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[RP] Dis, pourquoi tu boudes ?

Blanche_
Lentement, et presque sans respirer, elle posa une patte timide sur la surface douce qui lui faisait face. Cette grosse chose devait être enjambée. Il le fallait, si elle voulait retourner à sa maison.
Deuxième jambe. Le contact la surprend, et elle reste un moment en alerte, totalement immobile, à guetter le gros cheval qui se tient près d'elle, à savoir s'il va l'aider ou pas.

La veille au soir, Blanche a crié.

Peut être que je ne vais jamais revoir Maman. C'est ce qu'elle se dit, en grimpant le long de cette cote mouvante, à éviter vallée escarpée et crevasses infranchissable. Au passage d'un couloir venteux, une tornade menace de l'emporter. Mais toujours plus loin, elle avance. Pour le trouver, elle pourrait traverser des déserts brûlants, des blizzards fuyants, des arctiques glacés, et des jungle foisonnantes.

La veille au soir, Blanche a crié. Elle a crié parce qu'il croyait à une odieuse machination, et qu'il ne la croyait pas elle, elle qui pourtant aurait pu effacer ces accusations en quelques mots.

Elle se retourne souvent, sent le museau attentif et accusateur du cheval près d'elle. Il l'observe... Big Horse is watching to you !
Oh Doué, Oh Doué... Et si je meurs ? C'est pas rare, de mourir pour une histoire aussi absurde !
Alors elle court. De toute la force de ses jambes, muscles minimisés par sa petite taille et son désintérêt pour le sport. Haletante, muée par une angoisse acide qui ronge ses tripes, et le simple instinct de survie.

La veille au soir, Blanche a crié. Il ne l'a pas crue, mais il ne la croit jamais. C'était un soir comme les autres, en somme. Un soir de cris et d'insultes, où elle avait voulu crier plus fort, et décidé de fuguer. Aller quelque part, n'importe où, pour peu que ça soit loin de lui.
Mais Bordel, si elle avait si, elle aurait pas venu ! Ça fait peur de partout, les bois bretons. Y'a pas dix minutes, une grenouille a eu l'audace de croasser à moins de deux kilobinious, et elle a bien failli mourir de peur.
D'ailleurs, c'est quoi, ce bruit ?


Hiiii ! Cheval, protège moi !

Sa monture, très expressive, se contente de ruminer dans sa direction, puis replonge, museau en avant, pour arracher les quelques herbes qui trainent au bord du chemin.
Mains sur les hanches, se redressant d'un coup, sa maitresse ne semble pas apprécier.


CHEVAL ! Défends moi, ou zut ! Regaaarde ! Oh mon Dieuu regaaaarde !

Je vais mourir, je vais mourir, je vais mourir.
Le sol tremble, la lumière vascille. Thor se jouerait il de moi ? C'est sûr, le ciel est tombé sur ma tête.
Elle croit qu'elle va mourir ; du reste, elle est prête d'y passer. Si ce n'est son cœur qui lâche, ce sera son bras. Et projetée en l'air, accrochée comme par magie à son monde qui se retourne, elle n'a assurément pas un avenir radieux.
Papa, Maman, je vous aimais beauc...

Aaaaah ! Une four-mi ! Regaaaarde, cheval ! Une fourmi sur mon bras !

Qui me parle ? Le soool me parle ? Dieu, c'est Toi ? Je suis déjà morte ? Pitié, je ne veux pas mourir ! Je nettoie mes antennes tous les jours, j'aide la collectivité à nous débarrasser des nuisibles, j'ai les griffes propres...
Pitiiiiiiié !

Je vais l'écraser ! C'est tout simplement dégoutant !

Oh NON ! Aies pitié, Seigneur ! Tu es mon Adoré, Je t'aaaaaime !
Et elle s'incline respectueusement, en signe d'éternel abonnement.

Écrase là à ma place, plutôt ! Elle me fait peur, elle agite ses yeux globuleux et rouges d'un air mauvais. Elle va me jeter un sort. Me maudire.


De ses naseaux infernaux, l'animal envoie son souffle sadique sur la malheureuse innocente. Qui se cramponne de toutes ses forces à l'index qu'elle occupe.

Dieu, si tu existes, Sauve moiiii !

