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Prier pour la fin d'une vie ou des repères moins flous

Daresha
Je te regarde, je te détaille, je te cherche mais ne te trouve pas. Fantôme parmi les songes, tu restes insaisissable, intouchable et fugitif. Sourd à mes appels,mon coeur s'écrie et s'époumone pour t'appeler à lui, en vain. Est-ce là, la fin? Comment sait-on qu'elle est là, qu'il est temps d'oublier, de déserter, de pardonner peut-être. De ne plus rêver, ni espérer que tu me reviennes. Alors je m'éteins et je ferme les yeux mais mon sommeil se refuse de tendre vers l'infini. Devrais-je encore attendre?
Combien de temps...
Trop, tellement trop. Des jours? Quelques heures à peine ou tout juste quelques semaines? Chaque unité de temps s'est écoulée et s'écoule, égale à elle-même. Il passe, ce temps douloureux, n'atténuant pas la douleur, mais l'accentuant au fil de son passage. Attendre, toujours attendre, n'est-ce pas ce que je fais depuis des années? Attendre qu'il ne soit enfin qu'à moi, attendre qu'il délaisse ses innombrables maîtresses. Attendre aussi d'avoir le courage de partir et de fuir pour une autre vie. Attendre la mort, finalement survenue. Puis il y eu toi, troublant et troublé, indécis. Dévoué à d'autres. Parti. Disparu.
Pourquoi...
Parce qu'il n'y a pas de réponse convenable, pas de réponse susceptible de convenir. Juste un pourquoi qui s'élève et résonne sans fin. On ne sait jamais pourquoi. La vie ici bas n'est faite que de questions sans réponse. Le monde se perd par la faute d'un Homme trop prétentieux et trop faible pour le reconnaître. Il implose et j'implose comme lui. Je me noie dans le vide de ma solitude, la plus fidèle de mes compagnes. Toujours là, même si je l'ai souvent reniée. Avec elle, je finirais ma vie, cette vie trop longue et trop froide ou plus rien ne me retiens.
Pitié, ne me laisse pas attendre plus longtemps.

Prières sans réponse, malgré les heures passées à genoux dans la petite chapelle du castel. Des jours, des nuits à prier et à ne pas savoir pourquoi. Esprit vagabond dans un corps fatigué et amaigri, qui ère d'une pensée à une autre, d'un espoir à un désespoir, du présent à un passé révolu. Elle n'a plus de repère auquel se fier pour pouvoir regagner une berge éloignée où elle pourrait faire le vide et se trouver à nouveau. Si les lieux furent vivants de sa présence, ils ne sont désormais plus qu'un tombeau, des murs froids où la Rose rôde sans but précis. Son coeur et son âme s'en sont allés avec lui, ou qu'il soit. Le début de la fin, ainsi en a-t-il été décidé.
Corps affaibli qui crie en silence ses douleurs et ses crispations, puisant dans des réservés non entretenues qui s'amenuisent de jour en jour. Courbatures, articulations figées, qu'importe, elle est ailleurs, dans un monde auquel personne ne peut prétendre avoir accès pour la raisonner. Elle vogue entre ici et là-bas, sous les regards gênés de ceux qui la côtoient et la servent au quotidien. Les langues silencieuses par devant, se délient lorsqu'elle a le dos tourné. Mais même si elles s'exprimaient par devant elle, les entendraient-elles? Les gens ne sont que des spectres parmi tant d'autres, quelque soit leur rang au sein de la Vicomté. Elle les voit sans les voir, les écoutent sans les entendre. Les riches terres maritales s'abandonnent à l'abandon de celle qui est censée les régir. Mais si c'était là vraiment le pire.

