Terwagne_mericourt
( * : Baudelaire )
Briançon, en début d'après-midi :
Briançon où elle était venue chercher la solitude.
Briançon où l'avait conduite sa décision d'emprunter les chemins de l'anamour.
L'anamour où elle avait décidé de plonger pour ne plus souffrir de trop aimer.
Les jours et les nuits s'y étaient succédés au coeur de la solitude qu'elle avait choisie d'épouser mais qui malgré tout lui pesait certains soirs bien plus qu'elle ne l'avait cru au départ.
Et puis un jour, ou plutôt un soir, une silhouette reconnue à travers la vitre embuée d'une taverne, celle de la femme qu'elle avait servie comme bailli durant deux mois, Pénélopedefrance, et l'envie de la saluer plus forte que celle de rentrer se coucher sous son édredon de chagrin.
Entrée rapide dans les lieux, rires entre elles deux, et premières rencontres avec d'autres depuis bien longtemps... D'autres à qui il faut bien l'avouer elle n'avait pas vraiment prêté attention, trop prise dans sa discussion avec celle qu'elle regrettait de ne plus voir chaque soir avant de quitter Pierre-Scize et son bureau de conseiller ducal.
Pierre-Scize et le conseil ducal... Si pour elle rien n'avait vraiment changé après les élections, puisqu'elle avait gardé la même fonction et le même bureau, et que les chiffres quels qu'ils soient restent des chiffres, elle ne pouvait pourtant s'empêcher de penser bien souvent avec nostalgie à l'ambiance qu'elle avait connue là-bas au cours des semaines précédentes.
Les têtes-à-têtes avec Messire Raithuge tard dans la nuit à l'heure où tous les bureaux sont déserts ou presque, les bouteilles et confessions partagées avec celle qui avait été sa Gouverneur, les rires et taquineries au détour d'un couloir, les petits billets glissés sous les portes quand l'air manquait à l'un d'eux, les aveux couchés sur papier, les pensées et souhaits suivant le même chemin...
Quoi qu'il en soit, c'est donc heureuse qu'elle était entrée dans la taverne ce soir-là, et le coeur léger qu'elle en était ressortie, tout comme elle s'y était rendue le lendemain soir, et le suivant également, faisant peu à peu connaissance avec les autres habitués des lieux.
Il y avait là-bas Messire Hardryan, Dame Ninoua, Sirbalian -le frère de Pénélope- qui s'amusait à faire croire qu'il partait exprès lorsqu'elle arrivait et qu'elle avait surnommé Bali l'ourson, et puis aussi le sieur Kernos qui sans le vouloir la faisait bien souvent replonger dans des souvenirs du passé par un mot anodin au détour d'une phrase.
La veille, elle avait encore passé la soirée avec eux tous, trouvant ensuite le sommeil bien plus facilement, le coeur léger et serein, oubliant au milieu des rires et des chants les raisons de son départ de Vienne pour au moins quelques heures.
Quelques heures oui, car au réveil, comme chaque jour, ses pensées s'étaient immédiatement tournées vers Walan dont elle n'avait plus eu aucune nouvelle, pas même indirectes, depuis sa décision à elle de lui retirer le pouvoir qu'il avait acquis sur ses états d'âme en s'emparant de son coeur pour mieux le faire passer de brûlant à glacial d'un simple mot ou d'un simple regard.
L'anamour, c'était la seule issue qu'elle avait trouvé à cette relation qui la rendait fiévreuse et angoissée, passionnée et frustrée, incomprise souvent, jugée au moins autant.
Walan... Comme elle l'avait aimé, bien plus qu'il ne devait s'en douter! Et sans doute serait-ce encore le cas si de cesser d'aimer elle n'avait décidé.
Ce fut une missive bien matinale qui la sortit de sa nostalgie bien triste, et à laquelle elle répondit avec un certain plaisir, ayant toujours apprécié les échanges épistolaires et le côté discret de ceux-ci, se faisant la réflexion qu'elle ne s'était pas rendue compte à quel point cela lui manquait depuis les dernières lettres restées sans réponse qu'elle avait adressées à sa nièce Anne, à Raithuge, et à ses amis Viennois.
Ensuite, elle s'apprêta et sortit pour prendre la route de Pierre-Scize, mais changea d'avis en croisant Sirbalian et son invitation de promenade pour l'après-midi. Une invitation qui l'avait pour le moins surprise, laissée sans voix un instant, mais à laquelle elle avait finalement répondu oui dans un sourire. Elle avait besoin d'air et méritait bien de s'octroyer un peu de repos aujourd'hui.