Et si je la gardais ? Ce serait ma fourmi à moi, je la baladerais, je nettoierais son pipi...

Oh non ! Déconne pas, je suis pressée !

Courant, jupons relevés, et fourmi au bout du doigt, elle fait marche arrière, prête à montrer sa découverte à son roudoudou.

Déplacé en gargote par mes soins, demandé si gentiment par la gentille LJD Blanche {K}

Oh, Vénérée Kyana! Je t'aiiiiime ! {Ljd}

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"Dans mon Monde à Moi, y'a tout plein de poneys, qui mangent des Arcs-en-Ciel et font des cacas Papillons !"
Cesario


*demat, mzelle,boude pas moi cesario

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--Le_sergent_bourgogne


- La r'trouver... l'en a d'bonnes le Leu. Bon sang... pourquoi je suis pas resté avec le vieux grincheux? Lui au moins me foutait la paix.

AAAAALTESSSSSSSE !

Foutre, avec ma guigne, elle se sera noyée, ou un ours l'aura boulottée."


A cette pensée qui lui rappelle par trop le Bouba du Gd Cirque Hydrique, Bourgogne étreint son bec de corbin. La hampe en est neuve, depuis que le Leu en eût brisé l'ancienne dans ce mauvais duel qui faillit le voir trépasser. L'arme sera bonne contre sanglier ou brigand. Contre une meute par contre....
Frisson.


- ALTESSE!!! Répondez, ou je m'en retourne!"

Tiens... un vagabond... qui semble aussi appeler la Belle Blonde... La trogne de Bourgogne se fige en une mine peu avenante.

- Hep maraud! Je cherche ... "discrétion mon vieux, discrétion " une jeune femme, ma nièce, richement mariée. Ne l'aurais tu point croisée? Elle a autant sa place ici que moi à l' Académie des Sciences... Tu ne peux pas l'avoir ratée.
Blanche_
[A 3 kilobinious de là, trio improbable]

Il fait vraiment sa mauvaise tête. Re-fu-se d'effectuer les petites acrobaties que je lui demande.
Fais un effort ! C'est pas compliqué !


Une roulade au sommet de ton majeur ? Laisse moi rire. Tu es énormes, tu sais. Une grosse dindes aux exigences bien loufoques. Moi, jamais je tournicote au bout de ton doigt, faut pas pousser.

Plus simple, peut être ? Donne pas la patte ! Donne pas la patte.
Oh, c'est une belle fourmi à sa Maman, ça.

T'as vu, Philibert ?! Il obéit ! Monsieur Fourmi est super doué !


Mon Dieu, Sauvez moi de cette psychopathe. Faites que je rentre sain et sauf dans notre vieille souche. Je donnerais tout pour revoir la civilisation !
Oh Doué ! Que fait elle avec ces proéminences roses ? Ces cinq doigts qu'elle approche de moi sans précautions...
Houston, nous avons un problème ! Je suis une fourmi ! HelloOo !

Oups. Je crois qu'il n'aime pas qu'on la caresse. Il est devenu toute plat, et toute mol.
Un point en commun avec Attila, ça.
C'est donc un solitaire. Un triste. Est ce qu'il a plusieurs dames, tu crois ?


Habitée par une immense réflexion, elle s'arrête, et s'assoit au bord du chemin. Rien ne presse.
D'ordinaire, elle se lève juste. Perpétuel rituel du matin, qu'elle espérait bouleverser un peu en se liant à lui. Qui ne l'a pas été, du reste. Un nouvel espoir perdu, entravé par les barreaux de sa prison dorée.


Quand est ce que ça a merdé, tu crois ?

La bête ne répond rien ; on dit que les animaux sentent le désarroi de leurs maitres. Le mammifère se contente de s'éloigner un peu, et de croquer des pissenlits sans aucune autre forme de procès. Et l'autre, au bout de la phalange pliée, oubliée sans doute, qui expire dans une goutte de crasse et de sang.

J'aurais dû épouser Sémias.

