs ramures échevelées et sélevaient au dessus des promeneurs telles des ombres menaçantes aux serres effilées. La gamine gringalette aurait du frémir en cur avec le froissement des branchages entre lesquels la brise se faufilait, mais elle n'avait pas peur, non. - Et même si cétait le cas, elle ne lavouerait pas ! - La présence rassurante de la rouquine et du géant blond suffisaient à la mettre en confiance et à dissiper les craintes quelle aurait pu ressentir si elle sétait retrouvée seule en cet instant. Dailleurs, il y a fort à parier quelle ne se serait pas aventurée en solitaire en dehors de lenceinte du village alors que la nuit pointait le bout de son nez. Pas après la mauvaise rencontre quelle avait faite sur les routes Limousines, alors qu'elle marchait sur les traces de la Paillasse et du Pouilleux.
La môme, encapuchonnée de rouge, rongeait son frein pour ne pas cavaler en tête, pressée quelle était datteindre la lisère de la forêt se profilant au bout du chemin. Les émeraudes, étincelantes de plaisir anticipé, ne cessaient daller du blond à sa compagne. Tous deux donnaient la fâcheuse impression de trainer la patte. Rien de plus agaçant pour la morveuse dont le peu de patience qu'elle possédait était mise à rude épreuve !
- Alleeeer ! Plus viiite ! On dirait des viocs tout rabougris ! Vous marchez comme des escargots ! Dvraies limaces ! Si vous vous grouillez pas un peu les miches, on va les rater ! Après y vont scacher dans la forêt et on les verra pu ! Et de baisser un peu le ton pour ajouter : - Moi jvais pas dans la forêt, hein Cest tout pourri là-bas ! Et y a des animaux ! Des biches, des renards, des gros sangliers puants vec de grandes dents brrr ! Pas question qu'elle s'aventure dans les sous-bois ! Même si c'est pour voir des elfes ou des lucioles !
- Alleeeer, Milo ! 'vec tes grandes pattes t'vas quand même pas m'dire qu'tu peux pas marcher plus vite !
N'y tenant plus, la môme attrapa la main du géant et fit mine de l'entrainer sur le sentier pour qu'il accélère un peu le pas. Ce soir, elle n'était qu'une gamine comme tant d'autres, souriant à ses rêves d'enfant, que quelques mots échangés avec un grand blond ont refait miroiter dans ses yeux désenchantés, alors qu'une vie de misère a essayé de les lui arracher bien trop tôt. Elle veut juste continuer à rêver, quelques instants encore, pour oublier qu'elle a si peu pour elle. Elle prend les petits bonheurs à la volée, avec le sourire aux lèvres et le cur léger, comme si on lui accordait une faveur, sans trop se poser de questions ni oser en attendre plus, de peur de voir ses illusions voler en éclats. A trop vouloir toucher les cieux, on finit par tomber de haut. La gamine l'a bien compris, mais en cet instant, elle veut juste se laisser aller et tout oublier, le temps d'une soirée. Elle veut juste continuer à rêver encore un peu. C'est tout ce qui lui reste...
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