[RP] Les Herbes Folles -Herboristerie -Dispensaire -

Promenade quotidienne du vieil Auguste. Une main appuyée sur sa canne, il marche le long de la rue Dentelle lorqu'il voit une nouvelle enseigne : "Aux Herbes Folles".

Humm... Qu'eche que ch'est que chà ? Un dichpensaire ? Bah c'est pas trop tôt !

Intrigué, il ouvre la porte et arrive dans la salle d'attente joliment décorée mais vide de monde.

Cahin-caha, il s'avance et sa voix lui fait écho lorsqu'il crie :

Bah alors ? Y'a personne dans c't'endroit ? Ch'est bien pour choigner les gens ichi ?

"Heureusement que ch'est pas mon coeur qui lâche..." pensa t'il en son for intérieur.

Il tape un peu sa canne sur le sol. Tac, tac, tac ! Histoire de remuer un peu les infirmières.

Humm ! Des infirmières ! Il espère qu'elles soient jolies. Ca... quelques évènements récents avaient su réveiller son âme de jeune fringuant. Et bien que son corps ne suive plus, sa tête, elle, était pleine d'une imagination débordante.

Ah chà ! Ch'est une bonne churprige ! La p'tite Moonflower !

C'est qu'il se souvient effectivement d'elle. Difficile d'oublier un si joli décolleté...

Alors ma p'tite dame ! Z'allez pas fort, on dirait ? Z'avez une tête de déterrée, ma parole. Ma Marissa, sur chon lit d'mort avait à peu près la même couleur.

Il sourit légèrement pensant avoir fait un brin d'humour assez réussi.

Il la regarde un brin paternel. C'est qu'elle n'a vraiment pas l'air dans son assiette. "L'était plus fraîche la dernière fois... m'enfin... ch'est bien che dichpenchaire. Manquait bien chà à Tournai".

Il se cale dans son siège, la fixe encore et décide de lui parler de son temps à lui. Il aime bien raconter sa jeunesse, Tournai il y a plus de soixante ans maintenant, les copains qui sont morts, ses petits-enfants qui grandissent, ses enfants qui ne viennent pas assez souvent, le pot-au-feu de sa Marissa, son travail de charpentier...
Mille petites anecdotes qui lui viennent au fur et à mesure. Elle ne lui répond pas mais l'écoute poliment. Il prend çà pour un encouragement. Un quart d'heure passe sans qu'il ne cesse de parler et sans qu'elle n'ait dit un mot.

Bon... Faudrait p't'être lui poser une quechtion...

Au fait, ma p'tite dame, vot' grand poète brun ? Y va bien ? Ch'est remis de cha pelletée ?

Il lui sourit un peu, attend sa réaction. Autre vanne qu'elle est bonne !

Auguste efface rapidement le sourire de son visage et bouge un peu sur sa chaise pour mieux se caler. Il l'observe essayant de cerner le problème. Vraiment... il ne voit pas. "Essayais just d'êt' gentil, moi".

Il se renfrogne complèment et décide de ne plus dire un mot. Si on ne peut même plus rire !

Il s'impatiente un peu, espère que quelqu'un arrive çà détendrait l'amosphère.

Camille... Elle aime beaucoup les enfants, mais là... impossible de lui tenir la conversation. Après cette nuit plutôt.... vomitive... Elle est épuisée.

Lui fait simplement non de la tête en esquissant un sourire forcé. Un bisou ? Non. Elle a une petite idée sur les raisons de son état, mais si elle se trompe, elle ne voudrait pas refiler un truc à la fillette.
La voilà qui commence à causer avec Auguste. Elle les regarde, écoute distraitement, soulagée qu'il s'en occupe.

Une nouvelle nausée arrive. Mince ! Plus forte que les autres ! Paniquée, elle cherche des yeux ce qui pourrait bien être les latrines. Comment savoir ?
En désespoir de cause, elle court dehors pour rendre dans la rue, le maigre contenu de son estomac.

"Pas possible çà !"
Pliée en deux, une main posée sur le mur de l'officine, elle attend que çà passe, respirant l'air vivifiant à pleins poumons.
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Dans la rue

Le fait d'avoir un peu vomi lui a fait un peu de bien à vrai dire. Mel sort la chercher, pose sa main sur son épaule. Moon se retourne, lui sourit légèrement, l'écoute, hoche la tête puis la suit dans la chambre.

Dans la chambre

Moonflower entre dans la pièce, un peu anxieuse tout de même. Comme généralement, elle a une santé de fer, les infirmières, les médecins... elle n'en a pas l'habitude. Et puis, pour les bobos d'enfant, c'est sa mère qui la soignait.
Elle regarde Mel et l'écoute, s'asseoit sur le bord du lit et répond aux questions qu'elle a posées tout à l'heure.

Ca fait trois jours maintenant. Mais... au début... çà n'était pas si grave... Juste quelques légères nausées passagères. Depuis hier matin... C'est l'horreur. Je ne garde rien de ce que je mange. Et même l'estomac vide, çà continue.

Elle lui sourit légèrement, passe une main sur son estomac pour bien lui montrer l'endroit où sévit son désordre.

J'ai bien essayé de faire passer çà avec des infusions de fenouil... mais, si elles me soulagent quelques minutes, les nausées reprennent bien vite le dessus.

Elle regarde Mel dans les yeux... hésite un peu... gênée, un peu angoissée aussi et tout bas, lui avoue :

Mes menstrues n'arrivent pas non plus... Je ne sais pas si c'est lié mais...

Cherche, dans les yeux de l'infirmière, à y découvrir une réponse.
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Mel s’assit a côté d’elle sur le lit et pendant que Moon lui décrivait ce qu’elle vivait depuis quelques jours, l’herboriste prit son poignet entre ses doigts pour en sentir le pouls. Elle trouva se dernier un peu faible, conséquence des vomissements sans doute et de l’état de fatigue qu’ils avaient entrainé.

Trois jours vous dîtes ? Pas étonnant que vous soyez fatiguée… un estomac vide peut provoquer des spasmes plus violents et douloureux encore que quand il a quelque chose à rejeter. C’est normal et il est primordial que vous tentiez de vous alimenter même si ça vous révulse, plus encore peut être si ça vous révulse justement car moins vous mangerez et plus vous serez faible.

Elle avait relevé la tête en disant cela s’apprêtant à poser sa main sur son front pour s’assurer que la jeune femme n’avait pas aussi une hausse de température. Ses yeux clairs rencontrèrent alors ceux de Moon. Elle paraissait hésitante comme gênée de se qu’elle allait dire.

Mes menstrues n'arrivent pas non plus... Je ne sais pas si c'est lié mais...

Hummm comment vous dire… ça peut mais ce n’est pas nécessairement lié. Aristote et la nature nous ont fait un corps idéalement réglé et intelligent qui se protège quand nous en avons besoin. Excusez-moi de vous dire cela si crument mais … vous n’êtes pas par nature très épaisse et les nausées présentes vous affaiblissent. Parfois quand notre corps est faible il interrompt de lui-même notre cycle afin de ne pas nous affaiblir davantage. Ce peut être ça comme ce peut être ce que vous semblez redouter je ne saurai le dire comme ça.

Je vais devoir … -comment lui dire ça sans la brusquer ? La brune n’en savait rien mais si ces doutes se confirmaient elle devait en avoir le cœur net- Je vais devoir vous ausculter pour en savoir plus hélas.

Elle se leva doucement et alluma une chandelle avant de tirer les rideaux masquant ainsi la fenêtre qui donnait sur le jardin. Puis elle s’approcha de la coiffeuse et se lava consciencieusement les mains.

Moon je vais devoir dégrafer un peu votre surcot. Il me faut vérifier votre gorge* pour ôter tout doute. Vous me direz si c’est sensible et si je vous fais mal. Je suis désolée de vous infliger cela mais hélas je le dois il n’y a guère d’indice plus probant que celui là… même s’il touche a votre intimité et est je vous l’accorde fort déstabilisant.

La Blanche l’examina en prenant bien soin de se montrer la plus douce et la plus neutre possible. La poitrine était sensible et quelque peu gonflée. Il n’y avait guère de doute possible. Toutefois elle ne savait pas comment la jeune femme prendrait la nouvelle. Être fille-mère n’était jamais simple et parfois fort mal vécu par les demoiselles qui étaient confrontées à cette réalité. Elle devait prendre l’avis d’un médicastre et assoir son diagnostic avant d’affoler sa patiente. Que savait-elle de la maternité hors ce qu’elle en avait appris dans les livres et auprès de femmes plus expérimentées qu’elles… ? Pas grand-chose il fallait bien se l’avouer. Achilée pourrait la rassurer sur son impression et conforter ou nuancer son diagnostic. En d’autres temps elle eut fait appel a Rosa qui en plus d’être médicastre également était mère et devait savoir d’expérience ce qu’une mère ressent lorsqu’elle comprend qu’elle le devient et aurait pu habilement la conseiller pour annoncer la nouvelle a sa patiente mais hélas les circonstances ne s’y prêtaient guère et la brunette ne se voyait pas déranger Rosa alors qu’icelle avait un deuil a surmonter même si elle n’en doutait pas la Vicomtesse aurait répondu sans hésiter a ses questions.

Aidant la « Fleur de lune » se rhabiller, elle se composa un visage plus serein qui, du moins elle l’espérait ne laisserait rien transparaître de sa réflexion et lui dit :

Moon, avec votre permission j’aimerai en discuter avec un médicastre de ma connaissance. En attendant et pour faire taire les spasmes de votre estomac je vais vous donner quelque chose.

Elle se leva et fit bouillir de l’eau. Une fois celle-ci frémissante elle la versa dans une tasse et y ajouta l’intégralité du jus d’un citron pressé.

Buvez ça ça vous soulagera dans l’instant. Je vous propose de rester là quelques jours si vous le désirez que nous puissions voir comment évoluent vos nausées ; encore que je ne vous retienne pas de force vous pouvez aussi rentrer mais je doute que ce soit prudent avant que nous sachions exactement ce qui vous tourmente.

Je vais vous préparer aussi de la menthe poivrée qui soulagera vos nausées et évitera que vous ne pâtissiez à nouveau de spasmes. Vous verrez ça se présente sous forme de feuilles que je vous invite à mâcher quand vous sentez revenir les signes avant coureur de vomissements. –puis dans un sourire- c’est pas désagréable en plus comme parfum ; un peu relevé mais agréable vous verrez…


(*comprenez poitrine)
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Moonflower l'écoute attentivement, hochant la tête pour lui dire qu'elle comprend. S'alimenter... humf... facile à dire lorsque des haut-le-coeur vous prennent à la vue de la moindre nourriture... Enfin... Elle essaiera. C'est vrai qu'elle se sent faible. En fait, tout ce qu'elle aimerait faire, c'est dormir, parce qu'elle manque de force, soit, mais aussi parce que ce sont les seuls moments où son estomac la laisse à peu près tranquille.

Moon a un mouvement de recul instinctif. Ausculter ? Comment çà ? Et puis... redouter... est-ce vraiment le mot qui convient ? Elle était consentante cette nuit-là. Maintenant, elle s'angoisse. Et si le mariage était impossible... Et s'il l'abandonnait... Il lui avait demandé de lui faire confiance... Elle, amoureuse, naïve comme on l'est souvent à son âge, avait trouvé sa proposition si romantique. Elle avait à peine hésité. Ils auraient dû attendre... Elle s'en rend compte maintenant.
Mais après tout... Mel avait dit que ce pouvait être autre chose. Pourquoi paniquer ?
Elle imagine alors qu'il n'y a pas de bébé, que ce n'est qu'une indigestion ou un truc dans le genre et elle voit le visage d'Ica déçu, car il le voulait cet enfant. Ca au-moins, elle en était sûre. Il l'aimait aussi... Oui, elle le croit. On ressent ces choses-là.
Cependant, des doutes l'assaillent, les uns après les autres, serrant son pauvre estomac déjà si malmené. Elle est impuissante à les faire taire.

Désorientée, la jeune fille regarde Mel. Cette dernière se lave les mains. Elle lui parle doucement, ses gestes doux sont sûrs. Elle prend confiance doucement, l'aide à dégrafer son surcôt et la laisse, gênée tout de même, ausculter sa poitrine. Mais que croyait-elle donc ? Elle n'était pas entrée dans l'échoppe d'un tisserand acheter une houppelande...
Elle cherche, sur le visage de l'infirmière, à discerner quelque expression qui puisse la renseigner sur son état, essaie de deviner si le haussement de sourcils qu'elle aperçoit est un signe. Elle n'ose pas lui poser franchement la question. Mel parle :

Surprise, Moonflower la regarde :

Comment ? Vous... vous ne savez pas ?

Elle observe Mel faire bouillir de l'eau. "Elle n'est pas sûre... elle ne sait pas...". Son imagination recommence ses cabrioles l'épuisant encore un peu plus. Pas de réponse tout de suite... Elle qui se voyait déjà l'annoncer à Ica. Ce ne serait peut-être donc pas çà...
Elle ferme les yeux, essaie de se calmer un peu quand Mel lui tend son breuvage.

Merci, Mel.

Elle souffle sur la tasse bouillante et la boit du bout des lèvres. Effet immédiat sur son estomac. Que çà fait du bien !

Oh... Elle ne pensait pas rester... Et puis, elle ne veut pas qu'Ica se doute de quelque chose. Ca gâcherait la surprise... Plus prudent, oui... Ceci dit, cette infusion lui fait tant de bien. Elle pense pouvoir tenir. Au pire, elle reviendra demain. Une bonne nuit de sommeil, voilà ce qu'il lui faut.

L'infirmière lui parle à nouveau, détaillant un traitement symptomatique contre les vomissements. Moon hoche la tête en souriant. Ses couleurs reviennent lentement, elle se sent mieux.

Merci, Mel, vous êtes une excellente infirmière. Ceci dit... je ne pense pas devoir rester. Votre tisane me redonne vie et je vais rentrer. Mais dites-moi... quand saurons-nous ?

Elle la regarde intensément, l'oeil un peu suppliant, impatiente de savoir. L'avis d'un médicastre ? Espère que çà ne va pas durer trop longtemps. L'attente est si difficile à vivre et son imagination si fertile... Insupportable.
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Et là... che lui ai cheté une énorme pierre sur la gueule !.....

Il mime le geste avec conviction, montrant à Camille comment, lui, gamin de douze ans est venu à bout d'un gros loup gris.

