.lilith.
Est-ce qu'il l'écoutait, seulement? La fille de joie eut un doute lorsque, son regard toujours plongé dans celui du Maitres des hautes ouvres, elle remarqua sa pupille qui s'élargissait... est-ce qu'il rougissait? Elle n'eut pas l'opportunité d'analyser plus avant les réactions du bourreau, de se rendre compte qu'elle l'émouvait... parce que sa réponse la laissa hébétée...
Elle n'avait saisi que deux éléments... "Le malin était son maître" et "Il est à la fin de ses jours"... Et elle en restait littéralement sonnée. Lui aurait-il collé un coup de poing dans le ventre que les sensations auraient été les mêmes... Elle resta un moment sans réaction, tournant et retournant dans sa tête ces deux faits...
Des faits? Bien sûr que non! Massaï n'avait ni Dieu, ni Maître! Le seul qu'il avait eu dans sa vie, c'était celui qui l'avait réduit à l'esclavage alors qu'il était enfant, et qui était responsable de ce que Massaï était devenu... Il ne comptait que sur lui même, aucune divinité, bonne ou mauvaise n'aurait pu trouver grâce à ses yeux, et c'était là la seule hérésie dont son patron pouvait être accusé. Et encore! Elle était persuadée qu'un jour, il finirait par ouvrir les yeux, elle priait souvent pour lui. Et si on devait cramer tous ceux qui n'avaient pas encore rencontré le Seigneur, il y aurait des bûchers à tous les coins de rue! Alors comment était-ce possible qu'il ait avoué des choses aussi monstrueuses?
Tout à coup, elle songea à son parrain, Monseigneur Kad... pourrait-il faire quelque chose, si elle témoignait en faveur de son patron?
Elle restait lucide, cependant. Massaï n'était pas un saint, elle avait été témoin, si pas complice, de certains forfaits. Mais le prix était...
"Il est à la fin de ses jours"...
La phrase résonnait encore dans son esprit sous le choc lorsqu'il lui tendit un sac, entendant à peine la suite du "programme"... Elle le saisit machinalement, sa main tremblait, son regard était perdu, empli d'une émotion qui la submergeait et la laissait comme anesthésiée. Un coup d'oeil à son contenu la glaça d'horreur... Elle aurait reconnu entre mille la tignasse noire... Qu'est ce que cet homme lui avait fait?!
Brusquement, des souvenirs revinrent à sa mémoire... elle aussi avait autrefois avoué quelque chose dont elle n'était pas coupable, dans une prison à l'atmosphère sombre et humide... elle se souvint du froid glacial qui y régnait malgré le soleil du Sud qui brûlait hommes et terres... elle se souvint de l'haleine de ses bourreaux qui lui intimaient l'ordre d'avouer en cherchant soi-disant des preuves sur son corps... Elle se souvint de leurs rires alors que finalement, ils la rendirent coupable... Cette nuit avait scellé son destin. Elle avait failli sombrer dans la démence la plus profonde, mais sa Foi l'avait sauvée. Pas de tout, mais de la folie. Et de jeune fille de la haute noblesse, riche et courtisée, elle devint cette catin que les femmes maudissent et les hommes méprisent...
Les cheveux de Massaï au fond de ce sac... l'imaginer entre les mains de ce bourreau et se souvenir... Ce fut le déclic...
Ses immenses yeux sombres se réveillèrent et passèrent en un instant de ce mélange d'accablement, d'humilité et d'angoisse à une haine qui n'avait d'égale que la souffrance qu'elle ressentait. Elle ne laisserait pas "ça" se produire!
Elle n'était certes pas femme d'action, hormis au creux des alcôves d'un bordel ou dans une chambre louée à l'heure, mais elle se découvrit une force surhumaine nourrie par la rage et le désespoir lorsqu'elle balança aux deux gardes son panier de victuailles pour les destabiliser. Elle se saisit du rouleau que le bourreau venait de remettre au garde en hurlant :
- JAMAIS! Vous m'entendez?! Je ne partirai pas, je veux le voir! Il n'y aura aucune exécution!!!
Et avant que les gardes aient pu revenir de leur surprise, elle les bouscula, tenant le rouleau dans une main, le sac de toile de l'autre. Elle passa leur barage et se mit à courir vers les entrailles de la prison à la recherche de son patron.
- Massaï! Je suis là! Réponds-moi! MASSAÏ!!!
Le geste était si pas suicidaire, au moins désespéré... A quoi s'attendait-elle, à courir dans le dédale des geôles en l'appelant, regardant au passage dans les cellules si elle n'y reconnaissait pas le brigand. Au détour d'un couloir, alors qu'elle entendait qu'on la poursuivait, elle vit un brasero dont les braises encore rouge chauffaient un fer probablement destiné à marquer les condamnés. Elle y jeta le rouleau qui commença à se consumer. Regard oscillant entre triomphe et folie à l'endroit de ses poursuivants. Elle reprit sa course effrennée, appelant toujours Massaï dans l'espoir d'une réponse...
