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[RP] Conférence de l'Université de Guyenne

Philipusaficus
Philipusaficus, le visage empourpré, ne se calma pas, suite aux differentes interventions ,au contraire :

Je n’ai aucune tolérance envers une personne qui vient cracher dans la maison du Très Haut ! Il est scandaleux qu’il ait fallu la menace hérétique pour que l’église de Montauban ait enfin un curé. J’ai traversé il y a quelques semaines Toulouse et Castelnaudary, terre ou un concordat interdit a toute religion autre que celle de notre Eglise d’officier. Apparemment cela a suffi aux autorités religieuses en place, puisque les deux villes que j’ai traversées à l’aller comme au retour n’avaient pas de prêtres

Le problème ce n’est pas la tolérance, c’est le fait que notre Eglise manque à tous ses devoirs ! Pour y remédier il faudrait pour cela qu’elle arrête de courtiser les puissants dans une course vaine vers les honneurs et la puissance, qu’elle s’occupe enfin des âmes et non du contrôle des corps.

Montre Sancte du doigt :

Qu'on le sache , jamais je n'adhérerai a la foi de ceux qui prennent nos eglises pour des écuries .Je crache sur les pratiques religieuses de cet homme comme ses coreligionnaires crachent sur la maison du Très Haut. Mais je dois reconnaitre que sans lui, Montauban à l’heure actuelle n’aurait pas de prêtre. Peut être faudrait il un Sancte a Toulouse, pour que Rome nomme enfin un prêtre a Toulouse
Le succès des lions de Judas est entièrement de la faute de notre Eglise et les persécuter ne servira qu’a les renforcer, tant qu’on ne s’attaquera pas aux racines du mal



Se tourne vers Constant :

Au lieu de vous prendre pour un théologien de premier ordre, ce serait bien que vous descendiez de votre nuage et que vous occupiez des croyants : discuter de la couleur du rideau de la fenêtre, alors que la maison brûle, c’est inepte.
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l'admin choup a dit:Il n'y a aucune règle écrite par les admins, qui empêchent les joueurs de se présenter. Il n'y a que des lois locales, faites par des joueurs, souvent abusives, et surtout qui peuvent ne pas être respectées.
Constantcorteis
Constant s'apprêtait à acquiescer aux propos tenus par Betoval, lorsque Sancte prit la parole. Il suivit attentivement son discours, puis la réponse de Philipusaficus. Il profita de la première occasion d'en placer une pour répondre aux deux hommes, en commençant par le réformé.

Messire Sancte, il me semble que vous gagneriez vraiment à investir un autre niveau de discussion. Vous vous situez dans le registre du prêche, je ne crois pas que cela soit très intéressant.
Je pourrais vous répondre en calomniant la réforme et en glosant sur les manifestations de violence qu'elle aura suscité, mais quel serait vraiment l'intérêt ? Abandonnez donc votre emphase, vous n'êtes pas en campagne. La rhétorique et l'emphase systématique est le refuge des gens qui n'ont rien à dire, ne vous y engluez pas.

Concernant votre propos, je n'y répondrai globalement pas, dans la mesure où il ne concerne pas mon domaine de compétence.
En effet, votre propos, comme toute la réforme du point de vue limité que j'ai pu adopter sur elle, est politique bien plus que spirituel à proprement parler.
A n'envisager l'Église que comme puissance temporelle, "Etat dans l'Etat" si je vous cite, y a-t-il grand mérite à conclure qu'il ne faille pas en faire un objet de culte ? J'en doute, et votre propos se donne dès le départ ce qu'il se vanterait de conclure si des fois vous souhaitiez lui donner la prétention de convaincre de plus habiles esprits que celui de qui se laisseraitberner par la première pirouette stylistique.