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Briançon, en début d'après-midi :
Briançon où elle était venue chercher la solitude.
Briançon où l'avait conduite sa décision d'emprunter les chemins de l'anamour.
L'anamour où elle avait décidé de plonger pour ne plus souffrir de trop aimer.
Les jours et les nuits s'y étaient succédés au coeur de la solitude qu'elle avait choisie d'épouser mais qui malgré tout lui pesait certains soirs bien plus qu'elle ne l'avait cru au départ.
Et puis un jour, ou plutôt un soir, une silhouette reconnue à travers la vitre embuée d'une taverne, celle de la femme qu'elle avait servie comme bailli durant deux mois, Pénélopedefrance, et l'envie de la saluer plus forte que celle de rentrer se coucher sous son édredon de chagrin.
Entrée rapide dans les lieux, rires entre elles deux, et premières rencontres avec d'autres depuis bien longtemps... D'autres à qui il faut bien l'avouer elle n'avait pas vraiment prêté attention, trop prise dans sa discussion avec celle qu'elle regrettait de ne plus voir chaque soir avant de quitter Pierre-Scize et son bureau de conseiller ducal.
Pierre-Scize et le conseil ducal... Si pour elle rien n'avait vraiment changé après les élections, puisqu'elle avait gardé la même fonction et le même bureau, et que les chiffres quels qu'ils soient restent des chiffres, elle ne pouvait pourtant s'empêcher de penser bien souvent avec nostalgie à l'ambiance qu'elle avait connue là-bas au cours des semaines précédentes.
Les têtes-à-têtes avec Messire Raithuge tard dans la nuit à l'heure où tous les bureaux sont déserts ou presque, les bouteilles et confessions partagées avec celle qui avait été sa Gouverneur, les rires et taquineries au détour d'un couloir, les petits billets glissés sous les portes quand l'air manquait à l'un d'eux, les aveux couchés sur papier, les pensées et souhaits suivant le même chemin...
Quoi qu'il en soit, c'est donc heureuse qu'elle était entrée dans la taverne ce soir-là, et le coeur léger qu'elle en était ressortie, tout comme elle s'y était rendue le lendemain soir, et le suivant également, faisant peu à peu connaissance avec les autres habitués des lieux.
Il y avait là-bas Messire Hardryan, Dame Ninoua, Sirbalian -le frère de Pénélope- qui s'amusait à faire croire qu'il partait exprès lorsqu'elle arrivait et qu'elle avait surnommé Bali l'ourson, et puis aussi le sieur Kernos qui sans le vouloir la faisait bien souvent replonger dans des souvenirs du passé par un mot anodin au détour d'une phrase.
La veille, elle avait encore passé la soirée avec eux tous, trouvant ensuite le sommeil bien plus facilement, le coeur léger et serein, oubliant au milieu des rires et des chants les raisons de son départ de Vienne pour au moins quelques heures.
Quelques heures oui, car au réveil, comme chaque jour, ses pensées s'étaient immédiatement tournées vers Walan dont elle n'avait plus eu aucune nouvelle, pas même indirectes, depuis sa décision à elle de lui retirer le pouvoir qu'il avait acquis sur ses états d'âme en s'emparant de son coeur pour mieux le faire passer de brûlant à glacial d'un simple mot ou d'un simple regard.
L'anamour, c'était la seule issue qu'elle avait trouvé à cette relation qui la rendait fiévreuse et angoissée, passionnée et frustrée, incomprise souvent, jugée au moins autant.
Walan... Comme elle l'avait aimé, bien plus qu'il ne devait s'en douter! Et sans doute serait-ce encore le cas si de cesser d'aimer elle n'avait décidé.
Ce fut une missive bien matinale qui la sortit de sa nostalgie bien triste, et à laquelle elle répondit avec un certain plaisir, ayant toujours apprécié les échanges épistolaires et le côté discret de ceux-ci, se faisant la réflexion qu'elle ne s'était pas rendue compte à quel point cela lui manquait depuis les dernières lettres restées sans réponse qu'elle avait adressées à sa nièce Anne, à Raithuge, et à ses amis Viennois.
Ensuite, elle s'apprêta et sortit pour prendre la route de Pierre-Scize, mais changea d'avis en croisant Sirbalian et son invitation de promenade pour l'après-midi. Une invitation qui l'avait pour le moins surprise, laissée sans voix un instant, mais à laquelle elle avait finalement répondu oui dans un sourire. Elle avait besoin d'air et méritait bien de s'octroyer un peu de repos aujourd'hui.
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