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Elle n'avait saisi que deux éléments... "Le malin était son maître" et "Il est à la fin de ses jours"... Et elle en restait littéralement sonnée. Lui aurait-il collé un coup de poing dans le ventre que les sensations auraient été les mêmes... Elle resta un moment sans réaction, tournant et retournant dans sa tête ces deux faits...
Des faits? Bien sûr que non! Massaï n'avait ni Dieu, ni Maître! Le seul qu'il avait eu dans sa vie, c'était celui qui l'avait réduit à l'esclavage alors qu'il était enfant, et qui était responsable de ce que Massaï était devenu... Il ne comptait que sur lui même, aucune divinité, bonne ou mauvaise n'aurait pu trouver grâce à ses yeux, et c'était là la seule hérésie dont son patron pouvait être accusé. Et encore! Elle était persuadée qu'un jour, il finirait par ouvrir les yeux, elle priait souvent pour lui. Et si on devait cramer tous ceux qui n'avaient pas encore rencontré le Seigneur, il y aurait des bûchers à tous les coins de rue! Alors comment était-ce possible qu'il ait avoué des choses aussi monstrueuses?
Tout à coup, elle songea à son parrain, Monseigneur Kad... pourrait-il faire quelque chose, si elle témoignait en faveur de son patron?
Elle restait lucide, cependant. Massaï n'était pas un saint, elle avait été témoin, si pas complice, de certains forfaits. Mais le prix était...
"Il est à la fin de ses jours"...
La phrase résonnait encore dans son esprit sous le choc lorsqu'il lui tendit un sac, entendant à peine la suite du "programme"... Elle le saisit machinalement, sa main tremblait, son regard était perdu, empli d'une émotion qui la submergeait et la laissait comme anesthésiée. Un coup d'oeil à son contenu la glaça d'horreur... Elle aurait reconnu entre mille la tignasse noire... Qu'est ce que cet homme lui avait fait?!
Brusquement, des souvenirs revinrent à sa mémoire... elle aussi avait autrefois avoué quelque chose dont elle n'était pas coupable, dans une prison à l'atmosphère sombre et humide... elle se souvint du froid glacial qui y régnait malgré le soleil du Sud qui brûlait hommes et terres... elle se souvint de l'haleine de ses bourreaux qui lui intimaient l'ordre d'avouer en cherchant soi-disant des preuves sur son corps... Elle se souvint de leurs rires alors que finalement, ils la rendirent coupable... Cette nuit avait scellé son destin. Elle avait failli sombrer dans la démence la plus profonde, mais sa Foi l'avait sauvée. Pas de tout, mais de la folie. Et de jeune fille de la haute noblesse, riche et courtisée, elle devint cette catin que les femmes maudissent et les hommes méprisent...
Les cheveux de Massaï au fond de ce sac... l'imaginer entre les mains de ce bourreau et se souvenir... Ce fut le déclic...
Ses immenses yeux sombres se réveillèrent et passèrent en un instant de ce mélange d'accablement, d'humilité et d'angoisse à une haine qui n'avait d'égale que la souffrance qu'elle ressentait. Elle ne laisserait pas "ça" se produire!
Elle n'était certes pas femme d'action, hormis au creux des alcôves d'un bordel ou dans une chambre louée à l'heure, mais elle se découvrit une force surhumaine nourrie par la rage et le désespoir lorsqu'elle balança aux deux gardes son panier de victuailles pour les destabiliser. Elle se saisit du rouleau que le bourreau venait de remettre au garde en hurlant :
- JAMAIS! Vous m'entendez?! Je ne partirai pas, je veux le voir! Il n'y aura aucune exécution!!!
Et avant que les gardes aient pu revenir de leur surprise, elle les bouscula, tenant le rouleau dans une main, le sac de toile de l'autre. Elle passa leur barage et se mit à courir vers les entrailles de la prison à la recherche de son patron.
- Massaï! Je suis là! Réponds-moi! MASSAÏ!!!
Le geste était si pas suicidaire, au moins désespéré... A quoi s'attendait-elle, à courir dans le dédale des geôles en l'appelant, regardant au passage dans les cellules si elle n'y reconnaissait pas le brigand. Au détour d'un couloir, alors qu'elle entendait qu'on la poursuivait, elle vit un brasero dont les braises encore rouge chauffaient un fer probablement destiné à marquer les condamnés. Elle y jeta le rouleau qui commença à se consumer. Regard oscillant entre triomphe et folie à l'endroit de ses poursuivants. Elle reprit sa course effrennée, appelant toujours Massaï dans l'espoir d'une réponse...
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