Questionnez donc vos prémisses ! Si vous vous vantez de reconnaître Aristote, sachez au moins que tel est l'enjeu principal de toute discussion.
Vous posez la question de savoir si Dieu peut être mesquin au point de n'accueillir que ceux qui auraient satisfait à une singerie administrative. Mais quel est l'intérêt de poser une question dont la formulation elle-même donne la réponse ? Seriez-vous avancé si je demandais à cette assemblée à laquelle vous vous adressez car il est toujours plus simple de s'adresser à une foule si le Créateur était assez bête pour soutenir l'action des lions de Juda qui n'est que pillages, tueries, viols et massacres ?
Bien évidemment non. Pourtant c'est précisément ce que vous faites. Ce faisant, vous vous assurez d'avance que tout débat soit impossible.

Que nous importent vos métaphores ? Que vous soyiez des lions, que l'Eglise soit un boeuf, que les cardinaux soient des oies ? Que nous importe le roi, les comtes et les duchesses ?
Absolument rien. L'homme civilisé ne retirera rien de vos cabrioles. Vous vous adressez aux ventres, aux instincts, sachez bien que vous n'enrôlerez que des porcs ! Voyez-vous, j'ai moi-même plus de respect pour la réforme que vous lorsque vous abaissez son discours à cette calomnie grossière.

Eh oui, j'ose le dire, je respecte la réforme. J'en respecte le fond, car elle pose un problème. Elle met en lumière quelque chose qui, semble-t-il, ne va pas de soi dans l'aristotélisme. Peut-être même doit-elle nous inciter à poser un constat, et nous encourager à redoubler d'efforts pour que la situation soit meilleure. Mais voilà que vous nous abandonnez en route ! Quelle commodité, mais n'est-ce pas un peu lâche ?

Allons donc, parlons vraiment. Expliquez-moi donc ce qui vous gêne sur le principe, expliquez-moi ce que vous trouvez à redire à ce que le Créateur ait institué sa parole en l'Église, expliquez moi par quel miracle reconnaissez vous l'intercession des auteurs qui rédigèrent les Écritures sans que Dieu ne leur dicte comme fondation de l'interdiction de considérer toute forme d'intercession possible, expliquez moi que Christos lui-même ait fondé l'Église dans son principe.
Allez plus loin, et tâchez de penser vraiment un monde sans cette Eglise que vous combattez. Vous qui appelez au mariage civil, ne voyez vous pas qu'une telle absurdité administrative ne tiendra que le temps que les restes de conditionnement religieux finissent de s'estomper, et qu'une fois cette déchéance accomplie, votre forme de mariage sans fond pourrira, aspirée par son vide intérieur, disloquant le tissu social et les moeurs jusqu'à faire de l'homme une bête ?

Vous commettez à vrai dire la même erreur que les spinozistes dont vous souhaitez pourtant tant vous démarquer. Qu'importe le fond, disait messire Eymerich, pourvu que la forme perdure. Que l'on abatte la forme, dites-vous, car seul le fond compte.
Partout ici règne cette même erreur de fond, cette même inconséquence métaphysique. Car l'on ne saura jamais séparer l'un de l'autre.
La réforme doit faire son choix. Soit elle combat l'aristotélisme, dont l'Église est consubstantielle, auquel cas elle est un mouvement spirituel qui mérite d'être combattu comme tel, c'est à dire par le verbe et l'exemple avant tout. Soit elle combat l'Église, mais en ce cas, ce n'est pas à l'Église de lui répondre, car elle n'est qu'un glaive, elle ne frappe que le pouvoir temporel en ceci qu'il a de particulier que l'Église puisse l'exercer directement, et c'est du temporel lui-même, du fer et du sang que viendra la réponse.

Il faudra plus, messire Sancte, que quelques grands discours pour que l'essence de l'esprit vienne masquer la puanteur des mercenaires.
Soyez donc digne de ce que vous prétendez être, et alors seulement la vertu dialectique de l'opposition saura faire que ni vous ni l'Église n'aurez perdu votre temps.


Puis, se tournant rapidement vers l'avocat :

Quant à vous, messire, vous commettez une erreur classique. Vous vous dressez sur la tête, et voyez le haut en bas.
Nul n'est moins sur son nuage que celui qui accepte d'interroger le monde, d'en creuser la terre pour en découvrir les fondations. Qui se laisse bercer à l'inverse par son lot d'habitudes, d'idées reçus, de certitudes empruntées et d'autorités servilement adoubées vit bien au contraire sur un lit d'approximations qui le séparent du monde. Il glisse à mille lieues des réalités concrètes sur une bulle idéale gonflée au souffle expiré d'une intelligence endormie.