Interrompu dans son histoire, retombant subitement dans la réalité, il se tourne vers la belle infirmière.

Euh... Oh... Ch'est à moi ?

Il se lève péniblement, s'aidant de sa canne d'une main, se tenant les lombaires de l'autre et s'approche de la jeune femme, pense tout de même à se retourner vers la gosse en lui faisant un clin d'oeil appuyé.

J'viens vous donner un ch'tit peu de travail, ma jolie.

Il hoche la tête en signe d'acquiesment. Comment lui avouer que lui, finalement, avait été heureux qu'elle brûle cette fichue grange, parce qu'il avait pu participer à la construction de la nouvelle ce qui avait considérablement animé sa pauvre vie de solitaire.

Malh'reux, oui... Enfin ! Z'en ont une nouvelle maint'nant les poètes, une tout' neuve. L'autre cherait tombée un chour ou l'autre d'toutes fachons. Ch'est heureux qu'elle che choit pas effondrée chur un de ches bardes en herbe.

Il sourit à l'évocation du ruban.

Ch'était un beau gechte des gars, chà. Laicher un vieillard comme moi couper c'te ruban...
Mais dites-moi, ch'est une bien chentille gamine que vous ch'avez là.
Ch'avais pas vu que vous echtiez grosse. Vot'nièce peut-être ?
Mes ch'enfants viennent pus trop, vous ch'avez. Z'ont touchours de bonnes exchuges pour éviter de v'nir vigiter le vieux. Arhh ! Ch'ai veillé chacun de mes parents, moi, juchqu'au bout, vous chavez... Che les ch'ai pas laicher moi. Quand mon père manchait pus, ch'lui ai donné à la cuillère, moi...

Et le voilà qui cause, qui cause, qui cause... comme s'il devait se rattraper de longs mois de mutisme, laissant de trop courtes pauses pour que Mel puisse lui répondre.

La petite voix de Camille l'interpelle.

Pauv'gamine... Ch'l'emmenrai ben chez moi, tiens... Che m'en occuperai bien, moi...
Pauv' vieux croûton... Qu'eche tu imachine ? Un vieux comme toi s'occuper d'une fillette... Quand il te faut une heure rien que pour chortir du lit... Quand tu n'y vois plus jachez pour dichtinguer le chel et le chucre... Bêta, va... Ch'est fini pour toi. Chà commenche pour elle.

Oh ! L'adorable enfant ! Une bouffée d'émotion lui serre la gorge. Il se tourne vers elle complètement, lui sourit doucement.

Merchi beaucoup, Mademoichelle. Ch'est très chentil chà...

Ne voulant rien laisser paraître de son trouble, il presse un peu Mel avant de craquer pour de bon.

Allons-gi.

Il la regarde, accentue un peu plus encore sa posture courbée.

Ben voyez ma bonne dame.... Mes jarticulachions me font chouffrir atrochement... Ch'ai beaucoup de mal à me lever de ma couche le matin... Et mon dos est en compote... Ah la vieilleche ! Vous demande pas de me rajeunir bien chûr... Juchte me choulager un peu...

Il lui sourit légèrement, heureux qu'elle soit là, prête à le soigner, toute à lui pour quelques minutes.

Che voulais auchi vous dire... ch'ai un peu de mal à uriner en che moment. Ch'ai la vechie prête à exchploger, j'y vais... et quelques gouttes cheulement... Ch'est bijarre, non ?

Il lui sourit encore, plantant ses yeux pétillants de vie dans les siens, plissant ses pattes d'oies bien creusées par les années.

Une sacrée bonne idée d'avoir ouvert ce dichpenchaire... Vraiment. Pour un vieux comme moi, ch'est du pain béni.

Auguste se rhabille tant bien que mal.

Oh ! Merchi ma bonne dame ! Che me chens comme vingt ans en arrière ! Cha cherre un peu... mais cha fait du bien.

Il lui fait un grand sourire reconnaissant.

Du chou vous dites ? Hum... Che richque bien de revenir vous voir pour d'autres troubles alors... A demain ma bonne dame.

Il éclate d'un rire trop puissant pour le petit bonhomme qu'il est et la salue de la tête.

Quelle excellente journée ! Vraiment ! Une conversation plus que sympathique avec une enfant adorable, des soins prodigués avec bienveillance par une dame fort jolie et la promesse de la revoir le lendemain. Que demander de plus ?
La vie du vieil Auguste semblait s'égayer de façon assez exceptionnelle depuis quelques jours.

Il n'avait pas été aussi heureux depuis bien longtemps.

Le dispensaire était silencieux ce matin là. Le soleil venait de se lever quand Mélusine s’y rendit, elle voulait profiter du calme de la bâtisse pour mettre au propre dans le l’herbier quelques planches botaniques qu’elle avait glané au gré de ses pérégrinations. Camille dormait encore à l’étage, et la brune avait donné a la vieille femme qui la veillait d’ordinaire un panier et quelques écus et la requête d’aller chercher au marché les deux ou trois petites choses qui manquait encore à la fillette.

Elle aimait par-dessus tout la solitude de son antre et l’odeur des pigments fraîchement broyés, ça l’apaisait. Et d’apaisement elle avait grand besoin ce jour là… dans quelques heures ou instant elle verrait arriver une jeune femme et aurait la lourde charge de lui annoncer qu’elle allait devenir mère et que plus rien dans sa vie ne serait comme avant. Tout en rectifiant la courbe d’une feuille elle en vint a se demander comment elle-même prendrait la nouvelle… la joie, peut être oui car il n’existe pas de plus grand bonheur dans la vie d’une femme que de transmettre la vie , c’était bien après tout ce pourquoi elles avaient été faites ainsi… la joie donc sans doute mais avant l’appréhension voir la colère de ruiner en un clin d’œil sa réputation et de se confronter aux regards des âmes bien pensantes…. L’appréhension aussi de la réaction du futur père… combien étaient ils ces hommes si empressés a planter leur graine mais si preste a déguerpir des qu’il prenait l’envie a cette dernière de pousser et de donner un fruit…

Elle soupira et c’est alors qu’elle entendit le carillon de la porte. C’est l’heure. Elle reposa délicatement sa plume, essuya ses doigts sur son tablier et l’ôtant se rendit dans la pièce commune. Ces gestes mécaniques avaient fait fuir de son minois ses préoccupations et un sourire avenant avait remplacé l’expression fermée qu’elle avait de prime.

Bonjour Mel…me revoilà

Bonjour Moon, contente de remarquer que la menthe vous a fait de l’effet vous semblez moins pâlotte qu’hier. Mais venez vous assoir je vous en prie. Du geste elle invita la blonde a prendre un siège et avant que de s’assoir a son tour lui proposa de mettre de l’eau a chauffer pour partager une tisane.

As-tu pu voir le médicastre ? Il faut que je sache... Tu comprends ? Je n'en peux plus...

La brunette tiqua au tutoiement… qu’elle habitude de tutoyer tout un chacun… elle masqua tout de même son mouvement naturel seul son geste suspendu alors qu’elle mettait de l’eau sur le feu la trahit, puis elle regagna son fauteuil et d’une voix qu’elle fit douce lui répondit :

J’ai vu Achilée oui et nous avons longuement réfléchies toutes les deux… votre état et vos symptômes laissent toutefois peu de doute sur votre état. Il est plus que probable que de fille vous deveniez mère dans quelques mois… voilà au final c’était sortit comme ça, sans diplomatie ou forme adéquate juste la vérité nue et brutale et la Blanche s’en mordait les lèvres et posa sa main sur la sienne en un geste de réconfort attendant de déceler sur le visage de sa patiente quelques signes révélateur de l’impact qu’avait eu la révélation sur cette dernière.
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[Quelques jours plus tard]

Pas que Mélusine ne soigne personne, mais elle le fait loin, là ou y a la "guerre", et le dispensaire est vide. Du coup, Camille s'y ennuie et passe de plus en plus de temps avec les gosses des rues ou dans les tavernes, ou elle apprend plein de gros mots qui font froncer les sourcils aux grands. Ouais ben y avaient qu'à pas les dire devant elle, tiens.

Elle s'ennuie mais ça l'empêche pas de faire des cauchemars réguliers ou Hanneke revient et l'emmène loin de Mélusine, Saian, Skal, Duncan, Rosa, Margaux, Aidan, Achilée, Vanarf....mossieu Dorable, Théalie, Anna et même Bocom même si elle aime pas toujours ses farces. Et puis le vieux Auguste lui manque.

Ce matin, et par là je veux dire à l'aube, elle tire sans ménagement sur le bras de la vieille servante qui dort avec elle au dispensaire. Et qui, justement, dort, là. Enfin essaie.

Dis, où qu'il est le vieux mossieu ? Il avait dit qu'y reviendrait !!! Pffff. Tu dors ? Arrête de dormir....Dis, il vient quand mossieu Augusteuh ? Et Achilée ? Et tata ? Dis....
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Trois coups furent frappés à la porte du dispensaire.

Chaudement vêtue et un peu remplumée depuis la dernière mission, une Blanche venait de chevaucher jusqu'au dispensaire suite à une nuit très agitée. Visiblemen Camille n'était pas la seule à voir ses nuits hantées par de vilains cauchemards... Il faudrait d'ailleurs qu'elle lui explique quand elle la reverrait que les cauchemars sont parfois là pour notre bien ou pour nous laisser des messages que notre esprit ne veut entendre... un peu violemment parfois il est vrai...

La muse sourit en imaginant la scène et se souvint de l'explication de la patience. On avait vu mieux en guise d'explication pour enfant de "croizan". Il lui faudrait faire des progrès dans ce domaine avant de concevoir l'équipe de soule dont rêvait son futur époux.

Bref revenons à ce qui avait conduit la muse jusqu'au dispensaire. Ces mauvais rêves étaient-ils du aux préparatifs encore en cours ou à tout autre chose ? Elle n'aurait pas dit ça la veille mais aujourd'hui la réponse était la deuxième solution.
La muse ignorait ce qui l'avait conduite pour la première fois à se rendre en ce lieu mais le fait est qu'elle se sentait comme appelé, la Blanche.
Voilà plusieurs jours qu'elle n'avait vu sa filleule cela leur arrivait parfois mais cette fois-ci elle ressentait de l'inquiétude.

Il vaut mieux que je m'assure de son état, si cette alerte n'est pas fondée, je serais sur place pour visiter le dispensaire... depuis le temps qu'elle m'attend.

Mélusine ? Tu es là ? Dit-elle d'une voix inquiète en passant la tête par l'entrebâillement de la porte.
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A défaut de Mélusine c'est une tornade brune visiblement pas totalement réveillée qui se jette sur elle et enlace ses jambes.

Chuis contente que t'es là, j'a fait un cré filain chocomar. Tata est pas là encore.. ou pu. Elle se frotte les yeux avec ses petits poings C'est le matin ou le soir ?

Camille ? La muse se baisse pour se mettre à la hauteur de l'enfant. Le matin ou le soir ?

C'est vrai ça, quelle heure est-il ? se demande la Muse... C'est qu'avec tout ce qui se prépare, elle en est complètement déboussolée, éveillée la nuit, tombant de fatigue le jour...

Heu le matin... je crois.

Margaux prend alors les mains de la fillette d'une main et de l'autre caresse sa joue. Le contact humain aidait souvent à reprendre ses esprits après un mauvais cauchemar. Il aidait à éloigner les ombres froides qui envahissent les nuits grâce à la chaleur.

Quoi de plus normal qu'elle fasse de mauvais rêves ? La petite avait perdu sa mère dans des circonstances qu'elle seule connaissait. Elle se retrouvait à présent dans un village entourée d'inconnus qui certes le devenaient un peu moins de jour en jour mais tout de même.
La journée, elle était si pétillante, nul n'aurait pu deviner ce qu'elle avait vécu. Mieux que l'aurait fait un adulte, son âme ou son cœur d'enfant la protégeait durant la journée mais la nuit, ses monstres revenaient la hanter.

Tu as fait un cauchemar ? Tu veux me le raconter ? Des fois, ça aide tu sais...
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Boitant gracieusement (ben oui c'est possible ) vers le dispensaire, la jolie blonde admirait cette ville qui l'avait surprise par son accueil ainsi que ses habitants. Beaucoup de questions la hantaient et malheureusement très peu d'indices pour y répondre. Elle s'était donné sept jours pour prendre le pouls du village et décider si elle emménagerait. Déjà deux jours révolus plus que cinq pour faire le bon choix.

Elle arrivait enfin à l'endroit indiqué par nombre de villageois, c'est qu'Hydrianne avait retardé au possible cette visite, mais hier après l'intervention de Mariote, elle avait cru bon qu'il devenait urgent de se faire soigner. La blessure à son pied s'était infectée et la dame lui avait fait comprendre que si cela se poursuivait elle aurait de très grande douleur. Voulant éviter toute souffrance la damoiselle s'était résignée.

Quelques coups frappé à la porte et celle-ci fit son entrée, bandage au pied droit et tenue des plus attrayante. La blonde se poste à l'entrée, la main sur la porte pour s'appuyer et interpela en haussant légèrement le ton, l'hôtesse de l'endroit.

Y a quelqu'un ?

Ses oreilles deviennent attentives au moindre bruit ...

Tu fais ce rêve toutes les nuits ?

Hochement de tête. Margaux arrête de parler, elle doit réfléchir beaucoup. C'est gentil de réfléchir à son chocomar, commême. Et alors là elle dit une chose qui épate Camille et la rassure tout à la fois.

....certains grands, comme moi, en font aussi... Cela arrive souvent quand quelque chose de grave est arrivé...

Vrai ? t'en fais aussi ?

Lueur d'espoir dans les yeux. Si les grands en font aussi alors !

T'as raison, c'est grave que maman elle a mourru.

Hochement de tête sérieux. Comique, diront certains. La Blanche-blonde lui propose quelque chose, mais avant que Camille puisse accepter, toute flattée de partager le même souci avec une grande, et de partir avec elle à l'aventure pour essayer un truc.... Une voix de femme lui fait détourner la tête.

Y a quelqu'un ?


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La Lorraine n'eut pas a attendre très longtemps, dame Achilee rencontré le premier soir de son arrivée, viens l'accueillir aimablement.

Après lui avoir sourit, Hydrianne s'exécute le corps un peu tendu sous la douleur. Elle lui raconte, sa longue marche, sa botte en très mauvaise état, la blessure qui s'était formée sur le plat de son pied... a présent l'infection s'était installer, Mariote avait fait de son mieux pour désinfecter la plait et l'avait bander en lui recommandant de venir ici.

