Terwagne_mericourt
RP ouvert à tous, si cohérent.
Colline de Fourvière, à la sortie du Théâtre antique :
Lèvre mordue pour ne pas prononcer ce "bonsoir" qui l'aurait fait se retourner, elle fixait sa silhouette s'éloignant vers la nuit où déjà il s'engouffrait pour elle ne savait où, mais là où pas plus ce soir qu'un autre il ne répondrait à la dernière missive qu'elle lui avait écrite.
Elle avait sursauté en l'apercevant quitter la salle de réunion de l'ordre de Saint George, alors qu'elle-même s'en approchait par l'autre bout du couloir, celui auquel il tournait le dos, ne pouvant donc pas l'avoir vue.
Depuis des semaines elle ne l'avait plus vu nulle part, pas même au Comité des fêtes ducales où il avait laissé une petite note à l'intention des autres membres pour avertir de son absence pour quelques temps, et pire que tout, elle n'avait eu aucune nouvelle de lui de façon privée.
Elle s'était dit que sans doute il était encore débordé par les recherches en bibliothèque auxquelles il avait fait allusion dans ses dernières missives, les quelques unes qui avaient suivi son départ du conseil ducal, et que c'était uniquement pour cela qu'il mettait du temps à répondre à la dernière.
Oui, elle avait tenté de s'en persuader, mais plus les jours passaient et plus elle se disait qu'elle avait eu raison tout au départ, lors des premières visites nocturnes qu'il lui avait rendues, trois mois plus tôt... Toutes ces cajoleries, tous ces mots sortant de ses lèvres et de sa plume n'avaient été que des armes pour blesser un autre de façon indirecte!
Les premiers soirs, elle s'en souvenait, elle lui avait dit avec franchise qu'elle le soupçonnait de la flatter et de vouloir à tout prix lui ouvrir les yeux sur le fait qu'elle aurait été plus heureuse ailleurs, autrement, uniquement pour voler son coeur à un autre... Elle avait craint ne représenter à ses yeux qu'un trophée à arracher des mains d'un autre homme, et le lui avait dit, oui.
Mais il avait trouvé les mots pour la rassurer, et elle, idiote, elle avait fini par le croire, par baisser les armes, par se confier à lui sans plus de pudeur, sans plus de protection, aveuglément confiante.
La séparation qui avait suivi les dernières élections s'était faite avec des promesses de sa part de continuer à lui écrire et de venir la voir, mais de visite jamais plus elle n'en avait reçue, et les missives s'étaient faites plus rares, plus courtes, jusqu'à la dernière, celle à laquelle elle désespérait de recevoir réponse un jour.
Alors, forcément, elle ne pouvait s'empêcher de se dire que bien plus que de coïncider avec la fin de son mandat ducal à lui, cela coïncidait surtout avec sa rupture à elle avec Walan...
Manipulée! Il l'avait manipulée en espérant la voler à cet autre qu'il n'aimait pas! Il avait voulu se servir d'elle! Et aujourd'hui qu'elle n'était plus à personne, il n'avait aucune utilité à rester son ami puisqu'elle ne représentait plus une arme, plus un trophée à voler à l'autre!
Sa seule consolation alors qu'elle le regardait devenir un point à l'horizon fut de se dire qu'au moins elle n'avait pas été assez idiote pour le laisser lui dicter sa conduite et que sa rupture avec Sans-Repos n'avait aucun rapport avec lui, loin de là-même. Elle n'avait pas quitté un homme pour se jeter dans les bras d'un autre, quand bien même lui l'avait peut-être espéré au départ.
Et pourtant, elle avait cru, bêtement, qu'il l'aiderait à traverser sa douleur et son chagrin, continuant à la faire rire les soirs où elle avait envie de pleurer, à l'écouter et la comprendre.
Leurrée... Elle avait été leurrée, une fois encore! Et lui en voulut soudain énormément.
Faisant demi-tour, elle regagna le Théâtre, chercha une salle libre et une table, puis sortit de quoi écrire hors de sa besace. Les mots coulèrent, rapides, francs, directs.
Citation:
Sieur Raithuge,
Ma dernière missive datant de près de trois semaines (le 13 de ce mois) et n'ayant toujours pas eu de réponse de votre part, j'en arrive à la conclusion qu'en effet je n'avais de valeur à vos yeux que tant que je représentais un trophée à arracher des mains d'un autre.
Je regrette d'avoir cru en vos mots et vos promesses, je regrette de n'avoir été qu'une arme que vous pensiez utiliser, je regrette de vous avoir laissé me bercer d'illusions comme tant d'autres avant vous. Je regrette d'avoir cru encore dans les mots de quelqu'un.
Mais plus que tout je regretterai cette amitié en laquelle je croyais et sur laquelle je tire ce soir un trait en ouvrant les yeux.
Terwagne Méricourt de Thauvenay
Ma dernière missive datant de près de trois semaines (le 13 de ce mois) et n'ayant toujours pas eu de réponse de votre part, j'en arrive à la conclusion qu'en effet je n'avais de valeur à vos yeux que tant que je représentais un trophée à arracher des mains d'un autre.
Je regrette d'avoir cru en vos mots et vos promesses, je regrette de n'avoir été qu'une arme que vous pensiez utiliser, je regrette de vous avoir laissé me bercer d'illusions comme tant d'autres avant vous. Je regrette d'avoir cru encore dans les mots de quelqu'un.
Mais plus que tout je regretterai cette amitié en laquelle je croyais et sur laquelle je tire ce soir un trait en ouvrant les yeux.
Terwagne Méricourt de Thauvenay
Les mots coulèrent, oui, de même que les larmes qui baignaient toujours ses joues lorsqu'elle se mit à la recherche d'un coursier en déambulant dans les couloirs du théâtre antique, espérant n'y croiser personne de sa connaissance.
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