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Petit RP sans prétention, entre deux enfants de noble extraction.

[RP epistolaire] Fleur Printanière vs Briseur d'Armures

Eilinn_melani
[En Languedoc, quelques jours après le 1 mars 1458]

Cessez de tousser Eilinn, sinon je ne pourrai jamais terminer vos soins.

La fillette réussit à marmonner entre deux quintes violentes un :

J'fais ce que je peux Narcisse !

La gouvernante de la jeune Eilinn Melani réussit alors à appliquer dans le dos de la fillette le cataplasme aux graines de moutarde, destiné à nettoyer la poitrine de l'enfant. Et ce faisant, enjoignit Eilinn à rester tranquille, surtout si elle voulait à nouveau combattre le mal qui rongeait sa poitrine. Grognements bougons enfantins lui furent répondus.

Voulez vous que je vous raconte un conte pendant le temps du soin ?

Non merci ma bonne Narcisse.

Et la fillette de 12 ans de ronger son frein, en se disant que ce bref retour dans les terres du Nord n'avait pas amélioré sa santé. Heureusement quelques points positifs contrebalançaient les désagréments médicaux subis. Elle avait ainsi fait des rencontres d'enfants de son âge, pour son grand plaisir, et se prit à rêvasser à une occasion de les revoir.
La rêverie dura, dura, avant que l'enfant ne redescende sur terre.


Narcisse, ça brûûûûle !!!

La gouvernante ôta alors le cataplasme, découvrant la peau du dos devenue rouge écrevisse, avant de le recouvrir d'un tissu doux, et priant pour que la fillette reste encore un peu tranquille.

Mais allez rester allongé pendant de trop loooooooooongues minutes, alors que l'envie de faire autre chose vous démange. Surtout quand vous avez douze ans.
Les minutes s'égrenèrent, et enfin, estimant qu'elle avait bien assez patienté, Eilinn se releva, enfilant une chainse, et s'écriant :


Narcisse, mon nécessaire d'écriture !

Elle qui n'osait jamais, elle allait le faire.
Citation:

A Eoghan de Dongenan-Dénéré,

J'espère que cette missive vous trouvera en bonne santé dans les lointaines terres du Domaine Royal.
Les évènements précipités suite à notre excursion dans les cuisines de Saint Omer ont fait que je ne vous ai pas présenté mes excuses pour les ennuis que je vous ai causé ce jour là.
J'espère que dans votre bonté et compassion, vous me pardonnerez donc tout cela.
Pourrais-je espérer vous revoir un jour à Saint Omer, ou bien Paris peut-être ?

Mes amitiés.

Eilinn Melani


Simple, court, efficace. Enfin efficace, ça c'était pas encore gagné.
_________________
Eoghan
    [En Alençon, au mois de mars, dans le manoir familial, deux-trois jours après l'envoie de la missive d'Eilinn]


Et voilà, d'ici quelques jours il serait au Conseil de l'Alençon, alors qu'il n'avait que 13 ans. Cela l'inquiétait plus qu'autre chose pour le moment, bien qu'il réalisait l'honneur que lui faisait sa préceptrice de lui faire déjà autant confiance.

Eoghan avait d'ailleurs du mal à comprendre comment il avait pu devenir le protégé d'une si éminente Dame, impressionnante en tout point, douée pour tout, d'une classe et d'une force incroyable... Bref, une femme presque aussi forte que sa maman quoi !

Un sourire triste s'esquissa sur son visage. Sa famille lui manquait beaucoup, même si dans sa grande timidité, il n'osait nouer le contacte avec eux de si loin, de peur qu'ils l'aient oublié ou ne l'aiment plus. Il est dur d'être séparé de sa bretonne de famille à son âge.
Un domestique lui apporta une missive qu'il avait reçu apparemment. Froncement de sourcils. Qui pouvait bien lui écrire ? Une moue d'espérance naquit. Sa famille peut-être justement ?

Il se dépêcha de décacheter et de dérouler le vélin. Hmpf. Vu la faute dans le nom, ça ne pouvait pas être quelqu'un de sa famille. Aussitôt, la déception fit son apparition et il manqua de jeter le parchemin dehors sans s'en préoccuper plus.
Puis finalement curieux, il continua sa lecture.

Petit à petit, l'intérêt naquit à nouveau, et un bref sourire marqua le visage du blondinet aux yeux aussi verts que la forêt de Broceliande. Sans attendre une seconde de plus, il s'empara de tout ce qu'il lui fallait pour écrire.


Citation:
    À Eilinn Melani ;

    Salutations !