Retour à la case départ. Sans les 20 000, la Rue de la Paix lui semble bien morbide. Terne, sans apparat. Alors qu'elle reste la plus brillante de tous.
Eh oui ! Elle aurait dû épouser Sémias. retrouver les mêmes chaines chez lui, les mêmes obligations incessantes. Sourires figés, révérences protocolaires. On s'avance sous les regards, on rit, on parle, on mange, on danse, on pleure. Jamais sans que l'intérieur réponde à l'apparence par un écho parfait.


Ou rester dans mon couvent. Y sortir ne m'a apporté que des ennuis.

A commencer par Riwan ; s'il n'avait été là, tout aurait été plus facile. S'il n'avait été Brocéliande aussi, en fait.
Les mots se mélangent, se heurtent les uns aux autres dans un esprit bien trop étroit pour les en dégager. Fourbi de syllabes inutiles, de syntaxes confuses qui n'ont ni but ni sens.


J'ai mal à la tête. Je ne peux même plus réfléchir. Tout s'entremêle...


On appelle ça "penser". Dédéfection toi avec.

Eh Oh ! ça va un peu, le frustré. Écrase toi un peu, je réfléchis.

A quoi ? Tes petits problèmes ? Gnagnagna... Attilachou ne m'aaaaiiime paaas ! Redescends de ton nuage, chérie. C'est un mâle. Il n'aime que lui.

Et si tu grimpais sur le tien ?

Sur mon mâle ?

Sur ton nuage ! C'est sans doute l'agonie la plus lente que j'ai jamais vue.

Oui oui, je meurs. Deux minutes. Juste assez pour te dire quelque chose.
Pourquoi l'avoir épousé ?

Il me fait rire.

Tu es folle. On épouse un homme parce qu'on le respecte. Parce qu'on lui trouve des qualités admirables. Parce qu'il s'entend bien avec nos amants. A quoi songeais tu ?
Tu vois. Maintenant, tu pleures.

N'importe nawak. Je fais une allergie au pollen, ça me donne les yeux brillants.

Esquive... Tu sais faire autre chose d'autre ? Faire face, un peu ? affronter les problèmes autrement que par le rire ?

Elle se redresse soudain, figée par la déclaration précédente. Qu'elle semble avoir entendue, en métaphysique incroyable.
Puis elle hurle. Un long cri retenu depuis si longtemps, qui sort de ses tripes et emplit le chemin d'obscures échos.


Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
Les larmes montent, ne sortent pas. Bloquée à la naissance de ses paupières par une barrière invisible, mais infranchissable ; que le pistil, sans doute, lui permettra de braver.

JE LE DETEESTE ! Pourquoi toujours moi ? Et pourquoi pas lui ? Est ce que je hurle, moi ? Est ce que j'en fais un plat, de ses autres ?!

Heu... Oui ?

C'était une question rhétorique, bordel ! NAN ! C'est un égoïste !! Un pervers, sadique, profiteur, volage, et pervers !


Tu as dit deux fois pervers.

Je t'emm.erde ! Je hurle ce que je veux ! Je te hais, je le hais lui, je les hais tous !

Faites l'amour, pas la guer

TA GUEULE !

Elle s'arrête. Silence soudain, aucune bête ne se risquerait à signaler sa présence à un prédateur aussi machiavélique.
Dans les arbres, les oiseaux se sont tus.
Au bord du chemin, le cheval a redressé la tête, qu'il vient poser sans manière sur l'épaule princière.
Et au bout du doigt, une carapace écrasée qui rend un dernier soupir.


Au fait, je ne suis pas une fourmi. Les choses comme moi, ce sont des coccinelles.

L'hermine sourit. Souffle sur le reste d'insecte à son majeur, le laisse s'envoler parmi la brume de ce matin. Poussière, soleil, et tâche rouges mêlés.
A sa poitrine, ce sont tout plein de sentiments contradictoires qui tentent de gagner la première place. Haine. Amour. Jalousie. Trahison. Rancœur. Regret. Culpabilité.
Qu'est ce que tu as fait, la nuit dernière, cocote ?
Elle a une grosse écharde dans l'œil. Tellement grosse qu'elle ne l'avait encore pas remarquée. Persuadée que ce qui la faisait le haïr à ce point, c'était la haine elle-même.
Mais la jalousie a des fondements bien moins noirs.


On va rentrer.

Mains sur les rênes, les deux silhouettes s'avancent. Blondes, crinières et tignasse déliées. L'Âge et le droit de les exposer aux regards des autres.
Il a gagné.
Encore une fois.


