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(Rp GRAAAAAND ouvert) A trois, bonjour les dégâts

Helenedid
Elle l’avait reçu l’après-midi même.
D’abord un œil méfiant posé sur le pigeon qu’elle n’espérait pas être un oiseau de malheur.
Le sceau de cire ne laissait aucun doute sur l’auteur du courrier. Elle reconnut immédiatement les deux initiales. Un A et un D entrelacés, savamment calligraphiés.

Puis l’excitation mêlée à une pointe d’appréhension. Des mois et des mois qu’elle l’attendait ce satané volatile. Et voilà maintenant qu’elle faisait sa mijorée et qu’elle n’osait pas l’ouvrir.

Du moins pas ici. Elle voulait du calme, de la solitude. Elle plia consciencieusement l’enveloppe et la glissa dans son corsage, avant de prendre la direction du petit gué. Un endroit qu’elle affectionnait particulièrement, et où elle était sûre de ne pas être dérangée.

Une fois là-bas, elle s’assit. Coup d’œil à droite, à gauche. Personne. Parfait !

Une grande inspiration au moment de décacheter le pli.
Des yeux avides qui parcourent les lignes manuscrites.
Un petit cri aigu qui s’échappe de sa gorge sur le mot tant espéré.

Hélène se relève, garde le précieux césame à la main et s’élance sur le chemin en sens inverse, direction la ville.
Elle ne pouvait pas garder cette nouvelle pour elle. Il lui fallait absolument la faire partager.

Le temps qu’elle regagnât la civilisation, elle faisait nuit noire. Et le vent s’était levé. Ultime réminiscence d’un hiver à peine terminé.

Au détour d’une ruelle, elle tomba nez à nez avec Léa, accompagnée d’Albérie.


Heyyyy ! Regarde ! Mais regarde donc !

Hélène agitait littéralement sous le nez des deux femmes le parchemin. Le vent soufflait si fort maintenant qu’elle faillit l’échapper. Elle le retint de justesse.


Ca y est ! Ca y est !
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Alberie
Alberie, qui, frustrée par son mariage un peu retardé, se gave toujours de dragées, manque d'en avaler une de travers...

- Arrrrrrrrrrghhhhhhhhhhhhhh... fais attention Hélène quoi... Tu veux assister à mon enterrement avant d'être à mes noces ? M'enfin !!! Tu me parais bien excitée... Que t'arrive-t-il ? Tu veux une dragée ?

Et hop, une dans la bouche d'Helène...
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Lea_
Elles s'en revenaient d'une réunion tisserande, tout en grignotant des dragées. Ce qui ne les empêchaient nullement de deviser.
Il en aurait fallu bien davantage pour couper le caquet des deux bavardes.
Elles se pressaient cependant au crépuscule de ce jour de soleil.
Léa, comme souvent leva le nez vers le ciel. A la recherche d'une étoile. Mais le ciel demeurait encore muet.

C'est alors qu'un ouragan en la personne d'Hélène s'interposa.
Au léger sursaut de surprise de Léa, Albérie, actuellement forcenée de la dragée ne perdit aucun temps pour en enfourner une dans la bouche en attente.
Léa regardait le parchemin s'agiter sous leurs yeux.
Le mystère de cette arrivée intempestive serait sans doute résolu à sa lecture.


Quoi? Que se passe t-il? Dis nous vite! On se meurt sous ce vent!

Clignant des yeux pour éviter la poussière soulevée par la bourrasque, une main en paravent devant ses lèvres. Léa attendait.

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Alberie
Lea a écrit:
Clignant des yeux pour éviter la poussière soulevée par la bourrasque, une main en paravent devant ses lèvres. Léa attendait...


...et Alberie enfournait les dragées dans son bec... l'anxiété sans doute !
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Lea_
Léa piaffe et piétine sur place.

Ouille!

Grains de sable sous la paupière.

Ca fait maaaaaaaaaal.
Je suis sûre que c'est une dragée d'Albérie qui s'est fichée dans mon oeil.

D'un doigt qu'elle agite vivement en tapant du pied, elle désigne le clignement incandescent de ses cils.

Et avisant l'impassible Albérie qui engouffre, elle tonne


Aidez- moi bon sang!

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Helenedid
*Gloups*

Et une dragée au fond du gosier, une !

