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Funérailles de Matthilde de Beaugency/de l'Epine

Eilinn Melani
Enfin l'office religieux commença, alors que la chapelle s'était remplie de riches atours et de nobles personnalités. L'abbesse prit la parole, et après la confession, invita les fidèles à réciter le crédo. Eilinn en bonne croyante venant tout juste de terminer sa pastorale, le reprit avec ferveur.

Je crois en Dieu, le Très haut tout puissant
Créateur du Ciel et de la Terre
Des enfers et du Paradis
Juge de notre âme à l'heure de notre mort.

Et en Aristote son prophète
Le fils de Nicomaque et de Phaetis
Envoyé sur Terre pour enseigner la sagesse
Et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos
Né de Maria et de Giosep
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce
Il est mort dans le martyr pour nous sauver
Il a rejoint le Soleil, où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut

Je crois en l'action divine
Je crois en la Sainte Église aristotélicienne Romaine, une et indivisible
En la communion des saints
En la rémission des pêchés
En la vie éternelle
Amen

_________________
Esyllt_Catarina
Bourgogne-Champagne, en apparence un trajet rapide et, avec de la chance, agréable. Ce jour de printemps ne vérifierait cependant pas le pronostic. Il y avait d'une les circonstances .. La disparition de sa marraine, Matthilde de Beaugency, qu'elle n'avait pas réellement connu, pas de ces liens qui unissent au mieux filleule et marraine, non .. De deux, il y avait eu cet essieux, "Maudite voiture !", qui avait immobilisé le convoi pour trois heures. Aussi, de l'avance prise au départ de Dijon, ne restait plus rien, si ce n'est une opération inverse provoquant le retard de la cadette de la Louveterie..

En d'autre occasion, la jeune fille aurait masqué sa gène au travers d'un sourire enjôleur, de ceux auquels son père succombait toujours, mais en ce moment, la désolation qui avait pris en otage son visage, ne pouvait laisser place à cet autre sentiment.
De la couleur framboise qui l'habillait traditionnellement rien ne restait. Pas un bout de tissu, pas une ceinture ou la moindre paire de souliers anis, non plus. Dans une tenue de deuil, la première depuis le 14 avril, voilà bientôt un an ... Esyllt maudissait le destin sans trop comprendre tout les tenants religieux de ses jurons. A neuf ans, bien des choses passait encore au dessus de sa tête, bien des choses.

Accompagner l'âme d'un défunt était le devoir de tout croyant. Chaque fidèle de la Grande Église Aristotélicienne se devait d'honorer ce dernier voyage, définitif, mais surtout le plus beau. Sur terre, il désolait bien des être, là-haut, sur l'astre solaire, il n'y avait pourtant qu'Allégresse.

Esyllt essuya d'un revers de main ses yeux qui semblaient commencer à piquer. A Guigone elle répéterait que c'était avec le printemps et toutes ces fleurs, pour elle même, Esyllt ne cacherait en rien sa détresse.

Quand elle pénétra dans l'édifice, aucune allure ne lui sembla remarquable. Il faut dire que tous étaient de dos. Même Clémence lui paraitrait inconnue, seule sa position au premier rang ou un visage empreint de désespoir pouvait témoigner d'une quelconque identité. Elle reconnaitrait bientôt Ellesya, son ainée, mais reprenait avant en cœur le Credo là où il était entamé. "Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du paradis".
Et alors que le duo, une nourrice et sa protégée, prononcerait comme tout à chacun la phrase la plus actuelle de la prière fédératrice, il prendrait place dans l'assistance alors que résonnerait le plus intense des souhaits exprimés d'Esyllt :"Et La vie éternelle". L'éducation de son père, la morale inculquée remontait alors à son esprit alors qu'une assemblée nappée de noire, des esprits embrumaient dans la tristesse clamaient cependant avec ardeur le mot d'une fin provisoire. "Amen".

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beulbeul
Beulbeul souriat à son père lorsqu'il vint se placer à côté d'elle. Elle l'observa un court instant. Il se tenait droit, ne voulant laisser passer aucune émotion. Mais Beulbeul ressentit à ce momentune grande tristesse dans le coeur de Dragonet. Elle ne l'avait jamais vu comme cela....
Elle se tourna à nouveau vers la cérémonie et répéta


Je crois en Dieu, le Très haut tout puissant
Créateur du Ciel et de la Terre
Des enfers et du Paradis
Juge de notre âme à l'heure de notre mort.

Et en Aristote son prophète
Le fils de Nicomaque et de Phaetis
Envoyé sur Terre pour enseigner la sagesse
Et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos
Né de Maria et de Giosep
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce
Il est mort dans le martyr pour nous sauver
Il a rejoint le Soleil, où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut

Je crois en l'action divine
Je crois en la Sainte Église aristotélicienne Romaine, une et indivisible
En la communion des saints
En la rémission des pêchés
En la vie éternelle
Amen
Cappa de Sens-Caumun
Cappa se dirigea ensuite vers le lutrin érigé au flanc dextre de l’autel. Il supportait un épais volume à la couverture de cuir patinée par la caresse des pieuses mains que des centaines de clercs y avaient posées avant elle. Elle l’ouvrit avec grand respect et moulte attention à la page marquée d’un signet, et commença la Lecture.

Alors, sept grandes paires d’ailes magnifiques s’étendirent. Ils s’approchèrent du bord et se laissèrent tomber. Je hurlais de terreur, mais mon cri s’étouffa lorsque les Archanges redressèrent leur vol et s’envolèrent vers la soleil. Je pus voir sous moi l’ensemble de la lune et me promis intérieurement, si l’occasion m’en était donnée, de toujours vivre dans la vertu, suivant les préceptes d’Aristote et de Christos, afin de ne jamais plus retourner dans un endroit aussi sordide. Galadrielle me lança un sourire complice et me dit: “C’est bien. Tu as pris une judicieuse décision. Puissent les autres vivants faire la même.”

Je me demandais comment elle avait pu connaître aussi bien le fond de mes pensées. Mais mon esprit fut bien vite plutôt intéressé par le spectacle qui s’offrait à moi. Nous venions de quitter la lune et nous volions dans l’espace qui la sépare du soleil. Les étoiles s’offraient à mon regard comme autant de spectacles magiques. Je pouvais même discerner de nombreux autres astres dont je ne connaissais pas l’existence, ne pouvant être vus depuis le monde. Mais l’essentiel de ma vision était occupé par ce soleil immense, brûlant, que je n’avais jamais vu d’aussi près. Je me sentais comme une mouche face à une vache : minuscule.

