[ La nuit du nagual ]
Le nuit était tombé il y a peu sur Texcoco, plongeant le royaume dans une obscurité habituelle. Il y a ceux qui craigne de saventurer parmi les ombres et il y a ceux qui semblent être ombres eux même
Comme convenu, la brume rentre chez elle sous le couvert de la lune. A pas feutré, elle pénètre dans sa hutte éclairée par la seule grâce de lastre lunaire. Ces yeux de félins la guident parfaitement dans cet environnement quelle connait parfaitement. Se dirigeant sans gène, elle prend alors trois bouts de bois, lun avec une corde ainsi que des herbes sèches. Sinstallant au sol, elle commence à jouer avec les bâton pour faire naître du feu. Très rapidement, de petites étincelles rougeoyantes sagitent entre les herbes sèches. Brume sauvage attend un peu, souffle quand il le faut et elle obtient alors lénergie convoitée.
Avec application, elle dépose la petite flamme dans une poterie dans lequel elle ajoute de
l'Yauhtliet de la résine pour en faire de lencens. De douces volutes odorantes séchappent alors de la poterie. Satisfaite, elle délaisse sa préparation pour aller chercher la petite cuve de terre qui avait recueilli les larmes de Tlaloc durant son absence. Elle enlève les feuilles qui flottent à sa surface, puis la ramène à lintérieur.
La jeune femelle décroche alors de son plafond de
Iztauhyalt quelle a fraichement ramassé. Elle en sépare les brins et les plonge dans la cuvette. Elle attend un instant avant de se dévêtir et de se laver. La plante est parfumé et elle dégage une fraîcheur agréable. Une fois propre, la sauvageonne se rhabille. Elle nendosse pas sa vieille guenille troué qui, à la base, est censé être un huipil mais elle ne prend que son pagne
. Tout aussi usé remarquez
Lencens embaume délicatement la hutte, et les sens de la jeune femelle sadoucissent. Cest maintenant que tout commence.
La brume prend une calebasse dans lequel elle verse du pulque. Ce nest pas ce vulgaire pulque souillé que lon boit en taverne, ce pulque là à une toute autre valeur
rituellement tout au moins. Voilà pourquoi la brume préfère lappelé Octli plutôt que pulque. Avec solennité, elle lapporte au centre de sa hutte et le dépose sur le sol, juste à lendroit où les rayons de la lune sengouffrent par son toit. Elle apporte ensuite les plantes dont elle a besoin ainsi quun petit couteau dobsidienne -au besoin.
A son tour, elle apparait dans le trais de lumière. Elle sagenouille alors devant la calebasse
simple récipient que voilà mais qui va prendre un tout autre sens. Ses yeux de félin se noient un instant dans le liquide sacré.
La brume nen a toujours fait quà sa tête. Elle vit dans linsolence et laffront depuis sa naissance et elle en est devenu parjure. Ne se pliant à aucune règle, pas même à celles quelle sest elle-même fixés, la voilà pourtant aujourdhui prête à devenir ce pourquoi elle est né. Ce nest pas quelque chose que lon devient parce quon le désire
se sont les dieux qui choisissent et ils avaient choisis de la faire vivre. Elle ne se soumettras pas à eux, mais pour une fois, par respect, elle les écoutera car elle ne veut pas soctroyer un titre quelle ne sest jamais permis de porté. Ils lui ont livré leurs secrets, et à moins dusé de moyen mortel, ils ne pourront lui reprendre ce savoir
. La brume jouera la carte de la sagesse en leur demande de confirmer une fois de plus leur choix.
Au fil de ses pensées, elle passe un doigts délicat sur les marques quelle porte. Sa main glisse sur la bande qui lui ceint le front, puis elle descend le long de son nez puis sur son menton. Il parcoure la seconde bande qui coule le long de son sternum dénudé. Les marques courent encore sur ses bras, ses jambes
Dun geste sur, elle prend le peyotl séché quelle avait réussit - tant bien que mal- à obtenir, en psalmodiant quelque poème nahua destiné à la déité de la plante sacré. Elle mâche juste un petit bout de peyotl. Un fois celui-ci imbibé de sa salive, elle le calle avec sa langue contre sa joue. A deux main, elle empoigne la calebasse doctli. Elle lève alors les yeux au ciel, ou plutôt
sur son toit troué. Un instant dattente. Qui va elle voir quand son âme, son tonalli, aura quitté corps? Verra-t-elle simplement les déités des plantes quelle a avalé ou en verra elle dautre
Verra elle Tezcatlipoca? Et si cest le cas
que décidera-t-il de faire de la parjure quelle est? Brume sauvage prend un risque, mais elle ne peut éternellement provoqué et fuir le dieu au miroir fumant. Comment le pourrait elle? Tezcatlipoca est gravé dans sa chair et son âme. Il navait quà pas choisir la rebelle quelle est en même temps
Alors quelle sapprête enfin à boire lOctli, un sourire naît sur son visage. Elle se maudit elle-même de manquer de concentration dans un moment aussi cruciale! Mais elle ny peut rien
. Elle se revoit, enfant, en train de bouffer le quetzal de la vielle bique. Elle avait 10 ans, peut plus, peut être moins. Autant dire que cet incident avait signé la début de la fin de sa cohabitation avec le chamane. Comment aurait il pu se supporter
Il était le soleil, et elle, la lune, il était la lumière et elle, lobscurité
Il était Quetzalcóatl et elle, elle est Tezcatlipoca. Léger sourire qui sestompe peut à peu pour laisser place à une expression plus dur
Le peyotl dans sa bouche comment à faire effet. Elle ne dit rien
dans un tel moment, le silence vaut mieux que les paroles. Léger soupir puis lentement elle avale lOctli.
Lencens, la douce odeur de
Iztauhyalt sur sa peau, le pulque mélanger à lherbe toujours collé contre sa joue
les rayons de la lune qui caressent son visage
tout est là. Elle attend, se concentre
La vision se trouble, les sens se confondent
Quand elle sent son tonalli senfuir, elle sallonge avant de tomber elle-même.
Alors, lentement, lâme de la jeune nahaualli abandonne son corps pour rejoindre les plaines de linframonde.
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