      C'est avec une joie certaine que d'avoir lu votre missive que je puis vous affirmer que ma santé est pour l'instant, tout à fait excellente. J'espère que la vôtre s'en porte mieux que la dernière, et unique fois, que nous nous sommes vus.
      Pour les évènements à Sainct Omer, je crois pouvoir dire que c'est autant ma faute que la vôtre, alors, je ne pense pas que vous me deviez des excuses, toutes aussi sincères soient-elles.

      J'espère bien que l'on pourra se revoir prochainement, à Paris, Sainct Omer ou même ailleurs. J'ai réellement envie de faire plus ample connaissance avec vous, car je dois l'avouer, je n'ai peu, voir pas d'amis... Quoi que je doute que l'on puisse se voir pour les deux prochains mois, vu que l'Alençon monopolisera mon temps.
      Cependant, j'espère au moins que je pourrais échanger des missives avec vous... Enfin voilà.

      Alors, en restant dans cet optique, je vais oser vous mander quelles sont vos occupations par le Sud où vous vous trouvez. En tout cas, moi, j'aimerai pas être dans le Sud, doit y faire très chaud, non ?


    Respectueusement,

    Eoghan de Dénéré-Dongenan.


Bon, lettre cachetée, envoyée ! En y repensant, il trouvait pas ça terrible, le blondinet, mais bon faut dire qu'il était pas habitué à écrire des lettres comme ça.
Il avait juste un espoir : qu'elle lui réponde.

_________________
Eilinn_melani
[Quelques jours plus tard]

La jeune demoiselle Melani venait de passer quelques jours à Montpellier, pour avoir un entretien fort fructueux avec la Vicomtesse de Cauvisson. Les malles étaient déchargées du carrosse, et tandis que Narcisse prenait les devants pour tout ranger, quelques missives furent apportées. Sa mère, et oh ! une réponse d'Alençon !

Sans attendre, elle décacheta la missive, avant de s'affaler sur son lit pour lire la correspondance, un grand sourire rêveur aux lèvres. La politique, sa mère lui en avait fait une peinture fort peu flatteuse, et elle s'interrogea sur ce qui poussait Eoghan à intégrer un conseil ducal, même sous la houlette de la comtesse de Lille.

Elle se donna le temps de la réflexion pour la réponse, il voulait être son ami, il ne fallait ainsi pas le décevoir, donner l'impression d'être une oiselle sans cervelle au babillage ennuyeux. Surtout qu'il était plus âgé qu'elle, nul doute que les conversations adultes lui étaient plus agréables.

Ainsi au soir, à la lumière d'une chandelle grésillante, elle répondit.


Citation:
A Eoghan de Dénéré-Dongenan,

Je vous remercie pour votre compréhension suite à l'histoire des gateaux artésiens.

Vous me voyez bien intriguée à l'annonce de votre entrée dans un conseil ducal. La comtesse de Lille est-elle aussi bonne politicienne que ma mère me l'a dit ? N'est-ce pas trop de responsabilités ?
Ma mère m'a toujours décrit le monde politique de façon très négative, semblant effrayée à l'idée que je veuille y entrer.

Le temps du Languedoc est très doux en cette fin du mois de mars, le soleil brille déjà haut dans le ciel, et j'aime à sentir les odeurs marines de la Meditterannée. Je vis en Languedoc parce que l'humidité et le temps maussade du domaine Royal me provoque moultes fluxions de poitrine. Les médecins de Paris ont donc conseillé une convalescence dans des terres plus accueillantes, et peut-être pourrais-je revenir vivre dans les terres familiales d'ici quelques mois.

Pour m'occuper et m'intégrer en Languedoc, je suis devenue la dame de compagnie de Jehanne Elissa de Volpilhat, Vicomtesse de Cauvisson. Elle n'est guère plus âgée que moi, et nous nous entendons pour l'instant fort bien. Je souhaite aussi intégrer le séminaire de l'Église Aristotélicienne, dès que mon baptême aura été fait à Saint Omer.

Eoghan, avez-vous déjà vu l'Océan ? Est-il aussi aussi tempétueux et indomptable qu'on le dit ?

Mes amitiés,

Eilinn Melani.

_________________
Eoghan
    [Quelques jour plus tard aussi, le soir]

Et voilà. L'entrée en plein dans la politique venait d'arriver. Quelle étrange sensation. Commissaire aux Mines et Percepteur Ducal qu'il était. Mouarf. Les choses que personne voulait faire mais que lui avait envie de faire, bien entendu.
Méfiance parce qu'il était Breton et Dénéré, perplexité parce qu'il était bien jeune. Tout cela n'allait pas être chose facile, mais heureusement la Comtesse de Lille l'aiderait, comme toujours.