Je vais devoir m'assoir pour vous faire voir par contre.

Elle regarda la dame les yeux suppliants, sa marche pour se rendre ici et cette posture debout n'arrangeaient en rien à la douleur qu'elle ressentait. Elle rêvait de relever cette jambe pour un bref soulagement.

Camille entend la voix de sa grande copine Achilée accueillir l'inconnue... et puis tout à coup voilà tata Mélusine qui apparait et les invite à la suivre à l'étage. Camille suit sans trop chercher à comprendre, mais une fois en haut, après que les deux femmes se soient saluées et instalées, elle embrasse Mélusine et lui grimpe sur les genoux.

Ah t'étais là tata ? jo t'avais pas vu ! Margaux elle vient to voir. Tu sais elle aussi elle fait des chocomars.

L'enfant sourit à Margaux puis se tait, curieuse de savoir ce que les deux grandes ont à se dire.
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La blanche et la fillette avaient été interrompues par l'arrivée d'une femme au dispensaire.
La question de Margaux resta en suspens... il devait être écrit qu'elle n'en obtiendrait pas la réponse de suite car les éléments s'enchainèrent et elles se retrouvèrent toutes deux à l'étage en compagnie de Mélusine qu'elle venait voir à l'origine.

Sa brunette de filleule lui apprit son départ en mission pour l'Ordre. Bien sûr, Margaux était informée de cette campagne. Les blanches disponibles étant assez nombreuses, elle avait décidé rester à Tournai de prendre le temps de savourer sa nouvelle condition d'épouse, de prendre soin de son cher et tendre et, plus terre à terre, de remplir à nouveau ses caisses qui avaient été mises à mal par les dernières campagnes.

Mélusine était inquiète, inquiète de savoir à qui elle allait bien pouvoir confier la jeune Camille car Saian allait l'accompagner. C'est ainsi qu'elle en vint à demander à Margaux si elle et Duncan accepteraient de garder Camille, si cela ne les gêneraient pas.

Margaux répondit le sourire aux lèvres : Bien sur que non, elle ne nous dérangera pas ! Tu n'as pas de soucis à te faire. Si cette demoiselle est d'accord, elle viendra à Bourbourg durant votre absence.

Elle ajouta en plaisantant : Cela nous fera de l'entrainement !

Camille étant de son côté tout à fait enthousiaste à l'idée d'aller en vacances chez "mossieu parfait" ! C'est ainsi qu'il fut décidé qu'elle viendrait les rejoindre à Bourbourg le temps que durerait le voyage de Mélusine et Saian.
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Mel partie avec Saian, Van particulièrement occupé, Julien, son filleul, absent et Skal, son parrain, comte et donc fort pris, Achilée avait du temps à revendre. De plus, avec le printemps, moins de malades. Elle était donc arrivée dans l’intention de travailler au jardin. L’herboriste était passée par la petite porte de derrière, avait jeté un coup d’œil sur le jardin à refaire et avait déposé ses affaires dans un coin avant d'entrer. Et c’est quand elle rentra dans le dispensaire lui-même qu’elle entendit un bruit léger. MoonFlower était là.
C’était une patiente de Mel mais Mel était absente et on ne laisse pas un patient sans soins.
Elle s’approcha de le jeune femme dont la grossesse déjà bien avancée n’entamait en rien l’énergie.

Bonjour damoiselle Moon je vous en prie asseyez vous lui demanda-t-elle en lui approchant une des chaises de la pièce d’accueil…Mel est absente mais si je puis vous être d’une aide quelconque…je vous écoute

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Venez nous allons passer dans une chambre et vous allez vous étendre quelques instants pour que je puisse vous examiner. J’ai besoin de me faire une idée plus précise.

Elle lui indiqua une porte menant aux chambres et la suivit.

Tout le monde parlait de cette grosses en bien ou en mal. Cet enfant n’était pas encore né que déjà sa vie était compliquée. L’herboriste ne jugeait pas mais elle bénissait le ciel de n’avoir pas eu cet embarras car elle ne se sentait pas toujours de taille à lutter contre les préjugés et le regard des autres.

Coupant court à ses réflexions elle installa Moon sur un lit en en baissa les tentures.

Je vais devoir poser mes mains sur votre ventre, à même la peau. Si vous pouviez ôter le haut de votre robe. Et réalisant soudain ce que sa demande pouvait avoir de choquant ou d’étrange elle ajouta dans un sourire confiant… Ne vous inquiétez pas ce ne sera pas le premier ni le dernier corps que je verrai et si vous êtes par trop gênée couvrez vous avec les draps. Mais j’ai besoin de voir votre ventre. Ah...J’ai aussi besoin de savoir ce petit remue-t-il beaucoup ? Plutôt le matin, plutôt le soir?

Et laissant la jeune femme à son intimité, elle, de son coté retourna à l’accueil se laver les mains dans de l’eau qui chauffait en permanence. Pendant tout le trajet de retour vers la chambre, elle se les frotta l’une contre l’autre pour les échauffer et éviter ainsi à la jeune femme un contact désagréablement froid.
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Moon était tendue Achilée essayait bien de sourire mais tant de choses se bousculaient dans sa tête, tant de questions et de doutes personnels, tant d’inquiétudes.

Ne pas se laisser envahir, rester forte ! Le plus important à cet instant c’étaient les craintes de sa patiente, alors suivant l’immuable recette paternelle elle ferma les yeux, respira profondément, chassa de son esprit tout ce qui n’était pas cet enfant à naitre et qui méritait toute son attention, tout son savoir.
Quand elle les ouvrit un sourire se dessinait sur son visage, timide mais bien présent pourtant.

On y va ! Et si je vous fais mal dites le moi…

Elle posa ses mains sur le vendre rond. Il était tendu mais souple : une bonne chose ! Achilée ferma les yeux pour mieux se concentrer sur ses sensations. Comme les aveugles habiles à sentir du bout des doigts les moindres changements de texture ou les moindres mouvements, elle, par le toucher, se renseignait sur l’état de cet enfançon à naitre, sur le déroulement de la grossesse.
Elle commença par palper doucement le ventre fertile une légère déformation se fit sous ses doigts. Elle recommença ; la même déformation se produisit comme si l’enfant remuait à sa demande. Son sourire s’accentua. L’herboriste appuya ensuite plus fortement tout déplaçant ses main sur tout le ventre, du sommet vers les cotés. Chaque geste bien que ferme et précis s’efforçait tout de même d’être doux. La jeune femme tentait de traçait les contours de ce petit corps mystérieux, dissimulé dans les chairs maternelles.

Nouveau sourire, les yeux toujours fermés. Elle y prenait presque plaisir à le sentir bouger.

Ouvrir les yeux, rassurer la mère sans lui masquer la vérité

Accoucher est un effort violent, Moon, et bien des femmes ne survivent pas à l’épreuve il faut que vous en soyez bien consciente.

Mais rassurez vous! Pour l’instant tout semble bien se passer.
Tant que vos contractions ne sont pas douloureuses ce n’est pas grave… votre ventre se prépare doucement à l’effort qu’il fera dans 2 mois et demi. Si elles ont été un peu plus fortes ces derniers temps c’est qu’il s’est retourné. Il a la tête en bas et c’est une très bonne chose. Et s’il bouge davantage quand vous prenez du repos c’est que votre ventre doit être plus relâché qu’il doit donc avoir plus de place pour le faire .

Vous avez eu le bon réflexe en ralentissant vos activités. Oh si vous pouviez surélever un peu vos jambes quand vous vous allongez.
Quant à savoir si c’est vous qui lui faites du mal…

Elle réfléchit essayant de peser ses mots, de confronter son savoir théorique et les observations qu’elle avait pu faire, ce que les femmes qui avait accouché lui avaient raconté de leur grossesse et de leur enfantement…

Selon ce que j’en ai entendu je crois… je crois qu’il vaut mieux vivre loin des tensions et aussi sereinement et pieusement que possible.
Je crois que vous vous êtes mise au repos…alors maintenant priez...Priez pour qu’Aristote accepte la vie de cet enfant malgré ... elle ne pouvait dire votre faute c’eut été émettre un jugement et la charte le lui défendait …malgré ….enfin je veux dire que même s’il a été conçu par amour il n’en a pas moins été conçu hors mariage et à ce titre sa vie est entre les mains de Dieu. Comme toutes les vies d’ailleurs.

Changer de sujet, ne pas la mettre mal à l’aise, ne pas perdre sa confiance, et pour être tout à fait honnête, ne pas se mettre mal à l’aise non plus.

Je peux vous donner une tisane qui limitera les contractions mais qui ne les arrêtera pas.
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[bien plus tard]

Temps des cueillettes et du travail par dessus la tête. Elle a quitté le manoir.
Elle vient à peine de poser ses affaires au dispensaire où, pour plus de facilités, elle vivra un temps ainsi que sa dernière et fructueuse cueillette qu’elle est assaillie par au moins deux personnes affolées qui parlent, et de concert qui plus est !!!

Faut qu' vous V'nez! nous suiviez la dame Dame MoonFlower ben... a b'soin de vous... 'll' accouche

Bref rien de compréhensible si ce n’est qu’elle a entendu " Moonflower ", donc elle se doute bien que l’enfant parait. Ce qui l’ennuie c’est que ces gens la tirent par la manche,la poussent, la portent presque. Elle ne peut pas réfléchir correctement dans ses conditions. Elle se raidit, s’arrête et d’une voix bien timbrée, un rien agacée

Ça suffit !! Expliquez vous clairement parce que vous me faites perdre un temps précieux

Dame Moonflower est en train d’accoucher la servante ell’ m’a dit comm' ça... "dites à l’arboriste qu'elle a perdu les os"
Son camarade le regarde dubitatif C’est pas plutôt qu’elle a les eaux ?

Elle en rirait Achilée si elle en avait le cœur mais le renseignement lui sert : Moon n’en est qu’au début du travail.

Peut-elle se déplacer ?

La servante elle dit que vous devez v’nir maint'nant!! … et de la tirer de nouveau par la manche.

Je sais bien mais si je ne prépare pas tout ce dont j’ai besoin … Elle n'achève pas sa phrase elle a mieux à faire et d'ailleurs elle n'est pas sure d'arriver à leur faire comprendre qu'elle doit essayer de parer à toute éventualité.

Elle les plante là et se dirige vers la salle aux pots. Prestement, le geste sûr, elle se sert de maintes plantes essayant de faire en sorte de penser à tout. Elle jette tout cela pèle-mêle dans sa grande besace et revient près des deux hommes, passe devant eux et s’élance en direction de la taverne, en leur disant

Eh ben vous suivez ou pas ??? Je croyais que c’était urgent…
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[bien avant l'aube]

Elle s'était réveillée toute seule dans la chambres des appartements privés, bien avant les premières lueurs de l'aube, un peu étonnée d'être là. Ne pas passer ses nuits au manoir la troublait quelque peu.

Les cueillettes!

Elle s'était levée, un brin de toilette et un quignon de pain plus tard, elle était sur le seuil, prête pour cette journée de cueillette ses grands sacs au coté et un couteau en poche elle sortit du dispensaire tira la porte mais ne la ferma pas à clé: elle espérait bien revenir avant que quelqu'un n'arrive!

Les cueillettes ont ceci de particulier qu'il vaut mieux les faire très tôt le matin, avant que le soleil, même le soleil flamand qui pourtant n'avait pas la violence de son soleil natal, avant que le soleil donc n'abime trop ce qu'elle voulais cueillir. La protectrice rosée était la meilleure garantie de fraicheur. Même si cela rendait le séchage plus complexe

Voila pourquoi en ce moment, l'herboriste se levait des potron-minet pour travailler, savourant au passage la beauté des paysages au lever du soleil. Le moment avait toujours quelque chose de magique. Un renouveau permanent, presque une renaissance, un bonheur tout simple finalement, dont elle profitait. Le paysage Flamand qui émergeait des brumes sous le soleil avait parfois quelque chose d'irréel qui l'enchantait et lui faisait penser aux contes que sa mère lui lisait enfant.

La cueillette du jour? Chèvrefeuille.... un régal a sentir, une aide précieuse contre les toux les angines mais aussi les calcul rénaux et certaines infections urinaires.
Elle avait repéré un coin. Elle partit, l'esprit bien plus léger que ces derniers jours.


[ bien plus tard, de retour au dispensaire ]

Sa tâche achevée, elle revenait portant deux grand sacs de jeunes branches de chèvrefeuille. Un peu échevelée certes mais merveilleusement odorante. Il lui fallait mettre cela à sécher, faire une vraie toilette, et un petit roupillon. Elle serait prête à affronter la seconde partie de la journée.

Il y avait une jeune femme. Toutes ses obligations seraient donc repoussées. Le patient avant tout. Enfin la patiente en l'occurrence.

Zut j'ai été plus longue que prévu se blâma-t-elle puis à haute voix tout en s'avançant Excusez moi je suis partie en cueillette. Je vous en prie installez vous et dites moi ce que je peux faire pour vous...oh c'est Vous Saphira! Bonjour

Elle déposa ses sacs et, en attendant sa réponse, tenta de remettre en place ses mèches échappées, de défroisser sa tenue, bref de se composer une image un peu moins...désordonnée.
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Achilée lui répondit rapidement:

J’ai bien une idée… vous me direz ce qu’elle vaut d’accord quand vous l’aurez essayée un certain temps d’accord?

Saphira sourit, il y avait donc quelque chose qui convenait à son cas. Elle observa ensuite l'herboriste qui fouillait parmi ses pots, tous aussi beaux les uns que les autres... Elle lui prépara ensuite un petit paquet que Saphira regarda avec curiosité, avant d'écouter les recommandations avec attention.

*Du citron??* Hum... Où la jeune fille allait t'elle bien pouvoir s'en procurer... C'était que l'agrume n'était pas courant...

Si vous trouvez que le citron est trop cher….. …vous pouvez mettre du vinaigre…. Mais…humpff…... Évitez le vinaigre de vin rouge essayez avec un vinaigre de cidre.

*Hum... Du vinaigre de cidre.... Je vais sentir bizarre, avec ça...*

L'herboriste ouvrait à une jeune femme que Saphira avait rencontrée plus tôt, ne voulant pas les déranger plus longtemps, Saphira se permis juste de poser une petite question à Achilée.

-Je voudrais juste savoir... Combien vendez vous vos citrons?

