Prunille
En plein centre d'Aix se dresse fièrement, entre la boutique d'une modiste et celle d'un orfèvre, non loin du quartier des appartements et des hôtels particuliers des nobles provençaux, une nouvelle échoppe qui était, visiblement, en travaux. Les ouvrier que l'on voyait entrer et sortir du bâtiment en étaient la preuve. Une des dernières opérations avait été de repeindre les murs intérieurs à la chaux blanche. Mais il manquait encore un nom à ce futur commerce, et ne pas savoir de quoi il retournerait intriguait vivement la population aixoise.
Mais parfois, les voisins pouvaient apercevoir deux silhouettes, qui souvent revenaient. La première était celle d'un homme, de taille normale, aux cheveux bruns; la seconde était celle d'une frêle jeune fille, dotée d'une longue et opulente chevelure blonde. Alors les voisins s'interrogeaient, craignant le pire. Non, ils n'oseraient pas ouvrir un bordel, non, pas dans leur honorable quartier...
En effet, ils n'oseraient pas. Ou du moins, ils n'y avaient pas pensé. C'était un commerce d'une toute autre nature auquel s'apprêtaient à s'adonner Gabcha et Prunille de Cianfarano. Oncle et nièce s'étaient retrouvés, et étaient tombés d'accord, partant d'une évidence : Les Cianfarano avaient la mode et l'élégance dans le sang. Ce constat établi, ne leur restait plus qu'à aller au bout de leur passion. Ils l'avaient fait, ils avaient créé leur griffe. Et après avoir longuement hésité sur le nom à donner, ils avaient opté pour l'intemporel "Maison Cianfarano", qui serait à présent la marque de vêtements de luxe la plus prisée et la plus outrageusement chère de toute la Provence, et même des Royaumes tout entiers. Ils commenceraient par du prêt-à-porter, le plus "abordable", puis embrayeraient sur la haute-couture, et les vêtements de mariage, si l'affaire marchait bien. Et pour cela, Prune savait qu'elle pouvait compter sur le génie de son oncle, qui maniait fil et aiguille mieux que quiconque. Elle n'était encore qu'une humble débutante dans l'art de la confection, ce qui ne l'empêchait pas de faire preuve d'un goût certain, et d'une classe... Hum... Incontestée.
Aussi, le matin du jour prévu de l'ouverture, elle arriva, virevoltant dans sa bure taille empire, cowbell au cou, et les cheveux noués dans un délicieusement fantasque "chignon sauvage". Et admira la devanture, fraichement clouée.
Toute sourire, elle pénétra à l'intérieur de la boutique, donc la porte s'ouvrait à l'aide d'une jolie clé d'argent. Une clochette tinta, faisant écho à sa cowbell. Et d'un ample geste, elle tira les lourds rideaux de velours noir qui obstruaient la vitrine. Et avec les yeux d'une enfant qui découvre son cadeau le soir de la Saint-Noël, elle admirait leur boutique, et fila directement dans l'atelier, en attendant Gaby. Tout était bien à sa place, les rouleaux de tissu étaient soigneusement entreposés dans le coin...
Autour de son poignet, Blondine enroula un mètre ruban, et tout sourire, retourna faire encore une fois le tour de la boutique.
Le concept était simple. En guise de prêt-à-porter, ils avaient plutôt dû appeler ça "presque prêt-à-porter". Le but était que la cliente choisisse un des modèles exposés en magasin. Ensuite, ils devraient prendre toutes les mesures nécessaires, les consigner dans un petit carnet, puis, plus tard, confectionner et livrer la robe à la cliente. Simplicité, efficacité. Il ne manquait plus qu'oncle Gaby, et ils pourraient ouvrir.
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Mais parfois, les voisins pouvaient apercevoir deux silhouettes, qui souvent revenaient. La première était celle d'un homme, de taille normale, aux cheveux bruns; la seconde était celle d'une frêle jeune fille, dotée d'une longue et opulente chevelure blonde. Alors les voisins s'interrogeaient, craignant le pire. Non, ils n'oseraient pas ouvrir un bordel, non, pas dans leur honorable quartier...
En effet, ils n'oseraient pas. Ou du moins, ils n'y avaient pas pensé. C'était un commerce d'une toute autre nature auquel s'apprêtaient à s'adonner Gabcha et Prunille de Cianfarano. Oncle et nièce s'étaient retrouvés, et étaient tombés d'accord, partant d'une évidence : Les Cianfarano avaient la mode et l'élégance dans le sang. Ce constat établi, ne leur restait plus qu'à aller au bout de leur passion. Ils l'avaient fait, ils avaient créé leur griffe. Et après avoir longuement hésité sur le nom à donner, ils avaient opté pour l'intemporel "Maison Cianfarano", qui serait à présent la marque de vêtements de luxe la plus prisée et la plus outrageusement chère de toute la Provence, et même des Royaumes tout entiers. Ils commenceraient par du prêt-à-porter, le plus "abordable", puis embrayeraient sur la haute-couture, et les vêtements de mariage, si l'affaire marchait bien. Et pour cela, Prune savait qu'elle pouvait compter sur le génie de son oncle, qui maniait fil et aiguille mieux que quiconque. Elle n'était encore qu'une humble débutante dans l'art de la confection, ce qui ne l'empêchait pas de faire preuve d'un goût certain, et d'une classe... Hum... Incontestée.
Aussi, le matin du jour prévu de l'ouverture, elle arriva, virevoltant dans sa bure taille empire, cowbell au cou, et les cheveux noués dans un délicieusement fantasque "chignon sauvage". Et admira la devanture, fraichement clouée.
Toute sourire, elle pénétra à l'intérieur de la boutique, donc la porte s'ouvrait à l'aide d'une jolie clé d'argent. Une clochette tinta, faisant écho à sa cowbell. Et d'un ample geste, elle tira les lourds rideaux de velours noir qui obstruaient la vitrine. Et avec les yeux d'une enfant qui découvre son cadeau le soir de la Saint-Noël, elle admirait leur boutique, et fila directement dans l'atelier, en attendant Gaby. Tout était bien à sa place, les rouleaux de tissu étaient soigneusement entreposés dans le coin...
Autour de son poignet, Blondine enroula un mètre ruban, et tout sourire, retourna faire encore une fois le tour de la boutique.
Le concept était simple. En guise de prêt-à-porter, ils avaient plutôt dû appeler ça "presque prêt-à-porter". Le but était que la cliente choisisse un des modèles exposés en magasin. Ensuite, ils devraient prendre toutes les mesures nécessaires, les consigner dans un petit carnet, puis, plus tard, confectionner et livrer la robe à la cliente. Simplicité, efficacité. Il ne manquait plus qu'oncle Gaby, et ils pourraient ouvrir.
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