Nous nous approchâmes si près de l’astre divin que des flammes de plusieurs lieues de long nous frôlèrent. Je me demandai si je n’allais pas partager avec les sept Archanges une bien funeste fin. Mais Michel, sur lequel j’étais toujours juché, me dit: “N’aie crainte et regarde.” Je vis alors les flammes qui couvraient le soleil s’ouvrir, pour laisser place à un magnifique spectacle. Sous cette couche brûlante se trouvait ce dont j’avais entendu parler depuis ma plus tendre enfance, sans jamais savoir ce en quoi cela consistait : le Paradis !


L’abbesse prit une profonde inspiration, leva ses yeux vers les Cieux, parut réfléchir un moment, et reprit avec enthousiasme :

Le Paradis ! Et oui, il s’agit bien de cela, Mes bien chers Filles & Fils. Rien de moins que le Paradis ! C’est à cette Porte que Matthilde s’en va au jour d’huy frapper, et là qu’elle sera introduite, tout du moins si la blancheur de son âme convient à la Vue du Très-Haut.

Nous autres, pauvres mortels à elle survivant, sommes plongés dans la tristesse et l’affliction, car nous avons perdu une compagnie qui tant nous était chère. Nous pleurons sa disparition, car nous pensons à tout le temps qu’ores nous allons passer sans elle, sans sa tendresse, sans sa chaleur, sans son Amour. Mais, je vous le demande, sommes-nous bien sûrs que cela doive nous rendre tristes ? Ne pouvons-nous nous réjouir de l’immense Joie qui doit être la sienne en cet instant de sentir le regard du Tout-Puissant plonger dans les tréfonds de son cœur ? Et pourquoi penserions-nous que ne la reverrons plus ? Douterions-nous à ce point d’être indigne de la rejoindre ?

Car il s’agit aussi de cela, Mes Filles & Fils. Il s’agit de savoir si dans votre vie temporelle, celle que vous menez en ce Monde, vous faites bien tout ce qu’il faut pour préparer au mieux le Moment décisif. Posez-vous donc la question ! Etes-vous tout à fait sûrs que, jour après jour, vous suiviez pas à pas le sentier de la Vertu, celui qui vous mènera sans coup férir aux Portes du Paradis, et qu'Elles vous en seront ouvertes ? Alors, en vérité, je vous le dis, pensez-y dès à présent. Suivez fidèlement les Enseignements d’Aristote et ceux de Christos, et appliquez les en tous points, aimez votre prochain, soyez des Fidèles vertueux, et vous rejoindrez Matthilde lorsque votre temps sera échu.

La mort viendra pour chacun de nous. Pour les uns tôt, pour les autres plus tard. Pour les uns à l’aube de leur vie, pour d'autres à son crépuscule. Et le Très-Haut nous prévient : "Soyez prêts, soyez toujours prêts car vous ne savez ni le jour ni l'heure". Aristote nous a guidés et Christos nous invite à prendre exemple sur lui, à trouver notre joie à vivre pour les autres, à aimer comme ils nous ont aimés.


Son homélie terminée, l’abbesse revint au milieu l’autel, et se tournant en direction de Cammassou, elle lui fit un signe d’invite en direction d'une desserte, sur laquelle reposaient quelques cierges placés autour d’une bougie allumée.

Envoyons maintenant vers le Très-Haut le Signe de la Lumière.

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Croyez en Dieu, car hors de Dieu [...], point de vérité n’existe [...] En revanche, son existence est gratuite, donc, croyez en lui et arrêtez de me les casser menu. Chr. Log. XIV
Amaël
Déjà plusieurs jours que le jeune Ried était à L'Epine. Il était venu changer les idées de son amie Clémence et avait eu le plaisir de découvrir les terres familiales de l'honorable famille champenoise. Il avait également rencontrer sa jeune cousine, et avait eu la joie de voir arriver sa chère Béatrice, avant le jour des funérailles, tout comme lui. Ces quelques jours passés en charmante compagnie avaient été des plus plaisants, changer d'air, prendre du repos et du plaisir, loin d'Alençon, entourer de proches, était revigorant. Le jour funeste arriva cependant, et avec lui son masque gris, de circonstances. Aidé d'Arnaut, son fidèle ami et écuyer, Amaël se prépara pour la cérémonie des funérailles. Très élégant, il mêlait la richesse de ses vêtements à une grande sobriété, portant ce jour des habits mêlant le noir et le bleu nuit, rehaussés ça et là de broderies dorées, aux mains de ses bagues, et au cou d'un collier en or serti de saphirs. Fin prêt, il quitta la chambre qu'il occupait au château durant son séjour, accompagné d'Arnaut, pour gagner la chapelle privée des terres de la famille de L'Epine.

Le jeune Ried arriva à la chapelle. S'arrêtant un instant sur le parvis il fit signe à Arnaut et son jeune écuyer vint alors mettre quelques écus sortis d'une bourse dans la corbeille de l'amitié, posée à l'entrée du lieu saint, comme de coutume. Puis il reprit la marche et pénétra dans la chapelle Saint-Jean alors que le glas sonnait encore. Avançant lentement il eut le temps de voir les présents. Au loin, aux premiers rangs, Clémence, malheureusement non-accompagnée de ce père dont l'absence faisait cruellement défaut en ce jour. Amaël éprouvait un mélange de sentiments étranges à l'égards du Marquis, homme honorable en de nombreuses choses, et en même détestable d'abandonner ainsi sa fille à elle-même, surtout le jour des funérailles de sa mère. Heureusement, la cousine de Clémence était là comme soutien familial. Cela ne pouvait faire oublier l'absence de ce père trop silencieux, mais c'était sûrement une petite compensation. Il y avait de nombreuses têtes inconnues, certaines familières, comme ces deux jeunes femmes rousses, qu'il savait être de la famille des Volpilhat mais qu'il ne connaissait pas.

