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[RP] Des Fauchardes en mode faucheuse

Theobalde
[Quand rien ne va plus, faut se faire entendre ...]

Théo trainait depuis un bon moment avec son chien à sa suite qui tournait autour de lui en japant, lui apportant caillou ou branche qu’il trouvait afin de jouer. Et le brun, compréhensif pour une fois, faisait en sorte d’amuser la bestiole. Tout en faisant chemin jusqu’à nulle part, il croquait allégrement dans une pomme qui lui venait d’un verger de la Bourgogne où il avait été passé quelques temps histoire de remplir sa besace jusqu’à rabord. C’est qu’il n’avait pas tous les jours les moyens de s’acheter un bout de viande et quelques fruits lui calaient bien sa faim.
Alors qu’il était au détour d’un chemin, la Teigne s’était mis à japper. Comme à son habitude, Théo commença à lui balancer une branche mais le corniaud ne se bouger pas.


Ah c’est comme ça, ah tu n’as plus envie de jouer… ben vient pas m’chercher quand tu te feras chier la Teigne … nan méhoo, j’suis pas à tes ordres la bestiole… t’fais chier…


L’autre continuait de plus belle, mettant les nerfs en pelote au brun.
‘tain mais ta gueule là, qu’est-ce t’as encore ? t’as vu un lièvre… pffffffffff t’es même pas capable de repérer un mulot alors un lapin, faut t’lever d’bonne heure.


Mais alors qu’il allait houspiller le clébard, un cri retentit un peu plus loin. Théo se stoppa, tendant l’oreille, main posée sur son poignard. Aux aguets, il s’avança lentement, pas le moment de tomber dans une embuscade surtout pour des pommes ça la fout mal quand tu fais partie des fauchards qui fauchent pas grand-chose mais quand même et il avança le museau dans la direction adéquate. Cette fois-ci, il lui sembla reconnaitre une voix… celle de son amie Agnia. Mais après qui elle en avait encore ? serait-elle attaquée ?

Ni une, ni deux, le brun se mit à avancer plus vite et lorsqu’il vit, de loin, la situation, même sans identifier celui ou celle qui était en mauvaise posture, son sang ne fit qu’un tour. Alors jetant besace, bâton et caillou, il se mit à courir, chargeant Agnia qui avait le poignard facile. Pas le choix, pas le temps de réfléchir, il se jeta sur elle à la faire tomber en arrière, la maintenant de tout son poids au sol tandis qu’il se redressait.


Mais bordel, qu’est-ce qui te prend Agnia ? Tu t’crois où là ? en voilà des manières de sauter sur les gens…

Et Théo se retourna vers la malheureuse victime. C’est alors qu’il vit le doux visage de Cerdanne. Son sang bouillonna dans ses veines, son cœur se serra, ses entrailles prirent feu et la rage prit possession de lui. Se penchant sur celle qui était son amie depuis de si longs mois, celle à qui il avait juré « à la vie, à la mort », il la regardait avec dans les yeux une douleur jusque là jamais ressenti et il cracha sa fureur.

C’est quoi ton problème hein ? Tu nous joues quoi là depuis quelques jours ? Si t’as des envies de meurtre dis-le on te trouvera une activité…


Respirant avec difficulté, il commençait à suffoquer, il fallait que ça sorte, il fallait qu’il lui fasse entendre raison. Pour le bien de tous. Ce n’est pas parce qu’il avait trouvé l’amour aux côtés de Cerdanne qu’il l’abandonnerait elle. Agnia c’était une autre partie de lui et il l’aimait aussi. Différemment certes, comme un frère et une sœur, comme les meilleurs amis du monde sans aucun doute. Il l’avait toujours soutenue et n’admettait pas qu’elle s’en prenne à l’élue de son cœur. Alors se relevant afin de la lâcher, il lui lança une œillade noire puis la pointant du doigt, lui affirma sur un ton qui n'admettait aucune réplique.