Tu te fâches aussi, des fois ? Je le fais pour jouer. Mais il ne joue plus. Je n'aime pas cet air grave qu'il a. Cette fausse jalousie.
Je n'aime pas qu'il me parle constamment de mon ventre. De son immense vide ; est ce que je lui parle du remplissage de ses bijoux*, moi ?

Le matin se lève sans bruit au dessus des arbres ; au loin, le clocher de Tréguier qui annonce laude.
Au cœur de la blonde, les cloches sonnent un autre renouveau.

La coccinelle était maman.


[La fourmi, Blanche, narrateur]
[* censured]
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"Dans mon Monde à Moi, y'a tout plein de poneys, qui mangent des Arcs-en-Ciel et font des cacas Papillons !"
--Le_sergent_bourgogne


Le vagabond ne répond rien. Certes la trogne de chien de guerre sur le retour du Sergent n'est guère propice à engager affable conversation. Il a la longue balafre laissée par une masse angloise, la gueule cassée emprisonnée par une salade sur un haubert de cotte qui ne le quitte jamais. A tel point qu'on peut penser que sans cela son crâne tomberait en morceaux. Couturé, couperosé, injecté, imbibé, les épithètes volent dans les esprits de qui le rencontre avec la vivacité d'un nuages de moineaux.

Et pourtant on se tromperait sur le bonhomme.

La fusion avec son Vicomte en fait aussi son tuteur, son nettoyeur, souffre douleur, confident, mémorialiste, et peut être aussi un peu... sa conscience.

Ce qui l'amène ici, au milieu de nulle part, à la recherche d'un paradis perdu que le poète n'a pas encore imaginé mais qui, assurément, manquerait cruellement s'il venait à disparaître.


- ALTESSE! Ah foutre! vous voilà!

Pas de réponse de la jeune femme; perdue elle l'est encore pour le monde, elle qui passe sans le voir. Le reître engoncé la rejoint lourdement, prenant les rênes de sa monture.
- Z'êtes toute colère... je le vois bien. C'est que la colère, c'est comme qui dirait son élément naturel. Comme moi le mauvais vin ou la soldatesque. C'est la mare où l'on patauge.
Un regard absent glisse sur la stature embroignée du soldat. Ce dernier sourit hideusement.
- Une jolie damoiselle comme vous, c'est sûr qu'il sait y faire. Et j'en ai vu défiler vous savez... un sacré ... enfin bon...
Le regard se fait coutelas étincelant et pointe pile entre les deux sourcils broussailleux, se voulant mortifère carreau d'arbalète.
- Faut le comprendre. Je connais l'animal. Il est né avec l'idée que le monde lui appartenait. Il voit, il bâfre, rote à l'occasion, et passe à la suite. "La vie est un grand banquet Bourgogne!" qu'il dit. "Faut se mettre au centre de la ronde des plats". V'la l'bonhomme. Bon moi l'banquet je le vois pas tous les jours.
Les sourcils se froncent, tentant une union improbable face à la menace arbalètrière.
- V'la qu'vot'plat arrive. Tout beau et appétissant, un cygne et sa garniture de jolies choses. C'est bon le cygne, z'avez gouté? Ben... j'crois qu'il est en train de s'étrangler avec un p'tit os du cou. C'est l'ennui avec le cygne.. le cou j'veux dire. Plein de p'tits trucs qui passent facilement dans le mauvais conduit.
Les sourcils se baissent sur un cou nacré qui provoque un sourire de connaisseur. La métaphore est belle.
- Et le v'là qui s'époumonne et s'égosille, qui s'étouffe et bat des bras. Faut que ça sorte, ou que ça glisse. Y a urgence, Y a danger!
Le sergent poursuit son débit cahoteux et chaotique comme un torrent printanier. Blanche n'en a toujours pas pris la mesure, esquissant du bout des lèvres quelques syllabes muettes.
- VOus voulez l'avis du vieux briscard que je suis?
La question n'attend pas de réponse. Déjà il arme et vise.
Au centre.
Blanche_
"Il y a longtemps, vivait une Princesse en Bretagne, qui se nommait Gwenn.
Elle était jeune et belle, elle avait l'œil vif, malicieux, un sourire un peu moqueur, des mains fines, la grâce d'une danseuse, la nonchalance d'un chat, la vivacité d'une hirondelle. Le temps passait sur elle sans la toucher. Elle avait la jeunesse éternelle des forêts, et l'esprit d'un enfant.
Elle possédait la beauté ancienne de la reine de Grande Bretagne, de celle qui un jour avait porté un nom proche du sien. Elle avait des charmes, et ne les utilisait que pour le bien, mais parfois elle commettait des erreurs, car si elle n'était pas une humaine ordinaire, elle était humaine cependant.
Pour les femmes elle était l'amie, celle qui réconforte, qui partage la joie et la peine, et donne son aide sans mesurer. Et qui ne se trompe jamais.
Pour les hommes elle était le rêve. Ceux qui aimaient les cheveux blonds la rencontraient coiffée d'or et de soleil, et ceux qui préféraient la nuit croisaient ses yeux crépuscules. Ils n'étaient pas amoureux d'elle, ce n'était pas possible, elle était trop belle, inaccessible, elle était comme un ange. Seul Lui l'aima, pour son bonheur, pour son malheur peut être, pour leur bonheur ou leur malheur à tous les deux, nous ne pouvons pas savoir, nous ne sommes pas des enchanteurs.
Pour tous, elle était irremplaçable, celle qu'on voudrait ne jamais voir s'en aller, mais qui doit partir, un jour.
Quand elle s'endormit, elle laissa un regret qui n'a jamais guéri. Nous ne savons plus qui était celle qui passait du rire aux larmes avec la grâce du hérisson. Nous ne savons plus celle qui nous manque et que nous attendons sans cesse, mais nous savons bien qu'il y a une place vide dans notre cœur."
-Barjavel-

