Isandre.watelse
Il est des maisons où la vaisselle a une présence pleine de dangers et d'imprévus. Il semblait écrit que l'existence de la tasse à tisane trouverait sa fin en ce petit matin frileux.
Il était heureux que son père soit devenu orfèvre et non potier. En tout état de cause, si elle échappa au courroux du père, elle n'échappa pas à celui de la fille et alla se fracasser bruyamment contre le plâtre du mur.
Elle aurait sans doute dû encore accepter l'humiliation, encore courber le dos devant l'injustice, encore se taire et obéir, mais elle aussi était une Watelse, femelle certes, mais le même sang courrait dans ses veines.
Le paon mâle a la réputation d'être fier et vain. La poule, elle portait un plumage terne et sans éclat. Cela la rendait sans doute plus humble, mais tout aussi prête à se défendre malgré tout.
Ce fut d'une voix basse et glaciale qu'elle répondit aux tirades de son père.
- Faire simple oui... Car rien ne sert de chercher le beau dans l'excès, il est en toutes choses, mais il faut des yeux pour le voir.
S'avançant d'un pas vers le vieillard, elle poursuivit sur le même ton :
- Et il faut des mains pour le créer ! Votre critique est acerbe et prompte, certes. Mais qu'en est il de votre habileté ? Auriez vous encore la possibilité de créer du beau à présent ?
C'était un coup bas. Mettre en avant l'infirmité de son père n'était guère noble. S'attaquer à un vieil homme sur le déclin ne l'était pas plus, mais la colère débordait à présent. La digue de son calme était rompue, et il était trop tard pour endiguer le flot de sa rancur.
- La simplicité n'est pas Watelse ! Peut être ? Mais où sont les preuves de vos dires mon père ? Où sont les uvres qui pourraient me servir d'exemple ?
De l'audace mon père ? En avez vous vous même ?
Avançant encore d'un pas, elle était à présent toute proche de son géniteur, le dominant de sa grande taille de fille trop maigre.
- De l'audace oui... l'audace se loge-t-elle uniquement dans ce membre flasque et pendant où se loge également votre fierté ? Faut il arborer cet appendice risible pour avoir le droit de prétendre au talent ou tout simplement au courage ?
Vous me lançait mon sexe à la figure, comme s'il me rendait coupable d'une quelconque lâcheté, mais c'est pourtant bien vous qui m'avez faite ainsi non ? Je suis femelle car votre virilité n'a point su engendrer un mâle du premier coup !
Il paraissait si frêle et si âgé soudain. Il aurait été si facile d'utiliser la force de sa colère pour lui faire ravaler ses humiliations avec brutalité. Mais, comme il l'avait si bien vu, elle était femme et la douceur était sa nature. Aussi, prit elle une grande inspiration et recula-t-elle de quelques pas.
- Je ne suis peut être point couillue mon père, mais, puisque vous me confiez ce projet avec tant d'enthousiasme, je le mènerai à terme. Evitez juste de trainer votre carcasse dans l'atelier quand j'y travaille. Votre présence gâche mon inspiration.
Un réflexe stupide mais bien ancré la poussait à réparer les dégâts dans la chambre, vider le vase de nuit, retaper les oreillers, mais elle n'en fit rien.
- Pour vous occuper, mon père, mettez donc de l'ordre dans vos affaires et peut être après mettrez vous de l'ordre dans votre conscience.
La colère retombait déjà, la laissant pantelante et encombrée d'elle même, mais le trop plein était sorti et elle avait enfin exprimé le fond de sa pensée, après de mois de silence et de soumission.
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Il était heureux que son père soit devenu orfèvre et non potier. En tout état de cause, si elle échappa au courroux du père, elle n'échappa pas à celui de la fille et alla se fracasser bruyamment contre le plâtre du mur.
Elle aurait sans doute dû encore accepter l'humiliation, encore courber le dos devant l'injustice, encore se taire et obéir, mais elle aussi était une Watelse, femelle certes, mais le même sang courrait dans ses veines.
Le paon mâle a la réputation d'être fier et vain. La poule, elle portait un plumage terne et sans éclat. Cela la rendait sans doute plus humble, mais tout aussi prête à se défendre malgré tout.
Ce fut d'une voix basse et glaciale qu'elle répondit aux tirades de son père.
- Faire simple oui... Car rien ne sert de chercher le beau dans l'excès, il est en toutes choses, mais il faut des yeux pour le voir.
S'avançant d'un pas vers le vieillard, elle poursuivit sur le même ton :
- Et il faut des mains pour le créer ! Votre critique est acerbe et prompte, certes. Mais qu'en est il de votre habileté ? Auriez vous encore la possibilité de créer du beau à présent ?
C'était un coup bas. Mettre en avant l'infirmité de son père n'était guère noble. S'attaquer à un vieil homme sur le déclin ne l'était pas plus, mais la colère débordait à présent. La digue de son calme était rompue, et il était trop tard pour endiguer le flot de sa rancur.
- La simplicité n'est pas Watelse ! Peut être ? Mais où sont les preuves de vos dires mon père ? Où sont les uvres qui pourraient me servir d'exemple ?
De l'audace mon père ? En avez vous vous même ?
Avançant encore d'un pas, elle était à présent toute proche de son géniteur, le dominant de sa grande taille de fille trop maigre.
- De l'audace oui... l'audace se loge-t-elle uniquement dans ce membre flasque et pendant où se loge également votre fierté ? Faut il arborer cet appendice risible pour avoir le droit de prétendre au talent ou tout simplement au courage ?
Vous me lançait mon sexe à la figure, comme s'il me rendait coupable d'une quelconque lâcheté, mais c'est pourtant bien vous qui m'avez faite ainsi non ? Je suis femelle car votre virilité n'a point su engendrer un mâle du premier coup !
Il paraissait si frêle et si âgé soudain. Il aurait été si facile d'utiliser la force de sa colère pour lui faire ravaler ses humiliations avec brutalité. Mais, comme il l'avait si bien vu, elle était femme et la douceur était sa nature. Aussi, prit elle une grande inspiration et recula-t-elle de quelques pas.
- Je ne suis peut être point couillue mon père, mais, puisque vous me confiez ce projet avec tant d'enthousiasme, je le mènerai à terme. Evitez juste de trainer votre carcasse dans l'atelier quand j'y travaille. Votre présence gâche mon inspiration.
Un réflexe stupide mais bien ancré la poussait à réparer les dégâts dans la chambre, vider le vase de nuit, retaper les oreillers, mais elle n'en fit rien.
- Pour vous occuper, mon père, mettez donc de l'ordre dans vos affaires et peut être après mettrez vous de l'ordre dans votre conscience.
La colère retombait déjà, la laissant pantelante et encombrée d'elle même, mais le trop plein était sorti et elle avait enfin exprimé le fond de sa pensée, après de mois de silence et de soumission.
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