Lène continuait à gesticuler, son parchemin toujours bien arrimé entre ses doigts. Elle sautillait presque, encore sous le coup de la nouvelle. Mais d'explications point encore. Ravie d'avoir rencontré quelqu'unes pour partager l'événement, elle plaqua le pli contre le mur le plus proche, bureau improvisé.


Attendez, attendez, je vais vous lire ça. Et vous allez pouvoir me dire que je ne fabule pas.

On n'y voyait goutte. Aussi de sa main laissée libre, elle fouilla à l'intérieur de sa besace et en ressortit un bout de chandelle qu'elle tendit à Léa.

Tu peux tenir ça s'te plait ? Je veux vous répéter la missive mot pour mot, que je me persuade de n'avoir rien inventé.

Elle dégota enfin au fond du sac son foisil*.

Cependant, le vent soufflant de plus belle, elle eut beau battre et rebattre le briquet, les maigres étincelles qu'elle arrivait difficilement à faire jaillir mourraient aussitôt. Son manège dura plusieurs bonnes minutes avant qu'elle ne se résigne.


Bon ! Je ne vais pas y arriver... Allons nous mettre à l'abri sinon c'est peine perdue...

*Foisil : briquet à silex dont on se servait au moyen-age pour faire du feu.

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Lea_
A tâtons, elle va au devant de la bougie.
La souffrance, la curiosité. Prise entre ces deux feux, Léa ne peut s'empêcher d'en discuter.


Oui, finalement on s'en fiche que j'ai une dragée dans l'oeil. On se fiche complètement que je devienne dans deux secondes trois quart complètement aveugle.
On se fiche complètement et absolument que je perde un oeil.
C'est du beau, c'est du bon, c'est du péremptoire!

Allons y gaiement, lisons... enfin, lis, moi évidemment, je tiens la bougie avant de laisser rouler mon oeil dans le sable.
Ce n'est pas Albérie qui va me contredire, vu que depuis tantôt deux heures elle se goinfre des fameuses dragées...

Ah! Phase deux. On change d'endroit? Pourquoi pas hein? J'essaie de conserver mon oeil jusque là-bas. Je ne suis pas contrariante...

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Helenedid
Une main au mur, l'autre qui tient le foisil et la troisième qui tend une chandelle... Voilà qui fait bien beaucoup pour une seule femme.

Au son de la voix de Léa, Lène tourne la tête. Elle avise alors son amie, bras tendus et oeil fermé, croit même discerner comme une petite larme qui dégringole sa joue.


Mais non ! On ne se fiche pas que t'ais une dragée dans l'oeil, la rassura-t-elle tout en se demandant comment elle avait bien pu faire son compte pour se fiche un bonbon sous la paupière. C'est plutôt conséquent une dragée quand même.

Et non tu ne vas pas devenir aveugle.
Tu devrais t'estimer heureuse... Certains ont bien des poutres dans l'oeil, et ça ne les dérange pas plus que ça.


Il faisait de plus en plus noir. Les faibles rayons de la lune encore montante ne suffisaient pas à éclairer la ruelle. Les habitants s'étaient calfeutrés chez eux, fermant volets de bois pour les plus pauvres, lourds rideaux de toile pour les plus riches. Nulle âme à part les leurs qui vive. Le vent tempétueux soulevait en tourbillon les rares feuilles mortes qui avaient résisté à la mauvaise saison.

Pressée d'aller s'abriter, Lène entreprit alors de voler à la rescousse de Léa. Sa lettre attendrait. Elle rangea tout son fourbis, le parchemin, le foisil, dans sa besace, sortit de la poche de sa houppelande un mouchoir de lin et l'approcha tout près du visage de la belle Catalane.


Ferme tes yeux. Et vois si tu peux les essuyer. Elle va bien finir par s'en aller cette dragée.
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Lea_
Les yeux fermés... Léa ne sait même plus si ses yeux sont fermés ou ouverts. Elle ne sait qu'écouter la douleur.

A peine soupçonne t-elle le geste du mouchoir tendu qu'elle se raidit.


Aaaaaaattention Lène, aattention, l'heure est grave... l'heure est trèèèèèèèèès grave. Aidez-moi plutôt à regagner l'abri le plus proche. A la lueur de cette chandelle, vous pourrez assister en direct à la chute de mon oeil... gauche. Celui que je préfère soit dit entre nous.
Mais bon... Un spectacle aussi rare ne se peut être galvaudé.
Songez que vous pourrez dire plus tard à vos petits enfants et même arrière petits enfants. Ce que, entre parenthèses, dans ma grande bonté, je vous souhaite ardemment. Vous pourrez dire, visage plissé et bouche sans dents.