Elle espérait que le prix, même si elle le savait cher, ne serait tout de même pas excessivement onéreux...

L'herboriste semblait surprise, mais Saphira aurait besoin du citron si elle ne voulait pas avoir une odeur repoussante, et vinaigrée au plus haut point. Par contre, elle n'utiliserais qu'1/4 de citron en eau de rinçage car 25 écus en deux jours... ça commençait à faire beaucoup... Enfin, elle tairait l'astuce à l'herboriste de peur de la vexer.

-Très bien, je vais tout de même vous en acheter un... Quand il faut, il faut.

Elle lui sourit, et l'observa faire le paquet, puis elle déposa les écus nécessaires sur le comptoir et laissa la place à la cliente suivante, en remerciant bien Achilée pour son aide, et ce soin qui à coup presque sur, redonnerait un beauté à notre jeune héroïne.

Moi c'est Kasia..

Une fraction de seconde durant laquelle passe, pour l'herboriste une éternité tant elle se sent gênée. La phrase tourne en boucle dans sa tête. "Moi c'est Kasia.. Moi c'est Kasia.. Moi c'est Kasia.. Moi c'est Kasia..". Elle rougit.

Je vous prie de bien vouloir m'excuser... J'ai du mal comprendre notre tribun quand il m'a dit votre nom.
Je vous en prie entrez et suivez moi.

Elle traversa le jardin, et ouvrit l'une des portes qui donnaient accès aux chambres. Simple mais propre, parfumée d'un reste de benjoin brulé, elle lui céda le passage.

Voici votre chambre, installez vous, et rejoignez moi à la cuisine. Une soupe et un morceau de pain vous y attendent.

Elle s'éloigna en direction de la cuisine.

Derrière la façade accueillante et accorte, la tournaisienne bouillait! Contre elle, pour avoir cru Nev quand il l'avait présentée sous le nom de Kazou, contre lui, pour l'avoir piégée.
Tout en traversant le jardin, malgré son calme apparent, pour ne pas faire fuir la jeune fille qui la suivait, elle imaginait les tortures qu'elle aurait aimé faire subir au blond moustachu.

A l'aller, suivie de Kasia et non Kazou, ses pensées étaient à peu près celles ci

"Lui coudre des sous-vêtements d'ortie. Lui faire avaler de l'huile de ricin. Le faire tomber dans la fosse à purin. Lui saler les pieds et appeler biquette qui, si elle avait bonne souvenance, adorait lécher la pierre à sel. Le faire boire beaucoup de bière. Vous me direz que c'est loin d'être une torture. Oui mais elle envisageait avec, de coudre ses braies de façon à ce qu'il ne puisse pas les enlever. Le faire bouillir avec de la menthe, à l'angloise. Lui donner une tisane qui aurait provoqué une alopécie absolument totale. "

Bref, mille et une petites taquineries qui entretiennent une amitié.

Au retour, ses pensées n'avaient pas vraiment changé d'orientation, mais elle étaient ...plus raffinées, quoique toujours véhémentes

L'obliger à se marier avec la première femme qu'il croiserait. Placarder partout le dessin d'un de ses nombreux enfants naturels. L'obliger à cirer les bottes du Baron de Renaix. L'inscrire à l'insu de son plein gré à une pastorale approfondie auprès de l'archevêque Thibaud. Et bien sur, le crier sur tous les toits. L'obliger à prendre un bain puis lui faire curer les douves du château à la petite cuillère. Lui demander de huiler toutes les portes de la ville. Baguer tous les pigeons.

Une fois dans la cuisine, elle raviva le feu pour réchauffer la soupe qui mijotait. Et pendant que, machinalement, elle exécutait les tâches quotidiennes, ses pensées tourbillonnaient

Recenser tous les chiens et les chats errants et leur donner un nom. Aller brosser les dents des loups surveillant le donjon de Slamjack. Servir de nourrice pour soulager les jeunes mères. Construire et animer un jardin d'enfant. Trouver une compagne à Félicien Géron. Administrer un lavement à tous les taureaux et étalons de la ville et des environs

Quelque peu soulagée, elle disposa deux couverts et, en attendant son hôte, elle griffonna quelques mots au tribun

Cher Nev ....

Un pigeon, pas encore bagué apporta la missive au tribun








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Sa pensionnaire, Kasia, était discrète, elle ne la voyait presque jamais au dispensaire, toujours occupée qu'elle était à se faire une place dans la cité, à trouver une embauche chez quelqu'un, à gagner de quoi vivre.

Achilée, elle, désherbait dans le jardin. Tous les jours elle devait passer de longues minutes à ôter toutes les plantules indésirables qui poussaient avec une constance et une vitesse proprement admirables.
Éloignée de la porte d'entrée, elle n'entendit donc pas tous de suite les coups portés à l'huis. Mais ces coups avait quelques chose d'impérieux et l'insistance de celui qui les donnait paya...

TAP TAP TAP

Elle ouvrit la porte et se retrouva face à un homme qui portait une femme. Une brune qu'elle ne reconnut pas, cachée par ses cheveux défaits.
Elle ouvrit aussitôt la chambre la plus proche

Entrez allongez-la là...
Dites moi ce qui est arrivé, il y a longtemps qu'elle est comme ça? A-t-elle mangé ce jour? Et si oui quoi? Savez vous si cela lui arrive souvent?

Pendant qu'elle le questionnait, elle activa le feu et revint avec une couverture dont elle couvrit la patiente. Elle posa sa main sur son poignet et chercha son pouls: Faible. Faible mais pas filant. C'était pas très bon, mais cela aurait pu être pire. Puis elle toucha son front écartant les cheveux et reconnut Théalie. L'herboriste s'efforça de rester concentrée et de ne rien laisser transparaitre du trouble qui l'animait.

Tout en cherchant des indications sur l'état de la jeune tournaisienne, elle ne lâchait pas le portefaix des yeux, essayant de le rassurer et de l'amener à être le plus précis possible. Même si elle doutais qu'il sache grand chose. toute indication pouvait s'avérer précieuse.
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L'herboriste tapota les joues pâles sans aucun effet. Elle alla donc chercher des sels dans la pièce attenante. Cette solution, volatile, extrêmement nauséabonde, se révélait en général très efficace.

Elle glissa sa mains dans celle de la jeune femme et passa la fiole débouchée sous les narines de la tournaisienneL'herboriste ne pu s'empêcher de réprimer une moue de dégout en humant quelques effluves échappées.

D'une voix douce elle essayait de tirer Théalie vers le monde des gens conscients.

Théalie?....Théalie?........Théalie?.. Vous m'entendez? ......Vous êtes au dispensaire..... Théalie?.... Si vous m'entendez serrez ma main
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L'herboriste la regarda se réveiller doucement avec cet air un peu perdu qu'ont les gens transportés pendant leur inconscience. Tellement perdue qu'elle s'excusait même...

Ce n'est rien Théalie...ce n'est rien

Sous l'oeil inquisiteur de la "pimprenelle miel", le teint de la brune tournaisienne reprenait doucement des couleurs plus douces et moins blafardes. Achilée s'interrogeait sur la raison de son malaise. Une peur intense, un repas trop léger pour son activité débordante, un malaise sérieux , ou même un début de grossesse? Il lui faudrait poser des questions pour savoir pourquoi la jeune femme s'était évanouie.
Mais pas maintenant pas devant celui qui l'avait amenée ici et qui semblait inquiet.

Elle passa la porte et lui expliqua

Elle s'est réveillée. Elle va bien pour le moment mais elle a encore besoin de repos. Repassez donc plus tard..oh et avertissez messire Théadeus...il voudra peut être venir la voir lui aussi. De toute façon si ce n'est pas grave elle sera vite dehors.

L'inquiétude du jeune homme lui semble doublée d'une certaine tendresse, alors doucement avec naturel ou du moins elle l'espère elle lui rappela que la jeune femme avait un compagnon.
Gentiment mais fermement poussé vers la sortie.

Elle avait besoin de parler à sa patiente
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Achilée, j'ai trop tardé à venir et voila le résultat. Je suis si fatiguée en ce moment...

De la fatigue ? Uniquement ? La larme qui suit semble le confirmer. De la fatigue oui mais… mais le teint ne se brouille pas en quelques jours et celui de la jolie brune, s’il reprend une teinte normale n’en reste pas moins terne.

Achilée essaye une ruse qu’elle a apprise à l’Hôtel Dieu : Elle aide Thalie à s’installer au mieux dans le lit. Se faisant elle tâte son coude. Rien ne sert de mettre des manches amples cet examen donne une bonne approximation de la corpulence. Elle retient une grimace. L’ambassadrice est svelte de nature...Mais là elle est en passe de devenir maigre.

Étrange… elle sait que Théalie à de quoi se nourrir. Alors pourquoi cette maigreur? trop de tensions? Trop de travail ? Des repas pris à la va vite ? C’est pourtant contre les habitudes de leur temps : trop de gens connaissent la disette, en général, si on peut manger à sa faim on ne se prive pas.

Théalie la fatigue ne vient pas sans raison…elle témoigne d’un excès d’une des quatre humeurs selon Galien et Hippocrate. Je vais donc vous poser quelques questions et vous allez tacher d’y répondre le plus sincèrement possible pour que nous puissions déterminer comment vous soigner au mieux

Première chose à faire ….éliminer la possibilité d’une grossesse. Et puis au moins les questions les plus gênantes auront été posées. D’une voix discrète, comme si quelqu’un avait pu entendre, chose idiote à bien y réfléchir puisqu’elles étaient seules, mais bon…la pimprenelle miel avait toujours peur de heurter ses patientes avec certaines questions, elle demanda donc

Théalie je sais que la question peut choquer mais quand avez-vous eu vos menstrues pour la dernière fois ? Avez-vous des nausées le matin ?
Une aménorrhée était signe de grossesse ou conséquence d’un épuisement tel que le corps était incapable de faire l’effort mensuel de se préparer à l’enfantement.
Sa voix se fit alors plus un peu plus sévère, comme pour bien exiger une vérité sans fard

A quand remonte votre dernier repas et qu’avez-vous mangé ?...celui d’avant encore ? et l’antépénultième ?

Traversez vous une période où vos multiples activités sont exigeantes, épuisantes, et particulièrement prenantes ?

Théalie une dernière question…sa voix se fit plus douce. Pas de "pourquoi?" pas de "il faut me dire",l’herboriste n’exigeait pas une réponse qui pouvait être très personnelle mais laissait juste entrevoir qu cette explication l’aiderait à comprendre, tout comme elle pourrait aider. Théalie... Vous avez dit : « j'ai trop tardé à venir » vous pouvez m’expliquer ?
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Donc elle grignote. L’herboriste l’écoute répondre aux questions avec sincérité, elle note dans un coin de sa tête les maux de tête et le cœur qui s’emballe. Mais ce qui la touche, c’est cette angoisse qui coule en perles cristallines le long de ses joues.

Suis-je devenue folle Achilée pour ne même plus arriver à me nourrir ?

Non Théalie mais vous devez traverser une période de doutes … et cela influence votre appétit. Consulter c’est admettre que quelque chose ne va pas alors souvent on recule …

Achilée rit tout doucement

Je ne suis pas mieux placée que les autres vous savez…je sais parfois que je ne vais pas…et je ne fais pas immédiatement l’effort de me soigner. C’est un tort je vous l’accorde mais ce n’est pas un signe de folie rassurez vous

Elle lui serre légèrement la main, comme pour la rassurer, lui dire qu’elle n’est pas seule à consulter en dernière extrémité : il y a ceux qui pensent que tout ira mieux le lendemain, ceux qui négligent les signes, ceux qui ne savent pas qui aller voir, ceux qui, comme elle, sont désemparés et ceux, nombreux, qui pensent ne pas avoir les moyens de s’offrir les soins sans savoir que les indigents doivent être soignés gratuitement ou en tout cas à peu de frais.

Cependant il y a deux choses l’une c’est votre sommeil vous m’avez dit dormir mais vous réveiller fatiguée…ça c’est pas terrible l’autre c’est…comment avez-vous dit déjà… ?

Regard levé vers le plafond pour chercher les paroles exactes ou au moins celles qui sont le plus proches…

ah oui vous avez dit ..." J’ai parfois le cœur qui s’emballe "

Pour le sommeil j’ai quelques remèdes en tête mais en ce qui concerne le cœur et les maux de tête… j’ai besoin de savoir exactement ce que vous ressentez parce que c’est surement un excès d’humeur mais laquelle? Le sang qui pourrait cogner vos tempes quand vous avez mal au crane? Ou la bile noire qui induit un excès de mélancolie? Dans ce cas nous adapterons votre régime alimentaire. Je vous promets d’essayer de ne pas vous faire manger des plats par trop...roboratifs

Elle regarde sa patiente consciente que toutes ces questions pouvaient avoir un effet lassant mais elle veut adapter au mieux le traitement qui doucement se met en place dans sa tête.
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Elle s’absorba dans une intense réflexion qui lui fit revoir pas mal de plantes, leurs propriétés, leur efficacité et leurs contre indications. Et même d’envisager les préparations adéquates.

Il fallait permettre à Théalie de retrouver un sommeil réparateur, de même il lui fallait une tisane ou une décoction reconstituante et un régime adapté à ce dérèglement des humeurs.
Première étape, le sommeil

On va tâcher de régler doucement tous les problèmes un à un Théalie. En ce qui concerne votre repos je vais vous donner un mélange de plantes que vous prendrez en infusion. Il y a là de la lavande, de la fleur d’oranger, du tilleul, de la mélisse, de la valériane et même…

Un léger sourire s’afficha sur le visage de l’herboriste : peu de gens connaissaient les propriétés sédatives de la plante qui faisait de la bière ce qu’elle était et non pas de la simple cervoise, qui lui donnait sa légère amertume.

Même…du houblon
Vous en prendrez 4 tasses dans la journée. Deux d’entre elles seront prises après les vêpres dont une juste avant le coucher.

Un temps de pause

Ensuite il faut soigner cette anémie. Je vais vous donner de quoi faire des infusions d’ortie et de noyer. Mais je vais vous prescrire des aliments donnés par le tacuinum. Des aliments aux propriétés froides et sèches pour lutter contre l’excès d’humeur chaude et humide qu’est le sang : des glands de chêne, du millet, de l’orge, de l’épeautre. …Et de la viande rouge aussi !
Et pour finir il faut vous aider à retrouver l’appétit pour cela… vous avez le choix entre…un petit verre de vin de racine de gentiane juste avant les repas ou…une infusion de sauge germandrée, camomille, et mélisse.