Epuisé par tout un monde qu'il découvrait, le jeune garçon ne protesta pas quand sa gouvernante lui fit remplir une grande bassine d'eau bien chaude pour qu'il se lave et se détende. Faut dire que sa pauvre gouvernante se faisait de l'inquiétude pour lui, elle qui le connaissait depuis des années maintenant.
Une fois sortit de son bain, séché et la taille enroulé dans un drap de bain, il prit connaissance de son courrier. Au moins ça, ça ne serait pas épuisant, Eoghan n'avait reçu qu'un seul courrier. Quand il en découvrit la provenance, un immense sourire s'afficha sur ses lèvres. Eilinn lui avait répondu ! Tout excité et nerveux, il ne se fit pas prier pour en découvrir le contenu.
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle ressemblait un peu moins à la jeune fille voleuse de gâteaux qu'il avait rencontré à Sainct-Omer lorsqu'elle écrivait. Mais au fond, ça ne lui déplaisait pas.

C'est donc sans attendre que le jeune Dénéré-Dongenan répondit à la Melani.


Citation:
    À Eilinn Melani ;

    Salutations !



      Je ne connais pas votre mère, mais en tout cas, ce qu'elle dit est bien vraie. La Comtesse de Lille est une politicienne sacrément douée, qui sait ce qu'elle fait et où elle va. Et je dois avouer que je suis très content de travailler avec elle. J'avoue que ça me fait un peu peur, la politique, le Conseil Ducal... Beaucoup me reprochent d'être un Breton, ou d'être un Dénéré, ou encore d'être trop jeune, ou même les trois à la fois. À vrai dire, je ne les comprends pas... Même si je suis fier de mon sang, après tout, n'est-ce pas ce que l'on fait qui nous façonne ? Et non pas notre nom, notre sang ou notre âge ? Je ne me trouve pas plus brigand qu'un autre parce que je suis un Dénéré, pas moins de confiance parce que je suis un Breton, et pas plus bête parce que je n'ai que treize ans...
      Enfin, en dehors de ça, les responsabilités peuvent faire peur, mais Deedlitt m'aide quand j'ai besoin, et du coup je crois que j'y arrive. Mais on verra bien, de toute façon je ferais pas de la politique toute ma vie, ah ça non !

      C'est comment la Méditerranée ? J'avoue que j'ai du mal à me l'imaginer. On m'a dire que c'était une mer intérieure... Mais à l'intérieur de quoi ? En tout cas, ça à l'air bien tel que vous le décrivez, et ça me donne envie d'y aller, un jour. Vous m'accompagnerez, comme ça vous me ferez visiter... Non ? En tout cas, j'espère que ça va vous aider à vous soigner, sinon on ne pourra pas se revoir à Sainct-Omer ou ailleurs. Ca serait dommage.

      Ca consiste en quoi votre rôle de dame de compagnie ? J'imagine que ça doit être bien, mais je sais pas trop ce que c'est en fait. En tout cas, ça vous fait au moins une amie en Languedoc !

      Pourquoi voulez-vous intégrer un séminaire Aristotélicien ? Vous voulez devenir religieuse ? Moi, j'avoue que j'ai dû mal avec cette religion. Ils sont quand même beaucoup intolérants. En Bretagne, ils veulent pas reconnaître le mariage de mes parents parce qu'ils sont mariés sous les rites druidiques mais pas Aristotéliciens. Et puis, on m'a dit qu'un jour j'irai en enfer si je ne suis pas baptisé ni Aristotélicien. C'est quand même nul, moi je veux pas aller en enfer, mais je veux pas devenir Aristotélicien juste pour ça...

      Mais je préfère vous parlez de l'Océan. L'Océan c'est... Grandiose. Parfois, il rend triste. Parfois au contraire, il rend heureux. Je me souviens une fois, d'une balade avec ma mère et ma soeur. Nous étions sur une falaise bretonne, et en face, y'avait l'Océan. Il faisait mauvais, déjà des nuages sombres courraient au-dessus de nos têtes, et quelques gouttes s'écrasaient sur notre visage. L'Océan, lui, était déchaîné. Il est gris et sombre. Des vagues immenses se fracassaient sur la falaise en bas. Et au-dessus, l'orage faisait rage. L'on sentait à l'odeur, venir la pluie drue, et l'on voyait un peu plus loin le tonnerre s'écrasait sur son onde. Ca faisait peur mais aussi des frissons... Comme quand on voit quelque chose d'incroyable, de magnifique.
      Ce que je sais de l'Océan, c'est que jamais on ne le domptera. Que toujours il restera impétueux et majestueux. Un jour, je vous y amènerai Eilinn pour que vous découvriez ça. Promis.