Tu la touches encore une fois et je te massacre de mes mains. Tu m’as bien compris ?

Théo délaissa Agnia pour aider Cerdanne à refaire surface. Il lui tendit la main afin de la relever et passa un bras autour de sa taille pour la soutenir.
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Agnia
[Lorsqu'on perd pied, parfois on a besoin d'une main tendue...]

Agnia était livide. Elle regardait Théobalde les yeux hagards. Il avait fait son choix, certes, et elle... elle... elle ne savait plus. La plupart du temps, elle l'aimait comme un frère, non comme un jumeau: les mêmes battements de coeur, les phrases qu'elle commence et qu'il termine, le fait qu'il sache si souvent ce qui se passe en elle. Oui, il était son jumeau.

Mais parfois... parfois ces sentiments se mélangeaient, elle était perdue. Elle reculait à nouveau, bouleversée. Elle aurait voulu qu'il l'aime juste comme sa préférée, mais elle ne pouvait pas rivaliser avec Cerdanne...

Plissement de front, les larmes qui lui viennent aux yeux et doucement, lâchant sa dague, la chainse dégoulinante de l'eau de la rivière, les cheveux plaqués contre ses tempes, elle passa un doigt sur ses lèvres. Le souvenir d'un baiser, de la tendresse de Théo une belle après-midi en Bourgogne, où elle avait décidé d'aller se baigner alors que l'eau était gelée... Son jumeau?? son amour?? Elle ne croyait pas à l'amour, elle croyait en l'amitié, en la fraternité, en la loyauté. Alors Théo...

Horrifiée, elle prit conscience de toute la stupidité de sa haine. Cerdanne était une fille bien, elle l'appréciait quoiqu'il en soit... Alors?

Alors, les paroles de Théo résonnaient comme un blessure ouverte.
"Si t’as des envies de meurtre dis-le on te trouvera une activité…"
Meurtre... non, non pas ça...
"Tu la touches encore une fois et je te massacre de mes mains. Tu m’as bien compris ?"
La massacrer de ses mains...Oui peut-être que c'était ça la solution. Il devait être doux de mourir de la main de la personne que l'on aime le plus au monde.

Laissant les larmes inonder son visage et rejoignant les gouttes qui tombaient du ciel, elle marmonna, d'un voix fébrile, ne cherchant même pas à accuser Cerdanne de l'avoir cherchée:


Pardon...pardon...

Et tournant les talons, elle s'enfuit en courant. Buvant la pluie, hurlant sa tristesse. Elle venait de blesser ceux qu'elle aimait le plus... Pauvre folle...
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Theobalde
Les femmes et leur fichu caractère. Théo ne savait plus quoi penser. Agnia devenait folle à lier ou complètement enragée et ça menaçait de finir mal tout ça. Et à moitié aveugle comme la plupart des hommes, il avait du mal à saisir ce qui clochait. Il n’avait jamais vu Agnia dans un état pareil, même avec lui et pourtant, il lui en avait fait baver par moment. Leurs colères étaient leur lot quotidien et leurs affrontements distrayaient les gens bien qu’en y repensant, Théo avait senti une différence dans les piques qu’elle lui assenait un peu plus chaque jour lorsque l’une de leur innombrable dispute débutait mais il faisait comme si de rien n’était, ne comprenant pas tout à fait ou ne voulant pas comprendre qu’elle souffrait. Et il aurait dû, oui il aurait dû lui tendre la main plutôt que de la laisser mariner dans son jus au point qu’elle essaie d’occire Cerdanne. D’ailleurs, il se retourna vers cette dernière, effleurant son épaule de la pulpe de ses doigts, observant pour voir si tout allait bien.

Ça va toi ? Tu te sens comment là ?