Et soudain, une vision du Paradis s'offrit à lui. Sa princesse était là ! Esyllt, son ange, celle dont il rêvait exclusivement était là ! Et accompagnée de sa charmante grande soeur, la duchesse d'Amboise. Pour Amaël, ces tritres funérailles prenaient une autre couleur avec la présence de celle pour qui tout son coeur battait. Et oui, Amaël était amoureux de cette jeune fille rousse comme on aime à cet âge là, un peu naïvement, mais d'un amour absolu. Il s'était arrêté au milieu de l'allée entre les rangées de bancs et observait cette tête, cette nuque, de dos. Ce fut Arnaut qui rappela son jeune maître au présent en s'éclaircissant discrètement la voix. Revenant à lui Amaël fit comme s'il ne s'était arrêté ainsi et gagna sa place. Il était assis dans l'autre rangée de bancs, presque à hauteur de sa petite princesse. Il ne savait si elle l'avait vu s'installer, mais n'osait pas tourner son regard vers les deux soeurs de la Louveterie.

Et la cérémonie commença. Amaël écoutait les paroles de l'officiante, et récita les prières en même temps que tout le monde, mais une partie de son esprit était ailleurs, tourné vers Esyllt, ne pensant qu'à elle.

Oui, je vous l'accorde, pour certains, tout cela est pathétique, et pour d'autres merveilleux, mais comme je vous l'ai déjà dit, on aime comme ça, à cet page là.

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Clémence de l'Epine
Elle écoutait, de toute son âme : elle voulait comprendre, elle voulait savoir ce qui attendait sa mère, elle voulait être convaincue qu'il ne lui fallait être triste, qu'elle n'avait pas à souffrir, parce que Matthilde était heureuse d'être où elle était certainement désormais.

Car l'abbesse ne pouvait en être sûre sans l'avoir jamais connue, mais Clémence, elle, en était persuadée : Matthilde serait accueillie au Paradis Solaire. A quoi d'autre avait été vouée sa vie sinon au partage, à l'amitié, à l'amour, à la Foi ? Délaissée par son époux, qui sans nul doute l'aimait pourtant comme un mari se doit d'aimer sa femme, elle n'avait jamais osé reproduire son comportement. Elle s'était toujours montrée humble, serviable, et avait toujours offert un visage rayonnant à sa fille -à elle, Clémence-, pour ne pas la toucher, la heurter dans sa sensibilité d'enfant. Elle lui avait inculqué cette fierté, cette estime pour les gens de son sang, pour ses ancêtres. Les ressentiments qu'elle pouvait éprouver pour certaines personnes, elle n'avait jamais tenté de les faire éclore chez sa fille. Elle lui avait toujours laissé cette liberté de jugement. Pourtant, même si tel était son but premier, il lui était impossible de réellement dissimuler ses sentiments envers quiconque. Elle était trop impétueuse pour cela, et sans doute était-ce l'un de ses plus grands défauts. Mais le Très-Haut ne dotait-il pas chacun de ses enfants de qualités et de défauts ? Ils devaient ensuite s'efforcer de mettre en exergue les premiers et d'atténuer les seconds. Ce que Matthilde s'efforçait toujours de faire -en vain, parfois, mais mieux vaut essayer toujours et aboutir quelques fois plutôt que ne jamais tenter et donc ne jamais obtenir de résultats.

Alors oui, aux yeux de sa fille, Matthilde de l'Épine méritait sa place au Paradis Solaire. Mais quelle mère, pour ses enfants, n'en était pas digne ?

Pour la rejoindre, il lui suffirait de suivre les enseignements de Christos et Aristote. Non pas comme elle pensait le faire jusqu'à présent, mais réellement, activement. Il ne suffisait pas de lire les principes du Dogme Aristotélicien, en fait, pour se considérer vertueuse. Encore fallait-il les mettre correctement en pratique.

Du coin de l'œil, Clémence nota la présence d'une nouvelle jeune tête rousse, à proximité d'Ellesya. Son coeur se serra, à l'idée que celle qu'elle devina comme étant Esyllt-Catarina n'avait jamais pu profiter de la compagnie de sa marraine, qui aurait dû, si elle l'avait pu, la guider vers la Foi, lui prodiguer de l'affection, faire partie intégrante de sa famille, puisqu'en tant que marraine Matthilde devait être considérée comme un membre de sa famille spirituelle. D'autres s'en étaient chargés à sa place, et Ellesya en premier, sans doute. La demoiselle de l'Épine avait connu cela également : son parrain, Anthony de Massigny, était parti trop tôt, tout comme sa marraine, Catherine-Victoire d'Appérault, et de par leurs fonctions, ils n'avaient de toute façon eu que peu de temps à lui accorder. Mais cela ne l'avait jamais empêcher d'éprouver pour eux une affection particulière. Elle aurait sincèrement aimé qu'il en soit de même pour Esyllt. Surtout en l'absence regrettable de ses parents -Morgwen de la Louveterie, et Juliano di Juliani, dont Clémence se rappelait avec déférence. Le Prince avait été une des figures les plus marquantes de sa toute première jeunesse et n'avait jamais manqué, à chaque occasion, de lui rappeler la façon dont il avait fait la connaissance de la petite Clémence alors qu'elle n'était qu'un enfançon, encore -une anecdote bien chevaleresque, d'ailleurs.

Et puis, alors que la diaconesse se déplaçait vers les cierges et que donc la cérémonie poursuivait normalement son cours, la demoiselle s'interrogea soudainement sur l'absence d'une personne qui aurait dû se trouver au sein de l'assistance. Béatrice de Castelmaure, son amie fraîchement unie au Duc de Bolchen, était présente à l'Épine depuis quelques jours déjà. N'aurait-elle dû se présenter à la chapelle parmi les premiers arrivés ? Contrariée, se demandant un instant si quelque fâcheux malheur n'était pas arrivé, Clémence tourna les yeux vers Amaël, d'abord, comme s'il aurait pu de façon muette lui donner une indication sur la raison du retard de leur amie commune. Rien de grave, il fallait l'espérer. Rien d'irrespectueux non plus, ça n'était pas dans les habitudes de Béatrice.

Mais ça n'était pas le moment de penser à autre chose qu'à l'office de Mère Cappa. Docilement, bien qu'un peu préoccupée, elle redirigea son esprit vers les mots de l'abbesse.

S'efforçant toujours de garder le regard loin du catafalque...

c lotus
Clémence lotus avait hésité par moult objections mais après mûre réflexion elle s'était dit que malgré tout elle se devait de venir aux funérailles de la mère de la jeune demoiselle de Lépine . Car si la capitaine ne connaissait pas la défunte elle avait escortée par deux fois la jeune clémence et dont elle avait appris à la connaître avec un immense respect.