On va commencer par ça. Nous nous occuperons des mots de tête et des vertiges un peu après.
Restez là et reposez vous je vais commencer les préparations

Ouvrant la porte elle tomba sur Kasia qui eut un léger sursaut auquel l'herboriste ne fit pas attention

Oh Kasia ravie de vous voir...si vous n'avez rien à faire et si ce n'est pas trop vous demander...Tenez donc compagnie à Théalie ...ça lui fera du bien
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La préparation des mélanges avait pris pas mal de temps : l’herboriste se laissait toujours avoir par le plaisir qu’elle avait à manipuler les pots et leur contenu. De plus, elle avait pris sa plume et avait écrit pour la jolie brune les consignes à suivre. Alors forcément, forcément…elle en avait oublié le temps .

Lorsqu’elle réalisa qu’elle s’était attardée, elle tenta de se convaincre que ce n’était pas trop grave puisque Kasia devait avoir tenu compagnie à Théalie.

Achilée portait outre deux sachets de tisane et un parchemin, une tasse fumante. Elle frappa comme elle le put, un peu brusquement à son gout, mais au moins ne laissa-t-elle rien tomber, pas même la tasse ce qui était un exploit pour une gaffeuse comme elle il faut bien le reconnaitre. Elle entra dans la pièce un peu gênée tout de même d’une si longue absence.

Excusez-moi d’avoir mis autant de temps. …Je vous ai écrit les prescriptions à suivre.

Elle posa le parchemin et les sachets de tisane sur le coffre au pied du lit et ajouta

Buvez ceci ! Rien de miraculeux mais simplement de qui vous donner un coup de fouet. C’est une tisane reconstituante. Ensuite vous pourrez vous reposer ici ou…ou rentrer chez vous pour vous reposer. Elle sourit …notez que je vous laisse le choix hein ?! Vous reposer ou…vous reposer… enfin... Ici ou chez vous.

La « miel » se voulait rassurante. Elle se rappela de Maya et de cette terrible toux qui avait faille l’emporter. Ayant étudié récemment les écrits d’Hildegarde de Bingen, elle était, plus que jamais, persuadée, comme l’abbesse que le corps l’esprit et l’âme étaient intimement liés. L’envie de guérir, l’espoir de guérir jouaient donc un grand rôle, et Théalie avait besoin d’un peu de légèreté pour évacuer ses inquiétudes.

Elle donna le parchemin et lui expliqua

Tout y est et j'ai opté pour le vin de gentiane comme vous pouvez voir. Je vais aller le chercher de ce pas d'ailleurs.
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Kasia lui avait tenu compagnie en attendant le retour d'Achilée. Elle parla d'aller voir la mer, Théo ne lui en avait pas parlé mais ça lui semblait une bonne idée et l'air marin la revigorerait certainement. La petite semblait avoir retrouvé sa joie de vivre et ça faisait plaisir à voir.

Achilée revenue elle sourit quand elle entendit Kasia s'inquiéter de son état de santé.
Elle prit la tasse des mains d'Achilée et la remercia avec un sourire. La tisane fumante sentait délicieusement bon et puis c'était pour aller mieux aussi entreprit-elle de la boire consciencieusement à petites gorgées. Elle écouta ensuite attentivement les recommandations d'Achilée.

Elle allait répondre quand Kasia parla d'une lettre qu'elle aurait reçu d'Adelinda. Elle lui fit un large sourire sachant pertinemment comment la petite adorait Line.

On en parlera un peu après si tu veux bien Kasia, je finis avec Achilée et si tu veux bien tu me raccompagnes chez moi ? Je suis encore un peu faible aussi je préfèrerais que quelqu'un vienne avec moi. Bien entendu je ne te force pas !

Elle reporta de nouveau son regard vers Achilée et lui dit :

Je vous remercie pour tout et je vous promet Achilée de suivre comme il le faut le traitement que vous m'avez préparé.
La prochaine fois je n'hésiterais plus et n'attendrais plus avant de venir !

Je vais repartir à la maison, en toute tranquillité surtout si Kasia m'accompagne. Je ne voudrais pas que Théo s'inquiète de ne pas me voir rentrer.

Et puis se souvenant de quelque chose qui l'avait interpellé elle demanda.

Mais il y a une chose que je me demande et vous pourriez certainement me renseigner. Je me souviens être tombée dans l'église mais comment ai je fait pour atterrir ici ?

Elle finit sa tisane en attendant la solution à son problème spatio-temporel.
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Il poussa la porte de l'herboriste. On lui avait dit qu'elle avait une grande connaissance, un remède à presque tous les maux. Il fut surpris du nombre de petits pots entreposés ici. S'ils contenaient tous quelque chose, la bougre devait être plus que riche, ou très voyageuse. Il regardait les indications, ne connaissant pas le dixième des plantes affichées, cherchant quelques ingrédients pour une aventure commencée il y a quelques jours. Lisant à haute voix ce qu'il avait noté sur son parchemin, il l'entendit arriver dans la pièce à petits pas.

Bonjour madame,

Alors voilà, j'ai une tonne d'ingrédient à vous demander. Alors...Il reprit le parchemin et lui énuméra :

J'aurai besoin de :
Bergamote
Mandarine
Bois de Cèdre
Citron
Patchouli
Jasmin
Rose
Iris
Vanille
Benjoin
Baume du Pérou
Musc
et pis un petit peu de cuir.

Ha et pis aussi j'aurai besoin d'une pommade pour arrêter les démangeaisons d'orties.

Et pis aussi, une p'tite question...
z'auriez pas des méthodes pour forniquer sans faire d'enfants ?

Il lui fit un grand sourire alors qu'elle écarquillait les yeux.

La nuit avait été courte: Rentrée tard hier soir après plus de trois mois passés en campagne sur les routes du royaume, elle était fourbue. Mais elle ne pouvais pas rentrer a Tournai sans essayer de revoir ses amis ou des connaissances, donc en toute logique elle avait déposé son bagage au dispensaire et avait obliqué vers les tavernes où elle avait passé une bonne partie de la soirée.

Malgré ce elle c'était levé aux aurores. Ce n'est pas parce qu'elle s'était couché tard qu'elle devait ou pouvait se prélasser le lendemain. Achilée était en retraite, elle avait été trop longtemps absente et il y avait à présent fort a faire au dispensaire.

Un brin de ménage plus tard l'officine reprenait "figure humaine"? du moins respirait elle le propre à nouveau. La brunette en profita pour se changer a son tour, faire un brin de toilette et troquer ses frusques de soldats pour celles plus coquettes d'une damoiselle.

C'est en redescendant des appartements privés de l'étage qu'elle tomba nez a nez avec un brun qu'elle n'avait encore jamais vu. Pourtant avec un minois pareil nul doute qu'elle ne l'aurai pas oublié si tel avait été le cas.

Elle le salua poliment et l'écouta patiemment faire la liste du nombre impressionnant de plantes, baumes et autre essences dont il avait besoin. Elle tiqua au nom de certains ingrédients dont elle ignorait tout mais tâcha de ne pas trop le laisser paraître. Une fois qu'il eu finit elle sourit franchement a sa requête.

Que vous répondre quand a cela? Vous savez fort bien que l'aristotélisme m'interdit de vous répondre par la positive, la fornication devant être réservée a la procréation du moins pour l’Eglise. Cependant, -elle baissa le ton et murmura presque- j’ai entendu parler de certains boyaux en vessie de porc qu’utilisaient déjà les anciens et qui placés sur le vit récoltent la semence évitant ainsi qu’icelle ne fertilise votre conquête. –puis reprenant a voix haute- Hélas c’est tout ce que je sais ou puis vous dire. D’herboriste a sorcière la frontière est mince dans l’esprit de certains et je vous prierai donc de ne pas m’interroger plus avant sur ce sujet ; je n’ai pas envie de passer pour faiseuse d’anges et finir sur un bucher.

Bien, concernant vos soucis d’ortie en revanche je pense pouvoir vous aider. Alors ce n’est pas un baume mais je vais vous préparer des compresses imprégnées d’infusion de pensée, c’est souverain contre les affections cutanées. Elles seront a changer régulièrement afin de rester efficaces. Attendez moi un instant je reviens.

Elle lui indiqua du geste un fauteuil dans l’entrée avant de disparaître dans son atelier. L’infusion était longue entre le temps de faire bouillir l’eau et celui non compressible non plus d’infusion des fleurs fraîches. Pendant ce temps elle prépara quelques compresses de baptiste qu’elle enferma dans un paquet de toile. L’infusion prête elle la filtra et la mit en flacon.

Voilà. Imprégnez bien la compresse que voici avec la préparation puis appliquez sur la zone qui vous démange. Il vous faudra sans doute maintenir la compresse a l’aide d’une bande serrée ou d’un linge. Si jamais vous éprouvez des difficultés a le faire ou si vous voulez que je vous aide a poser la première n’hésitez pas, je vous montrerai.

En ce qui concerne enfin la liste que vous avez énuméré en entrant je ne dispose pas hélas de tout. Je puis tâcher de m’en faire livrer par un marchand ambulant mais je ne sais s’il trouvera tout et combien de temps il lui faudra pour me faire parvenir tout ça.

J’aurai une question toutefois, simple curiosité, que comptez-vous faire de toutes ces essences ?
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Debout derrière sa table, au milieu du dispensaire, ses longs cheveux couleur d'encre laissés libres dans son dos, dans sa houppelande sang et or toute neuve, la brune prit le temps de se perdre un peu dans le regard du ténébreux devant elle. ce qu'il voulait faire de ces essences oui elle se devait de le lui demander on ne délivre pas autant d'ingrédients sans connaître la raison de la demande, mais pour une fois faire durer l'entretien n'était pas pour lui déranger outre mesure. Elle ne l'avait encore jamais vu elle en était certaine a présent, il avait du arriver pendant son absence. Un jeune homme intéressé par les plantes? Un herboriste en herbe? Un médicastre confrère d'Achilee? Elles aimaient bien leur antre féminine, mais un apprenti... faudrait qu'elle soumette l'idée a sa sœur tient!

Héé! Ya quelqu'un dans c'foutu dispensaire?

Glurps! Ou comment tirer une brunette hors de ses rêveries. La Blanche sursauta manquant de faire tomber le flacon d'infusion de pensée qu'elle tenait toujours dans ses mains.

Cette voix.... non non non elle devait rêver... c'était tout bonnement impossible et impensable... La Cap' était loin des Flandres et en toute logique son garde du corps ne pouvait se trouver là... L'ombre qui se découpait dans la porte ça peut pas être elle... La jeune femme secoua la tête comme pour retrouver une partie de sa lucidité, elle se dit que définitivement la dernière campagne avait trop duré et ne l'avait pas laissé indemne puisque même une fois rentrée chez elle elle continuait a entendre la voix de sa compagne d'armes.

N'empêche qu'elle se sentait pas vraiment bien d'un coup la jeune herboriste, comme prise de vertiges. Incapable de répondre ou de bouger elle regarda l'ombre s'avancer vers elle.

Si! Si elle ne rêvait pas.... mais comment? Elle devait être en Berry ou pas loin l'Indomptable, comment en partant de Normandie pouvait on pour rejoindre le sud se retrouver en Flandres? Alors d'une voix blanche elle laissa s'échapper:

... Baile? ... Baile? ...c'est...toi?
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Peu de temps avant l'arrivée de la jeune femme, il était assis tranquillement dans ce siège dont il tâtait l'accoudoir du doigt. "C'est moelleux ça dis donc" pensa-t-il... bref... Il l'attendit préparer les compresses et la remercia en lui disant :

Hum c't'a dire que c'est sur les fesses que ça me démange donc... je les mettrai tout seul, mais z'êtes bien aimable !

Ha voui les vessies... hum bon j'irai voir un boucher dans ces cas là...

C'est à cet instant qu'il entendit brailler alors qu'il n'avait pas eu le temps de lui répondre. Il ne comprit pas le regard noir que lui faisait la nouvelle venue, ou alors... non... gnépapotib ça...Il jeta un regard à Melusine, un sourire en coin, et ajouta avant de filer :

Bon je repasserai si vous le voulez bien, quand vous aurez tous les ingrédients, et pis j'vous paierai tout d'un coup si ça ne vous dérange pas... Je m'appelle Giovani ajouta t-il avec un regard pour Baile.

Ha oui... j'ai besoin de tout ça pour... faire un parfum...

J'vous laisse, avec votre...amie. La bonne journée !

Il ne put s'empêcher de sourire à nouveau, à cette situation d'abord, et au fait qu'il allait enfin avoir moins mal aux fesses...

Il était encore nuit lorsque Bertine arriva, escortée d'un garde aux couleurs de la Blonde des Flandres. Les jambes tremblantes, par cette longue chevauchée, dont elle n'avait guère l'habitude, accompagnant généralement sa maitresse dans son coche, elle arriva devant le dispensaire. Tambourinant la porte de toute sa force, elle cria, quitte à ameuter la ville:

Ohé, il y a quelqu'un? Ma Maitresse, la Vicomtesse d'Harlegnan a besoin d'aide urgente. Ohé, ouvrez, je vous en supplie.

Son coeur battait la chamade, le temps jouait contre elles, elle craignait surtout faillir à sa mission. Sa maitresse comptait sur elle, elle se devait de répondre à sa confiance. D'autant plus qu'elle détestait voir les gens souffrir.

La flamande revenait de sa retraite.

Toujours trop longue à son gout mais toujours trop courte au gout des nonnes qui l’accueillaient. Et cette année elles lui avaient joué un sale tour : au moment où elle devait sortir 15 jours entre deux retraites, un incunable précieux avait disparu ! Personne n’avait eu le droit de passer les murs du couvent. Achilée en avait presque fait un scandale ! Mais le pire c’est quand on s’était aperçu que ce livre n’avait pas disparu mais avait été oublié dans sa cellule par celle là même qui avait donné l’alerte, la scribe ! Du coup, coincée dans sa retraite elle avait laissé son esprit vagabonder autant que ses plumes et elle avait fait de multiples croquis de vêtements que son époux, tisserand exceptionnel ne manquerait pas de réaliser.

Mais elle était tout de même sortie de méchante humeur.
Humeur qui changea du tout au tout quand elle entra dans le dispensaire

Meeeellll je suis de retour

Elle souriait, ravie de ce retour, ravie de revoir sa sœur, les tournaisiens et son époux bien sûr.
Elle entra et déposa sa besace lourdement chargée de récoltes diverses qu'elle avait faites pendant son absence et tout le long du chemin de retour.