Non, voyez-vous, ce ne sont pas nous qui sommes sur un nuage. Nous sommes, au contraire, les explorateurs du monde, nous vivons en son coeur. Celui-là seul qui laisserait sa curiosité se rabougrir sur sa vie quotidienne se gonflerait de l'air chaud de l'égoïsme et s'éloignerait du sol.

Ne vous laissez pas tromper par les idées faciles. La réalité du monde n'est pas la culture du blé ou les mines de fer. Ce n'est pas à moi de descendre du nuage. Et tout ce que l'on peut faire, d'en bas, est d'appeler en vain, de construire patiemment ces grands édifices que l'on nomment la pensée de telle sorte qu'ils soient suffisamment imposants pour qu'on puisse les distinguer d'en haut.
Asophie
Sophie avait sursauté en entendant l'intervention de son frère. Elle se mordait les lèvres et se contraignait à rester assise et sage alors qu'elle avait failli littéralement lui sauter dessus. Elle pensa un instant que l'attention de Constant Corteis allait être monopolisée par la longue diatribe de Sancte et que son démontage de l'argumentaire hérétique allait lui en faire oublier la sortie intempestive de Philipus. Mais non, il revenait dessus...

"...Vous vous dressez sur la tête, et voyez le haut en bas. "

Alors, comme un automate, elle laissa échapper une phrase venue du fonds des âges sans pouvoir la retenir :

"et quod est superius est sicut quod est inferius" *

Aussitôt, elle espéra ne pas l'avoir dit trop fort. Hélas, depuis trois mois, elle avait pris l'habitude de faire porter sa voix suffisamment fort pour se faire entendre au Comptoir. Elle plongea donc dans la besace posée à ses pieds, se disant que ce n'était pas le moment d'attirer l'attention.


* "...et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas..."
(Table d'Emeraude de Thot-Hermès)
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Sophie, Porte-Parole du Conseil Ducal de Guyenne.
Harlem...s
Mais c'est que subitement les échanges devenaient audibles pour Harlem...
Evidement elle se garderait bien de ramener sa science, préferant de loin écouter ce qui se disait dans un langage qu'enfin elle pouvait comprendre. Donc apprendre.

Envolée les références laborieuses et plutot érudites à des chapitres que dans son statut d 'etudiante en voie de navigation et d'état elle était loin de maitriser voir d'avoir lu.
La voici changée en eponge, engrangeant ces substrats divergeants, le tout une fois digérés, intégrés, saisis et assimilés viendraient s'ajouter à tout ce bagage intellectuel, de pensée libre, de raisonnement.
Bref l'expérience quoi, sa petite cuisine personnelle au bout du compte. Savoir comment pensaient les autres c'était aussi comprendre le monde et sa litanie sans cesse hurlante.
On ne lui enleverait pas de l'idée que la guerre par défaut de tolérance était bonne pour l'économie à intervales réguliers et raisonables. Detruire pour reconstruire en somme.

Elle se pencha vers la fourmi...

Ils ont tous les deux raison. Non ?

Petit soupir. Les oreilles ouvertes, blablatez messires Harlem fait son marché des idées.
Pas demain la veille qu'on lui apprendra à penser mais entre un philosophe oscillant entre l'humanisme et la religion et un fou de dieu y avait un beau terreau pour cultiver sa propre réflexion et s'élargir les horizons.

Harlem reprend des notes à la machinale, pour ne pas en perdre le fil. Synthétise de trop longues tirades.
La rousse dans un coin de l'esprit d'analyse est remisé à plus tard pour expérience hautement scientifique.

Seule certitude presentement. Ils tomberont jamais d'accord.

On a eu raison de choisir le haut de la tribune.

Le bon sens c'est inné. Pas besoin d'être prophete ou devin pour sentir que le débat va s'animer.