La capitaine était donc entrée discrètement dans la chapelle apercevant la jeune demoiselle déjà sur le devant face à l'abbesse Cappa .
Pour l'heure la jeune clémence était la digne nièce de sa tante par alliance pétillante de Brienne car pour son jeune âge la jeune fille se tenait droite ne voulant point montrer son chagrin, évitant de croiser les regards de l'assistance quand le cercueil mené par les hommes de la maison traversa l'allée central jusqu'à être déposée sur le catafalque. Mais la pâleur de son visage en disait long.

la capitaine s'était mise dans le fond de la chapelle se mélangeant avec le peuple venue rendre un dernier hommage à une femme de la lignée de Caedes. La capitaine se dit que si la défunte était comme sa fille la jeune Clémence rien ne pourrait l'empêcher d'allée auprès du très haut et qu'elle ne pouvait douter que cette femme qui reposait sur le catafalque avait du être une grande dame .

Cappa commença l'office et tout le monde se concentra vers l'abbesse, récitant le credo après elle, la capitaine tout en suivant l'office ne quittait pas des yeux la tête blonde de Clémence qui s'efforçant de ne pas regarder le catafalque fixant un point droit devant elle son esprit voguant certainement vers des moments ou les souvenirs étaient plus joyeux.
Le Vicomte de Saint germain et sa fille se tenaient près de Clémence, mais à part cela aucun autre visage connus n'était en vue et encore moins la noblesse Champenoise .
Cappa de Sens-Caumun
Une fois les cierges allumés et disposés autour de la bière, l'abbesse reprit sa litanie.

L'Amitié est la lumière de notre monde. C'est la flamme qui illumine notre vie et réchauffe notre cœur. Qu'elle éclaire maintenant le chemin de Matthilde et la conduise tout droit jusqu'à Ton Royaume, Seigneur.

Elle désigna de nouveau à Cammassou la desserte sur laquelle reposait également une petite croix.

Envoyons maintenant vers le Très-Haut le Signe de la Foi.

Une fois la croix posée sur le cercueil, elle dit.

Matthilde, reçois, une nouvelle fois, cette croix aristotélicienne, que tu portais depuis ton baptême. Sur ton cercueil, elle est le signe te reliant à Aristote et te donnera l'accès au Repos Eternel.

Puis elle eut un geste en direction de la corbeille posée vers la porte d’entrée, à fin que la diaconesse aille la quérir et la dépose sur la bière. En tournant la tête vers le fond de la chapelle, elle s'aperçut soudain de la présence de Clémence Lotus, sa chère marraine. Quelle heureuse surprise ! Elle lui adressa un chaud sourire et aussy un signe de bénédiction, que toutes les personnes placées entre les deux femmes prirent pour elles-mêmes, et furent content d'être ainsy distingués.

Envoyons maintenant vers le Très-Haut le Signe de l’Amitié.

Une fois la corbeille disposée sur le cercueil, elle dit.

Matthilde, nous déposons ces présents sur ton cercueil, signe de notre amitié, signe de notre prière, signe de notre cœur.

Envoyons maintenant vers le Très-Haut le Signe de la Mémoire.

Rappelons-nous le souvenir d'une Amie aristotélicienne qui vient de nous quitter. D''une femme qui avait une histoire, unique, avec Dieu. Qui était entouré de la tendresse de Dieu. Qui a fait, pensons-le, l'expérience de cette tendresse. Nous voici nombreux dans cette chapelle, autour de Matthilde pour prendre conscience de ce lien d'amour qui l'a toujours uni Dieu, qui unit Dieu à chacun de nous, à tout instant. Notre présence ici est prière. Nous invoquons Aristote qu’il mesure les péchés de notre sœur et que Christos intercède auprès du Tout-Puissant pour qu’il la reçoive en son Paradis.

Laissons maintenant sa fille chérie nous parler d’elle.


Et elle fit un geste ample en direction de Clémence de l'Epine.

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Croyez en Dieu, car hors de Dieu [...], point de vérité n’existe [...] En revanche, son existence est gratuite, donc, croyez en lui et arrêtez de me les casser menu. Chr. Log. XIV
Catalina
Elle s'y complaisait, dans le blanc de ses tenues, oui pour elle c'était ce qui représentait le plus le deuil, tout au contraire des couleurs sombre.
Le deuil, c'est un peu essayé d'oublier la douleur qu'un être cher qui a rejoins les cieux à provoqué? Non?
Les cieux c'est blanc? Non?
Et une âme? n'est ce pas aussi pur, blanc qu'un linge immaculé?
Alors, elle est a coté de sa nièce,habillé de blanc de la tête au pied, assise dans la chapelle, alors qu'un instant avant elle venait d'arriver sur les terres du domaine, oui le domestique les avait pressé jusque la car déjà on entendait la cloche qui sonne.
Sons lugubre, annonciateur de la cérémonie qui enfin commence.

Le début de la fin! ou peut être étais ce déjà le cas avant.

Elle jette un coup d'œil protecteur à toute ces jeunes filles avec elle, non elle n'est pas si vielle mais... tout de même.
Sa gorge se serre un peu, et cette fois ci c'est un regard qui cherche du réconfort qui se lève vers la gouvernante.
Puis au sourire d'Adeline elle baisse les yeux, attends...

Et alors qu'on entamera bientôt le crédo, une petite rousse lui sourit.
Difficilement mais surement elle lui répond d'un étirement de lèvre qui ressemble plus ou moins à un sourir.
Il est dur dans ces moments d'avoir l'air heureux, et même si aujourd'hui ce n'est pas un membre de sa famille à qui l'ont vient dire adieu, il n'y a pas de doute que la cérémonie aura le don de la ramener des années bien avant.

Teint laiteux, cheveux de feu qui retombe sur le lit de mort, cadavre blanc... voila l'image que lui renvois Jehanne, très vite elle détourne le regard, la mine surement défaite.
Le temps n'a pas fait encore son office, ou peut être que l'on n'oublie pas...
Elle aimerait se lever et comme Elesya s'approcher de Clémence, lui montrer qu'ils sont tous la, mais...
Donc autour d'elle on entonne le credo, et avec un sérieux mal de cœur, la cérémonie se continue, le moment d'écouter.
Clémence de l'Epine
La demoiselle de l’Epine vint rejoindre l’abbesse lorsque celle-ci le lui demanda d’un geste. Elle avait redouté ce moment, parce qu’elle avait eu peur de ne pas être capable d’exprimer par des mots explicites ce qu’avait été Matthilde. On pouvait aimer quelqu’un de tout son être mais être tout aussi peu capable de définir pourquoi ou même comment. Alors elle tenterait au mieux de lui faire un hommage digne de ce qu’elle était, même si, à ses yeux, aucun des plus beaux hommages ne serait capable de la dépeindre aussi grande et noble qu’elle l’avait été.