Pas de réponse de Mel... Elle soupira: elles avaient du se rater.

Alors elle passa dans l'atelier et commença à ranger tous ses précieux échantillons.
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Elle travaillait dans l'atelier et la réserve attenante. Les plantes avaient été mises à sécher, les teintures alcooliques avaient été lancées. Prévoyante, Achilée commençait les réserves de ces plantes qui seraient particulièrement efficaces cet hiver. En commençant par les plantes, plus rares ici, qui venaient du sud du royaume. Se les procurer n’était pas toujours aisé, mais en tant que responsable de la pharmacie de L’Hôtel Dieu, elle était au centre d’un réseau d’échanges entre jardins à travers le royaume. Et même si elle ne s’avantageait pas, elle savait au moins où étaient les bons fournisseurs.

Elle entendit déambuler dans l’officine et sortit en courant, sourire radieux aux lèvres, persuadée d’y voir Mel. Il y avait tant de temps qu'elle ne l'avait pas vue!

Meeeeeeeeeeellll!!!

Le cri de joie mourut doucement dans sa gorge. Elle regarda un instant le visiteur, et désemparée, bafouilla

Oh!..p.. pardon je..je suis navrée

Elle s’empourpra, aussi, en imaginant mille choses :
* que le visiteur pouvait penser qu’elle le prenait pour une dame alors que visiblement il n'avait rien d'une "mevrouw"
* que ne pas savoir distinguer sa sœur d’un messire voulait dire qu’elle ne devait pas distinguer un brin de sauge d’un brin de fenouil: facheux pour une personne dont c'est le métier et la passion
* ou alors que sa sœur devait être…affreuse pour être ainsi confondue avec lui. Elle dont Achilée admirait toujours la grâce et la beauté, jusqu’à envier parfois ses longs cheveux d’ébène.

Elle s’excusa doucement en suivant des yeux le même parcours sur les pots, bocaux, et autres fioles dont la vue la rassurait et l'emplissait d'une joie toute simple ainsi que d'une certaine fierté, il fallait bien l'avouer.
Ce simple regard lui fit reprendre une certaine contenance et c'est d'un ton plus assuré et plus professionnel quelle continua:

Que puis je faire pour vous ?
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Oh je vois…sachez qu’il y a plusieurs façons de favoriser le sommeil. Et certains sont…étonnants
Savez vous que le houblon est souverain contre ce genre de problèmes justement?

Elle sourit il semblait apprécier ses "petits pots" comme disait Mel dans un sourire ironique. Aussi, pour lui, elle déplaça l’échelle, monta sur le deuxième barreau, et descendit un pot qu’elle regardait presque avec tendresse et le lui présenta

Pas sous forme de bière...ça non !! ajouta-t-elle dans un léger rire sinon ça se saurait !! Mais en tisane...oui. Cette tisane a toutefois une odeur et un gout assez fort et je dois avouer …peu agréable...enfin à mon avis.

Elle ôta le couvercle et tendit le pot à son visiteur

Sentez ! Pas terrible hein ?
Par contre glissé dans un petit sac en toile, placé sous votre oreiller, c’est assez efficace
Mais on peut combiner cela avec d’autres tisanes. Je peux aussi vous en faire de plus …agréable au palais même si ce n’est pas le but. Tout dépend de l’intensité de votre problème …
C’est plus un souci à l’endormissement ou est ce que vous vous réveillez plutôt au milieu de la nuit ?
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Diantre quelle puanteur !

Puanteur?
Achilée se rembrunit, vexée tout en essayant de ne pas le montrer. Elle voulait bien avouer que les fleurs de houblon étaient légèrement incommodantes, qu’elles ne sentaient pas la rose… (Remarquez c’est plutôt normal vous me direz) mais de là a dire que ça puait !

C’était insulter ses plantes et donc l’insulter elle !

Cet homme là n’avait certainement jamais sentit des effluves de rue frottée par les chèvres en pleine cagnasse dans la garrigue…parce que ça oui ça puait ! Cette plante sentait non seulement très mauvais mais son odeur était persistante. Abortive, toxique à forte dose, elle avait toutefois des propriétés qui soulageaient les douleurs articulaires et entrait même dans la composition du vinaigre des quatre voleurs. Comme quoi il ne fallait pas juger au premier abord.

Elle s’en voulu d’avoir conclu trop vite. Après tout le prêtre avait peut être été élevé dans une famille bourgeoise où les odeurs devaient être bannies. Alors elle le plaignit, parce qu’il ne savait pas ce qu’il perdait : l’odeur émouvante et pourtant « à croquer » de la peau d’un nourrisson, celle d’une femme qui relève ses cheveux, celle d’un homme…hum mieux valait arrêter là ses pensées.

Et quand il parla de tisane dans la bière elle éclata de rire

Pour faire une infusion efficace, il faut que le liquide soit bouillant….je doute que vous appréciez votre bière à cette température et si vous voulez la laissez refroidir je doute qu’elle soit subtilement pétillante comme on aime généralement à la boire. Mais si vous voulez essayer…libre à vous…mais je crois que ce sera une tisane…

Elle prépara sortit quatre pots, pesa, mélangea et s’arrêta soudain, elle avait une idée : il lui restait un fond d’huile médicinale de mélisse peut être que quelques gouttes sur l’oreiller pourraient l’aider à trouver le sommeil ? Elle s'éloigna rapidement et revint une fiole en main.

Vous allez essayez ça et vous viendrez me dire dans deux trois jours si ça marche. Vous mettez quelques gouttes de cette huile sur un mouchoir propre que vous posez sur votre oreiller et vous vous couchez dessus. C’est pas de la tisane, l’odeur est pas désagréable…mais par contre ça tachera le mouchoir…et je vous préviens il n’y a aucune garantie que cela marche…il faudra passer à la tisane si cela échoue
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Et pendant qu’elle tendait la fiole à son visiteur, son regard se posa sur un pot qui lui fit penser à ce qu’elle avait vécu en taverne la veille au soir

Un instant de réflexion qui effaça ce qui l’entourait : elle revit la scène et perdit son sourire.

Entrée à la Démonesse Fleur Bleue, pour y savourer une bière, elle avait vite été rejointe par Maelisse qui lui avait expliqué avoir vécu des « émotions ». Et ces émotions lui avaient laissé plaies et bosses. Et certainement aussi le genre de violences faites aux femmes par des hommes pervers. Elle ne l’avait pas ouvertement dit mais avait été assez claire. L’herboriste en avait frissonné.

Cette nouvelle avait animé Klesiange d’une de ses rages froides qu’elle n’aimait pas. Il avait patiemment extorqué à Maelisse, le nom de ses bourreaux. Tout ce dont se rappelait la jeune diplômée de médecine, c’était que l’un d’eux était nommé par sa déformation : le bossu. Et le propriétaire de la taverne avait jouté d’une voix froide et coupante je vous avais dit que si on s'en prenait à vous.... Et on s’en était prise à elle… Achilée tremblait pour ces gens tout autant qu’elle leur en voulait de ce qu’ils avaient fait subir à Maelisse.

Cette dernière avait expliqué se soigner mais une plaie dans le dos l’embêtait. L’herboriste avait su qu’elle devait jeter un œil. Et comme elle n’avait pas grand-chose, elle avait tenté de faire au mieux avec les moyens du bord.
Il aurait fallu faire des compresses avec du plantain ou du millepertuis additionnés de souci qui aidait à la cicatrisation mais elle était sortie sans presque rien. Alors elle avait pensé au romarin, pas le plus adapté peut être, mais l’art de soigner devait aussi s’adapter aux contingences… et on devait certainement en trouver dans les cuisines des tavernes. Elle en de manda donc à Klesiange. Qui malgré son regard encore chargé de cette rage froide avait diligence pour lui apporter…du thym !
Elle lui avait décrit la plante, ses feuilles longues et coriaces, son odeur délicieuse. Et elle avait obtenu du blond la bonne plante.

Une infusion et un mouchoir longuement posé puis renouvelé avaient été les seul soins acceptés par la patiente qui avait râlé quand elle avait appris qu’il faudrait faire ces gestes pendant une semaine. Deux fois par jours qui plus est !

Depuis Achilée s’inquiétait, peut être moins pour Maelisse dont elle avait évalué la blessure que pour les deux brutes épaisses. Elle n’avait pas aimé le regard de Kles … non décidément elle n’aimait pas la mort des êtres vivants, si corrompus soivouent ils et c’est peut être pour ça qu’elle avait entrepris d’étudier la médecine.

Elle secoua la tête et reprit pied dans la réalité.

Vous me direz si ça marche Luciobello ?
Saian ?vous ici ?

Elle sourit
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Une fois Luciobello parti, elle regarda Saian un peu mieux, arqua un sourcil, l’air goguenard

Dites donc l’beau brun d’la belle brune… vous avez pas un peu fin de vous payer ma tête ?Où est ce que vous avez vu que je séduirais d’un homme…un clerc de l’Eglise qui plus est…!!!
Namého !ça pas ? Z’auriez pas besoin de mon aide vous ? Où alors les privations de votre retraite ont carrément orienté vos pensées… Ah ben non vous étiez déjà comme ça…
Et arrêtez de m’appeler Kiki !martela-t-elle plus amusée qu'énervée tant le jeu des surnom était devenu sujet de plaisanterie. Ne l'appelait -elle pas aussi parfois Saianichou à la manière de Bocom?

Elle sourit, pas mécontente de le revoir mais ajouta désolée pour lui

Navreé beau brun mais la belle brune est en balade…Y a que la mielle ici…

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La petite blonde arrive, toque un coup pour la forme et entre sans attendre.

Saian ?!

Elle le regarde des pieds à la tête et lui sourit, un brin moqueuse.

Ca fait un bout de temps. Très jolie ta robe. Nan... vraiment. On y croirait presque.

Un sourire angélique, un battement de cils exagéré et elle se tourne vers Achilée.

Bonjour Achilée.
Je suis désolée de vous interrompre mais je viens de raccompagner une jeune femme à sa roulotte. Eolia. Je ne sais pas si vous la connaissez. Je crois qu'elle est malade.
Puis-je vous demander de venir la voir ?
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Moonflower rigole, faisant en même temps un clin d'oeil malicieux à Saian.



Elle l'était Saian... elle l'était. Ne me demande le pourquoi du comment, hein. C'est une histoire qui dépasse l'imagination.
Mais bon, dans l'état où elle se trouve, de toutes manières...

Et puis dis-donc !

Elle met ses deux poings sur le hanche.

T'as bien une brune déjà non ? Hum ?
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Humpf c'était juste à titre informatif...

Ah ben voilà que Kiki en profite pour lui mettre le pied à l'étrier. Et pour le coup ca laisse notre bonhomme sans voix. Même pas une petite pique, rien! Alors bon, tiraillé entre une envie de partir comme ca et celle de se prendre au jeu, il se laisse finalement convaincre par lui même de rester.

Comptez sur moi Kiki, j'accueillerai bien les condamnés.

Le séant bien calé sur son siège, un peu de désordre ajouté sur la table histoire de se sentir à l'aise, et hop, voilà un moine secrétaire tout ca. Les infections n'ont qu'à bien se tenir.

[Mercredi soir]
( oui je suis en retard:))

2 mois et demi !
2 mois et demi ! Sans voir sa sœur !
Trop long au gout de la « mielle ». Beaucoup trop long!

Alors elle avait savouré cette soirée où elle l’avait revue, cette soirée où les messires présents avaient été drôles cette soirée ou tout simplement elle avait récupéré la meilleure partie d’elle en retrouvant sa sœur.
Mel glissait ce qui l’avait sourire : des deux c’était elle la plus maladroite d’habitude. Oui mais…
Mais sa dernière glissade avait été violente. Mel s’était cognée la tête et en était restée évanouie.

Achilée l’avait faite transporter au dispensaire. Pas question de la laisser sur place. Pas question d’exposer sa sœur aux regards des curieux. Pas question de la soigner devant tous.

Saian et Pino l’avaient portée jusqu’à l’officine. Et si elle n’avait pas été si inquiète, l’herboriste aurait appréciée toute la saveur de la situation : la belle brune portée par les deux seuls Loréals masculins. Preuve qu’elle savait pourtant bien tomber parfois.

Ils la déposèrent sur un lit et elle ferma la porte, restant seule pour l’ausculter. Elle souleva les cheveux, chercha une plaie ou une bosse… Pas de plaie …mais une superbe bosse grossissait non loin de la tempe. Rien de vraiment grave.

Elle la souleva par les épaules pour mieux la positionner sur les couffins et étouffa un juron. Elle était légère, bien trop à son regard de médicastre. Le teint pale pouvait donc possiblement s’expliquer autrement que par le coup sur la tête. Une anémie ? Il allait falloir qu’elle tire ça au clair dès qu’elle serait réveillée.
Tout en la regardant, inquiète, elle parla à celle qui ne pouvait l’entendre.

Mel Mel Mel… tu m’as encore eue…les vêtements larges… ce n’est pas vrai…mais ils te nourrissent pas quand tu es en mission ou quoi ? Et pourquoi ? Pourquoi tu ne m’a rien dit ?

Elle s’en voulait de n’avoir rien deviné, rien décelé en la revoyant en taverne. La joie des retrouvailles pouvait elle troubler à ce point le jugement ?
Elle amena des sel qu’elle passa sous son nez et quand sa sœur reprit pied dans la réalité, elle marmonna

Tu perds rien pour attendre ma cocotte…je vais te choisir les tisanes les plus amères !!!!

Elle sortit de la chambre pour aller mettre son savoir, tout son savoir et tout son cœur à préparer les tisanes et autres décoctions qui la remettraient sur pied.

Vous pouvez aller la voir mais ne la fatiguez pas trop
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Cette odeur… cette odeur honnie… celle là même qui vous réveillerai un mort : violente entre toutes, qui vous brûle les narines et vous donne envie de tousser. N’empêche que ce fut efficace. Le jeune femme entrouvrit péniblement un œil, puis deux avant de faire une grimace des plus expressive quand a la douleur qui irradiait encore sa boîte crânienne.

Elle referma les yeux fatiguée encore par sa chute et afin aussi de se donner un répit face aux remontrances de sa sœur.

Tu perds rien pour attendre ma cocotte…je vais te choisir les tisanes les plus amères !!!!