Une terre peut s'appauvrir, une fleur peut se faner, mais des soins appropriés leur redonneront leur éclat originel. Qu'en est-il pour l'être humain? Qu'en est-il pour deux enfants qui ne trouvent plus grâce aux yeux de leur mère, cette mère qui se serait saignée pour tout leur donner. Étrange revers de cette destinée pourtant si prometteuse. Prometteuse pour les esprits naïfs, à n'en pas douter. Rien n'est beau, rien n'est tout bleu ni tout rose dans ce monde rendu imparfait par la seule présence de l'homme qui détruit tout sur son passage, qu'il en soit ou non conscient. Et la conscience, elle ne l'a plus cette Rose perdue. Elle les a oublié, ces deux enfants vénérés et adorés, même si par moment, lorsqu'il en a le courage, le notaire attitré de la maisonnée tente de lui rappeler leur existence. Parce qu'elle leur doit subsistance, même si chacun perçoit ses rentes des terres dont il est détenteur. L'aîné a pris son rôle au sérieux. Que devient-il déjà? Ecuyer personnel de la Rousse de Vergy. Mais elle a déjà oublié. Et la cadette? Quelque part en France d'après les dernières nouvelles, avec son précepteur. Tout doit bien aller alors. Ils n'ont pas besoin d'elle. Qui sont-ils déjà?
Blanche robe de deuil salie aux genoux par la poussière des lieux. C'est que personne n'ose n'y pénétrer lorsqu'elle s'y trouve. Gêne devant cette Comtesse qui sombre dans la folie, tel un alcoolique dans l'ivresse. Peur aussi, de ses gestes, de ses réactions. Qui ne se rappelle pas de cette pauvre servante en pleurs, renvoyée sans ménagement à ses parents parce qu'elle s'était retrouvée enceinte? Avant, la Dame se serait arrangée pour organiser mariage et sauver l'âme pècheresse. C'était avant. Ou alors la pauvresse était tombée sur un mauvais jour. Sourires s'alternant avec pleurs, joies s'alternant avec crise de nerf. Autant la laisser seule dans son antre. Autant abandonner ce fantôme vivant à lui-même.
Ou est-elle cette femme soignée et intéressée par les autres? Par instant elle revient, vêtue de ses plus beaux atours, s'intéressant aux affaires des propriétés familiales, cherchant meilleurs stratagèmes pour améliorer les trésoreries et faire fructifier le patrimoine, tout en apportant le meilleur à ses gens. Mais elle ne fait que passer et disparaît à la moindre contradiction, au moindre souvenir qui aura osé remonter à la surface. Au milieu d'une foule populaire, la Rose ne se démarquerait pas. Cheveux maladroitement attachés par une barrette de buis, posée là très certainement par hasard. Houppelande de lin de seconde qualité. Pas de bijoux, ni d'ornement. Pieds nus. Ne faut-il pas se présenter humblement devant Dieu lorsqu'on veut lui demander ses faveurs?

Mais lesquelles déjà? Elle a déjà oublié. Mais elle n'a pas oublié qu'elle a mal et qu'elle a froid, malgré se châle attaché sur ses épaules et malgré ses bras ramenés autours d'elle. Ce sont ses bras qu'elle veut, qu'elle désire, des bras qui sauraient la réconforter, des bras qui sauraient lui dire qui elle est. Même ça elle l'a oublié.

Laisse moi venir dans ton paradis... ou dans ton enfer... pitié...

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Stannis
La chapelle, a-t-il dit. Ou le donjon. Va pour la chapelle… Ça fait bien longtemps qu’il n’a pas remis les pieds dans semblable édifice, et peut-être est-il temps, même si ses aspirations du moment ne sont pas franchement accordées avec la supposée pureté qu’on associe à ces lieux. Pas que la folie qui apparemment – aux dires du garde – subsiste dans l’esprit de la maîtresse des lieux y soit beaucoup plus à sa place, d’ailleurs ; pour autant de vertus qu’on prête à la foi, le chevalier reste largement dubitatif quand à la réalité de ses capacités curatives. « L’âge te rend décidément de plus en plus mécréant, vieux ronchon… » ne peut-il s’empêcher de penser, alors que ses pas le guident vers ladite chapelle, une fois sa monture laissée aux bons soins du premier serviteur venu, qui assurément sera bien plus rapide que lui pour la confier au palefrenier. Quand il s’agit de se décharger de ses tâches, rien n’est plus efficace qu’un domestique lambin à les accomplir par lui-même ; les années d’expérience lui en ont apporté la certitude.