Après un bref regard à l’assemblée, l’embrassant entièrement, n’en omettant aucun, dans le but de puiser dans chacune des prunelles ici présentes le courage qui ici pouvait si facilement faire défaut, Clémence commença.



Pour certains, Matthilde était l’épouse d’Albert de l’Epine. Elle était la Marquise de Nemours.

Pour d’autres, elle était la fille aînée de Caedes. La fille du Lion.

Pour d’autres encore, plus rares, moins nombreux, parce-que le temps efface les hommes parfois et même les plus grands actes quand ils ne sont pas jugés assez grands, Matthilde était une grande Dame de Champagne.

Car avant de s’unir à Albert de l’Epine, avant d’être Marquise, Matthilde était Duchesse de Sainte-Marie du Lac, Matthilde était Baronne de Beaugency. Des titres qu’elle a gagnés aux prix de nombreux efforts et de sacrifices pour la terre qu’elle aimait, pour la Champagne.


Matthilde était déjà grande, avant d’être mariée à un Marquis, un Pair de France.

Et Matthilde était déjà grande, avant que l’on n’apprenne sa filiation avec le Bâtisseur de Champagne.


Pour vous, elle était une de ces femmes. Ou pour vous, elle était toutes ces femmes à la fois. Différente mais aussi identique pour chacun d’entre vous. Différente, parce que les idées le sont, parce que les hommes le sont tous et leur vision des autres et du monde aussi. Identique, parce que toutes ces images de Matthilde que je vous ai décrites se retrouveraient dans tous les discours que l’on pourrait fait d’elle : Matthilde la Marquise, Matthilde la Fille, Matthilde la Grande Dame de Champagne.

Mais pour moi, Matthilde était, avant toute autre chose, une Mère. La mienne.

L’épouse était Mère, la fille était Mère, la grande dame était Mère. Et c’était une bonne Mère. Prête à tout pour son enfant et pour… pour ceux qu’elle aurait pu avoir en sus. Elle était généreuse et aimante, et passionnée. Pour ceux qu’elle aimait, elle pardonnait les erreurs, elle excusait, elle possédait cet amour aveugle qui la rendait tellement belle.

Elle aimait son père. Elle aimait son époux. Elle aimait sa famille et ses proches…

Comme elle pouvait haïr ceux qui pouvaient la trahir alors qu’elle leur avait accordé sa confiance. Comme elle pouvait en vouloir à ceux qui l’avaient déçue.
Son regard s’attarda un bref moment sur le Vicomte de Saint-Germain. Elle se souvenait d’une discussion qu’elle avait eue avec sa mère, qui lui avait révélé, ainsi qu’à Beulbeul, sa volonté de s’éloigner de son grand ami d’alors. Comme elle pouvait…pleurer ses désillusions et ses espoirs déchus.


Matthilde était une femme qui comme tant d’autres possédaient ses faiblesses mais qui avait l’avantage d’avoir hérité d’une force digne du sang Vénitien et Sicilien qui coulait en elle. Alors pour moi, et pour ceux qui l’aimaient et qui j’espère, d’où qu’ils soient, morts ou vivants, l’aiment encore, Matthilde n’était pas une femme comme tant d’autres.


Cette force, cette passion, elle la mettait toute entière dans ses amitiés. Elle était fidèle, à ceux qu’elle aimait. Elle promettait et ne se parjurait pas. Elle s’offrait, elle souffrait aussi, loin de ses proches, privée de leur soutien, de leur affection : elle n’était pas femme à vivre seule, sa famille étant ce qui lui permettait de vivre, ou même de survivre, parfois.


Aussi, elle vénéra son père, qu’elle soutint jusqu’à sa fin lors de son retour.
Aussi, elle veilla sur ses frères, Alessandro et Arturo, et se confia à Kurt.
Regard brillant qui se figea sur Isaure.
Aussi, elle prit soin de sa sœur, Catherine.
Aussi, elle entoura sa regrettée filleule, Catherine-Victoire, de sa pleine affection
Tout comme son regretté filleul, Lothaire de Cassel, tout comme le regretté Dauphin Marc-Philippe dont elle avait la tutelle, tout comme Louis-Raphaël dont elle avait la charge de son enseignement.
Ce fut cette fois vers les Volpilhat qu’elle lança son regard bleu et presque humide.
Comme tant d’autres encore et en particulier ceux qu’elle aurait voulu connaître, ceux qu’elle aurait voulu aimer de plus près. Sa filleule Esyllt-Catarina… ses yeux cherchèrent le soutien de la jeune fille, s’excusant douloureusement de l’inclure dans un tel discours, et son fils… Raphaël. Qui j’en suis sûre, saura prendre soin d’elle au Paradis Solaire. Où elle trouvera sa place tant elle était bonne, aimante, et croyante.

Car elle va retrouver ceux qui lui étaient chers et ceux dont elle portait malgré elle les fantômes. Et pour cela, je me réjouis.


Une inspiration difficile, un soupir libérateur, et Clémence reprit.

Je me réjouis, car j’ai bénéficié de sa part de toutes ces qualités dont elle était capable de faire preuve. J’ai grandi à l’ombre de sa bonté, de sa beauté, de sa grandeur, de son honnêteté, de sa noblesse, de sa vertu, de ses valeurs… Je me réjouis car j’ai pu en retirer quantité d’enseignements, que grâce à ce qu’elle était, me voici devenue ce que je suis. Et que ce que je serai par la suite, je ne le devrai qu’à elle. Je me réjouis, car j’ai obtenu d’elle tant de choses qu’elle avait à offrir…


Désormais, la voilà qui a droit à son repos. Elle a donné tant de son temps aux autres, et elle peut maintenant obtenir une trêve méritée, auprès de ceux qui lui auront manqué. Auprès de ceux à qui elle aura manqué.



Ses iris bleutés glissèrent vers le catafalque et s’y attardèrent. Enfin.