Le problème c'est qu'ils veulent et croient tous avoir raison et aucun ne tolere avoir tort.
Je vois pas où pourrait se trouver la solution...ou le consensus.
La tolérance ça existe pas vraiment. C'est au mieux du laxisme, au pire de l'indifférence. Dans tous les cas ça dépend de l'ensoleillement et du grain... Personne n'aime l'ombre et avoir faim.


C'etait un peu basique dans la présentation mais on fait avec son temps. Et ses petits printemps.
Odoacre
Le vieux Grec s'apprêtait à faire à répondre posément à Constant lorsque tout le monde y alla de son air, si bien que même Sancte que l'on avait cru endormi s'improvisa orateur tandis qu'un Constant qui semblait un peu plus vif dans le ton que d'habitude lui donnait la réplique...

C'est alors que le vieux Grec lança à voix basse à Constant


Tu ne perds rien pour attendre gamin !

Puis qu'il dit à Bardieu, se penchant vers lui comme sur le ton de la confidence bien que son faux mode "à voix basse" faisait que tout le monde put l'entendre...

Voyez Monseigneur, je lui mettrais bien le nez dans ses contradictions au petit, parce que fondamentalement, ma méthode est théologiquement et exécutoirement tout à faire valable, mais cela nuirait par un effet de bord inéluctable à l'impact de la branlée qu'il vient très justement de mettre à ce sodomite de Judas...

Se renfonçant au font de sa chaise d'un air suffisant il ajouta alors...

Il faut savoir sacrifier le fou quand on veut trousser la reine Bardieu !

Et l'inquisiteur d'éclater d'un rire joyeux et gras, manifestement très content de ce qu'il estimait être un bon mot du meilleur des goûts.
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Evêque de Périgueux et Inquisiteur de la Foi
melior
Melior suivait les débats avec attention, et les différentes interventions ne la laissaient pas indifférentes, finalement, elle prit la parole à son tour, répondant plus précisément à Constant.

L'homme est enchaîné par les contingences matérielles. Vous nous dites :

Citation:
Ne vous laissez pas tromper par les idées faciles. La réalité du monde n'est pas la culture du blé ou les mines de fer. Ce n'est pas à moi de descendre du nuage. Et tout ce que l'on peut faire, d'en bas, est d'appeler en vain, de construire patiemment ces grands édifices que l'on nomment la pensée de telle sorte qu'ils soient suffisamment imposants pour qu'on puisse les distinguer d'en haut.


Pourtant, les préoccupations quotidiennes tiennent souvent au ventre qui a faim. L'homme est de nature duelle en matérialisme et spiritualité, l'une l'emportant parfois sur l'autre et inversement, alors qu'il devrait être question d'équilibre.
La foi, sous quelque forme qu'elle se présente, je pense, doit permettre en effet l'élévation de l'âme pour dépasser les passions, telles que la colère, la hain, la soif de pouvoir ou de conquêtes charnelles qui alourdissent, obscurcissent le raisonnement. L'âme en proie à de telles passions est prise dans un mouvement qui l'agite et qui la maintient enfermée.
Mais garder l'ouverture au monde est essentielle, ne point fermer les yeux sur les besoins primordiaux, ne point les occulter, s'en élever sans toutefois s'en détacher...l'homme serait alors coupé d'une partie de sa dualité, ce qui serait cause de déséquilibre.
L'image de l'église est parlante, les pieds bien ancrés sur le sol, mais une verticalité transcendante.
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Nicolas__eymerich
Nicolas, qui s'était fait discret ces derniers instants, renchérit sur les propos de la duchesse.

Citation:
Ne vous laissez pas tromper par les idées faciles. La réalité du monde n'est pas la culture du blé ou les mines de fer. Ce n'est pas à moi de descendre du nuage. Et tout ce que l'on peut faire, d'en bas, est d'appeler en vain, de construire patiemment ces grands édifices que l'on nomment la pensée de telle sorte qu'ils soient suffisamment imposants pour qu'on puisse les distinguer d'en haut.


