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Funérailles de Matthilde de Beaugency/de l'Epine

cammassou
[HRP : mes excuses, une retraite a chamboulé mon emploi du temps [/HRP]

Cammassou regardait la Chapelle se remplir peu à peu. L'atmosphère devenait de plus en plus pesante au fur et à mesure des arrivées.
Finalement, la cérémonie commença.

Silencieuse, effacée, elle écoutait attentivement les paroles de Mère Cappa, récitant son confiteor puis son Credo avec l'assemblée en méditant sur la portée de leur parole : elle avait manqué de faire une très grosse bétise il y a peu, aussi la récitation du Confiteor lui fit du bien : c'est d'ailleurs précisément pour cela qu'elle avait été convié par Mère Cappa : pour parfaire son apprentissage et éviter les futurs erreurs.

La Lecture du Livre s'en suivit, la tirant de ses pensées : ce passage, Cammassou le connaissait bien : elle l'appréciait car il était très significatif. Puis Mère Cappa lui désigna la desserte.

Cammassou retrouva l'usage de ses jambes au bout de quelques instants : elle alluma les cierges à l'aide d'une bougie et vint les disposer autour due la bière puis revint auprès de Mère Cappa un instant, avant de retourner chercher la petite croix qu'elle posa sur le cercueil.

Retournant à nouveau à sa place, elle regarda l'assistance : tous en plein recueillement. C'était vraiment étrange et pesant comme atmosphère. Peut-etre est-ce parce que jamais elle n'avait vécu un tel moment, peut-etre est-ce parce qu'elle ne se sentait pas à l'aise au milieu de tant de monde, étant habitué à sa paroisse quasi déserte de sa ville déserte de Varennes, ou seulement la solennité de la cérémonie.

Elle écouta les paroles des proches, rendre hommage à la défunte sans mot dire, sortant définitivement de ses pensées.
Cappa de Sens-Caumun
Cappa avait écouté le discours de l'homme en pensant que s'il faisait l'éloge de la défunte, il y avait là comme une arrière pensée de prononcer le sien propre. Vanitas, vanitatis ...

Elle attendit encore un moment, à fin de laisser à d'autres l'opportunité de s'exprimer, puis, comme personne ne semblait en avoir le désir, elle reprit.


Envoyons enfin vers le Très-Haut le signe de l’Adieu

Avant de quitter la chapelle, nous allons dire un dernier adieu à notre Sœur Matthilde
Avec respect et affection, confions-la à Dieu dans l'espérance de nous retrouver un jour auprès d’Elle.


Cappa laissa de nouveau passer un silence, puis elle conclut.

Avec tous ceux qui nous ont précédés et qui vivent déjà auprès du Seigneur,
Avec l'immense cortège des saints, nous souhaitons un bon dernier voyage à son enveloppe charnelle.

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Croyez en Dieu, car hors de Dieu [...], point de vérité n’existe [...] En revanche, son existence est gratuite, donc, croyez en lui et arrêtez de me les casser menu. Chr. Log. XIV
Ellesya de la Louveterie
Ellesya avait joint sa voix aux autres lors des paroles rituelles, écouté tranquillement les interventions de l'abbesse et ces propos trop souvent entendus pour son jeune âge, adressa un sourire à sa soeur enfin arrivée, ...

Clémence vint parler de sa mère mais aussi effleurer délicatement les autres facettes de celle qui fut sa mère mais pas seulement. Si la jeune Louveterie ne l'avait guère connue, elle avait laissé une agréable image d'amour maternel, d'amitié et de dignité.

Elle apprécia également que Clémence cite Esyllt Catarina. Qui aurait pu croire que ce beau jour de fête à Chenonceau où de si Grandes Figures étaient penchées vers le poupon qui était aujourd'hui une jolie fillette à la chevelure flamboyante héritée de la Louve (la seule de ses enfants à conserver cette marque distinctive telle une bannière) fut le seul jour où Ellesya les ait vu réuni? Tous morts maintenant...
Comme ce pique nique avec les Massigny, le vieux Dragon di Juliani, la Reyne et son fils, ... Juste des souvenirs dans le chef d'une jeune fille qui n'a plus de valeur que pour elle même.

