Vassilissa
Vannes
La roulotte « 100% Crochette et quatpoils de Leu » est installée sur la plage. Les restes dun feu de camp fument sous la pluie froide, le temps est gris.
Là-bas, près de leau, deux gamins causent la taille de leurs pêche respective. Le garçon, blondinet aux yeux bleus, a une dizaine dannées. Les bras écartés à sen démettre lépaule, il appâte la gamine aux yeux braqués sur lui. Elle est beaucoup plus jeune, quatre, cinq ans peut-être. Ses longs cheveux chatains, malmenés par le vent, lui cachent le visage. Elle boit chacun de ses mots comme une tasse de ptit lait. Quil est grand, quil est fort, lui et ses poissons tellment gros Amusée, toute impressionnée, elle est déjà presquamoureuse. La pluie les trempent, mais ils ne voient queux. Un clébard tout moche court après une mouette, la plage est calme, tranquille.
Du bruit dans la roulotte, et soudain la porte souvre. Hagarde, les yeux enfarinés, une blonde sétire et regarde au dehors. Il fait froid, moche. Elle grimace, tend la main, et recueille la première de ses gouttes bretonnes. Cest mouillé comme partout, sauf que ça sent la mer. Elle retrouve le sourire et dévale les quatre marches qui la sépare du sable. Cest bon sous ses pieds nus. Elle crie dans le vent, les enfants la regardent.
Autour il y a des dunes. Un peu dherbe, quelques vaches trempées qui ségouttent sous les arbres, quelques rochers tout usés par les vents. Et un drôle déquipage. Lhomme est grand, gros, boiteux, arc-bouté sous leffort. Il porte cotte de mailles, pantalon militaire et casque de bataille. Ne manque que sa hallebarde. Mais faut dire quil traine derrière lui une bombarde énorme, sur quatre roues montées. Et dans le sable, cest dur. La jeune femme accourt :
- Bourgogne ! Vous êtes de retour ? Je ny croyais même plus ! Où est passé lvicomte ?
Sans attendre la réponse, à grands pas elle sapproche, pour aider le soldat à pousser sa monture. À eux deux ils sessoufflent comme deux ânes en peine, et la bombarde très vite senlise dans le sable. Cest Bourgogne qui, le premier, rend les armes. Elle seffondre à côté de lui, épuisée, hilare.
- Sergent, je crois quon reste là Je vous offre une rasade ? Jai trouvé une bouteille cachée sous la roulotte Men direz des nouvelles
- PALSAMBLEU ! Cest la mienne ! Mdites pas que jdois me méfier dvous aussi, mamzelle ? Jai assez du jeune leu sur le dos, si faut que jsurveille aussi ses pucelles
La main part toute seule, et le coup résonne sur le casque en métal. Elle grogne quelque chose, et puis regarde ailleurs. La bombarde, et ce bout de papier qui dépasse, et qui lui semble rose Rose ? Dune main vive elle lattrappe, et ses yeux sassombrissent.
- Bourgogne Des anges ? Cest bien des anges ?
Elle tombe des nues. Sa bombarde qui crachait des poulets tout grillés crache des angelots tout de rose fardés. Le sergent baisse la tête, et laverse redouble. Elle est amère maintenant.
- Et il nest pas rentré avec vous, hein ? Il est où, lJoli Cur ? Il nous a oubliés ? Cest sa ptite nobliaute qui lretient prisonnier ?
Elle se lève, fière, fâchée, et se secoue vivement. Le sable vole et ses yeux lancent des flammes. Elle regarde la mer, et les enfants qui jouent :
- Alors, on se le prend, ce verre ? Au sec ?
Il baisse la tête, penaud. Il naime pas trop voir la blonde en colère. Elle est tellement plus aimable quand elle sourit, avec ses tétons qui pointent sous sa chemise et ses jambes de pouliche D'ailleurs, il la croquerait bien, si elle nétait pas si farouche Mais quelque chose le retient. Un je ne sais quoi qu'il devine à son air ombrageux quand le vicomte vadrouille. Pas de chance, Bourgogne, celle-là n'est pas pour toi !
Avec un grognement, il se lève et la suit. La pluie tombe toujours. Il fait froid et gris.