Tisanes … amères … voilà en gros les rares mots qui traversèrent la barrière du brouillard qui tapissait la tête de la brunette mais s’en était bien assez pour lui donner l’envie de faire le mort encore un peu. Qui sait si ça n’attendrirait pas un peu la médicastre et lui éviterai par là même une remontée de braies plus que certaine.

Combien de temps elle se rendormi, elle n’en savait rien. Une voix rauque, plus rauque que d’ordinaire du moins, la fit revenir a la surface. Les paupières toujours closes elle se laissa bercer par ce timbre qui lui semblait familier mais qu’elle avait bien du mal à attribuer a Achilée. Cette dernière serait elle malade ? La soirée de la veille avait du être arrosée pour lui donner au matin cette voix si grave et presque masculine…. Ou alors…. Non elle délirait, Kiki n’aurait pas pu lui cacher une particularité physique de cet ordre, elle s’en serait forcément rendu compte !

Il y avait une fois à Lyon de France, ville située sur le Rhône, un très riche marchand appelé Jacques […assez flou….] -Van ? Ben ça ! Il est de Lyon à l’ origine ? Pour une nouvelle… Elle qui le croyait flamand depuis des générations l’barbu… il cachait bien son jeu… du coup elle tendit un peu l’oreille- charitable envers les pauvres et bienfaisant envers les moines et autres religieux, qui sont les véritables pauvres selon notre Seigneur. –ouais ça ça lui ressemble assez-

[….perdu dans les limbes de la migraine…] messire Thibault de La Jacquière, quidon des hommes d'arme du roi. Gentil soudard et friand de la lame, grand pipeur de fillettes, rafleur de dés, casseur de vitre, briseur de lanterne, sacreur et jureur, arrêtant maintes fois le bourgeois dans la rue pour troquer son vieux manteau contre un tout neuf , et son feutré usé contre un meilleur. – non là c’est sur elle déraille Achilée : d’abord Thibault était de Len… truc chouette qu’elle a jamais su prononcer correctement puis « pipeur de fillettes » ça se serait su … -

Prise dans ses réflexions personnelles elle n’ouit pas la fin du récit. Quand même Thibault…. Elle y allait fort l’Achilée là, un homme si charmant, si cultivé, si… que s’en était un crime de le voir se mettre au service d’Aristote plutôt qu’a celui des femmes. Grmmff un rien la retenait encore d’ouvrir l’œil pour la tancer sur sa voix muée et lui faire reproche des propos tenus. Mais elle songeait qu’il était tôt encore pour faire savoir a sa sœur qu’elle avait retrouvé ses esprits, l’envie de se faire chouchouter un peu et de passer a travers les reproches de la médicastres quand a sa perte de poids visiblement mal dissimulée, était plus forte pour une fois que sa curiosité légendaire. Elle resta donc immobile, le visage impassible et les paupières baissées.

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Nevgerel marqua une pause pour boire un coup puis poursuivit :


Le jeune Thibauld fut reçu dans la maison paternelle avec autant de joie que s'il y fût arrivé chargé de toutes les indulgences de Rome, Non seulement on tua pour lui le veau gras, mais le bon prévôt donna à ses amis un banquet qui coûta plus d'écus d'or qu'il ne s'y trouva de convives. On fit plus. On but à la santé du jeune gars, et chacun lui souhaita sagesse et résipiscence.
Mais ces vœux charitables lui déplurent. Il prit sur la table une tasse d'or, la remplit de vin, et dit : «  Sacre mort du grand diable, je lui veux dans ce vin bailler mon sang et mon âme, si jamais je deviens plus homme de bien que je ne suis. »
Ces affreuses paroles firent dresser les cheveux sur la tête à ses convives. Ils se signèrent et quelques uns se levèrent de table. Messire Thibauld se leva aussi, et alla prendre l'air sur la place de Bellecourt, où il trouva deux de ses anciens camarades et grivois de la même étoffe. Il les embrassa, les conduisit chez lui et leur fit apporter maints flacons, sans plus s'embarrasser de son père et de tous les convives.
Ce que Thibauld avait fait le jour de son arrivée, il le fit le lendemain et tous les jours d'après. […] Ainsi en ce même jour Messire Thibauld festoya encore ses amis. Ils sablèrent maints flacons, puis comme la nuit était déjà bien avancée, et bien noire, ils sortirent pour prendre l'air sur la place de Bellecourt. Et lorsqu'ils y furent, ils se prirent tous les trois sous le bras et se promenèrent ainsi d'un air faraud, à la manière des grivois, qui s'imaginent par là attirer le regard des jeunes filles. Cependant pour cette fois ils n'y gagnaient rien car il ne passait ni fille, ni femme. Si bien donc que le jeune Thibauld, grossissant sa voix et jurant son juron coutumier dit : « Sacre mort du grand diable ! Je lui baille mon sang et mon âme que si la grande diablesse sa fille venait à passer, je la prierais d'amour tant je me sens échauffé par le vin ! ».
Ce propos déplut aux deux amis de Thibauld qui n'étaient pas d'aussi grand pécheurs que lui.
Et l'un d'eux lui dit : « Messire notre ami, songez que le diable est l'éternelle ennemi des hommes, et qu'il leur fait assez de mal sans qu'on l'y invite et que l'on invoque son nom. »
A cela Thibauld répondit : « comme je l'ai dit, je le ferai ».
Sur ces entrefaites, les trois ribauds virent sortir d'une rue voisine, une dame voilée, d'une taille accorte et qui annonçait la première jeunesse.

Paikan avança lentement. Il découvrit l'air tiède du dedans.

Merci, dit il en un murmure. Il sourit a Achilée. Et la suivit dans la salle.

Alors ... Elle avait dit à droite en sortant de l'auberge, puis deuxième ruelle à gauche. Humpf, à moins que ce ne soit l'inverse.
Eilhin ne sait plus, Eilhin a oublié comme d'habitude.
Cervelle de moineau doublée d'une tête de linotte, redondant me diriez vous. Peut être oui, mais il faut au moins tout cela pour la décrire la jeune rouquine.

Elle déambule donc, au hasard des rues de ce village encore inconnu.
Perdue, pour changer. Ivre aussi. Ceci expliquant peut être les nombreux slaloms.

Mais soudain : la lumière au bout du tunnel. Oui dà ! Là devant elle : le dispensaire. Yeeepaaa !! Pour un peu elle en pleurerait de joie !

Ayant compris, avec l'aide ô combien précieuse de M'Dame Achilée, qu'indigente elle était, la misèreuse elle ferait donc en osant frapper icelieu.

Attraper le heurtoir pour se présenter ... Beuhh : Gné po potib' elle en voit trois ! Bon bah, aux grands maux les grands remèdes, elle y va aux plats de ses deux petites menottes pour frapper l'innocente porte.

Baaammm Baaamm !


Hey Oh *hips* Y a Kekun là d'dans !!

Dans le genre arrivée discrète, on a connu mieux!

Apres quelques jours de retraite était venu le temps du départ. Mel était bien trop occupée pour pouvoir tenir une permanence au dispensaire. Achilée la voyait peu et cela lui manquait mais elle avait conscience que sa brune sœur était fort affairée et ne voulait pas la surcharger. Aussi s’était elle décidée non sans mal pour une fermeture temporaire. Elle avait laissé un jeu de clé à Eilhin avec un petit mot, espérant que la jeune fille ne lui en voudrait pas trop de s’absenter ainsi. Ses bagages prêts, elle fit le tour de la bâtisse vérifiant que rien ne risquait de souffrir de son absence. Les cheminées éteintes, les bougies soufflées, les préparations terminées ou en attente, elle vérifia tout avec minutie. Le dispensaire avait déjà brulé une fois il y avait longtemps : pas question que ça recommence !! Satisfaite de son inspection elle sortit avec ses bagages et cloua un message sur la porte d’entrée.



Elle avait failli ajouter un second postscriptum demandant au plus farfelu des blonds tournaisiens de ne pas venir fouiner. Mais estimant qu’il y verrait une provocation elle s’abstint dans un sourire. Si par chance il n'avait pas cette idée, inutile de la lui donner.
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Une affaire d'esclavagisme, une mielle pas vu depuis des lustres, et voilà que Saian vient se servir directement chez le fournisseur de pimprenelles, soit le dispensaire.

Quelques coups frappés avec une douceur d'ivrognes à la porte, puis la poignée s'agite sous l'impulsion éthylique d'un homme à la démarche vacillante.

ACHILEE!!! IL EST TEMPS DE JOUER CARTES SUR TABLES, VILE EXPLOITEUSE!!! ACHILEE! SORTEZ DE LA!

De nouveaux coups frappés avec la délicatesse d'un marteau sur une enclume, au péril du métal frappant et du métal frappé, le frappant étant pour le coup un poing de chair anesthésié par une surconsommation de liquide ambré au parfum houblonné.

Qui va là ? Envoyez Achilée, ou vous vous en repentirez! Et elle aussi! Vous paierez tous, misérable, pour vos crimes, vos péchés, et que sais je encore!

Elle paierait pour son exploitation honteuse, foie de pilier!

Aha, des pas qui approchent, ca sent la victoire à plein nez et la mielle à engueuler! Le brun prend son air le plus féroce (non, non, riez pas) pour pouvoir couvrir Achilée d'insultes diverses et variées, quand la porte s'ouvre enfrin.

Ah ben c'est pas trop...

Damned! Ca, c'était pas la cible attendue. La parole plus vive que la pensée, Saian a commencé sa phrase bien avant de réaliser qu'il s'apprêtait à engueuler une... Rousse. Et quasiment nue avec ca. C'est donc avec une émotion toute masculine que sa phrase meurt pour muer en baragouinement peu compréhensible tandis qu'il suit, embarrassé la locataire actuelle du dispensaire.

Ah...M'moiselle Eilhin... euh... hum... Ben si, si, ça va et... euh... et vous ?

Le regard du tournaisien s'évertue à éviter de se poser sur son interlocutrice, trouvant successivement des échappatoires sur les différents éléments du mobilier. Puis il revient à ses moutons, non sans regarder attentivement au dessus de la tête de la rouquine.

Elle est vraiment pas là Achilée ? Vous m'mentiriez pas au moins ?

Un instant dedans, le suivant dehors, c'est le visage d'un pourpre qui ne doit rien au froid que Saian voit successivement le panneau puis la porte se refermer. Damned, il faudrait vraiment qu'il se fasse soigner pour cette histoire de rousses...

Ah ben oui, elle est pas là, bon... bon ben j'vais pas vous...

Pas le temps de s'éclipser pour mettre fin à cette situation embarrassante qu'elle lui propose un verre. Ce qui arrive à plonger notre brun en plein dilemne.

- Refuse, elle est dangereuse.
- Dangereuse ?, elle est juste polie.
- Et rousse et à moitié à poil
- Mais elle propose à boire...
- Mais elle est ROUSSE!

Après un long ping pong pour peser qui du danger de la Rousse à moitié nue ou de la perspective de boire encore un peu plus, notre tournaisien finit par se laisser tenter par l'appel du spiritueux.

Euh ben... c'est si gentiment proposé... mais juste un hein. La tentative de compromis dans le dilemne est rarement fructueuse... Vous allez choper froid comme ca 'savez ? Ouais allez y, moquez vous!

Sans même attendre la réponse de son invité surprise, la rousse a déjà rempli deux verres d’EVNI (eau de vie non identifiée), et s’est retournée pour lui tendre le sien, son sourire s’élargissant en constatant enfin son trouble. Tel est pris qui croyait prendre, voilà que le jeune brun qui voulait s’expliquer avec la tenancière du lieu se retrouve pris au piège avec la rousse qui s’amuse du mauvais tour qu’elle est en train de lui jouer. Toujours souriante, elle trinque avec lui avant de commencer à lui faire la conversation.

Alors … Qu’est ce que vous lui vouliez à Achilée *hips* ? Non je demande *hips* ça parce que ça doit être rudement important pour *hips* réveiller les honnêtes gens au beau milieu de la nuit.

Le lecteur aura noté qu’en réalité, le soleil ne doit être couché que depuis à peine plus d’une heure, mais pour notre rousse avinée, la notion de temps est toujours très relative. Sirotant son verre qui entame de la réchauffer quelque peu, elle sursaute lorsque l’huis de la porte se met à grincer, reculant même d’un pas pour placer Saian entre elle et le très sûrement dangereux assassin qui va passer le seuil. Courageuse notre Eilhin n’est ce pas ?

Se risquant à se pencher pour voir l’intrus, elle soupire presque de soulagement en constatant qu’il ne s’agit que d’une femme, avant de raviser son jugement rassuré. L’a pas l’air commode la mégère, et le regard qu’elle lui lance la glace presque sur place, tout autant que la vue sur la longue épée qu’elle porte au fourreau. Glurps, kisékidoncke celle là ?
Son atelier ???
Mazette, elle bosse ici donc. Mais heu … Pourquoi qu’elle ne l’a jamais vue ? Et surtout pourquoi diable Achilée ne lui a-t-elle jamais parlé d’elle. Notre jeune rouquine se retrouve soudain bien idiote face à cette inconnue qui a l’air d’être ici chez elle, et sûrement furieuse de la voir ainsi vider les réserves d’alcool. Oui parce que ce regard de tueuse ne peut avoir que cette origine. Quoi d’autre à part ça. Non parce qu’il faut bien l’avouer hein, pas une seconde Eilhin ne se doute qu’elle se trouve face à la douce et tendre de l’empêcheur de cuver en rond.

Œillade inquiète vers le brun qui soudain n’a pas l’air d’en mener large lui non plus, elle se risque à une politesse aimable envers la brune.

Heu … *hips* Bonsoir m’dame. Je … heu … Vous prendrez un verre avec nous ?

Ouais, pas terrible je sais la réplique, mais bon elle a rien trouvé d’autre à dire hein … Allez trouver l’inspiration vous quand vous avez deux grammes dans chaque bras, que vous manquez de sommeil et que face à vous se trouve une femme avec une telle arme et qui vous fusille du regard.
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Tribun de Tournai - "Membre du Mouvement "Libertés flamandes"

Le Chat avait senti que c'était LE moment d'entrer. Il vit une fenêtre, de la lumière, de la vie, le moment idéal pour faire une apparition.

On prend son élan...quel bel animal...et on SAUTE par ladite fenêtre. Elégamment, cela va de soi, un maaaaaaagnifique bond le corps figé en I dans une bâtisse en U n'étant point hantée si ce n'est par une...ROUSSE???