Elle adressa un regard et un sourire chargé de compréhension et de chaleur amicale à Clémence alors que sa voix emplissait encore les lieux. C'était un bel hommage.

Qui fut assombri par l'intervention d'un homme déjà croisé elle ne savait plus où...
Imperceptiblement, la petite Valkyrie se raidit sur son siège, priant le ciel pour qu'il ne s'étale pas plus en cette espèce de discours transpirant des sentiments et motivations qui indisposaient la jeune fille.
Quelle chance que personne ne se soit ainsi étalé aux funérailles de ses propres parents. Avec si peu de dignité, avec tant de jugements et de leçons à foison, comme un affront à la mémoire de ceux qu'il citait et dont la stature n'avaient plus d'égale à cette époque de mesquinerie.
C'était indécent. Même dans sa façon de vouloir les exhorter.
Le lieu et le moment ne se prêtaient guère pour signifier l'inélégance du discours du sire. De plus, elle ne savait quel lien de confiance et d'amitié liait ce personnage à Clémence. D'ailleurs la réaction de son amie, de dos, n'était guère facile à décrypter.
Pourvu que cela finisse.
La jeune duchesse avait le sentiment de souillure, à tort ou à raison, mais c'était l'impression qui perdurait alors que l'homme finissait par reprendre sa place.

Avec soulagement, Ellesya entendit l'abbesse inviter au dernier adieu. A Dieu... Sans aucun doute.
Prière silencieuse, main sur son livre de prière, pour revenir à l'essentiel.

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Cappa de Sens-Caumun
La banne en ayant été retirée, les quatre hommes qui avaient amené le cercueil sur le catafalque s’en saisirent derechef, sur un geste de l’abbesse. Ils l’amenèrent jusques à une alcôve située au flanc senestre du transept, où, sur une estrade, reposait un lourd coffre de pierre, lequel devait, une fois la bière y introduite, être scellé d’une dalle supportant le gisant de la marquise.


Car il avait été décidé par la Demoiselle que la chapelle servirait de sépulcre à Matthilde. Le corps avait été embaumé, car, ainsi que le disaient justement les anciens, qui mortem evitare non possunt, corporis saltem gaudeant duratione.

Sur le côté apparent du tombeau se trouvait fixée une plaque de marbre sur laquelle avait été gravée l’épitaphe.


L’alcôve était percée, juste au-dessus du tombeau, d’une fenêtre close par un vitrail représentant le bon Saint-Jean. Par la grâce de l’habileté du Maître verrier, à nones de mars, jour funeste du décès de la marquise, le soleil devait, à une heure justement calculée, envoyer un de ses rais traverser l’auréole dorée de l’apôtre & martyr, et recouvrir le visage marmoréen de la statue d’une mince, éphémère et miraculeuse pellicule d’or fin.

Nous allons maintenant déposer en sa dernière demeure le corps de notre sœur, sous la protection de l’apôtre Saint-Jean. Le moment est venu de lui dire « à Dieu ».

C'est un moment de tristesse, mais il faut que l'espérance reste forte en nous, car nous espérons revoir Matthilde quand Dieu nous réunira, dans la joie de son Royaume.
Recueillons-nous en pensant à tout ce que nous avons vécu avec Matthilde, à ce qu'elle est pour nous, à ce qu'elle est pour Dieu.


L’abbesse aspergea le cercueil d'eau bénite et dit :

Cette eau, souvenir de ton baptême,
Nous rappelle que Dieu a fait de toi Son enfant.
Qu’Il te reçoive aujourd'hui dans Sa Paix !

Vous pouvez maintenant, si vous le désirez, venir devant son tombeau rendre un dernier hommage à Matthilde, et l’accompagner d’une pensée, d’une prière, ou d’une simple caresse.