    Votre ami,

    Eoghan de Dénéré-Dongenan.


La missive était terminée. Dès le lendemain, il la ferait partir. En la relisant, il trouvait qu'il y avait mis du coeur et qu'il s'était peut-être un peu trop découvert. Il hésita à réécrire la missive, mais ne le fit pas. Après tout l'amitié, c'est se confier, non ?
_________________
Eilinn_melani
[Et les jours se succèdent, dans un flou temporel assez voulu]

Premières mondanités, premières sorties de l'oiseau à peine ejecté du nid familial, en compagnie de la Vicomtesse de Cauvisson. Même si Eilinn était étourdie par ce qu'il lui était offert, elle n'en attendait pas moins avec impatience les vélins d'Eoghan.

Ce fut donc sans attendre qu'elle décacheta la nouvelle missive, et les yeux d'azur avalaient les mots de la lettre comme un assoiffé pouvait étancher sa soif.

Tout cela lui paraissait si loin, si irréel, un conseil ducal du Domaine Royal, et cette lettre fouettait son imagination comme peu de romans courtois pouvaient le faire.
Elle se crut au bord de l'Océan, comme il l'écrivait, le vent fouettant son visage, la pluie ruisselant sur sa peau, et le fracas, le bruit immense des vagues se brisant sur les falaises. Comme l'on devait se sentir libre à cet instant, libre et à la fois misérable face aux intempéries. Elle resta à rêvasser à cette vision, se demandant quel gout avait la pluie au bord de mer. Oui quand on a douze ans on se pose parfois des questions bizarres.

Elle reprit ensuite sa lecture, et buta sur deux choses. Le "promis" tout d'abord... C'est que c'était sérieux une promesse d'enfant, ce n'était pas à prendre à la légère ! Elle s'imaginait déjà arriver en Alençon, toquer à la porte du castel ducal, et demander Eoghan pour qu'il l'emmène voir l'Océan qu'il connaissait. Bien entendu on pouvait rajouter des détails romanesques, une folle cavalcade des chevaux, les cheveux de jais de la jeune fille dénoués dans le vent, le soleil...

La vision romanesque fut alors anéantie par une quinte de toux faisant perdre le souffle à Eilinn. Dommage, elle était belle cette chimère...

Et enfin les derniers mots "votre ami". Elle était passée du statut de sale gamine voleuse de gâteaux à celui d'amie. Cela était beaucoup pour un jeune cœur, qui comptait peu d'amis, et d'amies, dont la plupart des fréquentations étaient les adultes proches de sa mère et de son beau-père.

Elle se saisit de sa plume.


Citation:
A Eoghan de Dénéré-Dongenan.

Comment se passe alors votre travail au sein du Conseil d'Alençon ? Je ne doute pas que si Deedlitt vous a demandé d'y travailler, c'est qu'elle vous en croit capable. Que faites-vous alors ?

Etre dame de compagnie, c'est beaucoup de choses. J'accompagne la vicomtesse dans les mondanités ou elle est invitée, je l'aide à s'apprêter, je lui sert de confidente, d'amie également. Cela me permet de me familiariser au monde public sans pour autant être dans la lumière. La vicomtesse est très gentille, parfois sombre, parfois enjouée, je n'ai jamais vu de chevelure rousse si flamboyante.

Concernant l'Aristotélisme, je ne sais encore si je veux entrer en religion. Ma mère y est fortement opposée, mais j'aimerai au moins devenir diacre. Cela m'apporte une certaine sérénité, j'aime les lieux saints, leur calme, leur côté intemporel. C'est difficile à expliquer, mais elle m'apporte du réconfort, et j'espère qu'Aristote m'aidera à combattre ce qui ronge ma poitrine, même si beaucoup disent que cela est vain.

Comme l'Océan doit être beau, comme vous le décrivez. La Méditerranée est douce et calme, il n'y a pas de vagues, ou de marée, ou alors très peu. C'est une étendue lisse à perte de vue, et son eau est chaude et agréable. C'est une mer intérieure car on ne peut y accéder que par le détroit de Gibraltar, au sud de l'Espagne. Comme un immense lac, excepté que c'est de l'eau de mer.

J'espère que vous me tiendrez au courant de votre vie en Alençon, et transmettez bien mes amitiés à la Comtesse de Lille.

Votre amie,

Eilinn Melani.

