--Ammalinde
L'Amma, elle n'était pas belle. Son corps était difforme, sa voix rocailleuse. Mais son coeur était plein d'amour et débordait jusque dans son regard. Elle avait en cet instant précis autant pitié de la blessée que de celle qui recousait ces peaux déchirées. La pauvre Herboriste semblait ne plus tenir debout que par le simple souhait d'aider cette miraculée, encore vivante après l'acharnement de... De qui ? D'une bande de mécréant ? L'Amma ne savait mesme pas comment la petiote s'était retrouvé dans cet état. C'était pitoyable. Laminer ainsi une toute jeune fille ans défense. Il ne fallait vraiment pas avoir de morale.
Quelques points de suture supplémentaire. A espérer que cela serve à quelque chose...
Et enfin, cela se termine. La médecin semble avoir fait tout son possible. La poupée de chiffon est livrée à elle mesme.
- "Je vais rester près d'elle mais il faudrait vraiment la déplacer vers un endroit plus confortable...Elle doit se reposer...Dormir...Et il faut la forcer à manger et à boire..Et surtout qu'elle ne prend pas de la fièvre."
La tenancière hocha la teste.
- J'vais la porter vers ma paillasse. Par contre, il va me falloir passer l'échelle... Donc veille bien à c'qu'elle reste accrochée à moi.
Et sans perdre une seconde, Ammalinde et sa force un peu étrange s'empare d'Aeria. Elle positionne la petite sur ses épaules, le moyen le plus certain pour ne pas la laisser tomber.
Une grimace, et la boiteuse fait quelques pas vers l'échelle. En fait, la blessée n'est pas plus lourde qu'un sac de grain. Elle n'a pas grand chose sur les os, la mignonne. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, l'Amma a grimper l'échelle avec Aeria sur le dos et pose la blessée sur sa propre paillasse.
L'étage était sombre et poussiéreux. C'était un endroit peu utilisé, cela se voyait. Une odeur de renfermé venait appuyer le fait qu'aucune fenestre ne donnait sur l'extérieur. Aussi, personne ne remarqua que le soleil venait de pointer son nez pour offrir aux regard un crépuscule rouge sang.
- Je vais t'monter du bouillon, et d'l'eau fraiche. Si elle a d'la fièvre, il faudra lui mettre des linge trempés sur l'corps.
Un petit sourire. Cette fois, c'était à son tour de prendre en charge le duo. L'Herboriste allait bientost s'effondrer de sommeil, c'était certain.
- Couche toi près d'la petite, et dors un peu. Dès qu'elle bougera ou parlera, tu l'entendra et pourras réagir rapid'ment.
Elle redescendit donc l'échelle branlante pour aller récupérer le bouillon mit à chauffer plus tot et un broc d'eau. Le tout fut amener à l'étage. Enfin, elle ajouta :
- J'crois qu't'as raison. je vais aller à la cure voir si un curé ou un diacre serait dans le coin, et je vais le ramener le plus rapid'ment possible. la pauvre, faudrait pas en plus qu'elle meurt démunie...
Un soupire désolé.
- Allez, j'y vais.
Et, clopin clopant, elle s'en alla vers la demeure des hommes de Dieu.
[A la cure]
Serrant son chasle autour d'elle, les mains crispées par une arthrite naissante, L'Ammalinde arriva là où logeait les serviteurs du Seigneur. Ce dernier se trouvait non loin de l'église, au centre du village.
Le petit jour baignait la place d'une lumière tranchante.
Elle frappa trois coups à la porte en bois.