Et c'est là qu'on en revient au reproche que je faisais tantôt corteis, et que vous avez évacué sous prétexte que je dissociais à tort le fond de la forme, l'église de la foi. Et pourtant, vous la distinguez vous même. Vous prétendez que l'église est le nuage, mais pourtant, comment atteindre le nuage sans la tour ?

Et c'est là l'erreur fondamentale qui différencie le spinozisme de l'aristotélisme. Si Titus, ou plutôt ses successeurs, avaient correctement compris le message de Christos, un spinoziste un peu simplet mais passons, l'église aurait été une vaste école plutôt qu'une prison de la foi !

Pour vous, l'église ne doit pas s'occuper de la base, de l'homme, de l'enseignement, mais c'est faux ! C'est la base même de l'existence d'institutions telles que les églises ou les école havres spinozistes ! Enseigner les principes, conseiller les fidèles, les orienter vers les bonnes décisions, celle qui sont vertueuses pour un aristo, bonnes pour la communauté pour un spino, mais à ce niveau là on s'en fout un peu de la différence entre les deux cultes.

L'essentiel est ailleurs, la seule raison valable d'une intercession entre Dieu/Hashem et les fidèles, c'est la nécessité d'éduquer. Pas de diriger ni de guider, mais d'éduquer, d'orienter, de montrer l'exemple. Et ce but, vous venez de cracher dessus.

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Odoacre
Haussant un sourcil, interloqué suite au propos d' Eymerich, le vieux Grec lui tendit un index qu'il agita sous son nez

Dites donc voir Eymerich, vous voulez mon doigt peut-être pour la merdre qui encombre vos oreilles ou est-ce le cervelet qui est à changer ?

Écartant les mains

Vous écoutez-vous seulement parler Eymerich ? L'Église passe son temps à enseigner et c'est bien là l'une des missions fondamentales des prêtres... que signifie sacerdoce vous qui vous prétendez si savant ? Le sacerdoce est la mission du prêtre... et si l'on en décortique l'étymologie on obtient sacer mais aussi docere voyez, l'enseignement qui est sacré... en outre, vous ne devez pas ignorer que la messe s'organise en une liturgie qui laisse une place importante à la prédication, et la prédication est là pour enseigner.... les pastorales précédant les baptêmes aussi, et elles sont destinées à tout le monde... cela Eymerich, vous le savez forcément ou alors vous êtes un simplet, vous êtes d'ailleurs militaire, ceci pourrait expliquer cela, mais vous vous improvisez enseignant donc personne qui a tout de même un peu d'intelligence.... donc je ne vois qu'une solution : devant tout l'auditoire, vous venez de démontrer à quel point vous êtes un homme malhonnête.
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Evêque de Périgueux et Inquisiteur de la Foi
Constantcorteis
Constant avait écouté les réactions de Melior et de Nicolas Eymerich et s'apprêtait à répondre lorsqu'il fut coupé par Odoacre. Il commença tout naturellement par craindre le pire, mais fut au final rassuré par le ton plus ou moins mesuré qu'avait réussi à maintenir Odoacre.

Il répondit pour sa part à la duchesse.


Je crois que vous gagneriez à restituer la valeur dynamique qui s'impute de plein droit au schéma que j'ai grossièrement esquissé.
Que l'homme soit soumis à des besoins primordiaux est un fait, il est attaché au monde et lesté de matérialité. L'oublier reviendrait à commettre le péché d'hybris. Toutefois, si l'on s'efforce de mettre du mouvement dans tout cela, et de considérer l'homme non dans ce qu'il est, mais dans sa raison d'être. Si l'on prend un point de vue téléologique, en somme, on se rend bien compte que l'affranchissement de cette contrainte est le terme idéal de la nature humaine. L'équilibre que vous dépeignez est un équilibre de fait, et non un équilibre de droit.
Cet affranchissement se fera par le concours de l'enseignement spirituel, mais également de la gestion concrète, temporelle. Vous parlez de la préoccupation du ventre, mais n'est-ce pas le rôle des pouvoirs séculiers que de veiller à ce que chacun puisse s'en affranchir le plus aisément possible ? Il me semble pour ma part que si.