_________________
Eoghan
    [Les jours passent, les courriers s'enchaînent]

Un jour de plus, encore et encore un. Les jours se suivent, se ressemblent. Seule la perspective de recevoir la réponse d'Eilinn le réjouissait vraiment. Pas facile de vivre dans un monde d'adulte à seulement treize ans, sans grands rêves et déjà plein de désillusions. Deux des seuls amis de son âge qu'il s'était fait à Alençon avait quitté le Duché pour la Touraine... Autant dire que le moral du blondinet était miné au possible.

Et finalement, lors d'un après-midi pour le moins tranquille, une missive fut portée au jeune Eoghan. Autant dire que lorsqu'il l'eut dans les mains, il l'ouvrit avec une impatience certaine, pressé de lire la réponse de la Melani.

Quelques questions pour continuer la discussion épistolaire au début de la nouvelle missive, à croire qu'elle s'intéressait vraiment à lui. Chose inimaginable pour lui, qui d'une discrétion et d'une timidité parfois maladive, ne comprenait pas comment l'on pouvait s'intéresser à lui.
Ensuite, son quotidien en tant que dame de compagnie. Cela le fit sourire. Il aurait aimé avoir une telle proximité avec quelqu'un, mais bien qu'il fut le protégé de la Duchesse d'Alençon, il n'y avait pas une proximité de telle ampleur entre eux deux.
Le sujet de la religion arrive. Le nez se plisse. Lui avait dû mal à comprendre comment elle pouvait se réfugier dans une telle religion. Hmpf. Cependant, lorsque le Dénéré-Dongenan lut qu'elle ne voulait être que diaconesse pour l'instant, un soupir de soulagement s'échappa des lèvres du jeune garçon, sans qu'il en connaisse la raison.
Enfin, la Méditerranée... Quelle drôle de chose. Il avait dû mal à se l'imaginer pour l'instant, lui qui ne connaissait que l'Océan et son mouvement perpétuel.

"Votre amie"... Véritable amitié ? Lubie d'un moment ? La réponse ne lui vint pas. La naïveté lui donnait envie de dire oui pour la première question, tandis que la méfiance et le peu d'estime qu'il s'accordait lui donnait envie de dire oui à la seconde.

Toujours est-il qu'il n'attendit pas plus longtemps pour répondre.


Citation:
    À Eilinn Melani ;

    Salutations !



      Et bien mon travail au Conseil... J'ai envie de dire, modeste. Je suis Commissaire aux Mines et percepteur ducal. Pour le premier, je dois juste entretenir les mines et les faire améliorer quand il le faut, en plus de quelques rapports journaliers. Et le deuxième, je dois relever les taxes des conseillers et professeurs à l'université. Rien de bien passionnant en soi. Pour le poste Commissaire aux Mines, j'ai un projet, mais je le mettrais en oeuvre un peu plus tard dans le mandat. Enfin voilà, mon rôle n'est pas très important, mais j'imagine que c'est mieux que rien. Alors je ne m'en plains pas et je fais mon travail du mieux que je peux.

      Ca doit être intéressant ce que vous faites en tant que dame de compagnie... Avoir une telle proximité avec quelqu'un. Mais bon, je n'ai pas d'amis proches en Alençon. Le Duché est petit, et ceux de mon âge ne courent pas les rues, d'autant plus s'ils doivent être de noble extraction. D'un certain côté, le travail me permet de ne pas penser à tout ça.
      Et vous, vous êtes vous faites d'autres amis ?

      Et puis vous savez, ma mère aussi à la chevelure très rousse flamboyante. Est-ce que votre famille ne vous manque pas, si loin en Languedoc ?

      La religion, elle, me semble encore plus sombre que la politique. Mais si ce choix me semble étrange, à vous, j'imagine qu'il est bon. Et puis, je pense que vous êtes une personne bonne, alors ce que vous ferez dans la religion le sera forcément aussi. Et puis, qui sait... Qui peut dire si un miracle ne se produira pas ? Parfois, des choses incroyables arrivent, et pas qu'aux autres. Alors, vous avez raison d'espérer. Et un jour peut-être, votre mal partira ou s'atténuera. En tout cas, je l'espère pour vous. Il n'est jamais plaisant de savoir qu'une amie souffre.

      Oui. L'Océan est beau. Et ma promesse, je ne l'oublierai pas.
      Je me dis aussi qu'il doit être bon de se prélasser dans la Méditerranée. Cela doit être apaisant.
      Et que pensez-vous des forêts, Eilinn ?


    Amicalement votre,

    Eoghan de Dénéré-Dongenan.