Le grand cheval bai sortit d'un fourré d'aubépines sans déranger la moindre fleur. Sa crinière était pareille à un chardon au coucher du soleil, et tandis qu'il traversait le chemin ses oreilles s'agitaient contre le vent.
Blanche aimait à se balader avec lui lorsqu'elle laissait sa colère l'envahir. Elle le regarda poser son museau brun au sol, et saisir de ses lèvres charnues un bouquet blanc.
Elle ne lui avait pas donné de nom. Philibert parfois, mais c'était toujours dans un éclat de rire, car Philibert n'est pas un prénom de cheval, et ne devait même pas être un prénom tout court. L'éphéméride entier n'aurait correspondu à la lueur qui se reflétait dans les pupilles sombres, les beaux jours, lorsqu'il prenait soudain l'allure d'un héros mythologique qu'on aurait emprisonné dans une carapace de chair et de poils.


Il vit à travers ses cils souples et longs, une jeune fille blonde répondre à un vieux soldat usé par le temps et les guerres. Il ne comprit pas tout ce qui se dit, il n'était qu'un cheval, mais il vit assez pour sentir le corps de la princesse se tendre soudain, comme pris pas unebrutale angoisse dont il faudrait la délivrer.
Le cou se serra, comme opprimé par une enclave invisible ; et les seins arrondis devinrent pointus sous la provocation du vent frais. A moins que seuls les mots n'en furent responsables.
Car l'autre avait parlé, et c'était en réponse à son assaut, à sa syntagme dénuée de toute engeance affable, qu'elle s'était révoltée, et avait attaqué avant que lui ne le fasse.
Protégeant sa cible d'un rempart de consonnes et de voyelles, de phrasés hurlés en blindage arrondi, elle avait esquivé son approche pour en tenter une.
Une nouvelle, jamais essayée, toujours admirée. Mais de loin, comme tout ce qui est beau et précieux, désiré sans être obtenu.
Elle avait fait sienne l'arme des lâches ; devenait courageuse, enfin.


- BIB !
- Hein, quoi ?
- Non, mais ça veut dire non, si on se décale à gauche. Bon, laissez tomber. Je veux pas connaitre votre avis, alors vot'gueule. Et à droite ou à gauche, ça veut dire Fermez la !


Elle sourit, reprend les rênes au voleur de fer. S'incline dans un éclat de rire. Et le cœur du cheval se tord en réponse à celui de la valkyrie, tort manifeste de celle qui sait qu'elle a été trop loin.