Mais il n’est pas là pour méditer sur les qualités et défauts – et il remarque surtout ces derniers, depuis qu’il a avancé en âge – des laquais ; il est venu à la rencontre de la maîtresse des lieux, qu’il va retrouver, peut-être, dans la chapelle qui se dresse droit devant lui, dont la silhouette grandit soudainement si vite, trop vite pour qu’il se sente vraiment prêt à entrer au moment où sa main se referme sur l’anneau de la porte. Et si elle est bien là, derrière, que pourra-t-il lui dire ? Comment réagira-t-elle à sa vue ? Il n’en sait rien… Mais il est trop tard désormais pour faire marche arrière. Elle est ici, et il le sait, rien qu’en regardant les serviteurs qui se sont arrêtés dans leurs corvées pour le regarder, arrêté comme il l’est sur le parvis de l’édifice religieux, attendant de voir ce qu’il se passerait quand il serait entré. Quand il serait entré… Mais il fallait d’abord se lancer ; aussi, prenant une grande inspiration, il heurte par trois fois le lourd anneau de fer contre le battant d’épais chêne. Patiente quelques secondes, le temps de prendre une seconde inspiration ; pas de réponse. Peut-être n’est-elle finalement pas là ? Il n’en croit rien, et se décide donc à pousser les deux vantaux pour s’introduire dans la petite nef.

Où, comme il l’avait deviné, la comtesse est bien là… Mais est-ce bien elle, cette pâle silhouette, ce fantôme éthéré, agenouillé sur un prie-dieu, environnée par des volutes de fumée à l’odeur caractéristique d’encens refroidi ? N’est-ce pas plutôt l’incarnation vivante de cette folie qu’il a vu poindre en elle, à Ryes,avant que ne s’abattent sur lui ces nouvelles responsabilités inhérentes au titre qui est désormais sien. Chevalier. Incarnation de la défense de la veuve et de l’orphelin… Et veuve, elle l’est peut-être, cette femme, même s’il n’ose le croire ; tout du moins, ça ne fait guère de différence, dans son état présent. Incarnation de cette protection, donc ; et pourtant très probablement l’un des plus gros dangers pour elle aussi, il en est convaincu. Sans doute serait-il préférable qu’il ne soit pas venu, qu’il se soit arrangé pour envoyer un autre messager. Mais c’est bien lui qui est là, en train de se prouver à lui-même ce qu’il sait au fond de lui, qu’il est trop faible pour être chevalier, qu’il n’était pas prêt à être nommé. Et ne le serait sans doute pas plus l’année suivante, ou celle d’après, ou encore dans dix ou vingt ans, sur son lit de mort. Et il lui faut donc faire avec, et accomplir ce qui l’a mené ici.

Il se remet donc en marche, après le temps d’arrêt initial que ce spectacle lui a imposé. La Rose ne s’est pas retournée, et rien dans son attitude ne laisse supposer qu’elle le sait ici… La porte de sortie que cela lui ouvre est tentante ; presque trop. Ou pas assez. Il s’arrête, et prend pour la troisième fois une inspiration profonde, puis vide ses poumons d’un souffle puissant, et repart. Mais cette fois, il aperçoit un tressaillement qui parcourt les épaules de Daresha, et soupçonne qu’il n’est pas du au froid ambiant, mais bel et bien au bruit qu’il vient de faire. Il sera vite fixé, puisque après à peine dix enjambées, le voilà à la hauteur de la maîtresse des lieux, se laissant choir lui aussi sur un genou en attitude de recueillement. Il aurait tant de choses à mettre en ordre dans sa tête, sur elle, sur lui surtout, mais n’a pas le temps de le faire. Et doit donc se résoudre, la bouche curieusement sèche, à ouvrir enfin la discussion :


Bonjour à vous, comtesse. Peut-être vous souvenez-vous de moi… Je viens de la Licorne. J’apporte des nouvelles… sur… Un temps d’hésitation, alors qu’il se rappelle la difficulté de son interlocutrice à appréhender les évènements, alors qu’elle venait d’en être informée. Comment présenter la chose au mieux ? Impossible à dire, faute de vraiment savoir comment elle s’est comportée depuis. Et au temps pour son attitude cavalière, à se précipiter ici sans prendre le temps de vraiment se renseigner… Quoi qu’il en soit, il lui faut finir sa phrase, aussi se décide-t-il pour une conclusion bancale, mais point trop directe. Sur les derniers évènements.

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