Léa prend aussitôt une voix chevrotante.

"Le jour où la vicomtesse de Franchimont a perdu son oeil, j'étais là. Et bien là."

La gloire en somme... Elle n'est pas belle la vie? Je vous offre la gloire pour les décennies à venir. Amen.

Ce disant, elle entame une avancée prudente dans la nuit tombée.

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Helenedid
Pour quelqu'un qui souffre le martyre, tu as la langue plutôt bien pendue !

Lène réprima un sourire et n'en dit pas davantage, ne voulant pas subir les foudres verbales de son amie.

Allez venez !
Voyons si l'on peut trouver un peu d'eau pour nettoyer les yeux de Léa. On va la faire fondre la vilaine dragée...


Elle lui prit le bras et fit signe à Albérie de se saisir de l'autre. Puis avança fendant l'obscurité de la nuit.

Elles offraient un tableau pour le moins cocasse. A la maigre lueur de la bougie qu'elles avaient entre-temps réussi à allumer, le trio formait une masse chancelante, au pas peu assuré.

Pourvu que l'on ne croise personne, se dit la jeune Commingeoise. A coup sûr, il penserait que la Vicomtesse de Montesquiou est fin cuite, incapable de marcher droit et que deux personnes ne sont pas de trop pour la ramener. Erf, Lène s'imaginait déjà les racontars. Vous savez qui j'ai vu hier soir ? La vicomtesse ! Elle était pas belle à voir !
Manquerait plus que ça tiens !

Légère pression sur le bras de Léa, elle continuait de marcher.


Euh... Mais on va où comme ça ?
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Lea_
Remorquée par ses deux compagnes, Léa nota une certaine mauvaise volonté chez Albérie, obligée qu'elle était de ranger ses précieuses dragées. Bien que la fulgurante douleur se soit estompée, Léa n'en continuait pas moins à se complaire dans la situation. Il ne manquait plus qu'à croiser du monde pour que les mauvaises langues aillent bon train. A cette pensée, Léa laissa échapper quelques borborygmes révélateurs. Histoire d'alimenter les soirées au coin du feu.

Citation:
Pour quelqu'un qui souffre le martyre, tu as la langue plutôt bien pendue !


Moui... Le martyre... M'enfin que je sache les borgnes ne sont pas muets. Même s'ils souffrent... Et je souffre!

Porte à son front une main théâtrale,basculant son poids sur la jambe droite tout en laissant l'autre en extension, frôlant le sol de la pointe du pied. Puis ramène brusquement ses mains qu'elle joint et presse avec emphase contre sa poitrine.


Je souuuffre...


Citation:

Euh... Mais on va où comme ça ?


Hem! Droit devant! Les écuries comtales! A part que tu ne préfères la salle d'audiences...

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Helenedid
Lène se demandait bien ce qu'elle avait bien pu trafiquer pour mériter une vicomtesse pareille, dotée à n'en pas douter de sérieux talents d'actrice.

Raaaa là là... Elle sentait Léa appuyer contre elle, l'obligeant à courber l'échine chaque fois que leur poids portait à droite. Mais avance droit bon dieu de bon dieu ! A ce rythme là, le soleil se sera levé qu'on aura à peine avancé d'une demi-lieue.

Elle n'eut pas le temps d'émettre de nouveaux... euh... encouragements, que Léa semblait maintenant sur le point de défaillir. Une main sur le front, ses jambes semblaient se dérober. Lène accusa le coup. Seul le réflexe d'avoir mis genou à terre lui évita la chute.

Léa ? Ca va ?

Une pointe d'inquiétude qui perce dans sa voix, à laquelle répondirent des trémololos...

Je souuuuuuffre...

A savoir si c'était du lard ou du cochon, Lène se fit vite un avis sur la question. Elle se releva, tant bien que mal, tenant toujours fermement Léa par le coude.

Tu veux pas que je te charge dans une brouette non plus ?

Allez Madame de la Douillette ! Bouge !

Oui oui, je sais, ça fait mal...


Quoi que... c'aurait pu être une bonne idée... Pas de brouette à portée de main. Dommage...

Et de reprendre leur marche, cahin-caha.


Hem! Droit devant! Les écuries comtales! A part que tu ne préfères la salle d'audiences...