- Vous êtes trop aimable, Bourgogne. Épargnez vous cette dépense salivaire inutile, ma décision est déjà prise.


Les sabots frottent à nouveau la terre meuble. Bientôt la sécheresse viendra, quoiqu'elle ne vient jamais tout à fait, puisque l'horizon parfois clair de soleil se gorge de pluie fine. La femme et l'animal, Belle et Bête, blanche et bai, toison et crinière d'or lançant les mêmes reflets dorés à mesure qu'ils se jaugent et choisissent de partir.
Il s'avancent tous deux, dépassent une armure ébahie, gueule grande ouverte qui réclame explication.
Qui viendra dans un sourire.


- Bon, bah alors ? Vous venez, ou quoi ? J'ai un mariage sur le feu, moi !
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"Dans mon Monde à Moi, y'a tout plein de poneys, qui mangent des Arcs-en-Ciel et font des cacas Papillons !"
Azilliz
-Si t'aime pas monter à ch'val, tape dans tes mains ! *clap clap*
-Oh ça va Tudal, épargnez moi vos sarcasmes !
-Si t'aime pas monter à ch'vaaaaal, si t'aime pas monter à ch'vaaaaaaaaal si t'aime pas monter à ch'val tape dans tes mains ! *clap clap *
-Attendez qu'on arrive, il va vous en cuire !

La scène mérite qu'on la décrive. Tudal accompagne sa maitresse sur les routes bretonnes, juché sur un canasson banal mais qu'il monte non sans une certaine aisance et grâce. Derrière suis Azilliz qui tire les rênes de son superbe frison.
La Vicomtesse avait osé acquérir une bête superbe, de race, avec un caractère comparable au sien, pour une petite fortune...Mais elle se trouvait incapable de le monter.
Adoptée à 15 ans, elle n'avait jamais développé d'intérêt pour le monde équestre et se déplaçait toujours en litière ou en voiture. Ses rares ballades à cheval se faisaient au pas, voir au petit trot lorsqu'elle était d'humeur aventurière, et toujours sur des poneys.
Autant dire que monter un frison n'était pas encore dans ses cordes.
Aussi se trouvait elle bien sottement à pied, à trainer l'inaccessible et splendide monture, pendant que Tudal se gaussait de sa maitresse depuis bientôt trois lieues.


-Il étaiiiiiiiiiit t'une Vicomtesseuh ! Pirouetteuh, mignonetteuh !
-Tudaaaaaaaal !
-Il étaiiiiiiiiiiit t'une Vicomtesseuh, qui avait peuuuuuuuuuureuh des chevaux ! Qui avait peur ! reuh ! des ! chevaux !
-Si je vous rattrape, je vous mords !
-Haaalte !
-Comment ça halte ! C'est moi qui décide si on se halte ou pas ! On continue !
-Si vous voulez ma Dame, mais amie de votre Grasce droit devant.
-Bon sang, Blanche ! Mais que fait elle dans ce trou...? Tudal, met pied à terre et viens m'aider à monter !
-Vous craignez qu'elle trouve surprenant que vous arriviez à pied devant votre monture ?
-Pressez vous maraud, ensuite je vous couperais la langue.

Avec un sourire moqueur, Tudal lui fait la courte échelle pour la mettre en selle, avant de se remettre en route. Azilliz talonne touuuuut doucement le frison et hurle au petit convoi devant elle :

-Blaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaannnnnnnnche !
_________________
--_ankou_


Contraction de l'espace, du temps. Notions aussi abstraites qu'inutiles.
Elle l'a esquivé au théâtre. cela arrive parfois. Quand le passager a la vie chevillée au corps.
Un froncement du front parcheminé et il la voit de nouveau. Accompagnée du lourdaud qu'il se promet de soigner le moment venu.
Elle écoute et son éclat luit avec moins d'intensité.
Évidemment.
Comment pourrait il en être autrement?
Il glisse sans bruit jusqu'à sa Charrette macabre. Reprend son joug éternel et avance à leur rencontre, le craquement d'os étouffé par la mousse humide.