Missive cachetée, donnée, et partie. Alors, doucement, le jeune blondinet aux billes vertes perdit son regard dans le vide, allongé sur le dos, mains jointes derrières la tête. Se prenant à rêver de choses et d'autres qu'il ne garderait que pour lui, dans son jardin secret qu'était ses songes.
_________________
Eilinn_melani
[Ferveur et impatience]

Eilinn cultivait la correspondance avec Eoghan comme un jardin secret. Elle n'avait pas encore osé parler du jeune garçon à la Vicomtesse de Cauvisson, mais cela viendrait surement. Encore des mondanités attendaient la jeune fille, un enterrement non loin de la Champagne, celui de la Marquise de Nemours, et après, quelques jours en Orléanais surement...

Les missives de l'alençonnais étaient lues et relues jusqu'à en connaitre par cœur les phrases, la laissant dans un état de rêverie agréable. C'est que les sources de distraction étaient rares, entre les soins médicaux pour sa poitrine, l'accompagnement de la Vicomtesse, et les leçons du précepteur. Cela la sortait de sa routine quotidienne, et quand elle répondait, elle ne se sentait pas obligée d'enjoliver, ou de dissimuler quoi que ce soit, comme si elle savait qu'elle ne serait pas jugée par le destinataire de ses lettres.

Citation:
A Eoghan de Dénéré-Dongenan,

J'ai fait la connaissance de la famille de la vicomtesse, sa tante, et ses cousins et cousines. Je ne saurai dire si ce sont des amies, mais les relations sont cordiales.

Il est vrai que ma famille me manque... Vous ai-je dit que j'avais un frère ainé ? Il s'appelle Lorenzo, et il vit en Champagne, pour s'occuper des terres qu'il a hérité de notre père. C'est le vicomté de Beaurepaire, presque aux frontières de l'Artois, et cela l'occupe beaucoup. Mon frère est aussi blond que je suis brune, et il a les yeux améthyste de notre mère. Sinon j'écris beaucoup à ma mère, qui semble avoir des soucis avec son suzerain apparemment, le duc du Lavardin Llyr di Maggio. Et je suis assez proche de mon beau-père, que vous avez rencontré à Saint Omer. Il parait sévère, mais il est gentil avec moi, alors que je ne suis pas sa fille.

Je viens de terminer ma pastorale, et maman m'a promis de faire mon baptême à Saint Omer d'ici quelques jours. Vous y verrai-je ? Mais je comprendrai que vos charges vous retiennent en Alençon, cela est grandiose de s'occuper ainsi d'un duché, tant de responsabilités...

J'ai longtemps vécu à Boiscommun, le fief de Rhân... Ma mère ne voulait plus vivre en Champagne suite à l'assassinat de mon père, et nous avons ensuite pas mal voyagé entre l'Orléanais et l'Alençon. Boiscommun c'est tout prêt de la forêt d'Orléans, et sur le blason, c'est le chêne sous lequel Saint Louis rendait la justice. J'aime beaucoup les verts paysages, et les promenades en forêt.

J'espère que vous vous ferez des amis en Alençon, cela doit être triste de ne pas pouvoir jouer...

Votre amie,

Eilinn Melani.

_________________
Eoghan
    [Passion du vélin & de l'encre]


Bien qu'elle ne le savait pas étant à l'autre bout du Royaume, tout comme elle, la correspondance entre Eilinn et lui était son secret. Le petit plus qui le mettait de bonne humeur, le rendait impatient et lui permettait de conserver une certaine bonne humeur.

Les jours passaient et se ressemblaient. Toujours le même quotidien, le même travail, les mêmes personnes qu'il voyait, et aucun évènement en particulier. En fait, en résumé, Eoghan s'ennuyait ferme entre deux missives de la Languedocienne. D'ailleurs, il en venait à l'envier presque. Au moins elle, elle rencontrait des gens.

Nez qui se plisse, puis éternuement. Saleté de rhume alors que le printemps s'entamait.
Heureusement, une nouvelle missive avait été amené au manoir, et la réponse ne se fit pas attendre, comme toujours, trop heureux de savourer cette correspondance.



Citation:

      À Eilinn Melani ;

      Salutations !



        Quelle chance vous avez de rencontrer de nouvelles personnes... Comme je vous envie. Pour ma part, je rencontre si peu de monde que ça en devient presque déprimant.

        Quel âge a donc votre frère ? Et comment s'appelait votre père ? En tout cas, vous semblez avoir une famille aimante, même malgré la distance. J'espère que les soucis de votre mère se règleront bien vite, surtout si elle en a avec son suzerain.
        Pour ma part, ma famille me manque beaucoup et je n'ai pas vraiment de nouvelles. Ma mère et mon père devaient partir pour l'Angleterre dans un bateau récemment construit, et ma petite soeur Maeve, enfin moi je préfère l'appelait Medh, devait rester je crois en le domaine de nos parents au Duché de Vannes, en Bretagne. C'est dommage qu'elle soit plus jeune que moi, parce que des fois on se comprend pas toujours et on a pas les mêmes préoccupations.

