--Rodrigo
Suite de : http://www.univers-rr.com/RPartage/index.php?page=rp&id=1042
Latmosphère animée dun port de la côte portugaise, niché dans les faubourgs dune ville paisible. Un monde en effervescence, un monde tout en couleurs et en senteurs méridionales, face aux oliviers et aux pins plantés sur la colline.
Rodrigo hume. Rodrigo écoute.
Là le bruissement léger du vent du large qui se faufile entre les voiles et les haubans des bateaux, et agite les pavillons de poupe et de beaupré.
Ici le clapotis du ressac qui vient mourir contre les coques calfatées détoupe et de goudron, à lodeur âcre et pénétrante qui agresse les narines.
Et enfin, arrimé au bout du troisième ponton, son bateau. Enfin non, pas vraiment. Cest un peu prétentieux de lappeler son bateau. Il ny était que le second du capitaine Guttierez, mais il y a passé tellement de semaines, à voguer de port en port pour le compte de sa majesté le roi du Portugal, que ce voilier était devenu son domicile principal et quil en connaît chaque recoin. Que daventures vécues avant quune sévère blessure à la hanche ne lenvoie en convalescence à Paris.
A Paris où elle lui est apparue, gitane superbe au corps de liane, un peu égarée dans cette ville immense, où elle dansait dans les tavernes miteuses, nhésitant pas, la coquine, à barboter adroitement les bourses des bourgeois venus sencanailler en cachette de leur épouse légitime.
Malika
Elle ne lui a pas dérobé ses écus, mais elle lui a volé son cur. Sans une hésitation elle la accompagné dans lhacienda familiale, où laccueil fut mitigé, cest le moins quon puisse affirmer. La présence de Malika contrariait des projets bâtis depuis des années. Et la belle fut enlevée, puis dut se battre contre Isabella, la rivale haïe, ne sen tirant que par miracle.
Alors non ! Mille fois non !
Rodrigo sattendait à ce courrier du capitaine Guttierez qui réclamait son retour à bord, mais sa réponse sera précise et définitive. Pas question de reprendre la mer. Pas question de quitter sa gitane après toutes ces épreuves. Pour éviter lironie grinçante du capitaine, il lui détaillera ses nouvelles responsabilités au sein de lhacienda, son père, Joachim, dit lArminho, lui laissant désormais les rênes du pouvoir. Ce vieux forban de Guttierez gobera til ce prétexte ? Quimporte ! Rodrigo franchit la passerelle étroite et grimpe sur le pont, dune démarche assurée, habitué au doux balancement de la goélette bercée par les vagues. Une mouette se perche sur le grand mât en ricanant. Ferme la, sale bête.
Le jeune homme enjambe un rouleau de cordages traînaillant dans la coursive. Déjà du laisser-aller à bord
Et le voici face à la cabine de Guttierez.
Une pensée pour son amour, restée au domaine. Il limagine, rêveuse, souriante, en train de se brosser les cheveux devant le miroir de leur chambre, près du lit transformé en champ de bataille après leur nuit de tendres étreintes.
Non ! Pas question de reprendre la mer