Euh... Je la sens moyen la salle d'audiences... Les écuries, ça ira très bien...


Péniblement, elles arrivèrent enfin face aux portes des écuries comtales. Encore un effort et elles y étaient presque...
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Alberie
Alberie est contrariée, très contrariée.. Oui il faut qu'elle remise ses dragées, et surtout qu'elle avale celles qu'elle vient d'engouffrer avant de parler... C'est à ce moment que Léa hurle comme une malade à dire à tout le monde qu'elle a une dragée dans l'œil !!! Non mais, une dragée dans l'œil... Courroucée par l'attaque à peine déguisée, elle prend le bras de Léa, elle aussi, ce qui fait ressembler Léa à une vulgaire cruche. Puis, elle glisse sous son menton le pochon qui contient les friandises, et répond à ces dames... la bouche pleine. A la guerre, comme à la guerre !...

- ch'est pô potibieu... vous 'e faites exchprès les fiiiiiiiiilles... Common vou'ez-vous que je fôche tout on bêbe demps... Leô... addencion ô lô bôrche... lô... Leôôôooooooooo...lô borche...

Trop tard ! Leô... non Léa se prend les pieds dans la fausse marche qui conduit aux écuries... et entraine dans sa chute, Alberie qui postillone, sous le choc, des brisures de dragées dans l'œil d'un cheval curieux... Mais pourquoi a-t-il baissé la tête c't'andouille... non... ce futur cervelas de viande de cheval ? L'animal fait un écart, bottant la jambe d'un de ses congénères qui en fait tout autant à son voisin... Bref... c'est un peu la panique dans les équidés... Alberie cherchant à se rattraper à n'importe quoi, trouve quelque chose qui pendouille sous le cheval, et s'accroche après... On fait ce qu'on peut avec ce que le Très-Haut met à notre disposition... C'est étrange, mais l'étalon n'a pas l'air d'apprécier outre mesure...
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Lea_
A nouveau sur pied, grâce à une roulade savamment chorégraphiée, Léa regarde Albérie. La stupéfaction pétrifie ses traits.

Lène, c'est magique, je n'ai plus mal du tout. Et j'y vois! J'y vois!
Je vois même Albérie en fâcheuse posture, il faudrait peut être l'aider?

Viiiiiiiiite! J'ai hâte que tu nous lises cette lettre!

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Helenedid
Tout s'était bousculé d'un coup, lui faisant perdre tout contrôle sur la situation. Entraînée malgré elle dans la chute, Hélène ne comprit tout d'abord pas comment elle avait bien pu se retrouver à terre. Elle repris cependant vite ses esprits et se releva prestement. Ni vue ni connue j't'embrouille, hop ! Elle se retrouva debout. Dommage, elle n'avait pas vu la roulade savamment chorégraphiée de Léa. Tant pis, ce serait pour une prochaine fois.

Lène, c'est magique, je n'ai plus mal du tout. Et j'y vois! J'y vois!


Hein quoi ? Sa chute lui avait fait sortir de l'idée la cécité temporaire de la vicomtesse. Ca lui revint vite. Ah parfait ! Une bonne chose de faite ! Elle est partie pour de bon la dragée ? Tu vois pas flou au moins ?

Je vois même Albérie en fâcheuse posture, il faudrait peut être l'aider?


Lène se retourna. Le spectacle valait le coup d'oeil, surprenant... et encore, le mot n'était pas assez fort. Comme quoi, un mariage qui traine en longueur, ça n'apporte jamais rien de bon.

Lène chuchota à Léa.
Euh... Ahem... Oui, effectivement. "Fâcheuse posture". C'est une manière élégante de le dire...

D'une voix plus forte. Euh... Albérie ? Comment dire ? ... Faut le lâcher le cheval maintenant... Elle n'y est pour rien la pauvre bête.

En attendant qu'Alberie les rejoigne, Hélène ressortit du fond de sa besace sa lettre. Elle la déplia et se rendit vite à l'évidence. Il faisait déjà sombre au dehors, c'était encore pire à l'intérieur. Les murs épais des écuries ne montraient aucune ouverture, ou alors si petites qu'elle n'arrivait même pas à les discerner. Encore plus minces que les meurtrières qui trouaient les tours du castel. Elle devinait à peine les silhouettes de ses deux complices, alors déchiffrer un texte... C'était tout bonnement impossible !

Mais au fait ? Où est donc passé la chandelle ?
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