Asa
RP largement ouvert, à tous et toutes !
- Je pars, je pars !
Coup d'oeil à gauche, coup d'oeil à droite. Non, personne pour la surveiller, personne pour la juger. Masque du visage qui disparait aussitôt, un grand sourire le remplace. La jeune fille en question a une petite douzaine d'années. Pas très jolie, non, pas vraiment, et portant un kimono propre. Neuf, si l'on s'attarde sur ce dernier. Simple, couleur crême, il sied parfaitement à la frêle gamine.
- Fleurs, je viens ! Elle crie, sur le chemin.
Là ! Un éclat de pétale, blanc, blanc parmi les feuilles, vertes, vertes. Elle s'en approche, observe la timide plante qui peine à découvrir ses couleurs. Puis s'en détourne. La petite route serpente sur la côte. Parfois l'on voit la mer, bleue, bleue. Et les mouettes qui jacassent. On les entend, parfois. Les arbres la protègent du soleil. D'ailleurs, ils ne laissent que peu de place aux fleurs. Tant pis ! Elle ira plus loin, loin d'ici, pour les trouver, ces fleurs. Penche la tête sur le côté, réfléchit. Qu'est ce qui lui gratouille la voute plantaire, lui agrippe le kimono, quelle est cette sensation connue, qui l'empêche d'y voir clair, de voir ces choses-ci, ces choses-là, enfin, qu'est ce qui l'empeche donc de s'intéresser au moustique passant devant son nez ? Une, une... Le mot, le mot ! Une... Ah, oui. Une envie.
J'ai envie de parler.
- J'ai envie de parler ! Voilà, c'est fait.
Nez qui se tourne aussitôt pour tenter d'apercevoir le petit moustique, mais déjà, il a disparu. Oh, elle et sa satanée caboche ! Un instant, elle en est exaspérée. Mais n'est-ce pas, plus loin, un bout de bois sur le chemin ? S'en approche en courant, s'imagine mille choses. En faire un cerf-volant (et elle seule sait comment), le tailler en une jolie poupée, une baguette pour le riz, l'utiliser comme massue pour personnes inintéressantes, le croquer pour voir s'il a bon goût, ou encore le monter jusqu'en haut de la montagne, pour qu'il ait belle vue. Mais voilà, l'esprit papillonne, et attrape maintenant l'idée que plus lon, sur le chemin, elle rencontrera sans doute un homme, qui lui offrira un kaki. Asa aime les kakis. Donc elle poursuit sa route.
Point d'homme à l'horizon. Les kakis manquent. La route s'est rapprochée de la côte. Elle écoute les discussions des mouettes. Elle vous dira qu'elle sont très intéressantes, si vous le lui demandiez. En ajoutant que c'est un langage particulier qu'elle ne saisit pas. Mais ce qu'elles racontent est tout de même très intéressant. Ne cherchez pas.
Chemin qui débouche sur une petite crique. Vide, et pas très belle, grains de sable qui se faufilent entre les nombreuses roches. Mais quelques traces de pas ci et là dénotent d'une certaine fréquentation.
Et l'envie de kakis se fait plus pressante. Elle enlève ses sandales usées, avance vers l'eau. L'idée folle lui prend alors la caboche. Comment avoir des kakis ? Amener du monde. Comment amener des gens ? En faisant la morte, pardi !
Le jeu a l'air très amusant. Et puis, s'il l'ennuie, elle n'aura qu'à repartir.
Se jette donc à terre, à un endroit dépourvu de caillasse. Allongée, bras repliée sous elle, sable qui lui chatouille la joue.
Pas très loin, la mer.
Les mouettes se crient des mots d'amour.
Elle les écoute.
Plus très loin, la mer.
Les mouettes rient.
Elle ferme les yeux.
Petit à petit, la mer monte.
Les mouettes sont parties.
Et elle, profondément endormie.
Jouer la morte, c'est gagné. Et si on évitait de se tremper ?