Non loin, il lui sembla apercevoir un reflet doré et un frisson d’espoir la parcourut. Elle reconnut alors, comme dans un songe, la blonde et léonine chevelure de Raphaël qui de son regard identique au sien, à ceux de leur mère, veillait sur elle. Sur elles.


Alors en ce jour qui ne saurait être qualifié de « triste », après ce que Mère Cappa et moi-même avons tenté de vous dire –et de se persuader elle-même à vrai dire- j’aimerais que nous priions pour Matthilde de Beaugency, Matthilde de l’Epine, Matthilde de la Francesca. Mais j’aimerais également que nous priions pour chacun de nos proches qui indubitablement étaient liés à elle, qui étaient sa famille, ses amis, ses protecteurs… J’aimerais que nous priions pour chacun d’entre eux, dont l’absence se fait cruellement ressentir, mais que nous savons réunis dans un même Lieu, heureux de se retrouver enfin.


Clémence allait ajouter quelque chose mais se ravisa. A la place, elle conclut ainsi :

Et souvenons-nous qu’un jour, nous aurons également notre place à leurs côtés. Tel sera notre but : faire bien, faire juste, pour mériter de rejoindre ceux qui nous aurons précédés au Paradis.


Memento Finis, avait-elle voulu dire. Mais ces mots ne lui appartenaient pas vraiment. Aussi avait-elle préféré une approximation moins lourde, moins chargée de sens…

Après avoir tendu un sourire crispé à l’abbesse, lui indiquant qu’elle en avait fini, elle regagna sa place, le pas un peu indécis, vacillant, comme si elle n’était pas sûre de vouloir s’assoir à nouveau. Comme si elle avait voulu parler de sa mère encore, leur raconter ses joies, ses peines… mais non, elle ne le pouvait pas. Elle ne serait parvenue à mettre des mots tangibles sur ce qu’elle avait vécu auprès de Matthilde.

Avant de s’installer à nouveau près d’Isaure, son regard revint vers le Vicomte de Saint-Germain, et vers sa fille. Quelle devait être leur peine, aussi. Ils étaient ceux qui, après elle, avaient le mieux connu la Marquise parmi tous ceux ici présents.
Cappa de Sens-Caumun
Cappa laissa passer un ange, qui venant de sa dextre, avait priorité sur elle, laissant ainsy à l'assistance grand loisir pour s'imprégner du souvenir de la défunte.

Puis s'adressant à la dicte assistance :


Si une autre personne de cette noble assistance désire à son tour rendre son hommage à Matthilde, qu’ores il vienne ici le faire devant tous, ou se taise à jamais.

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Croyez en Dieu, car hors de Dieu [...], point de vérité n’existe [...] En revanche, son existence est gratuite, donc, croyez en lui et arrêtez de me les casser menu. Chr. Log. XIV
Jehanne Elissa
Comme tous elle avait entamé le credo. Comme tous ici car pour elle tous étaient pieux. N'allaient pas lui dire que certains le font peut-être simplement car ils sont "là" et n'ont pas vraiment conscience de ce qu'ils disent. Mais ce n'est pas son cas et dans les paroles de l'officiante, dans les paroles répétées, elle trouve un peu d'apaisement. Elle arrive enfin à cesser de bouger ou plutôt de trépigner, se tient droite et s'apaise. Les effets de la religion sur une enfant pieuse.

Ce calme pieux se brise quelque peu lorsque Clémence prend la parole pour parler de sa défunte mère. Elle a beau aimer le Très-Haut, son âme d'enfant aime encore plus les histoires. Elle s'émeut du ton profond de la conteuse. Elle s'émeut de ce portrait admirable qui est peint. Elle s'émeut qu'une telle femme ait quitté leur monde. Et elle s'émeut que l'on parle de son père.

Pardon?

On parle de son père?! Alors elle cesse d'être calme et sursaute, se retrouvant le buste penché vers l'avant sur son banc. Elle attrape le regard humide de Clémence avant que celle-ci n'aborde un autre point mais cette fois-ci elle n'entend pas l'héritière Goupil. Dans son esprit elle était là en vertu de liens entre familles bien plus antérieurs à l'existence de son père. Dans son esprit il n'avait pas connu la défunte mais celle-ci avait plus connu ses grands parents. Ou arrière grands-parents. Mais pas son père!

Et c'est donc là quelle se perd. Adieu l'enterrement, adieu les gens, adieu tous: son corps est certes bel et bien assis dans la Chapelle mais son esprit est bien, bien plus loin. Il est vers cet homme auquel elle ne peut même pas donner de traits. Il est vers cet homme dont on lui a toujours dit du mal. Il est vers cet homme qui serait la cause de la mort de sa mère et qui, parait-il n'avait jamais aimé cette dernière ni elle. Il est vers cet homme qui a du lui aussi être présent dans cette Chapelle au moins une fois. Il est vers cet homme qui est son géniteur.

Comme sa mère elle ne l'avait jamais connu. Contrairement à sa mère elle ne l'avait jamais aimé. Oh ne vous outrez pas, lecteurs pro-Appérault!Comment aurait-elle pu aimer un homme dont elle n'a jamais vu la moindre peinture, lu la moindre lettre et jamais entendu le moindre mot positif à son égard? Un inconnu. Elle avait jusqu'il y a peu toujours bien suivi ce matraquage dans lequel elle avait grandit: ne pas penser à son père, ça sert à rien. Or elle grandit, la petit Volpilhat. Et comme toute adolescente elle se pose des questions, comme toute orpheline elle veut savoir. Cette curiosité est si fraîche à l'égard de son père qu'entendre quelqu'un d'autre prononcer son nom, que de savoir qu'il a été là lui coupe le souffle, la concentration et la blesse.

La jeune Jehanne Elissa de Volpilhat vient une fois de plus de se faire rattraper par la réalité, elle qui aime tout contrôler afin de rester hors du temps et des peines. Est-ce sa faute si elle aime entendre les choses quand elle y est prête, vivre ses doutes quand elle est seule? On ne peut en vouloir à une enfant de découvrir que la vie, les aléas, les mots positifs, tantôt négatifs, les bonnes et mauvaises nouvelles, les dommages collatéraux, les tristesses et les joies ne se commandent absolument pas.

Alors elle est assise, mais elle est plus là. Pour sur que son petit cerveau, sous cette belle masse de cheveux roux est complètement tourneboulé. Tellement, qu'il ne comprend et n'entend plus grand chose
dragonet
Citation:
Si une autre personne de cette noble assistance désire à son tour rendre son hommage à Matthilde, qu’ores il vienne ici le faire devant tous, ou se taise à jamais.