Puis la fureur qui l’avait animé un peu plus tôt semblait s’apaiser. Telles les vagues avec leurs ressacs, Théo était souvent imprévisible mais cela ne durait jamais très longtemps, heureusement. Et alors qu’il gardait, du coin de l’œil, Agnia dans son champ de vision, il la vit s’excuser tout en déguerpissant. Un soupir plus tard, et le voilà qui effleurait les lèvres de sa bien aimée en lui murmurant un « bouge pas de là j’reviens » tout en s’élançant à la suite d’Agnia. Il était hors de question que ça se finisse comme ça, il était hors de question qu’elle parte alors qu’ils ne s’étaient pas tout dis ce qu’ils avaient sur le cœur, qu’ils souffraient tous de leur attitude car il fallait bien l’avouer, chacun était un peu responsable de ce qui se passait. Et malgré la jalousie que soupçonnait Théo, il n’admettait pas qu’Agnia s’éloigne de lui, il avait eu du mal à supporter cette idée. Comment dire à celle qui connait si bien son esprit, ses colères et ses peurs de ne plus faire partie de sa vie ? Cela aurait été cruel et Théo ne l’était pas. Il aurait tué volontiers oui mais faire souffrir en toute conscience, il n’était pas prêt à le faire, pas encore.

La pluie battait son visage mais il gagnait du terrain. Il détendit son corps et sauta légèrement vers l’avant afin de prendre Agnia par les épaules et la faire tomber. Il n’avait pas le choix et il valait mieux une chute avec quelques éraflures plutôt qu’un départ précipité synonyme de connerie à venir. Reprenant son souffle, il se redressait déjà en la tirant par les poignets.


Mais tu vas où là Agnia ? Arrête de fuir bon sang… arrête un peu de faire n’importe quoi, pose-toi un instant et calme-toi…. ET ARRÊTE DE GIGOTER !

Ce n’était plus le sage, le gentil, le silencieux Théobalde qui parlait. Il avait rugi pour avoir le dessus sur ce petit bout de femme qui tel un chat sauvage lui aurait arraché les yeux s’il ne l’avait pas calmé.

Maintenant tu me suis, on retourne là-bas, que ça te plaise ou pas !

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Agnia
Déguerpir, courir... Et brusquement se retrouver par terre. Hurlement teigneux, la brune se débattait et n'hésitait pas à griffer.
Elle n'entendait plus rien... "ET ARRÊTE DE GIGOTER !"

Deux grandes billes couleur émeraude se posèrent sur Théo qui la dominait, elle le regardait, comme un chaton qui se fait gronder, et d'un coup, elle arrêta de s'agiter.


Je peux pas y retourner... je veux pas voir Cerdanne.

Petite fille triste et boudeuse, Agnia se recroquevillait sur elle-même, tremblante.

Théooo...

Appel au secours. La gasconne tira sur le bras de Théobalde, lui lançant un regard de détresse.

Théo, je ne veux pas que tu ne m'aimes plus... J'ai besoin de toi moi!! T'es ma seule famille. Le seul qui veille sur moi, qui s'intéresse vraiment à moi.

Petite bonne femme déboussolée, elle se blottit contre lui en reniflant, les yeux tristes.

Tu passes tout ton temps avec elle, tu me voies même plus! On ne fait presque plus rien tous les deux, comme avant... pique-niquer, boire un peu, juste toi et moi, ou aller courir avec La Teigne!

Front plissé et doigt sur ses lèvres, se rappelant toujours ce baiser. Comment, quoi? Que voulait-elle? Qu'attendait-elle? La confusion dans sa tête. Elle l'aimait, c'était une certitude, mais comment? Par Aristote et toute la Sainte Clique, que c'était compliqué.

Agnia baissa la tête sans trop savoir quel sens donner à sa phrase.


Je t'aime moi... Je sais pas trop comment, mais je t'aime...

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Theobalde
Quelques griffures, quelques coups donnés par-ci, par-là, Agnia s’était défendue comme il s’y attendait mais rapidement, elle avait repris ses esprits et c’était posée le cul à même le sol, éternellement boudeuse devant une situation qui ne lui plaisait guère, dans laquelle elle n’était pas à l’aise. Le regard de Théo sur elle s’adoucit quelque peu. Ne l’ayant jamais vu comme ça, si désemparée, il en avait le cœur serré mais il fallait quand même que la situation se débloque. Les fauchards n’avaient pas à souffrir de leurs caractères emportés parce que si rien n’était fait pour que Cerdanne et Agnia s’entendent, on allait droit vers un règlement de compte mortel.