La conversation qui vient d'avoir lieu tombe à point nommé. A croire qu'il y a des instances supérieures pour l'aider dans sa tâche. la guerre n'en est qu'un symptôme. Pour autant qu'il sache, ses Maîtres ont toujours été le Temps et la Discorde.
Cette dernière semble à l'oeuvre, épaulée par Chagrin et Désespoir.


- Allons Blanche.

La voix sépulcrale ignore le gros sergent qui de toute façon reste bouche béante, dévoilant des petits bouts de mort sous forme de mauvaises dents branlantes comme des pierres tombales.

- Le Gras va te dire que le mieux est de te réveiller. Et en effet il est l'heure.

- Du tout! J'allais...

- Ton maître fait fi de l'Hermine. Il préfère la Mort. Il va y gouter, de loin. J'emmène l'Hermine.

- Moi vivant...

- Ça peut s'arranger. Je peux tout arranger. Plus de chagrin, de colère, de déception. Plus de douleurs dans le dos et les jambes pour toi sergent, ou de soucieuses nuits à te demander si ton Maître a décidé de forcer son destin au petit matin. Mais je la veux. C'est son heure.

- Tricheur!

- Oui
Blanche_
- Je pense à quelque chose... De brun.

Il la regarde de ses grands yeux ébahis, hagards peut être, et rumine trois brins d'herbes et le temps qu'elle lui fait perdre, à avancer sur ce chemin sale sans grimper sur son dos.
L'échine courbée, encolure fière dirigée vers elle, il attend qu'elle finisse, qu'elle achève de lui déblatérer ce nouveau jeu sans aucun sens, qu'elle retrouve le sourire satisfait de celle qui dirige toujours aussi bien son monde, et que sa main bienheureuse gagne la vallée entre ses oreilles, pour plonger les doigts dans une toison d'or et de crins.


- Je pense à quelque chose de brun, et de... bruyant.
- Blaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaanche !


Toute entière à son divertissement, la poupée ne se trouble pas un instant ; rien ne peut entraver son bonheur. Ni cris, ni rires, ni pleurs ; quoique furie brune puisse poser, dans un futur proche, un problème auditif à importance certaine.

- Mon quelque chose est noble. Concentre toi, cheval. Je ne te sens pas au maximum de tes possibilités.

Un soufflement mécontent sort des fentes tièdes avec une violente peu coutumière. Le sabot racle le sol, soulève poussière et lichen qui rejoignent les souliers purs de la Friga ensorceleuse. Elle se pavane un peu, brode de rires ses mots et envoute son auditoire. Alors la bête honteuse rabat panache et fierté, et capitule en donnant coup de museau coupable à ses tempes.
Il dit qu'il a compris, qu'il ne le fera plus ; qu'il l'aime toujours, qu'il l'aime encore, que jamais rien ne changera, et que c'est comme ça parce qu'elle aussi, elle l'aime.
Mais tout ça n'a pas d'intérêt, puisque c'est un cheval.


- Tu trouves ? Cette chose brune, noble, bruyante, molle, est une grosse potentielle.

- Une vache anorexique ?

Azilliz arrive, et légèrement à l'écart du vieux sergent, un nouveau groupe se forme. Sans prêter attention à leurs témoins silencieux, à celui qui vient la chercher elle, mais qui déjà attend qu'elle lui accorde attention.
Doigt en l'air dirigé face à Azilliz, une "pause" obligée, imprévue et impolie, mais elle est tellement ça, la môme ; oui, tellement imprévue, sulfureuse et bravant les règles, qu'elle symbolise presque sa vie entière dans cette phalange éclose vers le ciel.


- Je suis à toi dans une minute. Réfléchis, cheval ! Une chose brune ! Montfort ! Vi-com-tesse.
Je pense à quelque chose que je vois, devine qu'est ce que c'est !

- Un épouvantail ?
- Presque. Cette chose est presque unie à un rustre, mâle aimé (copyright déposé), puant et impoli.
- Killdragon ?
- Presque. Je t'accorde un demi point, dans le doute.

L'autre attend. Il attendra. Mais un homme pareil, qui survole la bienséance en pensant intégrer un petit groupe sans se présenter ne mérite pas son attention.
Mais si elle ressent pour lui quelque chose de pas Aristotélicien. Qui fait se hérisser ses poils dans sa direction, aimantés par l'imposante prestance. Un mot de lui, et elle fond. Mais ce qu'elle prend pour un désir inavouable envers Attila ressemble ici plus à de la simple frousse.