        Je serai ravi d'assister à votre baptême. J'imagine que la Comtesse de Lille s'y rendra, alors j'irai aussi. Si elle peut bien se libérer, moi aussi. Et vous savez, ce que je fais n'est pas si grandiose en Alençon comparé à d'autres.
        Et vous, ne ressentez-vous pas une envie de vous investir en Languedoc ?
        D'ailleurs, saviez-vous que j'ai vécu en Languedoc avant de retourner en Bretagne puis d'aller en Alençon ? Mais j'étais loin de la mer moi.

        Boiscommun... Quel drôle de nom ! Quel chance alors que votre beau-père d'avoir ce domaine. Si j'avais un tel domaine, je pense que je passerai mon temps à me balader dans sa forêt.

        Et vous ? Votre santé va-t-elle mieux avec le printemps naissant ?



      Votre ami,

      Eoghan de Dénéré-Dongenan.

_________________
Eilinn_melani
[Vélins, lapins et boulingrin]

Le coursier avait fait moins de chemin cette fois-ci, n'ayant eu qu'à aller en Orléanais pour remettre la missive tant attendue.
Alors que la vicomtesse de Cauvisson vivait une idylle avec les lapins hébergés à Boiscommun, Eilinn lisait la correspondance d'Eoghan.


Citation:
A Eoghan de Dénéré-Dongenan,

Vous savez, je rencontre parfois tellement de monde que j'envie à mon tour votre tranquillité. Comme quoi on ne se satisfait jamais de ce qu'on a !

Lorenzo a 17 ans maintenant. Notre père s'appelait Atto Melani, il était originiaire d'Italie, de Milan plus exactement. Et il est ensuite venu en Champagne, ou il est allé jusqu'à devenir Régent pendant des temps troublés pour ce duché. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs de lui, il est mort j'étais encore très jeune, quelques images, tout au plus, même si ma mère me parle souvent de lui...

L'air du Languedoc me fait du bien, et j'espère que mon prochain séjour dans les terres du nord avec le temps plus clément me sera moins difficile.
Je suis si contente que vous acceptiez de venir à mon baptême, je vous présenterai à Jehanne Elissa ! Ce sera un jour agréable je n'en doute pas !

Dans l'attente de vous revoir à Saint Omer,

Eilinn Melani.


Bientôt le temps des retrouvailles...

_________________
Eoghan
    [Des semaines après]

Voilà bien longtemps qu'il n'avait pas eu des nouvelles de sa jeune amie. Il faut dire que notre jeune blondinet n'était dans la plus à l'aise des positions. Les derniers évènements qui les avaient faits se voir n'était pas des plus propices à cela... Un baptême où la jeune fille apprend la mort de sa mère, et ensuite une escapade à l'Hérauderie Royale qui finit en gifle, mots malmenés et tensions diverses et variés entre le Roy d'Armes, la Comtesse de Lille, le Baron de Boiscommun, la Vicomtesse de Cauvisson et la fille de la défunte Leah Melani. Un vrai bordel en soit donc, dont seul le jeune garçon qui s'était tenu distant, avait pu réchappé sans dommages collatéraux. Même si cela n'avait jeté aucun froid entre les deux amis, le Dénéré-Dongenan n'avait pas osé lui écrire de peur de lui rappeler le deuil encore récent qu'elle devait tenir, ou alors qu'elle n'ait tout simplement pas envie d'échanger des missives, tout simplement.
Mais certes, le temps passait, et aucune nouvelle d'Eilinn ne lui était apportée. Si sa timidité lui commandait de ne point prendre l'initiative de noircir du vélin à l'attention de la Melani, ce n'est pourtant pas elle qu'il écouta ce jour.



Citation:
    À Eilinn Melani ;

    Salutations.



      Et bien comme vous le voyez, votre silence m'oblige à aller outre ma timidité naturelle pour prendre de vos nouvelles !
      Je ne sais trop comment aborder cette missive, ni même si vous aurez l'envie d'y apporter une réponse. Les derniers évènements étant peu joyeux, il me paraîtrait normal que vous n'ayez aucune envie de répondre.

      Alors, que dire, je ne sais pas...

      J'espère en tout cas, que cette lettre vous trouvera en bonne santé, et à des occupations distrayantes dont vous me raconterez la teneur un jour. Pour ma part, bien que j'ai pris la tête de la mairie de la capitale, je m'ennuie vraiment beaucoup... La ville se meurt, le Duché aussi. Sans compter que l'on a hérité d'un Duc et d'un Conseil particulièrement... peu actif. Et puis, je ne sais pas s'il y a qui que ce soit que je puisse me prévaloir de nommer "ami" non plus...
      Enfin, il y a bien pire comme situation, je n'ai pas à me plaindre.