Soupirant, légèrement énervé, il se posa à ses côtés tout en la regardant. Elle, recroquevillée sur elle-même comme souvent ces derniers temps ne l’aidait pas à être buté comme ça.


Agnia, tu vas y retourner vers Cerdanne… je te laisse un peu de temps pour te calmer mais tu ne peux pas la laisser comme ça. T’as voulu l’étriper quand même et tout en sachant que tu maitrises l’art de la guerre, c’était couru d’avance que tu aurais le dessus sur elle…


Le brun fit craquer sa nuque, pris un caillou qui trainait sur le bord du chemin et le jeta avec force au loin. Dommage qu’il n’y avait pas de lac à portée de main, il aurait fait des ricochets mais ce n’était ni le lieu, ni l’heure donc il écouta ce que la gasconne avait à lui dire, tout en se crispant légèrement, tout en serrant la mâchoire et lorsqu’elle vint se blottir contre lui, il referma ses bras autour d’elle, la protégeant du mieux qu’il le pouvait, comme il l’avait toujours fais depuis qu’il était sur la route avec elle.

Agnia, Agnia, Agnia… d’abord, je ne passe pas tout mon temps avec Cerdanne. Ce n’est pas vrai mais tu sais tout aussi bien que moi que c’est différent maintenant. Nous faisons partie des fauchards, nous avons des choses à faire toi et moi mais j’aime toujours me reposer dans un champ avec toi et la Teigne ou lever le coude auprès d’un feu de camp... ne t’imagine pas des choses qui n’existe pas. Rien ne changera entre nous. On a trop partagé pour que l’on fasse l’impasse sur tout ça et tu le sais. L’intégration à la compagnie nous a peut être un peu éloigné l’un de l’autre mais tu sais très bien que c’est à la vie, à la mort Agnia… toi et moi on est inséparable n’est-ce pas ?

Et alors qu’il attendait une réponse qui semblait ne pas venir, elle lui lança qu’elle l’aimait. Théo ferma les yeux. Il redoutait cet instant, il redoutait l’implication de ces mots et il savait. Il savait que les sautes d’humeur d’Agnia n’étaient pas sans raison mais comme tout bon mâle qui se respecte il avait fait l’ours, s’enfermant dans ses grognements plutôt que d’affronter la situation.

Moi aussi je t’aime Agnia… tu le sais et tu l’as toujours su… je ne m’en suis jamais caché mais nous deux c’est pas un amour comme on le voit dans les contes de fées… Si cela avait dû se faire entre toi et moi, il y a belle lurette qu’on aurait sauté le pas. Tu te rappelles notre rencontre, nos regards, nos rires… Je suis parti ce soir-là pour fuir une nouvelle fois mon existence et quand je suis revenu, tu étais avec l’autre abruti. C’était un signe je pense que toi et moi, on n’était pas fait pour vivre une aventure amoureuse. Alors l’amour oui, mais un amour fraternel sans limites, sans barrière, sans restriction, sans condition. Tu es mon amie, ma famille, ma sœur, mon double et ça rien ne peut nous l’arracher Agnia… rien tu m’entends. Et Cerdanne ne demande qu’à être ton amie. Ne la repousse pas sous prétexte que tu penses qu’elle m’enlève à toi. Il n’en est rien ma jolie gasconne. Je suis là et toujours là…