Ite, Missa Est.

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Croyez en Dieu, car hors de Dieu [...], point de vérité n’existe [...] En revanche, son existence est gratuite, donc, croyez en lui et arrêtez de me les casser menu. Chr. Log. XIV
beatritz
La Duchesse de Nevers était entré, avec la plus grande discrétion, dans la chapelle, au moment où Clémence achevait de parler de sa mère, et que le Vicomte de Saint-Germain les Belles commençait son discours funèbre.
Béatrice était à l'Epine depuis près d'une semaine. Elle n'aurait pas dû être en retard.
Elle avait pourtant à sa décharge un polichinelle dans le tiroir, et une sciatalgie qui lui sciait la jambe dès qu'elle s'affairait par trop - ce qui était incontestablement le cas, lorsqu'elle s'était préparée, ce jour-là, pour les hommages funèbres à rendre à la Marquise.

Au moment de partir, la douleur l'avait prise. Elle avait envoyé une servante prévenir discrètement Clémence, avant le début de la cérémonie : la Duchesse est mal, mais viendra, si le Très Haut lui accorde la force de surmonter la douleur.
Elle était venue. En retard et non sans regrets d'avoir manqué ce moment de prière en commun, cette association de deuils, de douleurs, de compassions de toutes parts. Ses yeux se posant sur les présents, outre le Vicomte de Saint-Germain et le mini Duc de Trun, son futur filleul, qui résidait aussi pour quelques temps à L'Epine, elle eut le loisir de remarquer, de dos, la Duchesse d'Amboise et sa jeune sœur, et une rousseur toute volpilhesque.
Serrant les dents, affermissant ses pensées en prières, elle suivit les derniers mots de l'abbesse. Enterrer une mère, enterrer un père... Elle avait grandi sur la tombe de sa mère. Sort peu enviable ? Au moins n'avait-elle jamais été attachée à rien d'autre qu'un nom et un orgueil.

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Raphael de l'Epine
Il revint. Comme s'il pouvait l'abandonner, après la promesse qu'il lui avait faite !
Il revint. Comme la première fois, et comme toutes les fois qui avaient suivi, où il s'était rangé silencieusement derrière son épaule pour la regarder vivre, pleurer, soupirer, sourire, choisir. Il revint petit à petit, pâle lueur tremblante qui s'affermit à mesure que les pensées, que les regards se fixent sur lui. Alors, il envahit l'esprit entièrement, de sa splendeur de Lion, et l'on ne peut plus en détacher sa pensée. Il est là, il entoure, il cajole, il berce et réconforte.

Sens-tu sa main sur ton épaule, Clémence ? Entends-tu cette voix qui te dit :


-« Ce n'est pas la fin, Clémence... C'est le passé qui meurt, et l'avenir qui s'étale à tes pieds. Vis ! Vis ! Pour moi, pour elle... et pour toi, petite sœur. »

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Eilinn Melani
La messe se déroulait, et Eilinn écouta avec passion Clémence évoquer sa mère. Il était assez paradoxal qu'elle soit présente dans cette chapelle, alors que sa propre mère avait été en partie responsable de l'exil politique de Matthilde de Beaugency. Mais Eilinn était ici pour Jehanne Elissa, et être une simple dame de compagnie, un être invisible et insignifiant au yeux des nombreux nobles présents permettait dans l'esprit d'Eilinn de compenser l'offense éventuelle de sa présence.
Et le discours de la jeune fille plongea Eilinn dans quelques réflexions personnelles. Certes elle n'avait pas eu de père, mais une mère et un beau-père aimants. Jamais elle ne pourrait envisager qu'ils décèdent, l'enfance étant pétrie de ces certitudes invincibles :
"Mes parents ne peuvent pas mourir" ;
"Faut pas manger les noyaux de cerises sinon un cerisier poussera dans le ventre" ;
"les cambrésiens mangent des enfants au petit déjeuner" ;
"les gateaux aux amandes vivent en troupeau à Saint Omer" ; etc...