      Voilà pour les nouvelles de mon côté. Rien de bien passionnant donc. Et je préfèrerais lire les vôtres, de nouvelles. Quelles qu'elles soient.


    Bien amicalement,

    Eoghan de Dénéré-Dongenan.




Et le sceau à l'usage privé de la mairie d'Alençon en prime. Ca servait à rien mais ça fait plus joli.


Taille des images, merci

M.

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Eilinn_melani
Toute une vie ou presque semblait s'être écoulée depuis les évènements survenus à l'Hérauderie, ayant laissé Eilinn dans un état de scepticisme avancé sur le raisonnement d'adultes qu'elle pensait matures.
Elle s'était interrogé un temps sur le fait de réécrire à Eoghan, mais vu ce qui s'était passé, et vu l'opinion que la Comtesse de Lille avait maintenant d'elle, elle avait craint que le jeune garçon ne la dédaigne.
Ce fut avec quelques battements au cœur précipités qu'elle reçut la lettre, hésitant un instant avant de l'ouvrir.

Elle la décacheta finalement, et soupira de soulagement au fur et à mesure des mots qu'elle découvrait. Ce fut avec ferveur qu'elle tailla une plume d'oie avant de lui écrire sa réponse.


Citation:
A Eoghan de Dénéré-Dongenan,

Salutations,

Comme je suis heureuse de vous lire à nouveau ! J'avais peur que vous n'ayez été convaincu lors de notre dernière rencontre à Paris que je n'étais pas une jeune fille fréquentable, à commettre des sottises de toutes sortes et à répondre aux adultes.
Et je n'osais pas vous écrire de peur que vous ne m'écriviez quelques mots secs et sans amitié en retour.
Que s'est-il passé ? Tant de choses ma foi, je ne sais par ou commencer...

Ma mère est désormais enterrée à Boiscommun, les funérailles furent sobres, et je porte encore pour quelques temps la couleur de deuil que le baron de Boiscommun a décidé...
Quelques jours après, je suis partie à Noirlac, pour y réfléchir sur tous ces évènements, et j'ai entamé mon noviciat au sein de l'Eglise cistercienne. Ce sont tous des gens bons et prévenants, et je suis la plus jeune là-bas. Ils m'ont permis d'œuvrer aux cuisines, et j'apprends tellement de choses sur les simples, les cultures... Ils ont même une fromagerie et une houblonnerie, et cela me distrait de mon chagrin. Il y a quand même quelques gens un peu plus âgé, et l'un d'eux m'a même emmené visiter la cité de Bourges, avec ses splendides palais.

J'ai fait également quelques mondanités pour y accompagner Jehanne Elissa, et j'ai du participer, à mon corps défendant, à un bal des prétendantes en Empire, pour un Vicomte. Un étrange garçon, au teint très pâle et aux yeux rouges, qui a à peine ouvert la bouche. Mais je pense que je ne lui plaisais pas, ni à sa cousine, Béatrice de Castelmaure, la Duchesse de Bolchen, et j'en suis quelque part heureuse...
J'ai rencontré aussi une splendide dame, Aléanore Jagellon Alterac, à Paris, qui m'a offert des macarons absolument délicieux, et qui me chaperonnait à Bolchen !

Mais aujourd'hui les jours sont plus sombres, je me trouve au sein de l'armée languedocienne, et... je n'ai pas les mots pour décrire ce qui s'est produit il y a quelques jours, mais je n'aime pas la guerre.
C'est affreux la guerre, le sang, les combats ! Comment les hommes peuvent-ils aimer cela ? Comment peuvent-ils supporter ce sang sur leurs mains ?

Mais je m'emporte, tout est exacerbé pour moi, qui suis d'habitude calme. Tant de choses en si peu de temps, et je grandis si vite, et je compte presque avec effroi les jours qui me séparent de mes quatorze ans.

Mais Eoghan, vous restez mon ami, à qui je peux confier tout cela. Car je dois être forte et aimable pour Jehanne Elissa, une fille disciplinée pour mon beau-père, et je n'ose pas pleurer, alors que les larmes emplissent mes yeux en pensant à la guerre, à ma mère...

J'envie votre existence Eoghan, alors que vous devez désirer la mienne...

Amicalement,

Eilinn


Non, ne pas pleurer, ne pas tâcher ce vélin qui repartait pour l'Alençon.
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