Dragonet malgrés les circonstances eu un sourire amusé à l'idée que quiconque puisse décider où et quand il devait se taire ou parler. Il alla quand même prendre la parôle.

Bonjour,

dans cette noble assemblé, où que je porte mon regard, je ne vois que deux personnes qui ont eu la chance de connaitre la femme qu'etait Matthilde, ma fille qui etait sa dame de compagnie et moi même qui etait son ami.

Clemence, que j'ai mis au monde, à porté sur sa mére celui d'une enfant, et à vecus avec elle ce qu'entraine le fait de grandir que ce soit l'amour aveugle ou le rejet de l'adolescence. Elle la connait aussi par ce qu'elle racontais d'elle, ou de ce qu'on en disait.

Je me rejouis de voir que les alliances familiales ont perduré en partie et de voir que clemence est aujourd'hui entouré.. mais c'est elle qui l'est .. partout où je regarde, je ne vois personne pour matthilde, j'entend par là personne qui l'ai aimé sans être sa chair et son sang, a part ma fille et moi.

Ce n'a rien d'un hasard. Non que Matthilde ne fut pas une grande Dame digne d'être aimé, assurement elle l'etait.

Mais matthilde à souffert de deux maux..

d'une part, elle fait partie de cette generation qui ont été fidéle à Caedes, à la Reyne et à Juliano di Juliani. C'est lors de l'accouchement du dauphin que nous nous sommes rencontrés la premiére fois, j'etais le medecin de la reyne, elle etait sa maraine et medecin aussi. Puis j'ai mis au monde les deux princesses que j'ai protégé pendant qu'elle s'occupait du dauphin.
Que de moment et souvenir partagé içi, à chenanceau, à valois, au louvre ou ailleurs.

De cet epoque, presque tous sont morts, assassiné souvent, certains ont été simplement acheté, d'autres se sont tenue à l'ecart, certains sont toujours traqué. Sans le savoir car on a effacé la memoire de vos parents, je pense que pour la plupart, vous êtes les heritiers de cette epoque, un heritage dont vous n'avez ni souvenir ni conscience.

Pour echapper à la purge, Alsbo comme matthilde avaient choisit de vivre en retrait, loin des affaires du monde, pour preserver leur famille, leur heritage, leur fille.

Matthilde avait fait un autre choix. Celui de rester digne, vertueuse, le reflet de la grande dame qu'elle etait. Elle est morte de la même chose que la reyne.. d'aimer sans être assez aimé en retour.

Elle aurait pu simplement dècider de se retirer de la vie publique, et vivre de fêtes, de joie et d'aventure libertine, mais elle n'a jamais voulu laisser la moindre tache qui puisse remettre en cause sa reputation et celle de son sang.

Elle à pris l'habitude progressivement de ne plus vouloir ecouter ses désirs de femmes pour n'être plus qu'une mére et l'intendante du domaine. Mais si les désirs de la chair sont facile à ignorer, elle à surtout accepté progressivement de ne plus essayer d'aimer ni d'être aimé, sachant pourtant que cet amour existait quelque part, mais qu'elle le refusait pour être fidéle à un héritage, une morale, une image d'elle même.

Cela l'a assurement conduit au paradis celeste, mais le prix de cette félicité me parais bien lourd en vérité que de devoir mourrir pour remplacer l'amour des hommes par celui de Dieu.

Matthilde etait une grande Dame, mais chacune des pensées que je lui porte sont autant en véritée de priére d'amour que nous ne pourrons en faire en ce jour et en ce lieu.

je vais donc m'adresser à cette assemblé plutôt qu'a elle ou à Dieu. Matthilde à fait le choix de se retirer des affaires du monde et d'accepter de vivre seule et sans amour. je respecte cela, mais je ne le cautionne pas. Ce n'est a mon avis pas le sens du message aristotelicien. Matthilde, clemence la souligné, fut une grande dame avant même qu'on sache qui etais son pére ou de se marrier. Elle mourru le jour où elle cessa de se battre pour défendre ses idées ou pour aimer.

J'aimais matthilde, mais elle comme la Reyne etaient a mes yeux l'exemple du renoncement, de ce que je n'ai jamais voulu devenir.

Vous êtes içi pour la plupart d'héritier ou héritière d'un passé qui fut noble et glorieux et qu'un présent s'est efforcé de détruire. Vous êtes les victimes d'un monde qui n'aime pas vos parents autrement que mort, et qui pense que vous ne méritez de vivre que parce que vous n'existez pas à leur yeux.

Vous avez le choix, celui de faire comme matthilde, accepter leur decision et attendre la mort et la félicité solaire, ou vous dressez et exister par vous même, retenir de Matthilde, mais aussi de ceux que vous aimez et qui vous sont cher, ce qui les ont fait grand, et agir en ce sens, sans jamais fuir la sociéte ni ceux qui vous haissent pour ce que vous incarnez.. Car c'etait de cette haine que se proteger Matthilde en vérité, qu'elle n'a plus sut supporter, mais qui l'a aussi conduit loin de l'amour, dans cette salle quasi déserte de gens l'ayant aimé pour elle et ce qu'elle etait.

Si vous aimez vos morts, ne faites jamais ce choix, soyez grand plutôt que de cesser d'être.

Et merci d'être là, a vous tous et toutes, non pour Matthilde, mais pour clemence, faites qu'elle ne soit jamais seule, qu'elle ne fasse jamais le choix de sa mére, ne la laissez pas ne plus être aimé, faite le pour elle, pour vous.

Merci..


Puis il vint reprendre sa place prés de sa fille. Ce message lui etait aussi destiné.
Clémence de l'Epine
Les mots tombaient comme autant de coups de poignards en son cœur meurtri.

Elle avait eu conscience de la peine et de la souffrance de sa mère. Mais l’enfant qu’elle était n’avait jamais eu l’audace de lui poser la moindre question. Ni à elle, ni à qui que ce soit. Et alors qu’elle aurait pu trouver le courage de l’interroger, plus vieille, sur ce qu’elle était réellement et non pas sur ce qu’elle laissait voir aux yeux de sa fille, elle s’était affaiblie, elle s’était éloignée, et il avait été trop tard pour comprendre.