D’un geste tendre, il lui caressa les cheveux, appliqua ses lèvres sur le haut de son crâne. Il était déchiré de cette souffrance qu’Agnia ressentait. Entre eux cela avait toujours fonctionné ainsi comme si ils étaient sortis de la même mère, au même instant. Agnia son double, sa moitié. Elle était exubérante, il était le calme incarné ; elle était agréable et avenante, il était d’une froideur absolue. Et aujourd’hui, il souffrait autant qu’elle. Beaucoup d’évènements s’étaient enchaînés, il leur fallait du temps pour reprendre pied mais cela se ferait avec Cerdanne, il n’y avait pas à en douter. Théo n’admettait pas de perdre et l’amitié et l’amour des deux femmes les plus importantes de sa vie.
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Agnia
[Lorsque la rivière devient torrent de larmes]

Il est étrange parfois comme le temps peut s'arrêter. Un instant comme il y en a peu dans une vie. L'un de ses rares moments où tout pourrait s'écrouler, on est inébranlable, où l'univers entier disparaît.

Blottie contre Théo, noyant son chagrin dans ses bras, elle s'agrippait, elle s'accorchait. En entendant ses paroles qui étaient toujours l'expression de la raison, de la sagesse, la rivière bouillonnante qu'était la jeune gasconne se transforma en torrent, un torrent de larmes qui emporte tout sur son passage.

Toute la tension des jours passés, de la découverte de Fauchards, de la séparation d'avec Théo, des prises de bec, de la prépartation de l'attaque du château d'Orléans, de l'exultation de la prise du dit château, et toute cette frustration liée à cette affreuse sentation de perdre celui qui comptait tant pour elle, tout cela se déversait dans de gros sanglots qui recouvraient son visage et allaient tremper la chemise de Théo.

Agnia se libérait. Théobalde savait si bien l'apaiser quand il le voulait. Et le volcan se calmait doucement, se pelotonnant dans ses bras comme un animal blessé.

Bien sûr! Evidemment, trop nulle en amour la Gasconne, jamais elle n'avait vu Théo comme un amant ou même comme un amoureux, et ce, même lorsqu'il avait frôlé les lèvres de la brunette des siennes. Mais alors, c'était ça? la gémélité? Par le Très-Haut, que ça faisait mal... Ce lien était... incommensurable, c'était un tout, c'était immense, mais Didiou, ça faisait sacrément mal!

Les yeux brouillés de larmes, cramponnée à Théo, elle frotta son bout de nez contre son revers de manche et en hoquetant, elle releva ses yeux d'un vert délavé d'avoir trop pleuré, vers son ami.


Hummpffrr. Je... je veux bien aller revoir Cerdanne... mais... dis lui de ne plus me provoquer s'il te plaît?? je t'en prie, dis-lui d'arrêter.Et je ne m'excuserai que si elle aussi s'excuse!

Elle passa ses mains autour de son cou et se cramponna à lui de plus belle, comme si elle avait voulu ne plus s'en décrocher. C'était étrange ce sentiment d'être toujours protégée et en sécurité de la sorte. L'ai revêche, libérée de ses peurs, elle le regarda à nouveau et un éclair de malice traversa ses yeux clairs.

Pis si vous m'oubliez, je te jure que je gueulerai tellement fort que tu m'entendras depuis chez les sarrasins!

Petit bisou sur la joue de Théo, elle se décrocha enfin tout en se cramponnant à son bras et en hochant la tête.

Je suis prête... je crois.
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Cerdanne
[ Fauchage en noir et blanc...]


La pluie dégringolait sur une brune à la mine livide, le regard froid et glacé.
Penchée sur des bouts de tissus fripés et pourris de flotte, elle avançait mécaniquement entre les herbes.
L’a pas vu arriver la petite brune furieuse.
La chute fut violente.
L’’instant d’après, la caresse acide d’une lame goutait sa peau.
Une seule obsession, éloigner cette dague qui revenait, dangereusement. Mâchoire serrée, elle finit par faire face à la folie de la Gasconne.
La haine qu’elle lui crachait à la figure glissait sur elle comme la pluie qui continuait son chemin vers elles…
Comme détachée, Cerdanne ne voyait que le bras vengeur.
Lutter avant tout pour l’écarter, lutter et frapper.
Frapper oui !…l’envie monte en elle, énorme…en finir une bonne fois pour toute.