Et voilà qu'elle se retrouvait confrontée à une de ses premières expériences de deuil... Alors qu'elle était plongée dans ses pensées, un autre homme prit la parole, et ses paroles la troublèrent plus qu'elle ne l'aurait aimé. Peut-être le fond n'était-il pas dénué de vrai, autant les circonstances elles n'étaient pas les plus heureuses.
L'abbesse continua et termina la messe, que la fillette avait trouvé fort belle, invitant les fidèles à dire adieu à la marquise.

Elle n'avait jamais connu cette dame, ainsi elle estima déplacée d'aller se recueillir devant le cercueil. Elle eut un regard pour Jehanne Elissa, lui demandant de façon muette la conduite à tenir.
Clémence de l'Epine
Elle prendrait les devants. Les devants de ceux qui souhaiteraient poser le regard sur le tombeau et accompagner d'une prière l'envol de Matthilde vers sa nouvelle demeure céleste.

En tant que fille, elle se devait d'être la première, ou du moins l'imaginait-elle.

Alors, elle se leva, non point tout à fait remise encore de la cérémonie et des émotions diverses qu'elle avait fait naître. De la tristesse, de l'incompréhension, de la vulnérabilité, de la consternation, de la colère, de la honte, mais aussi un certain apaisement de son âme, une certaine euphorie aux paroles de l'abbesse, et surtout, de la fierté, à parler de sa mère devant des amis qui ne l'avaient pas personnellement connue.

Et de sa démarche aérienne, de celle qu'elle adopte alors qu'elle se sent ailleurs, dans un monde qui pour encore un peu de temps n'appartient qu'à elle, elle rejoignit Mère Cappa auprès du tombeau. Elle avait déjà beaucoup prié, elle en avait déjà beaucoup dit à sa mère. Davantage, sans doute, que tous les mots qu'elle avait réellement pu lui dire alors qu'elle était encore en vie. Des conversations sans retour qui pourtant lui avait grisé l'âme.

Alors elle se tint devant la bière, le coffre de pierre n'ayant pas encore été scellé -le gisant reposait à côté, solitaire, et tout aussi massif qu'il était, le visage froid transpirait de pureté.

Elle se transporta quelques instants en prières, remerciant, espérant, rassurant. Et c'est le sourire aux lèvres qu'elle laissa enfin sa mère rejoindre en paix tous ses proches -et Raphaël, si beau, si fort, si convaincant que dans son imagination, c'en était presque indécent.

Clémence laissa sa place à ceux qui voudraient bien la prendre. Elle eut un sourire pour l'abbesse, inclinant légèrement le chef vers l'avant pour lui faire part de toute sa gratitude. Et donc, elle rejoignit la nef. Elle la remonta, l'esprit un peu plus libéré que lorsqu'elle l'avait descendue tout à l'heure. Et pour chacun, elle eut un regard. Un regard d'amitié, un regard d'amour, un regard de reconnaissance. Pour ceux qui avaient su être là dans un tel moment, elle aurait toujours une prière. Elle se souviendrait de leur présence.

Isaure Beaumont-Wagner, Ellesya de la Louveterie, Esyllt-Catarina de la Louveterie, Amaël du Ried, Dragonet de Castelcerf, Beulbeul de Castelcerf, Béatrice de Castelmaure-Von Frayner, Catalina-Constance de Volpilhat, Jehanne-Elissa de Volpilhat -et leur suite, dont les noms sont inconnus encore, Alexandre de Chéroy, Clémence Lotus, la diaconnesse Cammassou et évidemment, l'abbesse Cappa de Sens-Caumun.


Elle allait les attendre tous, les saluer, les remercier d'un mot, et leur indiquer qu'un banquet de funérailles se tiendrait au castel pour que la mémoire de la défunte soit désormais célébrée dans un environnement un peu moins solennel, un peu plus enthousiaste. On se devait, maintenant, de se montrer le visage plus gai, puisque Matthilde avait rejoint les cieux.