Elle se voulait forte elle-même. Et pour elle, sa force était de rester indifférente aux assauts de la vie, indifférente à tout ce qui pouvait l’entourer et qu’elle jugeait ne pas pouvoir assez compter à ses yeux. Sa force était de réprimer ses émotions, ses sentiments, paraître froide et distante plutôt que de souffrir. Pourquoi ? Elle en saisissait maintenant la raison.

Parce que sa mère avait été ainsi. Elle s’était toujours dissimulée aux yeux des autres. Elle avait toujours gardé les sombres secrets de son âme dans les tréfonds de son cœur. Elle n’avait rien dit. Et si Clémence avait eu conscience de bien de ses souffrances, jamais elle n’avait eu la présence d’esprit ou le courage de lui demander d’en dire plus.

Elle avait pensé la connaître tout à fait. Elle avait pensé être la seule peut-être à pouvoir la rendre heureuse. Ô, Clémence… comment as-tu pu te tromper à ce point ? Ta mère n’avait pas seulement besoin de toi et de ton amour… Il lui manquait autre chose. Quelque chose que jamais tu n’aurais pu lui donner. Elle voulait se sentir importante autrement que dans son rôle de mère.

Clémence ferma les yeux et laissa les paroles du Vicomte l’envelopper, la laissant tremblante et désemparée.

Ce qu’il disait… sonnait comme un sermon, une recommandation d’un homme qui avait déjà bien vécu et qui s’adressait à une génération nouvelle. Mais avait-il réellement besoin de leur administrer ses conseils ? Eux-tous, du plus jeune au plus âgé, avaient vécu leurs expériences, qui les avaient préparé à ce qu’ils allaient vivre. Le discours du Vicomte semblait alors, à mieux y réfléchir, plus empreint de nostalgie, de remords ou de regrets qu’autre chose. Il ne les sermonnait pas, non, il ne leur donnait pas une ligne de conduite –il devait savoir qu’il n’aurait sans doute que peu d’impact sur la manière d’agir des personnes ici présentes : aux yeux de Clémence, il criait son amertume, à voir un temps qu’il avait aimé être désormais révolu.

Et lorsqu’il invita l’assemblée à ne pas abandonner la demoiselle de l’Epine, celle-ci ouvrit les paupières. Brutalement. Elle se redressa, et le rouge lui monta aux joues. Comment… comment pouvait-il dire ça ? Avait-elle besoin que l’on affiche ainsi aux yeux de tous une potentielle faiblesse de sa part ? Seule, elle savait l’être. Elle y avait pris goût, un peu trop peut-être, mais elle n’avait surtout pas besoin que l’on fasse remarquer à d’autres ce qu’elle s’efforçait de leur cacher. Elle ne voulait pas que l’on soit à ses côtés par devoir. Elle voulait pouvoir compter sur des personnes sincères, qui viennent à elle par envie, par amitié, et non par pitié.

Contre son gré, elle enfouit son visage entre ses mains.

Etait-ce la honte, qui la submergeait maintenant ? Etait-ce la consternation ?

Elle n’en savait rien.

Mais par les mots du Vicomte, elle venait de prendre conscience de l’image misérable qu’elle pouvait donner, ou qu’elle pourrait donner un jour. Etait-ce ainsi, que celui-ci avait vu Matthilde dans ses dernières années ? Misérable… Abandonnée…

Clémence releva le regard, cala à nouveau ses mains au creux de son giron, campa le dos, redressa la nuque, et observa Dragonet regagner sa place, perdue, ne sachant quoi penser –le remercier, ou hocher la tête d’un air affligé. Rien de tout cela. Elle le regarda passer, tentant encore une fois de dissimuler au mieux l’atterrement qui lui ébranlait les sens. Son visage, d’une pâleur déconcertante, avait revêtu un masque dégagé et elle parvint même à étirer ses lèvres d’un sourire faiblard.

Et… qu’avait-il vécu avec sa mère, pour pouvoir parler d’elle avec tant d’assurance sur les sentiments qui la mettaient à l’épreuve ? Elle savait qu’il avait parlé avec son cœur, et d’ailleurs, elle ne lui connaissait pas cet élan passionné. C’était à dire vrai la première fois qu’elle l’entendait parler de sa mère de cette façon. Il y avait mis toute l’affliction et le dépit qui semblaient l’habiter. Il avait toujours été bon pour Clémence, il lui avait toujours offert son soutien, sa protection. Elle savait qu’il ne lui voulait pas de mal, au contraire. Alors elle ne pouvait pas lui en vouloir de l’avoir blessée ainsi.

Mais… voilà. Il avait, emporté par la fougue de son hommage, oublié qu’il avait affaire à la fille de Matthilde. Cette Matthilde qui si peu s’était livrée, et moins encore en public. Cette Matthilde qui répugnait devoir afficher ses faiblesses et qui se cachait pour crier ou pour pleurer.

Clémence était la fille de Matthilde. Indubitablement. Et s’il y avait des choses qui rapidement seraient amenées à changer, sa pudeur, quant à elle, resterait toujours intacte.
Amaël
Amaël, le regard tourné vers l'autel, mais l'esprit à moitié tourné vers sa petite princesse bourguignonne croisa un instant le regard de Clémence alors qu'il regardait vers elle, assise au premier rang. Son regard semblait interrogateur. Empathie, télépathie, ou transmission de pensées ? Bref, Amaël songea immédiatement à Béatrice qui n'était pas dans l'assistance, et pas en vue. Leur amie n'était pas en excellente forme mais manquer ainsi le début des funérailles était étrange. Il espérait qu'elle allait bien. Un bref haussement d'épaules fut la réponse d'Amaël à la question muette de Clémence.

Le reste de la cérémonie fut empli d'émotion. Et Amaël écouta de toute son attention les paroles de Clémence. Il ne pouvait s'imaginer à sa place. Perdre ainsi sa mère, si jeune. Lui-même, s'il jouait le fort, le grand, l'indépendant, restait profondément attaché à elle. La perdre serait un grand traumatisme pour lui, encore si jeune. Il éprouvait donc beaucoup de compassion pour son amie même s'il ne pouvait tout à fait comprendre sa peine. Il écouta ensuite un homme, inconnu, parler également avec beaucoup d'émotions de la défunte mère de Clémence. Néanmoins, l'esprit d'Amaël était de nouveau tourner en partie vers Esyllt, et il tourna alors la tête vers elle, discrètement, dans le secret espoir de croiser son regard, pour voir si elle l'avait vu.

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