Elle distingua vaguement une autre voix et l’instant d’après Agnia était projeté loin d’elle.
Instinctivement, elle se recula et encore assista impuissante à leur face à face.

Relevée avec douceur, c’est une Cerdanne muette qui acquiesce vaguement à l’interrogation de Théo.
Et de laisser trainer un regard marine sur la course poursuite de l’un vers l’autre.
Visage offert à la pluie et retour vers la rivière pour diluer la fureur qui la gagne.
Peine perdue, le froid emprisonne et la jeune femme ressort de l’eau plus déterminée encore…

Furieuse…même plus...
Juste vidée de tout sentiment.
Juste repartie dans son joli refuge, la bulle qui dans sa tête servait de matelas douillet à toutes ses douleurs.
Depuis trop longtemps Cerdanne avait pris l’habitude de la rejoindre des que le sol tremblait fort.

Elle sentait son espace se craqueler à cet instant et tentait de regagner son refuge à toute allure.
Gestes mécaniques et respiration ténue…jusqu’à la ouate brumeuse…
.
Respirer enfin…plus de douleur…
Retrouver le sourire…coller cette image lisse et impénétrable…

Les ombres...Les silhouettes approchaient déjà…

Elle était prête…plus de fêlures, calme et souriante.
Juste une zébrure grisâtre au fond du regard.
Assortie au ciel, ni plus ni moins.

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Agnia
[Il peut faire froid même lorsque le printemps bat son plein]

Cramponnée au bras de Théobalde, comme elle l'avait si souvent fait cette dernière année passée avec lui, la brune troublionne était blême et tremblait de froid. Une vague de souvenir l'assaillit alors. La route... entre Béziers et Limoges. Un temps de paix, un temps merveilleux de bonheur, avant, avant que tout ne change...

Elle tourna à demi sa tête regardant Théobalde, puis farouche et obstinée, toujours pendue à son bras, elle se détourna, observant Cerdanne alors qu'ils s'en approchaient.

Lui parler, sortir un mot de sa bouche fermée, décontracter ses lèvres et en faire sortir un son. Agnia, regardait Cerdanne dans le blanc des yeux, mais rien ne sortait. Pourtant, il aurait fallu qu'elle lui fasse des excuses, qu'elle dise quelque chose, n'importe quoi. Mais il n'y avait rien à faire, aucun bruit ne sortait, si ce n'est un râle rauque et étouffé.

La jeune femme ne quittait pas la provençale des yeux. Son regard émeraude se noyait dans des yeux gris-bleus. Elle tremblait toujours de froid et n'arrivait pas à décrocher le bras de Théo, le serrant compulsivement.

Pardon, ce n'était pas si dure à dire, tout de même, elle l'avait déjà dis, et deux fois en plus! Mais là, toujours rien. Et ce silence qui pesait. Cerdanne n'avait pas l'air plus loquace, ni décidée à faire le premier pas.

Agnia tentait d'éviter de ruminer, elle tentait de ne plus se rappeler à quel point Cerdanne avait pu la provoquer. Elle ferma les yeux et se mit à respirer fort. Se rappelant ses instants de bonheur passé. Tout allait bien, elle ne devait pas avoir peur, il fallait qu'elle sorte un son.

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Cerdanne
[Les rives fauchardes...]

Elle n’avait même pas froid…
Elle, la frileuse, la provençale qui cherchait son soleil perdu.
Livide et figée dans sa chemise trempée, elle ne sentait même plus la pluie glacée qui roulait sur elle.

Le sombre qui hantait sa vie l’attirait vers ses recoins ouatés.
Pour l’y engloutir.
Elle finirait par ne plus en revenir.
Elle tomberait un jour dans ses bras et tournoierait vers le fond, creusant sa tombe inexorablement.