Le voilà allongé au sol au milieu des débris sentant des regards le transpercer. Il se relève, se recoiffe, tousse, et sourit en regardant la petite assemblée en face de lui.

-Il y a des indices partout, tout autour de nous. Mais le fabricant du puzzle est intelligent. Les indices, même s’ils nous entourent, nous les confondons avec autre chose. Et cet autre chose, cette mauvaise interprétation des indices, c’est notre monde. Notre monde est un écran de fumée magique. Comment devrions-nous interpréter le chant joyeux du passereau, ou la saveur robuste d’une fraise des bois ?

Temps de pause, temps des cerises, temps des fraises des bois.

-Auriez vous des fraises des bois? Pour être honnête je suis surtout venu pour cela.

Notre Eilhin se retrouve soudain bien dépourvue lorsque d'une part, un intrus vient atterrir dans un superbe vol plané au milieu de la pièce, mais aussi,et surtout, quand Mélusine explose sa légitime colère. Hésitant longuement entre éclater de rire et se confondre en explications auprès de la brunette, elle opte finalement pour un petit sourire en coin et reste muette, la laissant finir ses divagations de femme jalouse.

Amusée par la scène qui se joue devant elle, elle se trouve soudain bien vengée par le réveil en fanfare imposé par Saian il y a quelques minutes de cela. De cette histoire, peut être le jeune imprudent en tirera-t-il les leçons, du moins peut on l'espérer. Sans aucune pitié ni charité pour le malheureux et sa plus que très inconfortable punition et sans répondre au quémandeur de fraises des bois en plein milieu de l'automne, elle se retourne vers le brun, une fois que Mélusine a tourné les talons.

Et ben ... Pas commode votre donzelle *hips* ... J'ai bien cru qu'elle allait nous tuer sur place !

Un pas vers lui, en ondulant des hanches, espérant que peut être Mélusine laisserait encore un peu trainer son regard vers eux et une lueur presque machiavélique dans son regard vert d'eau, elle lui murmure.

Mais dites voir ...*hips*, puisqu'apparement elle croit déjà que vous avez déjà fauté avec moi ... On n'risque plus rien à lui donner entièrement raison non ?

Une main, taquine qui vient se poser sur son torse, pendant qu'elle use de toute sa maîtrise de soi pour s'empêcher de nouveau d'éclater de rire devant la mine déconfite de Saian.

Tel est pris ... qui croyait prendre.
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Estimant que le jeu, que dis-je, la torture pour Saian, a déjà assez duré, Eilhin finit par s'éloigner de lui. Attrapant son verre pour le finir d'un seul trait, elle le regarde le pauvre brun, un petit sourire de pitié amusée sur son visage. Puis, reposant son verre vide sur la table :

N'ayez pas peur Messire Saian *hips* Même complètement ivre, je ne mange pas de ce pain là, et bien loin de moi l'idée de vous *hips* causer plus de tracas.
A l'avenir ... avant de frapper *hips* comme un fou à la porte des honnêtes rousses *hips*, peut être réfléchirez vous à deux fois ! ..

Un inclinement poli de tête, ougna ... pas trop quand même parce que ça cogne fort la dedans, elle tourne les talons pour se diriger vers l'étage. Quelques mots encore sans se retourner.

Vous devriez rejoindre votre *hips* dulcinée ... et user de tout votre charme *hips* pour la calmer. Bon courage ...

Et la rousse avinée de disparaître dans l'escalier avec la ferme intention d'enfin terminer cette nuit post cuite, pour de bon !
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Quelques jours plus tard, dans la chambre occupée par Eilhin.

Alors que la nuit tombe sur Tournai, Eilhin rentre comme chaque soir dans ce qui lui sert de chez elle, à savoir sa chambre au dispensaire. Achilée n'est toujours pas rentrée, aussi continue-t-elle de s'occuper des lieux, evitant au maximum de croiser Mélusine qui semble ne pas la porter en affection depuis son petit jeu avec Saian. Bon d'accord, elle l'a bien cherché, aussi reste-t-elle discrète afin de pas rajouter de l'huile sur le feu déjà bien ardent.

Mais depuis quelques jours, ce sont d'autres pensées qui occupent l'esprit de la rouquine, au point qu'elle en oublierait presque -on a dit presque hein !!- de boire.

La décision n'a pas été prise à la légère, et Eilhin prend vraiment à coeur son projet, prête à soulever des montagnes pour y parvenir. Pour cela, elle a trouvé une aide providentielle, en la personne de la toute jeune Astrid, l'une des deux nouvelles diaconnesses de Tournai. Aussi c'est avec un large sourire qu'elle a accueilli la veille la réponse à la requête qu'elle lui avait formulé en taverne.



/Courrier IG diffusé avec accord de son auteur./

Aussi ce soir rédige-t-elle une réponse pour Astrid.


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Quoi de plus charmant et agréable que d'être extraite de force des bras de Morphée venus vous surprendre entre deux enluminures dans le grand et gros grimoire de l'herboristerie? Rien hein vous en conviendrez? Voilà en quelques mots diplomates la traduction abrégée de l'état d'esprit de la brunette quand elle faillit tomber de sa chaise réveillée en sursaut par un bruit assourdissant en provenance de l'entrée.

Par réflexe une fois son équilibre retrouvé sur sa chaise elle vérifia sur le bout de ses doigts qu'aucune trace de pigment n'y figurait, réajusta une mèche ou deux derrière son oreille, lissa le devant de sa houppelande et enfin changea la chandelle qu'elle emporta avec elle lorqu'elle se leva vérifier par elle même ce qui pouvait provoquer ou justifier pareil vacarme.

Un peu embrumée encore, légèrement courroucée suite a son réveil pour le moins brutal, la brunette grimpa encore un peu en température quand elle ouvrit la porte et se retrouva face à face avec Klesiange.

C'était bien sa veine! Il fallait que ce soit LUI la raison de son réveil en pleine... heu concentration, méditation bref il fallait que ce soit LUI !! Mais qu'avait elle donc pu faire à Aristote ces derniers temps pour qu'il s'acharne ainsi a lui pourrir la vie? La rouquine l'autre jour, l'blond maintenant... et le brun qui avait préféré prendre le large plutôt que d'essuyer une explication quand a sa conduite avec Eilhin...

La "Dame de glace" essaya de modérer les flammes encolérées qui brûlaient d'envie d'irradier ses prunelles, elle respira profondément pour achever de chasser son agacement et d'une voix qu'elle tacha de rendre aimable s'enquit des raisons de la visite surprenante de Kles dans son officine.

Bonsoir Klesiange. Je peux vous aider peut être? Je doute que vous soyez venu jusqu'ici a cette heure qui plus est pour une simple visite de courtoisie...
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Un pas dans l'entrebâillement de la porte, un seul pour l'instant. Il est tout près… curieux mélange de sensations et de sentiments qui se nouent alors dans l’esprit et l’estomac de la brune… comme une envie furieuse de le repousser loin d’elle et si possible au dehors de son antre mais en même temps la soif impérieuse de savoir ce qui l’amène en ces lieux qu’il fréquente guère ou qu’il a fréquenté naguère en d’autres circonstances bien plus plaisantes a sa mémoire ; la peur aussi sans doute et des souvenirs douloureux qui refont surface. Elle retint machinalement son souffle et se crispa légèrement.

Vous avez oublié de dire à quel point vous étiez ravie de me voir.
Enfin... les formules de politesse méritent bien de dormir à cette heure.

Diable qu’il fut difficile de conserver ce masque d’indifférence et combien fut elle soulagée en un sens qu’il parachève son geste et entre finalement ; au moins lui laissait-il latitude pour reprendre une distance plus raisonnable pour ne pas dire rassurante.

Ça a changé, il me semble...

Une fois de plus elle ne pipa mot, la main toujours sur la poignée de la porte laissée ouverte. Sur ses gardes… oui voilà ce qui la caractérisait le mieux en cet instant précis, une patte sur le recul a l’instar des chats. Elle finit par clore l’huis a son invitation et parce que l’air glacé de la nuit commençait à lui parvenir et a la faire frissonner. Il ne manquerait plus que Klesiange se croit à l’ origine de sa chair de poule ; Oh non ! Il n’avait pas ce pouvoir là… et la dame Blanche ne voulait en aucun cas lui faire le plaisir de lui faire croire qu’elle le craignait à ce point ou qu’il générait en elle ce genre d’effroi ou de crainte.

La porte lâchée elle rejoignit machinalement le comptoir derrière lequel elle avait pour habitude de délivrer ou de préparer les commandes qu’on lui faisait. Elle noua sur ses hanches son tablier et l’interrogea du regard quand a la raison de sa venue.

Il me faut quelque chose... ça elle s’en serait douté …quelque chose pour m'apaiser, une plante ou je ne sais pas quoi. Il faut que ça soit fort. Vous devez bien avoir ça sur vos étagères, non?

J’ai toute sorte de plantes Klésiange mais aucune assez forte ou efficace a vous soigner si vous ne me dîtes pas ce que vous désirez apaiser. La voix était froide sans pour autant être cassante ou dure. Mélusine prenait sur elle et parler de son art l’aidait dans sa tâche en quelque sorte mais il était au-delà de ses forces d’être plus que tout juste polie. D’où souffrez-vous exactement ? S’agit-il d’une douleur ou de sautes d’humeurs ? Est-ce l’esprit ou le corps qui souffre ? Ah moins que vous n’éprouviez quelques difficultés à dormir et là elle ne put, mais le chercha-t-elle vraiment, retenir un sourire ironique. De tout cela je puis vous soulager mais vous comprendrez aisément que les prescriptions ne seront pas les mêmes loin s’en faut…
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Ecoutez Melusine, on ne va pas y passer dix ans, d'autant plus qu'il est tard, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué.

Non mais il se fichait d'elle ou quoi? Elle voulais à corps et a cris garder un masque neutre et impassible face a lui mais là s'en était trop. Par Dieu bien sur qu'elle savait qu'il était fort tard et elle la première aurait aimé qu'ils en finisse et qu'il sorte enfin de chez elle mais elle ne pouvait établir de diagnostic avec si peu d'éléments et quand bien même elle eu rêvé de l'occire elle avait prêté serment et ne pouvait en aucun cas raccourcir les jours d'un patient avec les armes que lui procurait son art quand bien même en brûlait elle d'envie !!

Ses yeux la trahirent de prime, puis sa mâchoire lorsqu'elle sera les dents pour s'empêcher de l'envoyer paître.

En effet et le dispensaire devrait être fermé depuis un bon moment d'ailleurs. Allez droit au but je vous en prie je n'ai pas envie non plus d'y passer la nuit.

En fait... le soir, je me sens une envie furieuse de me dépenser, j'ai en moi comme un trop-plein d'énergie. Alors je sors, hache en main et je m'attaque à débiter du bois, je prends le premier tronc que je croise sur mon chemin et je l'entame bien profond mais pas jusqu'au bout, certainement pas, non non, je le finis à coup de botte, il faut que j'entende le bois craquer brutalement quand je donne le coup de botte qui va le faire flancher, sinon ça me frustre, j'adore le moment exact de quand ça craque...

... Un frisson et une lente sueur froide qui coule entre les omoplates de la jeune femme....

... gicle aussi, le bois gicle parfois, vous ne saviez pas Melusine? Tout dépend de...

... Elle ne pipe mot mais un franc malaise l'envahi. Il parle de bois mais ce sont d'autres images qui l'assaillent; des images qu'elle préférerait ignorer, oublier, effacer de sa mémoire. Des gestes qu'elle n'a jamais commis mais qu'elle a vu commettre; une furia qu'elle ne comprenait pas avant elle même de se retrouver sur un champ de bataille, au sein d'une faucheuse et de voir comment les hommes parfois peuvent oublier leur nature pour redevenir des bêtes et... non non elle se refuse a penser a ça; déjà son estomac se noue et elle sent le malaise prendre ses aises en elle.

C'est bon je crois que j'ai compris et que je vois de quoi vous voulez parler. Attendez moi un moment ici je vais voir ce que je peux faire.

Le prix n'est pas un problème.

Tant mieux pour vous mais ce n'est pas là ma priorité. Prenez un siège je reviens.

Et tournant les talons pour rejoindre son atelier, elle ne peut s'empêcher de fermer la porte de celui ci derrière elle. Elle n'a pas peur de lui, non mais il reste qu'il l'a troublé et... et effrayé quelque peu. Il est dangereux, elle le savait mais il vient de le lui confirmer. Elle marmonne pour elle même alors qu'elle ouvre son recueil

Nénuphar... nénuphar... il me semble bien que... Voilà nénuphar jaune ou "plante aux moines", calmant pour les nerfs ça devrait faire l'affaire...

Sadique la brune? Pas vraiment d'ordinaire mais ce soir un brin oui tout comme le sourire qu'elle tente de dissimuler. Après tout voilà qui le soignera et calmera efficacement le trouble de ses nerfs. Que le diable ne puisse plus de servir de sa... disons virilité aussi bien qu'il en a l'habitude... elle ira a l'église demain se confesser et plaidera non coupable quand aux effets secondaires du nénuphar voilà tout.

Elle enferma dans un sachet de toile 30 gr de fleurs de nénuphar puis a part prépara de la poudre a base de houblon. De retour dans l'officine, le visage fermé elle lui exposa d'une voix docte:

Dans un litre d'eau chaude vous ferez infuser les fleurs que voilà. Vous devrez en boire une tasse avant chaque repas, cela calmera votre tension nerveuse et devrait apaiser vos pulsions. -Puis elle déposa devant lui une petite boîte de poudre- Ceci est de la poudre de lupulis; c'est un puissant somnifère si d'aventure la décoction ne vous apaisait pas suffisamment pour que vous trouviez le sommeil.

Ne vous inquiétez pas Klesiange, elle ne vous tuera pas, du moins pas plus qu'une bonne nuit de sommeil. Vous occire de la sorte n'aurait aucun panache et perdrait beaucoup de son sel.
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Si Achilée était partieavec son barbu faire les canaux vers la Germanie, personne n'avait vu Mélusine depuis longtemps.

Pourtant, avec son complice Placide, Muzo avait retrouvé la trace de l'herboriste tournaisienne, qui assurément avait décidé de se reconvertir. La sournoise avait surement capturé Biquette au nez et à la barbe de ses geôliers, mais pour l'enfermer dans un esclavagisme encore plus sournois...