Vous remarquerez d'ailleurs que mon propos initial n'allait pas aussi loin. Je me bornais à constater que la véritable nature du monde, sous sa forme la plus archaïque et la plus concrète, ne se révèle que par la réflexion et la spiritualité. C'est par un singulier mouvement d'inversion que l'on tend à considérer comme détachés du monde réel ceux qui, en réalité, sont seuls à se confronter totalement à lui.


Se tournant alors vers Nicolas Eymerich :

J'aimerais ajouter quelques mots à la réponse de monseigneur Odoacre.
Vous me reprochez de dire que l'Église soit le nuage, mais tel n'a jamais été mon propos. J'ai parlé de la pensée, de la réflexion théologique ou métaphysique au sens large, et j'en ai dit qu'elle constituait précisément ce qui nous permettait de ne pas vivre déconnecté du monde.
Je ne vois pas tellement comment vous pouvez, dès lors, m'adresser le reproche que vous me faites.

Et, sans répéter ce que vient de souligner monseigneur de Périgueux, vous commettez à peu de choses près la même pétition de principe que j'ai à l'instant dénoncée dans le discours de messire Sancte.
Si vous partez du postulat que l'Église forme une prison, il n'y a plus de discussion possible. Hors vous ne pouvez pas ignorer la mission d'enseignement de l'Église, laquelle s'exerce selon les modalités décrites par monseigneur Odoacre. En outre, je ne crois pas que vous puissiez interpréter l'un quelconque de mes propos comme tendant à dire que l'Église n'ait pas à s'occuper d'enseignement. N'ai-je pas dit que les édifices de la pensée devaient être suffisamment grands pour qu'ils soient vus d'en haut ?
Isambre
La Rectrice obliqua légèrement sa tête brune contre une épaule droite raidie par une station immobile contraignante.

Depuis que des échanges un peu plus vifs s’étaient élevés, les yeux ambres avaient pesé le pour et le contre, réfléchissant à ce qui était acceptable et ce qui ne l’était pas dans le cadre d’une conférence universitaire. Finalement, une rassurante constatation avait vu le jour dans son esprit inquiet, au fil des discussions : ces hommes de foi parvenaient sinon à s’entendre, tout du moins à parler ensemble sans en venir aux mains. De cela, la Rectrice n’aura pas parié grand chose… Mais ce qui la frappait de plus en plus, c’était finalement la superficialité de ces doctrines hérétiques, qui ne comportaient qu’un message simpliste plutôt qu’une réflexion profonde sur la divinité et sa création. Autant le discours des deux aristotéliciens était riche d’intelligence, d’un dogme qui peut réfléchir sur soi à l’infini, que celui du spinoziste et du réformé s’articulait sur un vide conceptuel, certes péremptoirement ressassé, mais finalement aussi pauvre en substance qu’un ballon empli d’air. La Rectrice en vint à se demander si, ces deux hérétiques avaient autre chose à dire que de recracher un discours stéréotypé, sans aucun fond théologiquement pensé, émaillé de deux ou trois références grossièrement citées… Peut-être s'agissait-il d'une réaction défensive...

-Puisque nous en sommes à parler d’une des plus nobles fonctions de l'Eglise et donc de ses membres ... J’aimerais comprendre la réaction agressive de la Réforme à l'encontre du clergé. Je ne connais que bien mal la Réforme, aussi, je risque de dire des énormités… Mais nous sommes ici pour apprendre ! Ce que vous vilipendez c’est bien l’intercession du prêtre ou clerc dans la relation de l’homme à son Créateur ? Reconnaissez-vous les Prophètes Christos et Aristote? Ne jouent-ils pas un rôle d’intercesseur entre le Très-Haut et l’homme ?
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Nicolas__eymerich
Voyant le doigt de l'évêque s'agiter sous son nez, le soldat bondit en arrière et montra les dents, émettant un feulement qui le rapprochait dangereusement du félin sur ses gardes.

