Lunedor
En terre inconnue, il y a deux possibilités: être fidèle à soi-mêle, pourquoi changer? ou bien affecter attitude et comportement autres, comme un nouveau départ.
La Malemort avait décidé d'user de la deuxième faconde en ce jour. Et comme dans beaucoup de domaines, elle avait fait dans le radical. Qui la connaissait aurait eu du mal à la reconnaître alors qu'elle entrait dans le petit salon, vide pour l'heure. Les autres invités devaient être partis admirer, ou même y prendre part, les joutes. Elle-même ne goûte que fort peu cette activité dissonante et bruyante au possible.
Elle s'installa dans le premier siège qu'elle trouva. Certes elle avait son habituelle canne à la main et portait en bandoulière son luth. Mais en dehors de cela, elle n'aurait pu être plus différente du jour où elle arriva céans. Une paire de braies ocres dévoilaient ce qu'habituellement la robe dérobait aux regards. De longues poulaines d'un rouge profond étaient retenues par un cordon à la fine cheville qu'enveloppaient de chaudes chausses de laine. Une ample chemise blanche et un pourpoint de velours brun dissimulaient la poitrine naissante de la jeune fille. Sa fine taille était soulignée par une ceinture de cuir ouvragée tandis qu'une toque d'où pendait une écharpe dissimulait son abondante chevelure brune.
A qui n'y regarderait pas de trop près, elle aurait tout du jeune garçon tout juste sorti de l'enfance.
Délicatement, elle prit son luth, l'accorda d'une oreille sûre et s'éclairçit la voix avant que de commencer.
Quora la vesi
Pallisi.
Quora la ausissi
Rogissi.
Quora de ela cogiti
Desatusoni me.
Ai es de aquò monde?
Un jorn vendrà
Me ausirà
Un jorn vendrà
Plorarà
Subre meuna tomba.
Ai es de aquò monde?
De meuna anma que tant a cridat
Devèrs ela.
De meun cor que tant a esperat
De aquela florada.
La terrà de los meus plores enaigui.
Egrenant les arpèges qui accompagnaient de leurs accords mélodieux sa mélopée, elle ressentait à nouveau cette étrange sensation qui la prenait toujours en pareil cas. Comme une paix immense, une zone de calme plat au milieu de la tempête.
Variation vers une autre tonalité puis d'enchaîner sur un autre air, empreint d'une grave gaieté.
Es aqui
La trobairitz de los meus sòmis
La trobairitz de los meus avis
Pren sa lira
De sortis miles sones moselòses
Engacha me
Convida me
Las nòstras votses entremesclas
Las nòstres cores enlaçates
Ronçan al cèl lor melodià.
Una nòta
Tenguda
Tèuna
Tras los edates
Que empòrtan la benalha
Còsta son oltrages
Una nòta
Tenguda
Tèuna
Vaqui mos eiretagtes
La Malemort avait décidé d'user de la deuxième faconde en ce jour. Et comme dans beaucoup de domaines, elle avait fait dans le radical. Qui la connaissait aurait eu du mal à la reconnaître alors qu'elle entrait dans le petit salon, vide pour l'heure. Les autres invités devaient être partis admirer, ou même y prendre part, les joutes. Elle-même ne goûte que fort peu cette activité dissonante et bruyante au possible.
Elle s'installa dans le premier siège qu'elle trouva. Certes elle avait son habituelle canne à la main et portait en bandoulière son luth. Mais en dehors de cela, elle n'aurait pu être plus différente du jour où elle arriva céans. Une paire de braies ocres dévoilaient ce qu'habituellement la robe dérobait aux regards. De longues poulaines d'un rouge profond étaient retenues par un cordon à la fine cheville qu'enveloppaient de chaudes chausses de laine. Une ample chemise blanche et un pourpoint de velours brun dissimulaient la poitrine naissante de la jeune fille. Sa fine taille était soulignée par une ceinture de cuir ouvragée tandis qu'une toque d'où pendait une écharpe dissimulait son abondante chevelure brune.
A qui n'y regarderait pas de trop près, elle aurait tout du jeune garçon tout juste sorti de l'enfance.
Délicatement, elle prit son luth, l'accorda d'une oreille sûre et s'éclairçit la voix avant que de commencer.
Quora la vesi
Pallisi.
Quora la ausissi
Rogissi.
Quora de ela cogiti
Desatusoni me.
Ai es de aquò monde?
Un jorn vendrà
Me ausirà
Un jorn vendrà
Plorarà
Subre meuna tomba.
Ai es de aquò monde?
De meuna anma que tant a cridat
Devèrs ela.
De meun cor que tant a esperat
De aquela florada.
La terrà de los meus plores enaigui.
Egrenant les arpèges qui accompagnaient de leurs accords mélodieux sa mélopée, elle ressentait à nouveau cette étrange sensation qui la prenait toujours en pareil cas. Comme une paix immense, une zone de calme plat au milieu de la tempête.
Variation vers une autre tonalité puis d'enchaîner sur un autre air, empreint d'une grave gaieté.
Es aqui
La trobairitz de los meus sòmis
La trobairitz de los meus avis
Pren sa lira
De sortis miles sones moselòses
Engacha me
Convida me
Las nòstras votses entremesclas
Las nòstres cores enlaçates
Ronçan al cèl lor melodià.
Una nòta
Tenguda
Tèuna
Tras los edates
Que empòrtan la benalha
Còsta son oltrages
Una nòta
Tenguda
Tèuna
Vaqui mos eiretagtes