La roulotte « 100% Crochette et quatpoils de Leu » est installée sur la plage. Les restes dun feu de camp fument sous la pluie froide, le temps est gris.
Là-bas, près de leau, deux gamins causent la taille de leurs pêche respective. Le garçon, blondinet aux yeux bleus, a une dizaine dannées. Les bras écartés à sen démettre lépaule, il appâte la gamine aux yeux braqués sur lui. Elle est beaucoup plus jeune, quatre, cinq ans peut-être. Ses longs cheveux chatains, malmenés par le vent, lui cachent le visage. Elle boit chacun de ses mots comme une tasse de ptit lait. Quil est grand, quil est fort, lui et ses poissons tellment gros Amusée, toute impressionnée, elle est déjà presquamoureuse. La pluie les trempent, mais ils ne voient queux. Un clébard tout moche court après une mouette, la plage est calme, tranquille.
Du bruit dans la roulotte, et soudain la porte souvre. Hagarde, les yeux enfarinés, une blonde sétire et regarde au dehors. Il fait froid, moche. Elle grimace, tend la main, et recueille la première de ses gouttes bretonnes. Cest mouillé comme partout, sauf que ça sent la mer. Elle retrouve le sourire et dévale les quatre marches qui la sépare du sable. Cest bon sous ses pieds nus. Elle crie dans le vent, les enfants la regardent.
Autour il y a des dunes. Un peu dherbe, quelques vaches trempées qui ségouttent sous les arbres, quelques rochers tout usés par les vents. Et un drôle déquipage. Lhomme est grand, gros, boiteux, arc-bouté sous leffort. Il porte cotte de mailles, pantalon militaire et casque de bataille. Ne manque que sa hallebarde. Mais faut dire quil traine derrière lui une bombarde énorme, sur quatre roues montées. Et dans le sable, cest dur. La jeune femme accourt :
- Bourgogne ! Vous êtes de retour ? Je ny croyais même plus ! Où est passé lvicomte ?
Sans attendre la réponse, à grands pas elle sapproche, pour aider le soldat à pousser sa monture. À eux deux ils sessoufflent comme deux ânes en peine, et la bombarde très vite senlise dans le sable. Cest Bourgogne qui, le premier, rend les armes. Elle seffondre à côté de lui, épuisée, hilare.
- Sergent, je crois quon reste là Je vous offre une rasade ? Jai trouvé une bouteille cachée sous la roulotte Men direz des nouvelles
- PALSAMBLEU ! Cest la mienne ! Mdites pas que jdois me méfier dvous aussi, mamzelle ? Jai assez du jeune leu sur le dos, si faut que jsurveille aussi ses pucelles
La main part toute seule, et le coup résonne sur le casque en métal. Elle grogne quelque chose, et puis regarde ailleurs. La bombarde, et ce bout de papier qui dépasse, et qui lui semble rose Rose ? Dune main vive elle lattrappe, et ses yeux sassombrissent.
- Bourgogne Des anges ? Cest bien des anges ?
Elle tombe des nues. Sa bombarde qui crachait des poulets tout grillés crache des angelots tout de rose fardés. Le sergent baisse la tête, et laverse redouble. Elle est amère maintenant.
- Et il nest pas rentré avec vous, hein ? Il est où, lJoli Cur ? Il nous a oubliés ? Cest sa ptite nobliaute qui lretient prisonnier ?
Elle se lève, fière, fâchée, et se secoue vivement. Le sable vole et ses yeux lancent des flammes. Elle regarde la mer, et les enfants qui jouent :
- Alors, on se le prend, ce verre ? Au sec ?
Il baisse la tête, penaud. Il naime pas trop voir la blonde en colère. Elle est tellement plus aimable quand elle sourit, avec ses tétons qui pointent sous sa chemise et ses jambes de pouliche D'ailleurs, il la croquerait bien, si elle nétait pas si farouche Mais quelque chose le retient. Un je ne sais quoi qu'il devine à son air ombrageux quand le vicomte vadrouille. Pas de chance, Bourgogne, celle-là n'est pas pour toi !
Avec un grognement, il se lève et la suit. La pluie tombe toujours. Il fait froid et gris.