Ouste là gredin. Garde ton doigt où je peux le voir, ou alors si tu veux absolument t'en servir pour retirer de la défection, va proposer tes services à Iohannès qui, indubitablement, te proposera l'usage d'un orifice inattendu pour la plupart des gens mais communs chez les prêtres. Et puis vos pastorales ne sont que des simulacres d'enseignement, si je questionnais la foule rassemblée ici sur le dogme et le droit canon, j'aurais probablement tellement d'erreurs et de préjugés faux qu'un professeur de séminaire honorable irait se suicider sur le champ, bien que ce soit un péché.
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Odoacre
Tendant ostensiblement l'oreill en direction de la rectrice pour mintrer à Eymerich qu'une question lui avait été posée... il répondit néanmoins

Je vois que vous connaissez bien vos traités militaires expliquant que la meilleure défense serait l'attaque... mais je vous en prie faites faites... questionnez donc la foule sur les parties du dogme et du droit canon que nous sommes censés leur enseigner lors des pastorales... nous sommes tout ouïes.

Et d'une façon assez rare, Odoacre sourit, pas un sourire vicieux, ni arrogant, ni goguenard... un simple sourire doucement amusé... puis il ajouta

Oh et tant que vous y êtes, vous en profiterez pour leur poser des questions sur le spinozisme, afin de voir ce qui est le mieux enseigné... et de comparer.
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Evêque de Périgueux et Inquisiteur de la Foi
Nicolas__eymerich
baissant la voix, et se tournant de sorte que personne ne puisse lire sur ses lèvres, mais qu'odoacre puisse l'entendre lui, Eymerich lui répondit aussitôt.

Vieux schnock, un jour je te donnerai en pâture aux porcs de cahors ! Comme si je pouvais enseigner quoi que ce soit, alors que le simple fait de sortir ma broche spinoziste est bien plus risqué que le brigandage ici.

Finalement il se retourna vers la rectrice;

Bonne idée, confondons une fois de plus les aristos par la comparaison avec une hérésie.
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Constantcorteis
Constant écouta la réaction de Eymerich, puis celle d'Odoacre. Il était assez curieux également d'écouter ce que le réformé aurait à répondre à la question de la rectrice.
L'échange à voix basse entre le spinoziste et l'évêque, qu'il capta sans toutefois parvenir à distinguer les sons, lui laissa supposer qu'il ne devait pas s'agir d'un partage de politesses. Aussi tint-il à intervenir pour recadrer un petit peu toute potentielle dérive.


Messire Eymerich, soyez donc plus attentif.
Si vous refusez par autorité toute possibilité pour votre adversaire de faire preuve d'humilité en posant arbitrairement que toute comparaison avec l'hétérodoxie ne saurait qu'être compromettante, vous ne faites que postuler votre victoire avant même de commencer à débattre.
L'Église ne se confond pas en vous répondant, et vous le savez. Que vous l'accusiez à mots cachés de le croire, et que vous tentiez de retourner contre elle la caractéristique que seul votre décret lui accorde est inepte, sur le plan rhétorique.

D'autre part, je ne crois pas qu'il soit fondamental de faire une étude empirique pour démontrer, comme le souligne monseigneur Odoacre, que, quoiqu'il puisse en être, l'aristotélisme aura été plus efficace que le spinozisme dans son enseignement.
Vous revendiquez l'antériorité du spinozisme sur l'aristotélisme, ce me semble, et vous prétendez être des éducateurs. Faut-il vraiment que vous ayez été moins bons en cela pour que la situation présente ait pu en venir à être ! Vous me répondrez que tous les moyens ne sont pas bons pour enseigner, et que l'Eglise aura usé d'un pouvoir fort peu spirituel pour parvenir à ses fins.
Il y aura certes matière à débat, mais la charge de la défense vous incombe à vous que l'Histoire aura placé en situation d'échec.
Odoacre
Encaissant les insultes sans piper mot, Odoacre écouta la réponse de Constant et attendit, ne cachant pas sa curiosité, la réponse d'Eymerich...
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Evêque de Périgueux et Inquisiteur de la Foi
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