Baudouin avait déjà été envoyé au château pour s'assurer des derniers préparatifs.
Esyllt_Catarina
Alors que d'une oreille distraite, Esyllt écoutait les paroles de l'Abbesse, ses yeux ne quittaient pas ses objectifs. Il y avait bien sûr Clémence, qu'elle put avec assurance identifier grâce à sa prise de parole. Son attitude digne et respectable était enviable. Il y avait ensuite Amaël. Rencontré il y a peu, le jeune alençonnais avait su lui rendre sympathique le domaine royal qui dans la famille n'était pourtant pas porté en estime. Tanneguy avait d'ailleurs fait le voyage mais contrairement à Guigone, il était resté dans la voiture...


Les prises de paroles furent éloquentes. Clémence confirma son héritage, la petite s'était un peu plus renseignée, par des mots utilisés avec simplicité mais force. Une diction assez claire alors qu'elle n'aurait fait, et ses projections le lui assuraient, que bafouiller ou se mordre les lèvres pour ne pas s'effondrer. Oui de ce discours où elle fut citée, Esyllt ne retint qu'une chose. La fatalité du destin qui la privait d'une marraine incomparable.
S'en suivit alors quelque chose de détestable. Ces mots lui restaient au fond de la gorge. Certes, elle était héritière, certes elle avait connu Fontainebleau, et pour cause, certes et encore certes, mais une telle leçon, infligée de cette manière, à cet instant de deuil et de recueillement était des plus mauvais gouts. Esyllt se promit alors d'éviter cet homme qui ne lui inspirait que mépris. De cette diatribe, elle ne voulait rien retenir, tout oublier, ne se souvenir que de cette jeune fille blonde rendant un hommage sincère et poignant à une mère plus que regrettée.

La fin de la cérémonie approchait. L'officiante prononça les derniers mots, évoqua cette vie future alors que l'eau ruisselait sur ce cercueil. Esyllt remercia par quelques pensées l'abbesse pour la cérémonie qu'elle avait trouvé fort belle malgré qu'elle en avait raté le début.
Clémence fut la première, dans la logique des choses, à se lever pour se recueillir devant ce, LE, tombeau de sa mère. Jamais elle ne saurait ce qu'elle avait pu penser, là, devant le dernier logis de Matthilde, tout comme, à ce moment où elle se tourna pour les observer, poser un regard sur chacun d'eux.
Quelle était alors la marche à suivre, Esyllt regarda à son tour Ellesya pour connaitre sa position. Ferait-elle le pas ? Elle ne l'avait pas connu, mais au fond d'elle même, la cadette de la Louveterie savait qu'elle devait le faire. Alors, adressant un signe à Guigone lui demandant de rester assise, elle se leva pour, au bout de quelques pas se retrouver là, devant Matthilde.

De mémoire, jamais elle n'avait été aussi près. Il y avait bien sûr eu le baptême où sa marraine l'avait sans nul doute prit dans ses bras, l'avait peut être bercé ou consoler au moment où, effrayée par l'eau bénite, elle avait du pleurer. Mais après ?! Matthilde représentait le dernier lien vivant avec son père, Juliano. Il l'avait choisi pour seconder sa mère, et un an après elle, après lui aussi, sa marraine avait décidé de les rejoindre. Peut-être pour revivre ensemble ces moments à Chenonceau évoqués par l'austère de tout à l'heure, peut-être pas...
Clémence lui avait fait part de son remord, pourtant Esyllt avait beau chercher, il n'y avait pas d'amertume. Un sentiment de temps perdu, oui, enfermée à apprendre latin et grec alors que fuyaient les vivants. Son regard affronta l'édifice de pierre, sonda quelqu'unes failles pour ne pas céder, mais ses yeux se fermèrent. Du haut de ses neufs ans, Esyllt ne put s'empêcher de faire couler une larme sur ses joues rosies alors que depuis le début de la cérémonie, elle avait semblé plutôt distante et distraite. En cet instant plus qu'un autre, elle maudissait les règles divines tout en préparant mentalement un voyage pour la Touraine où résidait le dernier, son parrain. "Il ne sera jamais trop tard pour bien se connaitre. Je vous donne rendez-vous, à vous et à tous les autres."
La fillette fit alors deux pas en arrière avant de retrouver sa place où l'attendait Guigone et sous peu sa sœur...

