Mon fils est à l'étage... Deuxième... chambre... à gauche...
Il l'avait suivi dans l'escalier voyant petit à petit le visage de son frère se décomposer, quand l'un et l'autre réalisaient que la boutique prenait feu. Parce que si le ton était moqueur de prime abord, la réalité du drame ne les faisait plus rire.
Il avait vu son frère pris de panique essayer de sauver ses bijoux et comprenant l'infortune qui allait dépouillé un second Watelse s'il n'emportait rien. Mais quand il monta à l'étage murmurant qu'il avait un fils, il lui avait emboité le pas.
Parce que les Watelse avaient bien des défauts, mais ils n'étaient pas des couards. Quand il fallait agir, ils le faisaient sans prendre de chemin de traverse.
Et il était là à côté de ce frère tant détesté pourtant à l'entendre lui dire :
Mon fils est à l'étage... Deuxième... chambre... à gauche...
Il sortit un mouchoir de sa redingote à l'aveugle, toussant, les yeux plein de larmes d'irritation. L'appliquant sur sa bouche, il sentit comme un sursis dans la suffocation. A tâtons il avança, la fumée rendait les lieux sombres.
Un fils ? Il avait un fils, où ? Avec qui ? Quel âge, les pensées se bousculaient dans son esprit tandis qu'il avança une main posée sur le mur bien à plat pour essayer de trouver la seconde porte à gauche.
Un fracas de vitre brisée se fit entendre, était-ce là où dans la maison voisine ? Il ne le sut, il progressait vite. La seconde porte... Telle était son obsession. Un chambranle, sa main butait contre un chambranle le second, il tâtonna pour chercher la poignée, il toussait tant que ses gestes étaient saccadés. La fumée semblait traversée le mouchoir, lui emplir les poumons, l'air viciée qu'il inspirait rendait le paralysait à moitié. Il sembla que tout devenait flou, tout tanguait.
La porte s'ouvrit enfin, le jour ne filtrant plus vraiment dans la pièce. Des lueurs fantomatiques y avaient pris place. Entre les hurlements de la rue, les bruits de poutres qui tombaient avec fracas, de verres qui explosaient sous la chaleur, il dut contrôler les battements sourds de son coeur pour essayer de se concentrer. Là après un moment court cependant mais qui lui parut une éternité, il entendit une plainte, une petite plainte, presque comme un râle.
La nuit, la nuit qui semblait l'enveloper l'engloutir, il ne fallait pas, il fallait aller vers ce souffle de vie et le reste, il l'oubliera à tout jamais. Il avait saisi l'enfant, il avait posé la main sur la bouche et sentit encore un faible souffle. Il était ressorti en titubant, il avait perdu le sens de l'orientation en ressortant, s'était dirigé vers le fond du couloir, puis réalisant son erreur tétaniser par la peur de ne jamais pouvoir ressortir, il avait hurler malgré le peu de force qu'il lui restait :
- Je suis làààà, il est vi...vant, Geor...ges où es...tu ?