- Il veut quoi, le clown en guenilles ? Oust ! Hors de ma vue. J'ai déjà donné pour vous aux sœurs d'Augustine. Ma bonté a des limites.
Dégagez !


A azilliz, toujours haute perchée.
- Sans mentir, ma Reyne. Si votre ramage, se rapporte à votre plumage, bordel vous êtes carrément mal fringuée ce matin.
Zézette, c'est quoi ce cri à me glacer les sangs ? Le brâme, c'est plein de petits cris perçants. Comme un orgasme en avance, tu vois ?


Non, elle ne peut pas voir. Lemerco ne peut pas avoir atteint de telles prouesses en une seule nuit. L'alcool ne fait pas tout.
- Enfin bref. Si tu comptes attirer des hommes en beuglant ainsi, ça ne marchera jamais.
Tu connais la technique du Tomber-Relever ?


Elle rejoint ses deux mains dans un geste sensuel, interprète un nouveau rôle en quittant le précédant. Puis, d'une caresse innocente, elle ôte à son bras la prison de soie qui l'entrave, et fait tomber au sol un gant dans une chute silencieuse.
- Oh !
Faussement étonnée, elle penche légèrement en avant, plie genoux juste ce qu'il faut pour que le regard candide de la vicomtesse gagne la gorge généreuse. Et se redresse, enfin, sourire aux lèvres et cheveux au vent.
La poitrine a su faire taire les uns et les autres ; preuve est faite qu'il existe moyen de tirer le gros gibier.


- Tu vois ? Tu pourrais avoir qui tu veux, avec ça. Tu peux t'arranger aussi pour presser parfois, lorsque tu parais à un banquet quelconque, ta cuisse contre celle du voisin. Toujours sans le faire exprès.
Mais bon... je crois savoir que ta cuisse, tu la presseras bientôt contre une autre, poilue et peu convenable.
Comme je te plains !

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"Dans mon Monde à Moi, y'a tout plein de poneys, qui mangent des Arcs-en-Ciel et font des cacas Papillons !"
Azilliz
Azilliz avait suivit des yeux la technique du "tomber relever" ou plutôt le manège de la blondasse, qui avait toujours une lieue d'avance sur elle pour les choses du charme.

-Ben oui, mais pourquoi faire ?

Mesdames et messieurs soyez les bienvenus dans les secrets de la psychologie Azillizienne. Sur votre droite, la partie "religion" de son cerveau, sur la gauche, la partie "séduction". Vous remarquerez sans peine aucune, que la partie gauche souffre d'un léger complexe d'infériorité par rapport à la droite...voire qu'elle est carrément atrophiée.
Chez les personnes dont la partie "séduction" est développée, le charme opère naturellement, relève du plaisir, et d'une occupation.
Chez Azilliz, c'est un effort, une corvée, qui est de plus parfaitement inutile.
Aussi, c'est sans vraiment comprendre qu'elle regarde Blanche se contorsionner gracieusement pour rattraper ce gant, faisant intervenir on ne sait trop comment sa poitrine dans l'histoire, quand normalement celle ci n'a que peu de chose à voir avec le ramassé du farceur tombé.


Mais bon... je crois savoir que ta cuisse, tu la presseras bientôt contre une autre, poilue et peu convenable.
Comme je te plains !


Un frisson lui parcourt l'échine. Bon sang c'est vrai que ça approche...

-Tu crois que si je me jette d'une falaise ils me trouveront quand même et me trainerons à ce mariage ? Ou si je partais vivre dans les bois...

En parlant elle avait balayé le paysage du regard, comme si elle s'attendait à trouver une petite cachette de fougères pour s'écrier "là ! Ca conviendra parfaitement, je m'installe ! "

-Elle est rigolote ta technique, mais je ne vois pas l'intérêt de séduire mon...fiancé. Je ne veux pas qu'il remarque, j'aimerais plutôt l'inverse. Tu imagines quel bonheur ce serait si personne n'avait remarqué où est passée la future épousée ?
Ah ça, c'est une idée ! Apprends moi à me faire oublier !
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