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Isaure.de.morvilliers
Droite sur son banc, Isaure regardait fixement sa cousine. L’évocation de son père la troubla. C’était rare que l’on lui parle de lui aujourd’hui. Peut-être que Clémence l’avait bien connu. Quand tout ceci serait passé, elle le lui demanderait. Pour l’heure, tout son esprit allait vers cette tante qu’elle n’avait jamais eu la joie de connaître. Quand Clémence revint à sa place, elle osa un geste : timidement, elle avança sa main et prit délicatement celle de sa cousine dans la sienne.

Le discours de l’homme lui plaisait moins. Comment pouvait-il affirmer que seuls lui et sa fille, mis à part Clémence, avait aimé la marquise ? Comment pouvait-il certifier qu’elle n’était pas là pour Elle ? Certes, si elle était venue plus tôt, c’était pour sa chère cousine ; mais si elle était ici aujourd’hui, c’était pour rendre hommage à la sœur de son Père, à cette tante qu’elle n’avait pas eu la chance de connaître. Pourtant, même sans la connaître, elle l’aimait. Elle l’aimait tout simplement parce qu’un sang commun coulait, ou plutôt avait coulé dans leurs veines. La mère de l’une était la grand-mère de l’autre, et c’était amplement suffisant pour justifier l’amour qu’Isaure lui portait. Voilà pourquoi ce discours ne lui plaisait pas. Cet homme s’appropriait l’amour destiné à la Marquise, sans en laisser pour les autres. D’ailleurs, elle ne savait pourquoi, mais rien en lui ne lui inspirait confiance. Sans le connaître, lui, elle ne l’aimait pas…

Et puis s’étaient levés puis dirigés vers l’endroit où Matthilde reposerait sous son gisant. Clémence d’abord, suivie des autres. Isaure resta un instant à sa place, fixant le trou béant de loin. Isaure n’aimait pas assister à la mise en bière, qui pourtant était une étape importante dans le deuil. C’était à ce moment précis que l’on faisait ses adieux. Isaure pensa à Catheolia. Elle aussi avait rejoint le Paradis solaire. Pourtant, elle était toujours là, à ses côtés. A Morvilliers surtout. Le temps était venu d’aller faire ses adieux à cette tante jamais rencontrée. S’approchant, elle adressa un message muet à la marquise, message de respect et d’amour, message où elle recommandait ses proches à cette grande Dame avant de s’en aller rejoindre sa cousine et les autres.

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Amaël
La cérémonie de funérailles touchait à sa fin. Après le dernier adieu à a défunte mère de Clémence, le cercueil fut emmené vers le lieu où il reposerait pour l'éternité. Dans la chapelle familiale des de L'Epine, près des siens. Amaël, n'avait pas manqué Esyllt, se levant pour aller dire un dernier adieu à celle qui fut sa marraine. Il n'avait pas quitté des yeux sa princesse jusqu'à ce qu'elle revint à sa place. A son tour il alla dire à dieu à cette grande dame du Royaume, cette épouse et surtout cette mère tant aimée par sa fille, bien qu'il ne l'eut jamais connu. Puis regagnant sa place il observa les soeurs de la Louveterie. Il hésita un instant, et finalement se dit qu'il pourrait leur parler, surtout à Esyllt, une fois sorti de la chapelle, au coeur du petit banquet de commémoration organisé à la suite des funérailles.

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