L’espace se rétrécissait dangereusement, se tordait, perdant ses couleur....
Les silhouettes grandissaient, grandissaient...

Allez ma douce…n’aie pas peur, sort ! Franchit le ce putain de pas ! Un dernier essai, pour Théo, pour l’amour...

Fermer les yeux sur les douleurs à venir et tenter un dernier sourire.
Pour les rouvrir sur un miroir qui renvoyait la même plainte.
Et le froid tout à coup qui s’abat sur elle.
La réalité qui s’accroche à elle et la griffe.

Arrêt des pupilles grises sur un bras dessus-bras dessous qui lui éclate littéralement le cerveau.
Et le feu au fond du cœur qui brule, qui dévore.
Profonde inspiration et Cerdanne avance vers leurs couleurs.
Regard gris planté dans le vert.
Murmures rauques et juste perceptibles.


Toutes mes excuses, Agnia.
J’aurais du réfléchir, maitriser mes gestes, je ne voulais pas te blesser tu sais...…
Mais si même les pimbêches se mettent à penser, n’est pas rendues hein…
Les rages des vipères pleurnichardes prennent de drôles de chemins, je te demande de leur pardonner.


Regard bleu cobalt contre regard vert…
Mâchoire serrée pour retenir le claquement de dents qui l’envahit.
Le froid terrible, insidieux règne en maître...

Nouveau pas vers elle et main qui se tend en guise de drapeau blanc.
Frontière invisible entre couleurs et transparence.
Main tendue vers le devenir...

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Agnia
[Lorsque l'enfer se fait lave]

Figée, accrochée. Une seule envie, oublier, disparaître. Et cette sourde douleur qui lui arrache le coeur et qui ne veut pas se taire. Agnia a beau lui donner des coups de hache à la douleur, la piétiner, lui faire la nique, mais rien n'y fait.

Où est sa place? Pas là, certainement pas là. Non, ça faisait trop mal ici, ça donnait trop envie de pleurer et de s'arracher le coeur et les ongles et même les tripes.

Yeux mi-fermés, elle prit une grande inspiration, sans lâcher ce bras auquel elle s'agrippait comme à une bouée de sauvetage. Il le fallait, il fallait s'excuser et tenter à défaut de l'aimer au moins de la supporter. Elle avait pas le choix et elle obligerait jamais Théobalde à choisir entre Cerdanne et elle, déjà parce qu'il ne choisirait pas la petite gasconne et ensuite parce que ça aurait été inhumain. Autant disparaître.


Un éclair vert foncé traversa son regard lui donnant un reflet noir. La boucler, accepter, se plier. Elle fixait la main tendue de Cerdanne, les yeux froids, les jambes tremblantes. Lentement, elle s'arracha au bras de Théo, à deux doigts de chancelant mais puisant dans sa volonté pour ne rien laisser paraître.

Elle prit la main tendue et la regardant droit dans les yeux, d'une froideur nordique, elle s'exprima d'une voix claire et à peine tremblante. Les mots lui écorchaient la bouche mais elle n'avait plus le choix. Vaincre ou mourir.


Non, pardonne-moi, je n'aurais pas du réagir ainsi. J'ai été puérile. Tu es la compagne de Théo et il est mon meilleur ami, je devrais plutôt te protéger au lieu de me laisser aller à des émotions stériles; ça ne se reproduira plus, jamais. Et... j'accepte tes excuses.

Serrement de mains, une envie retenue de la broyer. Vite, la lâcher et se tenir droite et ferme. Bras contre le corps, vide... elle était vide de tout sentiment, de toute émotion. Plus rien ne lui rendrait le passer, il fallait partir dorénavant et s'arranger pour le faire proprement.

Je vais vous laisser entre vous, c'est de bon ton.

Inclinant la tête, elle fit un quart de tour sur elle-même, souriant légèrement.

Merci Théobalde.

Pourquoi en dire plus...

Tournant les talons, elle prit le chemin du campement. Il était temps, il lui fallait impérativement penser à préparer son départ.

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